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Fin 2003, Chirac nous a annoncé que 2004 serait "l'année de la lutte contre le chômage", le tout sur fond de campagne prévoyant la reprise économique dans la plupart des pays développés. Faut-il croire que le gouvernement va s'atteler à la tâche d'améliorer le sort des ouvriers au chômage ou de réduire les licenciements ? Loin s'en faut ! 2004 sera en réalité l'année d'une nouvelle série d'attaques contre les chômeurs et d'une nouvelle aggravation des conditions de vie de la classe ouvrière.
Toutes les mesures qui se dessinent vont clairement dans ce sens : pression
accrue sur les salaires avec l'augmentation de la CSG censée
réduire le trou de la sécurité sociale, plan de
démantèlement du système de protection sociale,
licenciements dans le secteur privé, suppressions d'emploi dans
le secteur public, etc. D'un côté, les "actifs"
sont pressurés au nom de la "solidarité", de
l'autre, ce sont ceux qui ne servent plus au système capitaliste,
les chômeurs, qui sont purement et simplement rejetés.
A défaut de les faire disparaître physiquement, la bourgeoisie
les élimine des comptes du chômage et trouve toutes les
raisons pour diminuer puis supprimer leurs maigres allocations.
Les mesures prises durant l'année 2003 et les résultats
auxquels est parvenu l'Etat français dans la "gestion du
chômage" sont significatifs de ce qui attend les chômeurs
pour 2004.
Ainsi, depuis le 1er janvier, plus de 250 000 chômeurs ne touchent
plus l'indemnité que leur versaient les Assedic, suite à
l'accord passé le 20 décembre entre le Medef, la CFDT,
la CGC et la CFTC réduisant de 30 à 23 mois la durée
d'indemnisation-chômage. Dès lors, un tiers d'entre eux
n'aura plus aucun revenu. 40 000 devront se contenter temporairement
de l'ASS, Allocation Spécifique de Solidarité, puisque
cette dernière a été aussi réformée
dans le sens d'une limitation de la durée d'indemnisation (deux
ans maximum). Enfin, le dernier tiers touchera un RMI remanié
dans le même esprit avec l'introduction du RMA (Revenu Minimum
d'Activité). Le revenu minimum étant maintenant conditionné
par la réinsertion professionnelle.
Alors que le gouvernement ne cesse de vanter les mesures prises en faveur
de l'emploi des jeunes comme la mise en place de 125 500 "contrats
jeunes en entreprise", le chômage de cette catégorie
d'ouvriers a augmenté de 7,2% entre novembre 2002 et novembre
2003. Signe des temps, alors qu'on nous parlait de reprise à
tout va dès l'automne 2003, l'ANPE parlait de "fin de l'embellie"
pour les cadres commerciaux et technico-commerciaux dont le chômage
a augmenté de 23% et celui des informaticiens de 66% pour l'ensemble
de l'année passée.
Pour ce qui concerne le chômage dit de longue durée, où
les ouvriers de plus de 50 ans sont les plus nombreux, le nombre de
ceux ayant plus de deux ou trois ans d'incription a augmenté
de 14%. Ce qui signifie en clair leur disparition rapide des statistiques
du chômage, celles-ci ne comptabilisant que les demandeurs d'emploi
touchant encore les indemnités.
Grâce aux tripatouillages en tous genres poursuivis par tous les
gouvernements, de gauche et de droite, depuis plus de vingt ans, le
chômage n'excède pas aujourd'hui officiellement le chiffre
de 2,5 millions. En fait, si l'on compte les dispensés de recherche
d'emploi et les rayés des listes de l'ANPE, ce sont au moins
4 millions qu'il faudrait recenser aujourd'hui, sans compter tous ces
"pauvres" vivotant tant bien que mal d'expédients et
de petits boulots.
Cette situation de chômage endémique et massif que connaît
la classe ouvrière n'est pas une exception française.
En Allemagne, l'ancienne locomotive de l'Europe, plus de 4 millions
de chômeurs étaient recensés fin 2003. La bourgeoisie
estime d'ailleurs qu'avec les centaines de milliers d'ouvriers en "formation",
autre moyen de masquer le chômage, le sous-emploi se monte à
7 millions, c'est-à-dire à 16% de la population active.
Et si dans des pays comme les Etats-Unis, avec moins de 6% de chômeurs
ou encore la Grande-Bretagne qui, après le bond des années
1980, n'en comptent "que" 3%, ce n'est nullement grâce
à un soi-disant retour au "plein emploi". C'est le
résultat de la généralisation tous azimuts du travail
à temps partiel et du travail précaire, imposés
par l'Etat comme seule condition à la survie des prolétaires.
Ainsi, c'est tout le prolétariat mondial qui est frappé
par le chômage avec une brutalité et une durée sans
précédent dans l'histoire du capitalisme.
A cette question obsédante que se posent les prolétaires
de savoir comment échapper à la menace grandissante du
chômage, la bourgeoisie répond en appelant à lui
faire confiance. Elle prétend que si tout le monde se serre la
ceinture, cela ira mieux demain. Il faudrait donc accepter les sacrifices
et courber l'échine, être solidaire des gouvernements.
Voilà plus de trente ans que l'on nous sert le même mensonge
régulièrement. Les différents gouvernements se
sont appliqués à nous faire croire que les ouvriers eux-mêmes
étaient responsables de leur propre malheur. Ainsi Fillon s'insurgeait
récemment du fait "inacceptable" que 300 000 emplois
n'étaient pas pourvus et se proposait de prendre des mesures
pour "convaincre les chômeurs d'accepter les postes proposés"
! La menace n'est même pas voilée et les effets d'annonce
sur la redémarrage de l'économie viennent d'ailleurs à
point nommé pour mieux la justifier.
La vérité n'est pas que les chômeurs seraient des
profiteurs et qu'il y aurait une solution au problème du chômage.
La vérité c'est que la crise économique du système
capitaliste n'a pas d'issue et que le chômage ne peut aller qu'en
s'aggravant... La crise ouverte en 1968 a vu le chômage enfler
régulièrement jusqu'à devenir massif et chronique
au début des années 1980. Désormais, les capitaux
nationaux ne peuvent survivre qu'en rejetant un nombre toujours plus
grand de prolétaires dans le chômage. De récessions
en récessions successives, les chômeurs se sont accumulés
comme jamais. Alors que la surproduction a explosé, que les Etats
croulent sous les dettes, la perspective de résorber le chômage
est un odieux mensonge. Les sacrifices d'aujourd'hui ne font ainsi que
préparer ceux de demain. L'Etat et les patrons licencient, suppriment
des emplois, réduisent les salaires parce que la bourgeoisie
française, comme celle de tous les pays, est contrainte de rationaliser
la production, d'éliminer les secteurs non compétitifs,
face à l'aggravation de la concurrence internationale.
Cette situation n'a rien de cyclique ou de conjoncturelle. Le chômage
est une illustration frappante de la faillite du capitalisme. Il témoigne
de la nécessité de renverser ce système moribond
et de mettre fin à la misère qu'il impose par la révolution
communiste mondiale.