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La lettre qui suit a été envoyée au CCI ainsi qu'à d'autres groupes et éléments isolés comme réponse à une polémique publiée dans le journal du CCI en Grande-Bretagne et intitulée « Le CWO victime du parasitisme politique ». Cette polémique estimait que l'arrêt de la publication de Workers Voice, journal de la CWO, son apparent regroupement avec le CBG et son refus d'aider à la défense d'une réunion publique du CCI à Manchester contre des attaques, constituaient des concessions au parasitisme. De telle concessions trouvent une explication dans des conceptions erronées concernant le milieu politique prolétarien et qui se trouvaient déjà dans les bases de la formation de la CWO ainsi que de son regroupement avec Battaglia Comunista pour constituer le « Bureau International Pour le Parti Révolutionnaire » (BIPR).
Lettre de la CWO à World Revolution
C'est avec une certaine stupéfaction que nous avons lu votre attaque contre nous dans World Révolution n°190. La férocité de la polémique n'était pas une surprise et nous ne discuterons pas de l'importance de la question en jeu (l'organisation révolutionnaire), mais du fait que cette polémique est entièrement fondée sur une série d'erreurs factuelles qui auraient pu aisément être évitées en nous demandant tout simplement ce qu'il en était. Lorsque nous avons lu le compte-rendu très déroutant de votre 11e congrès, nous ne nous sommes pas lancés dans une polémique sur les dernières scissions dans le CCI sur la base de son stalinisme supposé. Au contraire, le BIPR a discuté de ce rapport avec les camarades de RI à Paris en juin dernier et a été rassuré par eux sur le fait que le CCI ne faisait que garantir un fonctionnement interne futur en accord avec les normes d'une politique principielle prolétarienne. Nous sommes entièrement d'accord que l'existence de «clans» (fondés sur des loyautés personnelles), contrairement à l'existence de tendances (basées sur des divergences politiques concernant des questions nouvelles) sont quelque chose qu'une organisation saine doit éviter. Cependant, nous pensons que la manière dont vous avez ensuite traité cette question vous a conduits à une vision caricaturale de la question de l'organisation politique à l'heure actuelle. Nous aborderons cela dans un prochain article de notre presse. Pour le moment, nous aimerions que vous publiez cette lettre, en guise de correctif, pour permettre à vos lecteurs de juger par eux-mêmes.
- Nous allons écrire une histoire de la CWO pour nos propres membres et sympathisants mais nous pouvons assurer à vos lecteurs que, bien longtemps avant que la CWO ou le CCI n'ait vu le jour, la question des droits fédéralistes avait été tranchée en faveur d'une organisation internationale centralisée. La demande de «droits fédéralistes» à laquelle FS fait référence est une simple lettre écrite avant que ni la CWO ni le CCI n'existent, lorsque RP (Revolutionnary Perspectives) se réduisait à un seul individu !
- En septembre 1975, c'était une condition d'admission dans la CWO que de reconnaître la révolution russe d'Octobre 1917 comme prolétarienne et comme l'étant restée durant les 3 ans et demi qui ont suivi.
- La réévaluation par la CWO de la contribution des gauches allemande et italienne à l'actuelle clarté de la Gauche communiste internationale ne s'est pas faite du jour au lendemain. Elle a pris cinq années de débat, souvent difficile et quelquefois douloureux, avec des changements constants dans les positions en présence à mesure que les questions étaient approfondies. On peut trouver les textes de la CWO sur ce débat dans Revolutionnary Perspectives n°18, 19 et 20. Nos discussions avec Il Partito Comunista Intemazionalista (Battaglia Comunista) ont commencé lorsqu'il a fraternellement critiqué notre plate-forme en septembre 1975 et nous n'avons pas formé le Bureau avant 1984. Ce n'était certainement pas un arrangement opportuniste précipité !
- Les «maoïstes» iraniens dont vous parlez étaient les «Student Supporters of thé Unity of Communist Militants» (Partisans étudiants de l'unité des combattants communistes). Ils ne pouvaient pas être maoïstes sinon le CCI n'aurait pas mené (à notre insu à l'époque) des discussions secrètes avec eux, des mois avant que nous ne les rencontrions. Ils ne pouvaient pas être maoïstes puisqu'ils ont accepté tous les critères fixés comme critères prolétariens de base par les Conférences Internationales de la Gauche Communiste. Leur évolution ultérieure les a conduits dans le parti communiste d'Iran qui s'était formé sur des principes contre-révolutionnaires. Notre critique de cette organisation peut être trouvée dans la Communist Review n°1.
- Le «Communist Bulletin Group» n'était pas seulement constitué d'ex-membres de la CWO, comme tous vos articles essayent de le maintenir. Il comprenait également des gens qui n'ont jamais été à la CWO, y compris un membre fondateur de World Revolution (qui venait, comme tous les autres fondateurs, du groupe Solidarity). Il peut également avoir échappé à vos lecteurs que le CBG n'existe plus, excepté dans les pages de WR.
- La CWO ne participe à aucun regroupement, formel ou informel, avec l'ex-CBG ni avec aucun de ses membres individuellement. En fait, à part l'accusé de réception à l'annonce de sa disparition, nous n'avons eu aucun contact direct avec le CBG depuis que nous lui avons envoyé un texte sur l'organisation en juin 1993. Ceci semble avoir précipité sa crise finale.
