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"Travailler plus pour gagner plus” nous avait promis Sarkozy tout au long de sa campagne électorale. Travailler sept jours sur sept, c’est ce qu’on avait exigé des salariés de Goodyear depuis quelques mois pour qu’ils puissent préserver leur emploi. Qu’est-ce qu’ils ont gagné ? Cinq cent d’entre eux sont aujourd’hui mis à la porte de l’entreprise. Travailler plus, mais pour gagner moins, c’est le sort réservé à la plupart d’entre nous avec également moins d’effectifs, des cadences accrues, des conditions de travail de plus en plus dégradées comme les 22 700 emplois devant être supprimés dans la Fonction publique et le non remplacement d’un départ à la retraite sur deux dont 11 200 dans le seul secteur de l’Education nationale. Déjà là, il y a 8000 emplois en moins pour cette rentrée scolaire (5000 l’année précédente). On nous raconte qu’en compensation, il y aurait un millier de créations d’emplois pour l’intégration des handicapés dans ce secteur. C’est de la poudre aux yeux car cela s’accompagne d’une destruction systématique des structures spécialisées pour handicapés devenues beaucoup trop onéreuses pour l’Etat. Gagner plus ? En pleine campagne électorale, était mis en avant que la perte du pouvoir d’achat était, après la crainte du chômage, une des préoccupations majeures des salariés. Chiffres à l’appui, une étude avait montré que les fonctionnaires avaient vu sur 25 ans dégringoler leur pouvoir d’achat, en particulier dans le secteur de l’enseignement. Aujourd’hui les salaires sont toujours quasiment bloqués et pas seulement dans le secteur public mais pour tous les prolétaires. Quant aux fameuses heures sup’, elles ne sont qu’une arnaque supplémentaire qui, même valorisées, ne sont pas prises en compte dans le calcul des retraites. La seule hausse, celle-là vertigineuse, qui nous attend dans cette rentrée, c’est celle des prix de tous les produits de base et de première nécessité avec la flambée du cours des produits agricoles : + 41 % en un an sur le blé, 32 % sur le maïs, 60 % sur l’huile de tournesol, 26 % sur les oeufs et une vaste spéculation sur l’agro-alimentaire qui entraîne une terrible dégradation du niveau de vie.
Un déluge ! Entre 5 et 8 centimes de plus sur l’emblématique baguette alors que le pain avait déjà augmenté de 3 centimes en début de mois. En 2 ans, les produits de boulangerie ont augmenté entre 25 et 50%. On nous dit que l’essor des bio-carburants dope les prix sur le marché des céréales. Résultat : le prix des pâtes doit être majoré de 15 %. Cela se répercute sur l’alimentation du bétail et de l’élevage : la volaille (+ 14 %), la viande de porc et les produits de charcuterie sont en hausse de 6,5%.
C’est aussi une envolée de 15% en moyenne sur tous les produits laitiers dont on invoque aujourd’hui la pénurie après des années de surproduction au sein de la CEE : beurre (+ 40 % en un an), yaourts, fromages, crèmes, glaces (+ 30 % cet été). Pour la flambée des prix sur les légumes et les fruits, on invoque de mauvaises récoltes, sécheresse ou pluies trop abondantes, une hausse de taxes à l’exportation… Et cette valse des étiquettes, qui n’a pas attendu les annonces de ces derniers jours, ne fait que commencer. Il faut y ajouter la hausse des tarifs des transports en commun (SNCF, RATP depuis le 1er juillet), celle des factures d’EDF après celle du gaz, la montée des prix des carburants, une nouvelle hausse du tabac de 5% et par dessus le marché la poursuite de l’escalade continue des loyers en augmentation de près de 4% par an depuis 1999, soit plus de 30% qui rend de plus en plus dramatique la question du logement pour des millions de foyers de prolétaires.
La baisse des impôts ? Esbroufe ! La plupart des salariés ont vu une augmentation de leur troisième tiers provisionnel. Pire, pour l’an prochain, sous prétexte de justice et de traque aux “niches fiscales”, sera présenté mi-octobre un projet de création d’une imposition minimale sur le revenu, avancé et soutenu d’avance par le rapporteur général de la Commission des finances, le “socialiste” Migaud. Finis, les avis de non imposition sur les plus faibles revenus !
