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Les conflits meurtriers
continuent à ravager la planète. Les belles promesses sur un "monde
de paix" faites en 1990, à la suite de l'effondrement du bloc de
l'Est, sont bien loin de correspondre à la réalité. Au
contraire, l'humanité s'enfonce dans une barbarie guerrière permanente.
L'actualité nous le démontre jour après jour :
- déchaînement d'attentats meurtriers et escalade de violence aveugle au Moyen-Orient ;
- affrontements sanglants en Macédoine malgré le pseudo-désarmement de l'UCK arbitré par l'envoi de 3 500 hommes des troupes de l'OTAN ;
- "processus de paix" remis en question en Irlande du Nord alors qu'épisodiquement des affrontements ou des bombes éclatent à nouveau ;
- multiplication d'accrochages armés après l'échec, en juillet dernier, des négociations indo-pakistanaises sur le Cachemire ;
- terreur en Afghanistan ou en Afrique (Somalie, Soudan, région des Grands
Lacs, Angola, Casamance...) de plus en plus livrés aux guerres de bandes
armées rivales.
Sans compter les victimes de la guerre larvée qui se poursuit en Tchétchénie ou les massacres qui se perpétuent à travers les luttes entre factions rivales au sein de l'Etat en Algérie...
Dans tous les coins du monde, des hommes, des femmes, des enfants meurent tous
les jours parce que leur bourgeoisie veut conquérir ou défendre
un bout de terre ou de pouvoir, au nom des intérêts de la patrie,
de la religion, de l'indépendance nationale. Des centaines de milliers
de prolétaires sous l'uniforme ou en civil sont sacrifiés pour
des intérêts qui ne sont pas les leurs. Comment arrêter ces
tueries absurdes, comment y mettre fin ?
Ainsi, le Moyen-Orient renvoie à nouveau depuis un an l'image même
de la fuite en avant dans cette folie meurtrière. Et, depuis un an, jour
après jour, la liste des morts et des blessés s'allonge en Israël
comme dans les territoires occupés.
Le nationalisme est un poison idéologique pour les exploités
On assiste d'un côté
à la réactivation du terrorisme de l'Etat israélien avec
une série d'attentats ciblés contre les leaders palestiniens du
Fatah, du FPLP ou du Hamas, de l'autre à la multiplication des attentats-suicides
faisant un maximum de victimes (comme à l'entrée d'une discothèque
le 1er juin puis dans une pizzeria en plein centre de Tel Aviv le 9 août).
Tout cela à côté de la poursuite de raids et de bombardements
à coups de missiles sur les cités palestiniennes, dans un climat
d'affrontements et de provocations endémiques sur l'esplanade des mosquées
à Jérusalem qui pousse les populations dans chaque camp vers un
déferlement de haine raciale. Non seulement le gouvernement Sharon pousse
à la colonisation des territoires occupés, mais il encourage les
colons à détruire au passage de façon provocatrice les
habitations des Palestiniens.
Dans cette partie du monde qui a déjà connu cinq guerres ouvertes
depuis la fin de la seconde boucherie mondiale (sans compter les opérations
militaires en temps de "paix"), ce sixième conflit est une
véritable escalade dans la terreur permanente pour les populations, et
se traduit par des massacres aveugles, l'entraînement de jeunes adolescents
dans la pire des hystéries nationalistes et le pire fanatisme religieux.
Aujourd'hui, face à la guerre du Moyen-Orient, de chaque côté, les cliques dirigeantes appellent les ouvriers à "défendre la patrie", qu'elle soit juive ou palestinienne. Des deux côtés, le sang des prolétaires continue à couler. Pour les intérêts exclusifs de leurs exploiteurs.
Mais, des deux côtés coulent également de façon répugnante
les flots de propagande nationaliste, une propagande abrutissante destinée
à transformer des êtres humains en bêtes féroces.
