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Révolution Internationale n° 350 - octobre 2004

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Le capitalisme ne peut pas être réformé, il faut le renverser

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Pas une seule semaine ne se passe sans l’annonce d’un nouveau mauvais coup porté à la classe ouvrière.
Ainsi, depuis la "rentrée" de septembre, les prolétaires ont appris qu’ils allaient subir notamment :

  • l’augmentation sensible dès le 1er janvier 2005 de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) qui vient s’ajouter à la série de mesures votées cet été pour combler "le trou" de la Sécurité Sociale ;
  • le vote en août d’un décret d’application de la "réforme" des retraites passée l’an dernier. Il concerne l'intégration, à partir de début 2006, des assurances complémentaires du défunt dans le calcul du plafond des ressources donnant accès à la pension du conjoint survivant ; il va avoir pour effet de priver des centaines de milliers de veuves et de veufs de cette pension ;
  • les coupes budgétaires prévues pour 2005 qui sont une poursuite de l’amputation de tous les budgets sociaux des ministères avec, en particulier la suppression record de près de 7200 postes de fonctionnaires, dont 3800 pour le seul secteur de l’Education nationale...

Ces attaques viennent se cumuler aux divers et nombreux plans de licenciements, aux délocalisations, à l’allongement du temps de travail, à la remise en cause de la protection sociale (retraites, santé), aux attaques sur les salaires, à la précarisation accélérée de l’emploi, à la détérioration des conditions de vie et de travail des prolétaires. Tous les ouvriers, qu’ils soient au travail ou réduits au chômage, qu’ils soient actifs ou retraités, qu’ils travaillent dans le secteur privé ou dans le secteur public, y sont désormais en permanence confrontés.

La classe ouvrière subit partout les mêmes attaques

Ce n’est pas seulement en France qu’une telle accélération d’attaques de la même envergure se produit. Chaque bourgeoisie nationale adopte les mêmes mesures dans tous les pays.
En Italie, après des mesures similaires à la France contre les retraites et une vague de licenciements dans les usines Fiat, ce sont 3700 suppressions d’emplois (plus d’un sixième des effectifs) qui viennent d’être décidées au sein de la compagnie aérienne Alitalia, tandis qu’un vaste plan de restructuration des chantiers navals va supprimer des milliers d’emplois en Espagne.
En Allemagne, le gouvernement socialiste et vert de Schröder dans un programme d’austérité baptisé "Agenda 2010" a commencé à mettre en application à la fois une baisse du remboursement des soins, le flicage des arrêts de travail, une hausse des cotisations maladie pour tous les salariés. Il projette d’augmenter les cotisations pour la retraite comme de relever le seuil du départ à la retraite qui est déjà de 65 ans. Siemens, avec l’accord du syndicat IG-Metall sous menace de délocalisation en Hongrie, fait travailler les ouvriers de 40 à 48 heures au lieu de 35 auparavant sans compensation salariale. D’autres grandes entreprises viennent de négocier des accords similaires : la Deutsche Bahn (chemins de fer allemands), Bosch, Thyssen-Krupp, Continental ainsi que toute l’industrie automobile (BMW, Opel, Volkswagen, Mercedes-Daimler-Chrysler). On retrouve cette même politique aux Pays-Bas, Etat pourtant réputé pour avoir développé depuis longtemps le travail à temps partiel. Le ministre hollandais de l’économie a annoncé que le retour aux 40 heures (sans paiement compensatoire) était un bon moyen pour relancer l’économie nationale.
Le "plan Hartz IV" dont la mise en application est prévue début 2005 en Allemagne montre le chemin dans lequel toutes les bourgeoisies, à commencer par celles en Europe, se sont engagées : il s’agit de réduire la durée et le montant des indemnités des chômeurs et aussi d’en durcir les conditions d’attribution, avec notamment l’obligation d’accepter une offre d’emploi nettement moins rémunérée que l’emploi perdu.
Ces attaques ne sont pas limitées au continent européen mais s’exercent simultanément au niveau mondial. Ainsi aux Etats-Unis, où le chômage regagne des taux records (on évoque comme en Europe une "croissance sans emplois"), près de 36 millions de personnes (12,5 % de la population) vivent sous le seuil de pauvreté dont 1,3 million ont plongé dans la précarité au cours de l’année 2003, alors que 45 millions de personnes sont privés de toute couverture sociale. En Israël, les municipalités sont en situation de faillite et les employés municipaux ne touchent plus leur salaire depuis plusieurs mois. Sans parler des conditions d’exploitation épouvantables auxquelles sont réduits les ouvriers du tiers-monde, au sein de la concurrence effrénée sur le marché mondial pour faire baisser le coût de la force de travail.

Les mensonges et les fausses réponses de la bourgeoisie
à la crise économique mondiale

Quels sont les discours que nous tient la bourgeoisie face à cette situation ? La gauche et les syndicats, tout comme les altermondialistes, sont les premiers à nous livrer une série de fausses réponses.
Selon la gauche, les syndicats et les organisations gauchistes, la responsabilité des attaques reposerait sur la "politique de droite" d’un gouvernement entièrement assujetti aux intérêts du grand patronat, adepte d’un "libéralisme économique" débridé qui favoriserait les riches et pressurerait les pauvres, qui chercherait à lever les barrières étatiques à la déréglementation sociale. En France comme ailleurs, tous les gouvernements mènent depuis les années 1970 la même politique, et notamment en taillant massivement dans les prestations sociales. On voudrait nous faire oublier que les partis de gauche quand ils étaient au pouvoir soit ont pris des mesures du même ordre (du forfait hospitalier institué par le ministre communiste Ralite aux réductions des indemnisations du chômage), soit ont préparé le terrain aux attaques actuelles. Qu’on se souvienne du livre blanc de Rocard sur les retraites, du déremboursement des médicaments et des suppressions de lits d’hôpitaux sous Jospin sans oublier les lois Aubry sur les 35 heures qui ont permis aux entreprises d’annualiser le temps de travail, d’introduire la flexibilité, d’augmenter leur productivité et de baisser les salaires par la suppression des heures supplémentaires[1] [1].
On nous dit aussi que c’est la faute à l’Europe qui ne garantirait pas assez de droits sociaux. On agite la relance du débat qui divise la bourgeoisie elle-même sur le nouveau traité européen et le projet de Constitution européenne. On utilise le battage autour des délocalisations notamment en Europe de l’Est de certaines entreprises pour tenter d’inoculer le poison nationaliste dans les rangs ouvriers, rappelant le "vivre, produire et travailler au pays" de la CGT dans les années 1970/80. La bourgeoisie cherche ainsi à opposer les ouvriers des pays européens les plus développés aux ouvriers de la périphérie du capitalisme.
On nous raconte aussi que ces attaques sont la faute à la mondialisation. La nébuleuse de l’altermondialisme, mise en avant et subventionnée par la bourgeoisie, où chacun peut fourguer n’importe quelle camelote idéologique sert surtout à relancer les mêmes illusions sur la possibilité de réformer le capitalisme et faire croire qu’une autre gestion du système serait possible (taxer les capitaux, promouvoir une économie solidaire, etc.). Tout ce barouf ne vise qu’à camoufler l’impasse que représente le capitalisme pour l’humanité.
Les ouvriers ne doivent pas se laisser piéger ni berner par ces discours mensongers. Car le seul objectif de ce battage est d’agiter un rideau de fumée, de répandre des campagnes d’intoxication idéologique pour tenter d’empêcher la classe ouvrière de prendre conscience d’une part de l’existence réelle et de l’impasse actuelle d’une crise économique mondiale, d’autre part, de la faillite globale et ouverte du système capitaliste que révèle cette accélération de la crise et ses manifestations.

Le capitalisme révèle sa faillite

Si la classe ouvrière se paupérise de plus en plus, si une partie de plus en plus large du prolétariat s’enfonce dans la misère, si la bourgeoisie est de plus en plus incapable d’intégrer les nouvelles générations ouvrières dans une activité salariée (selon le BIT un chômeur sur 2 a moins de 24 ans dans le monde), si prolifèrent les bidonvilles où s’entassent des masses toujours plus nombreuses de miséreux en quête de travail aux portes de toutes les mégapoles de la planète, si la classe ouvrière subit une accélération sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale de la dégradation de ses conditions d’existence, ce sont les symptômes les plus révélateurs de l’incapacité de ce système à prendre en charge et à assurer un avenir pour l’humanité.
Dans sa logique d’exploitation capitaliste, la bourgeoisie voit sa marge de manoeuvre réduite au point qu’elle n’a d’autre choix que d’attaquer toujours plus violemment et frontalement le niveau de vie de la classe ouvrière dans son ensemble. La plupart de ces attaques sont présentées comme des "réformes" indispensables dans le seul but de faire accepter aux prolétaires les "sacrifices". Contrairement au 19e siècle où, dans le contexte historique d’un capitalisme encore en pleine expansion, les réformes entreprises par la bourgeoisie allaient dans le sens d’une amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière, le capitalisme aujourd’hui ne peut plus être réformé. Il ne peut plus rien offrir aux ouvriers qu’une misère et une paupérisation croissantes. Toutes ces pseudo-réformes ne sont plus le signe d’un capitalisme encore en pleine prospérité, mais au contraire de sa faillite irrémédiable.
L’Etat capitaliste et chaque bourgeoisie nationale prétendent qu’ils oeuvrent, à travers ces prétendues "réformes", d’abord au nom de la défense de l’intérêt général, pour le bien de la collectivité ; ensuite qu’ils agissent ainsi pour préserver l’avenir de nos enfants et des générations futures. La bourgeoisie veut faire croire qu’elle cherche à sauver l’emploi, les caisses d’assurance chômage et d’assurance-maladie, les retraites, alors qu’elle est en train de démanteler significativement toute protection sociale de la classe ouvrière. Pour inviter les ouvriers à accepter les sacrifices, elle prétend que ces "réformes" sont indispensables au nom de la "solidarité citoyenne", pour instaurer plus de justice et d’égalité sociales, contre la défense de mesquins intérêts corporatistes, contre les égoïsmes et les privilèges. Quand la classe dominante parle d’égalité plus grande, c’est en réalité le nivellement par le bas des conditions de vie de la classe ouvrière qu’elle cherche à nous imposer.
Elle raconte que de tels "sacrifices" sont nécessaires au nom du "sens des responsabilités" que chaque "citoyen" devrait manifester envers la "collectivité". Non seulement la bourgeoisie tente de culpabiliser les prolétaires, en cherchant à désigner chaque "citoyen" ou une catégorie sociale particulière comme ayant sa part de responsabilité dans les difficultés économiques de l’Etat national, mais elle utilise en même temps l’intimidation, le chantage permanent. En cherchant à nous persuader que si on n’accepte pas aujourd’hui de ses "serrer les coudes" autour des "réformes" du gouvernement et de se serrer la ceinture, nous allons tout droit vers une catastrophe future et la situation sera encore pire demain pour les prolétaires. Rien n’est plus faux !
D’abord, cette catastrophe économique n’est pas une perspective lointaine. Elle est déjà présente, et c’est justement parce que le capitalisme est aujourd’hui en faillite que la classe dominante ne cesse d’asséner ses attaques contre toute la classe ouvrière dans tous les pays. C’est justement cette catastrophe présente qui pousse la bourgeoisie à démanteler l’Etat-providence à travers ses "réformes".
Ensuite, ce n’est certainement pas en acceptant les sacrifices d’aujourd’hui que la classe ouvrière va pouvoir préserver l’avenir et s’éviter une dégradation future de ses conditions de vie. Bien au contraire ! Plus les ouvriers acceptent de courber l’échine et de se soumettre à la logique du capitalisme en crise, plus la bourgeoisie aura les mains libres pour leur imposer de nouvelles attaques encore plus dures.