- Des membres de la CWO ont effectivement participé au cercle d'études de Sheffield, qui incluait au départ des anarchistes, des personnes non affiliés se réclamant de la Gauche communiste, Subversion et un membre de l'ex-CBG. Cependant, comme des membres du CCI de Londres y ont également assisté (après avoir demandé leurs invitations aux anarchistes plutôt qu'à nous !), nous n'étions pas trop inquiets sur le risque d'être happés par les parasites. Ceci s'est terminé au printemps 1995, lorsqu'il fut clair que seule la CWO était intéressée à poursuivre le travail d'approfondissement. Le cercle de Sheffield a depuis été remplacé par des «réunions de formation» de la CWO qui sont ouvertes à tous ceux qui sympathisent avec les positions de la Gauche communiste et sont prêts à approfondir sur les thèmes de chaque réunion. Jusque là, personne d'aucune autre organisation n'y a participé.
- Nous n'avons jamais exclu le CCI d'aucune de nos initiatives. Lorsque nous l'avons invité à prendre part aux réunions communes de tous les groupes de la Gauche Communiste, il a refusé sur la base qu'il «ne voulait pas partager une plate-forme avec les parasites» (mais il était quand même présent à la réunion). Loin de redouter la confrontation politique avec le CCI, c'est nous qui avons initié la série de débats qui se sont tenus à Londres à la fin des années 70 et au début des années 80. Par le passé, nous avons été présents à une douzaine de réunions publiques du CCI à Londres et Manchester, malgré les problèmes géographiques. En 15 ans, le CCI n'a assisté qu'à une seule de nos réunions à Sheffield (et uniquement pour vendre WR).
- En réalité, il n'y avait aucun membre de la CWO à la réunion de Manchester autour de laquelle votre attaque fait tant de tapage. Un sympathisant de la CWO constituait tout le public jusqu'à ce que les deux autres individus arrivent. Pratiquement chacun de vos mots sur la réunion est une grossière exagération. Notre sympathisant s'est comporté d'une manière absolument correcte durant la réunion. Il s'est explicitement dissocié de toutes les accusations de «stalinisme» faites au CCI, mais a attendu que le reste du « public » soit parti avant de critiquer le comportement du présidium (...).
- Nous n'avons pas liquidé notre journal mais adopté une nouvelle stratégie de publication qui, pensons-nous, nous permettra de toucher plus de communistes potentiels. La CWO n'a pas abandonné toute existence organisationnelle, ni «apparemment» ni autrement. Au contraire, le début de 1996 a marqué notre renforcement organisationnel. Vue la condition actuelle de World Révolution, rendue évidente par sa polémique d'un sectarisme sans précédent, il est plus nécessaire que jamais que nous poursuivions notre tâche pour l'émancipation de notre classe. Ce qui inclut naturellement des débats sérieux parmi les révolutionnaires.
CWO.
Réponse à la CWO
Pour répondre à la lettre de la CWO et rendre nos désaccords mutuels intelligibles pour le milieu politique prolétarien, nous devons aller au delà d'une réplique au coup par coup aux «rectifications» ci-dessus. Nous ne pensons pas que notre polémique était basée sur des erreurs factuelles, comme nous allons le montrer. Nous pensons que les «démentis factuels» de la CWO ne font qu'obscurcir les questions sur lesquelles portent nos désaccords. Ils tendent à donner l'impression que les débats entre organisations révolutionnaires sont de vulgaires querelles de chapelles et font de ce fait, le jeu des parasites qui prétendent qu'une confrontation organisée des divergences est inutile.
Nous avons donné comme argument dans notre polémique que la faiblesse de la CWO envers le parasitisme était basée sur une difficulté fondamentale à définir le milieu politique prolétarien, le processus de regroupement qui doit prendre place au sein de celui-ci et même à clarifier les bases de sa propre existence comme organisation séparée dans le milieu. Ces confusions organisationnelles se sont illustrées dans les événements entourant la naissance de la CWO et dans son attitude politique avec Battaglia Comunista lors des Conférences des groupes de la Gauche Communiste (1977-1980). Malheureusement, dans sa lettre, la CWO n'évoque pas ces arguments (qui ne sont pas nouveaux et qui ont été développés dans la Revue Internationale au cours des 20 dernières années), préférant se cacher derrière le rideau de fumée de ses accusations à propos de nos «erreurs factuelles».
La fondation incomplète de la CWO
La CWO a été formée sur la base des positions programmatiques et du cadre théorique développés par la Gauche Communiste. C'était de ce fait une expression véritable du développement de la conscience de classe dans la période qui suit la fin de la contre-révolution. Mais la CWO a été formée en 1975, en même temps qu'une autre organisation - avec laquelle elle avait été en discussion jusqu'alors - était créée sur la base des mêmes positions de classe et du même cadre principiel : le Courant Communiste International. Pourquoi la création par la CWO d'une organisation séparée avec les mêmes positions politiques ? Comment justifier une telle division des forces révolutionnaires alors que leur unité et leur regroupement sont d'une importance fondamentale pour l'accomplissement de leur rôle d'avant-garde dans la classe ouvrière ? Pour le CCI, le processus de regroupement devait se poursuivre en dépit des difficultés. Pour la CWO, une politique de développement séparé était nécessaire à cause de certaines divergences avec le CCI qui, sans être négligeables, étaient secondaires. La CWO avait une interprétation différente de celle du CCI sur QUAND s'était achevée la dégénérescence de la Révolution russe. Ces camarades considéraient que, du fait de ces divergences, le CCI n'était pas un groupe communiste mais un groupe contre-révolutionnaire.
