Polémique avec le BIPR : tirer les leçons des expériences négatives

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Quelle méthode ? Quelles perspectives pour le rapprochement des organisations révolutionnaires ?

Au moment où une nouvelle reprise de la combativité prolé­tarienne se développe internationalement, posant avec encore plus d'acuité la question d'une plus grande unité au sein du milieu révolutionnaire, il est important que les organisation révolutionnaires sachent tirer un bilan de ce qui a été fait dans ce domaine au cours des dernières années, et qu'elles en tirent des leçons pour le futur.

L'objet de cet article est de contribuer à cet effort. Il s'attache plus particulièrement à la critique de l'expérience du BIPR. Nous le faisons non pas dans un esprit de « concurrence » mais de sincère et fraternelle confrontation. Notre objectif n'est pas de critiquer des pratiques et habitudes du BIPR en soi, mais d'illustrer, à travers les difficultés de cette organisa­tion, les erreurs à ne pas commettre.

Au cours des deux dernières années, quel­que chose a commencé à bouger au sein du milieu politique prolétarien : une certaine conscience a commencé à émerger - même si c'est de façon très sporadique et hésitante - du fait que les révolutionnaires doivent se rassembler s'ils veulent être à la hauteur de leurs responsabilités.

L'Appel du CCI 

En 1991, le 9e congrès du CCI publiait un Appel au milieu politique prolétarien. Il s'agissait d'un appel au combat contre le sec­tarisme qui pèse au sein de ce milieu et un encouragement à voir dans ce combat une question vitale pour la classe ouvrière.

Il traduisait lui même les frémissements d'un premier changement d'ambiance dans le mi­lieu politique prolétarien.

«A la place du total isolement sectaire, nous trouvons aujourd'hui dans les diffé­rents groupes une plus grande disposition à exposer leurs critiques réciproques dans la presse ou dans les réunions publiques. Il existe en plus un appel explicite des cama­rades de Battaglia Comunista à surmonter la dispersion actuelle, appel dont nous par­tageons en grande partie les arguments et les buts. Il existe enfin - et ce doit être en­couragé au maximum - une poussée contre l'isolement sectaire, qui vient d'une nouvelle génération d'éléments que le tremblement de terre de ces deux dernières années pousse vers les positions de la gauche communiste et qui restent pantois devant l'extrême dispersion dont ils n'arrivent pas à comprendre les raisons politiques. »

(...)

«Aujourd'hui, l'hypothèque que le capita­lisme en décomposition fait peser sur la classe ouvrière est la perte de son unité de classe, à travers mille affrontements fratri­cides, des sables du Golfe aux frontières de la Yougoslavie. C'est pour cela que la dé­fense de cette unité est une question de vie ou de mort pour notre classe. Mais quelle espérance pourrait désormais avoir le pro­létariat de maintenir cette unité, si son avant-garde consciente elle-même, renon­çait à combattre pour son unification ? Qu'on ne vienne pas nous dire que c'est un 'embrassons-nous tous', un 'escamotage op­portuniste des divergences', un appel à une 'unité indifférenciée au mépris des princi­pes'. Rappelons-nous que ce fut justement la participation aux discussions de Zimmerwald qui permit aux bolcheviks de réunir la Gauche de Zimmerwald, embryon de la future Internationale communiste et de la séparation définitive avec les sociaux-démocrates. »

L'appel poursuivait :

« Il ne s'agit pas de cacher les divergences pour rendre possible un 'mariage' entre groupes, mais de commencer à exposer et à discuter ouvertement des divergences qui sont à l'origine de l'existence des différents groupes.

Le point de départ, c'est de systématiser la critique réciproque des positions dans la presse.   Cela peut paraître  une  banalité, mais il y a encore des groupes révolution­naires qui, dans leur presse, font semblant d'être seuls au monde.

Un autre pas qui peut être fait immédiate­ment, c'est de systématiser la présence et l'intervention aux réunions publiques des autres groupes.

Un pas plus important est la confrontation des positions dans des réunions publiques, convoquées conjointement par plusieurs groupes, face à des événements d'une impor­tance particulière, comme la guerre du Golfe. »

Des petits pas
 

Notre appel n'a rencontré aucune réponse explicitement favorable de la part des autres organisations prolétariennes. Et pourtant, quelques petits pas ont été réalisés ici et là :

- le groupe bordiguiste, qui publie Il comu­nista et Le prolétaire, a publié des polémi­ques ouvertes avec d'autres organisations bordiguistes et avec BC ;

- la Communist Workers Organisation (CWO) de Grande-Bretagne, à ouvert les pages de sa presse à d'autres groupes, a participé avec d'autres groupes à un cercle de discussion dans le nord de l'Angleterre, et a pris récemment l'initiative, peu fré­quente, d'inviter le CCI à une réunion de lecteurs à Londres ;

- au cours des deux dernières années, le BIPR (Bureau international pour le parti révolutionnaire), formé par BC et la CWO, en 1984, a ouvert ses stands aux publica­tions du CCI au cours de la fête annuelle du groupe Lutte ouvrière à Paris ([1]) ;

- BC a publié BC Inform une publication restreinte destinée à l'information des groupes prolétariens internationalement ;

- plusieurs groupes prolétariens à Milan (y compris BC, Programma et le CCI) ont participé ensemble dans une action de dé­nonciation à l'occasion de la visite de Ligatchev (ancien membre du Polit-Bureau de 1’URSS) invité par des staliniens lo­caux. Même si de fortes critiques peuvent être faites à cette action, elle n'en traduisit pas moins une volonté de rompre l'isole­ment. Une volonté qui se concrétisa à nouveau peu de temps après par la partici­pation des mêmes groupes à une journée d'exposition débat de la presse internatio­naliste.

