LA “PARTICIPATION” DU F.O.R. AU CERCLE DE DISCUSSION DE TOURS : UNE ENTRAVE AU REGROUPEMENT DES REVOLUTIONNAIRES

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Dans notre précédent numéro, nous avons montré, à travers l'exemple du cercle de discussion de Tours, à quels besoins répondaient dans la période présente le surgissement de cercles, de discussions. Au premier rang de ces besoins, il y a la nécessite vitale de la clarification politique à travers la réappropriation de 1'expérience du mouvement ouvrier. Cette réappropriation est dure, longue, difficile, mais c'est la seule voie ^réellement féconde. Combien de jeunes éléments sincèrement révoltés ne se sont-ils pas, depuis 20 ans, perdus dans la nature ou ont rejoint les rangs des défenseurs patentés de la classe dominante que sont la gauche et les gauchistes, pour n'avoir pu mener à bien ce travail de réappropriation ! Dans ce combat difficile, le rôle des organisations révolutionnaires est vital, car elles seules peuvent réellement aider de nouveaux éléments souvent jeunes à surmonter le terrible handicap de 1'inexpérience et de l’immaturité politique.

Mais pour qu'elles soient en mesure d'apporter cette aide, encore faut-il qu'elles comprennent la signification du surgissement de nouveaux éléments dans des cercles ou autres structures, c'est-à-dire qu'elles aient une analyse claire sur la période historique actuelle et tout son potentiel de maturation et de développement de la conscience de classe.

A cette condition, et seulement à cette condition, elles seront capables de discerner dans ce qui bien souvent apparaît de prime abord comme de simples balbutiements, les promesses de l'avenir, afin de les féconder dans le sens du regroupement des nouvelles énergies révolutionnaires. C'est cette attitude du CCI qui lui a permis de participer et de contribuer, d'un bout a l'autre, aux efforts du cercle de Tours pour clarifier les questions en débat dans le mouvement ouvrier dans le faut de permettre a ces éléments en recherche une réappropriation réelle des positions révolutionnaires.

ABSENCE ET IRRESPONSABILITE DU FOR DANS LE CERCLE DE DISCUSSION DE TOURS

Telle n’est malheureusement pas 1'attitude de l’autre groupe révolutionnaire présent à Tours, le FOR ("Ferment Ouvrier Révolutionnaire" qui publie la revue "Alarme" ([1]), tout au contraire. Sa pratique vis-à-vis du cercle est l'illustration caricaturale, à la fois de son incompréhension totale de la période, qui fait qu'il ne peut que très difficilement être a l'écoute de la maturation souterraine de la conscience et de ses brusques surgissements en pleine lumière, et de sa non moins totale incompréhension du processus de regroupement des révolutionnaires et du processus de clarification et de discussion politiques qui y conduit. En témoigne son refus de participer aux permanences et réunions publiques des autres groupes, de même que son quasi refus de discuter avec d'autres groupes, tel le CCI, lors de ses propres permanences.

Vis-à-vis du cercle de Tours, l'attitude du FOR peut se résumer en deux mots : absence et irresponsabilité. Alors qu’il est présent à Tours, sur plus d'une dizaine de réunions qu'a tenues Le cercle, le FOR n'a daigné participer qu’à deux de ses réunions. La première fois, au tout début de la formation du cercle, pour dire qu'il soutenait la formation du cercle, mais que pour lui, il ne s'agissait pas tant de discuter que de savoir si, concrètement, les éléments présents étaient pour l'abolition du salariat et si oui, de passer à l'action ! Devant l'étonnement et les questions légitimes posées par une telle attitude, il n'a pu que répéter comme une litanie : au commencement était l'action et le cœur de cette action, c'est l'abolition du salariat. Le radicalisme de la phrase flirtant ouvertement avec l'idéologie anarchiste, voilà l'aide apportée au cercle par le FOR ! Lors de leur deuxième apparition, le FOR va encore renforcer cette attitude en y ajoutant le sabotage de la réunion via des interruptions incessantes du débat en cours et des insultes aux participants, et tout cela pour développer la même litanie, appliquée cette fois à la révolution russe, la plus grande expérience historique du prolétariat, se résumant selon le FOR au fait "que le prolétariat après Octobre 17 n'avait pas aboli le salariat, ce qui avait provoqué la contre-révolution" ! Depuis ce "coup d'éclat", rien jusqu'à 1'article : "Tours, un cercle, deux idées et beaucoup de prétentions" dans Alarme n° 39. Article qui ne prend même pas la peine de se prononcer sur la signification des cercles de discussion, pas plus d'ailleurs que le FOR ne s'était prononcé, lors de ses précédentes et pitoyables interventions. Par contre, l'arrogance, le mépris, les falsifications sont, elles, légions, corme en atteste le tout défaut de 1'article. "C'est mou, c'est gnian-gnian, ça fait des éructations qui se veulent des idées, et ça a la prétention de refaire l'histoire et pas n'importe quelle histoire, celle de la révolution russe". Pour finir, s'appuyant sur le passé trotskyste de certains membres du cercle, par : "les appareils trotskystes viennent de perdre du gibier, qu'ils se rassurent, celui-ci ne menace pas leurs projets capitalistes d'État". Et toute cette hargne, cette morgue, parce que le cercle a osé braver le dogme du FCR sur la soi-disant absence de la crise de surproduction, et parce qu'il tend à affirmer qu'avant d'être réellement en mesure de supprimer le salariat, le prolétariat devra d'abord étendre son pouvoir politique au niveau international !