Une telle confusion à propos des bases sur lesquelles il fallait créer une organisation séparée et sur lesquelles il fallait établir des relations avec d'autres organisations, a renforcé inévitablement l'esprit de chapelle qui était si prégnant lors de la réémergence des forces communistes depuis 1968. Une des illustrations de cet esprit sectaire était la requête de la part du noyau qui allait constituer la CWO en faveur de droits fédéraux au sein du CCI.
Dans leur lettre les camarades de la CWO affirment leur accord pour la centralisation internationale et leur rejet du fédéralisme. C'est évidemment très louable mais ne répond pas à la question : une telle requête (qui n'est pas démentie par les camarades) était-elle ou non une expression de mentalité sectaire ? N’était-ce pas une tentative de préserver artificiellement l'identité du groupe en dépit de son accord avec le CCI sur les principes fondamentaux du marxisme ? La véritable erreur de la requête n'était pas dans ses concessions au fédéralisme comme tel mais dans la tentative de maintenir en vie la mentalité de boutiquier. Néanmoins, nous pouvons voir qu'un tel esprit sectaire peut conduire à l'affaiblissement de certains principes que l'organisation peut par ailleurs s'efforcer de défendre. Malgré la ferme conviction de la CWO en faveur de l'organisation internationale centralisée, son regroupement avec Battaglia Comunista en 1984 conduisant à la formation du BIPR (c'est-à-dire au moins 9 ans après que la question des droits fédéralistes ait été apparemment tranchée par la CWO) l'autorise à conserver une plate-forme séparée, tant la plate-forme de Battaglia que celle du BIPR, à conserver son propre nom et à décider de sa propre activité nationale.
La question ici n'est pas si la CWO croit à l'esprit de centralisation internationale mais que la confusion sur les problèmes organisationnels du regroupement rend la chair faible.
C'est vrai que la proposition de «droits fédéraux» n'était probablement pas le signe le plus important de la confusion sur les problèmes du regroupement. Mais nous pensons que la CWO a tort d'en nier complètement l'importance. Si le CCI n'avait pas fermement rejeté cette proposition, il apparaît bien probable, à en juger par le caractère fédéraliste du regroupement avec Battaglia Comunista, que cette demande de droits fédéralistes n'en serait pas restée à un peu d'encre jetée sur du papier.
Il est stupide que les camarades protestent que la lettre avait été écrite avant que la CWO et le CCI ne se constituent et que, de ce fait, elle n'était pas significative. Une telle lettre n'aurait pu être écrite après la formation de la CWO, puisqu'une des bases de cette dernière était que le CCI était passé dans le camp du capital !
Dans une autre «rectification» de notre polémique initiale, les camarades de la CWO insistent sur le fait que la reconnaissance de la nature prolétarienne de la Révolution d'Octobre 1917 était une condition d'admission à la CWO depuis septembre 1975. Nous l'accordons volontiers aux camarades et nous n'avons pas défendu le contraire dans notre polémique. Les camarades qui ont fondé le CCI se souviennent bien des longues discussions qu'ils ont dû mener à partir de 1972-74 pour convaincre ceux qui allaient fonder la CWO de la nature prolétarienne d'Octobre1. Nous avons mentionné, dans notre polémique, que le groupe Workers Voice de Liverpool, à qui Revolutionnary Perspectives s'est joint en 1975 pour former la CWO, n'était pas homogène sur cette question vitale, pour ensuite illustrer le fait que ce regroupement était, au mieux, contradictoire. Cela semble s'être confirmé avec la séparation, un an plus tard, entre les deux parties constitutives de la CWO suivie d'une nouvelle séparation en deux, peu après. Non seulement la CWO avait élevé des questions secondaires au niveau de frontières de classe, mais elle avait aussi minimisé des questions fondamentales.
La CWO, les Conférences internationales et le BIPR
Les problèmes de compréhension de ce qu'est le milieu politique prolétarien et de comment il peut être unifié, ont également été rencontrés lors des Conférences internationale. L'appel à ce type de rencontre par Battaglia Comunista et les réponses positives données par le CCI, la CWO et d'autres groupes exprimaient indiscutablement la volonté d'éliminer les fausses divisions dans le mouvement révolutionnaire. Malheureusement, la tentative est finalement tombée par terre après trois conférences. La principale raison de cet échec résidait dans des erreurs politiques sérieuses concernant les conditions et le processus du regroupement des révolutionnaires.
Les critères d'invitation par BC à la première conférence n'étaient pas clairs puisque des groupes gauchistes de l'époque, comme Combat Communiste et Union Ouvrière faisaient partie de la liste. Des organisations faisant partie du camp révolutionnaire, comme Programma Comunista, n'en faisaient pas partie. En outre, il n'était pas clair pour quelle raison la rencontre des groupes communistes devait avoir lieu. Dans son document d'invitation initial, BC considérait que c'était à cause de la social-démocratisation des PC européens.
