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Révolution Internationale n° 344 - mars 2004

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Les élections sont un piège pour la classe ouvrière (2004)

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La période électorale ouverte actuellement avec les régionales (21 et 28 mars), qui se poursuivra naturellement avec les cantonales puis les européennes du mois de juin, constitue un intense moment de matraquage idéologique contre le prolétariat.


"Aux urnes citoyens, la menace FN plane une fois de plus au-dessus de nos têtes". Voilà de nouveau la classe dominante en train de gonfler sa baudruche préférée, le parti de Jean-Marie Le Pen. Tous les médias bourgeois, des émissions télévisées (Guignols de l'info, Mots croisés…) à la presse écrite, sonnent le tocsin et ravivent le spectre du 21 avril, le "coup de tonnerre" des présidentielles de 2002 marquées par la percée de l'extrême droite.

De ce point de vue, l'article de Libération du 3 février, "La tête loin des urnes, un relent de 21 avril 2002", est très représentatif du souci de la bourgeoisie de relancer sa propagande anti-Le Pen au vu du désintérêt que suscite ce scrutin : "A sept semaines du premier tour des élections régionales, l'atonie de l'électorat n'a d'égale que celle qui frappait les français à l'approche du 21 avril 2002". Bien entendu, les différents partis bourgeois y vont aussi de leur couplet à l'image du premier secrétaire du PS, François Hollande, qui a lourdement insisté sur le fait qu'il ne "faut pas oublier ceux qui se font oublier" (meeting du 17 janvier à La Rochelle). Dans le même registre, les associations de chômeurs tels les comités CGT ou Apeis se mobilisent pour que les chômeurs s'inscrivent sur les listes électorales. Le FN lui-même participe à la mobilisation citoyenne des foules, l'une de ses formules de campagne (provocatrice à souhait et bien mise en avant par les médias) étant : "vous avez aimé le 21 avril, vous adorerez le 21 mars". Enfin, tout le barouf autour de la remise en cause juridique de l'éligibilité de Jean-Marie Le Pen en région PACA, "participera, participera pas", ne sert qu'une chose : l'affichage ostensible de l'extrême droite.
Rien ne manque. Tout est en place pour faire mousser "la menace Le Pen" et marteler dans les esprits que "ne pas voter est dangereux". Les prolétaires sont donc pressés de toutes parts pour faire en sorte qu'ils s'acquittent de leur devoir de citoyens. En somme, qu'ils oublient leur identité de classe, une classe qui n'a aucun intérêt à soutenir ou sauvegarder le système qui les exploite, quelle que soit sa forme, démocratique ou totalitaire.
Le bourrage de crâne ne s'arrête pas là. Depuis quelques mois, la classe ouvrière subit une vaste opération promotionnelle en faveur des valeurs républicaines. C'est, entre autres, le débat omniprésent à propos de la loi sur l'interdiction du voile dans les établissements scolaires (voir article p.5) au nom de l'égalité des chances et, par extension, entre les sexes. "Education égalitaire pour tous ? Quelle idée se cache derrière ces mots ? Croit-on que dans notre société actuelle…une éducation puisse être égalitaire pour toutes les classes ?" (Marx, Collected works, vol.4., traduit de l'anglais par nous).
Idem en ce qui concerne l'affaire Juppé ou plus précisément "l'affaire dans l'affaire", celle des pressions exercées sur les juges de Nanterre, replaçant au cœur des débats la question de l'indépendance de la Justice accompagnée de son flot de discours sur la séparation des pouvoirs comme fondement de la démocratie.
Et que dire du tripatouillage, façon Pieds Nickelés, du journal de 20 heures de France 2 le 3 février ? L'annonce bidon du retrait de Juppé de la scène politique lâchant la bonde aux lamentations et aux "terribles inquiétudes" des démocrates de tous poils au sujet du "principe d'honnêteté de l'information". Parce que nous devrions croire sur parole que les médias de la classe dominante ont toujours eu le souci jusqu'à présent de dire la vérité, et rien que la vérité, à la classe exploitée ? C'est vraiment prendre les ouvriers pour des demeurés !
Alors que la loi de remise en cause des retraites a été adoptée, que les licenciements dans le privé et les suppressions de poste dans le public continuent à s'aggraver, et qu'une réforme de l'assurance maladie se prépare à aller encore plus loin dans la dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière, à quoi sert tout ce remue-ménage ? Il s'agit pour la bourgeoisie d'éloigner, coûte que coûte, les ouvriers de tout questionnement sur la faillite du système capitaliste en les inondant de débats sur "l'avenir républicain".
Pour la classe ouvrière, l'avenir ne dépend certainement pas du cirque électoral ni de la défense des valeurs républicaines bourgeoises mais exclusivement du développement de la lutte de classe.