Ces initiatives constituent sans aucun doute des pas dans la bonne direction. Mais ces derniers sont-ils suffisants pour nous per­mettre de penser que le milieu politique prolétarien est véritablement en train de se donner les moyens d'assumer ses responsa­bilités au niveau qu'exige la gravité de la si­tuation ? Nous ne pensons pas que ce soit le cas.

En réalité, même si nous considérons bien­venue la nouvelle « ouverture » des groupes prolétariens, nous sommes forcés de consta­ter qu'il s'agit plutôt d'une réponse empirique à la nouvelle situation mondiale que d'une véritable réévaluation fondée sur une ana­lyse en profondeur.

La nécessité d'une méthode

Le regroupement des révolutionnaires ne peut se faire au hasard. Il exige une mé­thode consistante, fondée sur l'ouverture au débat, combinée avec une rigoureuse dé­fense des principes.

Une telle méthode doit éviter deux dangers :

- d'une part, tomber dans le « débat pour le débat », dans des bavardages académiques où chacun dit ce qu'il veut sans se soucier de créer une dynamique vers des actions communes ;

- d'autre part, croire qu'il serait possible d'entreprendre un « travail commun » sur une base purement « technique », sans clarté préalable sur les principes, clarté qui ne peut être atteinte que par le débat ouvert.

Un manque de méthode peut être excusé chez de jeunes groupes qui manquent d'ex­périence du travail révolutionnaire. Ce n'est pas le cas pour des organisations qui se ré­clament de l'héritage de la Gauche italienne et de l'Internationale communiste. Or, lorsqu'on se penche sur l'histoire du BIPR on ne peut que constater, premièrement, qu'il n'y a aucune méthode solide de regroupe­ment des révolutionnaires, deuxièmement, que le manque de méthode a stérilisé les ef­forts réalisés.

Si nous critiquons le BIPR, nous n'en tirons pour autant aucune satisfaction. Nous avons et avons eu nos propres difficultés, en parti­culier au cours des années 1980. Nous ne sommes que trop conscients de la terrible fragilité de l'ensemble du milieu révolution­naire aujourd'hui, surtout si l'on compare cette faiblesse avec les énormes responsabi­lités qui sont aujourd'hui celles de la classe ouvrière et de ses organisations politiques. Si nous nous penchons sur les défauts du mouvement, par le passé et actuellement, c'est pour les dépasser et ainsi mieux nous préparer à affronter l'avenir. Les révolutionnaires n'étudient pas l'histoire de leur classe à la recherche de « recettes » ou de « formules magiques », mais pour tirer profit de cette expérience historique en vue d'af­fronter les problèmes du présent. Quelques fois ils peuvent oublier qu'ils font eux-mê­mes partie de cette histoire. Après tout, Battaglia Comunista existe depuis au moins 1952, et le CCI constitue déjà l'organisation politique prolétarienne qui a vécu le plus longtemps en tant que corps internationale­ment organisé et centralisé, dans l'histoire de la classe ouvrière. Les Conférences inter­nationales tenues à la fin des années 70 ont leur place dans l'histoire du prolétariat, tout comme celles de Zimmerwald ou de Kienthal. L'histoire du milieu prolétarien depuis ces Conférences n'est pas une ques­tion « d'intérêt archéologique » comme l'a affirmé BC (Workers'Voice, n° 62). Cette période a constitué en réalité un terrain d'expérimentation pratique des différentes conceptions de l'intervention et du regrou­pement qui se sont exprimées au cours de ces Conférences.

Le prolétariat a une tâche historique à ac­complir : le renversement du capitalisme et la construction de la société communiste. Pour mener à bien cette tâche, il ne dispose que de deux armes : sa conscience et son unité. Il en découle pour les révolutionnaires une double responsabilité : intervenir dans la classe ouvrière pour défendre le pro­gramme communiste, et travailler en vue du regroupement des révolutionnaires comme une expression de l'unité de la classe.

Nous n'avons pas à hésiter sur l'objectif d'un tel regroupement : la formation du parti mondial communiste, la dernière internatio­nale, sans laquelle la victoire d'une révolu­tion communiste est impossible.

Le travail de regroupement a plusieurs facet­tes, liées entre elles mais distinctes :

- l'intégration d'individus militants au sein des organisations communistes, le principe de l'action prolétarienne étant celui de l'ac­tion collective et organisée sur la base d'un engagement commun à la cause commu­niste ;

- les organisations des pays au centre du capitalisme, où l'expérience historique du prolétariat est la plus importante, ont une responsabilité   particulière vis-à-vis des groupes qui surgissent dans les pays de la périphérie dans les pires conditions de pré­carité et d'isolement politique ; ces groupes ne peuvent survivre et contribuer à l'unifi­cation mondiale de la classe ouvrière qu'en brisant leur isolement et en  s'intégrant dans un mouvement plus large ;

-enfin, toutes les organisations communis­tes, et surtout celles qui ont une filiation historique avec les organisations de la classe ouvrière dans le passé, ont la res­ponsabilité de montrer à leur classe qu'il y a une différence fondamentale, une fron­tière de classe, entre les groupes et organi­sations qui défendent fermement les principes internationalistes, d'une part, et les partis « socialistes » ou « communistes » dont la seule fonction est de renforcer l'emprise de la bourgeoisie sur les exploités, d'autre part. En d'autres termes, les communistes doivent clairement définir et défendre le milieu politique prolétarien.