Depuis le début, le CCI insistait pour une claire délimitation des groupes pouvant participer à de telles conférences. A cette époque, la Revue internationale n°11 avait publié une Résolution sur les groupes politiques prolétariens adoptée au 2e Congrès du CCI. Dans la Revue internationale n° 17 a été publiée une Résolution sur le processus de regroupement qu'il avait soumise à la 2e Conférence. Une idée claire de qui appartenait au milieu révolutionnaire était nécessaire pour poursuivre le processus de regroupement. Le CCI insistait également pour que les discussions des conférences soient dédiées à l'examen des divergences politiques fondamentales existant entre les groupes et à l'élimination progressive des fausses divisions, particulièrement celles créées par le sectarisme.
Une illustration des différentes conceptions sur ce que devraient être les conférences est donnée à travers la discussion d'ouverture à la 2e Conférence (novembre 1978). Le CCI avait proposé une résolution incluant une critique des groupes comme Programma et le FOR qui avaient refusé, de façon sectaire, de participer. Cette résolution fut rejetée à la fois par BC et la CWO, cette dernière répondant :
«Nous pouvons regretter que certains de ces groupes aient jugé sans intérêt de participer. Cependant, certains de ces groupes vont changer de position dans le futur. De plus, la CWO est en train de discuter avec certains d'entre eux, et il ne serait guère diplomatique de faire une telle résolution» (Brochure sur la 2e Conférence des groupes de la Gauche communiste, Vol.2).
Là résidait le problème des conférences. Pour le CCI, elles devaient continuer, en se basant sur des principes organisationnels clairs au centre du processus de regroupement. Pour la CWO et BC ce processus était une question de... diplomatie, même si seule la CWO était assez maladroite pour le dire ouvertement.2
Initialement, la CWO et BC n'étaient pas clairs sur qui devrait participer aux conférences. Ultérieurement, ces organisations sont passées à une bien plus grande restriction dans les critères, restriction sur laquelle elles ont insisté soudainement à la fin de la 3e conférence. Le débat sur le rôle du parti, qui demeurait une question essentielle en discussion entre les différents groupes, a été clos. Le CCI, qui n'était pas d'accord avec la position adoptée par BC et la CWO, a été exclu des conférences.
Le caractère erroné de cette démarche s'est révélé quand, à la 4e conférence, la CWO et BC ont relâché les critères afin de permettre que la place du CCI soit prise par le SUCM (Student supports of the Unity of Communist Militants) dont la rupture avec le gauchisme iranien n'était qu'apparente. Cependant, d'après la lettre de la CWO, le SUCM n'était pas maoïste puisque le CCI avait discuté avec lui «secrètement» et puisqu'il avait accepté les critères de participation aux conférences. La CWO semble ici adopter un «argument» assez malencontreux - nos fautes ont été aussi vos fautes - qui relève d'une méthode bien peu appropriée pour traiter des faits. Nous reviendrons sur cet «argument» plus loin.
«1.1 La domination du révisionnisme sur le parti communiste de Russie a abouti à la défaite et au recul de la classe ouvrière mondiale dans une des ses principales places fortes»3. Par révisionnisme, ces maoïstes iraniens, comme ils l'expliquent ailleurs dans leur programme, entendaient la révision «Kroutchévienne» du «Marxisme-Léninisme», c'est-à-dire du stalinisme. Selon eux, le prolétariat a été définitivement défait, non pas lorsque Staline a annoncé la construction du socialisme dans un seul pays, mais au contraire après la mort de Staline, c'est-à-dire bien après l'écrasement de la classe ouvrière russe dans les goulags et sur les champs de bataille impérialistes, la destruction du parti bolchevik, l'écrasement de la classe ouvrière allemande, espagnole, chinoise, bien après l'envoi de 20 millions d'être humains dans l'abattoir de la seconde guerre mondiale...
A ses débuts, la CWO taxait le CCI de contre-révolutionnaire parce que ce dernier considérait que la dégénérescence de la révolution d'Octobre n'était pas achevée en 1921. Sept ans plus tard, la CWO tenait des discussions fraternelles en vue de former le futur parti avec une organisation qui considérait la révolution comme ayant pris fin en ... 1956 !
Selon le SUCM, ce n'était pas la révolution socialiste qui était à l'ordre du jour en Iran comme partout ailleurs mais la «révolution démocratique», supposée en être une étape.
Niant la nature impérialiste de la guerre Iran-Irak, le SUCM avançait les arguments les plus sophistiqués pour appeler au sacrifice du prolétariat sur l'autel de la défense nationale. Le SUCM semblait être d'accord avec BC et la CWO sur le rôle du parti mais le «rôle organisateur» du parti qu'il avait à l'esprit c'était la mobilisation des masses derrière sa tentative de prise du pouvoir bourgeois.
A la 4e Conférence, la CWO avait pourtant fait preuve d'une timide clairvoyance sur la nature réelle du SUCM :
«Notre réelle objection concerne cependant la théorie de l'aristocratie ouvrière. Nous pensons que ce sont les derniers germes du populisme de l’UCM et que son origine est dans le maoïsme.»4
«La théorie de la révolution paysanne [du SUCM] est une réminiscence du maoïsme, chose que nous rejetons totalement»5
Voilà pour l'organisation dont la CWO dit maintenant qu'elle «ne pouvait pas être maoïste».
