Soumis par Révolution Inte... le
Tandis que les bruits de bottes se font de jour en jour plus assourdissants et que tous les gouvernements, de droite comme de gauche, sont sur le pied de guerre, on peut voir s’agiter depuis un certain temps, comme s’ils se situaient en dehors et en opposition radicale à ce vacarme belliciste, ce qu’il reste des PC et leurs séides gauchistes jouant les pacifistes et déployant force énergie dans l’organisation de manifestations "pour la paix", "pour la négociation", "pour le retrait des troupes occidentales". Ces derniers jours en France, on a ainsi pu voir au coude à coude le Parti Communiste, la Ligue Communiste Révolutionnaire, Lutte Ouvrière, les Verts, la CGT, la Fédération Anarchiste, l’Union des Travailleurs Communistes Libertaires et quelques autres appelant tout le "peuple de France" à se mobiliser contre la guerre.
Tout ce battage qui exploite aujourd’hui à fond le sentiment de peur, le rejet de la guerre, que partagent toutes les couches de la population dans tous les pays vise en premier lieu la classe ouvrière. Il fait partie, comme chaque fois que la bourgeoisie a eu besoin de faire accepter aux prolétaires sa logique meurtrière, d’un vaste partage du travail au sein de la bourgeoisie. Tandis que les gouvernements organisent la mobilisation guerrière et invitent ouvertement les ouvriers à l’union sacrée derrière leurs exploiteurs, il revient à la gauche dans l’opposition et aux gauchistes la tâche de prétendre s’opposer à cette politique en distillant un poison pacifiste destiné à paralyser les rangs ouvriers. De tout temps, cela a été la fonction de la gauche que de dévoyer ainsi les préoccupations des ouvriers vis-à-vis des menaces de guerre vers un terrain pourri sur lequel ils sont impuissants. De tout temps, c’est cette fraction de la bourgeoisie qui s’est chargée de diffuser le mensonge selon lequel un capitalisme sans guerre est possible, que la paix dépend de la bonne volonté des gouvernements et qu’il suffit de faire pression sur eux, de les convaincre de désarmer, pour que celle-ci triomphe. De tout temps, ce mensonge et ces mobilisations pacifistes n’ont eu d’autre rôle que d’entraver toute prise de conscience dans les rangs ouvriers des véritables causes de la guerre et de cacher aux yeux des prolétaires la seule mesure capable de mettre fin à la barbarie guerrière : la destruction du capitalisme. A chaque fois, les grandes manifestations pacifistes, qu’il s’agisse de celles qui ont précédé lçs deux guerres mondiales ou des défilés "pour le désarmement" qui se sont multipliés durant les années 80, organisés par la social-démocratie en Allemagne et en Belgique contre les Pershing II ou par le PC et son "Appel des 100" en France, n’ont servi qu’à détourner les prolétaires du seul terrain sur lequel ils puissent développer une force capable de s’opposer réellement au capitalisme et à sa logique guerrière : le terrain de ses luttes de résistance comme classe aux attaques du capital. Au contraire, en les invitant à se noyer dans les "protestations" de toute la population, à se fondre dans un magmas interclassiste stérile, elles n’ont eu d’autre but que de désarmer les ouvriers en les déracinant du sol naturel de leur lutte. A la veille de chacune des guerres mondiales, ce sont elles qui ont permis, en démobilisant les énergies ouvrières, que se déchaîne finalement l’holocauste.
Aujourd’hui comme hier, au moment où la classe dominante révèle ouvertement la logique meurtrière de son système, elle peut compter sur ses fractions de gauche dans l’opposition et sur ses syndicats pour assurer les arrières. Si les PC, les trotskistes et consorts, ceux-là mêmes qui n’ont cessé, à travers l’histoire de ces dernières décennies, de prendre parti dans chaque conflit guerrier pour un camp belligérant contre l’autre, et qui ont à leur actif un passé glorieux dans la justification de tous les massacres impérialistes, redécouvrent aujourd’hui des accents pacifistes et multiplient les protestations contre la guerre, c’est qu’il s’agit de ne pas laisser à découvert le terrain social en ces temps difficiles. Au moment où le déchaînement de la logique de guerre capitaliste risque en effet d’ouvrir les yeux de la classe ouvrière sur l’avenir effrayant que ce système nous promet, au moment où ces évènements tragiques peuvent devenir le ferment d’une prise de conscience ouvrière des enjeux de ses combats, il s’agit d’entretenir chez les prolétaires le sentiment d’impuissance, de les empêcher de faire le lien entre la crise et la guerre et de miner ainsi la mobilisation ouvrière sur son propre terrain. Avec l’acharnement même que ces fractions bourgeoises, chargées d’encadrer et de contrôler le terrain social, mettent à saboter les luttes ouvrières, elles prennent en charge la neutralisation de toute prise de conscience dans les rangs ouvriers.
MP