Les bourgeoisies israélienne et arabes n'ont cessé de l'attiser
depuis plus d'un demi-siècle. Aux ouvriers israéliens et arabes,
on n'a cessé de répéter qu'ils devraient défendre
la terre de leurs ancêtres. Chez les premiers, on a développé,
à travers une militarisation systématique de la société,
une psychose d'encerclement afin d'en faire de "bons soldats". Chez
les seconds, on a ancré le désir d'en découdre avec Israël
afin de retrouver un foyer, une nation. Et pour ce faire, les dirigeants des
pays arabes dans lesquels ils étaient réfugiés les ont
maintenus pendant des dizaines d'années dans des camps de concentration,
avec des conditions de vie insupportables, au lieu de les laisser s'intégrer
dans la société de ces pays.
Le nationalisme est une des pires idéologies que la bourgeoisie ait inventées.
C'est l'idéologie qui lui permet de masquer l'antagonisme entre exploiteurs
et exploités, de les rassembler tous derrière un même drapeau
pour lequel les exploités vont se faire tuer au service des exploiteurs,
pour la défense des intérêts de classe et des privilèges
de ces derniers.
Pour couronner le tout, il s'y ajoute le poison de la propagande religieuse, cet "opium du peuple" comme ont toujours dit les révolutionnaires, qui permet de susciter les fanatismes les plus déments, ceux des actuels "kamikaze" palestiniens porteurs de bombes sur le sol israélien.
Malgré toutes les "poignées de mains historiques", les
conférences de "paix" sous patronage américain, les
promesses de renouer les négociations, le ballet incessant des voyages
diplomatiques, la situation n'a fait qu'empirer. Le ministre israélien
de la Défense déclarait le 7 août : "il n'y a pas de
solution militaire au conflit". D'autres responsables politiques israéliens
avouent en privé que cette guerre est une impasse parce qu'il n'y a aucun
moyen qu'elle débouche sur une victoire militaire d'Israël. En fait,
s'il n'y pas de solution sur le terrain militaire pas plus que sur le terrain
diplomatique bourgeois, c'est que toutes les guerres sont des impasses ; des
impasses qui sont inscrites dans la nature même du capitalisme. Les grandes
puissances continuent à faire croire qu'elles veulent la paix. En fait,
elles utilisent ou attisent les affrontements pour la défense de leurs
sordides intérêts impérialistes concurrents. Suivant le
pays et la couleur des gouvernements, on nous engage à prendre fait et
cause pour l'un ou l'autre camp en présence, en particulier en France
où la forte implantation des deux communautés avive les passions.
Le pacifisme : une illusion au service de la guerre
En même temps, en
particulier en Israël, s'est développé ces derniers mois
un ras-le-bol, une lassitude, voire un écoeurement face à la guerre
qui traduisent un réel rejet de la politique militariste du gouvernement
"d'union nationale". Ce rejet s'appuie avant tout sur la dégradation
croissante, accélérée par la guerre, des conditions de
vie des populations et des prolétaires en particulier. L'aggravation
de la crise économique dans ce pays est spectaculaire : le taux de chômage,
qui touche officiellement plus de 10% de la population, a bondi de près
de 4% en un mois, il est le plus élevé depuis la création
de l'Etat hébreu. Un tiers des entreprises de haute technologie a disparu
en moins d'un an. Le taux de croissance, qui était de 6,2 % en 2000,
a chuté à moins de 1%. Et surtout, au sein d'une société
déjà entièrement militarisée, les budgets de l'armée
et de la police viennent encore d'être revus à la hausse, au détriment,
évidemment, des budgets sociaux. Une fraction de la bourgeoisie israélienne
s'est récemment appuyée sur le mécontentement provoqué
par la politique militariste du gouvernement pour dévoyer ce sentiment
d'exaspération et animer une reprise des mouvements et des manifestations
pacifistes, notamment une marche aux flambeaux, le 5 août dernier, rassemblant
de 5 à 10.000 personnes au centre de Tel Aviv. Le terrain du pacifisme
n'a jamais été une réponse à la guerre car il est
totalement illusoire. Il consiste à mobiliser les populations pour "faire
pression sur les dirigeants", afin de leur demander et les convaincre de
"faire la paix". Ce qui ne sera jamais possible car, si ces dirigeants
se font la guerre, c'est précisément parce qu'ils expriment des
réels intérêts impérialistes concurrents et antagoniques.
