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La première grande grève dans le secteur public en Allemagne depuis une bonne décennie n´est pas une surprise. Les attaques de l´Etat sont trop brutales pour être plus longtemps acceptées, vu le mécontentement des salariés.
Pour faire passer ces attaques frontales contre les conditions de vie et de travail des ouvriers, l´État patron a utilisé exactement les mêmes moyens que les patrons privés : la calomnie et la répression. Ainsi les éboueurs, comme le personnel des hôpitaux, qui ont pourtant des conditions de travail pénibles, ont été traités de fainéants parce qu´ils refusent de travailler "18 minutes de plus par jour". La quasi-totalité du personnel de soins a été réquisitionné en service d´urgence, ce qui signifie qu´ils peuvent être purement et simplement licenciés s´ils se mettent en grève. Dans les autres secteurs, les grévistes ont été ouvertement menacés d´être remplacés définitivement par des entreprises privées s´ils n´acceptaient pas le diktat du capital. Les médias ont eu leur part dans ce sale travail en assénant que, malgré les suppressions massives de postes, les fonctionnaires du secteur public sont des privilégiés qui bénéficient de la sécurité de l´emploi !
Les patrons et les syndicats (principalement Ver.di et l´Union des fonctionnaires allemands, DBB) ont mis la question du temps de travail au centre du débat. Bien qu'il s'agisse d'une véritable attaque (l'équivalent de plusieurs semaines supplémentaires par an devront être travaillées gratuitement), elle sert d'écran de fumée à toutes les autres attaques.
Les patrons l´ont fait pour monter les ouvriers du secteur privé contre ceux du public. Dans de nombreuses entreprises privées, l’augmentation du temps de travail sans compensation salariale a été imposée dans le cadre des"pactes pour l´emploi". Que ce soit chez AEG à Nuremberg ou chez Volkswagen, l´emploi n´a absolument pas été garanti. L'argument utilisé est qu'il n´y a "aucune raison pour qu´il n'en aille pas de même dans le service public".
Du côté des syndicats, la question du temps de travail est un thème très sensible. En effet, depuis des années, ils affirmaient à l'unisson que la réduction du temps de travail mènerait à la création de nouveaux emplois et donc à la réduction du chômage. Cette prétention est battue en brèche par la réalité de cinq millions de sans-emploi.
Les syndicats du service public arguent donc aujourd´hui que l´augmentation du temps de travail mènera à de nouveaux licenciements massifs. Derrière cette vérité, ce qu'ils cherchent à masquer, c´est qu'ils ont eux-mêmes créé les conditions de la flexibilité dans leurs accords (bien sûr en prétendant ainsi "préserver la garantie de l'emploi"). Les salariés peuvent sauter d´un poste à l´autre en fonction des besoins et c'est ainsi que des postes peuvent être supprimés.
Après des années de baisse continue des salaires réels, les attaques actuelles signifieront pour beaucoup la chute dans la misère pure et simple. Là-dessus, Etat, patrons et syndicats gardent le silence.
Par contre, l´ensemble des "partenaires sociaux" utilisent les négociations salariales dans le secteur public pour mettre en scène un désaccord sur quelle serait la politique salariale, qui permettrait "une plus forte croissance de l´économie".
Les patrons prônent une réduction impitoyable de la part salariale dans le budget. Les syndicats, eux, avancent au contraire qu´une politique budgétaire "socialement plus équilibrée" aux dépens des riches remplirait aisément les caisses de l'Etat.
En bref, patrons et syndicats instrumentalisent la grève dans le secteur public afin de démontrer à la population laborieuse que le capitalisme n´est absolument pas en faillite, mais qu´il lui faut simplement une politique générale et salariale raisonnable" pour repartir à nouveau dans le bon sens.
Les syndicats affirment cela alors qu'ils participent partout à abaisser les salaires à travers leurs accords par branches.
En réalité, les hausses de salaires, par exemple en Allemagne, pourraient tout à fait momentanément stimuler la conjoncture. Mais le principal gagnant en serait la concurrence étrangère, du fait que le capital allemand y perdrait une partie de sa compétitivité. Et c´est la raison pour laquelle les revendications salariales de Ver.di et de l´IG Metall ne sont rien d´autres qu´une radicalité de façade et une esbroufe.
Des hausses de salaire sont absolument indispensables ! Mais pas parce qu´elles seraient bonnes pour le capital, mais bien parce que c´est pour la classe ouvrière qu´elles le sont ! Les intérêts du travail salarié et du capital sont inconciliables. C´est ce que les "partenaires sociaux" et les médias cherchent de concert à dissimuler.
D'après Welt Revolution,
organe du CCI en Allemagne