Le grand intérêt et l'apparente fraternité dont faisait montre le SUCM à l'égard du milieu politique prolétarien en Grande-Bretagne ainsi que la dissimulation de son stalinisme derrière un écran de radicalisme verbal, donnent probablement un début d'explication au fait que la CWO et BC ont pu se laisser rouler. C'est vrai que la section du CCI en Grande-Bretagne, World Revolution, avait initialement pensé que le SUCM pouvait être une expression de la vague de luttes ouvrières en Iran à l'époque (1980), avant de réaliser la nature contre-révolutionnaire du SUCM. Mais ceci ne suffit pas à fournir une explication satisfaisante de l'auto-mystification de la CWO dans la mesure, en particulier, où WR l'avait mise en garde sur la nature du SUCM et avait critiqué le laxisme de sa propre appréciation initiale. WR avait également tenté de dénoncer cette organisation à une conférence de la CWO mais avait été interrompu par les huées de la CWO avant d'avoir pu terminer son intervention.6
Le débat entre révolutionnaires ne peut être basé sur la moralité philistine des «torts partagés». Il y a erreur et erreur. World Revolution a réussi à ne pas tomber dans des erreurs majeures et en a tiré les leçons. La CWO et BC ont commis une faute tragique, dont les effets négatifs sur le milieu politique prolétarien se font encore sentir aujourd'hui. La farce de la 4e Conférence donna le coup de grâce aux Conférences en tant que pôle de référence pour l'émergence des forces révolutionnaires. Et la CWO refuse toujours aujourd'hui de reconnaître le désastre et les origines de celui-ci. Ces origines résident dans la cécité concernant la nature du milieu politique prolétarien et qui a conduit à une politique de regroupement basée sur la diplomatie.
La formation du BIPR
Dans la polémique de WR nous avançons que le regroupement entre la CWO et BC a souffert du même type de faiblesses que les Conférences internationales. En particulier, ce regroupement n'est pas intervenu comme résultat d'une claire résolution des divergences qui séparaient les groupes de la Gauche communiste, ni de celles entre BC et la CWO.
D'une part, le BIPR affirmait qu'il n'était pas une organisation unifiée puisque chaque groupe avait sa propre plate-forme. Le BIPR a pas mal de plates-formes : celle de BC, celle de la CWO et celle du BIPR qui est un agrégat des deux premières moins leurs désaccords. En plus, la CWO a une plate-forme pour les groupes de chômeurs et une plate-forme pour les groupes d'usine. Il s'était également engagé dans le processus d'écriture d'une «plate-forme populaire» avec le Communist Bulletin Group, comme nous le verrons plus loin. Si elle continue comme cela, la CWO aura bientôt plus de plates-formes que de militants... Le BIPR est «pour le parti» mais comporte déjà une organisation, BC, qui prétend être le parti : le «Partito Comunista Internazionalista».
D'un autre côté, nous n'avons jamais vu dans la presse de ces organisations ou dans leur presse commune le moindre débat sur leurs désaccords. Et il subsiste des divergences sur la possibilité du «parlementarisme révolutionnaire», sur les syndicats et sur la question nationale. De ce point de vue, le BIPR présente un contraste saisissant avec le CCI, lequel est une organisation internationale unifiée, centralisée et qui, en accord avec la tradition du mouvement ouvrier, ouvre ses débats internes en direction de l'extérieur.
Sur la question de son rapprochement avec BC, la lettre de la CWO fait valoir que le regroupement du BIPR n'a pas eu lieu du jour au lendemain et que, de ce fait, il ne peut être considéré comme un «rapide arrangement opportuniste». Cependant, notre polémique ne mentionne pas la rapidité avec laquelle ce regroupement a eu lieu mais critique la solidité de ses bases politiques et organisationnelles. Le BIPR était basé sur une sélection auto-décidée des forces qui devraient conduire le futur parti. Pourtant, durant les 12 années qui se sont écoulées entre la formation du BIPR et aujourd'hui, celui-ci n'a même pas réussi à unifier ses deux organisations fondatrices.