Une seule réponse, la lutte de classe

La classe ouvrière ne doit pas se laisser intimider ni culpabiliser par les appels de la classe dominante au "sens des responsabilités citoyennes". La seule responsabilité qui incombe à la classe ouvrière, c’est de refuser de resserrer les rangs derrière ses exploiteurs, de refuser les "sacrifices" qu’ils lui demandent. Sa seule responsabilité, c’est de se battre pour la défense de ses conditions de vie.
La seule solidarité dont elle doit faire preuve, ce n’est pas la solidarité "citoyenne" derrière l’Etat bourgeois, mais sa propre solidarité de classe exploitée contre les prétendues "réformes" de la classe exploiteuse. C’est seulement dans le développement de leurs luttes de résistance aux attaques capitalistes que les prolétaires pourront développer cette solidarité de classe et unir leurs forces par-delà les secteurs, par-delà les frontières.
Face à la faillite du capitalisme, la classe ouvrière n’a pas d’autre choix que de développer ses luttes. Pour cela, elle doit surmonter le sentiment d’impuissance que la bourgeoisie essaie d’inoculer dans ses rangs, en exploitant au maximum ses défaites passées (comme celle du mouvement du printemps 2003 en France) pour démoraliser les prolétaires et leur faire croire que la lutte ne paie pas et ne sert à rien.
Et pour pouvoir se battre efficacement, développer et unifier ses luttes sur son propre terrain, la classe ouvrière doit éviter de tomber dans les pièges mis en avant par les partis de gauche, les syndicats et les gauchistes. Elle doit refuser leurs mots d’ordre gestionnaires et réformistes "Sauvons la Sécu !" (ou encore "Défendons le service public contre les privatisations !"). Ce terrain c’est celui de la gestion du capital, ce n’est pas celui de la lutte ouvrière. La défense de la "Sécu" en tant qu’institution de l’Etat bourgeois (voir RI n° 348) n’est pas le problème de la classe ouvrière pas plus qu’elle ne doit participer à trouver des "solutions" pour "combler le trou de la Sécu". Ce qui importe à la classe exploitée, c’est de se battre pour exiger le remboursement des soins médicaux, c’est de lutter pour défendre ses conditions de vie. Ses intérêts sont non seulement distincts mais totalement antagoniques à ceux de la bourgeoisie. Elle n’a pas la moindre unité ou la moindre solidarité nationale à partager avec ses exploiteurs ni avec tous les gestionnaires du capital.
La classe ouvrière doit comprendre que ce système pourrissant ne peut être réformé et qu’elle est la seule force sociale capable, par le développement international de ses luttes, de sauver l’humanité de la catastrophe en renversant le capitalisme.

Wim (25 septembre)

[1] [2] Voir l’article supplément emploi dans Libération du 20 septembre "Mon boss aime les 35 heures" sous-titré "Le MEDEF fustige la RTT mais la plupart des patrons des grandes entreprises s’en sont fort bien accommodés. Et ne veulent plus y toucher.

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La mystification parlementaire [3]

Massacre en Ossétie du nord : Non à la terreur d'Etat ! Non au terrorisme nationaliste !

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Le massacre de plus de 300 personnes dont une majorité d'enfants, dans l'école Numéro un de la ville de Beslan en Ossétie du Nord ne peut que provoquer l'indignation et un sentiment d'horreur. Tout autant que les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, c'est un crime de guerre dont les victimes sont, comme toujours, les membres les plus sans défense de la population civile. A Beslan, les otages ont été soumis à l'intimidation, la faim, la soif et à des exécutions sommaires et beaucoup de ceux qui ont survécu à la première explosion dans le gymnase où ils étaient retenus, ont été tués dans le dos par les preneurs d'otages quand ils ont tenté de s'enfuir.
Dans les jours qui ont suivi le massacre, tous les leaders du monde se sont empressés d'exprimer "leur solidarité avec le peuple russe" et avec leur "président fort", Mr Poutine. Lors de la Convention républicaine qui se tenait à New York, Bush n'a pas hésité à inclure la guerre que mène l'Etat russe contre le séparatisme tchétchène dans "la guerre contre le terrorisme" menée par les Etats-unis. A Moscou, des dizaines de milliers de gens ont participé à une manifestation officielle contre le terrorisme sous des banderoles qui disaient : "Poutine, nous sommes avec toi".
Mais la solidarité avec les victimes de Beslan est une chose. Le soutien à l'Etat russe en est une tout autre. L'Etat russe est autant responsable de ce cauchemar que les terroristes qui ont assailli l'école.
D'abord, parce qu'une grande partie des morts et des blessés a quasiment certainement été causée par les troupes russes qui entouraient l'école et ont utilisé des armes automatiques, des lance-flammes et des grenades de façon totalement chaotique. Ces méthodes brutales ne peuvent manquer de rappeler la façon dont s'est terminé le siège du théâtre de Moscou en octobre 2002, et pourtant Poutine a refusé que la moindre question ne soit soulevée quant au rôle de l'armée dans cette affaire. Mais plus important que ça, c'est que tout comme "la guerre" américaine "contre le terrorisme" a fait de l'Afghanistan et de l'Irak un terrain de chasse idéal pour les gangs terroristes régionaux et internationaux, de même le terrorisme tchétchène est un produit de la guerre dévastatrice menée par l'impérialisme russe dans le Caucase.
La terreur de l'Etat russe en Tchétchénie

Confrontée à la revendication d'indépendance de la Tchétchénie à la suite de l'effondrement de l'URSS, la Russie a répondu par une offensive meurtrière dans laquelle au moins 100 000 personnes ont trouvé la mort. En 1999, après une accalmie du conflit, Poutine a relancé son offensive à un niveau encore plus barbare, rasant littéralement la capitale tchétchène de Grozny. Le prétexte de cette nouvelle offensive était les explosions d'immeubles à Moscou et Volgodonsk au cours desquelles 300 personnes furent tuées. Bien que les terroristes tchétchènes furent tenus pour responsables, il y a de fortes raisons de penser que c'était le travail des services secrets russes. Depuis, la Russie a maintenu une intransigeance totale face aux revendications d'indépendance de la Tchétchénie. En effet, la perte de celle-ci constituerait un coup énorme aux intérêts impérialistes russes. D'abord à cause de la position stratégique de la Tchétchénie vis à vis des champs de pétrole et des pipes-lines du Caucase; mais plus encore à cause du danger que comporte la sécession de la Tchétchénie pour la Fédération de Russie ; cela donnerait le signal d'un éclatement de celle-ci, et la Russie y perdrait ses dernières prétentions à jouer un rôle sur l'arène mondiale.
Il n'y a pas de limite aux crimes commis par l'armée russe dans le Caucase. Un certain nombre d'organisations "humanitaires" a fourni beaucoup de documentation à ce sujet. Par exemple, l'organisation Human Watch parle de l'incapacité de Poutine "à établir un moyen significatif de poursuivre les responsables des crimes commis par les sodats et les forces de police russes… les disparitions forcées, les exécutions sommaires et les tortures ont énormément sapé la confiance vis à vis des institutions de l'Etat russe dans la population tchétchène ordinaire" (cité dans The Guardian, septembre 2004).

"L'Ouest démocratique" soutient les crimes de guerre de l'Etat russe

Ces ravages sont tout-à-fait équivalents à ceux perpétrés par les tyrans "officiels" tels que Saddam Hussein ou Milosevic. Pourtant pendant toutes ces années de misère dans le Caucase, les leaders de "la démocratie occidentale", les avocats de "l'intervention humanitaire" au Kosovo ou en Irak, ont soutenu Poutine à fond. Blair l'a même invité à prendre le thé avec la reine. C'est parce que derrière toute leur rhétorique "morale", Bush, Blair et les autres ne sont intéressés que par les besoins impérialistes des Etats capitalistes qu'ils représentent. Aujourd'hui, ces besoins requièrent que l'unité nationale de la Russie soit préservée - même si elle est un rival sous bien des rapports comme l'a montré son opposition à la guerre en Irak - et qu'elle ne s'effondre pas dans le chaos. La Russie est une grande réserve d'armes nucléaires et un des principaux producteurs d'énergie au niveau mondial. Si la Fédération de Russie volait en éclats, comme l'ancienne URSS, les conséquences seraient trop dangereuses pour la bourgeoisie occidentale. Cela ne veut pas dire que demain (ou dans certains cas, aujourd'hui déjà), les grandes puissances ne chercheront pas à tirer profit des difficultés intérieures de la Russie pour pousser leurs propres pions dans la région. Mais pour le moment, elles ont toutes - y compris les principaux rivaux des Etats-Unis, la France et l'Allemagne - montré beaucoup de prudence vis-à-vis de la question russe. Le président Chirac en France et le chancelier Schröder en Allemagne ont récemment rendu visite à Poutine, lui ont apporté leur total soutien pour sa politique en Tchétchénie et ont soutenu l'élection totalement frauduleuse du nouveau président tchétchène pro-russe Alu Alkharov qui succède à son prédécesseur assassiné Kradryov.
Ca convient aux Etats-Unis et à la Russie de proclamer qu'ils "combattent le terrorisme". En fermant les yeux sur l'occupation militaire barbare de la Tchétchénie par la Russie et sur le soutien de cette dernière à des petits chefs de guerre locaux ailleurs dans le Caucase, Washington reçoit en échange un certain acquiescement de la Russie envers sa politique au Moyen-Orient et ailleurs.

Contre le terrorisme et le nationalisme,
la révolution prolétarienne mondiale

Comme c'est la barbarie de l'Etat russe en Tchétchénie qui a engendré la barbarie des gangs terroristes, il y a des critiques envers les excès de l'Etat russe qui nous demandent de "comprendre" les actions des terroristes, tout comme ils nous demandent de "comprendre" les actions suicide organisées par le Hamas et des groupes similaires en Palestine, ou même de "comprendre" les attaques d'Al Qaida le 11 septembre. Et en effet, nous "comprenons" que ceux dont les familles ont été massacrées et violées par les troupes russes, ou bombardées par les avions et les tanks israéliens ou américains, soient entraînés dans des actes violents de désespoir, de revanche et de suicide. Mais nous pouvons tout autant "comprendre" que des conscrits russes terrifiés soient poussés à des actes d'une brutalité folle contre la population civile en Tchétchénie. Cette "compréhension" ne nous amène ni à soutenir l'armée russe, ni à soutenir les nationalistes et leurs chefs fondamentalistes en attente du pouvoir qui exploitent le désespoir des pauvres et des opprimés et les poussent à mener des attaques terroristes contre les pauvres et les opprimés des autres nations. Face au choix entre la terreur de l'Etat russe et le terrorisme tchétchène, entre l'armée d'occupation israélienne et le Hamas, entre les Etats-Unis et Al Qaida, nous disons : assez de faux choix ! Nous ne nous ferons pas avoir à soutenir une fraction du capitalisme contre une autre, à rechercher le "moindre mal" dans aucune des guerres impérialistes qui ravagent la planète aujourd'hui.
Nous comprenons les racines de la haine nationale et raciale, et c'est pourquoi nous nous opposons à toutes ses formes d'expression. Le nationalisme fanatique des preneurs d'otages à Beslan les a conduits à considérer leurs victimes comme moins qu'humains ; et maintenant, un puissant sentiment de revanche contre leurs actes inhumains enfle non seulement en Ossétie mais dans toute la Russie. L'Etat russe utilisera ces sentiments pour justifier de nouveaux actes d'agression en Tchétchénie et ailleurs : déjà ses chefs militaires ont menacé de porter "des attaques préventives" n'importe où dans le monde. Cela donnera lieu à de nouvelles représailles terroristes et la spirale infernale de la mort se poursuivra, comme en Israël, en Palestine et en Irak.
Contre les divisions nationales et religieuses quelles qu'elles soient, nous défendons la solidarité des exploités sans considération de race, de nationalité ou de religion. Contre tous les appels à la solidarité avec "notre" Etat ou "nos" représentants nationaux, nous défendons la solidarité de classe du prolétariat dans tous les pays.
Cette solidarité, cette unité de tous les exploités ne peut se forger que dans la lutte contre l'exploitation. Elle n'a rien en commun avec les appels à la charité, avec l'illusion que la solidarité se réduit à l'envoi d'argent ou de couvertures aux victimes de la guerre et de la terreur. Les guerres et les massacres qui s'étendent sur toute la planète sont le produit de la société capitaliste décadente dans sa phase terminale ; on ne peut s'y opposer et les combattre que par la lutte commune pour une nouvelle société où la solidarité humaine sera la seule loi.
L'une des mères éplorées de Beslan disait que l'inhumanité du siège lui avait fait penser que c'était "le début de la fin du monde". La disparition de toute décence humaine, des liens sociaux les plus basiques que montre le massacre d'enfants, nous montre vraiment que le monde capitaliste arrive à sa fin, d'une façon ou d'une autre. Une façon, c'est la voie capitaliste qui mène à l'extermination de l'humanité ; l'autre, c'est la voie prolétarienne qui mène au renversement révolutionnaire du capitalisme et à la construction d'une société communiste sans classes ni exploitation, sans Etats, sans frontières et sans guerres.

