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Révolution Internationale n° 441 - juillet août 2013

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A propos du film "Hannah Arendt", de Margarete Von Trotta: un éloge de la pensée

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L'histoire tourmentée de l'Allemagne au XXe siècle est riche en thèmes dramatiques dans tous les sens du terme ; en témoignent des films qui depuis quelques années ont connu un succès retentissant : Le pianiste par exemple1, (sur le ghetto de Varsovie), ou encore Goodbye Lenin ou La vie des autres (à propos de l'Allemagne de l'Est et de la chute du mur de Berlin). La cinéaste Margarete Von Trotta a déjà puisé à plusieurs reprises dans ce réservoir profond, et elle n'a pas hésité à s'attaquer à des sujets difficiles : "Les années de plomb" (1981), une version romancée de la vie et de la mort (dans des circonstances jamais complètement élucidées, dans la prison de Stammheim) de la terroriste de la "Fraction armée rouge" Gudrun Ensslin ; un film biographique sur Rosa Luxemburg (1986) ; "Rosenstrasse" (2003), sur une manifestation de femmes allemandes en 1943 contre la rafle par la Gestapo de leurs maris juifs. Son nouveau film, "Hannah Arendt" (sorti en 2012 en Allemagne et en 2013 en France), revient sur le sujet de la guerre, la Shoah et le nazisme, à travers un épisode de la vie de la philosophe allemande éponyme, remarquablement interprété par l'actrice Barbara Sukowa, qui avait joué le rôle de Rosa Luxemburg 20 ans auparavant.

Née en 1906, Hannah Arendt était d'origine juive. Jeune étudiante, elle suivit les cours du philosophe Martin Heidegger, avec qui elle eut une relation amoureuse. Le fait qu'elle n'ait jamais renié cette relation, ni Heidegger lui-même, malgré l'adhésion de ce dernier au parti Nazi à partir de 1933, lui a été beaucoup reproché par la suite ; ses liens avec Heidegger et sa pensée philosophique, sans doute très complexe, auraient presque mérité un roman à eux seuls, et les flashbacks de ses rencontres avec Heidegger sont peut-être les scènes les moins réussies du film, les seules où on sent Von Trotta moins en prise avec le thème traité dans son film : la "banalité du mal".

Hannah Arendt fuit l'Allemagne en 1933, au moment de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, pour s'installer à Paris où elle milite dans le mouvement sioniste malgré des positions critiques à son égard. C'est à Paris qu'elle épouse, en 1940, son deuxième mari Heinrich Blücher. Avec l'invasion de la France par l'Allemagne, elle est internée par l'État français dans le camp de Gurs, mais elle réussit à s'enfuir et arrive enfin – après maintes péripéties – aux États-Unis en mai 1941. Complètement démunie, elle gagne sa vie et réussit à s'établir comme universitaire (elle sera même la première femme admise comme professeur par la prestigieuse université de Princeton) et, en 1960, lorsque le film commence, Arendt est une intellectuelle d'envergure ayant déjà publié deux de ses œuvres les plus importantes : Les origines du totalitarisme (1951) et La condition de l'homme moderne (1958). Hannah Arendt n'était certes pas marxiste, même si elle s’est intéressée à l’œuvre de Marx et à la vie de Rosa Luxemburg, son mari Heinrich étant ancien spartakiste puis membre de l'opposition à la stalinisation du KPD dans les années 20, rejoignant le KPD-Opposition (ou KPO) de Brandler et Thalheimer lors de l'exclusion de celui-ci du parti.2 Le film contient un clin d'œil à l'engagement d'Heinrich : on apprend, de la bouche d'une amie américaine du couple, que "Heinrich était avec Rosa Luxemburg jusqu'à la fin". Sans être marxiste le travail philosophique d'Arendt et surtout son analyse des mécanismes du totalitarisme restent très pertinentes aujourd'hui. Par sa rigueur de pensée et par son intégrité, grâce à laquelle elle est prête à s'engager contre les poncifs et les lieux communs de l'idéologie dominante de son époque, Hannah Arendt, par son honnêteté, est une femme qui dérange. En faisant une analyse très fine du procès d'Eichmann à Jérusalem, Arendt cherche à comprendre comment des êtres humains ont pu être les fonctionnaires de l’extermination des juifs ?

Les premiers moments du film évoquent l'enlèvement d'Adolf Eichmann par le Mossad, en Argentine. Sous le régime nazi, Eichmann avait occupé plusieurs positions d'importance, d'abord dans l'organisation de l'expulsion des juifs d'Autriche, ensuite, pendant la guerre, de la logistique de la "solution finale", notamment le transport des juifs d'Europe vers les camps de la mort d'Auschwitz, Treblinka et d'autres. L'intention de David Ben Gourion, premier ministre d'Israël et donc responsable de l'opération du Mossad, était clairement de monter un procès spectacle fondateur pour le jeune État, où les juifs eux-mêmes jugeraient un des auteurs de leur génocide.

En apprenant la nouvelle du procès Eichmann à venir, Arendt propose à la revue littéraire le New Yorker de suivre le procès et d'en faire le reportage. La série d'articles qu'elle a écrite sur le procès fut publiée par la suite en forme de livre sous le titre La banalité du mal. La publication du livre créa un scandale retentissant en Israël et encore plus aux États-Unis : Arendt fut l'objet d'une campagne de dénonciation médiatique : "juive qui se déteste" et "Rosa Luxemburg du néant" n'étaient que deux des épithètes les plus sobres. On lui demanda de démissionner de son poste universitaire, ce qu'elle refusa. C'est justement l'évolution de la pensée d'Arendt pendant le procès et la réaction à son livre qui fournit la matière du film. Et quand on y pense, faire une œuvre dramatique du mouvement contradictoire et parfois pénible de la pensée philosophique sans toutefois trivialiser celle-ci est une sacrée gageure que Von Trotta et Sukowa relèvent avec brio.

Pourquoi donc le reportage d'Arendt a-t-il fait autant scandale ?3 En partie la réaction était compréhensible et même inévitable : Arendt manie le scalpel de la critique comme un chirurgien, mais pour beaucoup, la guerre et les souffrances abominables des victimes de la Shoah étaient trop proches, les traumatismes encore trop présents, pour pouvoir prendre du recul sur les événements. Mais les voix les plus fortes étaient intéressées : intéressées surtout à garder sous silence des vérités gênantes que la critique d'Arendt dévoilait.

