Polémique avec le BIPR : Une politique opportuniste de regroupement qui ne conduit qu'à des "avortements"

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Dans le précédent article de cette série ("Le Nucleo Comunista Internacionalista, un effort de prise de consience du prolétariat en Argentine", Revue Internationale n° 120), nous avons retracé la trajectoire d’un petit noyau d’éléments révolutionnaires en Argentine regroupés dans le "Nucleo Comunista Internacional" (NCI).

Nous avons mis en évidence les problèmes rencontrés par ce petit groupe, notamment le fait qu’un de ses éléments, le citoyen B., avait mis à profit sa maîtrise des moyens informatiques (et particulièrement d’Internet) pour isoler les autres camarades, monopoliser la correspondance avec les groupes du milieu politique prolétarien, leur imposer ses décisions, quand ce n’est pas pour développer dans leur dos, en leur cachant délibérément ses agissements, une politique qu’ils n’approuvaient pas puisqu’elle remettait en cause du jour au lendemain toute l’orientation suivie auparavant. Plus précisément, après qu’il ait manifesté jusqu’à l’été 2004 la volonté de s’intégrer rapidement dans le CCI (1), dont il affirmait partager complètement les positions programmatiques et les analyses, en même temps qu’il rejetait les positions du BIPR et qu’il avait dénoncé les comportements de voyous et de mouchards de la soi-disant "Fraction Interne du CCI" (FICCI), le citoyen B. a brusquement retourné sa veste.

Alors qu’était encore présente sur place une délégation du CCI qui avait mené tout une série de discussions avec le NCI, il a repris contact avec la FICCI et le BIPR pour leur annoncer son intention de développer un travail avec ces deux groupes en prenant un aute nom, "Circulo de Comunistas Internacionalistas" (tout cela sans en dire un mot à notre délégation ni aux autres membres du NCI). En fait, "c'est lorsqu'il a compris qu'avec le CCI il ne pourrait pas développer ses manœuvres de petit aventurier que Monsieur B. s'est soudainement découvert une passion pour la FICCI et le BIPR, ainsi que pour les positions de ce dernier. Une telle conversion, encore plus soudaine que celle de Saint Paul sur le chemin de Damas, n'a pas mis la puce à l'oreille du BIPR qui s'est empressé de se faire le porte-voix de ce Monsieur. Il faudra un jour que le BIPR se demande pourquoi, à plusieurs reprises, des éléments qui ont fait la preuve de leur incapacité à s'intégrer dans la Gauche communiste, se sont tournés vers le BIPR après l'échec de leur "approche" vers le CCI." (Ibid.)

A notre connaissance, le BIPR ne s’est pas encore posé une telle question (tout au moins cela n’est jamais apparu publiquement dans sa presse).


Un des buts du présent article est, entre autres, de tenter d’apporter des éléments de réponse à cette question, ce qui peut être d’une certaine utilité pour cette organisation, mais également pour les éléments qui s’approchent des positions de la Gauche communiste et qui peuvent être impressionnés par l’affirmation du BIPR se présentant comme la "seule organisation héritière de la Gauche communiste d’Italie". Plus généralement, il se propose de comprendre pourquoi cette organisation a connu une série permanente d’échecs dans sa politique de regroupement des forces révolutionnaires à l’échelle internationale.

L’irrésistible attirance des éléments confus vers les sirènes du BIPR

L’attitude du citoyen B., se découvrant d’un seul coup une convergence profonde tant avec les positions du BIPR qu’avec les accusations (totalement calomnieuses) proférées par la FICCI à l’encontre du CCI n’est en réalité que la caricature d’une attitude qu’on a rencontrée à de nombreuses reprises de la part d’éléments qui, après avoir engagé une discussion avec notre organisation, se sont rendu compte qu’ils s’étaient trompés de porte, soit parce qu’ils n’étaient pas réellement d’accord avec nos positions, soit parce que les exigences liées au militantisme dans le CCI leur paraissaient trop contraignantes, soit encore parce qu’ils avaient constaté qu’ils ne pourraient pas mener leur politique personnelle au sein de notre organisation. Très souvent, ces éléments se sont alors tournés vers le BIPR en qui ils voyaient une organisation plus aptes à satisfaire leurs attentes. Nous avons déjà, à plusieurs reprises, évoqué dans nos publications ce type d’évolution. Cela dit, il vaut la peine d’y revenir pour mettre en évidence qu’il ne s’agit pas d’un événement fortuit et exceptionnel, mais que c’est un phénomène répétitif qui devrait faire se poser des questions aux militants du BIPR.

Avant même la naissance du BIPR…

C’est dans la préhistoire du BIPR (et même dans celle du CCI) qu’on trouve une première manifestation de ce qui allait se répéter ensuite de nombreuses fois. Nous sommes dans les années 1973-74. Suite à un appel lancé en novembre 1972 par le groupe américain Internationalism (qui allait devenir par la suite la section du CCI aux États-Unis) en faveur d’un réseau de correspondance internationale, une série de rencontres a été organisée entre plusieurs groupes se réclamant de la Gauche communiste. Les participants les plus réguliers de ces rencontres sont Révolution Internationale en France et trois groupes basés en Grande-Bretagne, World Revolution, Revolutionary Perspective et Workers' Voice (du nom de leurs publications respectives). WR et RP proviennent de scissions au sein du groupe Solidarity lequel se situe sur des positions anarcho-conseillistes. Quant à WV, c’était un petit groupe d’ouvriers de Liverpool qui avaient rompu peu avant avec le trotskisme. Suite à ces discussions, les trois groupes britanniques parviennent à des positions proches de celles de Révolution Internationale et Internationalism (autour desquelles va se constituer le CCI l’année suivante). Cependant, le processus d’unification de ces trois groupes a abouti à un échec. D’une part, les éléments de Workers' Voice décident de rompre avec World Revolution pour la raison qu’ils ont le sentiment d’avoir été floués par WR. En effet, ce dernier groupe avait conservé des positions semi-conseillistes sur la révolution de 1917 en Russie : il considérait que c’était une révolution prolétarienne mais que le parti bolchevique était un parti bourgeois, position dont il avait fini par convaincre les camarades de WV. Et lorsque WR, lors de la rencontre de janvier 1974, a rejeté ses derniers restes de conseillisme en ralliant la position de Révolution Internationale, ces camarades ont eu le sentiment d’avoir été "trahis" et ont développé une forte hostilité envers ceux de WR (qu’ils accusaient d’avoir "capitulé devant RI") ce qui les a conduit à publier une "mise au point" en novembre 74 définissant les groupes qui allaient constituer le CCI peu après comme "contre-révolutionnaires" (2). Pour sa part, RP avait demandé son intégration dans le CCI en tant que "tendance" avec sa propre plate-forme (dans la mesure où il subsistait encore des désaccords entre ce groupe et le CCI). Nous avions répondu à cette demande que notre approche n’était pas d’intégrer des "tendances" comme telles, chacune avec sa propre plate-forme, même si nous considérons qu’il peut exister au sein de l’organisation des désaccords sur des aspects secondaires de ses documents programmatiques. Nous n’avions pas fermé la porte à la discussion avec RP mais ce groupe a commencé alors à s’éloigner du CCI. Il a tenté de constituer un regroupement international "alternatif" au CCI avec WV, le groupe français "Pour une Intervention Communiste" (PIC) et le "Revolutionary Workers' Group" (RWG) de Chicago. Ce "bloc sans principes" (suivant le terme employé par Lénine) a fait long feu. Il ne pouvait en être autrement dans la mesure où la seule question qui rapprochait ces quatre groupes était leur hostilité croissante envers le CCI. Finalement le "regroupement" s’est quand même réalisé en Grande-Bretagne (septembre 1975) entre RP et WV qui ont constitué la "Communist Workers' Organisation" (CWO). Cette unification avait un prix pour RP : ses militants avaient dû accepter la position de WV considérant que le CCI était "contre-révolutionnaire". C’est une position qu’ils ont conservée pendant un certain temps, même après le départ de la CWO, un an plus tard, des anciens membres de WV qui reprochaient notamment à ceux de RP leur … intolérance envers d’autres groupes ! (3) Cette "analyse" de la CWO considérant que le CCI était "contre-révolutionnaire" était basée sur des "argument décisifs" :