La tentative de regroupement de la CWO avec le CBG
La politique de la CWO concernant le regroupement - caractérisée par l'absence de critères sérieux définissant le milieu politique prolétarien et ses ennemis - a une nouvelle fois conduit à des difficultés potentiellement catastrophiques au début des années 90. Les leçons de l'aventure malheureuse avec les gauchistes iraniens n'avaient pas été tirées. La CWO s'est laissé aller à un rapprochement avec les groupes parasites, le CBG et la FECCI, annonçant un possible «nouveau départ» à l'intérieur du milieu révolutionnaire en Grande-Bretagne. La lettre de la CWO nous dit cependant qu'il n'y a pas de regroupement avec le CBG et qu'elle n'a pas eu de contact avec ce groupe depuis 1993. Nous sommes heureux de l'apprendre. Mais quand la polémique dans WR n°190 a été écrite, cette information n'avait pas été rendue publique et, de ce fait, nous nous sommes basés sur les informations les plus récentes de Workers Voice sur ce sujet :
«Etant donnée la récente coopération pratique entre membres de la CWO et du CBG dans la campagne de fermeture des mines, les deux groupes se sont rencontrés à Edimbourg en décembre pour discuter des implications de cette coopération. Politiquement le CBG a accepté que la plate-forme du BIPR ne ferait pas obstacle au travail politique si la CWO clarifie ce qu'elle entend par une organisation centralisée dans la période actuelle. Un grand nombre d'incompréhensions ont été éclaircies des deux côtés. Il a donc été décidé de rendre la coopération pratique plus formelle. Un accord a été rédigé, que la CWO comme un tout aura à ratifier en janvier (après quoi un rapport plus complet sera publié) et qui comprend les points suivants :
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le CBG fera régulièrement des contributions dans Workers Voice et recevra tous les rapports rédactionnels (de même pour les tracts, etc.) ;
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les réunions trimestrielles de la CWO seront ouvertes aux membres du CBG après janvier ;
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les deux groupes doivent discuter d'un projet de "plate-forme populaire" préparé par un camarade de la CWO en tant qu'outil d'intervention. Le CBG doit donner une réponse écrite avant une réunion qui se tiendra en juin pour évaluer les progrès du travail commun ;
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Les camarades de Leeds des deux organisations doivent préparer cette réunion.
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Les réunions publiques communes doivent se poursuivre auxquelles tous les autres groupes de la Gauche Communiste basés en Grande-Bretagne seront invités à se joindre.
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Cet accord sera, au moins brièvement, rapporté dans le prochain numéro de WV.».7
Dans la mesure où aucun accord (ou désaccord) ne fut rapporté dans le WV suivant, brièvement ou pas, ni dans aucun de ceux qui ont suivi, et puisqu'une activité commune s'était déjà mise en place, il était assurément valable de supposer qu'un certain type de regroupement s'était poursuivi entre la CWO et le CBG. La rectification de la CWO donne l'impression, à tort, que ce regroupement est une pure invention de notre part. De même que la CWO a cru qu'il était possible de transformer une organisation maoïste en avant-garde prolétarienne, elle a pensé qu'elle pourrait transformer des parasites en communistes militants. De même qu'elle a pris pour argent comptant l'acceptation par le SUCM des «critères prolétariens de base», elle a cru sur parole le CBG lorsqu'il a accepté la plate-forme du BIPR. La CWO a cru qu'elle avait clarifié la conception de «l'organisation centralisée» avec un groupe qui a contribué à former une tendance secrète au sein du CCI dans le but de transformer son organe central en «boîte à lettres» (exactement comme l'Alliance de Bakounine avait essayé de le faire avec le Conseil Général de la Première Internationale). Elle a estimé qu'elle pouvait faire confiance à des éléments qui avaient volé du matériel au CCI et l'avaient ensuite menacé d'appeler la police s'il venait le récupérer !
L'initiative de la CWO avec les parasites, qui sont clairement des ennemis des organisations révolutionnaires, a eu pour effet de donner une dignité aux groupes parasitaires, en les faisant passer pour d'authentiques membres de la Gauche Communiste et ainsi que de légitimer les calomnies contre les organisations de ce milieu.
Les dégâts causés par la tentative de regroupement de la CWO avec le CBG incluent aussi ceux faits à sa propre organisation. Nous en sommes particulièrement convaincus pour les raisons suivantes :
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Premièrement, le parasitisme n'est pas un courant politique au sens prolétarien. Il ne se définit pas comme une organisation cohérente autour d'un programme politique. Au contraire son objectif même est de détruire une telle cohérence au nom de l'anti-sectarisme et de la «liberté de pensée». Son travail de dénigrement des organisations révolutionnaires et d'encouragement de la désorganisation et de la confusion peut être poursuivi informellement par d'ex-membres, même après qu'ils aient laissé tomber leur prétention à une existence formelle - comme dans le cas du CBG.
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Deuxièmement, le parasitisme, s'il est accepté comme faisant partie du milieu révolutionnaire, ramollit la colonne vertébrale des organisations existantes, réduisant leur capacité à se définir elles-mêmes (et les autres) de façon rigoureuse. Les résultats en sont catastrophiques, même si cela peut conduire temporairement à un accroissement numérique.
Même si le regroupement avec le CBG a avorté, il reste cependant des questions graves pour la CWO. Pourquoi a-t-elle développé des relations avec un tel groupe alors que ce dernier n'avait pas d'autre raison d'exister que de dénigrer les organisations du milieu politique prolétarien ? Pourquoi, au lieu de garder le silence, n'a-t-elle pas mis en évidence sincèrement et ouvertement les faiblesses et incompréhensions qui avaient conduit à une telle erreur politique ?
Les conséquence de l'aventure avec le CBG
La polémique de WR avec la CWO avait été écrite en tant que réponse directe et immédiate essayant d'expliquer deux inquiétants événements récents : l'incapacité à défendre une réunion publique de WR contre le sabotage par un groupe parasite, Subversion, et la liquidation du journal Workers Voice. Cela indiquait, de notre point de vue, un aveuglement dangereux envers les ennemis du milieu politique prolétarien et même une tendance à reprendre à son compte certaines des activités du parasitisme politique au détriment du militantisme communiste. Malheureusement, la lettre de la CWO ne prend pas en considération les arguments de la polémique sur cette question pas plus que sur les autres.