Azel (20 février)

 

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • La mystification parlementaire [1]

En Irak comme ailleurs : La paix capitaliste est impossible

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L'Irak est un pays livré au chaos. Il ne se passe pas un jour sans attentats, sans attaques armées frappant aveuglément la population civile, mais aussi, et c'est un signe de l'évolution de la situation, l'armée américaine, la police irakienne, les communautés sunnite, chiite et kurde. Plus personne, plus rien n'échappe en Irak à ce qui pourrait rapidement dégénérer en guerre civile. C'est en ce sens que le général John Abizaid, chef du commandement central américain a déclaré : "s'attendre avec l'approche de la date de passation du pouvoir (prévue pour le 30 juin 2004), à une recrudescence des actes de violence en Irak à ce que la multiplication des attaques ne pousse des groupes locaux à la confrontation menant ainsi à une dégradation et préparant le terrain à une guerre civile." (Cité par Courrier International du 2 février 2004). Le 1er février dernier, un double attentat-suicide visait les sièges des deux principaux partis Kurdes, le PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et l'UPK (Union patriotique du Kurdistan). Ce double attentat qui a fait plus de 100 morts et 133 blessés, a ramené sur le devant de la scène l'épineuse question kurde. Dans le chaos interne à la situation en Irak, il est une réalité maintenant indéniable : les dirigeants kurdes irakiens réclament avec de plus en plus d'insistance un système fédéral qui traduirait leur autonomie de fait, en réalité institutionnelle. Les Kurdes d'Irak font savoir de plus en plus fort leurs réelles prétentions : une autonomie kurde sur une base ethnique, avec en plus la ville de Kirkuk comme métropole. Cet état de fait ne peut se traduire que par une montée de la violence attirant le mécontentement turc, iranien, sunnite et chiite. Le Kurdistan irakien est aujourd'hui une poudrière qui pourrait bien embraser toute la région.
 

