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Révolution Internationale - 1988 - n° 163 à 174

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Révolution Internationale n° 164 - janvier 1988

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Révolution Internationale n° 165 - février 1988

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Révolution Internationale n° 166 - mars 1988

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Révolution Internationale n° 167 - avril 1988

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Révolution Internationale n° 168 - Mai 1988

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Le parlementarisme révolutionnaire : hier une erreur de la classe ouvrière, aujourd'hui une arme de la bourgeoisie

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Nous publions ici des extraits de la lettre d’un lecteur. Bien que ce courrier soulève d’autres problèmes, nous ne répondrons qu’à son aspect principal : la question électorale qui est en ce moment au centre des entreprises de dévoiement de la bourgeoisie.
 

Chers camarades,

J’ai déjà bien entamé le livre de Gorter. Il est très intéressant. (...) Mais déjà quelques remarques critiques :

• Gorter analyse les derniers feux de la vague révolutionnaire de 1917-18-19, la seconde « révolution » allemande de 21, comme une période pré-révolutionnaire. De la découle la tactique qu’il préconise. C’est pour cela que Lenine a raison généralement dans « La maladie infantile.. ». La tactique que Lénine défend dans ce livre convient a une période de reflux : s’implanter, gagner à soi les ouvriers, se préparer en bref à la prochaine vague révolutionnaire issue de la prochaine crise (celle de 29 en l’occurrence). C’est Gorter d’ailleurs qui le dit lui-même: « ...dans les pays où la révolution n’est pas imminente et où les ouvriers n’ont pas encore la force de la faire, le parlementarisme demeure un recours possible. » (p. 84). Il faut donc gagner des positions de force : dans les syndicats, au parlement, etc. Ceci pour la propagande par la parole et par l’action (réformes « démocratiques », luttes pour des hausses salariales ou pour des baisses des heures de travail plus faciles à mener en période de reconstruction...). Voilà ma critique principale a la « Réponse à Lenine ». Mais d’elle découlerait que la tactique du KAPD serait bonne en période vraiment pré-révolutionnaire. J’aurai donc encore des critiques a formuler :

• Pas de participation au parlement : oui, mais il faut savoir utiliser des particularités constitutionnelles, par exemple les présidentielles en France qui n’impliquent une participation aux organes du pouvoir que si on les gagne, mais qui par contre permettent une agitation plus large et profonde que la lutte seule en usine, ceci surtout pour une organisation faible et mal implantée, comme toutes celles existant aujourd’hui en France. La participation à ces élections ne doit pas être automatique, mais elle est nécessaire dans la phase actuelle pré-révolutionnaire, en ce moment précis de la phase ou c’est l’agitation et la propagande qui doivent prendre le pas pour construire le parti révolutionnaire sur les luttes qui ne manqueront pas de se développer (agitation et propagande par la parole et par l’action s’entend). (...)

NOTRE REPONSE

Les questions de fond posées par cette lettre sont : les élections peuvent-elles être utilisées par la classe ouvrière dans sa lutte contre le capitalisme ? Les révolutionnaires ont-ils un rôle à jouer sur le terrain électoral ?

A ces deux questions, la réponse que nous donnons est catégorique : NON !

Aujourd’hui la classe ouvrière ne peut pas se défendre à travers le terrain électoral ou parlementaire.

Pour les ouvriers, le vote n’a jamais, depuis plus de soixante ans, pu amener aucune amélioration de leurs conditions d’exploitation :