CCI, 10 septembre 2004

Vie du CCI: 

  • Prises de position du CCI [4]

Géographique: 

  • Russie, Caucase, Asie Centrale [5]

Questions théoriques: 

  • Terrorisme [6]

Grèves dans les hôpitaux à Buenos Aires : Une véritable lutte de la classe ouvrière

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Les fonctionnaires argentins qui travaillent pour l’Etat national, provincial, municipal, ceux qui sont détachés dans l’Antarctique, qu’ils soient décentralisés ou dans les entreprises de l’Etat, sont divisés, d’une part du fait de la séparation artificielle qu’a imposé la constitution de l’Etat bourgeois en 1853 et ses réformes successives, mais d’autre part à cause des agissements de ces appareils de l’Etat au service du capital que sont les syndicats.
Les fonctionnaires se retrouvent donc affiliés à toute une myriade d’organisations syndicales, générées par cette division artificielle de l’Etat bourgeois et par l’appareil de domination bourgeoise que sont les syndicats, une division institutionnalisée par la législation capitaliste elle-même, comme la loi sur les associations professionnelles, les statuts, etc.
Les gouvernements capitalistes successifs ont pu prendre des mesures à l’encontre des fonctionnaires par le biais des soi-disant "réformes de l’Etat" et des politiques de privatisation qui ont entraîné le licenciement sec de milliers de travailleurs ou de façon plus masquée par les "départs volontaires à la retraite anticipée". Au tout début des politiques dites de "réformes de l’Etat", on a vu à partir de 1991 le gel des salaires de la totalité des fonctionnaires dans le cadre national, provincial, municipal et autres.
Il faut souligner que les effets de l’inflation se sont faits durement sentir, y compris au cours de la période de la convertibilité du peso argentin par rapport au dollar jusqu’en 2001 : les travailleurs ont eu à supporter des augmentations du prix des produits de base allant jusqu’à 60% et depuis l’échec de la politique économique mise en place par Carlos Menem, le pouvoir d’achat des travailleurs a diminué de 30% à 50%, selon que l’on compte en dollars ou en pesos.
C’est ainsi que, pendant toute cette période couvrant presque 14 ans, les fonctionnaires n’ont pratiquement pas protesté, malgré leurs salaires de misère, à l’exception des provinces ou des quelques municipalités qui se sont mobilisées parce que leur salaire n’était carrément pas payé et cela sous l’oeil vigilant des syndicats.

La lutte

Mais, face à la chute brutale des salaires des fonctionnaires, exclus des augmentations de 250 dollars, dites "d’urgence", accordées par le gouvernement dans le secteur privé, et face au silence syndical, les travailleurs ont rompu les amarres avec le syndicalisme. En mars 2004, ils ont commencé, sous l’œil consterné des syndicats, à se réunir spontanément en assemblées générales, où se posait la question de la participation de tous les travailleurs sans distinction de syndicat, sans que le fait d’être affilié à telle ou telle institution ait une importance, ni d’être titularisé ou contractuel, et c’est là qu’on a commencé à débattre sur la question des salaires et sur la nécessité de lutter jusqu’à l’obtention des 250 dollars.
Face à cette situation, la réaction des grands syndicats de fonctionnaires de la ville de Buenos-Aires a été de deux sortes, avec deux méthodes différentes, mais pour atteindre le même but : épuiser l’énergie ouvrière, dévoyer et détruire la lutte des travailleurs. Une des tactiques adoptée, en l’occurrence par le SUTECBA[1] [7], a été de faire peur aux ouvriers : perte des heures supplémentaires et des primes plus la perte de leur poste de travail. L’autre syndicat, ATE[2] [8], a adopté la tactique de monter au créneau en proposant des moyens d’action tout simplement stériles : nombreux soutiens et saluts à la lutte, marches, grèves de 24, 48 et 72 heures, tout cela pour isoler les travailleurs de leurs camarades de lutte des autres établissements, vieille tactique des syndicats. Mais la poursuite de la lutte et de l’action des travailleurs ont fait que l’ATE a fini par abandonner son "plan de lutte" sans même l’avoir mis en œuvre.
C’est en prenant conscience que les syndicats sont contre la classe ouvrière que les travailleurs des hôpitaux ont commencé à se réunir sur leurs lieux de travail, et ont tenté de généraliser les moyens d’action vers les autres hôpitaux, à tenir des assemblées générales unifiées de tous les hôpitaux, avec des revendications telles que "augmentation immédiate de salaire !" ou "Pas d’ATE ni de SUTECBA !".
Quelques agents hospitaliers ont mis en avant la revendication de lutter pour une augmentation de salaire, en se posant en dehors des syndicats, n’acceptant ni leurs bravades menaçantes, ni leurs fausses "directives  combatives", allant même jusqu’à empêcher la prise de parole aux dirigeants syndicaux qui tentaient soit de boycotter la lutte, soit de la dévoyer vers des actions symboliques. Ils ne sont pas restés isolés sur leur lieu de travail, ils ont essayé d’unifier tous les travailleurs et d’étendre la lutte à toute la fonction publique, dans la mesure de leurs possibilités.
La preuve, les assemblées générales qui surgissaient spontanément comme des champignons partout, dans tous les secteurs, qui intégraient de nouveaux travailleurs qui venaient y participer tous les jours et qui, partant de la revendication sur l’augmentation des salaires, en arrivaient à rejeter les plans du gouvernement, concluant qu’il n’y a pas de solution dans le système capitaliste. C’est ce qui est arrivé dans différents hôpitaux et qui a marqué un jalon chez les travailleurs municipaux, historiquement éloignés des luttes ouvrières car subissant eux-mêmes l’illusion de faire partie d’une "aristocratie ouvrière". On peut dire aujourd’hui que ce mythe erroné s’est brisé pour toujours, que quelque chose a changé et les luttes à venir en apporteront la preuve.
Ces assemblées mandataient des délégués pour les représenter dans les assemblées ou les réunions inter-hospitalières, qui n’étaient pas fermées, mais, au contraire, étaient ouvertes et où participaient tous les camarades, ayant tous la possibilité de prendre la parole et de participer aux décisions. Face à la pression des divers courants politico-syndicaux, ils décidèrent qu’aucun représentant ou délégué ne négocierait au nom des travailleurs et que tout accord serait approuvé par l’ensemble des travailleurs.
Voyant la tournure que prenait la lutte des ouvriers municipaux de la santé de la capitale fédérale, et devant le risque d’extension non seulement aux travailleurs municipaux, mais aussi aux provinciaux et aux nationaux, les syndicats (particulièrement l’ATE) ont mis un arrêt à leur coup de force, mais la SUTECBA a utilisé tout son arsenal pour intimider les travailleurs, les tromper avec de prétendues augmentations de salaires que 80 % des municipaux n’ont jamais touché, afin de freiner la lutte.
Cette tactique, jointe aux menaces de sanctions disciplinaires et économiques, a favorisé l’arrêt de la lutte des travailleurs de la santé.

Conclusions

Les travailleurs doivent garder clairement en tête qu’un pas en avant a été fait, ce qui s’est concrétisé dans les mots d’ordre :

  • "Pas d’ATE, ni de SUTECBA, les décisions sont prises par l’Assemblée"
  • "Les syndicats sont nos ennemis",
  • "Unité des travailleurs, sans distinction entre permanents et temporaires".

S’il est vrai que nous n’avons pas obtenu d’augmentation salariale, nous avons cependant entamé une nouvelle pratique dans la lutte, en mettant en avant l’unité de la classe et en nous donnant les instruments de cette lutte, les assemblées.
Nous n’avons pas été des centaines de milliers en lutte, quelques milliers seulement, mais ce qui a été important c’est que nous avons pu vivre une expérience, vérifier que la classe ouvrière est une seule classe, qu’il n’y a pas de différence entre les travailleurs qui sont dans les filets d’un syndicat et ceux qui ne le sont pas, entre les CDI et les CDD, nous sommes tous des travailleurs, nous avons tous les mêmes besoins et le même ennemi, l’Etat bourgeois et ses syndicats.
Mais le plus important, à côté de cette unité et des organes de lutte qu’on s’est donnés, est que la majorité des travailleurs ne s’est pas laissée séduire par les chants de sirène des gauchistes avec leurs nouvelles propositions de listes et de regroupements "de classe", avec leurs nouveaux labels syndicaux. Au contraire, notre expérience pratique dans le feu de la lutte de classe, nous a montré que, quelle que soit la forme adoptée par les syndicats, qu’elle soit bureaucratique ou " de classe", ces organes sont irrécupérables pour les luttes ouvrières, et quelle que soit leur bonne foi, ils seront toujours absorbés par l’Etat capitaliste en devenant un appareil au service de ce système en décomposition.

Cette lutte inédite chez les travailleurs hospitaliers, qui pour beaucoup n’a pas l’importance qu’elle mérite, a été un moment très fort, surtout grâce à l’expérience de la généralisation des assemblées de base comme outil, avec l’élection de délégués mandatés et tournants.
Toutes les luttes sans exception, quand elles sont menées par les syndicats, aboutissent à une défaite catastrophique pour les travailleurs. Pour cette raison, face aux actions de la classe ouvrière en dehors des syndicats, avec des décisions prises en assemblées générales et tendant à généraliser le plus possible les luttes à l’ensemble de la classe ouvrière, la bourgeoisie, les syndicats, les patrons (privés ou d’Etat) s’agitent et ont recours à tous les moyens possibles à leur portée pour défaire le mouvement.
Nous devons en tant que travailleurs nous auto-organiser en marge des syndicats, créer nos propres outils de lutte et généraliser la lutte le plus possible à l’ensemble de la classe ouvrière. Nous avons emprunter ce chemin, nous ne sommes pas allés au bout, mais les riches leçons de cette lutte constituent une grande expérience pour les luttes futures des travailleurs : nous ne devons avoir confiance que dans les forces de notre classe et non dans celles de nos ennemis ou de nos faux amis.

