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I - "Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde.
Elles ne sont que l'expression générale des conditions réelles d’une lutte de classes existante, d'un mouvement historique qui se déroule sous nos yeux." Marx Engels, Le Manifeste du Parti Communiste, 1847.
II - Depuis plus de 50 ans, sévit la contre-révolution masquant et falsifiant systématiquement toute expression théorique défendant les intérêts historiques du prolétariat. Ce voile de distorsion a évidemment recouvert toutes les questions centrales du marxisme : théorie du devenir historique de la classe ouvrière. La question aussi primordiale, pour les révolutionnaires, du mouvement animant la classe ouvrière et le Parti - organisation des révolutionnaires défendant les positions de classe - s'est vu caricaturé – dénaturé -, soit par la version Léniniste, soit par celle anti-léniniste, méconnaissant toutes deux le fondement même de ce mouvement –classe – parti - : « Le processus de prise de conscience ».
III - La compréhension du « comment la classe ouvrière prend conscience de sa tâche historique », c’est-à-dire, comment le prolétariat se constitue en classe unie, est bien au centre de la compréhension du rôle des révolutionnaires.
IV - Pour nous, marxistes, la conscience du prolétariat est la conscience de « ce qu'il est » dans le mode de production et donc ce qu'il sera contraint d’effectuer : la révolution communiste.
Cette conscience "de ce qu'il est", il ne peut l'obtenir que lui même, au travers de sa lutte de classe quotidienne, au travers de sa praxis.
V – C’est par la place de créateur d'une valeur nouvelle que le prolétariat occupe dans le processus de production capitaliste, qui il est le seul à pouvoir prendre conscience collectivement (en tant que classe) de ses intérêts et de son devenir.
"Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience." Marx, Avant-propos à la Critique de l'économie politique, 1859.
VI - Le processus de prise de conscience de la classe ouvrière - le passage de celle-ci de classe en soi, en classe pour soi – est un processus nécessairement -collectif parce que cette classe effectue dans la production capitaliste un travail associé nécessitant la participation d’une collectivité de travailleurs. Les ouvriers ne peuvent défendre que collectivement leurs intérêts parce que ceux-ci ne sont que des intérêts collectifs.
VII _ La révolution communiste, contrairement à toutes les révolutions antérieures ne peut être accomplie que par une classe hautement consciente de sa tâche historique car la classe ouvrière ne dispose pour cette révolution d'aucune assise économique dans la société capitaliste. Ses seules armes sont sa conscience de classe et l'organisation qu'elle se donne pour réaliser ses buts.
VIII - La constitution du prolétariat en classe consciente et unie est déclenchée par la conjonction d'un certain nombre de facteurs objectifs agissant comme catalyseurs. Parmi eux figure certainement la contrainte économique qui est indispensable mais insuffisante au processus de prise de conscience.
Toute l'histoire du mouvement ouvrier nous montre que si cette contrainte économique est nécessaire, elle doit s'exercer dans le cadre de la période de décadence du système, c'est-à-dire en période où celui-ci peut matériellement être détruit.
IX - L'intervention des révolutionnaires, organisée d'abord en fraction internationale et ensuite en parti mondial a pour rôle de diffuser les expériences passées de la classe ouvrière et de prévoir (à partir de ces expériences et de l’analyse socio-économique) les perspectives futures. Et, par ce rôle, l'intervention des révolutionnaires est, elle aussi, un facteur actif dans le déclenchement du processus de prise de conscience par et pour la classe, ainsi que dans la généralisation de cette conscience (Tâche nécessaire car la conscience de classe n'est jamais un phénomène homogène).
X - Les fractions communistes se situant en accord pratique et théorique avec les positions de classe ("programme communiste") ont la responsabilité devant le prolétariat de tendre à s'organiser à l'image de celui-ci de manière unifiée et centralisée au niveau international en vue de constituer un pôle révolutionnaire cohérent (fraction, courant communiste international).
XI - Une fois ce pôle révolutionnaire constitué, celui-ci doit se transformer en parti communiste mondial. Cette transformation ne peut bien entendu avoir lieu qu'en période de lutte de classe et lorsque la fraction internationale a une influence effective au sein de la classe ouvrière.
XII - Le parti est une expression politique, secrétée par l'expérience même de la classe (la théorie révolutionnaire défendue par ce parti) et qui agit sur celle-ci en favorisant le déclenchement et la généralisation de la prise de conscience de classe produite par et pour le prolétariat lui-même. Il existe donc un lien dialectique entre la classe et le parti qui réside dans le fait que le parti, produit par la classe, devient en même temps facteur actif dans la classe.
XIII - La conception défendue par Lénine dans "Que Faire",1902, qui consiste à prétendre que la constitution du prolétariat en classe n'est pas le produit des luttes quotidiennes mais est produit par l'importation depuis l'extérieur de la "conscience socialiste" correspond à effectuer une scission idéaliste entre l'être et la conscience, l'être brutal, sale, et "ouvrier", et la conscience "tornade blanche" détenue par des intellectuels bourgeois déniant l'apporter à la masse.
Cette dichotomie entre la matière et l'idée qui plane (dans des mains extérieures à la matière) est bien l'expression de l'idéalisme dominant qui prétend qu’une idée supérieure préexiste à la matière et que donc seule une médiation (la religion, la philosophie, le " parti" léniniste...) peut réaliser la rencontre entre l'idée et la matière.
Alors que le mouvement du prolétariat, est avant tout un enchaînement naturel de phénomènes historiques, enchaînement soumis à des lois qui, non seulement sont indépendantes de la volonté, de la conscience et des desseins des prolétaires, mais qui au contraire, détermine leur volonté, leur conscience et leur dessein : "Pour moi (...) le mouvement de la pensée n'est que la réflexion du mouvement réel transporté et transposé dans le cerveau de l'homme", Marx, Le Capital.
XIV - De la même manière, la conception dite "conseilliste", qui consiste à prendre le contre pied de celle du "Que Faire", en revient à faire la même déformation idéaliste mais à l'envers. Pour le "conseillisme", la conscience ne pouvant venir que de la classe elle-même, toute expression théorique des intérêts de la classe par un groupe révolutionnaire devient immanquablement une substitution au mouvement réel. Et ces individus, culpabilisés par les erreurs de Lénine, se refusent à toute intervention, niant de ce fait le processus de la prise de conscience où la théorie révolutionnaire diffusée au sein de la classe ouvrière est, comme nous l'avons vu, un facteur actif.
Refusant leur responsabilité face à la classe, ils acceptent la dichotomie léniniste entre l'être et la conscience mais en plus ils en sont honteux.
XV - "L'effort de prise de conscience de la classe existe constamment depuis ses origines et existera jusqu'à sa disparition dans la société communiste. C'est en ce sens qu'il existe en toute période des minorités révolutionnaires comme expression de cet effort constant."
R.I., N° 17
Marc M.