  • c’est depuis plus de soixante ans que la classe ouvrière n’est jamais parvenue -et cela à l’échelle mondiale- à imposer au parlement ni à aucun autre organe de pouvoir de la bourgeoisie, la moindre réforme réelle et durable dans quelque domaine que ce soit, économique comme politique. Les pseudo-victoires de 36 (sécurité sociale, congés payés, les 40 heures...) sont de purs mensonges (voir RI n° 143, avril 1986 : « Les « acquis » avec la gauche : de 36 a aujourd’hui, les mêmes mensonges »), mais en plus ces mesures ont été payées au prix fort avec l’entraînement du prolétariat dans les massacres de la 2ème guerre mondiale. Les pseudo-concessions de 68 ont été annihilées en moins d’un an par le taux d’inflation ;
  • quand le vote massif des ouvriers a porté les partis de gauche au gouvernement, cela a toujours représenté de nouveaux sacrifices pour les ouvriers. Ainsi en France l’expérience de la « gauche unie » au pouvoir s’est avérée une poursuite sans faille de la même politique anti-ouvrière que celle de la droite tant à travers des attaques anti-ouvrières tous azimuts (amputation générale du niveau de vie, blocage des salaires, redoublement du chômage et des licenciements, réduction massive des allocations-chômage, réduction de toutes les prestations sociales) qu’à travers la répression de toutes les luttes ouvrières, de Talbot à la sidérurgie en passant par Citroën. Ainsi auparavant, c’est encore avec la gauche, avec le gouvernement de « front populaire » que la bourgeoisie est parvenue, au nom de l’antifascisme, à entraîner le prolétariat jusqu’au sacrifice suprême : celui de la vie, dans la guerre impérialiste.

Quel que soit le vainqueur des consultations électorales actuelles, les conditions d’existence de la classe ouvrière ne peuvent, a travers l’accélération de la crise capitaliste qu’empirer.

De plus, les élections n’ont aujourd’hui comme fonction pour les ouvriers que de les détourner du terrain de leurs luttes (voir article p.1, « Entrons en lutte massivement »).

Cela n’est pas le fait du hasard s’il n’est plus possible pour le prolétariat de rester sur un terrain qui, de toutes façons, a toujours appartenu à la bourgeoisie. La classe ouvrière ne pouvait utiliser ce terrain que dans la mesure où tout au long du siècle dernier, la lutte ouvrière contre l’exploitation et l’oppression de la bourgeoisie passait nécessairement par une lutte pour arracher des réformes sur le terrain politique comme économique, par d’après batailles pour conquérir des améliorations possibles, réelles et durables des conditions de travail et d’existence des ouvriers sur le terrain même de la légalité bourgeoise. Il n’en est plus de même dès la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle où le capitalisme ne peut étendre sa domination sur l’ensemble de la planète, ne peut plus parvenir à surmonter les contradictions économiques qui l’assaillent et où il entre en crise permanente. Il ne peut plus se survivre qu’au travers d’un cycle infernal de crise-guerre-reconstruction-crise plus aiguë... entraînant avec lui l’ensemble de l’humanité dans une barbarie et une misère toujours plus grandes et cette survie, comme celle de la bourgeoisie, implique des niveaux d’exploitation, d’oppression, de soumission du prolétariat qualitativement nouveau par rapport au siècle précédent. Désormais, il est hors de question pour la bourgeoisie de pouvoir accorder dans quelque domaine que ce soit la moindre réforme réelle et durable.

Le capitalisme cesse d’être un mode de production progressiste. Sa décadence n’engendre plus que le pourrissement de tous les rapports sociaux de production qui avaient servi de base à son développement et il place la classe ouvrière devant à la fois la nécessité et la possibilité d’oeuvrer DIRECTEMENT à son renversement. Toute la pratique de la lutte ouvrière du siècle dernier doit être réexaminée sur cette base qualitativement nouvelle : la seule tâche du prolétariat est de se constituer en tant qu’unique force sociale internationale capable de détruire le capitalisme. Certaines méthodes de lutte doivent être totalement remises en cause, rejetées, combattues car elles s’avèrent non seulement parfaitement caduques pour la lutte ouvrière, mais elles sont devenues des entraves, des armes dans les mains de l’ennemi, de la bourgeoisie, contre le développement des luttes ouvrières : il en est ainsi de la question nationale, du syndicalisme et du parlementarisme. C’est dans ces conditions que la classe ouvrière n’a plus rien à faire sur le terrain électoral.