M/N.C.I.
Notre commentaire

Le texte que nous publions ci-dessus a été écrit par les camarades du Noyau Communiste International (NCI) d’Argentine qui ont élaboré des positions programmatiques très proches des positions du CCI et développent actuellement des discussions avec notre organisation et avec l’ensemble de la Gauche communiste dans une perspective militante et internationaliste.

L’intérêt de ce texte est double : d’une part, il témoigne d’une lutte combative et riche en expériences des agents hospitaliers de Buenos Aires. Par ailleurs, c’est une prise de position qui défend l’unité de la classe ouvrière ("la classe ouvrière est une, il n’y a pas de différence entre les travailleurs qui sont dans les filets d’un syndicat et ceux qui ne le sont pas, entre les CDI et les CDD, nous sommes tous des travailleurs, nous avons tous les mêmes besoins et le même ennemi, l’Etat bourgeois et ses syndicats"), qui soutient ses méthodes de lutte et dénonce clairement les syndicats. La fin du texte est particulièrement éloquente : "les travailleurs doivent s’auto-organiser en dehors des syndicats, créer nos propres outils de lutte et étendre la lutte le plus possible à l’ensemble de la classe ouvrière. Nous avons emprunté ce chemin, nous n’avons pas pu aller au bout, mais les riches leçons de cette lutte constituent une grande expérience pour les luttes futures, nous ne devons avoir confiance que dans les forces de notre classe et non dans celles de nos ennemis ou de nos faux amis".
Nous avons combattu, et les camarades du NCI ont activement participé à ce combat, l’erreur qui consistait à voir dans les révoltes de décembre 2001 en Argentine un "mouvement ouvrier" alors qu’il s’agissait clairement d’une révolte interclassiste sans perspectives[3] [9]. Nous avons essuyé à cause de cela de nombreuses critiques des autres groupes révolutionnaires qui nous dépeignaient comme étant des "défaitistes" et nous accusaient de "mépriser les luttes ouvrières réelles". A cela nous avons répondu qu’il est absurde de s’accrocher à une chimère et de voir des géants là où il y a seulement des moulins à vent et nous avons précisé que nous étions confiants dans les capacités du prolétariat argentin[4] [10]. Aujourd’hui, cette petite expérience de la lutte des agents hospitaliers vient confirmer cette hypothèse. Ce n’est pas tant une lutte spectaculaire et décisive qu’une preuve montrant comment le prolétariat argentin participe aux mêmes tendances qui mûrissent aujourd’hui, de façon très lente et contradictoire, au sein du prolétariat mondial.
Dans ce sens, nous souhaitons préciser un aspect du texte des camarades. Dans certains passages, ils disent que "les travailleurs ont rompu les amarres avec le syndicalisme" et qu’ils étaient conscients que les syndicats sont contre la classe ouvrière et que "la majorité des travailleurs ne s’est pas laissée séduire par les chants de sirène des gauchistes avec leurs nouvelles propositions de listes et de regroupements "de classe", avec leurs nouveaux labels syndicaux". Il existe effectivement une tendance au sein de la classe ouvrière internationale à se méfier des syndicats et à s’affronter à leurs manœuvres, toutefois, nous ne croyons pas que cela soit généralisé au prolétariat mondial ou à leurs frères en Argentine. Le prolétariat doit encore parcourir un chemin long et difficile pour avoir de nouveau confiance en lui, récupérer son identité de classe et comprendre que les syndicats sont ses ennemis et que les multiples variantes du syndicalisme font partie intégrante de l’Etat bourgeois.
Nous devons faire un effort pour comprendre le rapport de forces global et historique dans lequel s’inscrit chaque bataille partielle que livre le prolétariat. Qu’une petite minorité de travailleurs commence à comprendre les questions énoncées ci-dessus est une chose, autre chose bien différente est que cette conscience se généralise de façon irréversible à de larges secteurs ouvriers.
Pour nous, en fonction d’une analyse dynamique de la situation actuelle de la lutte de classes, il est très important qu’une minorité de camarades tire les leçons et les aient publiées pour qu’elles puissent s’inscrire dans les efforts de lutte et la prise de conscience qui, de façon encore très contradictoire, difficile et minoritaire, mûrissent dans le prolétariat mondial. C’est ce qui aidera à modifier le rapport de force avec la bourgeoisie en faveur du prolétariat.

CCI

[1] [11] SUTECBA : Syndicat unique des travailleurs et employés municipaux de la ville de Buenos-Aires, affilié à la Confédération générale du travail.
[2] [12] ATE : Association des travailleurs de l’Etat, affiliée à la centrale des travailleurs argentins CTA.
[3] [13] Voir Revue internationale n° 109, 2e trimestre 2002.
[4] [14] Voir Revue internationale N° 117, 2e trimestre 2004.

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Irak - L’affrontement entre les grandes puissances accélèrent le chaos

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La prise d’otages est devenue une pratique guerrière courante, presque journalière. En Tchétchénie, au Moyen-Orient, en Irak, en Afrique, partout où les conflits impérialistes sont ouvertement à l’œuvre, des êtres humains sont pris en otage, décapités, massacrés, tout en étant filmés par les médias aux ordres de la bourgeoisie. Le capitalisme est né dans la boue et le sang, mais si le prolétariat le laisse faire, il nous entraînera dans une marée de souffrance et de destruction.

L’offensive de l’impérialisme français dans le monde arabo-musulman

Il y a maintenant un mois, deux journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont été enlevés en Irak. Ce ne sont pas les premiers français pris en otage de part le monde au cours des dernières années. Malgré une présence militaire forte et active, des journalistes avaient déjà été enlevés en Côte-d’Ivoire, comme d’ailleurs un journaliste de Canal Plus, Jordanov, qui avait été détenu pendant quatre jours par une faction islamiste en Irak au printemps dernier. Jamais la bourgeoisie française n’avait jusqu’à présent mené de campagne idéologique en faveur de la libération d’otages avec une telle ampleur, avec une publicité médiatique aussi grande. La classe ouvrière ne doit pas se faire d’illusions, l’Etat français se moque totalement de la vie de ces deux journalistes. Le capitalisme a toujours eu un mépris total pour la vie humaine et ce n’est pas dans la période de décomposition de son système que cela risque de changer. Il suffit de se rappeler le rôle cynique et barbare joué par la France dans le génocide de près d’un million de personnes au Rwanda en 1994 pour s’en convaincre totalement, si cela était encore nécessaire. Tous les efforts diplomatiques de l’impérialisme français dans tous les pays arabes et musulmans n’ont qu’un seul et véritable objectif : y renforcer autant que possible son influence. Un article de Courrier International du lundi 20 septembre commence ainsi : "Si les ravisseurs des deux journalistes français Christian Chenot et Georges Malbrunot avaient pu s’attendre à la vague de réprobation islamique que leur acte a soulevé, il est fort probable qu’ils auraient renoncé à cet enlèvement." En effet, à partir du moment où le rapt des deux journalistes a été officiellement connu, nous avons pu assister à une offensive diplomatique –avec sans aucun doute une composante secrète- conduite par les plus hauts responsables de l’Etat français dans l’ensemble des capitales arabo-musulmanes. Le résultat de cette offensive politique de la bourgeoisie française est que jamais la France n’aura été autant soutenue et n’aura fait l’objet d’une telle sollicitude des sociétés arabes et musulmanes. Aucun Etat, y compris ceux qui, tel l’Egypte, figurent depuis plusieurs dizaines d’années parmi les plus fidèles alliés des Etats-Unis, n’ont manqué à l’appel. Tous ont accueilli très chaleureusement les déclarations mettant en avant la politique de soutien au monde arabo-musulman de la part de l’impérialisme français. La position de la France sur la guerre en Irak n’est à cet égard qu’un aspect de sa politique impérialiste dans cette région du monde. Mais plus significatif encore de l’orientation pro-arabe et pro-musulmane de la politique impérialiste de la France est l’abondance des messages de sympathie et de soutien qu’aura reçu l’Etat français à cette occasion de la part des hauts dignitaires religieux et autres organisations terroristes armées : le cheikh Youssef Al-Qaradaoui (haut dignitaire sunnite) ; Mohamed Hussein Fadlallah (un des dirigeants du Hezbollah) ; le guide du mouvement des frères musulmans en Irak ; le Hamas ; l’organisation du Djihad islamique palestinien... Il est impossible de savoir qui est à l’origine de cette prise d’otages, comme il est délicat d’avancer avec certitude quelle est l’obédience du groupe terroriste qui, sur place a commis l’enlèvement. Combien de groupes totalement incontrôlés, prolifèrent dans le chaos irakien ? En tout état de cause, il semble bien que, pour le moment, la bourgeoisie française a profité au maximum de cette prise d’otages en travaillant à réactiver tous ses réseaux de contacts et de liens politiques dans cette partie du monde, en réaffirmant à cette occasion sa ligne politique en direction du monde arabe et musulman. Il est indéniable qu’à ce jour, l’impérialisme français vient de marquer des points non négligeables sur le terrain des affrontements inter-impérialistes.

Aucun répit n’est possible dans la confrontation entre grandes puissances

Il est bien évident que les principaux concurrents de l’impérialisme français et en premier lieu les Etats-Unis ne pouvaient pas rester indifférents à cette offensive de la France. On ne peut manquer de remarquer que l’Etat français, par l’entremise de son chef de la diplomatie Michel Barnier ou de son ministre de l’intérieur Dominique de Villepin, s'est montré dans un premier temps très optimiste à propos de la libération des deux journalistes français. Cet optimisme ne pouvait être dû qu’à des renseignements fiables sur les résultats positifs de l’offensive diplomatique menée sur la libération des otages. Et pourtant, un mois après, leur libération n’est pas encore effective. Si, comme tout le monde l’affirme, les otages sont retenus dans la région de Fallouja, il est important de remarquer la simultanéité de la campagne internationale pour la libération de ces deux journalistes et l’offensive américaine d’envergure sur Fallouja. Comme il est encore important de noter que, depuis lors, des raids de l’aviation militaire sont sans cesse menés : "L’armée américaine a affirmé ces derniers jours avoir pris pour cible, à plusieurs reprises, des repaires présumés du groupe de l’islamiste jordanien Abou Moussad Al Zarkaoui, lié à Al-Qaida, à Fallouja, faisant ainsi des dizaines de morts parmi la population civile." (Courrier International du 20 septembre). Il est certain, que cette nouvelle offensive armée américaine, tout particulièrement centrée sur la région où sont retenus les otages français n’est que la partie la plus visible de la réaction américaine à l’offensive impérialiste de la France, qui s’est elle-même développée à peine cachée sous la bannière humanitaire de la libération des deux journalistes. Ceci donne tout son sens au fait que le gouvernement Chirac met en avant la poursuite des combats et des violences en Irak pour expliquer la lenteur de la libération éventuelle de ces deux journalistes français et de leur chauffeur syrien.
Les dignitaires religieux semblent tout particulièrement visés depuis quelques temps : "Deux membres du comité des oulémas sunnites ont été assassinés lundi dans la capitale irakienne. Des hommes armés ont tué le cheikh Mohamed Djadou lundi alors qu’il sortait d’une mosquée à l’ouest de Bagdad. Quelques heures plus tôt, dimanche soir, un autre dirigeant du comité des oulémas, Hazem Al Zadi, a été tué à la sortie des prières d’une mosquée de Sadr City, quartier chiite de la capitale irakienne. Le comité des oulémas a dit craindre une "campagne organisée" d’assassinats de ses dignitaires."(idem). En retour, ces assassinats particulièrement ciblés sont un facteur très important dans le mouvement de radicalisation d’une partie de la population irakienne, notamment parmi sa frange la plus croyante, plongeant un peu plus l’Irak dans un chaos total. Dans ce contexte, quelles que soient les motivations réelles du groupe terroriste qui détient les deux otages français et le niveau d’influence que peuvent avoir sur lui les autorités religieuses, il semble bien que les ravisseurs se retrouvent dans une situation très périlleuse qui complique sérieusement les modalités de libération des deux journalistes français. Aussi bien les réactions d’ampleur et menaçantes à cet enlèvement que les enjeux des tensions interimpérialistes, impliquant directement la France et les Etats-Unis, placent ces preneurs d’otages entre le marteau et l’enclume. De tous cotés, la perspective à leur égard, pourrait être leur écrasement dans le sang. Dans ce sens, le permis de tuer (par une "fatwa") délivré par les plus hautes autorités religieuses à ces ravisseurs est significatif du soutien global du monde musulman à l’impérialisme français. Le jeudi 16 septembre dernier, deux Américains et un Britannique, ont été enlevés dans leur résidence d’un quartier aisé de Bagdad, comme au même moment deux jeunes femmes italiennes engagées dans des activités humanitaires auprès d’ONG. Aucune des instances qui se sont mobilisées pour soutenir la France dans l’affaire de ses otages, ne s’est mobilisée à nouveau pour les otages américains. C’est même le silence le plus total qui prévaut, signifiant ainsi, de fait, l’aval donné par ces instances à ces prises d’otages. Et l’assassinat barbare, filmé sur Internet, de deux d’entre eux ne s’est pas fait attendre.