Si nous voulons que les efforts encore hési­tants faits aujourd'hui aboutissent à quelque chose, cela ne pourra être fait que sur la base d'un abandon du manque de méthode, des attitudes opportunistes et du sectarisme dont le BIPR a fait preuve depuis sa forma­tion en 1984.

Les Conférences internationales de la Gauche communiste

On ne peut dans cet article reprendre l’histoire détaillée des Conférences internationa­les ([2]). Mais nous devons en rappeler quel­ques éléments.

La première Conférence appelée par BC ([3]) se tint à Milan, en mai 1977 ; la deuxième à Paris, en novembre 1978 ; la troisième également.à Paris, en mai 1980. Outre BC, la CWO et le CCI, y participèrent plusieurs groupes se situant sur le terrain de la Gauche communiste ([4]).

Les critères pour participer aux Conférences, tels qu'ils furent définis, puis précisés, lors des deux premières Conférences, étaient les suivants :

«-Reconnaissance de la révolution d'Octobre comme révolution proléta­rienne ;

-Reconnaissance de la rupture avec la so­cial-démocratie effectuée par le premier et le deuxième congrès de l'IC ;

- Rejet sans réserve du capitalisme d'Etat et de l'autogestion ;

- Rejet de tous les partis communistes et so­cialistes en tant que partis bourgeois ;

- Orientation vers une organisation de révo­lutionnaires qui se réfère à la doctrine et à la méthodologie marxiste comme science du prolétariat ;

- Reconnaissance du refus de l'encadrement du prolétariat derrière, et sous une forme quelconque, les bannières de la bourgeoi­sie. » ([5])

Le CCI soutenait l'idée des Conférences tel­les qu'elles avaient été proposées par la let­tre initiale de BC:

« Dans une situation telle que celle que nous vivons, où la dynamique des choses pro­gresse beaucoup plus vite que la dynamique du monde des hommes, la tâche des forces révolutionnaires est d'intervenir dans les événements par un retour à la volonté réali­satrice sur le terrain où elle a pris nais­sance et qui est propre aujourd'hui à l'ac­cueillir. Mais la Gauche communiste faillirait à sa tâche si elle ne se donnait pas des armes ef­ficaces du point de vue de la théorie et de la pratique politique, c'est-à-dire :

a) avant tout, sortir de l'état d'infériorité et d'impuissance où l'ont menée le provincia­lisme de querelles culturelles empreintes de dilettantisme, l'infatuation incohérente qui ont pris la place de la modestie révolution­naire, et surtout l'affaiblissement du concept de militantisme compris comme sacrifice dur et désintéressé ;

b) établir une base programmatique histori­quement valable, laquelle est, pour notre parti, l'expérience théorico-pratique qui s'est incarnée dans la révolution d'Octobre et, sur le plan international, l'acceptation critique des thèses du 2e congrès de l'IC ;

c)  reconnaître que l'on ne parvient ni à une politique de classe, ni à la création du parti mondial de la révolution, ni d'autant moins à une stratégie révolutionnaire si l'on ne décide pas d'abord de faire fonctionner, dès à présent, un Centre international de liaison et d'information qui soit une anticipation et une  synthèse  de  ce  que  sera   la future Internationale, comme Zimmerwald, et plus encore Kienthal, furent l'ébauche de la 3e Internationale. » ([6])

« La Conférence devra indiquer aussi com­ment et quand ouvrir un débat sur des pro­blèmes par exemple tels que le syndicat, le parti et tant d'autres qui divisent actuelle­ment la Gauche communiste internationale, ceci, si nous voulons qu'elle se conclue po­sitivement et représente un premier pas vers des objectifs plus vastes et vers la formation d'un front international des groupes de la Gauche communiste qui soit le plus homo­gène possible, si nous voulons enfin sortir de la tour de Babel idéologique et politique et d'un ultérieur démembrement des groupes existants. » ([7])

BC donnait à la Conférence des objectifs qui allaient encore plus loin : «... nous retenons que la gravité de la situation générale... im­pose des prises de position précises, respon­sables et surtout en accord avec une vision unitaire des différents courants au sein des­quels se manifeste internationalement la Gauche communiste... » ([8])

Cependant, au cours des Conférences, le moins qu'on puisse dire c'est que BC n'a pas brillé par sa cohérence. Loin de défendre la nécessité de «prises de position précises, responsables » BC a systématiquement refuse la moindre prise de position commune : « Nous sommes opposés, par principe, à des déclarations communes, car il n'y a pas d'accord politique. » (Intervention de BC à la 2e Conférence) ([9]); «Ce n'est pas le plus ou moins grand nombre de groupes signant la résolution (sur la situation internationale, proposée par le CCI) qui donnera à celle-ci un plus ou moins grand poids dans la classe » (Intervention de BC à la 3e Conférence).

