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La bourgeoisie et ses médias présentent le chômage comme une fatalité, tout en "proposant" des "solutions". Ils peuvent ainsi justifier les sacrifices imposés aux ouvriers, sous la forme d'un véritable chantage à l'emploi, en cherchant à culpabiliser les "actifs", en leur demandant de "partager" travail et salaire. Bref, ils généralisent la misère, au nom de la "solidarité".
Le chômage qui affecte aujourd'hui la classe ouvrière n'est pas un phénomène nouveau. Depuis ses origines, le capitalisme a connu des crises périodiques qui, à chaque fois, se traduisaient par une poussée du chômage et une violente attaque contre les conditions de vie des ouvriers.
Le chômage dans la période ascendante du capitalisme
Au moment le plus aigu des crises cycliques du 19e siècle, certains
secteurs, comme le textile, pouvaient licencier jusqu'à 50% de
leur main-d'oeuvre. Plus largement, lorsque le patron ne parvenait pas
à vendre ses marchandises sur un marché ponctuellement
saturé, il se voyait dans l'obligation de jeter à la rue
la classe laborieuse.
L'exode rural forcé ainsi que la ruine de milliers d'artisans
incapables de concurrencer les grandes entreprises capitalistes qui
produisaient moins cher, faisait qu'une énorme masse de sans-travail
affluait vers les grandes villes pour garnir les rangs du prolétariat.
Cette gigantesque "armée industrielle de réserve"
permettait alors à la bourgeoisie de faire pression sur les salaires
pour les maintenir au niveau le plus bas. Si le chômage est également
resté particulièrement élevé avant 1850
dans le pays industriel le plus puissant à l'époque, l'Angleterre,
c'est que ses marchandises ne parvenaient pas à être écoulées
de manière suffisante. Ceci, tant sur le marché intérieur
saturé, que dans les pays du continent qui adoptaient des mesures
"protectionnistes". La France et l'Allemagne avaient en effet
tendance à fermer la porte aux produits anglais, pour ne pas
être concurrencés et favoriser les débuts de leur
propre révolution industrielle.
Mais à partir de la seconde moitié du 20e siècle,
le fait que le capitalisme n'ait pas encore conquis la planète
permettait de résoudre les effets les plus dévastateurs
de la concurrence et, surtout, de surmonter momentanément les
crises de surproduction, grâce à la découverte de
nouveaux débouchés obtenus par les conquêtes coloniales.
Les marchandises ainsi vendues pouvaient permettre de réaliser
la plus-value, c'est-à-dire le profit, et d'assurer le processus
d'accumulation du capital. Cette expansion permettait non seulement
d'écouler les surplus de marchandises dans ces zones pré-capitalistes
mais aussi, par la même occasion, d'étendre le mode de
production capitaliste, faisant des anciens producteurs de nouveaux
prolétaires.
Cette marche forcée, au prix d'épisodes sanglants, conduisait
l'industrie à absorber et intégrer à peu près
partout une main-d'oeuvre toujours plus nombreuse et concentrée.
C'est durant cette période que l'Europe continentale et les Etats-Unis
entraient de plain-pied dans la révolution industrielle. La colonisation
et le développement du capital américain absorbèrent
donc nombre de chômeurs potentiels par le biais de l'émigration
européenne (50 millions d'européens quittèrent
le "vieux continent" entre 1850 et 1914).
Ainsi, dans l'ascendance du capitalisme, pour les prolétaires, malgré la misère et la surexploitation qu'ils subissaient, les conditions d'expansion du capitalisme leur permettaient non seulement de vendre leur force de travail, mais encore de se constituer en classe, de s'organiser, de développer leur unité et d'arracher aux exploiteurs des réformes et des améliorations durables. De plus les conquêtes de zones extra-capitalistes dans toutes les régions du globe permettaient de limiter le chômage grâce à l'ouverture et à l'élargissement du marché mondial. Durant cette période, malgré son caractère inhumain, le chômage n'avait pas la signification tragique qu'il a aujourd'hui, où il apparaît comme un véritable cancer social.
Dans la décadence : une inexorable augmentation que la bourgeoisie ne peut enrayer
La Première Guerre mondiale, dont l'origine est liée
au repartage des marchés entre les différentes bourgeoisies
nationales, sanctionne la fin de cette phase dynamique du capitalisme
et annonce sa décadence.
Si, au lendemain de la "Grande Guerre", le taux de chômage
est resté assez peu élevé, c'est avant tout du
fait que des millions de prolétaires avaient été
fauchés sur le front. La période de reconstruction qui
a suivi a permis provisoirement d'absorber une main-d'oeuvre diminuée.