Le prolétariat doit refuser l’union sacrée avec la bourgeoisie

La prolétariat ne doit se faire aucune illusion. L’Irak livré à la guerre permanente et à l’anarchie la plus complète ne peut que sombrer encore plus dans le chaos. Derrière la guerre civile en Irak et dans l’ensemble du monde arabo-musulman, les grandes puissances impérialistes se rendent coup pour coup. La prise des otages français quels qu’en soient les initiateurs et leurs motivations, comme quelle qu’en soit l’issue, n’aura constitué qu’un épisode supplémentaire dans les affrontements impérialistes, et notamment entre la France et les Etats-Unis. La vie des otages n’est que le prétexte pour développer cet affrontement.
Certes, la France vient de marquer quelques points, mais ceci peut encore évoluer selon le sort qui sera réservé aux otages. Dans leur lutte acharnée, la France et les Etats-Unis ne manqueront pas d’en faire l’usage le plus cynique.
La bourgeoisie française a déjà largement profité, par exemple, du moins dans un premier temps, du battage médiatique autour de cet événement. Une fois de plus, la barbarie du capitalisme aura permis de recréer et de susciter un climat d’union nationale, "d’union sacrée" entre les exploiteurs et leurs exploités, auquel toutes les forces de la bourgeoisie auront largement contribué, des trotskistes au PCF, des pontes du PS en passant par l’ensemble des leaders de la droite. La classe ouvrière n’a rien à gagner mais tout à perdre en se laissant entraîner dans de telles campagnes qui ne servent qu’à la détourner de son terrain de lutte.

Tino (25 septembre)

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Incendie d’un supermarché au Paraguay : Le capitalisme est un tueur en série

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Cet été, dimanche 1er août, la classe ouvrière a encore une fois vécu dans sa chair la réalité meurtrière du capitalisme. Ce jour là, dans une banlieue d’Asunción, la capitale paraguayenne, une fuite de gaz déclenche un immense brasier au coeur d’un centre commercial. Sous le toit en flammes, des familles entières tentent de s’échapper en vain. Les portes viennent d’être cadenassées sur ordre du gérant du magasin afin d’éviter que les clients partent sans payer. Et, pire encore, c’est à coups de fusil que les vigiles empêcheront la foule de forcer les grilles. Cette barbarie n’a pas de nom. Plus de 450 personnes mourront assassinées, piégées comme des rats au milieu des flammes.

Comme à son habitude, la bourgeoisie a immédiatement déclenché le battage médiatique suivant une mécanique idéologique bien huilée. Une véritable pièce de théâtre !
Premier acte : le président du pays, Nicanor Duarte Frutos, verse toutes les larmes de son corps et décrète trois jours de deuil national. Quel cynisme ! Venir profiter de la mort de prolétaires afin de donner un visage humain et compatissant à l’Etat, lui le premier garant du système capitaliste. La bourgeoisie s’enorgueillit même de ce machiavélisme. "L’Etat peut sortir renforcé du drame s’il réagit rapidement" claironne, non sans ironie, Fernando Abruciò, expert en politique internationale (Libération du 3 août).
Second acte : la justice aux ordres pointe du doigt un bouc-émissaire, un individu qui endossera toutes les responsabilités du massacre. Il s’agit de Victor Daniel Paiva, manager général du centre commercial inculpé d’homicide volontaire dès le mercredi 4 août. Le président Duarte l’avait exigé, il voulait une enquête rapide "pour que les coupables soient punis". Evidemment, la photo de cet homme est placardée dans tous les journaux, exposée à la vindicte populaire. Une telle focalisation haineuse évite ainsi d’aller chercher plus loin. Elle masque le véritable responsable de ces assassinats qui n’est autre que le capitalisme, un système basé sur l’exploitation des prolétaires, la production de marchandises, l’argent et la recherche du profit. Aux yeux du capital, la vie humaine n’a aucune valeur. La catastrophe d’Asunción n’a fait que révéler une fois encore la logique barbare de ce système qui n’a aucun scrupule à massacrer ceux qu’il exploite pour tenter de sauver ses marchandises. C’est cette vérité là, toute nue, qui éclate dans cet abominable carnage. Le manager général du magasin n’est pas un psychopathe, il est le digne représentant de sa classe.
Troisième et dernier acte : la bourgeoisie des pays centraux reconnaît l’existence de causes beaucoup plus profondes et communes à tous les pays de la périphérie. Les journaux français dénoncent à cor et à cri la corruption généralisée du Paraguay ou la vétusté des infrastructures sécuritaires. Le fait que les pompiers tentaient désespérément de boucher les trous de leur tuyau avec leur bottes, pour éteindre le feu, a été martelé à longueur de colonnes. Effectivement, c’est une réalité, l’incendie du centre commercial d’Asunción a pour cause première l’état désastreux du matériel, des bâtiments. Les règles minimales de sécurité étaient totalement inexistantes. Mais ce n’est pas une particularité des pays du tiers-monde.
Derrière ses cris d’orfraie, la bourgeoisie des pays développés veut nous faire croire qu’ici les prolétaires seraient traités de façon plus humaine. Mensonges ! Au Paraguay, comme en France, comme partout ailleurs, la bourgeoisie est contrainte, sous les coups de boutoir de la crise, de faire des économies au mépris de la vie des prolétaires. Les infrastructures industrielles se délabrent, ne sont plus entretenues. Partout sur la planète, la menace de catastrophes, d’explosions se fait chaque jour un peu plus grande. Deux jours avant Asunción, c’est à Ghislenghien, en Belgique, que l’explosion d’une conduite de gaz tuait 18 ouvriers. Souvenons-nous encore de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001 et qui a fait plusieurs dizaines de morts et 9000 blessés. Aujourd’hui encore, trois années après la catastrophe, l’Etat, les assureurs, les patrons, se rejettent la faute tandis que la classe ouvrière continue à payer la note financièrement et physiquement.
En dénonçant la vétusté des infrastructures et la sauvagerie des capitalistes dans les pays sous-développés, la bourgeoisie des pays industrialisés tente tout simplement de faire oublier ses propres mœurs, son propre mépris pour les vies humaines. Et surtout, elle cherche à masquer la responsabilité de son système en pleine décomposition. L’incendie du centre commercial d’Asunción n’est pas une tragédie résultant de "spécificités locales". Il est le miroir de cette décomposition de la société bourgeoise avec à sa tête une classe dominante sanguinaire qui, pour défendre ses intérêts, n’hésite jamais à massacrer ceux qu’elle exploite.

MT

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  • Amérique Centrale et du Sud [15]

Cyclone en Haïti - Une catastrophe « naturelle » ?

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En Haïti, l'horreur est a son comble. Après les 1220 décès recensés lors des pluies torrentielles du printemps, lors des inondations provoquées par la tempête Jeanne, la plus meurtrière de ces quinze dernières années, on a évoqué le chiffre de plus de 2000 morts. A Gonaïves, dans le Nord-Ouest du pays, où les dégâts ont été les plus terribles, les inondations charrient des cadavres, des milliers de personnes ont perdu leur maison, se sont retrouvées sans nourriture ni eau potable. Toutes les conditions sont réunies pour que se propagent des épidémies comme le choléra et la typhoïde !
Pourtant, Jeanne n'est pas le cyclone le plus puissant de la série qui a récemment traversé les Caraïbes. En fait, si Jeanne a été une catastrophe particulièrement destructrice et meurtrière, c'est parce que le pays qui se trouvait sur son parcours et qu'elle a dévasté, Haïti, est un des plus déshérités du monde. L'état de délabrement et le degré de misère qui y sévit, accentués par le désordre, la corruption et le chaos politique, ont précipité et amplifié la catastrophe.
Ce que met en évidence cette prétendue "catastrophe naturelle", c'est que les faits tragiques n'ont rien à voir avec la fatalité. Les conséquences sociales les plus terrifiantes sont à mettre au compte du système capitaliste, un système dont l'unique but est le profit et la rentabilité. En Haïti, après des décennies de pillage des ressources naturelles par les grandes puissances et de déforestation incontrôlée, le pays est exsangue et la majorité de la population est non seulement réduite à l'état de crève-la-faim mais vit aussi sous la terreur, livrée aux exactions de bandes armées rivales qui s'affrontent pour la conquête du pouvoir et au milieu d'une corruption généralisée. Dans ce contexte de chaos et de barbarie au quotidien, la tempête "naturelle" ne pouvait que se transformer en catastrophe sociale.
Quelques "grandes démocraties", dont la France, se sont contentées de se présenter sur les lieux en déplorant les pillages et les émeutes.
Une fois encore, les secours mis en œuvre, ridicules au regard des besoins, nous donnent la preuve que le soutien aux victimes comme la prévention ne sont pas des activités rentables pour le capitalisme. Alors que la bourgeoisie est capable de déployer des moyens matériels impressionnants lorsque ses intérêts stratégiques et militaires sont en jeu, elle fait toujours preuve de mauvaise volonté pour protéger et venir au secours des populations quand ces intérêts font défaut.
W (25 septembre)

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  • Tsunami [19]
  • Amérique Centrale et du Sud [15]