"- le CCI défend la Russie capitaliste d’État après 1921 ainsi que les bolcheviks ;

- il soutient qu’un gang capitaliste d’État comme l’opposition de Gauche trotskiste était un groupe prolétarien." (Revolutionary Perspective n° 4)

Ce n’est que bien plus tard, quand la CWO a commencé à discuter avec le Partito Comunista Internazionalista d’Italie (Battaglia Comunista) qu’il a renoncé à qualifier le CCI de "contre-révolutionnaire" (s’il avait maintenu ses critères antérieurs, il aurait dû considérer également BC comme une organisation bourgeoise !).

Ainsi, le point de départ de la trajectoire de la CWO est marqué par le fait que le CCI n’avait pas accepté la demande de RP de s’intégrer dans notre organisation avec sa propre plate-forme. Cette trajectoire a finalement abouti à la formation du BIPR en 1984 : la CWO pouvait enfin participer à un regroupement international après ses échecs précédents.

Les déboires avec le SUCM

Le processus qui a conduit à la formation du BIPR est lui même marqué par ce type de démarche où les "déçus du CCI" se tournent vers le BIPR. Nous ne reviendrons pas ici sur les trois conférences des groupes de la Gauche communiste qui se sont tenues entre 1977 et 1980 suite à un appel lancé par BC en avril 1976 (4). En particulier, notre presse a souvent insisté sur le fait que c’est de façon totalement irresponsable et déterminées uniquement par leurs petits intérêts de chapelle que BC et la CWO ont délibérément sabordé cet effort en faisant voter à la sauvette, à la fin de la 3e conférence, un critère supplémentaire sur la question du rôle et de la fonction du parti visant explicitement à exclure le CCI des futures conférences. (5) En revanche, cela vaut la peine d’évoquer la "conférence" de 1984 qui se présentait comme la suite des trois conférences tenues entre 77 et 80. Cette "conférence" regroupait, outre BC et la CWO, le "Supporters of the Unity of Communist Militants" (SUCM) un groupe d’étudiants iraniens basés principalement en Grande-Bretagne que le CCI connaissait bien pour avoir commencé à discuter avec lui avant de se rendre compte que, malgré ses déclarations se disant en accord avec la Gauche communiste, il s’agissait d’un groupuscule gauchiste (de la mouvance maoïste). Le SUCM s’était alors tourné vers la CWO qui n’avait pas tenu compte des mises en garde de nos camarades de la section en Grande-Bretagne contre ce groupe. Et c’est grâce à cette "recrue" de premier ordre que la CWO et BC avaient pu s’éviter un simple tête à tête lors de cette glorieuse 4e conférence des groupes de la Gauche communiste qui, maintenant que le CCI n’était plus là pour la polluer avec son "conseillisme" pouvait enfin se poser les vrais problèmes de la construction du futur parti mondial de la révolution (6). En effet, toutes les autres "forces" que le tandem CWO-BC avait "sélectionnées" (suivant le terme employé fréquemment par BC) avec "sérieux" et "dans la clarté" pour leur liste d’invités avaient fait défection : soit qu’elles n’aient pu venir, comme c’était le cas du groupe "Kommunistische Politik" d’Autriche ou de L’Éveil Internationaliste soit qu’ils aient déjà disparu au moment de la "Conférence" comme c’était le cas de deux groupes américains, "Marxist Worker" et "Wildcat" ; bizarrement, ce dernier, malgré son conseillisme, était considéré comme entrant dans les "critères" décrétés par BC et la CWO (7).

Autant dire que le flirt avec le SUCM n’a pu se poursuivre bien longtemps, non pas tant grâce à la lucidité des camarades de BC et de la CWO mais tout simplement parce que ce groupe gauchiste, qui ne pouvait éternellement masquer sa véritable nature, a fini par intégrer le Parti communiste d’Iran, une organisation stalinienne bon teint.

Quant aux conférences des groupes de la Gauche communiste, BC et la CWO n’en ont pas convoqué d’autres : ces organisations ont préféré s’éviter le ridicule d’un nouveau fiasco (8).

