Documents d'archives sur la Révolution russe d'Octobre 1917

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Nous publions ci-dessous quelques documents, parmi les nombreuses archives du mouvement ouvrier, sur la Révolution russe d'Octobre 1917, et notamment quelques courts extraits du livre rédigé par un journaliste américain, John Reed, qui se trouvait à Petrograd et a participé à la révolution d'Octobre : "Dix jours qui ébranlèrent le monde". Ce journaliste communiste internationaliste fut, contrairement aux idéologues de la bourgeoisie décadente, non seulement un "témoin oculaire", passif, mais également un acteur des événements d'Octobre 1917 en Russie. En se penchant sur le témoignage vivant de John Reed sur la prise du Palais d'Hiver, le lecteur pourra ainsi se faire une idée de la "violence inouïe" avec laquelle le Gouvernement provisoire de Kerenski fut renversé par un prétendu "coup d'État" fomenté par Lénine et les bolcheviks.

John Reed, "Dix jours qui ébranlèrent le monde" (Extraits, 1919)

"C'est ainsi, dans le fracas de l'artillerie, dans l'obscurité, au milieu des haines, de la peur et de l'audace la plus téméraire, que naquit la nouvelle Russie (…) Pareils à un fleuve noir emplissant toute la rue, sans chants ni rires, nous passions sous l'Arche Rouge (…) De l'autre côté de l'Arche, nous priment le pas de course, nous baissant et nous faisant aussi petits que possible, puis, nous rassemblant derrière le piédestal de la colonne d'Alexandre (…) Après être restés quelques minutes massée derrière la colonne, la troupe, qui se composait de quelques centaines d'hommes, retrouva son calme et, sans nouveaux ordres, d'elle-même, repartit en avant. Grâce à la lumière qui tombait des fenêtres du Palais d'Hiver, j'avais réussi à distinguer que les deux ou trois cents premiers étaient des gardes rouges, parmi lesquels étaient disséminés seulement quelques soldats (…) Un soldat et un garde rouge apparurent dans la porte, écartant la foule : ils étaient suivis d'autres gardes, baïonnette au canon, escortant une demi-douzaine de civils qui avançaient l'un derrière l'autre. C'était les membres du Gouvernement provisoire (…) Nous sortîmes dans la nuit glacée, toute frémissante et bruissante de troupes invisibles, sillonnées de patrouilles (…) Sous nos pieds, le trottoir était jonché de débris de stuc de la corniche du Palais qui avait reçu deux obus du croiseur "Aurora". C'était les seuls dégâts causés par le bombardement. Il était trois heures du matin. Sur la Nevski, tous les becs de gaz étaient de nouveau allumés; le canon de 3 pouces avait été enlevé et seuls les gardes rouges et les soldats accroupis autour des feux rappelaient encore la guerre (…) A Smolny, des bureaux du Comité Militaire Révolutionnaire semblaient jaillir des éclairs, comme d'une dynamo travaillant à trop grande puissance."

Lénine, Préface à l'édition américaine de "Dix jours qui ébranlèrent le monde" (extrait)

"J'ai lu avec un immense intérêt et la même attention jusqu'au bout le livre de John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde. Je le recommande du fond du cœur aux ouvriers de tous les pays. Je voudrais que cet ouvrage fut répandu à des millions d'exemplaires et traduit dans toutes les langues, car il donne un tableau exact et extraordinairement vivant d'événements qui ont une si grande importance pour l'intelligence de ce qu'est la révolution prolétarienne, de ce qu'est la dictature du prolétariat."

"Les intellectuels et la Révolution" (extrait d'un article du poète Alexandre Blok, janvier 1918)

"Nous autres, russes, vivons une époque à peu d'autres égales par la grandeur (…) Le travail de l'artiste, le devoir de l'artiste est d'apercevoir ce qui est projeté, d'entendre la musique dont retentit 'l'air déchiré par le vent'.

Mais qu'est-il projeté ?

De tout transformer, de faire en sorte que tout soit nouveau, afin que notre vie, mensongère, souillée, ennuyeuse, dissolue, devienne juste, pure, joyeuse et belle (…)

'La paix et la fraternité des peuples', voilà l'augure sous lequel se déroule la révolution russe. Voilà ce que hurlent ses flots. Voilà la musique que doit entendre celui qui a des oreilles (…)

De tout votre corps, de tout votre cœur, de toute votre conscience, écoutez la révolution."

 

Le Cortège théâtralisé des enfants de l'Assistance Publique, 1918

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