L'impérialisme américain dans une impasse grandissante

Cependant, le danger pour la stabilité de la région provenant de la poussée des exigences kurdes, n'est rien par rapport à celui représenté par l'échec du plan américain voulant placer à la tête de l'Irak un gouvernement fantoche entièrement dévoué à la défense des intérêts de l'impérialisme américain. "Je suis iranien et Paul Bremer est américain. Pourquoi ne pas laisser le peuple d'Irak décider de son sort ?" : c'est en ces termes que l'ayatollah Al Sistani a rejeté la proposition de rencontrer l'administrateur américain. Le plus influent dignitaire chiite réclame une élection générale où un homme correspondrait à un vote. Cela se comprend aisément puisque la population chiite est la plus nombreuse en Irak. Cette perspective ne peut que contrarier très fortement l'administration américaine, tant le lien entre les chiites irakiens et iraniens est fort. Elle ne peut rencontrer que la désapprobation des minorités sunnites et kurdes. L'impérialisme américain, et ceci malgré l'incroyable dispositif militaire dont il dispose dans cette partie du monde est dans l'incapacité d'empêcher la décomposition de la société irakienne. C'est donc contrainte et forcée que l'Amérique se tourne vers les Nations Unies, après leur avoir refusé tout rôle jusqu'à présent. C'est par l'intermédiaire de Paul Bremer que l'ONU est sollicitée pour participer activement à soulager les Etats-Unis du fardeau irakien. L'expression des réticences de Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, ne s'est pas faite longtemps attendre. Celui-ci a déclaré avoir "souhaité disposer d'éléments supplémentaires avant d'envoyer une mission d'élections en Irak." Mais l'opposition la plus forte à la demande américaine est venue inévitablement des principales puissances impérialistes rivales que sont la France et l'Allemagne. Ces puissances auxquelles on peut rajouter notamment la Russie ne peuvent que se réjouir du bourbier dans lequel s'enfoncent progressivement les Etats-Unis en Irak. Dans cette foire d'empoigne entre bandits impérialistes, chacun se doit de profiter immédiatement des faiblesses de l'adversaire. Le nombre de morts grandissant en Irak n'a strictement aucune importance à leurs yeux et les larmes de crocodiles versées au moment de l'invasion américaine en Irak par tous nos politiciens bourgeois apparaissent de plus en plus nettement pour ce qu'elles étaient réellement : des mensonges chargés d'alimenter une campagne idéologique anti-américaine. Aujourd'hui la France et l'Allemagne, alliées de circonstance, font monter les enchères et réclament en contrepartie une politique indépendante de sécurité et de défense européenne. Cette éxigence a été immédiatement rejetée à Davos par Dick Cheney (vice-président américain). L'administration américaine n'a pour le moment aucune porte de sortie du piège irakien qui se solde aux yeux du monde comme un revers cinglant.
Cette situation est d'autant plus préoccupante pour la bourgeoisie américaine que le conflit israélo-palestinien est loin de marquer le pas, comme ont voulu le faire croire les médias. L'annonce par le premier ministre israélien Ariel Sharon de son intention de faire évacuer la majorité des colonies juives de Gaza a certainement un contenu idéologique en direction de la population israélienne harassée par la guerre et la misère grandissante. Mais là n'est pas l'aspect essentiel, calmer le jeu à Gaza pour Sharon, c'est s'ouvrir la possibilité d'implanter de nouvelles colonies en Cisjordanie. Le général Bron du Centre Jaffée des Etudes Stratégiques, a déclaré : "Que Sharon n'accepterait, au mieux qu'un minuscule Etat palestinien en Cisjordanie, ce qui serait inacceptable pour les palestiniens donc le conflit continuera." Embourbée en Irak, l'administration Bush démontre des difficultés croissantes à freiner l'appétit impérialiste israélien. Cet affaiblissement de l'impérialisme américain ne pouvait que se traduire aux États-Unis mêmes par une pression croissante sur le Président Bush et son administration. David Kay, ancien chef de l'équipe constituée par les Américains pour retrouver les armes de destruction massive, a affirmé publiquement : "Que si on ne les avait jamais trouvées, c'est qu'elles n'ont jamais existé". Cela a porté un rude coup à l'équipe Bush et Blair qui se font aujourd'hui de plus en plus traiter de manipulateurs dans les grands médias nationaux. Une grande partie de la bourgeoisie américaine est consciente de la gravité de cette situation. C'est pour cela qu'elle favorise au sein du camp démocrate la candidature de Kerry à la prochaine élection présidentielle aux États-Unis. Une nouvelle administration américaine permettrait sans doute à l'État américain de tenter de gérer la crise irakienne en amoindrissant momentanément les tensions internationales entre les grandes puissances rivales, ainsi qu'en tentant d'apaiser les exigences communautaires internes à l'Irak.

La perspective capitaliste en Irak reste à la poursuite de la guerre

Ces tentatives au sein de la bourgeoisie américaine pour essayer momentanément de calmer le jeu ne doit en aucun cas entraîner d'illusions au sein de la classe ouvrière sur la possibilité de retrouver réellement un jour la paix en Irak, et ceci quelle que soit l'équipe au pouvoir à la Maison Blanche. A Davos, entre le 23 et le 28 janvier dernier, Dick Cheney a rappelé au monde entier que "l'administration Bush poursuivait vigoureusement la transformation démocratique du grand Moyen-Orient", réaffirmant que "l'Amérique était en guerre, contre le terrorisme, les États voyous et les États qui haïssent l'Amérique", ajoutant que "cette guerre se poursuivrait". Une administration démocrate aux États-Unis ne pourrait en aucun cas, à terme, changer le fond de cette politique guerrière. La faillite du capitalisme, l'enfoncement de son système dans la décomposition de toute la société ne peut que pousser en avant l'affrontement entre toutes les puissances impérialistes, et en premier lieu entre les plus puissantes d'entre-elles. Si aujourd'hui c'est l'impérialisme américain qui apparaît le plus belliqueux, c'est que son leadership mondial est de plus en plus contesté et malmené sur l'arène mondiale. Chaque État est poussé à défendre militairement ses propres intérêts nationaux. La barbarie capitaliste ne peut que continuer à s'étendre au Moyen-Orient. L'humanité est placée devant l'alternative : communisme ou chute dans la barbarie. Le prolétariat doit plus que jamais prendre conscience de ce que nous disait Rosa Luxembourg dans le programme du groupe Spartakus en décembre 1918 : "Ou bien le maintien du capitalisme, de nouvelles guerres et la chute prochaine dans le chaos et l'anarchie, ou bien la suppression de l'exploitation capitaliste"