Débat prolétarien - Salut au forum de discussion internationaliste de Russie

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L’initiative de mettre en place un forum de discussion internationaliste a été prise par trois organisations (le Courant Communiste International, l’organisation de Moscou de la Confédération des anarcho-syndicalistes révolutionnaires – Russie - et le Groupe des collectivistes prolétariens révolutionnaires – Russie ). Le premier sujet soumis à la discussion a été celui des leçons à tirer de la défaite de la Révolution d’Octobre.
La terrible défaite de la Révolution d’Octobre imposée par la contre-révolution stalinienne a décimé les forces révolutionnaires du prolétariat et a été suivie par la longue nuit de la contre-révolution et par la guerre la plus sanglante que l’humanité ait jamais connue, laissant dispersés et terriblement affaiblis les petits groupes qui sont restés fidèles aux principes de l’internationalisme prolétarien.
La situation dans laquelle se trouvent les minorités révolutionnaires émergentes et les éléments en recherche est donc doublement difficile aujourd’hui. Ceux-ci doivent non seulement lutter pour développer des idées et une intervention, pour comprendre la situation dans laquelle ils agissent et pour trouver un écho au sein de la classe ouvrière, mais ils doivent aussi combattre le terrible isolement et la dispersion des forces révolutionnaires dans le monde.
Le CCI a toujours défendu le principe fondamental selon lequel la future unité mondiale des révolutionnaires prolétariens ne pourra jamais se forger sans que les groupes existant à l'heure actuelle soient capables de débattre, dans un esprit ouvert et fraternel, des questions qui les divisent et les unissent. Un tel débat est nécessaire, non seulement pour la clarification vitale des principes qui fondent l'action de la classe ouvrière, mais aussi pour briser l'isolement qui prédomine afin d'instaurer un climat de confiance parmi ces groupes et les aider ainsi à apprendre ce que signifie travailler ensemble à l'échelle internationale en tant que combattants d'une seule classe.
C'est pour ces raisons que nous avons décidé de participer au Forum de discussion internationaliste mis en place conjointement avec les groupes en Russie et qui se regroupe pour le moment autour d'un site Internet.
Le but de ce forum n'est en aucun cas de créer une organisation politique artificielle ou de mettre en place un terrain de recrutement sans principes. Au contraire, comme le pose l'adresse inaugurale du forum : "Son but est d'entreprendre une discussion systématique en vue de la clarification des questions qui se sont avérées cruciales pour le mouvement ouvrier et qui continueront à l'être dans les futures confrontations entre les classes : l'internationalisme, les raisons de la défaite de la vague révolutionnaire mondiale, la dégénérescence de la Révolution russe, le capitalisme d'Etat, la libération nationale, le rôle des syndicats, etc. Le but est de rassembler et de rendre publiques des contributions sur ces questions qui mettent en avant des approches différentes qui ont déjà existé dans le mouvement ouvrier, ainsi que des points de vues différents, divergences ou questionnements qui peuvent exister parmi les participants au forum. Le forum est un lieu ouvert à la discussion et à la confrontation des idées politiques, avec comme seul but, la clarification par le débat politique, en suivant la méthode prolétarienne qui exclut toute approche en contradiction avec le but désintéressé de l'émancipation de la classe ouvrière. En particulier, le forum n'est pas un "terrain de chasse" pour le recrutement sans principes comme c'est habituellement pratiqué par les organisations situées à l'extrême gauche de l'appareil politique de la bourgeoisie (trotskistes, etc.)".
Un tel forum peut uniquement être basé sur des principes qui le distinguent clairement de l'aile gauche du capitalisme. Dans cette période caractérisée par des guerres impérialistes généralisées, nous considérons que la question de l'internationalisme est décisive pour séparer ceux qui cherchent à oeuvrer pour l'émancipation révolutionnaire de la classe ouvrière de ceux qui ne cherchent qu'à renforcer l'emprise de l'Etat bourgeois et de son appareil de contrôle et de mystification. Pour ces raisons, la participation au site dépend de certains critères politiques allant dans ce sens.
Tel qu'il se présente aujourd'hui, le forum de discussion n'en est encore qu'à ses premiers pas hésitants. Nous ne pouvons savoir à l'avance si ce sera un succès -il n'y a pas de garanties dans la politique révolutionnaire. Mais nous restons convaincus que c'est seulement par des efforts patients, non spectaculaires, que nous pouvons aider à mettre en place le travail de base en vue de l'unité politique et organisationnelle future de la classe ouvrière, unité qui sera une arme vitale pour la destruction du capitalisme et la mise en place d'une nouvelle société communiste.

Vie du CCI: 

  • Interventions [20]

Géographique: 

  • Russie, Caucase, Asie Centrale [5]

Courants politiques: 

  • L'anarchisme Internationaliste [21]

Un débat entre révolutionnaires à Berlin - Les causes de la guerre impérialiste (2)

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Nous publions ci-dessous la deuxième partie du compte-rendu d’une réunion publique du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR) qui s’est tenu le 15 mai à Berlin, à laquelle le CCI a participé, et qui portait sur les causes de la guerre impérialiste.

Dans la première partie de ce compte-rendu, publié dans le dernier numéro de RI (n°349), nous avons mis en évidence le danger de l’empirisme bourgeois qui conduit le BIPR à emboîter le pas aux campagnes des sociaux-démocrates et de l’idéologie altermondialiste dans son analyse des causes de l’offensive impérialiste des Etats-Unis en Irak.

Le lien entre la crise économique et la guerre

Au cours de cette deuxième partie de la discussion en particulier, différentes questions critiques ont été adressées au CCI. Celles-ci mettaient en question l’importance donnée à la signification des questions stratégiques dans nos analyses des rivalités impérialistes. Le camarade du FKG[1] [22] a critiqué le fait que –à son avis– le CCI explique les tensions impérialistes par les rivalités militaires sans les relier à la crise économique, et en excluant apparemment les facteurs économiques. Il a mis en avant l’exemple des objectifs économiques de l’Allemagne dans la Seconde Guerre mondiale, de façon à insister, contre la position du CCI, sur le fait que les Etats impérialistes cherchent une solution à la crise économique dans la guerre. Un camarade d’Autriche, autrefois membre fondateur dans ce pays du "Groupe Communiste International", voulait savoir si le CCI accorde une certaine importance au rôle du pétrole ou si, au contraire, il considère que c’est par simple coïncidence si la cible de la "lutte contre le terrorisme" prend place précisément dans une région où se trouvent les plus grandes réserves de pétrole du monde. Le représentant du GIS a aussi demandé une précision sur notre prise de position selon laquelle la guerre moderne n’est pas une solution, mais est elle-même l’expression de l’explosion de la crise.
La délégation du CCI a répondu que, de notre point de vue, le marxisme, loin de nier le lien entre crise et guerre, est capable de l’expliquer de façon beaucoup plus profonde. Cependant, pour le CCI, la guerre impérialiste n’est pas l’expression des crises cycliques qui étaient typiques du XIXe siècle mais le produit de la crise permanente du capitalisme décadent. En tant que telle, elle est le résultat de la rébellion des forces productives contre les rapports de production de la société bourgeoisie qui sont devenus trop étroits pour elles. Dans son livre l’Anti-Dühring, Friedrich Engels affirme que la contradiction centrale dans la société capitaliste est celle qui existe entre une production qui devient déjà socialisée et une appropriation de cette production qui reste privée et anarchique. A l’époque de l’impérialisme, une des principales expressions de cette contradiction est celle qui existe entre le caractère mondial du processus de production et l’Etat-nation en tant qu’instrument le plus important de l’appropriation privée capitaliste. La crise du capitalisme décadent est une crise de toute la société bourgeoise. Elle trouve son expression strictement économique dans la dépression économique, le chômage massif, etc. mais elle s’exprime aussi au niveau politique, militaire, c’est-à-dire à travers des conflits militaires toujours plus destructeurs. La caractéristique de cette crise de tout le système est l’accentuation permanente de la concurrence entre les Etats-nations aussi bien au niveau économique que militaire. C’est pourquoi nous nous sommes élevés, au cours de la réunion, contre l’hypothèse du représentant de "l’Internationale Communiste" (voir première partie du compte-rendu) selon laquelle, dans la lutte pour l’hégémonie mondiale, la bourgeoisie américaine utiliserait des moyens militaires et la bourgeoisie européenne des moyens économiques. En réalité, cette lutte est menée en utilisant tous les moyens possibles. La guerre commerciale est aussi enragée que la guerre militaire. Il est vrai, bien évidemment, que chaque fraction nationale de la bourgeoisie, à travers la guerre, cherche toujours une sortie à la crise. Mais parce que le monde, depuis le début du XXe siècle, a déjà été partagé, cette "solution" ne peut être envisagée qu’aux dépens des autres, en général les Etats capitalistes voisins. Dans le cas des grandes puissances, cette "solution" ne peut que résider dans la domination sur le monde et en tant que telle, elle exige l’exclusion ou la subordination radicale des autres grandes puissances. Cela veut dire que cette recherche de sortie de la crise prend de plus en plus un caractère utopique et irréaliste. Le CCI parle ici d’une "irrationalité" croissante de la guerre.
Au cours de la décadence capitaliste, il apparaît régulièrement que la puissance prend l’initiative de déclencher la guerre en ressorte finalement comme le vaincu : l’Allemagne dans les deux guerres mondiales par exemple. Cela révèle la nature de plus en plus irrationnelle et incontrôlable de la guerre.
Ce que nous critiquons dans l’analyse que le BIPR fait de la guerre, ce n’est pas du tout l’affirmation selon laquelle la guerre a des causes économiques, mais la confusion entre les déterminations économiques et la rentabilité économique. De plus, nous critiquons le fait d’expliquer chaque mouvement dans la constellation impérialiste par une cause économique immédiate, ce qui, à notre avis, constitue une tendance matérialiste vulgaire. Cela s’est révélé précisément sur la question du pétrole. Il va sans dire que la présence de ressources pétrolières au Moyen-Orient joue un rôle considérable. Cependant, les puissances industrielles –d’abord et avant tout les Etats-Unis– n’avaient pas besoin d’occuper militairement ces champs pétrolifères pour établir leur prédominance économique sur cette matière première ou d’autres. Ce qui est en jeu, c’est avant tout l’hégémonie militaire et stratégique sur des sources d’énergie potentiellement décisives dans les épisodes de guerre.


Crise et décadence du capitalisme

Le BIPR a rejeté de façon véhémente l’affirmation du CCI selon laquelle la guerre moderne serait l’expression de l’impasse du capitalisme. Le représentant de Battaglia Comunista a bien admis que la nature destructrice du capitalisme conduit tôt ou tard à la destruction de l’humanité. Mais tant que cette calamité finale n’a pas eu lieu, le capitalisme peut continuer son expansion de façon illimitée. Selon le camarade de Battaglia, ce ne sont pas les guerres actuelles, imposées par les Etats-Unis, mais les "vraies guerres impérialistes" du futur (par exemple entre l’Amérique et l’Europe) qui seraient les moyens de cette expansion, étant donné qu’une destruction généralisée ouvrirait la route à une nouvelle phase d’accumulation.
Nous avons été d’accord sur le fait que le capitalisme est capable de balayer l’humanité. Toutefois, la destruction de la production excédentaire, considérée d’un point de vue historique, n’a même pas suffi à surmonter les crises cycliques du capitalisme ascendant du XIXe siècle.
C’est pour cela que, selon Marx et Engels, l’ouverture de nouveaux marchés aussi était nécessaire. Alors que, dans le cadre de l’économie naturelle, la surproduction ne pouvait qu’apparaître comme un excès par rapport aux limites physiques maximales de la consommation humaine, dans le régime de production de biens de consommation, et surtout dans le capitalisme, la surproduction est toujours exprimée par rapport à la consommation existante de ceux qui possèdent de l’argent. C’est une catégorie économique plus que physiologique. Cela signifie que la destruction par la guerre ne résout pas par elle-même le problème fondamental du manque de demande solvable.
Avant tout, le point de vue défendu ici par le BIPR, concernant l’expansion possible du capitalisme jusqu’au moment de la destruction physique, n’est pas compatible avec la vision d’une décadence du capitalisme –une vision que le BIPR semble de plus en plus abandonner. En effet, selon le point de vue marxiste, le déclin d’un mode de production s’est toujours accompagné d’un développement croissant des entraves aux forces productives du fait de la production existante et des rapports de propriété. Il semble que, pour Battaglia, la guerre paraît encore jouer le rôle de moteur de l’expansion économique comme au XIXe siècle.
Quand le représentant de Battaglia parlait, pendant la réunion, des "guerres vraiment impérialistes" à venir, il ne faisait que confirmer notre impression que cette organisation considère les guerres de la période actuelle comme une simple continuation de la politique économique des Etats-Unis avec d’autres moyens, et pas comme des conflits impérialistes. Pour notre part, nous avons insisté sur le fait que ces guerres sont aussi des guerres impérialistes et que les grandes puissances impérialistes à travers elles entrent en conflit les unes avec les autres – pas directement, mais par exemple via les guerres à la périphérie. La série de guerres en ex-Yougoslavie, qui à l’origine étaient suscitées par l’Allemagne, confirme aussi que dans ce processus, les Etats- Unis sont loin d’être les seuls agresseurs.