Deux trajectoires individuelles

Ce type d'attrait pour le BIPR de la part des "déçu du CCI" s’est manifesté à la même période chez l’élément que nous appellerons L et qui, pendant tout un temps a été le seul représentant de cette organisation en France. Cet élément, qui avait fait ses classes dans une organisation trotskiste, s’était rapproché du CCI au début des années 80 au point de poser sa candidature. Évidemment, nous avions mené des discussions très sérieuses avec lui mais nous lui avions demandé de la patience avant qu’il n’entre dans notre organisation car nous constations que, malgré l’affirmation de son plein accord avec nos positions, il conservait encore dans sa démarche politique des traces importantes de son séjour dans le gauchisme, en particulier un fort immédiatisme. De ce fait, de la patience il en avait très peu : lorsqu’il a trouvé que ces discussions duraient trop longtemps à son goût, il les a interrompues unilatéralement pour se tourner vers les groupes qui allaient former le BIPR. Du jour au lendemain, ses positions à géométrie variable ont évolué afin de rejoindre celles du BIPR qui, pour sa part, ne lui a pas demandé la même patience avant de l’intégrer. Preuve que ses convictions n’étaient pas très solides, cet élément a ensuite quitté le BIPR pour naviguer dans différents groupes de la mouvance de la Gauche communiste, dont celles du courant "bordiguiste" avant de revenir… au BIPR au milieu des années 90. A ce moment là, nous avions mis en garde les camarades du BIPR contre le manque de fiabilité politique de cet élément. Cette organisation n’avait pas tenu compte de notre mise en garde et l’avait réintégré. Cependant, comme on pouvait s’y attendre, cet élément n’est pas resté très longtemps au BIPR : au début des années 2000, il a "découvert" que les positions qu’il avait adoptées une deuxième fois ne lui convenaient décidément pas et il est venu à plusieurs de nos réunions publiques pour déverser de la boue sur cette organisation : c’est alors le CCI qui a estimé nécessaire de rejeter ses calomnies et de défendre le BIPR.

Cette série de flirts des déçus du CCI avec le BIPR ne se limite pas aux exemples que nous avons cités.

Un autre élément, qui venait également du gauchisme, que nous appellerons E, a suivi une trajectoire similaire. Avec lui, le processus d’intégration au CCI était allé plus loin qu’avec L puisqu’il était devenu membre de notre organisation après de longues discussions. Cependant, une chose est d’affirmer un accord avec des positions politiques, autre chose est de s’intégrer dans une organisation communiste. Même si le CCI avait expliqué longuement à cet élément ce que signifiait être militant d’une organisation communiste et même s’il avait approuvé notre démarche, l’expérience pratique du militantisme, qui suppose, notamment, de faire un effort constant pour surmonter l’individualisme, l’avait assez rapidement conduit à constater qu’il n’avait pas sa place dans notre organisation contre laquelle il a commencé à développer une attitude hostile. Finalement il a quitté le CCI sans avancer le moindre désaccord avec notre plate-forme (malgré notre demande pour que nous menions une discussion sérieuse sur ses "reproches"). Cela ne l’a pas empêché, peu après, de se découvrir un profond accord avec les positions du BIPR au point que la presse de cette organisation a publié un article de lui de polémique contre le CCI.

Pour en revenir aux groupes qui ont suivi ce type de démarche, la liste ne s'arrête pas aux exemples que nous avons donnés plus haut. Il nous faut évoquer encore ceux du "Communist Bulletin Group" (CBG) en Grande-Bretagne, de Kamunist Kranti en Inde, de Comunismo au Mexique, de "Los Angeles Workers' Voice" et de Notes Internationalistes au Canada.

Les amours sans lendemain du CBG et de la CWO

Notre presse a publié plusieurs articles à propos du CBG (9). Nous ne reviendrons pas sur l'analyse que nous faisions de ce groupuscule parasitaire constitué d'anciens membres du CCI qui avaient quitté notre organisation en 1981 en lui volant du matériel et de l'argent et dont la seule raison d'exister était de couvrir de boue notre organisation. Fin 1983, ce groupe avait répondu favorablement à une "Adresse aux groupes politiques prolétariens" adoptée par le 5e congrès du CCI "en vue d'établir une coopération consciente entre toutes les organisations" (10) : "Nous voulons exprimer notre solidarité avec la démarche et les préoccupations exprimées dans l'adresse…". Cependant, il ne faisait pas la moindre critique de ses comportements de voyous. Aussi écrivions-nous : "Jusqu'à ce que la question fondamentale de la défense des organisations politiques du prolétariat ne soit comprise, nous répondons par une fin de non-recevoir à la lettre du CBG. Ils se sont trompés d'Adresse."

Probablement déçu que le CCI ait repoussé ses avances, et souffrant visiblement de son isolement, le CBG s'est finalement tourné vers la CWO, composante britannique du BIPR. Une rencontre a eu lieu en décembre 1992 à Edimbourg suite à une "colaboration pratique entre membres de la CWO et du CBG". "Un grand nombre d’incompréhensions ont été éclaircies des deux côtés. Il a donc été décidé de rendre la coopération pratique plus formelle. Un accord a été rédigé, que la CWO comme un tout aura à ratifier en janvier (après quoi un rapport complet sera publié) et qui comprend les points suivants…" Suit une liste des différents accords de collaboration et notamment : "Les deux groupes doivent discuter d’un projet de "plate-forme populaire" préparé par un camarade de la CWO en tant qu’outil d’intervention." (Workers' Voice n° 64, janvier-février 1996)

Apparemment, il n’y a pas eu de suite à ce flirt car nous n’avons jamais plus entendu parler de collaboration entre le CBG et la CWO. Nous n’avons non plus jamais lu quoi que ce soit expliquant les raisons pour lesquelles cette collaboration avait tourné en eau de boudin.

Les déboires du BIPR en Inde

Une autre aventure malheureuse du BIPR avec des "déçus du CCI" est celle qui avait pour protagoniste le groupe publiant Kamunist Kranti en Inde. Ce petit noyau était issu d’un groupe d’éléments avec qui le CCI avait mené des discussions au cours des années 1980 et dont certains s’étaient rapprochés de notre organisation, devenant des sympathisants très proches de celle-ci ou même l’intégrant, pour l’un d’entre eux. Cependant, un de ces éléments, que nous appellerons S, et qui avait joué un rôle moteur dans les premières discussions avec le CCI, n’avait pas suivi cette démarche. Craignant probablement de perdre son individualité en cas d’intégration plus grande dans le CCI, il avait constitué son propre groupe, avec comme publication Kamunist Kranti.