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Récent et en cours: 

  • Guerre en Irak [2]

Forum social mondial de Bombay : Une offensive de la bourgeoisie contre la conscience du prolétariat

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Le Forum Social Mondial (FSM) qui, depuis sa création, s'était tenu annuellement à Porto Alegre au Brésil, s'est déroulé en 2004 à Bombay en Inde entre le 16 et le 21 janvier. Le FSM de Bombay n'était pas différent des autres rassemblements du même type - il comportait tous les attributs d'une gigantesque foire (il s'est d'ailleurs déroulé dans le Parc National des Expositions où se tiennent habituellement des Foires commerciales) au goût "ethnique" et "tribal" prononcé. Le spectacle a été indéniablement gigantesque -près de 80 000 personnes venues de 132 pays auraient participé aux 1200 forums organisés autour du FSM. Un plus grand nombre encore a rejoint la manifestation anti-américaine organisée le 21 janvier 2004, dernier jour du FSM.
Le FSM avait l'allure d'une grande fête sociale et politique, bien qu'aucun parti ou organisation politique n'ait été présente avec son propre nom ou son propre drapeau. Il semblait y en avoir pour tous les goûts. De nombreux séminaires et ateliers se sont tenus sur toutes sortes de sujets. Quantité de programmes et de spectacles culturels se sont également déroulés en différents lieux dans l'enceinte du Forum social. L'ensemble de l'enceinte du Forum était occupé par une foule immense, bruyante, agitée, bourdonnante et occupée à l'une ou l'autre activité.

Parmi les participants, il y avait aussi de nombreux jeunes. La plupart d'entre eux semblaient aux anges, comme si leur participation à ce forum constituait une étape très importante sur le chemin de la réalisation de leur but d'un autre monde sans impérialisme, sans aucune sorte de capitalisme, guerre, pollution, exploitation, répression, domination, discrimination. Il y avait de grandes quantités d'affiches et de banderoles dédiées au thème central : "Un autre monde est possible". La mondialisation était dénoncée comme le plus grand monstre et la cause de tous les maux sociaux, politiques et économiques dans le monde entier. L'impérialisme (en fait l'impérialisme américain) était présenté comme la chose la plus diabolique du monde actuel, ce qui, de ce fait, impliquait de se mobiliser sur la nécessité de la lutte et du front anti-impérialistes. Certaines affiches affirmaient le droit à la nationalité et à l'indépendance nationale. Des hymnes à la démocratie et au contrôle démocratique étaient chantés dans un certain nombre de slogans et d'affiches. Certaines affirmaient des revendications pour les droits de l'homme, les droits des réfugiés et pour la protection de l'environnement. Il y avait également des mots d'ordre contre l'occupation de l'Irak, la revendication de la fin de cette occupation et de la liberté de la population irakienne de choisir son propre régime politique et social. D'autres slogans s'attaquaient aussi à l'occupation de l'Afghanistan. En fait, tout cela donnait l'image d'un kaléidoscope politique bigarré et aveuglant. Des revendications pour les droits et l'émancipation des femmes étaient également affichées avec vigueur. Des slogans contre la ségrégation et les attaques contre les Dalits (membres de la caste inférieure), pour l'harmonie communautaire, les droits et l'émancipation des Dalits étaient également affichés afin d'apporter une "touche indienne" à ce grand "show international". Cependant, le plus attractif de tout était la formule accrocheuse "Un autre monde est possible".

La bourgeoisie aux petits soins pour le FSM

Nous avons souvent montré que la bourgeoisie mondiale a tout fait pour annihiler la conscience de la classe ouvrière au lendemain de l'effondrement de la bourgeoisie stalinienne dans l'ex-URSS. Elle a tenté d'anéantir toute idée de la nécessité de détruire le système capitaliste. Les idéologues du capital ont martelé jour après jour qu'"Il n'existe pas d'alternative à l'économie de marché". Cette propagande mensongère n'a pas été sans impact. Mais avec l'approfondissement de la crise, répandant de plus en plus la misère et les guerres génocidaires, la nature mensongère de cette propagande est devenue plus évidente. La classe ouvrière a commencé à retrouver le chemin de ses combats de classe et a amorcé un processus de questionnement sur le système capitaliste. Cela a également provoqué une légitime colère au sein de la population partout dans le monde contre les fauteurs de guerre, les gangsters impérialistes.

