Mort du président tchadien Idriss Déby: l’impérialisme français a perdu son meilleur “compagnon d’armes”

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Le Tchad, considéré comme l’incontournable allié de l’opération Barkhane au Sahel, vient de perdre son grand dictateur en chef, le feu Maréchal Déby suite à sa supposée implication dans un combat contre un groupe armé tchadien (FACT). Il a été aussitôt remplacé par un de ses fils, Mahamat Idriss Déby Itno (déjà général quatre étoiles à 37 ans !), aussitôt adoubé par le gouvernement Macron.

Idriss Déby était un militaire bien formé par ses parrains impérialistes : un tyran, stratège politique, doté d’une grande culture militaire et connaissant parfaitement le terrain. Bref, un pion de premier ordre pour servir les intérêts et la stratégie de l’impérialisme français qui n’a pas hésité à investir massivement pour acheter les faveurs du grand dictateur sanguinaire en lui fournissant tout ce qu’il désirait (argent, armements, etc.) et en fermant les yeux sur ses crimes, sur les pillages et la confiscation de biens au profit de sa clique familiale, laissant la population au bord de la famine.

Le défunt criminel gagna peu à peu ses galons de « tyran fonctionnel idéal » auprès de l’État français en devenant notamment l’élément central et le pivot du dispositif « Barkhane » au Mali et au Sahel en général. Au point que l’armée française n’a jamais hésité à intervenir directement et à plusieurs reprises pour le protéger de ses opposants armés, en utilisant chars et avions de chasse. Sa perte suscite ainsi une grande inquiétude au sein des autorités françaises, en particulier chez les partisans d’une politique interventionniste.

En clair, avec la mort de Déby, c’est l’accélération de l’effondrement du dispositif militaro-politique de la France pour la défense de ses intérêts en Afrique. Et ce n’est pas le remplacement illico du père par le fils qui peut changer la donne, car le contexte avait profondément changé, bien avant la liquidation du tyran Idriss. Le fait même que l’armée française sur place n’a pu voir venir le coup en dit long sur l’état de déliquescence du dispositif de l’impérialisme français au Sahel. De même, Macron ne se fait aucune illusion sur la capacité du nouveau dictateur tchadien à préserver les intérêts français car on assiste déjà dans son entourage à des luttes claniques et familiales souterraines qui ne peuvent que saper l’espoir de voir le fils jouer le même rôle que tenait son père auprès de l’ancienne puissance coloniale.

 

Amina, 24 juin 2021.

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Rubrique: 

Conflits impérialistes