Quant à la question de la pratique des révolutionnaires, le problème se pose dans exactement les mêmes termes que pour l’ensemble de leur classe : ils ne peuvent plus, à aucun niveau, utiliser le terrain des élections. Il est vrai que cette question d’user d’un « parlementarisme révolutionnaire » en certaines circonstances se posait encore pour les révolutionnaires dans les années 20, notamment dans le débat entre Gorter et Lénine. Il faut reconnaître que là-dessus, tous deux se sont trompés : il était faux de croire que le parlementarisme révolutionnaire était encore possible. Mais cette erreur était compréhensible dans la mesure ou des générations entières de révolutionnaires avaient consacré leurs énergies à lutter sur ce terrain et que, quelques années auparavant à peine, un Liebknecht pouvait encore défendre avec intransigeance les positions des révolutionnaires face au Reichstag.

Mais ce qui était encore une erreur en 1920 relève aujourd’hui, pour les groupes qui défendent d’une façon ou d’une autre l’idée d’un parlementarisme révolutionnaire, d’une participation directe à une entreprise de mystification de la classe ouvrière pour la fourvoyer sur le terrain de la bourgeoisie. C’est le cas de tous ceux qui, comme les organisations trotskistes de façon générale –et LO en particulier– alimentent et cherchent à faire accréditer la duperie que les révolutionnaires pourraient, eux, encore, utiliser les élections bourgeoises et la période électorale pour s’y exprimer, pour faire du temps d’antenne « offert par la bourgeoisie » aux candidats, une tribune pour l’agitation et la propagande révolutionnaires.

Leur objectif n’est nullement d’apporter la parole des révolutionnaires ni de délivrer un message révolutionnaire mais purement et simplement de rabattre, de ramener sur le terrain électoral les ouvriers qui sont tentés de s’en éloigner. Ce sont des groupes bourgeois qui ont une fonction indispensable au sein de l’appareil politique bourgeois du capitalisme décadent et qui remplissent leur mission bourgeoise à travers une phraséologie à coloration révolutionnaire à l’usage des ouvriers les plus combatifs. Il s’agit ainsi de détourner les ouvriers de la conscience que précisément la lutte ouvrière est bien le seul terrain d’action possible pour le prolétariat aujourd’hui.

  • C’est pourquoi nous alertons tous ceux qui peuvent être troublés ou influencés par les discours et les argumentations des organisations trotskistes des dangers qu’ils encourent en y prêtant une oreille complaisante.
YD.

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La mystification parlementaire [5]

Révolution Internationale n° 169 - juin 1988

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Révolution Internationale n° 170 - juillet 1988

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"CERCLE DE DISCUSSION” DE TOURS UNE EXPRESSION DU DEVELOPPEMENT DE LA CONSCIENCE DANS LA CLASSE OUVRIERE

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Alors qu'avec l'accélération de la crise, le prolétariat mondial tend à développer, renforcer son combat et à affirmer de plus en plus son autonomie de classe, on voit apparaître aujourd'hui des tentatives de regroupement d'éléments prolétariens cherchant a discuter, confronter, clarifier leurs positions en lien avec les besoins de la lutte de classe. Une des expressions de cette tendance générale dans la classe ouvrière s'est constituée à Tours, voici un an, à travers le surgissement d'un "cercle de discussion".
L'apparition de cercles de discussion, tels celui de Tours, s'inscrit totalement dans la dynamique de luttes de classe internationales de la période actuelle, dans la maturation profonde de la conscience qui s'opère dans la classe ouvrière. Ces cercles, encore peu nombreux aujourd'hui, sont une expression parmi d'autres dont se dote la classe ouvrière pour développer, affermir son combat. Dans le cadre de cet article, il s'agira de présenter ce qu’est le cercle de Tours, sa genèse, son évolution et plus largement, la signification profonde du surgissement  de tels organes prolétariens. Face à un groupe révolutionnaire comme le FOR qui, dans un supplément à sa dernière publication (cf. Alarme n°39) tire à boulets rouges de façon totalement irresponsable sur le cercle de Tours, e auquel nous répondrons dans un prochain numéro, il est nécessaire pour les révolutionnaires en particulier de comprendre à quels besoins répond l'existence d'un cercle comme celui de Tours.