Il vaut la peine de rappeler que la 3e Conférence se tint peu de temps après l'in­vasion de l'Afghanistan par l’URSS, et que tous les groupes participants étaient d'accord sur la nature impérialiste de ce pays, l'inévitabilité de la guerre sous le capitalisme, et sur la responsabilité du prolétariat comme seule force capable de faire reculer la mar­che vers la guerre. Tous ces points d'accord étaient certainement suffisants pour marquer clairement la séparation entre la Gauche communiste et les trotskistes, les staliniens, les socialistes et les divers «démocrates» qui demandaient aux travailleurs d'appuyer un des deux camps dans la confrontation en­tre les blocs impérialistes des USA et de l'URSS en Afghanistan. ([10])

Suite à l'échec des Conférences, BC pouvait écrire en 1983: «Les Conférences ont rempli leur tâche essentielle qui était de créer un climat de confrontation et de débat au niveau international au sein du camp prolétarien (...) nous les considérons comme des instruments de classification et de sé­lection politique au sein du camp révolu­tionnaire ». ([11])

Mais qu'est-il advenu du «Centre interna­tional de liaison et d'information » ? Où est le «front international des groupes de la Gauche communiste » ?

Le Bureau international pour le parti révolutionnaire

Evidemment, tout le monde peut changer d'avis, même une «force de direction sé­rieuse », comme aime à se qualifier BC. Après avoir défini un « camp révolution­naire » de groupes sérieux (en fait réduit à eux-mêmes), situé au sein d'un « camp pro­létarien » (qui, entre autres, inclut le CCI, merci), BC et la CWO avaient décidé de convoquer une 4e Conférence internationale et de fonder le BIPR.

Au cours d'une de ses dernières interven­tions dans la 3e Conférence BC déclara :

« Nous voulons aller à une quatrième Conférence qui soit un lieu de travail et non de simple discussion... Travailler ensemble c'est reconnaître un terrain commun. Par exemple, un travail commun ne peut être en­trepris qu'avec des groupes qui reconnais­sent la nécessité de créer des groupes ou­vriers d'avant-garde, s'organisant sur une plate-forme révolutionnaire. »

Dans Revolutionary Perspectives n° 18, la CWO a aussi annoncé son intention de «développer des discussions et un travail commun en vue du regroupement de la CWO avec le PCInt (BC). Ceci ne veut pas dire que nous soyons proches de la fin d'un tel processus, ni non plus que des questions se­ront mises de côté ou oubliées, mais notre récente coopération à la 3e Conférence nous rend optimistes quant à la réalisation d'une conclusion positive. » On proclama donc la nécessité d'une 4e Conférence inter­nationale qui « ne reproduise pas les limita­tions de ses précédentes mais qui constitue la condition préliminaire pour rendre pos­sible un travail politique commun à une échelle internationale. »

Peu de temps après fut constitué le BIPR. La quatrième Conférence s'était tenue et avait abouti a un fiasco total. ([12]) Depuis lors l'expérience n'a pas été recommencée. Cependant, le premier numéro de la revue du BIPR, Communist Review, constatait que : « Dans les Conférences, les groupes et organisations appartenant au camp politique prolétarien se rencontrent, convergent et se confrontent ». La plat-forme du Bureau devait représenter « un moment dans la synthèse des plates-formes des groupes au niveau national ».

Quelle est la situation neuf ans plus tard ? Les Conférences internationales sont restées lettre morte. Il n'y pas eu de regroupement entre BC et la CWO. Qui plus est, et d'après ce qui ressort de leur presse, il n' y a même pas eu de discussion entre eux pour résoudre leurs divergences, par exemple sur la question syndicale ou parlementaire. Les cama­rades français du BIPR, qui en 1984 avaient « l'intention de jeter les bases d'une recons­truction organisationnelle du mouvement révolutionnaire sur les positions organiques mises en avant par le BIPR », ont disparu sans laisser de trace. Le seul autre groupe qui a rejoint le BIPR, Lai Pataka, en Inde, a sombré dans un fatras de diatribes anti-BIPR, et a, lui aussi, disparu.

Les treize années depuis la 3e Conférence ont violemment mis à l'épreuve le milieu prolétarien : beaucoup de forces militantes, dont la classe ouvrière a tant besoin, se sont évaporées. Il suffit de regarder ce que sont devenus la plupart des groupes participant aux Conférences (y compris ceux qui ne le firent qu'épistolairement) : Forbundet Arbetarmakt (Suède), l'Eveil internationa­liste (France), l'Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d'Algérie ont disparu. Le Groupe communiste inter­nationaliste (GCI) s'est rapproché du gau­chisme avec ses ambiguïtés sur l'appui à « Sentier lumineux ». Les Nuclei Comunisti Internazionalisti (NCI), à travers les diverses mutations qui les ont amenés à la constitu­tion de l'OCI, se sont jetés dans le camp de la bourgeoisie pendant la guerre du Golfe en appuyant l'Irak. Le FOR, Ferment ouvrier révolutionnaire, se délite.

La disparition de certains de ces groupes traduisait certainement la nécessité d'une in­évitable décantation. Et il ne saurait être question de refaire l'histoire avec des « si », il n'en demeure pas moins que l'échec des Conférences signait la disparition d'un lieu où la Gauche communiste pouvait se définir elle-même et affirmer sa nature révolution­naire face aux multiples variétés de gau­chisme. Pour les nouveaux groupes à la re­cherche d'une cohérence, ce fut la disparition d'un solide point de repère qui aurait été utile dans la tempête idéologique de la dé­composition du capitalisme. Aujourd'hui, les groupes qui surgissent sans pouvoir s'identi­fier complètement avec les positions politi­ques des organisations existantes au sein de la Gauche communiste, sont condamnés à un isolement quasi-total, avec tout ce que cela entraîne, en termes de stagnation politique, de démoralisation et d'ouverture à l'infiltra­tion de l'idéologie bourgeoise et petite-bour­geoise.