Dans la droite ligne de ses prédécesseurs, le gouvernement prétend s’attaquer au chômage par une intensification des tripatouillages continuels en tous genres des statistiques officielles, par des sanctions contre les chômeurs refusant deux offres d’emploi et par des radiations accélérées des fichiers de l‘ANPE. La fusion des services de l‘ANPE et de l‘UNEDIC d‘ici décembre va encore amplifier ce mouvement. Mais si le chômage se retrouve officiellement au niveau le plus bas depuis 20 ans comme s‘en félicite Le Monde, c’est surtout à cause de la multiplication et de la généralisation des emplois précaires. Un nombre croissant de prolétaires et leurs familles sont en train de plonger en dessous du seuil de pauvreté.
Et pour ceux qui sont réduits à toucher le RMI, celui-ci sera transformé en octobre en RSA (revenu de solidarité active), à l’initiative du secrétaire d’Etat Martin Hirsch, ex-président de l’association caritative Emmaüs, dont l’octroi sera en contrepartie d’un “travail social” : un nouveau réservoir de main d’œuvre quasi-gratuite…
C’est au nom de la solidarité avec les malades d’Alzheimer et non plus seulement du trou de la Sécurité sociale qu’une nouvelle série d’attaques est annoncée : franchise médicale de 50 euros par an à la charge de l’assuré, 50 centimes sur chaque boîte de médicaments et sur chaque acte paramédical ainsi que 2 euros pour les transports en ambulance. Prendrait-on tous les prolétaires pour des victimes de cette maladie de la mémoire pour oublier que cela se cumule avec la liste toujours plus longue de médicaments ayant fait l’objet d’un déremboursement total ou partiel prise par tous les ministres de la santé depuis Martine Aubry ? Que le forfait hospitalier institué par l’ex-ministre communiste Ralite n’a cessé d’augmenter ? Que les soins et les examens médicaux de plus de 90 euros sont déjà frappés depuis 2004 par une franchise de remboursement de 18 euros ? D’ores et déjà, les plus démunis sont privés de tous recours aux soins médicaux. Et cela ne va pas s’arrêter : on nous promet une hausse de 0,3 % de la contribution au remboursement de la dette sociale (CDRS) au 1er janvier 2008 et une nouvelle hausse identique, prévue début 2009, tandis que le gouvernement n’a pas renoncé à son projet d’instauration d’un “TVA sociale” à nouveau préconisée par le transfuge socialiste Besson (devenu secrétaire d’Etat).
Le gouvernement a clairement réaffirmé sa détermination à supprimer les régimes spéciaux sur les retraites d’ici 6 mois et a décidé, dans la foulée, un nouvel allongement de la durée des cotisations pour le droit à la retraite (allant de 62 à plus de 65 ans) pour tous les salariés, entraînant une réduction dramatique des pensions. La seule perspective qui nous est réservée, c’est un enfoncement accéléré dans une pauvreté, une précarité et une exploitation de plus en plus intolérables.
La fameuse “ouverture” de Sarkozy à “des personnalités de gauche”, les DSK, Lang, Rocard, Attali, Fadela Amara et consorts, sans oublier “l’effarant” docteur Kouchner, démontre, qu’aussi bien que la gauche, les partis de droite ont besoin aujourd’hui de s’adapter et de recourir à un enrobage idéologique pour tenter de légitimer des attaques de cette envergure afin de pouvoir les mener à bien. En même temps que la facilité avec laquelle ils se laissent débaucher pour “aller à la soupe” démontre le faible niveau de conviction de ces personnalités au sein du PS, l’appel à ces spécialistes du “vernis social” traduit une préoccupation essentielle de l’appareil politique bourgeois qui sait bien que l’ampleur de ses attaques va provoquer inévitablement des réactions ouvrières et des mouvement sociaux dans les mois à venir. Dans cette perspective, le soutien essentiel sur lequel table en priorité l’équipe Sarkozy, ce sont les syndicats. Non seulement, ils ont été les premiers à être reçus à l’Elysée et le gouvernement ne cesse de multiplier les consultations avec eux mais l’édifiant projet de loi sur le service minimum dans les transports vise, dans les grèves futures, à les renforcer et les faire reconnaître comme les seuls interlocuteurs possibles et les seuls capables de mener une grève en contraignant les ouvriers à passer par eux pour décider d’une grève, pour l’organiser et pour en contrôler le déroulement (voir article page 2). La bourgeoisie mise ainsi prioritairement sur l’encadrement syndical pour museler les ouvriers et pour enfermer les prochaines luttes dans un corset de fer.
La classe ouvrière ne doit pas se laisser intimider par ces tentatives, elle n’a qu’une seule possibilité pour se défendre : développer ses luttes face aux attaques grandissantes de la bourgeoisie. La défense de ses propres intérêts est totalement à l’opposé et inconciliable avec l’acceptation des “sacrifices” toujours plus lourds qu’exigent la bourgeoisie, son gouvernement et ses syndicats.
Wim (30 août)