Arendt coupait au vif quand elle démontait la tentative du premier ministre d'Israël, David Ben Gourion, d'utiliser le procès Eichmann comme un procès spectacle fondateur pour justifier l'existence d'Israël par le calvaire des juifs dans le Shoah. Pour cela, le procès Eichmann devait être celui d'un monstre, digne représentant des crimes monstrueux des nazis contre l’humanité. Arendt elle-même s'attendait à voir un monstre, mais plus elle l’observait moins elle était convaincue, non pas de la culpabilité mais de la monstruosité. Dans les scènes du procès, Von Trotta place Arendt non pas dans la salle d'audience du tribunal mais dans une salle réservée aux journalistes qui regardaient le procès par une liaison télévisée. Ce truchement cinématographique permet à Von Trotta de nous montrer, non pas un acteur qui joue Eichmann, mais le vrai Eichmann lui-même, et comme Arendt, nous pouvons voir cet homme médiocre (Arendt utilisait le terme "banal" plutôt dans le sens de "médiocre") qui n'a rien à voir avec la folie meurtrière d'un Hitler ni de la froideur toute aussi folle d'un Goebbels (comme on a pu les voir brillamment interprétés par Bruno Ganz et Ulriche Mathes dans La Chute). Au contraire, nous sommes face à un petit bureaucrate dont l'horizon intellectuel ne dépasse guère celui de son bureau et de son bon fonctionnement, et dont les perspectives ne dépassent pas ses espoirs de promotion et les rivalités bureaucratiques. Eichmann n'est pas un monstre, en conclut Arendt : "il aurait été très réconfortant de croire qu'Eichmann était un monstre (…) Le problème avec Eichmann était précisément qu'il y en avait tant comme lui, qui n'étaient ni des pervers ni des sadiques, mais au contraire remarquablement et épouvantablement normaux" (p. 274).4 En somme, le crime d'Eichmann n'était pas d'avoir été responsable à la manière d'un Hitler de l'extermination des juifs, mais d'avoir abdiqué toute capacité de réflexion, de penser, et d'avoir donc agi en toute légalité et en toute bonne conscience comme un simple rouage d’une machine totalitaire d’un État qui, lui, était criminel. Le "bon sens" indubitable des "personnalités" lui a servi de "guide moral". Ainsi, la conférence de Wannsee (qui devait mettre en marche le mécanisme opérationnel de la "solution finale") "était une occasion très importante pour Eichmann, qui ne s'était jamais mêlé à autant de 'grandes personnalités' (…) Maintenant il pouvait voir de ses yeux et entendre de ses oreilles non seulement Hitler, non seulement Heydrich ou le 'sphinx' Müller, non seulement les SS ou le Parti mais aussi l'élite de la bonne vieille fonction publique se disputant les honneurs de la direction de ces questions 'sanglantes'. A ce moment, j'ai ressenti une émotion à la Ponce Pilate, je me suis senti lavé de toute culpabilité" (p. 112).

Arendt récuse explicitement l'idée que "tous sont potentiellement coupables", ou "coupables par association" : Eichmann méritait la mort pour ce qu'il avait fait lui-même. (comme si son exécution pouvait redonner vie aux monceaux de cadavres!) Cela dit, son analyse est une gifle courageuse infligée à l'antifascisme devenu idéologie officielle de tous les États, et notamment de l’État sioniste. De notre point de vue, la "banalité" dont parle Arendt est celle d'un monde – le monde capitaliste, – où l'être humain, aliéné et réifié, est réduit à l'état d'une chose, d'une marchandise, un rouage dans la machine du capital. Cette machine n'est pas le seul apanage de l’État Nazi. Arendt nous rappelle que la politique de "judenrein" (se débarrasser des juifs) avait déjà été explorée par l’État polonais avant la guerre, en 1937, et que le très démocratique gouvernement français en la personne de son ministre des affaires étrangères, Georges Bonnet, avait envisagé l'expulsion des 200.000 juifs "non-français" vers Madagascar (Bonnet avait même demandé des conseils en la matière à son homologue allemand Von Ribbentrop). Arendt épingle également le tribunal de Nuremberg comme un "tribunal des vainqueurs" ou siégeaient des juges dont les pays étaient aussi responsables de crime de guerre : les russes coupables des goulags, et les américains coupables du bombardement atomique de Nagasaki et Hiroshima.

Arendt n'est pas tendre non plus avec l’État d'Israël. Contrairement aux autres reporters, elle souligne dans son livre l'ironie amère de la mise en accusation d'Eichmann pour des crimes à base raciale, alors que lui-même incorpore des distinctions raciales dans ses propres lois : "la loi rabbinique dicte le statut personnel des citoyens juifs, avec comme résultat qu'aucun juif ne peut épouser un non-juif, les mariages à l'étranger sont reconnus mais les enfants des mariages mixtes sont illégitimes (…) et si on est né de mère non juive on ne peut être ni marié ni enterré". Quelle ironie amère, que les rescapés de la politique de "pureté raciale" nazie chercheraient à créer leur propre "pureté raciale" en terre promise ! Arendt détestait le nationalisme en général et le nationalisme israélien en particulier. Déjà dans les années 1930, elle s'était opposée à la politique sioniste et au refus de celle-ci de chercher un mode de vie en commun avec les palestiniens. Et elle n'hésite pas à démasquer l'hypocrisie du gouvernement Ben Gourion, qui braque les projecteurs sur les liens de certains États arabes avec le régime Nazi mais reste silencieux sur le fait que l'Allemagne de l'Ouest continuait d'abriter un nombre impressionnant de nazis haut placés dans des postes à responsabilité.

Un autre motif de scandale était la question des "Judenrat" – les conseils juifs créés par les nazis précisément dans le but de faciliter la "solution finale". C'est une partie très courte du livre, mais qui a coupé au vif. Voici ce qu'en dit Arendt : "Partout où habitaient les juifs, il y avait des dirigeants juifs reconnus, et cette direction, presque sans exception, a coopéré d'une façon ou d'une autre, pour une raison ou une autre, avec les nazis. La vérité, c'est que si les juifs avaient été inorganisés et sans direction, il y aurait eu du chaos et de la misère en abondance mais le nombre total des victimes ne se serait pas élevé à 4-6 millions de gens (…) J'ai traité cet aspect de l'histoire, que le procès de Jérusalem a manqué de poser devant le monde entier dans sa vraie dimension, parce qu'il nous offre l'aperçu le plus frappant de l'effondrement moral total que les nazis ont infligé à la société européenne respectable" (p. 123). Elle révèle même un élément de distinction de classe entre les dirigeants juifs et la masse anonyme : dans la catastrophe générale, ceux qui en échappaient étaient soit suffisamment riches pour acheter leur fuite, soit suffisamment "en vue" dans la "communauté internationale" pour être gardés en vie dans l'espèce de ghetto privilégié de Theresienstadt. Les relations entre la population juive et le régime nazi, et aussi les autres populations européennes, étaient beaucoup plus complexes que l'idéologie dominante manichéenne des vainqueurs de la guerre ne voulait le faire croire.

Le problème de la Shoah et du nazisme occupe une place centrale dans l'histoire récente de l'Europe, plus encore même aujourd'hui que dans les années 60. Malgré les efforts des auteurs, par exemple, du Livre noir du communisme, le nazisme reste en quelque sorte le "mal ultime". La Shoah est une partie importante du programme scolaire, avec la Résistance française, presque à l'exclusion de toute autre considération sur la guerre. Pourtant, sur le plan purement arithmétique, le stalinisme était bien pire avec 20 millions de morts dans les goulags de Staline et au moins 20 millions de morts dans la famine provoquée par le "Grand bond en avant" de Mao. Il y a évidemment une forte part d'opportunisme là-dedans : les descendants de Staline et de Mao sont toujours au pouvoir en Russie et en Chine, ce sont toujours des gens avec qui on peut et doit "faire des affaires".

