La plongée dans la barbarie guerrière d’un système en décomposition (Partie 1)

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Le Moyen-Orient apparaît aujourd’hui comme une zone de désolation, de massacres continus et de répression brutale des populations, comme un immense champ de ruines. Des pays entiers, tels l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Palestine ou la Libye sont totalement dévastés par des confrontations militaires, des guerres civiles et les carnages les plus brutaux de centaines de milliers de civils, tandis que des millions sont obligés de rejoindre les masses de réfugiés dans les camps. En Iran la population subit depuis 40 ans un régime arriéré qui la plonge dans une situation économique désastreuse, un état de guerre permanent et la répression. L’Égypte est un chaudron en ébullition depuis la chute de Moubarak et la prise du pouvoir par le général Sissi. Le Liban est au bord de la faillite économique et les tensions communautaires s’intensifient à nouveau, tout comme dans la péninsule arabique où les tensions entre États (l’Arabie Saoudite avec le Qatar ou le sultanat d’Oman) comme en leur sein (entre cliques au sein de l’État saoudien) s’intensifient. Les révoltes populaires sont écrasées dans le sang tandis que de sinistres milices imposent leur loi sous la bannière de l’intégrisme religieux (Al Qaida, Daech, Hezbollah), du nationalisme (les milices kurdes) ou du tribalisme (Libye, Yémen).

Ce tableau dramatique est celui d’une région qui illustre de manière saisissante l’enfoncement du capitalisme dans l’engrenage de guerres interrompues qui, en permanence, ouvrent de nouvelles zones de conflits :

  • les interventions militaires des grands vautours internationaux, comme les États-Unis, la Russie, la Chine, les pays européens, et des charognards régionaux (Turquie, Iran, Israël…) transforment la région en un cimetière à ciel ouvert ;
  • la réalité quotidienne de répression et de massacres représente un cauchemar pour les populations et alimente une inépuisable source de réfugiés qui tentent d’échapper à l’enfer ;
  • de l’Iran à la Turquie, du Liban à l’Égypte, les États de la région sont étranglés par l’économie de guerre et nombre d’entre eux sont en quasi-banqueroute. Dans les émirats ou royaumes d’Arabie, les opulents gratte-ciel de régimes barbares et arriérés sont érigés par une main d’œuvre salariée traitée en bagnards ;
  • l’incessante barbarie régnant dans la région constitue un terreau fécond pour toutes les idéologies de désespoir, comme le djihadisme ;
  • le développement des tensions tous azimuts accroît aussi le risque d’un embrasement généralisé qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour l’ensemble de la planète.

Bien sûr, des conquêtes d’Alexandre le Grand aux Croisades, de la lutte entre les consuls romains Marc Antoine et Auguste au creusement du Canal de Suez, la région a souvent été depuis l’Antiquité, au centre des convoitises économiques, politiques et militaires et des guerres qui en ont découlé.

Aussi, ce texte ne vise pas à développer une histoire des conflits récents au Moyen-Orient mais à montrer comment la compréhension de la décadence et de la décomposition du capitalisme est un cadre incontournable pour comprendre l’explosion des contradictions qui plongent aujourd’hui la région dans la bestialité guerrière et le chaos. Cette barbarie a une histoire, et celle-ci reflète le pourrissement sur pied du système.

 Il y a 30 ans déjà, dans le texte d’orientation Militarisme et décomposition, ([1]) le CCI soulignait l’importance pour les révolutionnaires de faire preuve de discernement sur cette question essentielle de la place de la guerre et du militarisme : “il importe que les révolutionnaires soient capables de bien distinguer les analyses qui sont devenues caduques de celles qui restent valables, afin d’éviter un double écueil : soit s’enfermer dans la sclérose, soit “jeter le bébé avec l’eau du bain”. Plus précisément, il est nécessaire de bien mettre en évidence ce qui, dans ces analyses, est essentiel, fondamental, et conserve toute sa validité dans les circonstances historiques différentes, par rapport à ce qui est secondaire et circonstanciel ; en bref : de savoir faire la différence entre l’essence d’une réalité et ses différentes manifestations particulières."

C’est en appliquant ces principes et dans la continuité de cette méthode que nous situerons et analyserons les trente dernières années de guerres et de conflits au Moyen-Orient.

Militarisme, blocs impérialistes et capitalisme d’État en décadence

La question des guerres et du militarisme n’est bien évidemment pas un problème nouveau. Elle a toujours été une question centrale au sein du mouvement ouvrier. L’attitude de la classe ouvrière à l’égard des guerres bourgeoises a évolué dans l’histoire, allant du soutien à certaines d’entre elles à un refus catégorique de toute participation. Si, au cours du XIXe siècle, les révolutionnaires pouvaient appeler les ouvriers à apporter leur appui à telle ou telle nation belligérante (pour le Nord contre le Sud lors de la guerre de Sécession aux États-Unis, pour les tentatives d’insurrection nationale des Polonais en 1846, 1848 et 1856 contre la Russie tsariste), la position révolutionnaire de base au cours de la première guerre mondiale était justement le rejet et la dénonciation de tout appui à l’un ou l’autre des camps en présence.

