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Sur le site Web de la “Cité des Sciences et de l’Industrie”, a été placé le commentaire suivant, émanant d’une certaine Delphine Gardey, historienne au CNRS : “C’est de la faute aux mouvements ouvriers ! Là-dessus, le mouvement ouvrier n’a pas été formidable, parce qu’il a été aussi extrêmement anti-féminin et antiféministe à ses débuts, notamment sous l’inspiration de Proudhon, et la revendication “A travail égal, salaire égal” a mis du temps à être acceptée par les syndicats révolutionnaires, qui pouvaient voir dans le travail féminin une forme de concurrence ; de plus les hommes ne souhaitaient pas démissionner du pouvoir domestique dont ils étaient finalement les détenteurs au sein de l’espace domestique ouvrier. Il y a eu une lutte au sein des foyers avec des répercutions importantes sur la vie des femmes et leur possibilité d’avoir des salaires dignes de ce nom.”
Ce commentaire appelle une brève réponse de notre part.
Il est vrai que le mouvement ouvrier en France a été marqué par la misogynie de Proudhon. Mais, même s’il a eu du mal à se dégager progressivement des préjugés de l’époque, le mouvement ouvrier n’est pas responsable d’une vision inégalitaire de sexes, comme le prétend Madame Gardey !
Ces préjugés, dont Proudhon s’était fait le porte-parole, ont eu, certes, une certaine influence en France, en Espagne, en Italie et en Belgique (en Grande-Bretagne, la classe ouvrière était surtout influencée par Owen).
Le mouvement ouvrier ne se développe pas d’emblée avec une pleine clarté et est forcément marqué par les préjugés ambiants et l’idéologie de la classe dominante. Néanmoins, dès ses origines, il n’a pas été marqué seulement par les préjugés sexistes de Proudhon, mais aussi par Fourier qui faisait également partie des socialistes utopistes. Or, contrairement à Proudhon, Fourier était, quant à lui, pour l’égalité des sexes.
D’après Delphine Gardey, le mouvement ouvrier serait responsable du sexisme, ce qui est totalement faux ! Dès le début, le mouvement ouvrier a mené un combat pour éliminer les préjugés bourgeois. Le syndicalisme révolutionnaire en France, en Espagne, en Italie a été inspiré en partie par le proudhonisme, car l’idéologie patriarcale était beaucoup plus puissante dans les pays latins que dans ceux d’Europe du nord.
En réalité, il semble que Delphine Garrey s’évertue surtout à séparer la lutte des femmes du mouvement ouvrier. Les “féministes” n’ont jamais compris que les femmes ne pourront se libérer de l’oppression sexiste que par la lutte contre l’exploitation capitaliste, en se situant d’un point de vue de classe en tant que prolétaires.
Marx et Engels (notamment dans l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État) avaient déjà démontré que l’oppression des femmes n’est qu’une reproduction de l’exploitation de la classe ouvrière. C’est ce qu’avaient compris également Charles Fourier et Auguste Bebel.
Et c’est justement parce que la lutte des femmes fait partie intégrante de la lutte de la classe exploitée que les partis socialistes au xixe siècle (notamment le parti allemand) comportaient des sections féminines regroupées dans l’Internationale des femmes.
Sur cette question, nous renvoyons nos lecteurs à notre article de mars 2008, “Journée Internationale des femmes : seule la société communiste peut mettre fin à l’oppression des femmes” (RI, no 388).
Sofiane