Arendt ne traite pas cette question directement, mais dans une discussion sur le chef d'accusation retenu contre Eichmann, elle insiste sur le fait que le crime des nazis n'était pas un crime contre les juifs, mais un crime contre toute l'humanité en la personne du peuple juif, précisément parce qu'il niait aux juifs leur appartenance à l'espèce humaine, et faisait de ces êtres humains un mal inhumain à extirper. Ce caractère raciste, xénophobe, obscurantiste du régime nazi, était clairement affiché et c'est d'ailleurs pour cela qu'une partie de la classe dominante européenne, des classes paysannes et petite-bourgeoises ruinées par la crise économique, ont pu si bien s'en accommoder. Le stalinisme par contre, s'affichait toujours comme progressiste : on chantait toujours que "L'Internationale sera le genre humain", et c'est pour cela que même jusqu'à la chute du Mur de Berlin, même après sa chute, des gens ordinaires pouvaient continuer de défendre les régimes staliniens au nom de l'espoir dans un avenir meilleur.5

Ce que met essentiellement en avant Arendt, c’est que la barbarie "impensable" de la Shoah, la banalité des fonctionnaires nazis, est le produit de la destruction de la "capacité de penser". Eichmann "ne pense pas", il exécute les ordres de la machine et fait correctement son boulot, de façon très rigoureuse et disciplinée, sans aucun état d’âme, sans aucune capacité à se représenter l’horreur dans les camps d’extermination. En ce sens, le film de Von Trotta doit être vu comme un éloge de la pensée.

Hannah Arendt n'était pas marxiste.6 Elle n'avait pas une vision révolutionnaire et historique du monde ne comprenant pas que, depuis la fin du communisme primitif, "l‘histoire de l’humanité, c’est l’histoire de la lutte de classe" (Marx). Elle ne comprenait pas non plus la conception du travail chez Marx. Mais en posant des questions qui mettent à mal l'idéologie antifasciste officielle, elle est l'ennemi du conformisme, des lieux communs et de l'abandon de la pensée critique. Le mérite de son analyse est aussi celui de permettre une réflexion sur la "conscience morale" de l’être humain (tout comme l’expérience du psychologue américain Stanley Milgram, relatée dans le film d'Henri Verneuil "I comme Icare", mettant en évidence les mécanismes de "soumission à l’autorité" chez les tortionnaires).

La publicité faite aujourd’hui par toute la bourgeoise démocratique à l’œuvre d'Hannah Arendt, dont on fait une icône dans les milieux de l’intelligentsia "démocratique", n’est pas anodine. Ce qui est visé dans cette récupération de son analyse du totalitarisme, c’est, évidemment l’idée pernicieuse qu’il existe une continuité entre la machine totalitaire de l’État stalinien avec le bolchévisme et la Révolution russe d’Octobre 1917 puisque "le vers était déjà dans le fruit" : Staline n’aurait été que l’exécuteur de la pensée de Lénine. "Moralité" : toute révolution prolétarienne ne peut mener qu’au totalitarisme et à de nouveaux crimes contre l’humanité ! C’est pour cela que certains idéologues patentés de la bourgeoisie, comme Raymond Aron, ne se sont pas privés d’exploiter l’analyse de Hannah Arendt du totalitarisme de l’État stalinien en saluant sa "philosophie politique" pour alimenter les campagnes de la Guerre froide et celles sur la "faillite du communisme" déchainées après l’effondrement de l’URSS.

Hannah Arendt était une philosophe. Et comme le disait Marx, "Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde. Il s’agit maintenant de le transformer". Le marxisme n’est pas une doctrine "totalitaire". C’est l’arme théorique de la classe exploitée pour sa transformation révolutionnaire du monde. Et c’est pour cela que seul le marxisme a été capable d’intégrer les apports de l’art, de la science et des philosophes comme Épicure, Aristote, Spinoza, Hegel, etc., et qu'il est capable aujourd'hui d'intégrer les apports d'Hannah Arendt : un regard profond et critique sur l'époque contemporaine et son éloge de la pensée.

Jens et SL (25 juin)

 

1 Voir la critique publiée dans numéro 113 de la Revue internationale. (https://fr.internationalism.org/french/rint/113_pianiste.html [3])

2 Le KPO faisait partie de ces groupes d'opposition au stalinisme qui n'ont jamais réussi à pleinement rompre avec celui-ci puisque, comme Trotski, ils n'ont pas pu accepter l'idée d'une contre-révolution en URSS.

3 Le lecteur francophone pourrait écouter des témoignages de l'époque fort éclairants à ce propos, dans un documentaire de France Culture : Hannah Arendt et le procès d’Eichmann.

(https://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-histoire... [4])

4 Les citations du livre sont tirées de l'édition publiée par Penguin Books en 2006, avec une introduction par Amos Elon, traduites de l'anglais par nous.

5Voir à ce propos cette fascinante série documentaire (en anglais et en allemand) à propos de la vie dans l'ex-RDA : https://www.youtube.com/watch?v=7fwQv5h7Lq8 [5]

6 Arendt a bien écrit une petite biographie très sommaire de Rosa Luxemburg à partir du livre de Nettl. Elle ne comprend pas que les deux corps francs qui ont assassiné Rosa étaient aux ordres de Noske et Scheidemann, connus pour leur rôle de premier plan dans l'écrasement de la révolte spartakiste. Elle pense que le gouvernement Noske n'était seulement que "complice" des corps francs qui allaient servir le nazisme.

 

 

Personnages: 

  • Hannah Arendt [6]

Rubrique: 

Histoire et mouvement ouvrier

Armes chimiques en Syrie: l’hypocrisie sans borne des grandes démocraties

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Nous publions ci-dessous un texte qui s’appuie très largement sur l'article d'un sympathisant du CCI en Grande-Bretagne1. Bien que les événements aient évolué depuis sa rédaction, nous pensons qu'il représente une contribution positive à la réflexion du prolétariat sur la nature de la guerre. En quelques lignes, est ici dénoncé à la fois la terreur semée par le régime au pouvoir en Syrie et la nature tout aussi meurtrière de la fraction bourgeoise ennemie nommée "camp de la rébellion" et l’hypocrisie sans borne des grandes puissances démocratiques qui exploitent cette nouvelle tragédie et les souffrances infligées à la population pour justifier leurs propres aventures impérialistes et ainsi défendre sur place leurs sordides intérêts.

Les plates discussions de la "communauté internationale" (c'est-à-dire du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France, suivies de près par une partie des pays du Golfe, d'Israël et de l'opposition syrienne) à propos de l'utilisation hypothétique d'armes chimiques en Syrie par le régime d'Assad ont abouti à une conclusion unanime. La semaine dernière, le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a ainsi déclaré que oui, le gaz sarin, un puissant neurotoxique, avait bien été utilisé par le régime syrien contre la rébellion.