La modification de la position de la classe ouvrière à l’égard des guerres fut justement en 1914 le point de clivage crucial dans les partis socialistes (et particulièrement dans la social-démocratie allemande) entre ceux qui rejetaient toute participation à la guerre, les internationalistes, et ceux qui se réclamaient des positions anciennes du mouvement ouvrier pour mieux soutenir leur bourgeoisie nationale. Ce changement correspondait à la modification de la nature même des conflits militaires liée à la transformation fondamentale subie par le capitalisme entre sa période d’ascendance et sa période de décadence.

 C’est en particulier sur cette analyse que se base l’Internationale Communiste pour affirmer l’actualité de la révolution prolétarienne. Le CCI depuis sa fondation s’est réclamé de cette analyse et plus spécifiquement de son élaboration par la Gauche Communiste de France qui, en 1945, se prononçait sans ambiguïté sur la nature et les caractéristiques de la guerre dans la période de décadence du capitalisme : “À l’époque du capitalisme ascendant, les guerres (nationales, coloniales et de conquêtes impérialistes) exprimèrent la marche ascendante de fermentation, de renforcement et d’élargissement du système économique capitaliste. La production capitaliste trouvait dans la guerre la continuation de sa politique économique par d’autres moyens. Chaque guerre se justifiait et payait ses frais en ouvrant un nouveau champ d’une plus grande expansion, assurant le développement d’une plus grande production capitaliste. […]

La guerre fut le moyen indispensable au capitalisme lui ouvrant des possibilités de développement ultérieur, à l’époque où ces possibilités existaient et ne pouvaient être ouvertes que par le moyen de la violence. De même, le croulement du monde capitaliste ayant épuisé historiquement toutes les possibilités de développement, trouve dans la guerre moderne, la guerre impérialiste, l’expression de ce croulement qui, sans ouvrir aucune possibilité de développement ultérieur pour la production, ne fait qu’engouffrer dans l’abîme les forces productives et accumuler à un rythme accéléré ruines sur ruines. […]

Si dans la première phase, la guerre a pour fonction d’assurer un élargissement du marché, en vue d’une plus grande production de biens de consommation, dans la seconde phase, la production est essentiellement axée sur la production de moyens de destruction, c’est-à-dire en vue de la guerre. La décadence de la société capitaliste trouve son expression éclatante dans le fait que des guerres en vue du développement économique (période ascendante), l’activité économique se restreint essentiellement en vue de la guerre (période décadente).

Cela ne signifie pas que la guerre soit devenue le but de la production capitaliste, le but restant toujours pour le capitalisme la production de la plus-value, mais cela signifie que la guerre, prenant un caractère de permanence, est devenue le mode de vie du capitalisme décadent”. ([2])

Ce qui caractérise donc la guerre dans la période de décadence du capitalisme, c’est son caractère de plus en plus irrationnel. Alors qu’au XIXe siècle, malgré les destructions et les massacres qu’elles occasionnaient, les guerres constituaient un moyen pour la marche en avant du mode de production capitaliste, favorisant la conquête du marché mondial et stimulant le développement des forces productives de l’ensemble de la société, les guerres du XXe siècle ne sont plus que l’expression extrême de toute la barbarie dans laquelle la décadence capitaliste plonge la société.

Dans ce sens, les dépenses militaires ne représentent nullement un champ d’accumulation pour le capitalisme mais constituent un cancer rongeant l’économie capitaliste en pompant de plus en plus de moyens techniques, humains et financiers dans des secteurs improductifs. En effet, si les biens de production ou les biens de consommation peuvent s’incorporer dans le cycle productif suivant en tant que capital constant ou capital variable, les armements constituent un pur gaspillage du point de vue même du capital puisque leur seule vocation est de partir en fumée (y compris au sens propre) quand ils ne sont pas responsables de destructions massives.

Face à une situation où la guerre est omniprésente dans la vie de la société, le capitalisme décadent a développé deux phénomènes qui constituent des caractéristiques majeures de cette période : le capitalisme d’État et les blocs impérialistes : ([3])

  • Le capitalisme d’État, dont la première manifestation significative date de la première guerre mondiale, répond à la nécessité pour chaque pays, en vue de la confrontation avec les autres nations, d’obtenir le maximum de discipline en son sein de la part des différents secteurs de la société, de réduire au maximum les affrontements entre classes mais aussi entre fractions rivales de la classe dominante, afin, notamment, de mobiliser et de contrôler l’ensemble de son potentiel économique.
  • De même, la constitution de blocs impérialistes correspond au besoin d’imposer une discipline similaire entre différentes bourgeoisies nationales afin de limiter leurs antagonismes réciproques et de les rassembler pour l’affrontement entre les deux camps militaires.

Dès lors, ni le capitalisme d’État, ni les blocs impérialistes, ni a fortiori la conjugaison des deux, ne traduisent une quelconque “pacification” des rapports entre différents secteurs du capital, encore moins un “renforcement” de ce dernier. Au contraire, ce ne sont que des moyens que secrète la société capitaliste pour tenter de résister à une tendance croissante à sa dislocation.