La nécessité de créer un cercle de discussion s'est imposée à des éléments en recherche de positions révolutionnaires, dont certains d'ailleurs venaient de rompre avec le gauchisme et qui, confrontés à l'accélération de l'histoire, aux enjeux décisifs qui se dessinent dans la situation présente, stimulés aussi par la présence à Tours de groupes révolutionnaires comme le FOR et le CCI, ont été poussés à se poser la question de cannent aller plus loin dans leur réflexion politique. Pour eux, s'est fait ressentir le besoin de développer la discussion, leur activité de façon collective. En ce sens la formation de ce cercle participe du mouvement général de regroupement de minorités plus conscientes, plus combatives au sein de la classe ouvrière, ayant la volonté d'approfondir des questions politiques.

Le besoin de regroupement d’éléments hétérogènes, se donnant pour objectif à travers une réflexion commune de développer, approfondir, clarifier les questions posées par la lutte de classe est le produit de la nouvelle vague de luttes dans laquelle s'est engagé le prolétariat mondial depuis l’automne 83. Elle est une expression vivante de 1’accélération des combats ouvriers et de la décantation au sein du prolétariat vers une réappropriation des positions de classe.

 Le cercle de Tours qui s'est constitué en juin 87, a permis a des individus mesurant cruellement le handicap que représentaient leur jeunesse et leur inexpérience politique, de prendre conscience de ces deux phénomènes et de se donner les moyens pour y faire face. Le cercle a été et est toujours un outil décisif pour ces camarades de se réapproprier les acquis essentiels de 1'histoire du mouvement ouvrier, de mieux percevoir que les questions qu’ils se posaient vis-à-vis du combat actuel du prolétariat n'étaient pas des questions individuelles, sans attache avec le passé du mouvement ouvrier, mais qu'elles étaient a relier à toute l'expérience historique de ce mouvement, a tous les enseignements que la classe ouvrière et les révolutionnaires en son sein ont tirés des luttes du passé Au travers

de toutes les discussions qui ont animé la vie du cercle sur la nature du prolétariat, les leçons de la révolution russe, le rôle des révolutionnaires, les luttes de classe dans la décadence, etc., ces camarades eut pu asseoir, mieux appréhender, les positions de classe et leurs implications pratiques pour l’intervention dans les luttes actuelles de la classe ouvrière. En dépit du mépris dont le cercle a été l'objet de la part de certains groupes révolutionnaires corme le FOR ou le GCI, en dépit de toutes les difficultés, les vicissitudes pour animer, alimenter sa réflexion politique, le cercle de Tours reste un lieu de regroupement profondément vivant d'approfondissement, de clarification politique : une illustration patente de cela s'est concrétisée dans le fait qu'il a pu cristalliser, agréger à son effort militant, un certain nombre de nouveaux éléments moins proches des positions révolutionnaires mais qui se sont intégrés avec passion dans sa dynamique.

QU'EST CE QU'UN CERCLE DE DISCUSSION ?

Son existence depuis une année maintenant a pu se maintenir et se développer en raison du fait que, parallèlement a ses discussions des positions politiques du mouvement ouvrier, il s'est clarifie en se confrontant au milieu révolutionnaire sur un certain nombre de points quant à sa nature, sa fonction dans le processus de regroupement des énergies prolétariennes. Cette clarification est très importante, car elle a une valeur, une dimension politique générale qui dépasse la simple existence du cercle de Tours. En effet, avant d'en arriver à définir ce qu'est un cercle de discussion, son rôle, son but, il lui a fallu déblayer un ensemble de flous sur ce qu'il ne pouvait pas être, sur la façon dont il devait se concevoir et à quelles nécessités il répondait dans la classe ouvrière.

