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Une histoire faite de massacres et de génocides
Madagascar fut intégré en 1896 à l'empire colonial français. Cette prise en main de l'île par l'impérialisme français n'eut rien de pacifique. Elle se fit à la force des baïonnettes. Mais l'horreur fut portée à son comble quand, pour garder Madagascar dans son empire, la France, en 1947, confrontée à une révolte nationaliste qui durait depuis 21 mois, donna l'ordre à son armée de réprimer les velléités indépendantistes de la bourgeoisie malgache. Le gouvernement français de l'époque enverra un corps expéditionnaire de 30 000 hommes. Le bilan fut terrible, effrayant : il y eut officiellement 89 000 morts, selon l'état-major de l'armée française. Voilà une page glorieuse de l'histoire du capitalisme français, qui ne fait pas partie de nos manuels scolaires. C'est en 1960 que Madagascar va devenir indépendante, et la population de cette île aura alors le droit d'être gouvernée pendant 25 ans par Didier Rastsiraka, président aux ordres de Paris. Aujourd'hui, cet ex-président vit tout naturellement et tranquillement en France. C'est ainsi que depuis plus d'un siècle, l'histoire de cette île et de ses massacres retombent sur les épaules des différentes fractions de la bourgeoisie nationale de Madagascar, manipulées et dirigées par l'impérialisme français.
Le jeu sanglant de l'impérialisme américain
Au cours des années 1990, les Etats-Unis viennent progressivement contester la domination impérialiste de la France à Madagascar. Le départ du pouvoir de Didier Rastsiraka en 2002 et l'arrivée du président actuel Marc Ravalomanana n'est pas étranger au soutien que lui ont prodigué les Etats-Unis. Surfant déjà à l'époque sur le désespoir de la population, celui-ci incarnait, à ce moment-là, l'espoir d'une vie meilleure. Malgré la présence d'un important contingent de l'armée française sur l'île, Marc Ravalomanana, pour rester au pouvoir, jouait ainsi de l'intérêt antagonique de la France et des Etats-Unis, ouvrant même tout récemment les portes de l'île à l'impérialisme chinois. Cette politique visait progressivement à se débarrasser du poids de l'influence française à Madagascar. En décembre 2007, un nouveau venu, Andry Rajoelina, allait se faire élire maire de la capitale de la grande île, Antananarivo, capitale qui avait justement servi précédemment de tremplin politique à Ravalomanana. Cette accession au pouvoir dans la capitale était d'autant plus facilitée que l'enrichissement du président en place et de sa clique s'étalait toujours plus au grand jour pendant que la population sombrait dans une pauvreté croissante. Depuis lors, Rajoelina (que l'on nomme le "TGV" pour son côté fonceur) a progressivement et de plus en plus ouvertement contesté le pouvoir du président actuel, s'appuyant à son tour sur le développement du mécontentement et de la colère de la population. Mais la montée en puissance de ce nouveau carnassier n'est pas, à son tour, que le produit de la réalité interne de l'île. En pleine période de bras de fer entre lui même et le président Ravalomanana, Andry Rajoelina, au mois de janvier dernier, est venu en visite à Paris et ce ne fut pas seulement pour y rencontrer l'ancien président à la solde de la France, Didier Ratsiraka, et l'ancien vice-premier ministre Pierrot Rajaonarivelo. A partir de ce moment-là, tous les yeux se sont tournés vers Paris, pour savoir ce qui se tramait dans les coulisses de l'Etat français. Cela a même obligé le maire d'Antananarivo à déclarer sur TV5 : "ne pas avoir de soutien ni des Etats-Unis, ni de l'Allemagne, ni de la France, ni de la Communauté européenne", avant d'ajouter : "Ceci dit, j'ai quand même pas mal de soutien au niveau international mais se sont des accords que je ne peux dévoiler." A partir de cette date, le massacre du 7 février à Antananarivo était comme programmé et la population était, une nouvelle fois, prise en otage entre ces différentes cliques bourgeoises locales et l'appétit des grands impérialistes, dont la France.
A Madagascar, l'avenir est lourd de menace
L'hypocrisie de la bourgeoisie n'a pas de limite. Après le massacre, le maire de la capitale qui avait jeté la population dans la rue le 7 février est venu se recueillir sous les caméras devant les cercueils exposés dans le gymnase Kianja Mitafo. Andry Rajoelina et sa clique ont alors immédiatement nommé cyniquement tous ces morts "martyrs de la transition". Il s'est auto-proclamé président de la haute-autorité pour la transition vers la IVe République. Quelques jours après le massacre et utilisant la colère contre le président en place, Rajoelina a commencé à nommer, en présence de 5000 personnes, quatre ministres de cette haute-autorité. Le face-à-face entre les deux hommes qui se disputent le pouvoir à Madagascar ne peut donc que continuer à se renforcer, et les grandes puissances comme la France et les Etats-Unis poursuivront d'autant leur politique consistant à attiser le feu entre ces deux chefs de gangs locaux, cherchant chacune à affaiblir le représentant de l'autre. Cette situation ne peut qu'apporter encore plus de souffrance et de massacres pour la population prise en otage par tous ces requins impérialistes.
Tino (26 février)