Un débat très utile

Dans sa conclusion à la discussion, le porte-parole du BIPR a défendu le point de vue selon lequel cette discussion aurait révélé que le débat entre le BIPR et le CCI est "inutile". Et cela, parce que pendant des décennies, le BIPR a accusé le CCI "d’idéalisme" et le CCI a accusé le BIPR de "matérialisme vulgaire" sans qu’aucune des deux organisations n’ait modifié son point de vue.
A notre avis, c’est un jugement plutôt négatif sur une discussion dans laquelle, non seulement les deux organisations, mais aussi tout un éventail de groupes et de personnes différentes ont participé de façon très engagée. Il est évident que la nouvelle génération de militants qui s’intéressent à la politique dans l’aire germanophone doit trouver un grand intérêt à venir connaître les positions des organisations internationalistes existantes, à s’informer autant que possible des accords et des désaccords entre elles. Quoi de mieux pour répondre à cette demande qu’un débat public ?
Pour autant que nous sachions, aucun révolutionnaire sérieux jusqu’à présent n’a jamais pensé, par exemple, à mettre en doute l’utilité du débat entre Lénine et Rosa Luxembourg sur la question nationale, uniquement parce que ni l’un ni l’autre n’ont jamais modifié leur position de base sur la question. Au contraire : la position actuelle de la "gauche communiste" sur les soi-disant mouvements de libération nationale est en grande partie fondée sur les résultats de ce débat.
Le CCI, pour sa part, reste entièrement favorable au débat public et continuera à appeler à de tels débats et à y participer. Ce débat représente en effet un moment indispensable du processus de prise de conscience du prolétariat.

Welt Revolution
(section du CCI en Allemagne)

[1] [23] Les Amis d’une société sans classes.

Vie du CCI: 

  • Interventions [20]

Géographique: 

  • Allemagne [24]

Courants politiques: 

  • TCI / BIPR [25]

Questions théoriques: 

  • Impérialisme [26]

A propos de la Ficci - Prise de position de militants en Argentine

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Nous publions ci-dessous des extraits d’une prise de position adoptée par le Nucleo Comunista Internacionalista, un petit groupe de militants d’Argentine qui se sont approchés récemment des positions de la Gauche communiste et dont la presse du CCI a déjà publié plusieurs textes, notamment sur les mouvements sociaux en Amérique latine[1] [27]. Cette prise de position concerne les agissements de la prétendue "Fraction interne du CCI", un groupuscule parasitaire formé d’anciens membres du CCI exclus de notre organisation pour leurs comportements de mouchards (et nullement, comme ils l’affirment, pour des désaccords politiques que nous aurions voulu faire taire)[2] [28].
Quelques remarques à propos de la publication de ces extraits du document du NCI :
Si nous n’en publions que des extraits dans notre journal, ce n’est nullement que les autres parties soient sans intérêt, mais pour ne pas déséquilibrer notre publication au détriment d’autres questions de la situation mondiale sur lesquelles nous devons nous pencher de façon impérieuse. Cela dit, la totalité du document du NCI sera publiée sur le site Internet du CCI.
C’est d’ailleurs à cause du même souci d’équilibre que nous n’avons pas jusqu’à présent publié vers l’extérieur ce document qui a été adopté le 22 mai 2004 : en effet, les comportements de la FICCI étaient épinglés dans l’article de notre journal publié au même moment et rendant compte du 16e congrès de notre section en France ("Le renforcement de l’unité et de la solidarité au sein de l’organisation", RI n°347), de même que dans le numéro suivant de RI ("Intervention de la FICCI à la fête de ‘Lutte ouvrière’, Le parasitisme au service de la bourgeoisie").
Si aujourd’hui nous estimons nécessaire de publier la prise de position du NCI, c’est notamment du fait des derniers épisodes de l’offensive que la FICCI a engagée non seulement contre notre organisation mais contre l’ensemble de la Gauche communiste.
En effet, dans le numéro 27 de son Bulletin publié sur Internet (et envoyé aux abonnés de Révolution Internationale dont le fichier des adresses a été volé au CCI par un membre de la prétendue "fraction"), la FICCI publie un document, intitulé "Compte rendu d’une réunion entre le BIPR et la fraction", dans lequel on peut lire, entre autres, que :
"Cette réunion est une concrétisation supplémentaire et significative des liens que cherche à développer notre fraction avec le BIPR, et plus largement avec les organisations et éléments du camp prolétarien." (…)
"Dans une dernière partie, cette réunion a permis de jeter les bases d’un travail commun dans lequel le débat doit prendre une place de première importance.
"
En réalité, le développement du milieu prolétarien et des débats en son sein est bien le dernier des soucis de la FICCI. Ce qui anime fondamentalement ce groupuscule (et qu’on peut facilement constater mois après mois dans ses bulletins) c’est de nuire le plus possible au CCI (faute d’avoir pu le détruire comme ses éléments ont essayé de le faire au temps où ils étaient encore dans ses rangs). Pour ce faire, ses membres ont besoin de se faire délivrer un certificat de respectabilité par les autres groupes de la Gauche communiste, ce qui s’avère bien nécessaire quand on connaît leurs comportements de voyous et de mouchards. A cette fin, la FICCI ne recule devant aucun moyen afin de s’attirer les bonnes grâces de ces groupes et particulièrement du BIPR :
"Un constat politique s’impose, selon notre fraction : il n’y a plus aujourd’hui qu’un seul pôle de regroupement parmi les groupes se revendiquant de la gauche (…) La seule organisation ayant la capacité de jouer ce rôle de pôle de référence et de regroupement, armée d’une expérience concrète sur laquelle s’appuyer, c’est le BIPR. (…) Même avec des forces peu nombreuses, le BIPR n’en est pas moins la seule organisation qui soit capable de défendre dans la classe, de façon pratique à travers l’intervention dans la lutte, les positions communistes, internationalistes contre la propagande bourgeoise et qui soit en même temps capable de servir de pôle de regroupement. (…)
C’est aussi sur le plan de la capacité d’impulser le débat de pousser à une réelle clarification politique au sein de ce qu’on appelle le camp prolétarien, le milieu internationaliste et vis-à-vis de ceux qui ont le souci de s’inclure dans une dynamique de construction du parti, que cette organisation est active.
"
Pour ne pas lasser le lecteur, nous ne reportons qu’une partie des tonnes de pommade que la FICCI étale sur la peau du BIPR.
Le fait est que ce dernier ne semble pas connaître cette fable de La Fontaine où le Renard flatte le Corbeau pour lui faire lâcher son fromage. C’est pour cela que le BIPR cède à la FICCI son… fromage, le certificat de bonne conduite qu’elle attend, sans être capable de comprendre le jeu véritable de ce groupuscule.
C’est justement le piège dans lequel ne sont pas tombés les camarades du NCI. Comme ils le disent, c’est après avoir examiné avec attention les documents publiés tant par la FICCI que par le CCI (et non pour avoir crû sur parole ce dernier), qu’ils se sont fait l’opinion exprimée ci-dessous.


Extraits de la prise de position du NCI

(…)
Nous ne souhaitons pas réitérer des arguments exprimés dans les paragraphes précédents, mais de la lecture attentive des matériels que nous possédons nous pouvons déclarer sans aucune hésitation que la FICCI, bien que jouissant de toutes les garanties statutaires, a décidé de par sa propre volonté d’abandonner le débat et de passer avec armes et bagages sur le terrain de l’ennemi. La preuve de cela est fournie par sa conduite avant et pendant le congrès [le 15e congrès du CCI], comme de sa conduite actuelle. L’attitude assumée par la FICCI est analogue à la position adoptée par la fraction menchevique pendant le congrès du POSDR et que Lénine a dépeinte de façon admirable dans "Un pas en avant, deux pas en arrière".
De ce fait, l’attitude de notre petit noyau est de solidarité politique avec le CCI, de confiance programmatique avec celui-ci, et de rejet et condamnation par rapport à la FICCI.

Suite à ce qui a été signalé plus haut, le groupe NCI basé en Argentine a décidé de se prononcer unanimement de la façon suivante :

1) Repousser les accusations lancées par la Fraction interne du CCI contre le Courant Communiste International.
2) Rejeter solennellement les rumeurs et les soupçons que la FICCI a semés de façon pernicieuse contre une série de camarades du CCI, tout en nous solidarisant pleinement avec ces derniers.
3) Considérer comme des méthodes dignes du stalinisme les accusations sans fondement portées par la FICCI.
4) Considérer que ces accusations ont été motivées par un esprit de secte ou de clan de la part de la fraction comme résultat de loyautés personnelles, et non envers le programme.
5) Condamner le vol par la fraction de l’argent et de matériaux du CCI.
6) Considérer la FICCI comme une organisation en dehors de la classe ouvrière, dont nous préconisons l’exclusion et l’expulsion du sein du prolétariat, à cause de ses conduites de caractère bourgeois.
7) Considérer la FICCI comme une organisation influencée à cent pour cent par l’idéologie bourgeoise.
8) Rejeter les méthodes utilisées par la FICCI pour éviter le débat politique dans le 15e congrès du CCI, en condamnant également l’attitude liquidatrice et destructrice qu’elle a adoptée.
9) Considérer la conduite assumée par la FICCI comme étrangère à la classe ouvrière et à la Gauche communiste, et comme proche de celle adoptée par Staline dans ses campagnes diffamatoires contre des militants bolcheviques.
10) Considérer à l’unanimité que la FICCI est une organisation de provocateurs au service de l’état bourgeois.
11) Considérer que la FICCI n’est pas l’héritière des principes programmatiques constitutifs du CCI, au contraire elle leur est antagonique.
12) Considérer le CCI comme une organisation qui, malgré les difficultés qu’elle ne dissimule pas, mène à bien la défense des principes fondamentaux du programme et du manifeste du CCI, de même que des autres acquis théoriques qui sont apparus à la lumière de la lutte de classes.
13) Rejeter la fausse accusation formulée par la FICCI selon laquelle le CCI aurait abandonné la lutte de classes et aurait perdu confiance dans la révolution communiste.
14) Autoriser le CCI, s’il l’estime adaptée, la publication du présent texte, à toute fin qu’il considérera pertinente.

NCI (Buenos Aires, 22 mai 2004)


[1] [29] Outre l'article publié dans ce numéro page 3, voir également "Contribucion sobre la naturaleza de clase del movimiento piqueitero" dans Accion Proletaria n°177.
[2] [30] Voir "Les méthodes policières de la FICCI" dans RI n° 330.