Les principales caractéristiques qu'on peut mettre en avant d'ores et déjà, sont les suivantes :

  • un cercle de discussion, s'il est incontestablement le produit de la lutte de classe à un niveau général, n'est cependant pas le produit direct des luttes immédiates de la classe. Cette cornpréhension est pour nous essentielle car les conditions de surgissement des différents organes dont se dote la classe ouvrière dans son ratât, déterminent pour une grande part le sens de leur activité. Ainsi un cercle de discussion doit être distingué d'un comité de lutte qui, lui, est une expression directe des luttes immédiates, un organe qui surgit dans et pour la lutte. Le cerclé n'est pas un organe de lutte immédiate ;
  • sa fonction n'est donc pas d'intervenir dans les luttes de la classe ouvrière à la différence là encore d’un comité de lutte dont l’intervention constitue le moteur essentiel en vue de peser, d'avoir une influence sur la lutte. Bien évidemment, un membre d'un cercle de discussion peut à la fois participer à l'un ou l'autre de ces organes mais le rôle qu'il joue dans l'un et l'autre, le but qu'il s'assigne ne peut être le même.
  • le rôle d'un cercle de discussion se base essentiellement sur la clarification, la réappropriation la plus large des positions politiques du mouvement ouvrier, des organisations révolutionnaires, du passé carme du présent. En cela il ne s'agit pas d'une attitude académique, d'historiens juges de l'histoire, mais il s'agit d'un approfondissent politique trouvant sa source dans le besoin de fonder l'activité pratique, militante, des mérites du cercle ;
  • de là, il en découle qu'un cercle de discussion doit être un lieu ouvert regroupant des éléments "Si recherche, désireux de confronter, discuter toute question politique intéressant la classe ouvrière ;
  • en ce sens, un cercle est par nature hétérogène, au sein duquel des désaccords entre ses membres ne sauraient et ne doivent en aucune façon être un obstacle à sa vie et son développement ;
  • en conséquence, de par le  fait qu'il soit un lieu ouvert, donc soumis à l'hétérogénéité politique des membres qui s'y agrègent, un cercle n'est pas un groupe politique avec une plate-forme, des principes, un programme politique. Dans des pays centraux où existent déjà des organisations révolutionnaires, un cercle qui adopterait une plate-forme qui mettrait des préalables à la participation d'éléments à son activité, étant le produit prématuré d'une clarification politique inachevée, d'une part figerait ce processus de clarification en cours et d'autre part serait un facteur de confusion supplémentaire dans le milieu révolutionnaire existant. La seule perspective des membres d'un cercle dans des pays où existent des groupes révolutionnaires est leur potentielle intégration individuelle à l'un ou l'autre de ces derniers. Aujourd'hui se donner carme objectif de créer un nouveau groupe irai t à l'encontre des besoins du prolétariat vers son unité, pour des pôles de référence révolutionnaire se rattachant organiquement et/ou politiquement aux courants et organisations du passe. Par contre, dans les pays périphériques du capital où aucune force révolutionnaire organisée n'est présente, la question de la transformation d'un cercle de discussion en groupe politique peut s'avérer vitale pour faire face aux nécessités cruciales de 1'intervention des révolutionnaires dans leur classe. Mais carme nous avons tenté de le montrer dans les pays ou une implantation révolutionnaire organisée existe, la tâche fondamentale d'un cercle est de se déterminer par rapport aux positions générales du mouvement ouvrier via notamment la confrontation des conceptions, des positions politiques différentes existant au sein du milieu révolutionnaire. Ces divergences de fond entre les organisations révolutionnaires étant d'ailleurs le plus souvent le produit de décennies d'histoire et de lutte dans le mouvement ouvrier ;
  • enfin, dernier aspect principal a souligné, c'est qu'un cercle de discussion est un organe transitoire par définition, même s'il peut voir plusieurs années d'existence, puisque, correspondant, a un certain marnent, aux besoins ressentis par des éléments en recherche pour collectivement, à des degrés divers, se rapprocher, approfondir, aller vers une plus grande cohérence politique qui ne peut réellement trouver son aboutissement, pour certains de ses membres, que dans une organisation révolutionnaire déjà constituée.

