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De retour sur le sol national, l’équipe de France
de football a reçu une ovation enthousiaste de toute la classe politique.
Jacques Chirac, en chef d’Etat, a ainsi rendu un hommage appuyé aux ‘Bleus’ en
déclarant solennellement : "Vous avez fait à tous égards honneur à la
France". La gauche aussi n’a pas tari d’éloges pour ses ‘héros’. Selon
Ségolène Royal "il faut […] dire merci à l’équipe de France".
Pas une seule voix politique n’a manqué à ce grand "hip hip hip
hourrah" chauvin et surtout pas celle du porte-parole de la Ligue
Communiste Révolutionnaire (LCR), Olivier Besancenot : "Ma génération a
vécu au rythme des matchs de cette équipe de France et aujourd’hui je suis
fier"[1].
Lorsque la classe dominante fait "la ola", la Ligue se lève en rythme
tout naturellement.
En point de mire, il y a bien évidemment les élections présidentielles de 2007.
La LCR se doit donc d’être populaire et médiatique. Tous les moyens sont bons
pour attirer à elle la sympathie et récolter des voix. D’ailleurs, le choix de
mettre en vitrine Olivier Besancenot n’est déjà en lui-même que pure démagogie.
Dans les coulisses de l’organisation, ce jeune militant ‘cool et dynamique’ est
qualifié de "bon produit d’appel", c’est tout dire[2].
Mais au-delà de la volonté de plaire pour faire un bon score électoral, cette
prise de position à la gloire de l’équipe de France révèle une fois encore la
nature profondément bourgeoise de la Ligue qui se prétend pourtant
"communiste" et "révolutionnaire".
En effet, de quoi Olivier Besancenot est-il si fier ? De ‘son’ équipe et de ‘sa
‘ patrie. Le meneur de la LCR est flatté dans son orgueil national. C’est pour
lui un vrai plaisir de voir les ouvriers se regrouper derrière les drapeaux
pour entonner des chants patriotiques. "Dans mon quartier de
Barbès/Château-Rouge, il fallait voir les drapeaux portugais, français même
algériens aux fenêtres, les discussions enflammées dans les troquets…".
Effectivement, il fallait voir partout sur la planète les Etats et leurs médias
exciter les sentiments nationalistes. Il fallait voir, aux quatre coins de
l’hexagone, les drapeaux Bleu-Blanc-Rouge fleurir aux balcons et aux fenêtres,
le maillot national devenir une parure de mode dernier cri ou entendre ses
voisins et leurs amis reprendre en cœur la Marseillaise qui appelle à tuer et à
mourir pour la patrie. Et le plus ignoble dans tout ça c’est que notre jeune
coq tricolore de la LCR ose en plus nous refourguer cette camelote pour une
véritable expression de fraternité internationaliste : "Elle a permis de
faire ressortir des moments de fraternité, d’amitié entre les peuples, une
forme d’internationalisme positif, loin de tout chauvinisme". C'est
chercher à faire prendre "au bon peuple", en général, et aux
prolétaires, en particulier, de France et d'ailleurs, des vessies pour des
lanternes ! "L'internationalisme positif", ce serait de saisir toutes
les occasions de déchaîner l'hystérie nationaliste ! Notre jeune apprenti
présidentiable se pose ainsi en digne héritier du parti stalinien qui proclamait
dans les années 1930 "tout ce qui est national est nôtre". Il
est bien dans la lignée de tous ceux qui, depuis plus de 60 ans, du PCF aux
trotskistes (déjà !) ont toujours appelé au nom de "l'internationalisme
prolétarien" les prolétaires à se laisser entraîner hors de leur terrain
de classe et à s'étriper entre eux derrière toutes les causes
impérialistes !
La courte interview dans Le Parisien[3] du
porte-parole de la LCR est une mine d’or. En moins d'une colonne, il y enfile
les mensonges comme des perles. Ainsi, toujours très fier, il affirme
"cette épopée nous a apporté des pauses dans un monde de brutes".
Mais pour la lutte de classe, il n’y a eu justement aucune pause. Au contraire,
en profitant de cette ‘arme de distraction massive’ que fut le Mondial 2006, la
bourgeoisie a pu placer en catimini certaines de ses attaques. En guise de "pause
dans un monde de brutes", le gouvernement Merkel a pu faire passer, contre
les ouvriers d’Allemagne, une réforme du système de santé comportant notamment
une hausse généralisée des cotisations pour la Sécurité sociale[4].
Finalement, ce n’est pas étonnant d’entendre Olivier Besancenot déclarer
"la génération Zidane, ce n’est pas l’opium du peuple", puisqu’en
réalité non seulement le sport est bien une des drogues idéologiques que
distille la bourgeoisie mais la LCR en est un des dealers.
Alain Krivine peut donc être fier de son poulain : Olivier Besancenot est bien
le digne représentant de la Ligue Cocardière Ramasse-tout.
Pawel, le 14 juillet 2006