Cette omniprésence de la guerre dans la vie de la société et son caractère irrationnel se sont particulièrement confirmés lors des deux Guerres mondiales, qui ont marqué le XXe siècle, comme durant la guerre froide et sa course folle aux armements. Ce déchaînement guerrier s’est particulièrement concrétisé au Moyen-Orient. ([4])

Confrontations entre blocs au Moyen-Orient dans les années 1970 et 1980

L’histoire du Moyen-Orient illustre de manière frappante le développement du militarisme et des tensions guerrières dans le capitalisme décadent. ([5]) Pour des raisons économiques et stratégiques (accès aux “mers chaudes”, routes commerciales vers l’Asie, pétrole…) le Moyen-Orient, tout comme les Balkans d’ailleurs, a toujours été un enjeu important dans la confrontation entre puissances. Depuis l’entrée en décadence du capitalisme et l’effondrement de l’Empire ottoman en particulier, la région se situe au centre des tensions impérialistes. Après l’effondrement de l’Empire ottoman, la mise en application des accords Sykes-Picot répartit la zone entre l’Angleterre et la France. Elle est alors le théâtre de la guerre civile turque et du conflit gréco-turque, de l’émergence du nationalisme arabe et du sionisme ; ([6]) elle est un enjeu majeur de la Seconde Guerre mondiale (offensives allemandes en Russie vers la mer Caspienne et l’Iran et des forces italo-allemandes en Afrique du Nord et en Libye vers l’Égypte).

Après 1945 et les accords de Yalta, la région constitue une zone centrale pour la confrontation entre les blocs de l’Est et de l’Ouest. La période est marquée par l’implantation du nouvel État d’Israël et les guerres israélo-arabes successives en 1948, 1956, 1967 et 1973 et surtout, dans ce cadre, par les tentatives persistantes de la Russie et de son bloc pour s’implanter dans la région : appui à Mossadegh en Iran au début des années 1950, à Nasser en Égypte au cours des années 1960, à Hasan al-Bakr en Irak vers 1972, aux Fédayins palestiniens et à l’OLP pendant les années 1970, à Hafez el-Hassad en Syrie en 1980. Ces tentatives se heurtent à une forte opposition des États-Unis et du bloc occidental, qui ont fait de l’État d’Israël un des fers de lance de leur politique. À la fin des années 1970, bien que le bloc américain s’assure progressivement du contrôle global du Moyen-Orient et réduise progressivement l’influence du bloc russe, la chute du Shah et la “révolution iranienne” en 1979 privent non seulement le bloc americain d’un bastion important mais annoncent, à travers la venue au pouvoir du régime rétrograde des Mollahs, la décomposition croissante du capitalisme.

Les années 1980 s’ouvrent sous les auspices de la chute du régime du Shah en Iran, ayant eu pour conséquence le démantèlement du dispositif militaire occidental au sud de l’URSS, et de l’invasion de l’Afghanistan par les troupes de l’Armée rouge. Cette situation a déterminé le bloc américain, aiguillonné par la pression de la crise économique, à lancer une offensive impérialiste de grande envergure visant à mettre au pas les petits impérialismes récalcitrants (Iran, Libye, Syrie), à expulser l’influence russe de la périphérie du capitalisme et à établir un “cordon sanitaire” autour de l’URSS : “La croissance des armements des deux blocs n’est pas seule à révéler la dimension et l’intensité présentes des tensions impérialistes. Cette intensité est à la mesure des enjeux considérables qui sont en cause dans toute la chaîne des conflits locaux qui déchirent la planète. Cette dimension est donnée par l’ampleur et les objectifs de l’offensive présente du bloc US.

Cette offensive a pour objectif de parachever l’encerclement de l’URSS, de dépouiller ce pays de toutes les positions qu’il a pu conserver hors de son glacis direct. Cette offensive a pour priorité une expulsion définitive de l’URSS du Moyen-Orient, une mise au pas de l’Iran et la réinsertion de ce pays dans le bloc US comme pièce importante de son dispositif stratégique. Elle a pour ambition de se poursuivre par une récupération de l’Indochine. Elle vise en fin de compte à étrangler complètement l’URSS, à lui retirer son statut de puissance mondiale.

La phase présente de cette offensive qui débute au lendemain de l’invasion de l’Afghanistan par les armées de l’URSS (qui constitue une avancée importante de celle-ci en direction des “mers chaudes”) a d’ores et déjà atteint des objectifs importants :

  • la prise de contrôle complète du Proche-Orient où la Syrie, précédemment liée au bloc russe et grande perdante avec l’OLP de l’invasion du Liban par Israël en 1982, est devenue une des pièces du dispositif américain se partageant avec Israël le rôle de “S1” de cette région et où la résistance des fractions bourgeoises récalcitrantes (OLP) est progressivement brisée ; […]
  • l’épuisement progressif de l’Iran (qui est la condition de son retour complet dans le giron américain) suite à la terrible guerre menée avec l’Irak qui bénéficie du soutien du bloc US par la France interposée ; […]