La raison d'être fondamentale d'un cercle de discussion est donc d'être un creuset de réflexion politique dont la fonction essentielle est et reste la discussion politique la plus large, la plus ouverte possible, dans un souci de confronter, approfondir, clarifier activement les leçons, incontournables pour la pratique révolutionnaire aujourd'hui, de l'expérience historique de la classe ouvrière.

LES CONDITIONS DU SURGISSEMENT DE CERCLES DE DISCUSSION

Bien que pour le moment le cercle de Tours soit un phénomène assez isole, l’éclosion de cercles de ce type ne peut qu'être appelée à se multiplier dans un avenir proche. Trois facteurs essentiels concourent au développement de tels organes :

  1. la période historique actuelle d'accélération des enjeux qui se précisent pour la classe ouvrière, marques par une crise sans issue du capitalisme qui s'aggrave de jour en jour de façon catastrophique, une pression toujours plus grande des tensions et préparatifs guerriers de la bourgeoisie, mettant d'autant plus crûment en évidence la seule alternative possible dans une telle situation : la révolution communiste mondiale ou l’anéantissement certain de toute l'humanité dans une troisième guerre mondiale. Cette alternative historique devient et va devenir un élément de plus en plus pris en compte par le prolétariat en général via le renforcement de la maturation profonde et de l'élargissement de la conscience de classe, via son combat vers l’unification de ses luttes ;
  2. la classe ouvrière pour développer et homogénéiser  sa conscience de classe se dote de différents moyens dont les cercles de discussion sont une expression ;
  3. l'écho plus grand des positions des révolutionnaires dans la classe ouvrière en fonction même de cette accélération de l'histoire, positions pour lesquelles les révolutionnaires se sont battus depuis des décennies.

Concernant des millions de prolétaires, le développement, l'élargissement de la conscience de classe ne peut que multiplier l'apparition de phénomènes comme les cercles de discussion à côté d'autres outils de regroupement du prolétariat. Le surgissement de cercles ayant une activité collective ne s'oppose pas à la fonction particulière des organisations révolutionnaires, mais en est un complément nécessaire, vital, qui participe au regroupement d'énergies révolutionnaires en gestation au sein du prolétariat. C'est pourquoi les révolutionnaires conscients de leur responsabilité se doivent de favoriser, d'encourager, d'intervenir dans ces lieux de réflexion qui tentent avec beaucoup de sérieux, beaucoup d'efforts et de difficultés, de participer au coté de la classe ouvrière.

DU

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en France [8]

Révolution Internationale n° 171 - septembre 1988

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LA “PARTICIPATION” DU F.O.R. AU CERCLE DE DISCUSSION DE TOURS : UNE ENTRAVE AU REGROUPEMENT DES REVOLUTIONNAIRES

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Dans notre précédent numéro, nous avons montré, à travers l'exemple du cercle de discussion de Tours, à quels besoins répondaient dans la période présente le surgissement de cercles, de discussions. Au premier rang de ces besoins, il y a la nécessite vitale de la clarification politique à travers la réappropriation de 1'expérience du mouvement ouvrier. Cette réappropriation est dure, longue, difficile, mais c'est la seule voie ^réellement féconde. Combien de jeunes éléments sincèrement révoltés ne se sont-ils pas, depuis 20 ans, perdus dans la nature ou ont rejoint les rangs des défenseurs patentés de la classe dominante que sont la gauche et les gauchistes, pour n'avoir pu mener à bien ce travail de réappropriation ! Dans ce combat difficile, le rôle des organisations révolutionnaires est vital, car elles seules peuvent réellement aider de nouveaux éléments souvent jeunes à surmonter le terrible handicap de 1'inexpérience et de l’immaturité politique.

Mais pour qu'elles soient en mesure d'apporter cette aide, encore faut-il qu'elles comprennent la signification du surgissement de nouveaux éléments dans des cercles ou autres structures, c'est-à-dire qu'elles aient une analyse claire sur la période historique actuelle et tout son potentiel de maturation et de développement de la conscience de classe.

