La période que nous vivons aujourd'hui voit, ici et là, au sein de la classe ouvrière, l'émergence de comités de lutte. Ce phénomène a commencé à se développer, en France au début de 1988 ‑au lendemain de la grande lutte à la SNCF. Depuis lors, plusieurs comités regroupant des ouvriers combatifs se sont formés dans différents secteurs (PTT, EDF, Enseignement, Santé, Sécurité Sociale, etc..) voire même, et de plus en plus, sur une base inter-sectorielle.
Signe du développement général de la lutte de classe et de la maturation de la prise de conscience qu'il engendre, ces comités correspondent à un besoin ‑ressenti de plus en plus largement parmi les ouvriers‑ de se regrouper pour réfléchir (tirer les leçons des luttes ouvrières passées) et agir (participer à toute lutte qui surgit) ensemble, sur leur propre terrain de classe, et cela hors du cadre imposé par la bourgeoisie (partis de gauche, groupes gauchistes et surtout syndicats).
C'est un tel comité (le "Comité pour l'extension des luttes" qui regroupe des ouvriers de différents secteurs de la fonction publique et dans lequel le CCI intervient régulièrement) qui est intervenu à plusieurs reprises dans le mouvement de luttes de l'automne 1988.
Nous publions ci-dessous un tract qu'il a diffusé au lendemain de la manifestation du 29/9/88 à Paris.
Nous soutenons ce tract, d'abord parce qu'il est exemplaire de ce qu'est et doit être l'activité d'un comité de lutte, ensuite parce qu'il s'inscrit pleinement et clairement dans le combat de la classe ouvrière, pas seulement d'un point de vue général, mais surtout à un moment précis de ce combat.
En effet, au moment où ce tract a été diffusé, la classe ouvrière, à travers la lutte des travailleurs de la santé, se trouve devant une alternative, une responsabilité :
En fonction de cette situation, le tract pose et dénonce clairement le rôle des coordinations et appelle à l'extension la plus large de la lutte, dans les hôpitaux mais surtout au delà.
Si le tract exprime par ailleurs quelques illusions par rapport à la revendication démagogique des "2000 F pour tous" mise en avant par la "coordination infirmière", il n'en demeure pas moins que l'orientation qu'il propose était, à ce moment là, la seule valable pour permettre à la lutte de se développer et de vaincre."COORDINATION" AUTO-PROCLAMÉE = DANGER
NE NOUS LAISSONS PAS DIVISER !
TOUS UNIS DANS LA LUTTE !
Il ne faut pas que notre force soit dispersée et brisée après cette première journée de lutte. Il ne faut pas se faire avoir par les magouilles que nous avons vues dans l'A.G. de la Bourse du Travail :
Derrière cette "coordination", il y a LES MÊMES ORGANISATIONS POLITIQUES, la "Ligue Communiste Révolutionnaire" (L.C.R.) et "Lutte Ouvrière" (L.O.) qui ont constitué et dirigé les coordinations de la SNCF en décembre 86, des instituteurs en février 87, de la SNECMA au printemps dernier. Ce sont ces mêmes organisations, ces mêmes "coordinations" qui ont conduit toutes ces luttes à la défaite en organisant leur enfermement dans le secteur ou la catégorie professionnelle, en prenant le relais des syndicats quand ils étaient débordés !
Grâce à ces coordinations, qu'ont obtenu les cheminots, les instituteurs, les ouvriers de la SNECMA ? RIEN !
NOUS N'OBTIENDRONS RIEN si nous laissons la coordination diriger contre mouvement, si nous ne prenons pas mêmes nous en charge notre lutte, si nous ne brisons bas l'isolement l'enfermement catégoriel.
Pour gagner, pour être assez forts face au gouvernement :
Le 29 septembre 88
UN CROUPE D'INFIRMIER(E)S
POUR NOUS CONTACTER : écrire à la librairie "La Boulangerie", 67 rue de Bagneux 92000 Montrouge, avec la mention "Pour le comité de lutte".