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La période électorale ouverte actuellement avec les régionales (21 et 28 mars), qui se poursuivra naturellement avec les cantonales puis les européennes du mois de juin, constitue un intense moment de matraquage idéologique contre le prolétariat.
"Aux urnes citoyens, la menace FN plane une fois de plus au-dessus de nos têtes". Voilà de nouveau la classe dominante en train de gonfler sa baudruche préférée, le parti de Jean-Marie Le Pen. Tous les médias bourgeois, des émissions télévisées (Guignols de l'info, Mots croisés…) à la presse écrite, sonnent le tocsin et ravivent le spectre du 21 avril, le "coup de tonnerre" des présidentielles de 2002 marquées par la percée de l'extrême droite.
De ce point de vue, l'article de Libération du 3 février, "La tête loin des urnes, un relent de 21 avril 2002", est très représentatif du souci de la bourgeoisie de relancer sa propagande anti-Le Pen au vu du désintérêt que suscite ce scrutin : "A sept semaines du premier tour des élections régionales, l'atonie de l'électorat n'a d'égale que celle qui frappait les français à l'approche du 21 avril 2002". Bien entendu, les différents partis bourgeois y vont aussi de leur couplet à l'image du premier secrétaire du PS, François Hollande, qui a lourdement insisté sur le fait qu'il ne "faut pas oublier ceux qui se font oublier" (meeting du 17 janvier à La Rochelle). Dans le même registre, les associations de chômeurs tels les comités CGT ou Apeis se mobilisent pour que les chômeurs s'inscrivent sur les listes électorales. Le FN lui-même participe à la mobilisation citoyenne des foules, l'une de ses formules de campagne (provocatrice à souhait et bien mise en avant par les médias) étant : "vous avez aimé le 21 avril, vous adorerez le 21 mars". Enfin, tout le barouf autour de la remise en cause juridique de l'éligibilité de Jean-Marie Le Pen en région PACA, "participera, participera pas", ne sert qu'une chose : l'affichage ostensible de l'extrême droite.
Rien ne manque. Tout est en place pour faire mousser "la menace Le Pen" et marteler dans les esprits que "ne pas voter est dangereux". Les prolétaires sont donc pressés de toutes parts pour faire en sorte qu'ils s'acquittent de leur devoir de citoyens. En somme, qu'ils oublient leur identité de classe, une classe qui n'a aucun intérêt à soutenir ou sauvegarder le système qui les exploite, quelle que soit sa forme, démocratique ou totalitaire.
Le bourrage de crâne ne s'arrête pas là. Depuis quelques mois, la classe ouvrière subit une vaste opération promotionnelle en faveur des valeurs républicaines. C'est, entre autres, le débat omniprésent à propos de la loi sur l'interdiction du voile dans les établissements scolaires (voir article p.5) au nom de l'égalité des chances et, par extension, entre les sexes. "Education égalitaire pour tous ? Quelle idée se cache derrière ces mots ? Croit-on que dans notre société actuelle…une éducation puisse être égalitaire pour toutes les classes ?" (Marx, Collected works, vol.4., traduit de l'anglais par nous).
Idem en ce qui concerne l'affaire Juppé ou plus précisément "l'affaire dans l'affaire", celle des pressions exercées sur les juges de Nanterre, replaçant au cœur des débats la question de l'indépendance de la Justice accompagnée de son flot de discours sur la séparation des pouvoirs comme fondement de la démocratie.
Et que dire du tripatouillage, façon Pieds Nickelés, du journal de 20 heures de France 2 le 3 février ? L'annonce bidon du retrait de Juppé de la scène politique lâchant la bonde aux lamentations et aux "terribles inquiétudes" des démocrates de tous poils au sujet du "principe d'honnêteté de l'information". Parce que nous devrions croire sur parole que les médias de la classe dominante ont toujours eu le souci jusqu'à présent de dire la vérité, et rien que la vérité, à la classe exploitée ? C'est vraiment prendre les ouvriers pour des demeurés !
Alors que la loi de remise en cause des retraites a été adoptée, que les licenciements dans le privé et les suppressions de poste dans le public continuent à s'aggraver, et qu'une réforme de l'assurance maladie se prépare à aller encore plus loin dans la dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière, à quoi sert tout ce remue-ménage ? Il s'agit pour la bourgeoisie d'éloigner, coûte que coûte, les ouvriers de tout questionnement sur la faillite du système capitaliste en les inondant de débats sur "l'avenir républicain".
Pour la classe ouvrière, l'avenir ne dépend certainement pas du cirque électoral ni de la défense des valeurs républicaines bourgeoises mais exclusivement du développement de la lutte de classe.
Azel (20 février)