Une des caractéristiques majeures de cette offensive est l’emploi de plus en plus massif par le bloc de sa puissance militaire, notamment par l’envoi de corps expéditionnaires américains ou d’autres pays centraux (France, Grande-Bretagne, Italie) sur le terrain des affrontements (comme ce fut en particulier le cas au Liban pour “convaincre” la Syrie de la “nécessité” de s’aligner sur le bloc US et au Tchad, afin de mettre un terme aux velléités d’indépendance de la Libye), ce qui correspond au fait que la carte économique employée abondamment par le passé pour mettre la main sur les positions de l’adversaire ne suffit plus :

  • du fait des ambitions présentes du bloc US ;
  • du fait de l’aggravation de la crise mondiale elle-même qui crée une situation d’instabilité interne dans les pays du tiers-monde sur lesquels s’appuyait auparavant ce bloc”. ([7])

Ainsi, malgré l’indiscipline et les soubresauts de toute une série de pays moyen-orientaux, tels l’Iran, la Syrie, l’Irak ou la Libye, plongés dans une situation économique catastrophique et aux ambitions impérialistes perpétuellement frustrées, qui tentent par un chantage permanent de se vendre le plus cher possible, les dernières années de la décennie marquent une accentuation sensible de la pression du bloc occidental et des États-Unis pour consolider leur contrôle au Moyen-Orient.

Cependant, la “perte de contrôle” de la situation en Iran à partir de 1979, la déstabilisation du Liban (le terme “libanisation” deviendra un concept pour désigner la déstabilisation et la fragmentation d’États), l’occupation de l’Afghanistan par la Russie et finalement sa défaite ainsi que la guerre meurtrière entre l’Iran et l’Irak étaient déjà des signes annonciateurs de l’enclenchement de la dynamique de décomposition et fournissent les ingrédients qui permettront d’engendrer la nouvelle configuration impérialiste de la période de décomposition. ([8])

1990 : La décomposition exacerbe les tensions impérialistes

L’implosion du bloc de l’Est marque l’ouverture de la période de décomposition du système. Elle accélère dramatiquement la débandade des différentes composantes du corps social dans le “chacun pour soi”, l’enfoncement dans le chaos. S’il est un domaine où s’est immédiatement confirmée cette tendance, c’est bien celui des tensions impérialistes : “La fin de la “guerre froide” et la disparition des blocs n’a donc fait qu’exacerber le déchaînement des antagonismes impérialistes propres à la décadence capitaliste et qu’aggraver de façon qualitativement nouvelle le chaos sanglant dans lequel s’enfonce toute la société […]”. ([9])

La disparition des blocs ne remet nullement en cause la réalité de l’impérialisme et du militarisme. Au contraire, ceux-ci deviennent plus barbares et chaotiques : “En effet, ce n’est pas la constitution de blocs impérialistes qui se trouve à l’origine du militarisme et de l’impérialisme. C’est tout le contraire qui est vrai : la constitution des blocs n’est que la conséquence extrême (qui, à un certain moment peut aggraver les causes elles-mêmes), une manifestation (qui n’est pas nécessairement la seule) de l’enfoncement du capitalisme décadent dans le militarisme et la guerre. […] La fin des blocs ne fait qu’ouvrir la porte à une forme encore plus barbare, aberrante et chaotique de l’impérialisme”. ([10])

Ensuite, l’exacerbation de la barbarie guerrière tendra à s’exprimer plus concrètement par le biais de deux tendances majeures, qui se révéleront capitales pour le développement de l’impérialisme et du militarisme, en particulier au Moyen-Orient :

  • l’éclatement des appétits impérialistes tous azimuts aura pour conséquence la multiplication des tensions et conflits : “La différence avec la période qui vient de se terminer, c’est que ces déchirements et antagonismes, qui auparavant étaient contenus et utilisés par les deux grands blocs impérialistes, vont maintenant passer au premier plan. […] du fait de la disparition de la discipline imposée par la présence des blocs, ces conflits risquent d’être plus violents et plus nombreux, en particulier, évidemment, dans les zones où le prolétariat est le plus faible
  • le développement du chacun pour soi et les tentatives en corollaire de contenir le chaos en découlant, qui constituent tous les deux des facteurs d’aggravation de la barbarie guerrière : “le chaos régnant déjà dans une bonne partie du monde et qui menace maintenant les grands pays développés et leurs rapports réciproques, […] face à la tendance au chaos généralisé propre à la phase de décomposition, et à laquelle l’effondrement du bloc de l’Est a donné un coup d’accélérateur considérable, il n’y a pas d’autre issue pour le capitalisme, dans sa tentative de maintenir en place les différentes parties d’un corps qui tend à se disloquer, que l’imposition du corset de fer que constitue la force des armes. En ce sens, les moyens mêmes qu’il utilise pour tenter de contenir un chaos de plus en plus sanglant sont un facteur d’aggravation considérable de la barbarie guerrière dans laquelle est plongé le capitalisme”.