A cette condition, et seulement à cette condition, elles seront capables de discerner dans ce qui bien souvent apparaît de prime abord comme de simples balbutiements, les promesses de l'avenir, afin de les féconder dans le sens du regroupement des nouvelles énergies révolutionnaires. C'est cette attitude du CCI qui lui a permis de participer et de contribuer, d'un bout a l'autre, aux efforts du cercle de Tours pour clarifier les questions en débat dans le mouvement ouvrier dans le faut de permettre a ces éléments en recherche une réappropriation réelle des positions révolutionnaires.

ABSENCE ET IRRESPONSABILITE DU FOR DANS LE CERCLE DE DISCUSSION DE TOURS

Telle n’est malheureusement pas 1'attitude de l’autre groupe révolutionnaire présent à Tours, le FOR ("Ferment Ouvrier Révolutionnaire" qui publie la revue "Alarme" ([1]), tout au contraire. Sa pratique vis-à-vis du cercle est l'illustration caricaturale, à la fois de son incompréhension totale de la période, qui fait qu'il ne peut que très difficilement être a l'écoute de la maturation souterraine de la conscience et de ses brusques surgissements en pleine lumière, et de sa non moins totale incompréhension du processus de regroupement des révolutionnaires et du processus de clarification et de discussion politiques qui y conduit. En témoigne son refus de participer aux permanences et réunions publiques des autres groupes, de même que son quasi refus de discuter avec d'autres groupes, tel le CCI, lors de ses propres permanences.

Vis-à-vis du cercle de Tours, l'attitude du FOR peut se résumer en deux mots : absence et irresponsabilité. Alors qu’il est présent à Tours, sur plus d'une dizaine de réunions qu'a tenues Le cercle, le FOR n'a daigné participer qu’à deux de ses réunions. La première fois, au tout début de la formation du cercle, pour dire qu'il soutenait la formation du cercle, mais que pour lui, il ne s'agissait pas tant de discuter que de savoir si, concrètement, les éléments présents étaient pour l'abolition du salariat et si oui, de passer à l'action ! Devant l'étonnement et les questions légitimes posées par une telle attitude, il n'a pu que répéter comme une litanie : au commencement était l'action et le cœur de cette action, c'est l'abolition du salariat. Le radicalisme de la phrase flirtant ouvertement avec l'idéologie anarchiste, voilà l'aide apportée au cercle par le FOR ! Lors de leur deuxième apparition, le FOR va encore renforcer cette attitude en y ajoutant le sabotage de la réunion via des interruptions incessantes du débat en cours et des insultes aux participants, et tout cela pour développer la même litanie, appliquée cette fois à la révolution russe, la plus grande expérience historique du prolétariat, se résumant selon le FOR au fait "que le prolétariat après Octobre 17 n'avait pas aboli le salariat, ce qui avait provoqué la contre-révolution" ! Depuis ce "coup d'éclat", rien jusqu'à 1'article : "Tours, un cercle, deux idées et beaucoup de prétentions" dans Alarme n° 39. Article qui ne prend même pas la peine de se prononcer sur la signification des cercles de discussion, pas plus d'ailleurs que le FOR ne s'était prononcé, lors de ses précédentes et pitoyables interventions. Par contre, l'arrogance, le mépris, les falsifications sont, elles, légions, corme en atteste le tout défaut de 1'article. "C'est mou, c'est gnian-gnian, ça fait des éructations qui se veulent des idées, et ça a la prétention de refaire l'histoire et pas n'importe quelle histoire, celle de la révolution russe". Pour finir, s'appuyant sur le passé trotskyste de certains membres du cercle, par : "les appareils trotskystes viennent de perdre du gibier, qu'ils se rassurent, celui-ci ne menace pas leurs projets capitalistes d'État". Et toute cette hargne, cette morgue, parce que le cercle a osé braver le dogme du FCR sur la soi-disant absence de la crise de surproduction, et parce qu'il tend à affirmer qu'avant d'être réellement en mesure de supprimer le salariat, le prolétariat devra d'abord étendre son pouvoir politique au niveau international !