Pour sa part, le BIPR avait connu bien des déboires en Inde. Alors que, pour cette organisation, les conditions existant dans les pays de la périphérie "rend possible l’existence d’organisations communistes de masse" (Communist Review n° 3), ce qui suppose évidemment qu’il est plus facile d’y fonder dès à présent de petits groupes communistes que dans les pays centraux du capitalisme, le BIPR souffrait que ses thèses ne se soient pas concrétisées sous la forme de groupes ralliant sa plate-forme. Cette souffrance était d’autant plus grande que, déjà à cette époque, le CCI, malgré ses analyses présentées comme "eurocentristes", avait une section dans un de ces pays de la périphérie, le Venezuela. Évidemment, le flirt avorté avec le SUCM n’avait pu qu’aggraver cette amertume. Aussi, lorsque le BIPR a pu engager des discussions avec le groupe Lal Pataka en Inde, il a cru voir le terme de son calvaire. Le malheur c’est qu’il s’agissait d’un groupe d’extraction maoïste qui, à l’image du SUCM, n’avait pas réellement rompu avec ses origines malgré ses sympathies affichées pour les positions de la Gauche communiste. Face aux mises en garde du CCI contre ce groupe (qui s’est finalement réduit à un élément), le BIPR pouvait répondre : "Quelques esprits cyniques [il s’agit des esprits du CCI] peuvent penser que nous avons accepté ce camarade trop rapidement dans le BIPR." Pendant un certain temps, Lal Pataka était présenté comme la composante du BIPR en Inde mais, en 1991, ce nom disparaît des pages de la presse du BIPR pour être remplacé par celui de Kamunist Kranti. Le BIPR semble miser beaucoup sur ce "déçu du CCI" : "Nous espérons que, dans l’avenir, de fécondes relations pourront être établies entre le Bureau international et Kamunist Kranti." mais ses espoirs sont une nouvelle fois déçus car, deux ans plus tard, on peut lire dans Communist Review n° 11 : "C’est une tragédie que, malgré l’existence d’éléments prometteurs, il n’existe pas encore un noyau solide de communistes indiens". Effectivement, Kamunist Kranti a disparu de la circulation. Il existe bien un petit noyau communiste en Inde, qui publie Communist Internationalist, mais il fait partie du CCI et le BIPR "oublie" d’y faire référence.

Déceptions mexicaines

Au cours de la même période où un certain nombre d’éléments en Inde s’approchaient des positions de la Gauche communiste, le CCI avait engagé des discussions avec un petit groupe au Mexique, le "Colectivo Comunista Alptraum" (CCA) qui a commencé à publier Comunismo en 1986 (11). Peu après, s’est constitué le "Grupo Proletario Internacionalista" (GPI) qui a commencé à publier Revolucion Mundial début 1987 et avec qui les discussions se sont également développées. (12) A partir de ce moment là, le CCA a commencé à s’éloigner du CCI : d’une part, il a adopté une démarche de plus en plus académiste dans son positionnement politique et, d’autre part, il s’est rapproché du BIPR. De toute évidence, ce petit noyau a mal perçu l’établissement de relations entre le CCI et le GPI.

Connaissant la démarche du CCI qui insiste sur la nécessité que les groupes de la Gauche communiste dans un même pays développent des liens étroits, le CCA, qui comptait dix fois moins de membres que le GPI, a probablement jugé que son "individualité" risquait d’être noyée dans un rapprochement avec cette organisation. Les rapports entre le BIPR et le CCA se sont maintenus pendant un certain temps, mais lorsque le GPI est devenu la section du CCI au Mexique, le CCA avait, lui aussi, disparu de la circulation.

Un "rêve américain" tourmenté

Avec l’aventure du "Los Angeles Workers' Voice" nous arrivons presque au bout de cette longue liste. Ce groupe était composé d’éléments qui avaient fait leurs classes dans le maoïsme (de tendance pro-albanaise). Nous avons établi des discussions avec ces éléments pendant une longue période mais nous avons pu constater leur incapacité à surmonter les confusions qu’ils avaient hérités de leur appartenance à une organisation bourgeoise. Aussi, lorsque au milieu des années 90, ce petit groupe s’est approché du BIPR, nous avons mis en garde celui-ci contre les confusions du LAWV. Le BIPR a très mal pris cette mise en garde, estimant que nous ne voulions pas qu’il puisse développer une présence politique sur le continent nord-américain. Pendant plusieurs années, le LAWV a été un groupe sympathisant du BIPR aux États-Unis et, en avril 2000, il a participé à Montréal, au Canada, à une conférence destinée à renforcer la présence politique du BIPR sur le continent nord-américain. Cependant, peu de temps après, les éléments de Los Angeles ont commencé a manifester des désaccords sur tout une série de questions, adoptant de plus en plus une vision anarchiste (rejet de la centralisation, présentation des bolcheviks comme un parti bourgeois, etc.) mais surtout proférant de sordides calomnies contre le BIPR et notamment contre un autre sympathisant américain de cette organisation, AS, qui vivait dans un autre État. Notre presse aux États-Unis a dénoncé les comportements des éléments du LAWV et a apporté sa solidarité aux militants calomniés (13). C’est pour cela que nous n’avons pas jugé utile à ce moment-là de rappeler les mises en garde que nous avions faites au BIPR au début de son idylle avec le LAWV.

L'autre composante nord-américaine de la conférence d'avril 2000, Notes Internationalistes, qui est aujourd'hui "groupe sympathisant" du BIPR, fait également partie des "déçus du CCI". La discussion entre le CCI et les camarades de Montréal avait débuté vers la fin des années 90. Il s'agissait d'un petit noyau dont l'élément le plus formé, que nous appellerons W, avait eu une longue expérience dans le syndicalisme et le gauchisme. Les discussions ont toujours été très fraternelles, notamment lors des différentes visites de militants du CCI à Montréal, et nous espérions qu'elles seraient aussi franches du côté de ces camarades qu'elles l'étaient du nôtre. En particulier, nous avions toujours été clairs sur le fait que nous considérions que la longue période de militantisme de W dans une organisation gauchiste constituait un handicap pour une pleine compréhension des positions et de la démarche de la Gauche communiste. C'est pour cela que nous avions demandé à plusieurs reprises au camarade W de rédiger un bilan de sa trajectoire politique mais, visiblement, ce camarade avait des difficultés à faire ce bilan puisque nous n'avons jamais reçu ce document que pourtant il nous avait promis.

