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Le monde capitaliste sombre jour après jour dans un chaos plus terrifiant. Les manifestations de la barbarie de ce système décadent qui se sont illustrées récemment par les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis et par la guerre en Afghanistan traduisent l'impasse d'une société en train de courir à sa perte. Aux guerres et aux massacres viennent s'ajouter d'autres manifestations de la décomposition de ce système dont l'agonie prolongée ne peut engendrer que destructions sur destructions.
Plus d'un millier de victimes (735 morts officiels et entre 200 et 500 " disparus " à ce jour) ensevelies ou emportées par un océan de boue qui a dévasté le 10 novembre le coeur des quartiers populaires d'Alger et du nord du pays. En apparence, une nouvelle catastrophe " naturelle " provoquée par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la région. En réalité, une nouvelle horreur dont le capitalisme est responsable.
Le capitalisme est le responsable des catastrophes
Les pouvoirs publics ont depuis des années laissé s'édifier, dans les quartiers algérois de Bab-el-Oued, de Oued Koriche, de Frais Vallon ou de Beau Fraisier, des dizaines de milliers d'habitations précaires, de taudis, voire de véritables bidonvilles sur des terrains en pente non constructibles, objets d'une véritable frénésie spéculative face à la pénurie endémique de logements dans la capitale. De surcroît, des routes et des habitations ont été édifiées à même le lit de rivières asséchées. Une déforestation anarchique, permettant d'élargir cette zone sur les hauteurs de la ville, a détruit les digues naturelles des arbres sur les hauteurs au niveau d'anciens cours d'eau ou de canalisations. Des torrents de boue se sont formés et ont dévalé des collines entourant la ville, charriant et emportant tout sur leur passage. Alors que des bulletins météo annonçant des vents à plus 90 km/h et des pluies exceptionnelles avec les risques de tempête que cela comportait avaient été communiqués à tous les ministères trois jours auparavant, les autorités ont négligé de prévenir les populations des risques encourus et de prendre la moindre mesure de prévention. De plus, le gouvernement avait fait boucher depuis 1997 les sorties d'égouts et bétonner des galeries souterraines de ce secteur afin d'empêcher les groupes islamistes armés de se réfugier dans les sous-sols de la capitale. La classe dominante, non contente de chercher à se dédouaner de ce drame dont elle est pleinement responsable, y ajoute le mépris le plus écoeurant.
Le cynisme des gouvernements
Le président Bouteflika -se présentant d'ordinaire comme un champion de la laïcité- n'a prononcé une allocution télévisée que trois jours après le drame et n'a rien trouvé de mieux que de déclarer : " Ce n'est ni le gouvernement ni un parti qui est responsable de ce qui est arrivé. C'est une épreuve envoyée par Dieu, ceux qui ne l'acceptent pas ne sont pas de bons musulmans. " Pour couronner le tout, des dizaines de milliers de familles se retrouvant sans abri sont privées de toute aide des pouvoirs publics et du gouvernement qui les traitent avec le plus souverain mépris. Leur hypothétique relogement s'effectue au compte-gouttes sous le prétexte "de filtrer et d'écarter les profiteurs qui cherchent à obtenir un nouveau logement". Dans un pays où le bakchich et la corruption sont rois, c'est le comble du cynisme de la bourgeoisie et du gouvernement. Il est d'ailleurs estimé que 7 millions de logements seraient à construire dans le pays pour faire face à l'insalubrité des habitations et au surpeuplement, alors que le taux de chômage atteint 35% et que 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
Pour une bonne partie de la population, il est clair aujourd'hui que l'attentat du 20 novembre à la gare routière d'Alger qui a fait 30 blessés à l'heure où elle était la plus fréquentée (au moment où les ouvriers se rendaient à leur travail et au moment du passage des bus scolaires) a été une opération de diversion du gouvernement pour détourner la colère des populations et des prolétaires en particulier envers les autorités vers la piste terroriste.
Ce mépris et ce cynisme, sont les mêmes que ceux qui se manifestent après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse le 21 septembre qui a fait 30 morts et qui privent encore 15.000 familles ouvrières de foyer décent à l'entrée de l'hiver (voir article dans ce même n°).