Déjà aujourd'hui, chaque nouvel attentat contre les populations
civiles en Israël vient démontrer l'inanité du mouvement
pacifiste, le pulvérise, le replonge dans son inconsistance et transforme
ses anciens partisans en nouveaux apôtres de la croisade belliciste contre
"la férocité de l'ennemi". Dans l'histoire, tout ceux
qui ont emboîté le pas à la démarche du pacifisme
se retrouvent toujours au bout du compte dans un camp contre l'autre, au nom
de la défense de "l'agressé" contre "l'agresseur",
de la défense du "plus faible" contre le "plus fort",
de la défense du "bon qui veut la paix" contre le "mauvais
qui veut la guerre" comme ce fut le cas dans les deux conflits mondiaux.
Et finalement, les pacifistes se sont retrouvés aux côtés
des pires chauvins sous le drapeau de la "défense de l'intérêt
national". C'est pourquoi le pacifisme a toujours été le
meilleur auxiliaire idéologique et le sergent recruteur le plus efficace
de la politique belliciste de la bourgeoisie.
Mais là dedans où se trouvent les intérêts de la
classe ouvrière, celle d'Israël, juive ou arabe, celle de Palestine,
celle des autres pays du monde ? Nulle part.
Ce n'est pas ainsi qu'on peut arrêter la guerre. La seule façon
de se battre contre la guerre, c'est de se battre contre le système qui
l'engendre, contre le capitalisme.
Pour mettre fin à la guerre, il faut renverser le capitalisme
Les prolétaires n'ont pas de patrie. Ils n'ont pas à se mobiliser sur le terrain du nationalisme, de la religion ou du pacifisme, mais leur combat contre la guerre et l'exploitation passe par la lutte de classe, là-bas comme ici. Les ouvriers juifs qui, en Israël, sont exploités par des capitalistes juifs doivent se mobiliser et se battre contre eux. Les ouvriers palestiniens qui sont exploités par des capitalistes juifs ou par des capitalistes arabes doivent se battre contre leurs exploiteurs.
Les ouvriers des "grandes démocraties", dont les dirigeants
ont toujours les mots de "paix" et de "droits de l'homme"
à la bouche, doivent refuser de prendre partie pour un camp bourgeois
ou pour l'autre. En particulier, ils doivent refuser de se laisser berner par
les discours des partis qui se réclament de la classe ouvrière,
les partis de gauche et d'extrême-gauche qui leur demandent d'aller manifester
"leur solidarité avec les masses palestiniennes" en quête
de leur "droit à une patrie". La patrie palestinienne ne sera
jamais qu'un Etat bourgeois au service de la classe exploiteuse et opprimant
ces mêmes masses, comme c'est déjà le cas aujourd'hui à
travers les Arafat et consorts, avec des flics et des prisons. La solidarité
des ouvriers des pays capitalistes les plus avancés ne va pas aux "Palestiniens"
comme elle ne va pas aux "Israéliens", parmi lesquels se mélangent
exploiteurs et exploités. Elle va aux ouvriers et chômeurs d'Israël
et de Palestine, qui d'ailleurs mènent déjà la lutte contre
leurs exploiteurs malgré tout le bourrage de crâne dont ils sont
victimes, comme elle va aux ouvriers de tous les autres pays du monde. Et la
meilleure solidarité qu'ils puissent leur apporter ne consiste certainement
pas à encourager leurs illusions nationalistes. Cette solidarité
passe nécessairement avant tout par le développement de leur combat
contre le système capitaliste responsable de toutes les guerres, un combat
contre leur propre bourgeoisie.
Au Moyen-Orient, comme dans beaucoup d'autres régions du monde ravagées
aujourd'hui par la guerre, il n'y a pas de "juste paix" possible dans
le capitalisme. Pour mettre fin à la guerre, il faut renverser et abolir
le capitalisme, il n'y a pas d'autre voie. La paix, la classe ouvrière
devra la conquérir en renversant le capitalisme à l'échelle
mondiale, ce qui passe aujourd'hui même par le développement de
ses luttes sur son terrain de classe, contre les attaques économiques
de plus en plus dures que lui assène un système plongé
dans une crise insurmontable.
Contre le nationalisme, contre les guerres dans lesquelles veulent vous entraîner
vos exploiteurs,
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !