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Début septembre, le gouvernement Villepin avait réaffirmé la priorité de son action envers l'emploi en annonçant des "réformes" destinées à "remettre d'aplomb" le "modèle social" français. Le premier ministre se disait plus tard, en octobre, encore prêt à engager "mille batailles" pour le "dynamisme économique" et pour la "solidarité". En effet, la bataille est engagée sur de nombreux fronts contre les chômeurs, contre les RMIstes, contre les salariés et contre toute la classe ouvrière. Les grands discours sur la "croissance sociale" qu'on nous sert sont destinés à justifier l'actuelle série d'attaques contre les conditions de vie et de travail des ouvriers.
Le projet de loi de finances du gouvernement pour 2006 prévoit que le déficit de l'Etat ne pourra pas dépasser 3%, alors que les moins mauvaises prévisions de croissance de la production économique française se situent (contrairement au discours du gouvernement qui annonce entre 2 et 2,5%) entre 1,5 et 1,8%. Or, l'endettement de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales a déjà atteint cette année, malgré les mesures prises pour réduire le salaire social, le record de 66% du PIB. Ce qui signifie en clair que c'est la classe ouvrière qui va payer la différence, au prix fort.
Tout ce discours prétendument "social" essaie vainement de masquer que l'objectif du gouvernement est de faire pression sur tous les ouvriers, qu'ils soient au travail ou au chômage.
Un nouveau pas dans les mesures sur la Sécurité sociale
Selon le dernier rapport de la Cour des comptes, la Sécurité sociale affiche un déficit "sans précédent dans l'histoire" de cette institution, avec 8,6 milliards de pertes prévues pour l'année 2005. On nous annonce aussi que 15% des prescriptions seraient "non justifiées" et que cet "excès" de dépenses représenterait la somme de 6 milliards d'euros.
Depuis les années 1980, ce discours de l'Etat sur les mécomptes de l'assurance maladie a toujours servi de tremplin pour justifier à grands renforts de chiffres les mesures pour diminuer les "avantages" de la Sécurité sociale. La loi de 1991 portant réforme de l'assurance maladie, créée par la gauche mais mise en œuvre par les ordonnances Juppé de 1995, avait été un premier grand pas pour donner un cadre de façon à réduire les dépenses et l'accès aux soins. Sous la houlette de Douste-Blazy et avec les lois de réforme sur l'assurance maladie de juillet 2004, ce cadre a été renforcé. Il s'agit en réalité de la mise en place de moyens permettant à la bourgeoisie d'accentuer et d'accélérer à volonté la pression sur le salaire social à travers la diminution des dépenses de santé. Ainsi, on nous serine aujourd'hui qu'après un an d'existence de cette loi et des mesures qu'elle impliquait, les résultats pour "boucher le trou" de la Sécurité sociale ne sont pas suffisants. Moralité, il faut taper encore plus fort car son déficit doit passer des 8,3 milliards d'euros actuels à 6,1 en 2006.
Les mesures d'austérité en matière de santé vont ainsi passer un nouveau cap. 156 médicaments ne seront donc plus remboursés, 221 vont être déréglementés. A présent, 18 euros seront à la charge des patients pour les actes médicaux dépassant 91 euros. Cela signifie la diminution de l'accès aux actes de dépistage pour toute une frange de la population qui était jusqu'ici prise en charge à 100% en cas de suspicion de maladie grave, tels certains cancers ou pathologies neurologiques (dont l'ESB). Il reviendra en effet aux mutuelles de régler la différence alors que 20% de la population n'ont déjà pas les moyens de s'en payer une et que ces dernières vont immanquablement augmenter à terme leurs tarifs.
Ceci implique qu'un nombre grandissant d'ouvriers au travail, mais encore plus de retraités et de chômeurs, n'aura même plus les moyens d'accéder à un système de soins qui les protègent réellement.
Une attaque en règle contre les chômeurs et les RMIstes
Du fait de la poursuite des licenciements dans de nombreux secteurs, de la réforme de l'assurance-chômage et de la réduction de 30 à 24 mois des durées d'indemnisation les plus longues, le nombre de RMIstes a augmenté de 3,8% de juin 2004 à juin 2005 et compte à présent 1,24 millions de "bénéficiaires" après avoir passé le cap du million au début de l'année. Cette frange de "profiteurs" des mannes capitalistes est ainsi dans le collimateur de la bourgeoisie et soumise à des contrôles draconiens de la part des conseils généraux avec le risque de radiations sous les prétextes les plus hypocrites. Ainsi, des fins de droit au RMI sont appliquées pour non signature de contrats d'insertion, alors que cette obligation est récente et que nombre de RMIstes ne sont pas au courant de cette nécessité. Ce sont aussi les changements d'adresse qui sont le prétexte à radier les RMIstes qui n'ont pas pris la précaution de le signaler aux conseils généraux. Or, le problème du logement, qui frappe déjà brutalement l'ensemble de la population et de la classe ouvrière, est encore plus aigu pour les RMIstes, au point qu'une grande partie d'entre eux n'ont même pas de domicile et sont le plus souvent en errance, au mieux de foyer en foyer.
Quant aux chômeurs, après la série de mesures depuis le printemps dernier pour les soumettre à la pire exploitation sous peine d'être virés de leurs droits aux allocations chômage, la circulaire gouvernementale du 5 septembre était venue repréciser les critères du "caractère actif de la recherche d'emploi", pour les employés de l'ANPE qui rechignent à appliquer la baisse ou la suppression des allocations contre cette autre catégorie de "profiteurs".
De plus, pour mieux renforcer leur flicage et diminuer le coût que représentent les salariés qui gèrent le chômage, un processus de fusion a été lancé par le gouvernement, dans le cadre de la "loi de cohésion sociale", entre l’ANPE (Agence Nationale pour l’Emploi) et l’UNEDIC (Union Nationale pour l’Emploi Dans l’Industrie et le Commerce). Le premier organisme (ANPE) est plus particulièrement chargé du placement des chômeurs, tandis que l'UNEDIC est chargé de collecter les cotisations payées par les entreprises et les salariés ainsi que du paiement des indemnités de chômage. Même si ce plan ne sera mis en place que lentement, il vise en particulier à faire des économies de personnel (14 000 salariés environ à l’ANPE et 17 000 à l’UNEDIC), et des mesures sont déjà en marche. Il est ainsi prévu que 500 salariés de l’UNEDIC aillent travailler dans les locaux de l’ANPE, et des formations sont prévues dans chacun des organismes pour mieux connaître le métier de l’autre organisme et, déjà, des salariés de l’un ou l’autre organisme ont été envoyés travailler respectivement dans les locaux de l’autre.
Voilà donc en quoi consiste quelques-uns des volets principaux de la "croissance sociale" que nous promet le gouvernement : accélération dans le démantèlement de la Sécurité sociale, aggravation de la paupérisation généralisée de la classe ouvrière et croissance des attaques anti-ouvrières.
Mulan (20 octobre)