Le BIPR a été incapable de fournir une al­ternative aux Conférences. Celles-ci sont restées au niveau de projets. Il n'en est tou­jours rien du regroupement annoncé entre la CWO et BC.
 

Le BIPR en Inde

Si l'on veut comprendre pourquoi le BIPR n'est pas parvenu à mener à bien un seul re­groupement solide, il est utile de jeter un coup d'oeil à la tentative d'intégration du groupe indien Lai Pataka dans le BIPR.

Le BIPR s'est toujours fait des illusions sur la possibilité de regroupement avec des or­ganisations ayant leurs origines dans le camp ennemi, et plus particulièrement dans le gauchisme. Ces illusions sont elles-mê­mes liées à une attitude ambiguë, dont BC n'est jamais parvenue à se défaire, envers les mouvements de masses sur un terrain non-prolétarien. Au cours de la 2e Conférence, BC avait pu dire que la tâche des communis­tes est « d'être en tête des mouvements de li­bération nationale » et « de travailler dans le sens d'un clivage de classe au sein du mouvement, et non de le juger de l'exté­rieur ». Ces positions ont été reprises dans les thèses sur Les tâches des communistes dans la périphérie du capitalisme. La con­clusion en est la suivante :

« Dans ces pays (de la périphérie), la domination du capital ne s'étend pas encore à toute la société, le capital n'a pas soumis l'ensemble de la collectivité aux lois de l'idéologie du capital comme il l'a fait dans les pays centraux. Dans les pays de la péri­phérie, l'intégration politique et idéologique des individus dans la société capitaliste ne constitue pas un phénomène de masse comme dans les pays centraux, parce que l'individu exploité, frappé par la misère et l'oppression, n'est pas encore l'individu ci­toyen des formations capitalistes d'origine. Cette différence avec les pays centraux rend possible l'existence d'organisations com­munistes de masse dans la périphérie. (...) Ces 'meilleures' conditions impliquent la possibilité d'organiser des masses de prolé­taires autour du parti prolétarien. » ([13])

Nous avons toujours dit que c'est une erreur fatale de croire que les communistes peu­vent, d'une façon ou d'une autre, «prendre la tête » de mouvements de libération natio­nale, de luttes nationalistes révolutionnaires, ou quel que soit le nom que l'on donne à ces luttes de « nations ». De telles luttes sont, en fait, une attaque directe contre la conscience du prolétariat, parce qu'elles noient la seule classe révolutionnaire dans la masse du « peuple », un danger particulièrement im­portant dans les pays périphériques, où le prolétariat est largement dépassé en nombre par la paysannerie et par les masses de pau­vres sans terre et sans travail.

Nous savons cela, non seulement par la théorie, mais aussi par la pratique. La plus vieille section du CCI, au Venezuela, se forma en opposition directe aux idéologies guévaristes de « libération nationale » en vogue dans les années 1960 dans toute la gauche. Plus récemment, notre expérience de formation d'une section au Mexique a confirmé, si c'était encore nécessaire, qu'une solide présence communiste ne peut être établie que sur la base d'une confrontation directe avec toutes les variétés de gauchisme et par l'établissement d'une rigoureuse fron­tière de classe entre le gauchisme, aussi « radical » soit-il, et les positions proléta­riennes.

De la «Quatrième Conférence internatio­nale», tenue avec des défenseurs du PC iranien, jusqu'à la correspondance fraternelle avec le groupe « marxiste-léniniste » Revolutionnary Proletarian Platform (RPP) en Inde, le BIPR n'a jamais réussi à établir cette claire séparation. Aussi n'y a-t-il rien de surprenant à ce que des gauchistes soient eux-mêmes plus conscients des divisions qui les opposent aux communistes. Ainsi le RPP pouvait écrire au BIPR :

« ... sur la question de la participation dans des syndicats réactionnaires et dans les parlements bourgeois, il nous est difficile d'être d'accord avec vous ou avec tout cou­rant qui rejette totalement une telle partici­pation. Même si nous reconnaissons que votre position sur les syndicats (...) est beaucoup plus saine que celle du CCI (qui considère que les syndicats ont été intégrés dans l'Etat bourgeois et doivent comme tels être détruits), il nous semble que sur le fond, elle demeure une critique de l'approche bol­chevique-léniniste, à partir d'un point de vue d'extrême gauche, car elle part des mêmes prémisses théoriques que le CCI et les courants similaires. » ([14])

L'ironie veut que la CWO semble être par­venue maintenant à notre position sur l'im­possibilité que des groupes (contrairement aux individus) puissent passer du camp bourgeois au camp prolétarien : « La politi­que de ces groupes (trotskistes) se situe sans aucun doute dans l'aile gauche du capital et ce serait une énorme erreur de s'imaginer que de telles organisations puissent revenir dans le camp du communisme internationa­liste. »([15])

Mais ni la CWO, ni BC, ni le BIPR n'ont été capables de comprendre cela dans leur atti­tude envers les partisans du PC Iranien en exil (SUCM) ou envers l'organisation maoïste indienne RPP (et il n'est pas inutile de rappeler que le maoïsme, contrairement au trotskisme, n'a jamais appartenu au camp prolétarien). Au contraire. Après l'exclusion du CCI de la 3e Conférence internationale, au lendemain du fiasco de la 4e, tenue avec comme seul « invité » le SUCM, le BIPR se réjouissait de mener avec le RPP en Inde « une bataille politique contre les partisans (du CCI) » ([16]) et d'accepter que la section bengali du RPP et son journal se dirigent comme un tout vers « le camp du commu­nisme internationaliste ».