Alors que les discussions avec Notes Internationalistes se poursuivaient et que les camarades ne nous avaient nullement informés d'un éventuel rapprochement avec les positions du BIPR, nous avons pris connaissance d'une déclaration annonçant que NI devenait groupe sympathisant du BIPR au Canada. C'est le CCI qui avait encouragés les camarades de Montréal à prendre connaissance des positions du BIPR et à contacter cette organisation. En effet, notre démarche n'a jamais été celle de "se garder pour soi ses propres contacts". Au contraire, nous estimons que les militants qui s'approchent des positions du CCI doivent bien connaître les positions des autres groupes de la Gauche communiste afin que, s'ils adhèrent à notre organisation, ce soit en pleine connaissance de cause. (14) Que des éléments qui s'approchent de la Gauche communiste tombent d'accord avec les positions du BIPR ne nous pose pas de problème en soi. Ce qui était plus surprenant c'est que ce rapprochement se soit fait "dans le secret" en quelque sorte. De toute évidence, le BIPR n'avait pas les mêmes exigences que le CCI concernant la rupture de W avec son passé gauchiste. Et nous sommes convaincu que c'est là une des raisons qui l'ont conduit à se tourner vers cette organisation sans nous informer de l'évolution de ses positions.

La spécialité du BIPR : l'avortement politique

On ne peut qu'être fasciné par la répétition du phénomène où des éléments qui ont été "déçus par le CCI" se sont tournés ensuite vers le BIPR. Évidemment, on pourrait considérer que c'est là une démarche normale : après avoir compris que les positions du CCI étaient erronées, ces éléments se seraient tournés vers la justesse et la clarté de celles du BIPR. C'est peut être ce que les militants de cette organisation se sont dit à chaque fois. Le problème c'est que de tous les groupes qui ont adopté une telle démarche, le seul qui soit encore présent aujourd'hui dans les rangs de la Gauche communiste est justement celui que nous avons évoqué en dernier, Notes Internationalistes. TOUS les autres groupes, soit ont disparu, soit se sont retrouvés dans les rangs d'organisations bourgeoises bon teint, comme le SUCM. Le BIPR devrait se demander pourquoi et il serait intéressant qu'il livre à la classe ouvrière un bilan de ces expériences. Les quelques réflexions qui suivent pourront peut être aider ses militants à faire un tel bilan.

De toute évidence, ce qui animait la démarche de ces groupes n'était pas la recherche d'une clarté qu'ils n'avaient pas trouvée dans le CCI puisqu'ils ont fini par abandonner le militantisme communiste. Les faits ont amplement démontré que leur éloignement du CCI, comme nous l'avions constaté à chaque fois, correspondait fondamentalement à un éloignement de la clarté programmatique et de la démarche de la Gauche communiste ainsi qu'à un refus des exigences du militantisme au sein de ce courant. En réalité, leur flirt éphémère avec le BIPR n'était qu'une étape avant leur abandon du combat dans les rangs prolétariens. La question se pose alors : pourquoi le BIPR attire-t-il ainsi ceux qui sont engagés dans une telle trajectoire ?

A cette question, il existe une réponse fondamentale : parce que le BIPR défend une démarche opportuniste en matière de regroupement des révolutionnaires.

C'est l'opportunisme du BIPR qui permet aux éléments qui se refusent à opérer une rupture complète avec leur passé gauchiste de trouver un "refuge" momentané dans le sillage de cette organisation tout en continuant à faire croire, ou à se raconter, qu'ils conservent leur engagement dans la Gauche communiste. Le BIPR, notamment à partir de la 3e conférence des groupes de la Gauche communiste, n'a cessé d'insister sur la nécessité d'une "sélection rigoureuse" au sein du milieu prolétarien. Mais, en réalité, cette sélection est à sens unique : elle concerne pour l'essentiel le CCI qui n'est plus "une force valable dans la perspective du futur parti mondial du prolétariat" et qui "ne peut être considéré par nous [le BIPR] comme un interlocuteur valable pour définir une forme d’unité d’action" (réponse à notre appel du 11 février 2003 adressé aux groupes de la gauche communiste pour une intervention commune face à la guerre et publié dans la Revue internationale 113). Par conséquent, il est hors de question pour le BIPR d'établir la moindre coopération avec le CCI, même pour faire une déclaration commune du camp internationaliste face à la guerre impérialiste (15). Cependant, cette grande rigueur ne s'exerce pas dans d'autres directions, et notamment vis-à-vis de groupes qui n'ont rien à voir avec la Gauche communiste, quand ce ne sont pas des groupes gauchistes. Comme nous l'écrivions dans la Revue Internationale n° 103 :

"Pour prendre toute la mesure de l'opportunisme du BIPR à propos de son refus à l'appel sur la guerre que nous avons fait, il est instructif de relire un article paru dans Battaglia Comunista de novembre 1995 et intitulé "Equivoques sur la guerre dans les Balkans". BC y rapporte qu'elle a reçu de l'OCI (Organizazione Comunista Intemazionalista) une lettre/invitation à une assemblée nationale contre la guerre qui devait se tenir à Milan. BC a considéré que "le contenu de la lettre est intéressant et fortement amélioré par rapport aux positions qu'avait prises l'OCI vis à vis de la guerre du Golfe, de "soutien au peuple irakien attaqué par l'impérialisme" et fortement polémique dans la discussion de notre prétendu indifférentisme. "L'article poursuivait ainsi : "Il manque la référence à la crise du cycle d'accumulation (...) et l'analyse essentielle de ses conséquences sur la Fédération Yougoslave. (...) Mais cela ne semblait pas interdire une possibilité d'initiative en commun de ceux qui s'opposent à la guerre sur le terrain de classe". Il y a seulement quatre ans, comme on peut le voir, dans une situation moins grave que celle que nous avons vue avec la guerre du Kosovo, BC aurait été prête à prendre une initiative commune avec un groupe désormais clairement contre-révolutionnaire afin de satisfaire ses menées activistes alors qu'elle a eu le courage de dire non au CCI... sous prétexte que nos positions sont trop éloignées. C'est cela l'opportunisme."

Cette sélectivité à sens unique du BIPR a eu l'occasion de se manifester une nouvelle fois au cours de l'année 2003 lorsqu'il a refusé la proposition du CCI d'une prise de position commune face à la guerre en Irak. Comme nous l'écrivions dans la Revue internationale 116 :

"Nous pourrions nous attendre de la part d'une organisation faisant preuve d'une attitude aussi pointilleuse dans l'examen de ses divergences avec le CCI à une attitude semblable vis-à-vis de tous les autres groupes. Il n'en est rien. Nous faisons référence ici à l'attitude du BIPR via son groupe sympathisant et représentant politique dans la région nord-américaine, le Internationalist Workers' Group (IWG) qui publie Internationalist Notes. En effet, ce groupe est intervenu avec des anarchistes et a tenu une réunion publique commune avec Red and Black Notes, des conseillistes et la Ontario Coalition Against Poverty (OCP) qui paraît être un groupe typiquement gauchiste et activiste." ("Le Milieu politique prolétarien face à la guerre : Le fléau du sectarisme au sein du camp internationaliste")

Comme on peut le voir, l'opportunisme du BIPR se manifeste dans son refus de se positionner clairement à l'égard de groupes qui sont bien éloignés de la Gauche communiste, qui ont fait une rupture incomplète avec le gauchisme (donc avec le camp bourgeois) ou qui sont carrément gauchistes. C'est l'attitude qu'il avait déjà manifestée à l'égard du SUCM ou de Lal Pataka. Avec une telle attitude, il n'est pas étonnant que les éléments qui n'arrivent pas à faire un clair bilan de leur expérience dans le Gauchisme se sentent en meilleure compagnie avec le BIPR qu'avec le CCI.

Cela dit, il semble qu'avec l'attitude du groupe du Canada nous soyons en face d'une manifestation d'une autre variante de l'opportunisme du BIPR : le fait que chacune de ses composantes est "libre de mener sa propre politique". Ce qui est absolument inenvisageable pour les groupes européens est tout à fait normal pour un groupe américain (puisque nous n'avons lu aucune critique dans les colonnes de Battaglia Comunista ou de Revolutionary Perspective de l'attitude des camarades du Canada). Cela s'appelle du fédéralisme, un fédéralisme que le BIPR rejette dans son programme, mais qu'il adopte dans la pratique. C'est ce fédéralisme honteux mais réel qui a incité certains éléments qui trouvaient trop contraignant le centralisme du CCI à se tourner vers le BIPR.

Cela dit, le fait pour le BIPR de recruter des éléments marqués par les restes de leur passage dans le gauchisme ou qui ne supportent pas la centralisation et qui souhaitent pouvoir mener leur propre politique dans leur coin est le meilleur moyen de saper les bases d'une organisation viable à l'échelle internationale.

Un autre aspect de l'opportunisme du BIPR est l'indulgence toute particulière qu'il manifeste envers les éléments hostiles à notre organisation. Comme nous l'avons vu au début de cet article, une des bases de la constitution de la CWO en Grande-Bretagne est non seulement la volonté de maintenir sa propre "individualité" (demande de RP d'être intégrée dans le CCI comme "tendance" avec sa propre plate-forme) mais l'opposition au CCI (considéré pendant un temps comme "contre-révolutionnaire"). Plus précisément, l'attitude qui était celle des éléments de Workers' Voice au sein de la CWO, consistant, comme on l'a vu plus haut, à "utiliser RP comme bouclier contre le CCI" s'est retrouvée chez beaucoup d'autres éléments et groupes dont la principale motivation était l'hostilité envers le CCI. Ce fut notamment le cas de l'élément L qui, quel que fut le groupe auquel il appartenait (et ils furent nombreux), s'y distinguait toujours comme le plus hystérique contre notre organisation. De même, l'élément E que nous avons évoqué plus haut avait commencé à témoigner une violente hostilité au CCI avant que de rejoindre les positions du BIPR. C'est si vrai que, à notre connaissance, le seul texte que le BIPR ait publié de lui était une charge violente contre le CCI.

Que dire aussi du CBG, avec qui la CWO avait engagé un flirt sans lendemain, dont le niveau des dénigrements (y compris avec les racontars les plus sordides) contre le CCI n'avait, jusqu'à récemment, trouvé d'équivalent ?

Mais justement, c'est dans la dernière période que cette démarche d'ouverture vers le BIPR sur la base de la haine du CCI a atteint ses formes les plus extrêmes avec deux illustrations : les avances faites au BIPR par la prétendue "Fraction interne du CCI" (FICCI) et par le citoyen B, fondateur, caudillo et seul membre du "Circulo de Comunistas Internacionalistas" d'Argentine.

Nous n'allons pas revenir en détail ici sur l'ensemble des comportements de la FICCI révélant sa haine obsessionnelle contre notre organisation (16). Nous ne citerons, et de façon très résumée, que quelques uns de ses états de service :

- calomnies répugnantes contre le CCI et certains de ses militants (dont on suggère, après qu'on ait fait circuler cette accusation dans les couloirs du CCI, qu'un d'entre eux travaille pour la police et qu'un autre applique la politique de Staline consistant à "éliminer" les membres fondateurs de l'organisation") ;

- vol de l'argent et du matériel politique du CCI (notamment du fichier d'adresses des abonnés de sa publication en France) ;

- mouchardages donnant aux organes de répression de l'État bourgeois l'occasion de surveiller la conférence de notre section au Mexique qui s'est tenue en décembre 2002 et de découvrir la véritable identité d'un de nos militants (celui qui est présenté par la FICCI comme le "chef du CCI").

Dans le cas du citoyen B, il s'est illustré notamment par la rédaction de plusieurs communiqués ignobles mettant en cause "la méthodologie nauséabonde du CCI" qui est comparée aux méthodes du stalinisme et basés sur un tissu de mensonges grossiers.

Si ce sinistre personnage a pu faire preuve d'une telle arrogance c'est parce que, pendant tout une période, le BIPR qu'il avait flatté en rédigeant des textes reprenant des positions proches de cette organisation (notamment sur le rôle du prolétariat dans les pays de la périphérie), lui a donné un semblant de crédibilité. Non seulement le BIPR a traduit et publié sur son site Internet les prises de position et "analyses" de cet élément, non seulement il a salué la constitution du "Circulo" comme "un important et sûr pas en avant réalisé aujourd'hui en Argentine vers l'agrégation des forces vers le parti international du prolétariat" ("Même en Argentine quelque chose bouge", Battaglia Comunista d'octobre 2004) mais il également publié en trois langues sur son site son communiqué du 12 octobre 2004 qui est un ramassis immonde de calomnies contre notre organisation.

Les amours du BIPR avec cet aventurier exotique ont commencé à prendre l'eau lorsque nous avons mis en évidence de façon irréfutable que ses accusations contre le CCI étaient de purs mensonges et que son "Circulo" n'était qu'une sinistre imposture (17). C'est alors de façon très discrète que le BIPR a commencé à retirer de son site les textes les plus compromettants de ce personnage mais sans jamais, toutefois, condamner ses méthodes même après que nous ayons envoyé une lettre ouverte à ses militants (lettre du 7 décembre 2004 publiée sur notre site Internet) demandant une telle prise de position. La seule réaction que nous ayons eue de cette organisation est un communiqué sur son site "Dernière réponse aux accusations du CCI" qui affirme que le BIPR est "l'objet d’attaques violentes et vulgaires de la part du CCI qui enrage car il est lui-même traversé par une profonde et irréversible crise interne" et que "à partir d’aujourd’hui, nous ne répondrons pas ni ne donnerons suite à aucune de leurs vulgaires attaques".

