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Dans cette troisième partie de cette série d’articles consacrés au NPA, nous reviendrons sur un aspect majeur de leur propagande actuelle qui permet d’illustrer et comprendre le rôle et la fonction de ce nouveau parti dans la situation actuelle, notamment auprès des jeunes générations combatives du prolétariat.
Le NPA et la question électorale : une position révolutionnaire ?
Le NPA s’est lancé tardivement dans la campagne électorale sur les élections européennes mais il s’y est engagé à fond : “Le NPA va jeter toutes ses forces dans cette campagne”, déclare tout de go l’éditorial de sa presse hebdomadaire (Tout est à nous ! no 9 (1) daté du 21 mai 2009). En effet, Besancenot désormais durablement investi d’un rôle vedette dans les médias délaisse momentanément sa tournée des boîtes en lutte pour multiplier les interviews dans les télévisions, les radios, sur Internet et sillonner le pays pour venir appuyer dans leurs meetings telle ou telle liste NPA régionale. Il prend soin de présenter chaque fois la présence du NPA sur le terrain des élections européennes comme n’étant pas une priorité, mais comme une “expression politique du mécontentement économique et social”, complémentaire, voire secondaire, mais néanmoins comme une sorte de prolongement naturel de la “lutte anticapitaliste” qu’il prétend mener. Pourquoi cette modestie apparente ? La réponse, c’est que le NPA sait très bien qu’il existe un réel fossé entre les préoccupations quotidiennes des exploités par rapport à la crise (chômage, licenciements, amputation brutale du pouvoir d’achat, des prestations sociales, attaques continues des conditions de vie et de travail,…) et ces élections dont la plupart des prolétaires se désintéressent complètement. D’ailleurs, cette organisation l’évoque elle-même : “Tous les observateurs notent le désintérêt pour ce scrutin traditionnellement peu mobilisateur. Ce qui est en cause, c’est une construction européenne opaque, obsédée par le fric, n’envoyant au peuple que de mauvaises nouvelles, ne protégeant de la crise que les capitalistes” (2). Et pourtant le NPA fait tout pour mobiliser les prolétaires sur ce terrain électoral et les attirer vers les urnes. Nous ne développerons pas ici tous les arguments qui reposent sur l’illusion qu’il est possible de changer la société au moyen du bulletin de vote. Nous renvoyons seulement nos lecteurs sur la brochure récemment publiée par le CCI : les élections : un piège pour la classe ouvrière. Nous voulons simplement souligner un aspect majeur de cette mystification électorale dans laquelle tente d’entraîner précisément le NPA (comme d’ailleurs sa consœur “d’extrême gauche”, Lutte ouvrière). Le NPA nous raconte qu’il “rejette la séparation artificielle qui voudrait que le social se résume à la rue, et la politique aux institutions. La campagne des (élections) européennes se situe dans le prolongement du combat que ses militants mènent au quotidien” (3).C’est parfaitement faux et mensonger ! Cette séparation n’est nullement artificielle mais fondamentale. Dans les urnes, dans la démocratie parlementaire bourgeoise, chaque prolétaire se retrouve atomisé, réduit à un prétendu choix individuel en tant que “citoyen” et à son appartenance à une classe sociale aux intérêts antagoniques à celle qui exerce sa domination sur l’ensemble de la société est complètement niée. C’est seulement sur le terrain social de la lutte de classe contre l’exploitation capitaliste que la classe ouvrière peut collectivement et solidairement s’exprimer en tant que classe dans la défense de ses intérêts communs et donc capable de remettre en question l’hégémonie de la bourgeoisie et de combattre son système d’exploitation. C’est pourquoi tous les partis qui briguent les suffrages des exploités en prétendant défendre leurs intérêts participent d’entretenir cette illusion. Quel est alors le rôle joué par le NPA quand il met en avant “Face à la vie chère et aux licenciements, des millions de jeunes et de prolétaires sont tentés par l’abstention. Ce n’est pas le bon choix. Pour protester utile, il faut protester fort, clair et net. Il faut voter pour les listes du NPA !” ? (4) Sous de faux airs de radicalité, le NPA cherche à entraîner un maximum de prolétaires sur un terrain pourri qui, de plus, par expérience, éveille la méfiance des ouvriers et dont un nombre croissant a tendance à se détourner : la participation au grand cirque électoral.
Quel est le rôle et l’utilité du NPA dans les élections ?