La bourgeoise a décelé cette fermentation naissante au sein du prolétariat, et elle s'est mise en devoir de trouver de nouveaux instruments de mystification pour contenir ce processus émergent. Le FSM, avec ses simulacres "d'alternatives", est alors apparu comme un important instrument de la bourgeoisie pour contenir la classe ouvrière mais aussi comme instrument des rivalités impérialistes. Les médias bourgeois à travers le monde ont tout fait pour mettre le pied à l'étrier au FSM.
Bien avant le début du FSM 2004, les médias bourgeois en Inde, suivant fidèlement les pas de leurs pairs occidentaux, ont fait de la propagande pour ses vertus. La télévision et la presse indiennes ont couvert l'événement avec sympathie. Le monde indien du commerce et de l'industrie lui a accordé "le respect qui se doit" en tant qu'expression légitime d'une opposition. De plus, le succès du FSM à Bombay a été assuré par la sympathie apportée par le parti du Congrès - autrefois parti dominant en Inde et toujours dominant à Bombay - avec la participation du parti bourgeois Dalit (parti républicain), partenaire du Congrès au sein du gouvernement de coalition de Bombay. Ces derniers ont apporté une touche "ethnique" au FSM. La majorité des forums était présidée par des politiciens indiens de haut rang connus pour leurs relations avec les "castes inférieures" - VP Singh, l'ex-Premier Ministre indien, célèbre pour avoir provoqué des affrontements entre castes ayant comme but le renforcement de l'Etat indien, et R.K Naryanan, l'ex-Président indien. Tous deux ont été, à un moment ou à un autre, des piliers du parti du Congrès.
Mais les principaux organisateurs du FSM en Inde ont été les partis staliniens - le PCI (M comme "marxiste") et le PCI. Pour ce faire, ils ont mobilisé leurs appareils nationaux. Le bureau du FSM à Bombay était hébergé dans un immeuble appartenant au parti stalinien, "Place Stalingrad ". Les organisations de jeunesse staliniennes ont fourni des volontaires au FSM. Les intellectuels staliniens ornaient de leur présence les estrades de nombreux forums du FSM. Comme partout dans le monde, les staliniens en Inde et également les maoïstes ont cherché à faire peau neuve en collant au processus de questionnement qui se développe au sein de la classe exploitée. En outre, en tant que loyaux serviteurs du capital, les staliniens de tout poil ont tenté de récupérer, de canaliser ce processus de questionnement.
Etait également présent au FSM de Bombay un grand nombre d'organisations non gouvernementales qui fournissent une couverture idéologique aux attaques portées par les Etats contre le salaire social. Il y avait aussi ces personnalités omniprésentes- les gens du Monde Diplomatique, le leader des agriculteurs français José Bové, les parlementaires travaillistes britanniques Clare Short et Jeremy Corbin-, Winnie Mandela et consorts.
Suivant différentes sources, il apparaît clairement qu'une somme énorme d'argent a été dépensée pour la tenue du FSM de Bombay, 29,7 millions de dollars suivant l'une d'entre elles. Une proportion considérable de ce montant a été fournie par des fondations comme Oxfam ou la Fondation Ford. L'Etat capitaliste et impérialiste de l'Inde a également tendu sa main charitable pour assurer le succès de ce forum… "anti-impérialiste et anticapitaliste" ! En fait, diverses fractions de droite comme de gauche de la bourgeoisie mondiale, soit à travers différentes ONG, soit à travers des dons et des contributions de fondations et de trusts parfaitement capitalistes ou de partis et organisations de masse de gauche, ont apporté leur soutien face à l'énorme charge financière qu'a représenté l'organisation de ce vaste spectacle avec un objectif politique bien défini et délibéré : renforcer la défense du système capitaliste mondial décadent.
Le FSM de Bombay a repris à son compte tous les slogans bien connus et d'autres encore. Il y a eu des forums sur "le commerce équitable", sur la démocratie citoyenne, sur l'autogestion et beaucoup d'autres thèmes du même genre. La coloration indienne, nécessaire pour répondre aux besoins des staliniens du pays et de la bourgeoisie Dalit (caste inférieure) était fournie par l'anti communalisme et "l'émancipation Dalit".
Mais le thème principal du show du FSM de Bombay a été l'impérialisme ou, selon les termes des maoïstes, la "mondialisation impérialiste". L'anti-impérialisme du FSM n'était rien d'autre que de l'anti- américanisme. Avec des slogans comme "Etats-Unis hors d'Irak", "Bush hors d'Afghanistan" en clôture de la manifestation, le FSM s'est joint au chœur des rivaux impérialistes de l'Amérique. Il n'y a pas eu de dénonciation des autres gangsters impérialistes tels que la France, l'Allemagne, la Russie ou la Chine pour ne pas mentionner le gangster impérialiste local, l'Etat indien. Dans ce contexte, il aurait été futile de vouloir rencontrer des tentatives pour aller aux racines de l'impérialisme.