Sans sous-estimer la brutalité de ce régime, on peut se demander pourquoi il utiliserait des armes chimiques, typiques de la stratégie de la terre brûlée d'une armée qui recule, alors qu'Assad consolide ses positions. L'offensive de l'armée loyaliste est peut-être la raison pour laquelle l'occident fait monter les enchères. Dans une interview à The Independent du 27 avril 2013, le professeur Sally Leivesley, analyste des produits chimiques et qui a travaillé pour les gouvernements occidentaux déclarait : "Certaines choses ne collent pas. L'utilisation du gaz sarin sur un champ de bataille causerait des décès de masse et laisserait très peu de gens en vie." Mais, bien que nos dirigeants insistent sur la nécessité d'être prudent quant aux accusations, des éléments d'agents chimiques et biologiques ont été découverts. Ainsi, le 25 avril dernier, dans la ville méridionale de Daraya, deux roquettes ont lâché un gaz qui a touché une centaine de personnes, selon l'opposition, et il a été signalé des attaques du même type dans d'autres zones. Alex Thomson, reporter sur Channel 4, a également signalé que 26 soldats de l'armée syrienne faisait partis des victimes d'une attaque chimique dans le quartier d'Al-Bab, près d'Alep, que le Front al-Nusra, groupe djihadiste de l'opposition, contrôle. Un certain nombre de services secrets et de forces spéciales agissent en Syrie avec leurs propres objectifs, notamment le Qatar qui a été particulièrement brutal en Libye. Il est donc tout à fait envisageable que certains éléments du régime, tout comme les rebelles, aient utilisé des armes chimiques.

La farce actuelle fait écho à la tragédie des fameuses armes de destruction massive de Saddam Hussein et aux mensonges éhontés du gouvernement britannique et du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, à l'ONU, il y a un peu plus de 10 ans sur les prétendus preuves de leur existence afin de justifier l'invasion de l'Irak. Une grande partie de la Syrie est désormais détruite par la guerre impérialiste. Les bombes tombent sur les usines, les tirs de roquettes sur les bâtiments et toutes sortes de combinaisons toxiques sont respirées par la population à cause des explosions. La poussière des matériaux de construction bas de gamme est souvent toxique et il y en a beaucoup dans l’atmosphère. Et cela sans parler de la puissance destructrice des explosifs eux-mêmes : les retombées chimiques sont une sorte de bonus impérialiste !

Il ne fait aucun doute que le régime syrien possède l'un des plus grands, si ce n'est le plus grand arsenal d'armes chimiques du Moyen-Orient. La ville d'Al-Safira, près d’Alep, détient l'une des principales installations de production d'armes chimiques, dont celle de gaz sarin. Les médias des puissances démocratiques de l'Ouest disent craindre que ces armes tombent entre de mauvaises mains, mais elles sont bel et bien entre les mains des rebelles directement ou indirectement soutenus par ces mêmes puissances Occidentales et les pays du Golfe. Le fait que ces armes tombent entre de "mauvaises mains" a été l'une des conséquences des actions de l'impérialisme occidental, notamment en Afghanistan dans les années 1980, ainsi que de la propagation de l’instabilité et de la décomposition au Mali cette année. Le premier ministre britannique, David Cameron, en dépit de sa "prudence", a déjà décidé que Assad avait commis un "crime de guerre." (Telegraph du 26 avril 2013) L'administration Obama a été plus circonspecte, mais affirme qu'elle "conserve sa capacité d'agir unilatéralement" et évoque des "lignes rouges" à ne pas franchir. Le gouvernement israélien a déclaré, pour sa part, qu’Assad avait bien utilisé des armes chimiques et que la "ligne rouge" avait effectivement été franchie. Israël a tout intérêt à soutenir cette idée de l'impérialisme américain en adhérant à la notion de "lignes rouges" par rapport aux conditions de la guerre et en particulier face aux menaces de l'Iran. Les États-Unis et la Grande-Bretagne se montrent plus exigeants avec leurs porte-parole de l'ONU pour faire pression sur le régime d’Assad afin qu'il donne un "accès inconditionnel et sans entraves" aux autorités chargées d’évaluer la présence des armes de destruction massive en Syrie. Cette inspection ne serait rien moins qu'une mission d'espionnage américaine et britannique, exactement de même nature qu'en Irak avec tout son cortège de mensonges et de désinformation.

Tout ceci ne repose donc que sur une pure hypocrisie : l'Etat d'Israël utilise bien du phosphore contre des civils hermétiquement cloîtrés dans la bande de Gaza. On peut ajouter à ceci l'utilisation passée de ces mêmes armes chimiques par les États-Unis à Falloujah, en Irak, où les malformations des nouveaux nés sont en hausse aujourd'hui. Un autre exemple, celui de l'opération Tempête du désert en 1991, où du napalm, des explosifs à dépression (faisant éclater les poumons), des bombes à fragmentation et des obus à l’uranium appauvri ont été utilisés par les armées britanniques et américaines. Et avant cela, lorsque les bourgeoisies de Grande-Bretagne et des États-Unis soutenaient Saddam Hussein dans la guerre contre l'Iran dans les années 1980 (il était alors le "bon ami" de la France), elle a fermé les yeux lorsque ce dernier a utilisé des armes chimiques (la plupart fournies par les occidentaux) contre les Kurdes, tuant au moins 5000 personnes rien qu’à Hallabjah. La classe dominante en Grande-Bretagne avait déjà constaté que le largage d'armes chimiques à partir des avions de guerre contre les Kurdes avait été très utile dans les années 1920 !

Les bourgeoisies occidentales battent les tambours de guerre en exploitant donc hypocritement la question des armes chimiques. Leurs réactions politiques et militaires peuvent conduire à diverses formes d'escalades et à des tensions supplémentaires en Syrie et dans la région. Nous pouvons être certains que les derniers événements ne feront qu'exacerber l'instabilité immédiate et les dangers potentiels, tout comme s'aggrave la misère imposée à la classe ouvrière. Les destructions en Syrie, comme expression du militarisme en décomposition, constituent une nouvelle attaque brutale contre toute la classe ouvrière.

D'après un article de Baboon, sympathisant du CCI (29 avril)

 

1 Le texte original [7] est disponible sur notre site en anglais.


 

 

 

Géographique: 

  • Moyen Orient [8]

Rubrique: 

Conflits impérialistes

Conflits au Sahel:l’impérialisme français enlisé dans le bourbier africain

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Pris à la gorge depuis son entrée dans le bourbier malien, le Président français tente d’en sortir en imposant l’organisation d’élections (fin juillet) aux cliques maliennes qui se disputent le pouvoir de Bamako. Malgré le chaos sanglant qui y règne, François Hollande a déjà tout programmé dans son bureau et comme il l’a annoncé lui-même (à la télé) : "A la fin du mois d’avril, nous allons nous retirer. En juillet, il n’y aura plus que 2000 soldats au Mali. A la fin de l’année, un millier de soldats seront présents". Pur cynisme à la "hollandaise", "flagrant délire électoral français", comme l’a si bien dit Le Canard enchaîné. En fait le "Moi président" se mystifie en parlant de sa "victoire sur les groupes terroristes" alors qu’il sait très bien que ces derniers sont en train de harceler la France dans toute la zone du Sahel. Et en ce moment même, l’impérialisme français doit faire face à de redoutables concurrents, à commencer par l’impérialisme américain qui n’arrête pas de lui mettre des bâtons dans les roues.