Dix ans après le conflit, la surproduction qui entraînait
la catastrophe de 1929 provoquait une montée dramatique du chômage
dans tous les pays industriels. Le chômage est passé de
5,9 % à 13,1 % au Royaume-Uni entre 1929 et 1932 et de 5,9 %
à 17,2 % pour la même période en Allemagne. L'exemple
le plus significatif est son bond spectaculaire aux Etats-Unis, où
il est passé de 3% en 1929 à 25% en 1933 ; situation caractérisée
par ses grèves "dures" et ses longues files d'attente
aux soupes populaires.
Si par la suite, on enregistre une légère décrue
dans la plupart des pays jusqu'au déclenchement de la Seconde
Guerre mondiale, cela n'est dû essentiellement qu'au développement
du capitalisme d'Etat, à la production d'armement et à
la politique de grands travaux d'inspiration keynésienne qui
marquent la fuite en avant du capitalisme vers la préparation
directe d'une nouvelle boucherie impérialiste, comme seule "réponse"
à ses contradictions mortelles. Ces politiques appliquées
aussi bien par les régimes démocratiques ("New Deal"
aux Etats-Unis et programme du Front Populaire en France) que par les
régimes "totalitaires" (plan quinquennaux en URSS,
mise en place de l'Institut pour la Reconstruction Industrielle -IRI-
en Italie, plan de quatre ans en Allemagne), à coup de déficits
budgétaires et d'endettement, permettaient de maintenir et de
créer une activité artificielle.
Tous les Etats poussaient violemment les prolétaires à
se sacrifier pour les intérêts de l'économie nationale.
Et de ce point de vue, les staliniens de l'URSS, de la fameuse "patrie
du socialisme", n'étaient pas en reste. La glorification
des "héros du travail", conduisant à la construction
du mythe Stakhanov, faisait partie de l'arsenal idéologique bourgeois
pour pressurer au maximum la force de travail. Si les staliniens se
targuaient de ne "pas connaître le chômage", la
mobilisation dans les vastes camps de production de l'industrie lourde,
au service de l'armement et du capital russe, où les prolétaires
devaient s'épuiser pour des conditions de vie misérables
en était le prix à payer. Ceci, sans compter la masse
des travailleurs entassés dans les goulags !
Aujourd'hui :chômage de masse et paupérisation absolue
Si, de 1945 jusqu'à la fin des années soixante, le taux
du chômage est resté encore relativement faible, c'est
grâce à la phase de reconstruction d'après guerre.
Mais à la fin des années soixante, celle-ci est terminée.
Les nations dont le potentiel industriel avait été détruit,
comme l'Allemagne, peuvent de nouveau produire et, surtout, encombrer
le marché mondial. Le chômage, jusque là repoussé
ou atténué momentanément par l'économie
de guerre, la reconstruction, les mesures étatiques et le développement
du crédit, revient alors avec fracas. Contrairement à
la veille de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, la
bourgeoisie ne peut embrigader derrière les drapeaux nationaux
une masse ouvrière qui, depuis Mai 68, a retrouvé le chemin
de la lutte sur son propre terrain de classe. L'aggravation de la crise
économique entraîne alors un inexorable mouvement de licenciements,
dans tous les pays industriels. De récessions en récessions,
les chômeurs ne cessent de s'entasser par millions.
Avec le début des années quatre-vingt, le chômage est devenu massif et chronique, ouvrant une ère de paupérisation absolue. Désormais, les différents capitaux nationaux ne peuvent survivre qu'en rejetant dans le chômage un nombre toujours plus grand de prolétaires. Alors que la surproduction atteint des niveaux inégalés et que les Etats croulent sous les dettes, que les secousses monétaires et boursières se multiplient en fréquence et en intensité, que la guerre commerciale se déchaîne tous azimuts, la perspective de "résorber" le chômage par le biais de "sacrifices nécessaires" s'avère être un odieux mensonge. En réalité, face à la concurrence, toutes les bourgeoisies nationales sont obligées de "rationaliser" leur production. Cela signifie qu'elles doivent dès maintenant fermer les usines les moins rentables, augmenter la productivité du travail, diminuer les effectifs, accélérer les cadences, baisser les salaires. La crise et le chômage ainsi engendré ne sont ni cycliques, ni conjoncturels. Alors que le capitalisme avait pour raison d'être essentielle de développer les forces productives en généralisant le salariat comme c'était le cas dans le passé, son incapacité évidente aujourd'hui à donner du travail à des dizaines de millions de prolétaires signifie que ce système est arrivé au bout du rouleau.
Au début du 21e siècle, le drame du chômage illustre de façon éclatante la faillite du mode de production bourgeois. Il témoigne de la nécessité pour la classe ouvrière de renverser ce système moribond et de mettre fin, par la révolution communiste mondiale, à la misère capitaliste.