Vie du CCI: 

  • Défense de l'organisation [31]

Courants politiques: 

  • FICCI - GIGC/IGCL [32]

Chine - Miracle économique ou mirage capitaliste

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Depuis des années, les pays développés accumulent les déficits budgétaires les plus pharamineux, leur endettement est en constante augmentation et se généralise de façon quasi-incontrôlable. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est le démantèlement de l’Etat-providence et les licenciements massifs dans nombre de régions du monde, tandis que tous les frémissements annonçant une “reprise économique” s’avèrent n’être que feu de paille. Pourtant, dans une telle situation où s’accumulent les nuages les plus sombres pour l’avenir, la bourgeoisie n’a de cesse de nous vanter le “miracle économique chinois”. Economistes patentés à l’appui, le développement économique de la Chine est vanté comme un signe annonciateur d’une nouvelle phase de développement du capitalisme mondial.

Le “triomphe des capitalistes rouges” et le “boom de l’économie chinoise”, seraient donc les porteurs d’une nouvelle phase d’expansion glorieuse du capitalisme.

Une croissance insolente...

La croissance du PIB chinois détient sans conteste des records : 7,8% en 2002, 9,1% en 2003 et des prévisions à deux chiffres pour 2004. Depuis son entrée dans l’OMC en 2001, alors que le commerce mondial était en forte baisse, les échanges entre la Chine et le reste de l’Asie ont connu une forte progression et, en 2003, alors que les échanges mondiaux ne progressent que de 4,5%, l’Asie voit les siens progresser de 10 à 12% avec ceux de la Chine qui explosent littéralement de 40% pour ses importations et 35 % pour ses exportations. Entre 1998 et 2003, les exportations ont augmenté de 122%, la production automobile de 172%, la production "high-tech" de 363%. En 2003, la Chine est devenue la première zone d’accueil des investissements internationaux avec 53,5 milliards de dollars, devant même les Etats-Unis, et la spéculation financière la plus folle règne en maître.
En deux ans, l’Empire du Milieu a acquis le statut de locomotive de l’économie mondiale. Certains économistes projettent qu’il aura rattrapé le Japon dans 15 ans et les Etats-Unis dans 45 ans. Son PIB équivaut d’ores et déjà à celui de la France ou de la Grande-Bretagne.
Japon, Etats-Unis, Europe s’arrachent les produits “made in China” et les nouvelles régions industrielles chinoises qui poussent comme des champignons attirent les investissements comme des aimants. L’Union européenne prévoit ainsi de renforcer son partenariat avec la Chine et d’en faire à terme son premier partenaire commercial. La bourgeoisie d’outre-Atlantique investit de façon massive et grandissante dans le pays, apportant un soutien actif et puissant au développement de l’économie chinoise après l’avoir elle-même fortement impulsé, quitte à se trouver dans une situation de concurrence défavorable vis-à-vis de l’Etat chinois. En 2003, résultat de l’invasion du marché américain par les produits chinois, le déficit commercial américain vis-à-vis de Pékin atteignait 130 milliards de dollars.

... bâtie sur du sable

On a là un tableau idyllique : une croissance insolente qui se joue des crises, de celle de 1997 dans le Sud-Est asiatique et de celle de l’éclatement de la bulle financière de la “nouvelle économie” en 2001, date d’entrée de la Chine dans l’OMC.
Cette entrée à l’OMC ne constitue en fait pas une véritable rupture pour l’économie chinoise, mais une étape dans sa politique de libéralisation commerciale ouverte à la fin des années 1970. Au début, elle a favorisé les industries exportatrices et en a protègé d’autres - automobile, industrie alimentaire, biens de consommation industriels. Ensuite, au cours des dix dernières années, la Chine a mis en place un régime douanier préférentiel visant le développement d’industries d’exportations concentrées sur la façade maritime.
Cependant, malgré l’exhibition des fortunes qui se font aujourd’hui dans le dernier grand bastion du prétendu “communisme”, les forces destructrices du capitalisme en crise sont à l’oeuvre.
Les experts bourgeois eux-mêmes se posent clairement la question : "Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? “. Et ils ont appelé au ralentissement des investissements, constatant presque avec “soulagement” que ceux-ci, en capital fixe, n’ont augmenté que de 18% en rythme annuel au mois de mai (pour 43% au 1er trimestre). L’inflation est galopante, signe de cette “surchauffe” que redoutent tant les économistes. En avril, cette dernière était officiellement de 3,8% mais en réalité de plus de 7%, selon des analystes qui connaissent bien le flou des statistiques chinoises. Dans le domaine des produits alimentaires, elle atteint 10%. Mais c’est le marché des matières premières, avec la rapidité et l’avidité de la demande industrielle, qui a connu une violente flambée et la plus brutale augmentation jamais vue depuis trente ans. L’acier, l’aluminium, le zinc, le coton, et surtout le pétrole, sont à la hausse, alimentant une bulle spéculative déjà incontrôlable et explosive.
L’Etat chinois lui-même s’efforce de limiter la progression de la croissance et a tenté de réagir par des gels de crédit et des ordonnances de blocage des prix à la consommation qui croîtraient actuellement à un rythme supérieur à 1% mensuel. Il s’est ainsi satisfait d’avoir pu limiter la croissance à 15,5% pour le mois de juillet.
Cependant, les dangers qui guettent sont légions. La bulle immobilière continue par exemple à donner des sueurs froides aux autorités chinoises ; le secteur bancaire est en réalité en état de quasi-faillite avec au moins 50% des créances qui seraient douteuses. 60% des investissements ne proviennent pas du cycle de la production lui-même mais tout bonnement de capitaux recyclés à Hong-Kong ou dans des paradis fiscaux, c’est-à-dire de la spéculation financière elle-même ou du blanchiment de l’argent.
Les profits astronomiques qui se réalisent aujourd’hui en Chine ne sont en réalité que le résultat d’une spéculation effrénée qui traverse la Chine et le monde et ne découlent pas de la vente réelle des marchandises et de la valorisation du capital productif. Les marchandises qui inondent le marché mondial vont de plus en plus difficilement trouver des acheteurs, malgré le bas prix où elles sont proposées. Aussi, la perspective réelle est-elle à de nouvelles aggravations de la crise historique du capitalisme. Ce qui se passe en Chine n’a rien à voir avec un développement des forces productives comme il a existé au 19e siècle. Alors qu’à cette période les phases de croissance contenaient la promesse d’un développement toujours plus impétueux des forces productives, aujourd’hui elles représentent la certitude de contradictions aggravées pour le système.

La misère aggravée de la population et de la classe ouvrière en Chine

Ce que connaît la population chinoise en est une expression frappante. 20% des plus pauvres du pays reçoivent moins de 6% des revenus, contre plus de 8% en Inde et 9% en Indonésie, pays réputés pour leur extrême pauvreté.
Dans le fameux Delta des Perles, dans la province du Guangdong entre Shenzen et Canton, région de rizières transformée en dix ans en premier centre manufacturier de la planète, les salaires, pourtant considérés parmi les meilleurs de Chine, atteignent 100 euros par mois, et les ouvriers n’ont que 9 jours de congés par an !
Pour ce qui est du chômage, il est devenu massif en Chine. Officiellement de 4,7%, il atteint jusqu’à 35% dans certaines régions comme le Liaoning. Fin 2003, on comptait 27 millions de prolétaires licenciés par les entreprises d’Etat, qui sont en totale faillite. Des millions d’emplois ont été supprimés dans les campagnes où les révoltes se multiplient et sont matées à la trique. Bilan : ce ne sont pas moins de 150 millions de paysans migrants qui s’entassent dans des bidonvilles aux portes des centres urbains de l’Est de la Chine, en quête d’un travail que la majorité d’entre eux n’aura pas.
Le système éducatif est laissé totalement à l’abandon et les conditions sanitaires sont terribles. Sans assurance maladie, avec des hôpitaux qui font prévaloir le régime des services de soins payants pour espérer rester eux-mêmes en activité, c’est une véritable catastrophe qui s’annonce. Les hépatites B et C touchent plus de 200 millions de Chinois ; un à deux millions d’entre eux sont séropositifs et, d’ici 6 ans, il est prévisible que 15 millions le seront. 550 millions de personnes sont infectées par la tuberculose, avec environ 200 000 décès par an.
Au niveau alimentaire, le chaos de la politique économique délirante de l’Etat chinois fait dangereusement baisser les réserves de céréales et désorganise totalement l’agriculture, tandis que les campagnes se vident. L’utilisation intensive des sols menace 80 millions d’hectares (sur 130 millions cultivables) de désertification. Tout cela ne peut que favoriser de futures pénuries aux conséquences catastrophiques.
L’environnement est saccagé par la combustion effrénée de charbon, comme par la construction de barrages gigantesques pour répondre à une demande d’électricité toujours croissante. Ainsi, la Chine est d’ores et déjà le deuxième producteur de gaz à effet de serre de la planète. La pollution urbaine est un fléau : 16 villes chinoises figurent parmi les 20 plus polluées de la planète.
Aussi, c’est un véritable désastre qui se déroule en Chine. Ce désastre ne saurait signifier un nouveau redémarrage du système vers une longue période de développement des forces productives mais est annonciateur d’un nouvel effondrement économique. Depuis l'entrée du capitalisme dans sa crise ouverte, la bourgeoisie nous a d'abord vanté les modèles du Brésil puis de l'Argentine, mais également des "nouveaux pays industrialisés" d'Asie. Elle nous a fait plus récemment miroiter le miracle de la "nouvelle économie" accouchée par l'internet. L'écroulement du dragon chinois ne tardera pas à montrer que l'envers de ces miracles, c'est la sombre réalité d'un capitalisme en pleine faillite.

ES (15 septembre)

Géographique: 

  • Chine [33]
  • Asie [34]

Récent et en cours: 

  • Crise économique [35]

URL source:https://fr.internationalism.org/content/revolution-internationale-ndeg-350-octobre-2004

Liens
[1] https://fr.internationalism.org/ri350/edito.htm#_ftn1 [2] https://fr.internationalism.org/ri350/edito.htm#_ftnref1 [3] https://fr.internationalism.org/tag/heritage-gauche-communiste/mystification-parlementaire [4] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/prises-position-du-cci [5] https://fr.internationalism.org/tag/5/60/russie-caucase-asie-centrale [6] https://fr.internationalism.org/tag/questions-theoriques/terrorisme [7] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftn1 [8] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftn2 [9] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftn3 [10] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftn4 [11] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftnref1 [12] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftnref2 [13] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftnref3 [14] https://fr.internationalism.org/ri350/greves_buenos-aires.htm#_ftnref4 [15] https://fr.internationalism.org/tag/5/52/amerique-centrale-et-du-sud [16] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/luttes-classe [17] https://fr.internationalism.org/tag/5/59/irak [18] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/guerre-irak [19] https://fr.internationalism.org/tag/5/159/tsunami [20] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/interventions [21] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/lanarchisme-internationaliste [22] https://fr.internationalism.org/ri350/debat_revolutionnaires.htm#_ftn1 [23] https://fr.internationalism.org/ri350/debat_revolutionnaires.htm#_ftnref1 [24] https://fr.internationalism.org/tag/5/38/allemagne [25] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/tci-bipr [26] https://fr.internationalism.org/tag/questions-theoriques/imperialisme [27] https://fr.internationalism.org/ri350/ficci.htm#_ftn1 [28] https://fr.internationalism.org/ri350/ficci.htm#_ftn2 [29] https://fr.internationalism.org/ri350/ficci.htm#_ftnref1 [30] https://fr.internationalism.org/ri350/ficci.htm#_ftnref2 [31] https://fr.internationalism.org/tag/vie-du-cci/defense-lorganisation [32] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/ficci-gigcigcl [33] https://fr.internationalism.org/tag/5/62/chine [34] https://fr.internationalism.org/tag/5/119/asie [35] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/crise-economique