En ce qui concerne la réunion publique, il n'y a rien à répondre, selon la CWO, parce que le récit du CCI à ce sujet est une «exagération grossière».
La question fondamentale à laquelle la CWO évite de répondre est la suivante : la réunion a-t-elle été sabotée par les parasites, oui ou non ? Le CCI a apporté la démonstration de ce sabotage dans deux numéros de son journal mensuel en Grande-Bretagne, World Revolution. Il consistait à interrompre la réunion, à répéter des provocations verbales et physiques contre les militants du CCI, incluant toutes les calomnies typiquement parasitaires nous taxant de stalinisme, d'autoritarisme, etc., à créer un climat rendant toute discussion impossible et finalement à amener la réunion à prendre fin prématurément. Le sympathisant de la CWO n'a pas bougé pour combattre le sabotage de la réunion et, au lieu de cela, a réservé ses critiques au CCI et à sa défense de la réunion. La CWO aurait fait pareil, comme sa lettre le montre. Elle refuse d'admettre et nie qu'un tel sabotage ait eu lieu - encore moins le dénonce-t-elle - et réprimande le CCI pour ses prétendues «grossières exagérations».
Même chose concernant Workers Voice. Mais la lettre nous dit que la CWO n'a pas liquidé son journal mais a adopté une nouvelle stratégie de publication avec Revolutionnary Perspectives. La CWO a bel et bien stoppé la publication du journal Workers Voice et l'a remplacé par une revue théorique Revolutionnary Perspectives.
La lettre de la CWO ne répond pas à notre argument disant que derrière cette «nouvelle stratégie», il y a une concession sérieuse au parasitisme politique. La CWO déclarait que Revolutionnary Perspectives était «pour la reconstitution du prolétariat». Elle suggérait également, sans entrer dans les détails, que «l'effondrement de l'URSS avait créé tout un nouvel ensemble de tâches théoriques».
Au moment même où il est important d'insister sur le fait que la théorie révolutionnaire ne peut se développer que dans le contexte d'une intervention militante dans la lutte de classe, la CWO fait des concessions aux idées colportées par certains groupes parasites de la tendance académiste, qui habillent leur impuissance et leur absence de volonté militante avec la prétention de se plonger dans les «nouvelles questions théoriques». Certes la CWO n'en est pas là, mais puisque c'est un groupe du milieu politique prolétarien, ses faiblesses risquent de servir de feuille de vigne aux groupes qui parasitent ce milieu. Il faut d'ailleurs noter que la grande préoccupation de la CWO sur la «reconstitution du prolétariat» a un petit air de famille avec le dada de la FECCI sur le même thème, dada que cette dernière est allé récupérer chez des docteurs en sociologie comme Alain Bihr, porte-parole subtil - et appointé par les médias bourgeoises - de l'idée que le prolétariat n'existe plus ou qu'il n'est plus la classe révolutionnaire8. Le propos de telles remises en cause de la part des parasites est bien sûr non d'aboutir à une claire orientation pour la classe ouvrière mais de dénigrer l'approche organisationnelle militante de la théorie marxiste et de détruire ses fondements. Ce n'est pas ce que veut la CWO, mais l'abandon de son journal et la restriction de son intervention à la seule publication d'une revue théorique n'est certainement pas en cohérence avec le besoin criant pour la presse révolutionnaire d'être un «propagandiste collectif», un «agitateur collectif» et un «organisateur collectif» ?
Dans sa nouvelle publication, la CWO n'a pas été capable, jusqu'au n°3, de publier ses principes de bases ni de donner la moindre idée de son existence en tant qu'organisation. Ce n'est pas un accident, cela représente encore un affaiblissement de sa présence politique dans la classe ouvrière.
La CWO et le CCI
Les faiblesses de la CWO sur la question du milieu politique prolétarien l'a conduite à une aventure dangereuse avec des ennemis de ce milieu, tant les gauchistes que les parasites. D'un autre côté, elles ont abouti à une politique, également nocive, d'hostilité sectaire envers le CCI. En Grande-Bretagne, elle a essayé d'éviter toute confrontation systématique des divergences politiques avec World Revolution et de poursuivre une politique de «développement séparé» particulièrement à travers les groupes de discussion dont les critères de participation sont extrêmement peu clairs sauf sur la question de l'exclusion du CCI. Selon sa lettre, la CWO a «participé» au «Groupe d'études de Sheffield» avec des anarchistes, des communistes de gauche, des parasites comme Subversion et un ex-membre du CBG. Récemment, ce groupe d'études a été remplacé par les «réunions de formation» de la CWO.
Non, la CWO a organisé ce cercle d'études de Sheffield comme un club sans aucun critère politique clair quant à la participation ou aux objectifs.
La «réunion de formation» de la CWO ne semble pas y avoir changé grand chose : est-ce qu'elle exclut désormais les anarchistes et parasites ou bien uniquement ceux qui ne veulent pas approfondir ? Par contre, la non présence du CCI continue d'être une condition de son existence. A la dernière réunion, apparemment sur la question de la Gauche russe, le CCI comme organisation était explicitement non invité même si une camarade du CCI l'était mais uniquement sur la base du fait qu'elle était la compagne d'un des participants privilégiés ! Naturellement, puisque les membres du CCI sont des militants responsables devant l'organisation et non des francs tireurs, cette gracieuse invitation fut déclinée.