"L’ONU s’apprête à déployer une opération de maintien de la paix dans un nouveau contexte géopolitique, avec des menaces jamais rencontrés jusqu’ici. (…) Plus grave, la menace terroriste s’exporte, preuve en est l’attentat au Niger. (…) Enfin, la tenue de l’élection présidentielle le 28 juillet, comme souhaitée par Bamako, n’est pas le moindre défi pour l’ONU censée aider à son organisation. (…) Des élections dans ces circonstances seront inévitablement faussées". (Le Monde du 12 juin 2013) Effectivement, depuis la déclaration tapageuse de François Hollande, la situation du Mali est marquée par la persistance des affrontements sanglants entre les deux camps criminels ("libérateurs" et "terroristes") sous forme d’embuscades meurtrières et d’attentats à la voiture piégée, sans parler de la confrontation sanglante entre les forces maliennes encadrées par l’armée française et celles du groupe touareg MNLA qui se disputent le contrôle de la ville de Kidal. En fait, Hollande tient un double discours car, derrière son opération de communication sur sa "victoire" contre les terroristes qu’il veut parachever par des élections "libres" au Mali, en coulisses il exprime son inquiétude et celle de son entourage : "Les plus hauts dirigeants du Quai d’Orsay le reconnaissent : pendant plusieurs mois, ils ont sous-estimé le ‘risque islamiste’ au Mali et en Libye. Comme pour s’en excuser, certains diplomates affirment que leurs collègues militaires, eux non plus, n’avaient pas bien mesuré le danger. Aujourd’hui, changement de ton : les nouvelles en provenance de Libye sont inquiétantes, les télégrammes diplomatiques alarmistes, et tous les dirigeants des pays du Sahel -Burkina, Mali, Tchad, Niger, Mauritanie- appellent les Occidentaux à l’aide. (…) Sans en oublier d’autres : Algérie, Tunisie ou Egypte. (…) Idriss Déby président du Tchad s’est voulu le porte-parole de ses collègues inquiets : ‘Il ne faut pas se leurrer, nous, les pays du Sahel, a-t-il déclaré au Figaro, le 8 juin, nous allons tous être touchés. Le Mali et le Niger hier, demain cela va être le Tchad. Et aucun pays ne peut s’en sortir seul, face à cette armada (sic). Tous les radicaux islamistes sont aujourd’hui en Libye, (un Etat) au bord de l’explosion’". (Le Canard enchaîné du 12 juin 2013). Donc, comme on le voit, Hollande qui prétend avoir libéré le Mali des groupes terroristes, pour justifier l’organisation d’un processus électoral, ne fait que mentir cyniquement : tout au plus il n’a fait que disperser ces groupes comme l’indique l’hebdomadaire Jeune Afrique daté du 3 mars 2013 commentant un dessin de Willem publié dans le quotidien français Libération. : "(…) un point que l’on devine français, tape sur le Mali et, au lieu de les écraser, projette les djihadistes qui s’y trouvent chez les voisins immédiats. En Mauritanie, au Burkina, au Niger, au Tchad…". Visiblement, les groupes djihadistes n’ont pas été "écrasés" mais projetés aux alentours du Mali et n’ont pas tardé à s’attaquer partout aux intérêts français comme ceux des pays considérés comme soutiens de la France.

Niger :

Le jeudi 23 mai, un groupe armé islamiste a fait exploser deux véhicules piégés dans un camp militaire nigérien à Agadez et sur le site de l’entreprise française Areva, suivi d’un assaut des forces nigériennes et françaises. L’affrontement a fait plus de trente morts et des dizaines de blessés, y compris parmi le personnel d’Areva. Le président français a beau crier "victoire sur les terroristes", la réalité l’a très vite rattrapé…

Nigeria :

Encore un pays entraîné dans la guerre du Sahel. Pour le Président nigérian, Goodluck Jonathan, les actions de Boko Haram sont une tentative délibérée d’ébranler l’Etat nigérian, du coup : "L’armée nigériane a lancé, jeudi 16 mai, une offensive dans le nord-est du pays contre les islamistes du groupe Boko Haram. Plusieurs milliers de soldats, selon un porte-parole des armées nigérianes ont été déployés ainsi que des avions et des hélicoptères de combat. Le président Goodluck Jonthan, qui a déclaré mardi 14 mai, l’état d’urgence dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa, a présenté comme ‘une déclaration de guerre’ les dernières violences du groupe et il a pour la première fois reconnu que Boko Haram avait pris le contrôle de certaines parties de l’Etat de Borno. Boko Haram a revendiqué les attaques de Baga, le 16 avril, suivies d’une violente répression par l’armée ayant fait au total 187 morts, et celle de Bama, le 7 mai, qui s’était soldée par au moins 55 morts. L’insurrection et sa répression par les forces de sécurité ont fait quelque 3600 morts depuis 2009, selon l’organisation Human Rights Watch". (Le Monde du 18 mai 2013). En effet, depuis le début de la guerre au Mali, il était de notoriété publique que Boko Haram avait des liens étroits avec le groupe terroriste Aqmi et tous deux s’entraînaient dans les mêmes camps dans le nord malien.

Tunisie :

"Depuis le 29 avril, la traque du groupe djihadiste (salafiste tunisien) commencée il y a deux semaines a pris une autre tournure avec l’explosion de plusieurs mines qui ont fait vingt-sept victimes dans les rangs de l’armée et de la garde nationale. Parmi elles, trois militaires sont morts, cinq autres ont dû être amputés. (…) Les armes proviennent de Libye, et les enquêteurs ont acquis la certitude que le groupe entretient d’étroites relations avec les djihadistes installés dans le nord du Mali". (Le Monde du 18 juin 2013)

Libye :

Le 23 avril, un "attentat terroriste" a touché l’ambassade française en Libye causant des destructions importantes et blessant grièvement deux gendarmes français. Et là aussi, comme le reconnaît le Ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, derrière cette attaque contre l’ambassade il y a le groupe armé Aqmi qui a récemment appelé à frapper les intérêts français "à l’intérieur comme à l’extérieur du Mali". Justement, la Libye est devenue le sanctuaire de la plupart des groupes sanguinaires en guerre contre les puissances criminelles étatiques qui les traquent. On se souvient qu’au lendemain de la liquidation physique de Kadhafi et son régime (fin octobre 2011) par les forces de l’OTAN, les dirigeants français et britanniques (Sarkozy et Cameron) avaient publié des communiqués triomphalistes en prétendant avoir réglé la crise et apporté la paix aux populations en organisant des élections "libres et transparentes" ! Mais en réalité, derrière l’image d’une Libye "libre" en route vers la "prospérité" brandie par les propagandistes des grandes puissances, se cache un pays miné par un sanglant chaos et en totale décomposition. En effet, la Libye est un pays dominé par des tribus ou entités féodales dotées de leurs propres seigneurs et de forces armées. Par exemple, à Misrata, la 3e ville du pays, on dénombre quelques 150 milices pour 450 000 habitants. Deux ans après la "libération" de la Libye de son dictateur Kadhafi, l’Etat libyen est aujourd’hui encore en lambeaux : "(…) les ex-thuwar (révolutionnaires) disposent d’un atout considérable : les armes, qu’ils refusent toujours de déposer, plus d’un an et demi après la capture et la mort du Guide libyen. Mardi 30 avril, pour la troisième journée consécutive, des dizaines de pick-up équipés de mitrailleuses lourdes barraient ainsi l’accès au ministère des affaires étrangères, perçu par les jusqu’au-boutistes comme un bastion de l’ancien régime. En février et en mars, les mêmes avaient assiégé à plusieurs reprises le bureau du premier ministre et le siège du parlement, allant jusqu’à ouvrir le feu sur le convoi de Mohamed Al-Magaryef, son président". (Le Monde du 2 mai 2013).