Cette pression du “chacun pour soi” et la multiplication des appétits impérialistes qui en résulte en période de décomposition sont par ailleurs une entrave majeure à la reconstitution de nouveaux blocs. La tendance historique prédominante est donc au chacun pour soi, à l’affaiblissement du contrôle des États-Unis sur le monde, en particulier sur leurs ex-alliés, même si la première puissance mondiale tente de contrecarrer cette tendance sur le plan militaire, où ils ont une supériorité énorme, et de maintenir son statut en imposant leur contrôle sur ces mêmes alliés.

Première guerre du Golfe : le “gendarme du monde” tente de contrecarrer la tendance au “chacun pour soi”

L’opération Desert Storm, déclenchée par les États-Unis contre l’Irak de Saddam Hussein lors des premiers mois de 1991, est une manifestation qui corrobore pleinement les caractéristiques de l’impérialisme et du militarisme dans la période de décomposition, telles qu’elles sont dégagées dans le texte d’orientation Militarisme et décomposition. Face à l’invasion du Koweït par les forces irakiennes, le président Bush senior mobilise une large coalition militaire internationale autour des États-Unis pour “punir” Saddam Hussein.

La guerre du Golfe a mis en évidence la réalité d’un phénomène qui découlait nécessairement de la disparition du bloc de l’Est : la désagrégation de son rival impérialiste, le bloc de l’Ouest. Ce phénomène était déjà à l’origine de l’invasion irakienne du Koweït : c’est bien parce que le monde avait cessé d’être partagé en deux constellations impérialistes qu’un pays comme l’Irak a cru possible de faire main basse sur un ex-allié du même bloc. Ce même phénomène s’est manifesté, lors de la phase de préparation de la guerre, avec les diverses tentatives des pays européens (notamment la France et l’Allemagne) et du Japon de torpiller, à travers des négociations séparées menées au nom de la libération des otages, l’objectif central de la politique américaine dans le Golfe. Cette politique vise à faire de la punition de l’Irak un “exemple” censé décourager toute tentation future d’imiter le comportement de ce pays.

Mais elle ne se limite pas à cet objectif. En réalité, son but fondamental est beaucoup plus général : face à un monde de plus en plus gagné par le chaos et le “chacun pour soi”, il s’agit d’imposer un minimum d’ordre et de discipline, et en premier lieu aux pays les plus importants de l’ex-bloc occidental.

Dans un tel monde de plus en plus marqué par le chaos guerrier, par la “loi de la jungle”, c’est à la seule superpuissance qui se soit maintenue qu’il revient de jouer le rôle de gendarme du monde, parce que c’est le pays qui a le plus à perdre dans le désordre mondial, et parce que c’est le seul qui en ait les moyens. Paradoxalement, ce rôle, il ne sera en mesure de le tenir qu’en enserrant de façon croissante l’ensemble du monde dans le corset d’acier du militarisme et de la barbarie guerrière.

Desert Storm révèle deux caractéristiques fondamentales des affrontements impérialistes dans la période de décomposition :

- En premier lieu, il y a l’irrationalité totale des conflits, qui est une des caractéristiques marquantes de la guerre en période de décomposition. “Si la guerre du Golfe constitue une illustration de l’irrationalité d’ensemble du capitalisme décadent, elle comporte cependant un élément supplémentaire et significatif d’irrationalité qui témoigne de l’entrée de ce système dans la phase de décomposition. En effet, les autres guerres de la décadence pouvaient, malgré leur irrationalité de fond, se donner malgré tout des buts apparemment “raisonnables” (comme la recherche d’un “espace vital” pour l’économie allemande ou la défense des positions impérialistes des alliés lors de la seconde guerre mondiale). Il n’en est rien pour ce qui concerne la guerre du Golfe. Les objectifs que s’est donnée celle-ci, tant d’un côté comme de l’autre, expriment bien l’impasse totale et désespérée dans laquelle se trouve le capitalisme

Du côté irakien, l’invasion du Koweït avait incontestablement un objectif économique bien clair : faire main basse sur les richesses considérables de ce pays […]. En revanche, les objectifs de la guerre avec les “coalisés”, telle qu’elle a été acceptée par les dirigeants irakiens à partir du moment où ils sont restés sourds à l’ultimatum du 15 janvier 1991, n’avait d’autre but que de “sauver la face” et d’infliger le maximum de pertes à ces ennemis et cela au prix de ravages considérables et insurmontables de l’économie nationale.