Dans le n° 11 de la Communist Review, une « Prise de position sur Lai Pataka » fait re­marquer que : « Quelques esprits cyniques peuvent penser que nous avons accepté ce camarade trop rapidement dans le BIPR ». Nous ne faisons pas partie de ces « esprits cyniques ». Le problème ne réside pas dans la « précipitation » du BIPR à « accepter » Lai Pataka, mais dans une faiblesse congéni­tale du BIPR lui-même. Comment le BIPR pourrait-il aider les autres à surmonter leurs confusions et à rompre avec l'idéologie bourgeoise, alors que lui-même entretient des ambiguïtés sur des questions telles que le syndicalisme, et s'avère incapable de tra­cer une nette démarcation entre communis­tes et gauchistes.  Vue l'incapacité de BC et de la CWO à conduire leurs propres dis­cussions jusqu'au regroupement, comment le BIPR pourrait-il fournir un solide point de référence pour ceux qui évoluent vers des positions communistes ?

Les flirts opportunistes avec le gauchisme de la part du BIPR s'accompagnent logiquement d'une attitude sectaire vis-à-vis de groupes qui ne sont pas dans sa «sphère d'in­fluence ». Ainsi, le numéro 3 de la Communist Review qui traite assez longue­ment des groupes en Inde, ne fait aucune mention du groupe qui publiait Communist Internationaliste ni du groupe qui publiera plus tard Kamunist Kranti, bien que ces deux groupes fussent connus, au moins de la CWO. Puis vers 1991, Lai Pataka disparaît des pages de Workers Voice et se voit rem­placé par Kamunist Kranti : « Nous espérons que, dans l'avenir, de fécondes relations pourront être établies entre le Bureau in­ternational et Kamunist Kranti ». Deux ans plus tard, tout porte à croire que ces rapports sont restés stériles, puisque le n° 11 de Communist Review dit : « c'est une tragédie que, malgré l'existence d'éléments promet­teurs, il n’existe pas encore un noyau solide de communistes indiens ». Il n'y aurait que « des étincelles de conscience au milieu du désordre ». Entre temps, le noyau de Communist Internationalist est devenu par­tie intégrante du CCI. Le BIPR pourrait mieux contribuer au processus de regroupe­ment des révolutionnaires s'il commençait par reconnaître l'existence d'autres groupes dans le mouvement.
 

Le BIPR dans l'ex-bloc de l'est

Après les échecs avec les iraniens du SUCM et les indiens du RPP, on aurait pu s'attendre à ce que le BIPR ait appris quelque chose à propos des frontières séparant les organisa­tions bourgeoises et la classe ouvrière. Mais, le compte-rendu de l'intervention du BIPR avec le groupe autrichien Gruppe Internazionalistische Kommunisten (GDC), dans les pays de l'Est, nous en fait douter.

Nous ne pouvons que saluer l'effort du BIPR pour défendre des positions communistes dans la tourmente de l'ex-bloc de l'est (et n'était-ce pas là une situation exigeant un «front international de la Gauche commu­niste », pour employer les termes de BC ?). Mais comment ne pas être troublé par les illusions que semble développer BC sur la possibilité qu'il surgisse quelque chose de positif du sein des anciens PC ? « Nos ca­marades ont donc décidé d'aller voir les restes du parti 'communiste' tchécoslovaque. Il aurait pu être dangereux d'aller dire aux staliniens toute notre haine de leur régime de capitalisme d'Etat, exploiteur de notre classe, mais cela valait la peine si on devait y trouver quelque résidu de leur base de classe, désorienté et en présence des derni­ers souffles du parti. » Et, parlant d'une au­tre réunion : « les discussions n'ont pas manqué (y compris un échange d'idées avec des représentants étrangers de la IVe Internationale) » ([17])

Comment peut-il y avoir un « échange d'idées » entre ceux qui se proposent de faire revivre le corps putride du stalinisme et la Gauche communiste, décidée à l'enter­rer pour toujours ? Le rapport du GDC, dans Workers Voice n° 55, se fait l'écho de l'idée qu'il peut exister un «mélange» de mar­xisme prolétarien et d'idéologie bourgeoise à l’Est : «Il y existe une plus large connais­sance des idées marxistes au sein de la po­pulation, certains éléments de l'analyse matérialiste marxiste ne sont pas inconnus, même s'ils subissent des distorsions bour­geoises et sont mêlés d'un contenu bour­geois ». Mais, du point de vue de la con­science de la classe ouvrière, quel sens a de choisir entre un travailleur de l'Europe de l'Ouest qui n'a jamais entendu parler de « l'internationalisme prolétarien », et un travailleur de l'Est pour qui ce terme veut dire invasion de la Tchécoslovaquie ou de l'Afghanistan par la Russie ? Le pire, c'est que le GIK semble préférer la pêche dans les eaux troubles des staliniens défroqués que l'intervention au sein de la classe elle même :