Les forums "alternatifs" au service de la même cause bourgeoise que le FSM

Le FSM de Bombay a bien sûr constitué le spectacle le plus important entre le 16 et le 21 janvier 2004. Mais copiant le spectacle du Forum Social Européen de Paris en novembre 2003 et s'en inspirant, deux spectacles parallèles ont été organisés pendant cette période par des groupes maoïstes rivaux, tous deux sur le même thème : l'anti-impérialisme ou l'anti-américanisme.
Le Forum "Mumbay (Bombay) Resistance 2004 " (MR-2004), second par la taille, s'est déroulé dans les locaux de l'Ecole Vétérinaire, en face du lieu de rencontre du FSM. Il s'est tenu à l'initiative de l'ILPS (Ligue internationale des luttes du Peuple), réseau international des groupes maoïstes et de leurs partisans d'autres pays, y compris d'Europe - par exemples la Turquie, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Grèce, etc. Les organisateurs indiens étaient les organisations de façade des maoïstes, notamment ceux du Groupe de la Guerre du Peuple (MPWG) - qui a récemment tenté d'assassiner le ministre de l'Etat d'Andhra dans le Sud de l'Inde. Le MR ne se considère pas complètement en opposition au FSM mais comme mouvement parallèle à celui-ci. Cela s'est exprimé à plusieurs niveaux. De nombreuses personnalités, essentiellement des indiens, par exemple Arunditi Roy, Nandita Das, Vandana Shiva et d'autres, ont parlé à la fois dans les réunions du FSM et dans celles du MR. Un grand nombre de participants s'est déplacé d'un forum à l'autre.
Le principal thème du MR 2004 était le même que celui du FSM : l'impérialisme, la mondialisation impérialiste, suivant les termes du MR. On a fustigé l'impérialisme américain, sans doute avec plus de véhémence mais en passant toujours sous silence les appétits des rivaux des Américains, dont la bourgeoisie indienne n'est pas le moindre. Une couverture radicale à l'anti-américanisme du FSM, voilà ce que toute la rhétorique maoïste s'est bornée à apporter.
Bien que ces manifestations aient toutes deux servi à canaliser le mécontentement de la population sur le terrain du capital et du nationalisme, il y avait une différence dans leur audience. Celle du FSM était fortement internationale à prédominance urbaine petite-bourgeoise avec une troupe "ethnique" et "tribale" proposant des spectacles folkloriques. Au MR, où il y avait aussi une importante participation internationale, assistaient la petite- bourgeoisie radicale et les paysans.
La "Convention contre la mondialisation impérialiste" constituait une troisième manifestation, plus petite ; elle a duré 3 jours, s'est tenue non loin des lieux de rencontre du FSM et du MR. Elle a été organisée par l'un des nombreux groupes maoïstes (Nouvelle démocratie). Mises à part d'obscures différences entre le MR et cette 3e convention, cette démonstration était purement locale avec un seul étranger, un allemand qui apportait la touche "blanche".

L'intervention du CCI

Le CCI est intervenu dans ces trois manifestations. Comme lors du FSE de Paris en novembre 2003, l'objectif du CCI n'a pas été d'intervenir dans les conférences, etc. Nos camarades, venus de différentes régions de l'Inde, sont intervenus avec des tracts, la presse régulière et d'autres publications. Pendant ces interventions, nous avons eu des centaines de discussions à propos de ces événements. Les principales questions qui sont revenues sans cesse dans ces discussions étaient :

  • l'idée du commerce équitable, la mondialisation et l'anti-mondialisation ;
  • quel autre monde est possible ?
  • l'Amérique est-elle la seule puissance impérialiste ?
  • la nature des alternatives maoïstes (Démocratie du Peuple, Nouvelle Démocratie).

