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Samedi 18 décembre 2004, deux soignantes de l'hôpital psychiatrique de Pau étaient retrouvées atrocement assassinées sur leur lieu de travail. C'est à juste titre que cet événement a créé une grande émotion dans le milieu hospitalier comme dans l'ensemble de la population. Ce drame a en effet une fois de plus mis à nu la réalité catastrophique des conditions de travail et du manque d'effectif des hôpitaux psychiatriques et plus largement des hôpitaux généraux. Récemment, la découverte d'un probable assassinat de malade à l'hôpital Georges Pompidou de Paris où le meurtre d'un patient par un autre dans un hôpital psychiatrique du Nord de la France sont venus remettre en avant cette question de plus en plus récurrente de la violence et de l'insécurité dans les établissements hospitaliers.
Evidemment, le ministre de la santé, le "bon" Dr Douste-Blazy, s'est précipité à Pau pour assurer le personnel de sa peine en réclamant énergiquement un "moratoire immédiat sur la fermeture des lits en hôpital psychiatrique". Le tout étayé de la promesse du déblocage pour la mi-février 2005 de 200 millions d'euros pour le secteur de la santé mentale, ce "parent pauvre" de la santé publique.
Ces mesures ne semblent de prime abord n'être qu'un cautère sur une jambe de bois ; les 200 millions d'euros débloqués ne représentent en effet rien au regard des exigences en terme de personnel. Il ne s'agit en effet pas d'une augmentation du budget mais d'un fond momentané.
L'essentiel n'est cependant pas là. Car il est clair que, derrière leurs larmes de crocodile, le ministre de la santé et le gouvernement n'ont pas seulement proposé des mesures de poudre aux yeux mais se sont, en réalité, servis avec le pire cynisme du meurtre des deux soignantes de Pau pour avancer la mise en place d'une exploitation aggravée des soignants en psychiatrie. Le fameux "moratoire", c'est-à-dire le gel de la fermeture des lits en psychiatrie, sans personnel supplémentaire ce qui est certain, signifie clairement la continuation des mêmes conditions de travail, dans une situation sociale où le nombre de gens atteints de troubles psychologiques graves augmente à vitesse grand V.
Mais c'est aussi la proposition d'ouvrir les centres médico-psychologiques jusqu'à 20h et le week-end qui est une véritable crapulerie. Le personnel de ces centres qui accueille ou visite des patients, souvent en crise, est encore moins nombreux que celui du personnel des hôpitaux donc encore plus exposé, car de surcroît isolé dans les communes. Ce qui signifie le mettre potentiellement encore plus en danger sans aucunement régler le problème de la surveillance des personnes potentiellement dangereuses dans ou hors de l'hôpital.
Douste-Blazy, qui a fait le serment d'Hippocrate, a d'autres réponses, d'une efficacité redoutable. D'abord, embaucher, non pas des infirmières, mais… des vigiles "formés au milieu hospitalier", autrement dit des matons pour aliénés ! Il y a mieux encore : relier les lieux de soins en psychiatrie directement avec les commissariats. C'est pour cela que de Villepin l'a accompagné dans sa tournée des popotes. C'est sûr, les malades seront bien soignés ! Et le personnel sous surveillance.
Voilà ce que nous propose la bourgeoisie et ses représentants devant les expressions les plus criantes de la décomposition du système capitaliste, comme la montée de la violence des rapports humains ou l'augmentation des décès au travail : le renforcement de l'exploitation et la matraque.
Mulan (26 janvier)