La survie du capitalisme : une menace pour l'humanité
Le "crash" de l'Airbus A-300 d'American Airlines sur un quartier résidentiel de New York le 12 novembre qui a provoqué la mort de 265 personnes est tout aussi significatif. L'enquête issue de l'analyse des boîtes noires n'a pu avancer que deux éléments d'explication. D'une part, le crash serait dû à un "effet de sillage", au décollage de l'avion trop rapproché du précédent (105 secondes seulement) qui aurait déstabilisé l'appareil. D'autre part, la rupture brutale de la dérive en carbone, lors de sa mise en action ne peut s'expliquer vraisemblablement que par une fissure imputable à un défaut de fabrication. D'un côté, cela met en cause la gestion aberrante par le capitalisme de l'intensité du trafic aérien. De l'autre, la fragilité de la chaîne et les difficultés de contrôle des infrastructures de plus en plus sophistiquée des moyens de transport soumis aux lois de la rentabilité. Ce nouveau choc psychologique et traumatique énorme survenait deux mois après l'écroulement des Twin Towers, surtout auprès de la population américaine et particulièrement new-yorkaise. La couverture médiatique de l'événement a cependant été vite étouffée, dès que la piste d'un nouvel attentat pour expliquer l'accident a été écartée. On le comprend d'autant mieux que cette catastrophe n'est nullement de nature à rehausser le prestige de la première puissance mondiale alors qu'elle se produit en pleine démonstration de force avec l'intervention militaire américaine en Afghanistan. La classe dominante aux Etats-Unis démontre qu'elle n'est pas capable de maîtriser ses infrastructures et renvoie l'image d'un espace intérieur aérien peu sûr et peu fiable. Là encore, la responsabilité de l'accident repose entièrement sur la course effrénée au profit capitaliste qui s'avère de plus en plus incapable d'en gérer et d'en contrôler les conséquences. Qu'il s'agisse d'accidents ou de cataclysmes naturels, l'ampleur des dégâts matériels et surtout le bilan humain de ces catastrophes résultent entièrement de la loi du profit capitaliste le plus rapide et au coût le plus bas au mépris des vies humaines. Non seulement le capitalisme produit des forces technologiques avant tout canalisées et exploitées pour fabriquer les armes monstrueuses susceptibles d'anéantir la planète, développe de façon incontrôlée des sources d'énergie qui détruisent l'environnement souvent de manière irréversible[1], mais il condamne des populations entières à la mort parce que sa loi du profit maximum le pousse à réduire et même à détruire toute protection contre les catastrophes, naturelles ou pas. Ce n'est donc pas le produit d'une quelconque fatalité, d'une "loi des séries" ou autre "erreur humaine" si souvent invoquées lors des "accidents" ou "catastrophes" du même genre de plus en plus fréquents sur la planète. Toutes ces tragédies de plus en plus nombreuses qui font la "une" macabre de l'actualité sont la manifestation de la faillite totale du mode de production capitaliste. Elles sont l'expression criante d'un système qui entraîne aveuglément l'humanité vers des catastrophes toujours plus tragiques et meurtrières. Elles ont les mêmes causes : la décomposition générale qui gangrène l'ensemble du corps de la société capitaliste. Et c'est la survie du capitalisme qui est devenu une menace permanente pour la survie de l'humanité.
CB (25 novembre)[1] Tous les aspects de la décomposition se trouvent de plus en plus mêlés aujourd'hui : on se souvient du crash du Boeing 747 le 4 octobre 1992 sur des immeubles d'une cité près d'Amsterdam, comparable à celui du Queens. Il y a quelques mois, on apprenait que des habitants du quartier avaient été touchés par le "syndrome du Golfe" et que le fuselage était lesté avec de l'uranium appauvri, servant de contrepoids pour équilibrer les gouvernes des appareils. Au passage, on apprenait aussi qu'en février 2001, près de 7 tonnes d'uranium appauvri servaient encore de lest à 60 % des avions de ligne de la compagnie Air France. De la même façon, les ruines de Twin Towers révélaient que les tours étaient bourrées d'amiante.