Il ne peut y avoir rien d'équitable dans le commerce, qu'il soit libre ou protégé. Celui-ci a toujours été et sera toujours favorable aux capitalistes les plus puissants ou aux Etats capitalistes. Le CCI a également mis en avant que le caractère mondial du capitalisme n'est pas une nouveauté. Le capitalisme a été un système mondial depuis sa création et il a englobé toute la planète depuis la fin du XIXe siècle. Déjà en 1848, dans le Manifeste communiste, Marx et Engels ont démontré la nature internationale du système capitaliste. Ils mettaient en avant que la destruction du système capitaliste par le prolétariat ne pouvait se faire que par une révolution mondiale. Aujourd'hui, dans la période de décadence et de décomposition du capitalisme, le prolétariat n'a pas à défendre les particularités nationales contre la nature mondiale du système capitaliste. Au contraire, sa tâche est de détruire ce système au niveau mondial, en même temps que le cadre des Etats nationaux et de le remplacer par la communauté communiste universelle. Tous les discours sur le commerce équitable, l'anti-mondialisation ou sur "un autre monde est possible ", sans dégager une perspective communiste, correspondent à la mystification réformiste dont le but est de stopper le processus naissant de prise de conscience qui s'opère au sein de la classe ouvrière.
A propos de l'impérialisme, nous avons souligné qu'il n'est pas le fait de telle ou telle nation, de telle ou telle faction de la bourgeoisie. Aujourd'hui, le capitalisme comme un tout est impérialiste et de ce fait, toutes les nations, petites ou grandes, sont impérialistes. Elles sont mues par les mêmes appétits impérialistes - seules diffèrent leur capacité à les satisfaire. Le fait que la classe dominante anglaise semble se comporter comme le "toutou" des Etats-Unis, que des nations comme la France, l'Allemagne, la Russie, la Chine se fassent botter les fesses par la bourgeoisie américaine, ou que le Pakistan, l'Irak ou l'Inde subissent un sort similaire, ne signifient pas que ces nations ne sont pas impérialistes. Dans un monde gouverné par la loi du milieu, tous ces autres pays ne sont pas autre chose que des gangsters de moindre envergure qui doivent satisfaire leurs appétits impérialistes dans les limites imposées de façon violente par le caïd en chef, la bourgeoisie américaine. La tâche de la classe ouvrière n'est pas de jouer le jeu des petits impérialismes contre les Etats-Unis, cette tâche c'est celle qu'assurent le FSM, le MR et les autres.
Ces discussions nous ont souvent amené à traiter des "alternatives" des maoïstes - leur patriotisme, la démagogie de la Démocratie du Peuple ou de la Nouvelle Démocratie. La politique des maoïstes, nous le soulignons, est à l'opposé de celle que le prolétariat a toujours défendue : l'internationalisme. A l'apogée du capitalisme, en 1871, lorsque, à leur point de vue, le nationalisme allemand était encore progressif, Marx et Engels ont pris une position internationaliste dans la guerre franco-prussienne. Les socialistes allemands ont été jetés en prison pour avoir refusé d'assurer la défense nationale. Pendant la Première Guerre mondiale, les communistes ont défendu l'internationalisme. Lénine a avant tout mené un combat rude et impitoyable contre la trahison patriotique de Kautsky et consorts. Contrairement aux marxistes qui ont toujours fait de l'internationalisme la pierre angulaire de leur politique, les maoïstes et les staliniens proclament leur patriotisme haut et fort. Cela concorde parfaitement avec leur nature de classe - ils sont de parfaits défenseurs du capital national, de l'Etat national. La théorie de "l'Inde sous hypothèque" (ou bien, dans le même genre, la Turquie, l'Iran, la Syrie ou l'Afrique du Sud sous hypothèque suivant les maoïstes respectifs de ces pays) maintient la classe ouvrière sous le joug du capital national.
Le maoïsme dit à la classe ouvrière des pays du Tiers Monde - ne luttez pas pour la destruction du système capitaliste et de ses appareils nationaux. Donnez plutôt votre vie à l'Etat national parce qu'il a été hypothéqué. Contre tous ces discours, nous avons mis en avant que, partout, la tâche de la classe ouvrière est de lutter pour la destruction du capitalisme et de l'impérialisme de sa propre bourgeoisie, de travailler pour la construction d'une société sans classes, sans argent et basée sur l'élimination des Etats nationaux.