Quant aux amours avec le "Circulo", elles sont aujourd'hui mortes par la force des choses. Depuis que le CCI a démasqué l'imposture du citoyen B., le site Internet de celui-ci, qui avait connu une agitation fébrile pendant un mois, affiche désormais un encéphalogramme désespérément plat.

En ce qui concerne la FICCI, c'est le même type de complaisance que le BIPR a manifestée à son égard. Au lieu d'accueillir avec prudence les accusations infâmes portées par ce groupuscule contre le CCI, le BIPR a préféré les cautionner en rencontrant la FICCI à plusieurs reprises. Le CCI, après la première rencontre entre FICCI et BIPR, au printemps 2002, a demandé à rencontrer aussi cette organisation pour lui donner sa propre version des faits. Mais elle a décliné cette demande en prétendant qu'elle ne voulait pas prendre partie entre les deux protagonistes. C'était un pur mensonge car le compte rendu fait par la FICCI des discussions avec le BIPR (et jamais démenti par celui-ci) fait état de l'assentiment de ce dernier aux accusations portées contre le CCI. Mais ce n'était là qu'un hors d'œuvre des comportements inqualifiables du BIPR. Par la suite, il est allé bien plus loin. D'une part en fermant les yeux pudiquement sur les comportements de mouchard adoptés par la FICCI, un comportement qu'on pouvait facilement vérifier en consultant simplement son site Internet : le BIPR n'avait même plus l'excuse de dire qu'il n'avait pas les preuves que le CCI disait vrai à propos des agissements de la FICCI. Ensuite, le BIPR est allé encore plus loin en justifiant, purement et simplement, le vol par les membres de la FICCI du matériel politique du CCI après que la convocation à la réunion publique du BIPR à Paris du 2 octobre ait été envoyée aux abonnés de Révolution Internationale dont le fichier d'adresses avait été volé par un membre de la FICCI (18). En somme, de la même façon qu'il a essayé d'attirer dans son giron le "Circulo" d'Argentine en publiant sur son site les insanités du citoyen B., il n'hésite pas à se rendre complice d'une bande de mouchards bénévoles et de voleurs dans l'espoir d'élargir sa présence politique en France et établir une antenne au Mexique (il ne cache pas qu'il espère récupérer dans ses rangs les éléments qui constituent la FICCI).

Contrairement au "Circulo", la FICCI vit toujours et continue de publier régulièrement des bulletins en bonne partie consacrés à la calomnie contre le CCI. Le BIPR, pour sa part affirme que : "les liens avec le FICCI existent et persistent". Peut être réussira-t-il à intégrer les membres de la FICCI quand ces derniers seront fatigués d'affirmer, contre toute évidence, qu'ils sont les "véritables continuateurs du vrai CCI". Mais alors, le BIPR sera allé au bout de sa démarche opportuniste, une démarche opportuniste qui, dès à présent jette un fort discrédit sur la mémoire de la Gauche communiste dont il continue de se réclamer. Et même si le BIPR parvient à intégrer les éléments de la FICCI, il ne devrait pas se réjouir trop vite : sa propre histoire aurait dû lui apprendre qu'avec les résidus qu'on trouve dans les poubelles du CCI, on ne peut pas faire grand chose.

Mensonges, complicité avec le mouchardage, la calomnie et le vol, trahison des principes d'honnêteté et de rigueur organisationnelle qui avaient fait l'honneur de la Gauche communiste d'Italie : voilà où conduit l'opportunisme. Et le plus triste pour le BIPR, c'est que cela ne lui rapporte pas grand chose dans la pratique. C'est justement parce qu'il n'a pas encore compris qu'avec une méthode opportuniste (c'est-à-dire une méthode qui privilégie les "succès immédiats" à la perspective à long terme, au besoin en s'asseyant sur les principes) on construit sur du sable, que le seul domaine où le BIPR a fait preuve d'une certaine efficacité, c'est celui des avortements. C'est pour cela que, après plus d'un demi-siècle d'existence, le courant qu'il représente en est toujours réduit à l'état d'une petite secte, avec bien moins de forces politiques qu'il n'avait à ses origines.

Dans un prochain article, nous reviendrons sur ce qui constitue justement le fondement de la méthode opportuniste du BIPR qui l'ont conduit aux tristes contorsions dont nous avons été témoins au cours de la dernière période.

Fabienne

1 Une précipitation que n’approuvaient pas les autres camarades qui ne s’estimaient pas encore en mesure de faire un tel pas.

2 Voir le n° 13 de Workers' Voice auquel nous apportons une réponse dans la Revue internationale n° 2 ainsi que notre article de World Revolution n° 3 "Sectarism illimited".

3 Lorsque la CWO s’était constituée, nous l’avions qualifiée de "regroupement incomplet" (voir World Revolution n° 5). C’est très rapidement que les faits avaient confirmé cette analyse : dans un procès verbal d’une réunion de la CWO se penchant sur le départ des éléments de Liverpool, il est écrit "Il a été montré que l’ancien WV n’a jamais accepté le politique de fusion sauf pour utiliser RP comme bouclier contre le CCI" (cité dans "La CWO, passé, présent, futur", texte rédigé par les éléments qui ont scissionné de la CWO en novembre 1977 pour rejoindre le CCI, publié dans la Revue internationale n° 12).