L'INCAPACITE DU FOR A FAVORISER L'EMERGENCE DE NOUVELLES ENERGIES REVOLUTIONNAIRES

L'objet de cet article n'est pas de répondre aux aberrations du FOR sur ces questions, mais de dénoncer fermement l'irresponsabilité totale d'une telle attitude et le danger qu'elle fait peser sur l'ensemble du milieu, et tout particulièrement sur de nouveaux éléments ou groupes en recherche. Mais tout d'abord, il nous faut relever le culot du FOR qui illustre de façon bouffonne, l’adage populaire de la "paille et de la poutre", lorsqu' il reproche au cercle une rupture insuffisante d’avec le trotskysme[2] alors qu'au même moment il dédie un tract spécialement aux militants de LO intitulé : "LUTIE OUVRIERE EMBOURBEE ! SA COLLUSION TRANSPARENTE..." les engageant à rompre avec LO, dans la pire tradition trotskyste de la "lettre ouverte" aux militants du PCF ! Que le FOR préfère voir la pépinière de nouvelles énergies révolutionnaires dans les militants de LO plutôt que dans les cercles de discussion, explique peut-être son mépris pour ces derniers !

Plus fondamentalement, cette attitude s'oppose à tout effort de regroupement sérieux et à la décantation de nouvelles énergies révolutionnaires en renforçant l'atomisation. Tendant de fait à nier toute nécessité de clarification politique, elle ne peut qu'ouvrir toute grande les pertes à 1 ' opportunisme et gravement entraver  la cristallisation et l'émergence de nouvelles énergies révolutionnaires, qui doivent se confronter à cette difficile mais incontournable question de la clarification politique. Elle tourne complètement le dos aux responsabilités des révolutionnaires dans ce dur et difficile mais fécond combat pour le regroupement dans la clarté. Plus encore, elle discrédite ceux-ci en les faisant passer peur une bande d'excités,, tout juste bon à réciter quelques versets d'un catéchiste à la Bakounine.

Au-delà du simple FOR, nous ne devons pas sous-estimer le danger d’une telle attitude, dans le cadre d'un milieu révolutionnaire fortement marqué par le sectarisme, et dans le cadre de toute une génération de révolutionnaires subissant, et le poids de la rupture organique d’avec les organisations du passé [3], et le poids particulièrement pernicieux de l'idéologie de la petite-bourgeoisie sans cesse alimentée par les miasmes de la décomposition du système. Ce danger est d'autant plus grand que nous savons combien il est difficile de se réapproprier réellement les positions révolutionnaires, combien il est difficile pour de jeunes éléments de renouer avec le passé de leur classe, et combien dès lors, tout effort sérieux en ce sens est précieux pour le prolétariat. L'expérience du cercle de discussion de Tours n'est pas unique, elle est appelée à se reproduire, se multiplier. Adopter de près ou de loin la démarche du FOR, c'est se mettre en position d'entraver un tel processus, voire le briser dans l'œuf. Au-delà de l'irresponsabilité de cette attitude, en fait la question qui est posée est celle-ci : favorisons-nous le dégagement de nouvelles énergies révolutionnaires, travaillons-nous à leur regroupement, ou maintenons-nous la dispersion, 1'atomisation léguée par la contre-révolution ?

Manifestement., le FOR a choisi cette dernière voie. Que tous se le tiennent pour dit !

RND


[1] Alarme. BP 329 - 75624 PARIS CEDEX 13.

[2] Voir 1’article dans Alarme n°39

[3] C'est la première fois dans l'histoire du mouvement ouvrier que les organisations révolutionnaires se créent et se développent sans lien organique avec le mouvement ouvrier passé, du fait de la plus longue et plus noire période de contre-révolution qui a suivi l'écrasement de la première vague révolutionnaire de 1917-23.

Vie du CCI: 

  • Interventions [10]

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en France [8]

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POLÉMIQUE

Révolution Internationale n° 172 - octobre 1988

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Révolution Internationale n° 173 - novembre 1988

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