« Plus importante que notre intervention dans la rue fut notre intervention au sein du nouveau KPD (Kommunistische Partei Deutschlands) qui s'est reformé en janvier 1990. Il n'y a pas de véritable homogénéité dans celui-ci et le point commun à tous ses fondateurs c'est qu'ils veulent maintenir des 'idéaux communistes' (...) Beaucoup, au sein du KPD (...) défendent la RDA caractérisée comme un 'système socialiste avec des er­reurs'. D'autres sont divisés entre le stali­nisme pur et ceux qui appuient les opposi­tions anti-staliniennes de gauche (trotskistes et Gauche communiste). » ([18]) Une fois en­core la distinction entre trotskisme et Gauche communiste est estompée, comme si les deux pouvaient appartenir à une sorte de front commun « anti-stalinien ». Ce n'est cer­tainement pas avec ce genre d'intervention que l'on pourra contribuer à une rupture nette avec le stalinisme et ses défenseurs trotskistes.

Un nouveau début...ou encore un peu plus du même acabit ?

Pour autant que nous le sachions, au cours de ses neuf années d'existence, le BIPR n'est pas réellement parvenu à étendre sa pré­sence ou à faire avancer le regroupement avec la CWO, annoncé en 1980. La «première sélection de forces » dont parlait BC au lendemain de la fin des Conférences internationales, s'est avérée... très sélective. A l'automne 1991, la CWO annonce: «L'alternative historique de notre époque est entre l'actuelle barbarie capitaliste qui aboutira à la destruction de toute vie hu­maine, et l'instauration du socialisme par le prolétariat (...) Participer à ce processus exige une plus grande concentration de for­ces que les nôtres (ou de celles que peut posséder tout autre groupe du camp politi­que prolétarien). C'est pourquoi nous nous attachons à trouver de nouveaux moyens, fondés sur des principes, pour entretenir un dialogue politique avec tous ceux qui consi­dèrent qu'ils combattent pour les mêmes objectifs que nous. » Treize ans après que BC et CWO eurent assumé « la responsabi­lité qu'on est en droit d'attendre de la part d'une force dirigeante sérieuse », en inter­rompant les Conférences internationales, la boucle est bouclée. Mais, pour paraphraser Marx, si l'histoire se répète deux fois, la première c'est sous la forme d'une tragédie, la seconde sous forme de farce. Le « nouveau début » de la CWO n'a conduit pour le moment qu'à un demi-regroupement avec le Communist Bulletin Group (CBG). Mais le CBG n'est-il pas l'exemple même de groupe dont BC pouvait écrire, en avril 1992 : «L'importance politique d'une divi­sion, qui est parfois nécessaire pour être capable d'interprétations politiques précises et pour définir des stratégies, a ouvert la porte, dans un certain milieu politique et parmi certaines personnalités, à une exas­pérante pratique de scissionner pour scissionner, à un rejet individuel de toute cen­tralisation, de toute discipline organisationnelle, ou de toute responsabilité 'encom­brante' dans le travail collectif départi. » ?

Comment la CWO, qui ne manque jamais une   occasion   de   dénoncer   « le spontanéisme » et « l'idéalisme » du CCI, peut-elle proposer une fusion avec le CBG qui, pour autant qu'il lui reste quelques principes, est supposé défendre la plate-forme du CCI? Avec un tel fatras sans principes, ce nouvel effort du BIPR ne peut aboutir qu'à un échec, comme les précédents. ([19])

Quel chemin pour l'avenir ?

Vingt ans d'expérience, avec leurs succès et leurs échecs, dans la construction d'une or­ganisation internationale présente sur trois continents et dans douze pays, nous ont ap­pris au moins une chose : il n'y a pas de rac­courcis dans le chemin du regroupement. Le manque de compréhension mutuelle, l'igno­rance des positions des autres, la méfiance qui sont le legs des années écoulées depuis la fin des Conférences internationales, rien de cela ne disparaîtra du jour au lendemain. Pour reconstruire un tant soit peu d'unité dans le camp prolétarien, il nous faut avant tout revenir à un peu de « modestie révolutionnaire », pour reprendre un terme de BC, et entreprendre les pas, très limités, que le CCI propose dans son Appel : polémiques régulières, présence aux réunions publiques des autres groupes, organisation de réunions publiques en commun, etc. Et, lorsqu'un retour à l'esprit des Conférences internationales sera redevenu possible, il faudra avoir tiré les leçons du passé :

« Il y aura d'autres conférences. Nous y se­rons et nous espérons y retrouver, si le sec­tarisme ne les a pas tués d'ici là, les groupes qui, jusqu'à présent, n'ont pas compris l'im­portance de ces Conférences que nous ve­nons de vivre, elles profiteront de l'acquis de celles-ci :

- importance de ces Conférences pour le milieu révolutionnaire et pour l'ensemble de la classe ;

- nécessité d'avoir des critères ;

- nécessité de se prononcer ;

- rejet de toute précipitation ;

- nécessité de la discussion la plus appro­fondie sur les questions cruciales affron­tées par le prolétariat.

Pour construire un corps sain, le futur parti mondial, il faut une méthode saine. Ces Conférences, à travers leurs points forts comme à travers leurs faiblesses, auront appris aux révolutionnaires qui "n'ont pas désappris d'apprendre", comme disait Rosa Luxembourg, en quoi consiste une telle méthode ».([20])

Sven.

