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L'article ci-dessous s'appuie sur l'analyse de notre section
en Inde par rapport aux luttes qui se sont développées à Honda Motorcycles où
s’est exprimée, comme tout récemment à l'aéroport de Londres, la solidarité
active de classe. Les ouvriers de Honda à Gurgaon, dans la banlieue ouest de
Delhi, ont mené des luttes depuis le début de cette année face aux conditions
effroyables de travail qui leur sont imposées par la bourgeoisie indienne. Ils
s'étaient notamment mis en grève le 27 juin 2005 et avaient refusé de signer
les promesses de "bonne conduite" exigées par la direction.
La brutalité policière
Le matin du 25 juillet 2005, des salariés qui manifestaient sur une route proche de Kamala Nehru Park à Gurgaon ont été chargés par la police. Beaucoup de manifestants qui ont poursuivi leur marche jusqu’au bureau du "deputy commissioner" (équivalent du sous-préfet) ont alors été chargés par des centaines de policiers et frappés à coups de bâtons. Selon Amnesty International plusieurs centaines de personnes auraient été blessés. D’autre part, plus de 500 personnes ont été arrêtées. Parmi elles, à ce jour 60 resteraient détenues. La population locale refuserait de divulguer le nombre et l’identité de ces derniers. La semaine suivante, la police aurait lancé des grenades lacrymogènes et des balles en plastique pour empêcher les employés de l’usine et leurs familles de se rassembler devant l’hôpital civil où se trouvait certains des blessés.
La bourgeoisie indienne a malheureusement habitué les ouvriers dans ce pays à être confrontés à une répression brutale.
Cela a immédiatement rappelé octobre 1979 aux ouvriers les plus âgés de la région de Delhi. A cette époque, pour contrer une vague montante de grèves d’ouvriers radicaux, les forces de répression de l’Etat n’ont rien fait de moins qu’occuper Faridabad, banlieue industrielle du sud de New Delhi, avec une série de tirs à balles réelles dans différentes parties de la ville et en imposant un couvre-feu. La bourgeoisie avait ainsi été capable de mâter le mouvement en moins d'un mois. Quelques années avant cela, les ouvriers des Moulins de Coton de Swadeshi à Kanpur avaient été encerclés et s’étaient fait tirer dessus par les forces de l’Etat. La série de répressions a été quasiment ininterrompue depuis les grèves ouvrières de 1974. La bourgeoisie indienne venait de découvrir à son corps défendant que la classe ouvrière était toujours vivante et à nouveau combative, qu’elle avait la témérité à nouveau de relever la tête après 15 ans d’offensives sans relâche de la bourgeoisie. Dans la presse d’affaires de la bourgeoisie, la crainte que la contagion des luttes ne se propage à l’ensemble de la classe ouvrière s'est clairement exprimée.
Ainsi, l'Indian Express du 9 août 2005 redoutait que les incidents de Gurgaon puissent avoir un effet domino.
Le Business Standard du 6 août 2005 exprimait la peur que : "L’émeute qui a suivi le conflit direction/ouvriers à Gurgaon à l’usine Honda Motorcycles et India Scooters (HMSI) pourraient être le premier signe majeur des évènements à venir." Pour le Financial Express du 6 août 2005, "L’effervescence ouvrière de Gurgaon a soufflé le froid sur l’échine des managers". Cette inquiétude de la bourgeoisie était partagée par l’Etat aussi bien aussi bien au niveau provincial que central. La bourgeoisie après avoir été surprise de revoir une combativité de la classe ouvrière qui ne s'était plus manifesté ces dernières années a pris immédiatement l’option de la répression sanglante.
L’importance de la solidarité de classe
Dans l'après-midi du 25 juillet à Gurgaon, des milliers d’ouvriers de Honda Motorcycles s’étaient rassemblés. Ils ont été immédiatement rejoint par une masse d’ouvriers des usines voisines de la ville industrielle de l’Hariana. C’est cette manifestation concrète de solidarité de classe de la part de différents secteurs ouvriers qui a fait peur à la bourgeoisie indienne et a amené à la répression immédiate. Quelques semaines après en Angleterre, à Heathrow les ouvriers de British Airways dans la continuité de la pratique de classe de leurs frères indiens se sont mis à leur tour en grève de solidarité envers les 670 ouvriers licenciés de Gate Gourmet. Ainsi la classe ouvrière au niveau international est en train de faire l’expérience de la solidarité de classe. Si la bourgeoisie indienne, dans un pays sous-développé, a pu utiliser immédiatement l’arme de la répression, il n’en a évidemment pas été de même à Heathrow en Angleterre.
La classe ouvrière des pays centraux, au moment de la reprise des luttes, doit intégrer dans sa conscience et dans sa pratique de classe, que c’est le développement de ses propres luttes, la généralisation de ses combats et de la solidarité active entre tous les secteurs ouvriers qui pourra freiner le bras armé de la bourgeoisie des pays sous développés.
T (24 septembre)