Du côté “allié”, les avantages économiques obtenus, ou même visés, sont nuls y compris pour le principal vainqueur, les États-Unis. L’objectif central de la guerre, pour cette puissance (donner un coup d’arrêt à la tendance au chaos généralisé, même s’il s’habille de grandes phrases sur le “nouvel ordre mondial”) ne contient aucune perspective réelle sur le plan de l’amélioration de la situation économique, ni même de la préservation de la situation présente. Les États-Unis ne sont pas entrés en guerre, contrairement à la Seconde Guerre mondiale, pour améliorer, ou même préserver leurs marchés, mais tout simplement pour éviter une amplification trop rapide du chaos politique international qui ne ferait qu’exacerber encore plus les convulsions économiques. Ce faisant, ils ne peuvent faire autre chose qu’accentuer l’instabilité d’une zone de première importance tout en aggravant encore les difficultés de leur propre économie (notamment l’endettement) comme celles de l’économie mondiale”. ([11])

- En second lieu, il faut relever le rôle central joué par la puissance dominante dans l’extension du chaos sur l’ensemble de la planète : “La différence avec la situation du passé, et elle est de taille, c’est qu’aujourd’hui ce n’est pas une puissance visant à modifier le partage impérialiste qui prend les devants de l’offensive militaire, mais au contraire la première puissance mondiale, celle qui pour le moment dispose de la meilleure part du gâteau. […]. Le fait qu’à l’heure actuelle, le maintien de “l’ordre mondial” […] ne passe plus par une attitude “défensive” […] de la puissance dominante mais par une utilisation de plus en plus systématique de l’offensive militaire, et même à des opérations de déstabilisation de toute une région afin de mieux s’assurer de la soumission des autres puissances, traduit bien le nouveau degré de l’enfoncement du capitalisme décadent dans le militarisme le plus déchaîné. C’est justement là un des éléments qui distingue la phase de décomposition des phases précédentes de la décadence capitaliste”.

L’opération Tempête du désert permet effectivement de réprimer la contestation du leadership americain et les divers appétits impérialistes pour un certain temps. Toutefois, elle exacerbe la polarisation des moudjahidin qui combattaient les Russes en Afghanistan contre les “croisés” Américains (constitution de Al-Qaïda sous la direction d’Oussama ben Laden au cours des années 1990). Dès la seconde moitié des années 1990, les pays européens tels la France ou l’Allemagne exploitent les velléités d’autonomie de pays comme l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, tandis que, après son échec lors de l’invasion du Sud-Liban, la droite israélienne “dure” arrive au pouvoir (Premier gouvernement Netanyahu) contre la volonté du gouvernement americain qui soutenait Shimon Peres, laquelle droite fera tout à partir d’alors pour saboter le processus de paix avec les Palestiniens qui constituait un des plus beaux succès de la diplomatie americaine dans la région.

Une expression plus manifeste de la contestation du leadership américain est l’échec lamentable en février 1998 de l’opération Tonnerre du désert, qui vise à infliger une nouvelle “punition” à l’Irak et, au-delà de ce pays, aux puissances qui la soutiennent en sous-main, notamment la France et la Russie.

En 1990-91, les États-Unis avaient piégé l’Irak en le poussant à envahir un autre pays arabe, le Koweït. Au nom du “respect du droit international”, ils avaient réussi à rassembler derrière eux, bon gré mal gré, la presque totalité des États arabes et la totalité des grandes puissances, y compris les plus réticentes comme la France. L’opération Desert Storm avait ainsi permis d’affirmer le rôle de seul “gendarme du monde” de la puissance américaine, ce qui lui avait ouvert la porte au processus d’Oslo (les accords Israélo-palestiniens). En 1997-98 par contre, c’est l’Irak et ses “alliés” qui piègent les États-Unis : les entraves posées par Saddam Hussein à la visite des “sites présidentiels” par des inspecteurs internationaux ont conduit la superpuissance à une nouvelle tentative d’affirmer son autorité par la force des armes. Mais cette fois-ci, elle a dû renoncer à son entreprise face à l’opposition résolue de la presque totalité des États arabes, de la plupart des grandes puissances et au soutien (timide) de la seule Grande-Bretagne. Le contraste entre la Tempête du désert et le Tonnerre du même nom met en évidence l’approfondissement de la crise du leadership des États-Unis.

Bien sûr, Washington n’a nul besoin de la permission de quiconque pour frapper quand et où il le veut (ce qu’il a d’ailleurs fait fin 1998 avec l’opération Renard du Désert). Mais en menant une telle politique, les états-Unis se placent précisément à la tête d’une tendance qu’ils veulent contrer, celle du chacun pour soi, comme ils avaient momentanément réussi à le faire durant la guerre du Golfe. Pire encore : le signal politique donné par Washington au cours de l’opération Renard du Désert s’est retourné contre la cause américaine. Pour la première fois depuis la fin de la guerre du Vietnam, la bourgeoisie américaine s’est montrée incapable de présenter un front uni vers l’extérieur, alors qu’elle était en situation de guerre. Au contraire, la procédure d’ “empeachment” contre Clinton s’est intensifiée durant les événements : les politiciens Américains, plongés dans un véritable conflit interne de politique étrangère, au lieu de désavouer la propagande des ennemis de l’Amérique selon laquelle Clinton avait pris la décision d’intervenir militairement en Irak à cause de motivations personnelles (“Monicagate”), y ont apporté leur crédit.