 


[1] Lutte ouvrière, la principale organisation trotskiste en France, tient une kermesse annuelle près de Paris, quelque chose qui tient plus de la foire de campagne que d'un événement politique. Pour donner une image de tolérance politique, il y est autorisé à toute une série d'organisations «de gauche » d'y tenir des stands pour la vente de leur presse et d'organiser de courtes réunions publiques pour défendre leurs positions. Le CCI a toujours participé à ces «fêtes» afin de défendre des positions internationalistes et dénoncer la nature anti-ouvrière des trotskistes. Il y a trois ans il s'est produit un incident plus important que d'habitude : un camarade du CCI, au cours d'un forum de discussion, a démasqué les tentatives de LO de nier qu'elle avait appuyé la campagne électorale de Mitterrand en 1981 - de sorte que la duplicité de LO apparaissait sans équivoque. Depuis lors, le CCI a été interdit d'y tenir des stands ou des forums.

[2] Les textes et les procès-verbaux de ces conférences peuvent être obtenus à nos adresses. Nous avons aussi traité à plusieurs reprises des principales questions soulevées par les Conférences dans différents numéros de la Revue internationale.

[3] Ces conférences ont été formellement tenues à l'initiative de BC. Mais BC n'était pas seule à partager un souci  de regroupement. Révolution internationale, qui allait devenir plus tard la section en France du CCI, avait déjà lancé un appel à BC pour que, en tant qu'un des groupes historiques au sein  du  prolétariat,  elle engage un travail  de regroupement des forces prolétariennes dispersées. En 1972, à l'initiative d'Internationalism (plus tard la section du CCI aux Etats-Unis) débuta un effort de conférences et de correspondance qui aboutit d'un côté à la formation de la CWO et de l'autre du CCI en 1975.

[4] Si l'on inclut les groupes qui ont participé ne fut-ce que par correspondance et au moins à une conférence, on peut citer : le FOR, Ferment ouvrier révolutionnaire; Fôr  Komunismen et Forbundet Arbetarmakt, de Suède; Nuclei Leninisti Internazionalisti et Il Leninista d'Italie; Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d'Algérie; le Groupe communiste internationaliste et le Groupe communiste l'Eveil internationaliste, de France.

[5] Bulletin préparatoire n° 1 de la 3e Conférence des groupes de la Gauche communiste (novembre 1979).

[6] Aux groupes internationalistes de la Gauche communiste, Milan, avril 1976; in Textes et compte rendu de la Conférence internationale organisée par le PCInt (BC) à Milan les 30-4 et 1-5 1977.

[7] Deuxième lettre circulaire du PCInt. (BC) aux groupes communistes au sujet d'une éventuelle rencontre internationales Milan, 15 juin 1976; in Textes et compte rendu de la Conférence internationale...

[8] Première lettre-circulaire du PCInt, in Textes et compte rendu de la Conférence internationale...

[9] Deuxième   Conférence   des  groupes   de   la Gauche communiste : textes préparatoires, compte rendu, correspondance. Paris, novembre 1978.

[10] Au   lendemain   de   notre   «exclusion»   des conférences, dans une article intitulé :  « Le sectarisme, un héritage de la contre-révolution à dépasser », nous écrivions à ce propos :

« Se taire, c'est pour des révolutionnaires, nier leur existence. Les communistes n'ont rien à cacher à leur classe. Face à elle, dont ils se veulent l’avant-garde, ils assument de façon responsable leurs actes et leurs convictions. Pour cela, les prochaines conférences devront rompre avec les habitudes "silencieuses" des trois conférences précédentes.

Elles devront savoir affirmer et assumer CLAIREMENT, explicitement, dans des textes et des résolutions courtes et précises, et non dans des centaines de pages de procès-verbaux, les résultats de leurs travaux, qu'il s'agisse de l'éclaircissement de DIVERGENCES, ou qu'il s'agisse de positions COMMUNES, partagées par l'ensemble des groupes.

L'incapacité des conférences passées à mettre noir sur blanc le contenu réel des divergences a été une manifestation de leur faiblesse. Le silence jaloux de la 3e Conférence sur la question de la guerre est une honte. Les   prochaines   conférences   devront   savoir assumer leurs responsabilités, si elles veulent être viables. » (...)

« "Mais, attention", nous disent les groupes partisans du silence. "C'est que nous, on ne signe pas avec n'importe qui ! Nous ne sommes pas des opportunistes !" Et nous leur répondons : l'opportunisme c'est trahir des principes à la première opportunité. Ce que nous proposions ce n'était pas de trahir un principe (l'internationalisme), mais de l'affirmer avec le maximum de nos forces. » Revue internationale, n° 22, 3e trimestre 1980.

[11] Réponse  de  BC   à  l’Adresse   aux  groupes politiques prolétariens du CCI (1983).

[12] Nous ne pouvons traiter ici de la triste histoire de la 4e Conférence. Nous renvoyons le lecteur aux n° 40 et 41 de la Revue internationale.

[13] Communist Review, n° 3, (1985).

[14] Workers Voice, n° 65.

[15] Workers Voice, n° 65.

[16] Communist Review, n° 3.

[17] Workers Voice, n° 53, septembre 1990.

[18] Workers Voice, n° 55; c'est nous qui soulignons.

[19] Peut-être est-ce déjà le cas. Les derniers numéros de Workers Voice  ne  portent  pas trace des « contributions régulières » du CBG annoncées.

[20] Lettre du CCI au CE du PCInt, après la 3e Conférence; in 3e Conférence des groupes de la gauche communiste,  mai 1980 -Procès verbal (janvier 1981).

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