L’impérialisme français se heurte aussi à ses concurrents, notamment américain

"Le plan de paix élaboré par Hollande avant même l’envoi de troupes au Mali est aujourd’hui rejeté par la Maison Blanche et le Pentagone. Un diplomate français, et il n’est le seul, n’apprécie guère cette rebuffade subie par l’Elysée. Et il résume ainsi la stratégie imposée par Washington : ‘les forces africaines qui, en principe, seront bientôt placées sous mandat de l’ONU ne doivent pas combattre les djihadistes, mais se limiter à un simple rôle d’interposition. La traque de ces groupes armés est réservée aux seuls français’. Et le secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines John Corson de préciser : ‘une opération contre-terroriste dans le Nord du Mali se révèle nécessaire, et il revient probablement (sic) aux français de la mener, mais en aucun cas cette opération n’est à mettre dans les mains des Nations unies’. (…) Selon plusieurs diplomates, les Américains ne veulent pas que la France soit ‘en position de leader’ dans cette zone sahélienne où uranium, pétrole et gaz peuvent être prospectés". (Le Canard en chaîné du 20 février 2013). Derrière les bavardages sur les "négociations de paix" ou l’unité de façade contre les groupes terroristes pour la "sécurisation" du Mali, il y a cette autre guerre (non déclarée) qui oppose grands et petits brigands qui se disputent le contrôle de la région et de ses matières premières. Et c’est bien cela l’enjeu principal et la motivation de l’engagement des divers vautours impérialistes présents dans cette région, qui comme la France et les barbares djihadistes, n’ont que misère et massacre à offrir aux populations.

Amina (20 juin)

 

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Conflits impérialistes

La gauche au pouvoir: un ami qui vous veut du bien

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Lors de sa campagne électorale, François Hollande nous avait promis un demi-mandat d'efforts pour un autre demi-mandat de répartition des richesses. Sachons reconnaître que, pour une fois, un candidat aux présidentielles n'aura qu’à moitié menti. Depuis un an, effectivement, les coups tombent sur un peu tout le monde. Les allocations familiales, la Sécurité sociale, les retraites... les attaques pudiquement baptisées réformes vont bon train. Comme à chaque fois, une réforme est présentée comme un correctif aux politiques passées, pas assez justes, pas assez égalitaires, pas assez protectrices et soucieuses des besoins des plus démunis, etc. Le problème est qu'au lieu de corriger le tir, chaque réforme appuie un peu plus là où la précédente faisait déjà sacrément mal ! L'effort à consentir est justifié par le fait que nos valeurs de solidarité et nos "acquis" les plus précieux sont en danger : couverture maladie, retraite par répartition, assurance chômage, prestations familiales... tout peut disparaître si on ne se serre pas immédiatement – et encore un peu plus – la ceinture. Au moins les médecins qui, sous l’antiquité ou au moyen-âge, pratiquaient la saignée et précipitaient la mort du malade, croyaient sincèrement au bien fondé de leur remède. Aujourd’hui, ce gouvernement qui nous saigne aux quatre veines, le fait en toute connaissance de cause !

Au nom de l’égalité et même de l’équité, tous les ouvriers dégustent, sans distinction. Quand il s'agit de taper dessus, il n'y a plus de sexe, de couleur de peau ou de religion qui compte. Les jeunes, les vieux, les fonctionnaires, les employés du secteur privé, tout le monde a droit à son coup de massue ! Ceci n'est évidemment pas une spécificité française, ni même une spécificité actuelle : depuis bien des années, les gouvernements successifs de droite comme de gauche dans tous les pays développés ont mené ces types de "réformes". La bourgeoisie elle-même n'hésite pas à y faire référence : regardez en Allemagne ou en Espagne, la retraite est à 67 ans ! Regardez en Italie, les efforts que le "peuple" fait ! Et la Grèce !

Effectivement, s'il faut s'aligner sur ce qui se fait de plus misérable en chaque domaine, il y a encore un peu de chemin, mais nous ne sommes plus très loin ! Cependant, on nous assure qu'on n'arrivera jamais à ce niveau car en France, on a des valeurs, on est attachés à la solidarité et à la justice... balivernes. Ça, c'est le discours de la gauche, son emballage hypocrite. Cette solidarité-là, cette justice là, c'est le chemin vers la culpabilisation de ceux qui n'ont pas encore tout perdu, c'est la comparaison entre les régimes ou les statuts différents, les secteurs variés, ou avec d’autres pays pour finir inexorablement par un alignement de tous vers le bas. On y arrivera bien sûr, les attaques ne cesseront pas au nom de quelconques "valeurs" auxquelles la bourgeoisie n'a cure de s'attacher. Bien au contraire, en pointant les parties de la classe les plus touchées, elle imprime son propre mode de pensée, ses propres références, ses propres valeurs, marquées par la compétitivité, la concurrence, le chacun-pour-soi, véritable loi de la jungle où la morale n'a plus droit de Cité. Elle s'offre la possibilité de diviser les prolétaires en comparant les plus solidaires, ceux qui font des efforts à ceux qui pourraient en faire un peu plus. On nous rabâche que ce seront les plus riches qui paieront, que les plus pauvres seront épargnés, mais c'est faux ! La réforme des allocations familiales, pour ne parler que d'elle, touchera tous ceux qui gagnent 2500 euros et plus. Avec 2500 euros, on n'est pas riche, on peut même être en difficulté si nos charges sont importantes, et elles le sont pour de plus en plus d'ouvriers.

C'est là toute l'intelligence de la bourgeoisie : bien sûr que tout le monde est attaqué, aucun ouvrier n'est à l'abri quel que soit sont statut, mais tous ne seront pas frappé simultanément. Ce n'est pas nouveau : en 1987, les cheminots avaient "leur" attaque, à part des autres secteurs ; en 2003, c'étaient les enseignants, etc. Les exemples ne manquent pas et aujourd'hui encore, on se prépare à nous démontrer que tous les régimes de retraite ne sont pas au même niveau, que certaines entreprises licencient légitimement, mais pas d'autres, etc. En cela, les syndicats jouent pleinement leur rôle en focalisant leurs revendications sur ce qu'il y a de plus catégoriel, sectoriel, voire spécifique à l'entreprise. C'est ainsi qu'on fait passer l'idée de plus en plus répandue, qu'on ne lutte pas de la même façon dans une PME que dans une multinationale, dans le privé que dans le public...