Le CCI n'a toujours pas été informé de la tenue d'autres réunions de formation malgré ce qui est dit dans la lettre de la CWO et jusqu'à ce que nous le soyons, nous jugerons qu'elles se veulent, non un lieu de référence pour la confrontation politique et théorique au sein du milieu politique prolétarien, mais un rassemblement sectaire où la discussion est alimentée plus par les besoins de la diplomatie que par des principes clairs.
C'est vrai que la CWO n'a jamais admis sa politique de développement séparé en ce qui concerne les réunions politiques et proclame, contre toute évidence, qu'elle a maintenu une ouverture envers le CCI uniquement restreinte par des «difficultés» géographiques ou autres contingences.
En plus de 20 ans depuis la formation d'un courant de la Gauche communiste en Grande-Bretagne, la CWO est peut-être venue à une douzaine de réunions publiques du CCI. Mais durant cette même période, c'est plus d'une centaine de réunions que nous avons tenues.
Depuis que la CWO nous a écrit sa lettre, le CCI a tenu deux réunions publiques à Londres et une à Manchester sur l'Irlande et sur les grèves en France à la fin de l'année dernière, deux sujets sur lesquels la CWO a écrit de courtes polémiques dans sa presse. Mais elle n'est pas venue défendre son point de vue à ces réunions ! La CWO ne s'est pas dérangée non plus pour la réunion du CCI à Londres en janvier sur la question vitale de la défense des organisations révolutionnaires. Durant la même période, la CWO a tenu une réunion ouverte à Sheffield sur «Racisme, sexisme et communisme», annoncée dans RP n°3, qui est arrivée aux librairies et à la boîte postale de WR une semaine environ après que la réunion ait eu lieu.
L'attitude sectaire de la CWO à l'égard du CCI s'explique difficilement par des difficultés géographiques à moins que nous puissions croire que des internationalistes comme les camarades de la CWO sont incapables de surmonter régulièrement les problèmes géographiques d'un trajet de 37 miles de Sheffield à Manchester, ou de 169 miles jusqu'à Londres.
Voici la véritable raison, selon la CWO :
«Le débat est impossible avec le CCI, comme la CWO s'en est rendu compte lors d'une récente réunion publique à Manchester, parce que les camarades sont incapables de comprendre le moindre fait, argument ou point de vue politique s'il ne rentre pas dans leur "cadre". Mais ce cadre est un cadre idéaliste et, comme le disait un de nos camarades à la même réunion, il se ramène aux quatre murs d'un asile de fous.» 9
Ainsi, «le débat est impossible avec le CCI» - mais possible avec des gauchistes, des anarchistes, le SPGB (Socialist Party of Great-Britain) et les parasites ?
Il est temps que la CWO reconsidère sa politique sans boussole à l'égard du regroupement des révolutionnaires.
D'après la CWO, la polémique du CCI est «d'un sectarisme sans précédent». Mais une critique profonde et sérieuse d'une organisation révolutionnaire par une autre, y compris en mettant en cause ses fondements même, ce n'est pas du sectarisme. Les organisations révolutionnaires ont le devoir de confronter leurs divergences afin d'éliminer le plus possible la confusion et la dispersion dans le camp révolutionnaire et de hâter l'unification des forces révolutionnaires dans le futur unique parti mondial du prolétariat.
Le sectarisme se caractérise au contraire par l'esquive de telles confrontations, soit en se réfugiant dans un superbe isolement, soit par des manœuvres opportunistes, dans le but de préserver à tout prix l'existence de son groupe séparé.
Michael, août 1996.
1 C'est vrai qu'au cours de la même période, les camarades qui allaient publier World Revolution et qui ont constitué la section du CCI en Grande-Bretagne (et qui provenaient en bonne partie du groupe conseilliste Solidarity, tout comme le groupe Revolutionnary Perspectives) n'étaient pas encore clairs sur la nature de la Révolution russe. Mais les autres groupes constitutifs du CCI, notamment Révolution Internationale, avaient défendu très clairement sa nature prolétarienne tout au long des conférences et discussions qui se sont tenues alors.
2 La lettre de la CWO donne l'impression que le CCI aurait forcé la dose afin de pouvoir l'attaquer. Mais il n'est nullement nécessaire d'alimenter nos critiques de la CWO avec des mensonges, même si nous le voulions, car au cours des années elle a exprimé ses confusions organisationnelles et politiques de façon vraiment transparente.
3 «Programme du parti communiste», adopté par l'«Unité des Combattants Communistes». Ce programme, que l'UCM a adopté avec Komala (une organisation de guérilla liée au Parti démocratique kurde) a été publié en mai 1982, 5 mois avant la 4e conférence. Il était, pour sa part, basé sur celui de l'UCM publié en mars 1981, et il a été présenté comme une contribution à la discussion pour la 4e conférence.
4 4e conférence des groupes de la gauche communiste. Septembre 1982. p.18.
5 Ibid. p.22.
6 Voir World Revolution n°60. Mai 1983.
7 Workers Voice n°64, Janvier-Février 1993. p.6.
8 Voir Revue Internationale n°74, «Le prolétariat est toujours la classe révolutionnaire».
9 WV n°59. Hiver 1991-92.