Le conflit de politique étrangère sous-jacent entre certaines fractions des partis Républicain et Démocrate s’est avéré très destructif, précisément parce que ce “débat” révèle une contradiction insoluble, que la résolution du 12e congrès du CCI formulait ainsi :

  • d’une part, s’ils [les États-Unis] renoncent à la mise en œuvre ou à l’étalage de leur supériorité militaire, cela ne peut qu’encourager les pays qui contestent leur autorité à aller encore plus loin dans cette contestation ; d’autre part, lorsqu’ils font États-Unis usage de la force brute, même, et surtout, quand ce moyen aboutit momentanément à faire ravaler les velléités de leurs opposants, cela ne peut que pousser ces derniers à saisir la moindre occasion pour prendre leur revanche et tenter de se dégager de l’emprise américaine”. ([12])

Sur ce point, la résolution du 13e congrès de Révolution internationale (section du CCI en France) de 1998 était prémonitoire : “Si les États-Unis n’ont pas eu l’occasion, au cours de la dernière période, d’employer la force de leurs armes et de participer directement à ce “chaos sanglant”, cela ne peut être que partie remise, dans la mesure, notamment, où ils ne pourront pas rester sur l’échec diplomatique essuyé en Irak”. ([13])

Deuxième guerre du Golfe : déclin du leadership américain et explosion des ambitions impérialistes

Les attentats du 11 septembre 2001 amènent le président Bush junior à déclencher une War against terror contre l’Afghanistan et surtout l’Irak (Operation Iraqi Freedom en 2003). Malgré toutes les pressions et la diffusion de “fake news” visant à mobiliser la “communauté internationale” contre “l’axe du mal”, Bush junior échoue dans sa tentative de mobiliser les autres impérialismes contre l’ “État voyou” de Saddam et se voit obligé d’envahir l’Irak avec pour seul allié significatif l’Angleterre de Tony Blair.

La résolution sur la situation internationale du 17e congrès du CCI (2007) relevait combien l’échec de Operation Iraqi Freedom soulignait l’incapacité du gendarme Américain d’imposer son “ordre mondial”. Au contraire, cette war against terror avait renforcé les tensions impérialistes, le développement du chacun pour soi, l’ébranlement du leadership américain : “La faillite de la bourgeoisie américaine, tout au long des années 1990, à imposer de façon durable son autorité, y compris à la suite de ses différentes opérations militaires, l’a conduite à rechercher un nouvel “ennemi” du “monde libre” et de la “démocratie”, capable de ressouder derrière elle les principales puissances du monde, notamment celles qui avaient été ses alliées : le terrorisme islamique. […] Cinq ans après, l’échec de cette politique est patent. Si les attentats du 11 septembre ont permis aux États-Unis d’impliquer des pays comme la France et l’Allemagne dans leur intervention en Afghanistan, ils n’ont pas réussi à les entraîner dans leur aventure irakienne de 2003, réussissant même à susciter une alliance de circonstance entre ces deux pays et la Russie contre cette dernière intervention. Par la suite, certains de leurs “alliés” de la première heure au sein de la “coalition” qui est intervenue en Irak, tels l’Espagne et l’Italie, ont quitté le navire. Au final, la bourgeoisie américaine n’a atteint aucun des objectifs qu’elle s’était fixés officiellement ou officieusement : l’élimination des “armes de destruction de masse” en Irak, l’établissement d’une “démocratie” pacifique dans ce pays, la stabilisation et un retour à la paix de l’ensemble de la région sous l’égide américaine, le recul du terrorisme, l’adhésion de la population américaine aux interventions militaires de son gouvernement.

La question des “armes de destruction massive” a été réglée rapidement : très vite, il a été clair que les seules qui étaient présentes en Irak étaient celles apportées par la “coalition”, ce qui, évidemment, a mis en évidence les mensonges de l’administration Bush pour “vendre” son projet d’invasion de ce pays.

Quant au recul du terrorisme, on peut constater que l’invasion en Irak ne lui a nullement coupé les ailes mais a constitué, au contraire, un puissant facteur de son développement, tant en Irak même que dans d’autres parties du monde, y compris dans les métropoles capitalistes, comme on a pu le voir à Madrid en mars 2004 et à Londres en juillet 2005.

Ainsi, l’établissement d’une “démocratie” pacifique en Irak s’est soldé par la mise en place d’un gouvernement fantoche qui ne peut conserver le moindre contrôle du pays sans le soutien massif des troupes américaines, “contrôle” qui se limite à quelques “zones de sécurité”, laissant dans le reste du pays le champ libre aux massacres entre communautés chiites et sunnites ainsi qu’aux attentats terroristes qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de victimes depuis le renversement de Saddam Hussein.

La stabilisation et la paix au Proche et Moyen-Orient n’ont jamais paru aussi éloignées : dans le conflit cinquantenaire entre Israël et la Palestine, ces dernières années ont vu une aggravation continue de la situation que les affrontements inter palestiniens entre Fatah et Hamas, de même que le discrédit considérable du gouvernement israélien ne peuvent que rendre encore plus dramatiques. La perte d’autorité du géant américain dans la région, suite à son échec cuisant en Irak, n’est évidemment pas étrangère à l’enlisement et la faillite du “processus de paix” dont il est le principal parrain.