L'INCAPACITE DU FOR A FAVORISER L'EMERGENCE DE NOUVELLES ENERGIES REVOLUTIONNAIRES

L'objet de cet article n'est pas de répondre aux aberrations du FOR sur ces questions, mais de dénoncer fermement l'irresponsabilité totale d'une telle attitude et le danger qu'elle fait peser sur l'ensemble du milieu, et tout particulièrement sur de nouveaux éléments ou groupes en recherche. Mais tout d'abord, il nous faut relever le culot du FOR qui illustre de façon bouffonne, l’adage populaire de la "paille et de la poutre", lorsqu' il reproche au cercle une rupture insuffisante d’avec le trotskysme[2] alors qu'au même moment il dédie un tract spécialement aux militants de LO intitulé : "LUTIE OUVRIERE EMBOURBEE ! SA COLLUSION TRANSPARENTE..." les engageant à rompre avec LO, dans la pire tradition trotskyste de la "lettre ouverte" aux militants du PCF ! Que le FOR préfère voir la pépinière de nouvelles énergies révolutionnaires dans les militants de LO plutôt que dans les cercles de discussion, explique peut-être son mépris pour ces derniers !

Plus fondamentalement, cette attitude s'oppose à tout effort de regroupement sérieux et à la décantation de nouvelles énergies révolutionnaires en renforçant l'atomisation. Tendant de fait à nier toute nécessité de clarification politique, elle ne peut qu'ouvrir toute grande les pertes à 1 ' opportunisme et gravement entraver  la cristallisation et l'émergence de nouvelles énergies révolutionnaires, qui doivent se confronter à cette difficile mais incontournable question de la clarification politique. Elle tourne complètement le dos aux responsabilités des révolutionnaires dans ce dur et difficile mais fécond combat pour le regroupement dans la clarté. Plus encore, elle discrédite ceux-ci en les faisant passer peur une bande d'excités,, tout juste bon à réciter quelques versets d'un catéchiste à la Bakounine.

Au-delà du simple FOR, nous ne devons pas sous-estimer le danger d’une telle attitude, dans le cadre d'un milieu révolutionnaire fortement marqué par le sectarisme, et dans le cadre de toute une génération de révolutionnaires subissant, et le poids de la rupture organique d’avec les organisations du passé [3], et le poids particulièrement pernicieux de l'idéologie de la petite-bourgeoisie sans cesse alimentée par les miasmes de la décomposition du système. Ce danger est d'autant plus grand que nous savons combien il est difficile de se réapproprier réellement les positions révolutionnaires, combien il est difficile pour de jeunes éléments de renouer avec le passé de leur classe, et combien dès lors, tout effort sérieux en ce sens est précieux pour le prolétariat. L'expérience du cercle de discussion de Tours n'est pas unique, elle est appelée à se reproduire, se multiplier. Adopter de près ou de loin la démarche du FOR, c'est se mettre en position d'entraver un tel processus, voire le briser dans l'œuf. Au-delà de l'irresponsabilité de cette attitude, en fait la question qui est posée est celle-ci : favorisons-nous le dégagement de nouvelles énergies révolutionnaires, travaillons-nous à leur regroupement, ou maintenons-nous la dispersion, 1'atomisation léguée par la contre-révolution ?

Manifestement., le FOR a choisi cette dernière voie. Que tous se le tiennent pour dit !

RND


[1] Alarme. BP 329 - 75624 PARIS CEDEX 13.

[2] Voir 1’article dans Alarme n°39

[3] C'est la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier que les organisations révolutionnaires se créent et se développent sans lien organique avec le mouvement ouvrier passé, du fait de la plus longue et plus noire période de contre-révolution qui a suivi l'écrasement de la première vague révolutionnaire de 1917-23.

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