4 Il faut ici faire une précision : bien souvent, à la lecture de la presse du BIPR ou d’autres, on a l’impression que le mérite de ces conférences revient uniquement à BC puisque c’est suite à son appel de 1976 que s’était tenue la conférence de Milan en mai 1977, première des trois qui ont eu lieu. A une telle idée nous répondions déjà dans une lettre adressée à BC le 9 juin 1980 : "Si on s’en tient aux aspects formels, alors oui, c’est l’appel publié en avril 1976 par BC qui en constitue le point de départ. Mais faut-il vous rappeler, camarades, que déjà en août 1968 la proposition de convoquer une conférence vous fut faite par trois de nos camarades qui étaient venus vous voir à Milan ? A l’époque, notre organisation était moins qu’embryonnaire (…) Dans ces conditions, il nous était difficile d’appeler à une conférence des différents groupes qui étaient apparus ou s’étaient développés à la suite de mai 68. Nous pensions qu’une telle initiative devait venir d’un groupe plus important, organisé et connu, doté d’une presse plus régulière et fréquente comme c’était justement le cas du vôtre. C’est pour cela que nous vous avons fait cette suggestion en insistant sur l’importance de telles conférences au moment où la classe ouvrière commençait à secouer le terrible carcan de la contre-révolution. Mais, à ce moment-là, estimant qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, que mai 68 n’était rien d’autre qu’une révolte estudiantine, vous avez rejeté une telle proposition. L’été suivant, alors que le mouvement de grèves commençait à toucher l’Italie (…) nous vous avons fait la même proposition et vous nous avez donné la même réponse. (…) Alors que le mouvement de grèves se développait dans toute l’Europe, nous vous avons refait la même proposition lors de votre congrès de 1971. Et votre réponse fut la même qu’auparavant. Finalement, ne "voyant rien venir", nous avons lancé en novembre 1972, par l’intermédiaire de nos camarades d’Internationalism (qui allaient constituer la section américaine du CCI) l’initiative d’une "correspondance internationale" basée sur le besoin, provoqué par la reprise prolétarienne, de discussions entre révolutionnaires. Cette proposition était adressée à une vingtaine de groupes, dont le vôtre, sélectionnés sur la base d’un certain nombre de critères très semblables à ceux des récentes conférences et qui se fixait comme perspective la tenue d’une conférence internationale. En ce qui vous concerne, vous avez répondu négativement à cette initiative en répétant les arguments que vous aviez déjà opposés à nos propositions précédentes (…) Faut-il penser que, pour cette organisation [le PCInt], il n’y a de bonne initiative que si elle en est elle-même l’auteur ? (…) Ainsi notre organisation a toujours poussé dans le sens de la tenue de conférences internationales de groupes communistes. Et on peut dire que l’initiative de 1976 du "Partito Comunista Internazionalista" ne constituait nullement une sorte de "première" mais était plutôt un réveil tardif et une réponse avec huit ans de retard à notre première proposition de 1968 ou avec quatre ans de retard à notre proposition de 1972. (…) tout cela ne nous a pas empêché de répondre immédiatement de façon positive à cette initiative. Et on peut même dire, pour en terminer avec cette question, que c’est grâce à notre adhésion que l’initiative de Battaglia n’est pas tombée à l’eau puisque, à part vous, nous étions les seuls participants effectifs à la conférence de Milan de 1977." (lettre publiée dans le procès verbal en langue française de la 3e conférence des groupes de la Gauche communiste édité sous la responsabilité du CCI)

5C’est au moyen de manœuvres dignes des pratiques parlementaires de la bourgeoise que BC a réalisé son petit coup d’éclat :

- à aucun moment avant la conférence elle n’avait demandé que la question de l’adoption d’un critère supplémentaire sur la question du parti soit mise à l’ordre du jour ;

- c’est à l’issue de longues tractations de couloir avec la CWO qu’elle a convaincu cette organisation de soutenir sa proposition (au lieu de présenter publiquement les arguments qu’elles a réservés à la CWO) ;

- lorsque quelques mois auparavant, lors d’une réunion du comité technique chargé de préparer la conférence, nous avions demandé à BC si elle comptait écarter le CCI des futures conférences, ce groupe avait répondu très clairement qu’il était favorable à leur poursuite avec tous les participants y compris le CCI.

Par ailleurs, le vote - deux voix en faveur d’un nouveau critère, une voix contre (le CCI) et deux refus de vote - a eu lieu après le départ de l’autre groupe qui, avec le CCI, était contre l’adoption d’un tel critère.

6 "Maintenant, il existe le fondement du début du processus de clarification sur les véritables tâches du parti… Bien qu’aujourd’hui nous ayons moins de participants qu’aux 2e et 3e conférences, nous commençons sur une base plus claire et plus sérieuse" (Procès verbal de la conférence)

7 Ce qui montre bien que ce n’est pas la position du CCI sur le rôle du parti qui posait problème à BC et à la CWO mais bien le fait que le CCI était pour une discussion sérieuse et rigoureuse, ce dont ces deux organisations ne voulaient pas.

8 Le compte rendu de la 4e conférence est assez surréaliste : d’une part, il est publié deux ans après cet événement historique ; d’autre part on y constate que la plupart des forces sérieuses "sélectionnées" par BC et la CWO ont disparu avant qu’elle ne se tienne ou peu après. Mais on y apprend aussi :

- que le "Comité technique" (BC-CWO) est incapable de publier le moindre bulletin préparatoire, ce qui est d’autant plus gênant que la conférence est tenue en Anglais et que les textes de référence de BC sont tous publiés en Italien ;

- que le groupe qui organise la conférence est incapable de traduire la moitié des interventions.

9 Voir notamment "Réponse aux réponses", Revue internationale 36

10 Voir Revue Internationale n° 35.

11 Voir Revue internationale 44 : "Salut à Comunismo n° 1"

12 Voir "Développement de la vie politique et des luttes ouvrières au Mexique" dans la Revue internationale 50.

13 Voir notre article "Defense of the revolutionary milieu" dans Internationalism 122 (été 2002).

14 C'est pour cela que nous les encourageons à aller aux réunions publiques de ces groupes, et notamment du BIPR, comme nous l'avons fait lors de la réunion publique de cette organisation qui s'est tenue à Paris le 2 octobre 2004. Il faut noter que le BIPR avait alors peu apprécié la présence "massive" de nos sympathisants comme il apparaît dans la prise de position qu'il avait faite sur cette RP.

15 Voir notamment à ce sujet notre article "Le Milieu politique prolétarien face à la guerre : Le fléau du sectarisme au sein du camp internationaliste" dans la Revue internationale n° 116.

16 Voir à ce sujet nos articles "le combat pour la défense des principes organisationnels" et "15e congrès du CCI : renforcer l'organsiation face aux enjeux de la péiode" dans les numéros 110 et 114 de la Revue Internationale

17 Voir sur notre site Internet les différentes prises de position du CCI à propos du "Circulo" : "Une étrange apparition" ; "Une nouvelle étrange apparition" ; "Imposture ou réalité ?" et également dans notre presse territoriale : "'Circulo de Comunistas Internacionalistas' (Argentine) Un imposteur démasqué"

18 Voir à ce propos l'article Réponse au BIPR: "Le vol et la calomnie ne sont pas des méthodes de la classe ouvrière !" sur notre site Internet.

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