Cette perte d’autorité est également en partie responsable des difficultés croissantes des forces de l’OTAN en Afghanistan et de la perte de contrôle du gouvernement Karzaï sur le pays face aux Talibans.

Par ailleurs, l’audace croissante dont fait preuve l’Iran sur la question des préparatifs en vue d’obtenir l’arme atomique est une conséquence directe de l’enlisement des États-Unis en Irak qui leur interdit toute autre intervention militaire. (…)

Aujourd’hui, en Irak, la bourgeoisie américaine se trouve dans une véritable impasse. D’un côté, tant du point de vue strictement militaire que du point de vue économique et politique, elle n’a pas les moyens d’engager dans ce pays les effectifs qui pourraient éventuellement lui permettre d’y “rétablir l’ordre”. De l’autre, elle ne peut pas se permettre de se retirer purement et simplement d’Irak sans, d’une part, afficher encore plus ouvertement la faillite totale de sa politique et, d’autre part, ouvrir les portes à une dislocation de l’Irak et à la déstabilisation encore bien plus considérable de l’ensemble de la région”. ([14])

De fait, l’occupation de l’Irak qui découle de l’invasion mène à un fiasco pour les États-Unis. Les troupes d’occupation subissent de lourdes pertes lors d’attaques et d’embuscades, la montée en force de l’Iran en tant que puissance régionale défiant les États-Unis n’est nullement bloquée, bien au contraire, et les cadres Baasistes du régime de Saddam rejoignent la résistance et constituent l’armature de mouvements sunnites extrémistes, tel l’État islamique.

Plus fondamentalement, l’aventure irakienne de Bush junior a pleinement ouvert la boîte de Pandore de la décomposition au Moyen-Orient. En effet, elle a d’abord révélé de manière éclatante l’impasse croissante de la politique des États-Unis et la fuite aberrante dans la barbarie guerrière. Elle a fortement affaibli le leadership mondial des États-Unis. Même si la bourgeoisie américaine sous Obama a tenté de réduire l’impact de la politique catastrophique menée par Bush et si l’action de commandos décidée par Obama menant à l’exécution de Ben Laden en 2011 a exprimé une tentative des États-Unis de réagir à ce recul de leur leadership et a souligné leur supériorité technologique et militaire absolue, ces réactions n’ont pas pu inverser la tendance de fond, tout en entraînant les États-Unis dans une fuite en avant dans la barbarie guerrière.

Par ailleurs, l’aventure guerrière de Bush junior a également exacerbé l’expansion du chacun pour soi, qui s’est manifestée en particulier par une multiplication tous azimuts des ambitions impérialistes de puissances comme l’Iran, qui a développé son emprise sur les partis et milices chiites dominant l’Irak, mais aussi la Turquie, l’Arabie Saoudite, voire les Émirats du Golfe ou le Qatar qui ont augmenté leur soutien à des groupes radicaux sunnites. Ces ambitions n’ont amené aucune paix à l’Irak mais bien l’exacerbation des tensions entre requins impérialistes et une plongée encore plus profonde de ce pays et de sa population dans un carnage sanglant.

M. Havanais, 22 juillet 202


[1] Revue Internationale n° 64 (1991)

[2] Rapport à la Conférence de juillet 1945 de la Gauche Communiste de France.

[3] Cf. le texte d’orientation : “Militarisme et décomposition”, Revue internationale n° 64.

[4] Cf. “Guerre, militarisme et blocs impérialistes”, Revue internationale n° 52 et 53 (1988).

[5] Cf. à ce propos les “Notes sur l’histoire des conflits impérialistes au Moyen-Orient”, Revue Internationale n° 115 (2003) et n° 117 (2004), pour un aperçu plus détaillé des rapports impérialistes dans la région jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

[6] Sur ce plan, l’histoire du Moyen-Orient souligne combien l’instauration aujourd’hui de nouvelles entités nationales, réussies (Israël) ou non (Kurdistan, Palestine), engendre la guerre et exacerbe les rivalités impérialistes.

[7] “Résolution sur la situation internationale, 6e congrès du CCI”, Revue internationale n° 44 (1986).

[8] En ce qui concerne la Chine, celle-ci n’avait pas encore les moyens dans les années 1980 et 1990 de faire valoir ses intérêts impérialistes au-delà d’un certain seuil. Cependant entre 1980-1989 elle s’était engagée à côté des États-Unis contre la Russie en Afghanistan. Dans la deuxième partie de cet article, nous verrons que son projet de “Route de la soie” ainsi que ses besoins énergétiques attribuent aujourd’hui au Moyen-Orient un poids croissant dans la mise en place de sa politique impérialiste.

[9] “Résolution sur la situation internationale, 9e congrès du CCI, ”, Revue internationale n° 67, (1991)

[10]Texte d’Orientation Militarisme et décomposition”, Revue internationale n° 64.

[11] “Rapports sur la situation internationale (9e congrès du CCI)”, Revue internationale n° 67 (1991).

[12] Revue internationale n° 90 (1997).

[13] Revue Internationale n° 94 (1998)

[14] Revue Internationale n° 130 (2007).

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Rubrique: 

Conflits impérialistes et décomposition