Sur le terrain électoral, le NPA se sait clairement “concurrencé” par les listes du Front de Gauche. Ce “pôle”, cherchant à rassembler autour de l’“antisarkozysme”, est un amalgame politicien hétéroclite purement électoraliste qui va du Parti de Gauche animé par le transfuge du PS Melanchon, aux restes du PCF autour de Marie-George Buffet en passant par… la “minorité du NPA” autour de Christian Picquet qui prône la tactique d’une candidature unitaire. D’ailleurs, la poussée de ce Front de Gauche est directement liée au discrédit du PS, non seulement affaibli par des années d’exercice du pouvoir, mais aussi par le ralliement individuel d’une partie de son appareil à la table du gouvernement Sarkozy, de même que par la “mollesse” de son opposition et par ses combats de chefs. Le NPA se vante, lui, d’avoir son propre créneau. De fait, les déclarations et les propos de Besancenot trahissent sans ambiguïté quel est le véritable objectif du NPA. Dans une interview à I-télé le 11 mai, Besancenot déclarait “notre problème (…), c’est des jeunes souvent des précaires mais aussi des ouvriers, ceux qui sont susceptibles de ne pas aller voter aux élections, parce qu’ils s’en sentent éloignés, pas représentés, parce qu’ils savent aussi que le parlement européen a peu de pouvoirs. Donc, à nous de les convaincre concrètement de donner un débouché politique à tout ce qui s’exprime au niveau social et qui va aussi continuer à s’exprimer au niveau social dans les élections.” Ces jeunes, ces précaires, ces ouvriers tentés de déserter un terrain électoral clairement sans intérêt pour eux, voilà quelle est la cible spécifique du NPA et dont Besancenot se vante publiquement auprès des médias bourgeois de pouvoir ramener vers les urnes : “Dans les milieux où nous avons le plus d’écho, les précaires, les prolos, les jeunes nous disent qu’ils n’ont pas forcément envie de voter. A nous de les convaincre qu’avoir des élus anticapitalistes pendant cinq ans au Parlement européen permettrait de relayer les combats sociaux dans les institutions européennes et de prévenir la population, la jeunesse, des mauvais coups qui se trament. Et on aurait un point d’appui pour construire un parti anticapitaliste européen”. C’est bien parce que son message est : “A nous de convaincre les abstentionnistes !” que le NPA entend démontrer, en faisant feu de tout bois à travers les leurres déployés pour sa propagande (5), qu’il y a un “enjeu politique” dans cette élection et qu’il proclame que ces élections sont un moyen de “donner à la colère sociale une expression politique”. Besancenot l’a d’ailleurs proclamé crûment : “Si concurrence il y a, c’est avec l’abstentionnisme et pas avec d’autres listes de gauche”. Oui, le NPA a son utilité ! Mais pour qui ? Il remplit pleinement aujourd’hui une mission qui est de tenter de combler un dangereux vide politique au profit de la bourgeoisie, c’est celui de rabatteur des abstentionnistes vers les urnes, de ramener les ouvriers en lutte dans le piège idéologique du terrain électoral. Il contribue ainsi à entraver et obscurcir la prise de conscience des exploités qu’il n’existe pas d’autre moyen de sortir la société de l’impasse et de la misère où la plonge le capitalisme que le renversement révolutionnaire de ce système mettant en œuvre les seuls moyens et les seules forces collectives, solidaires et unificatrices dont disposent les prolétaires mobilisés sur leur terrain de classe : le développement, l’extension et la prise en mains de leurs luttes.
W (28 mai)
1) Il faut noter au passage que le nom même de l’organe de presse hebdomadaire du NPA qui est le même de celui de sa revue mensuelle lancée en mai 2009 suggère exactement le contraire de la vision marxiste de la nature révolutionnaire de la classe ouvrière qui s’appuie sur le fait que le prolétariat est une classe totalement dépossédée de ce qu’elle produit dans le capitalisme.
2) Tout est à nous !, du 21 mai 2009.
3) Idem.
4) Id.
5) Comme celle de souligner devant les caméras de France 3 que pour la première fois, il y avait une campagne anticapitaliste simultanément dans une quinzaine de pays européens, avec, comme objectif, de créer un parti anticapitaliste au niveau européen en cherchant à faire gober ce mensonge énorme : la participation électorale deviendrait une “expression de l’internationalisme” des exploités et bien sûr du NPA !