La solidarité, ce n'est pas consentir aux mêmes sacrifices que ceux à qui l’Etat a infligé le plus. La solidarité, c'est refuser pour les autres comme pour soi de faire ces sacrifices qui ne mènent à rien d'autre qu'à préparer le constat que finalement, ce n'était pas assez, qu’il faut continuer à en faire davantage, qu’il faut une nouvelle fois rentrer le ventre et serrer la ceinture d’un cran. A quoi aboutissent aujourd'hui les efforts déjà faits par la classe ouvrière ? Par un chômage record, un déficit public qui n'arrête pas de se creuser, les systèmes de santé, d'éducation qui se dégradent. A quoi serviront ceux que l’on prévoit de nous imposer demain ? A la même chose ! Il est temps de voir que quelque chose cloche et de refuser de verser une goutte de sueur de plus pour ce système qui nous broie lentement mais sûrement.

GD (25 juin)

 

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Attaques et austérité

La montée du populisme est un produit de la décomposition du système capitaliste

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Les récentes manifestations en France contre le mariage homosexuel1 ont permis aux innombrables chapelles de l’extrême droite d’exhiber combien elles expriment caricaturalement les tendances portées par le capitalisme décadent à la haine, à la déshumanisation et à l’irrationalité.

Aux côtés des quelques adorateurs des Saintes Ecritures, les agissements des groupuscules d'extrême-droite et autres skinheads ont pu choquer par leur violence très médiatisée : inondation du web par des propos infâmes, passage à tabac des militantes du groupe Femen et de plusieurs journalistes, agressions contre des homosexuels, etc. Le 5 juin ponctuait cette multiplication d'actes plus ou moins barbares par l’assassinat d’un jeune militant antifasciste, Clément Méric.

Ces expressions de violence aveugle s’inscrivent dans une dynamique d’affirmation des fractions les moins lucides, voire irrationnelles de la bourgeoisie dans le monde entier. Que ce soit par la présence dans plusieurs gouvernements européens de personnalités populistes, par le développement des mouvements religieux intégristes tant islamistes, chrétiens que judaïques, ou le renforcement du Tea Party sur la scène politique américaine, les exemples sont innombrables à l’échelle internationale.

Avec l’approfondissement des contradictions du système capitaliste, les structures économiques, mais aussi sociales, politiques et idéologiques se décomposent à un rythme sans cesse croissant. Or, le développement des courants d’extrême droite est une manifestation directe de l’absence de perspectives que le capitalisme est en mesure de proposer, tout comme la violence des groupes les plus radicaux2.

L’émergence des partis d’extrême droite dans les années 1980

Cette dynamique de surenchère idéologique et de violence correspond, en effet, à un enfoncement dans la phase de décomposition sociale du capitalisme dans les années 1980. Au début de cette décennie, la référence européenne des mouvements d’extrême droite était le Front National (FN) en France. Si le FN laissait quelques mouvements insoumis et plusieurs groupes skinheads issus des années 1970 végéter à sa marge (Œuvre française, Troisième Voie, le GUD, etc.), le parti de Jean-Marie Le Pen regroupait alors la plupart des chapelles xénophobes et traditionalistes sous sa bannière.

En 1981, les illusions de la classe ouvrière sur la gauche au pouvoir se dissipèrent rapidement avec les nombreuses attaques du gouvernement socialiste contre ses conditions de vie. Confronté au discrédit, le parti socialiste (PS) favorisera par des réformes électorales et des "contacts permanents"3 les succès électoraux du FN, permettant notamment l’entrée de celui-ci au parlement en 1986. S’appuyant sur une tendance typique de la période de décomposition, le rejet de "la classe politique" et le vote protestataire, le PS a développé une stratégie délibérée consistant à se présenter en rempart de la démocratie contre le "danger fasciste", et, surtout, inciter le prolétariat à se mobiliser dans les urnes pour la "défense des valeurs républicaines".

Avec la surenchère rhétorique autour de la "démocratie en danger" et de la prétendue "montée de la menace fasciste", le PS a alimenté la logique de violence et de radicalité des militants d’extrême droite. Entre les assassinats racistes et les ratonnades, c’est sans doute le meurtre de Brahim Bouaram en 1995, noyé dans la Seine par des militants proches du FN, qui choqua le plus fortement.

Bien que le processus fût parfois plus lent, dans de nombreux pays européens, une logique similaire présida au surgissement de partis d’extrême droite d’envergure nationale comme le Vlaams Belang en Belgique, le FPÖ en Autriche ou la Ligue du Nord en Italie.

Si, aujourd’hui, la capacité de la bourgeoisie à manipuler l’extrême droite comme par le passé est moins aisée, la manière dont le gouvernement français a excité les opposants au mariage homosexuel, tout comme les déclarations du Premier ministre appelant à "tailler en pièces" les groupes néo-nazis, procèdent sans aucun doute d'une stratégie similaire. Si la bande lumpenisée des Jeunes Nationalistes Révolutionnaires (JNR) est directement responsable du meurtre atroce de Clément Méric, le PS a fait tout son possible pour créer le sentiment d’un climat d’ultra violence.

La montée en puissance des partis d’extrême droite dans les années 2000

Avec l’approfondissement de la crise du système capitaliste, la dynamique électorale des partis xénophobes s'accéléra dans les années 2000, au point de devenir difficilement contrôlable. Ainsi, dès 1999, la bourgeoisie française tenta de briser le FN en favorisant une querelle des chefs à la tête du parti entre Jean-Marie Le Pen et son dauphin Bruno Mégret. Bien que l’extrême droite n’avait alors aucune chance de faire son entrée au gouvernement, ses scores électoraux hypothéquaient sérieusement les capacités de la droite à reprendre en main les rênes du pouvoir, obligeant le PS, dirigé par Lionel Jospin, à assumer directement les attaques contre la classe ouvrière, ce qui continue encore aujourd’hui à lourdement handicaper les partis de gauche quant à leur aptitude à leurrer le prolétariat sur leur nature de partis prétendument "progressistes" et "protecteurs". Mais cette vaine tentative de démantèlement s'avéra pire que le mal, au point que le FN réussit à se qualifier au second tour de l’élection présidentielle de 2002.

À la même période, avec le poids croissant de la décomposition, plusieurs pays européens connurent la même dynamique. Élections après élections, les partis d’extrême droite progressèrent : en 2001, le FPÖ autrichien entra au gouvernement ; la même année, le Vlaams Belang (Belgique) obtint 33% des voix à l’élection municipale d’Anvers et 24% aux élections législatives de 2004 ; entre 2001 et 2011, le Parti du Progrès norvégien participa au gouvernement, tout comme la Ligue du Nord et le Mouvement Social Italien au sein du gouvernement de Silvio Berlusconi. De même, le Parti du Peuple danois est devenu une force politique importante depuis 2001 où il réalisa 12% aux élections législatives. En Suisse, l’Union Démocratique du Centre obtint 62 sièges au conseil national en 2007...

Par ailleurs, en réaction au rôle institutionnel que les partis extrémistes les plus influents commencèrent à jouer, une multitude de groupuscules marginaux et très violents proliféra sur des bases politiques confuses4, à l’image des JNR ou du Bloc Identitaire en France. Il s’agit d’une véritable évolution par rapport à la situation des années 1980 puisque les grosses écuries xénophobes ne parviennent même plus à contrôler leurs composantes les plus radicales.

Cette perte de maîtrise du jeu politique s’est encore accélérée avec le développement, d’abord en Allemagne puis dans toute l’Europe, des Nationalistes Autonomes (NA), sorte de mouvance hétéroclite et déstructurée, composée de membres, souvent très jeunes, sans véritables activités en dehors du web. Les NA sont un phénomène tellement caricatural de la décomposition que leur propre "charte" se passe de commentaires : "Le Nationaliste autonome (…) n’a ni intérêts personnels, ni affaires, ni sentiments, ni attachements, ni propriété, ni même de nom. (…) En ce qui concerne ce monde civilisé, il en est un ennemi implacable, et s’il continue à y vivre, ce n’est qu’afin de le détruire plus complètement. (…) Il doit chaque jour être prêt à mourir. Il doit s’habituer à supporter les tortures, les infamies, la diffamation."

Le poids actuel de l’extrême droite est donc un véritable problème pour la bourgeoisie, pas tant à cause de son rôle institutionnel croissant que de la perte de contrôle du jeu politique qu’il représente et occasionne. Comme les manœuvres de François Mitterrand l’ont parfaitement illustré, l’extrême droite, au même titre que le gauchisme, a un rôle avant tout idéologique, à la fois comme véhicule d’un programme destiné à pourrir les consciences des franges les plus rétrogrades de la population sur le terrain de l’ultra-nationalisme et de la xénophobie, mais aussi comme repoussoir pour la défense du piège démocratique.

Le prétendu "danger fasciste" aujourd’hui

L’idéologie et les revendications des partis xénophobes sont incompatibles avec l’exercice du pouvoir. L’extrême droite est composée des fractions les moins lucides de la bourgeoisie et les moins en mesure de répondre aux besoins objectifs du capital. Par exemple, l’application de leurs revendications fantaisistes en matière économique contre l’Union Européenne, la monnaie unique ou en faveur du protectionnisme représenterait un véritable cataclysme que la bourgeoisie, dans son ensemble, ne peut pas permettre. Surtout, même si l’extrême droite commence à considérer ces questions avec un peu plus de sérieux, elle est marquée par son incapacité historique à comprendre les enjeux de l'encadrement de la classe ouvrière et de la mystification démocratique. C’est pour ces raisons que la classe dominante préfère recourir aux partis de droites traditionnels "musclant" leur discours, à l’image de l’aile droite de l’UMP en France ou des fractions les plus souverainistes du Parti conservateur britannique.

Cependant, même lorsque les partis xénophobes parviennent, à l’occasion d’une coalition de circonstance, à se hisser au gouvernement, la réalité du capitalisme d’État et la nécessité de défendre le capital national s'imposent de manière implacable, les contraignant alors à abandonner l’essentiel de leur fatras idéologique. C’est ainsi qu’aussitôt aux affaires, le Mouvement Social Italien de Gianfranco Fini adopta, en 1995, un programme pro-européen de centre-droit en rupture complète avec son passé fasciste afin de faciliter son maintien au gouvernement de Silvio Berlusconi, tout comme la Ligue du Nord abandonna rapidement ses velléités indépendantistes. La même logique s’imposa en Autriche à Jörg Haider contraint d’assouplir ses revendications et d’adopter un programme plus responsable.

Pour comprendre pourquoi le fascisme n’est, aujourd’hui, pas à l’ordre du jour, il est indispensable de revenir aux circonstances historiques particulières dans lesquelles il est apparu. Après la Première Guerre mondiale, les pays vaincus, comme l’Allemagne, ou lésés, comme l’Italie, durent rapidement préparer le terrain à l’éclatement d’un nouveau conflit afin de répartir en leur faveur le marché mondial, de se doter d’un "espace vital" : "Pour cela, il fallait concentrer tous les pouvoirs au sein de l’État, accélérer la mise en place de l'économie de guerre, de la militarisation du travail et faire taire toutes les dissensions internes à la bourgeoisie. Les régimes fascistes ont été directement la réponse à cette exigence du capital national."5 Ainsi, la plupart des fractions des bourgeoisies allemande, autrichienne et italienne soutinrent bec et ongles l’ascension des régimes fascistes.

Surtout, tout comme le stalinisme, le fascisme était une expression du développement du capitalisme d’Etat et de l’exploitation la plus brutale, ainsi qu’un instrument d’embrigadement de la classe ouvrière dans la guerre, que seul le contexte de la période contre-révolutionnaire a autorisé. Sans l’écrasement physique préalable des ouvriers orchestré par la Gauche et les partis démocratiques pendant la Révolution allemande ou les grèves de 1920 en Italie, jamais le fascisme n’aurait pu voir le jour. Inversement, dès la guerre d’Espagne en 1936, le "combat contre le fascisme" fut un puissant mot d’ordre d’embrigadement des ouvriers des pays démocratiques vers la guerre.

Bien que la contre-révolution des années 1920-1960 pèse encore sur la conscience du prolétariat, la bourgeoisie n’est aujourd’hui pas en mesure d’imposer la militarisation de l’économie et un nouveau conflit mondial, et encore moins de se priver des illusions démocratiques, sans se heurter à une réaction extrêmement dangereuse pour le maintien de sa domination.

Si la propagande antifasciste ne joue plus son rôle de préparation à la boucherie planétaire comme pour la Seconde Guerre mondiale, elle demeure néanmoins un poisson idéologique destiné à pousser le prolétariat dans les bras de la défense des institutions et de l’État, afin qu'il abandonne le combat de son propre terrain de classe pour celui de la démocratie.

El Generico (22 juin)

1 Voir notre article : Mariage pour tous, seule la société communiste peut mettre fin aux discriminations sexuelles [12], dans le numéro 439 de Révolution Internationale.

2 Voir notre article : La décomposition, phase ultime de la décadence capitaliste, dans le numéro 62 de la Revue Internationale et sur notre site. (https://fr.internationalism.org/icconline/2013/la_decomposition_phase_ul... [13])

3 Lorrain de Saint-Affrique, Dans l'ombre de Le Pen (1998).

4 Un des aspects très frappant de cette confusion est l’immense inculture, voire le néant idéologique de ces groupes, caractérisés par une filiation politique qui relève visiblement d’une mosaïque des plus hétéroclites, où se côtoient nostalgies du nazisme, conservatisme ou traditionalisme le plus rétrograde et mystique New Age.

5 "Montée de l'extrême-droite en Europe, existe-t-il un danger fasciste aujourd'hui ? [14]", dans le numéro 110 de la Revue Internationale.

 

 

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