Communist Internationalist, section du CCI en Inde (31 janvier 2004)


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  • Inde [3]

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Courants politiques: 

  • Anti-globalisation [5]

Attentats dans le métro à Moscou : Le prolétariat est la principale victime du terrorisme

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Près de 40 morts, 150 blessés, c'est le triste bilan de l'attentat meurtrier qui s'est produit début février dans le métro de Moscou. Ce nouvel épisode sanglant vient s'ajouter aux 44 victimes d'un attentat à la bombe contre un train de banlieue dans le Sud de la Russie en décembre 2003.
 

Comme en 1999 (300 morts dans des destructions d'immeubles en banlieue ouvrière), le terrorisme vient frapper des innocents, dans la population civile et notamment au sein de la classe ouvrière qui emprunte ces moyens de transport pour se rendre au travail. Déjà chair à canon dans les conflits militaires, c'est principalement les ouvriers qui sont assassinés, mutilés, traumatisés par ces actes terroristes. Mais le plus terrible, c'est qu'en plus, la bourgeoisie utilise ce climat de terreur pour détruire l'unité de classe du prolétariat et instiller le poison du nationalisme. La propagande du Kremlin désigne à la vindicte populaire la population tchétchène comme responsable des attentats et organise une brutale chasse au faciès caucasien, cherchant à masquer ainsi sa responsabilité première dans ces actes terroristes. Comme en 1999 ou lors de la prise d'otages du théâtre de Moscou en novembre 2002, l'Etat russe organise sur fond d'élections présidentielles truquées, une ambiance propice aux agressions racistes et à la xénophobie en désignant de façon abjecte comme bouc émissaire, la communauté caucasienne. Avec des slogans haineux comme "Il faut virer tous les basanés de Russie !" ou "Il faut ratisser Moscou comme elle l'a été par les services spéciaux avant les Jeux olympiques de 1980", la bourgeoisie russe justifie la mise sur pied d'un flicage et d'un quadrillage en règle de tout le pays et c'est une partie de la classe ouvrière qui est directement victime de cette répression. La presse signale que de nombreux caucasiens sont victimes de passages à tabac, d'agressions physiques, voire de lynchages.

Face à cette ambiance délétère et nauséabonde, il est nécessaire de dénoncer les vrais coupables de cette terreur terroriste et policière. L'horreur terroriste est le produit direct des tensions guerrières entre les milices sanguinaires tchétchènes de Maskhadov et Bassaev et la barbarie guerrière de l'Etat russe en Tchétchénie.
Comme nous l'avons souvent défendu dans notre presse[1] [6], le terrorisme au cours des années 1980 est devenu une arme de la guerre impérialiste, au sens où ce sont les Etats eux-mêmes qui prennent en charge et utilisent le terrorisme comme arme de la guerre entre Etats. Les grandes puissances n'hésitent pas à utiliser le terrorisme et à manipuler les opinions publiques pour justifier leurs interventions militaires comme on l'a vu en Afghanistan avec les Etats-Unis, suite aux attentats du 11 septembre ou pour la Russie avec la Tchétchénie en 1999. Récemment, les médias ont révélé que les attentats à Moscou en 1999 avaient été perpétrés avec des explosifs fabriqués par des militaires et que Poutine le chef du FSB (ex-KGB) à l'époque, en était probablement le commanditaire. Ces attentats avaient permis de justifier la seconde guerre russe contre les milices tchétchènes, qui fut un véritable bain de sang pour la population. Aujourd'hui, cette nouvelle vague d'attentats signifie que l'Etat impérialiste russe s'enlise dans le conflit tchétchène et que la relative paix de ces derniers mois vole en éclats. C'est une nouvelle démonstration que le terrorisme est un produit de la décomposition profonde du système capitaliste, dont la Russie est une partie des plus atteintes[2] [7]. En effet, que ces attentats aient été commandités par Maskhadov le chef des indépendantistes tchétchènes, comme l'assène Poutine, ou par les services secrets de Moscou pour susciter l'union nationale en vue d'une accentuation de la pression militaire en Tchétchénie, voire par d'autres, ils révèlent une fois de plus que le terrorisme est un moyen de pression sordide dans les règlements de compte entre fractions bourgeoises rivales. Après 4 ans de guerre en Tchétchénie, la situation est catastrophique. Outre les milliers de morts dans les deux camps, la population tchétchène est coincée entre les exactions de l'armée russe et le terrorisme exercé à son encontre par les bandes tchétchènes sans scrupule qui s'entretuent pour le contrôle de territoires et trafics en tous genres. Avec la bénédiction des grandes démocraties occidentales, Poutine a organisé un simulacre de référendum par lequel la Tchétchénie renonce à l'indépendance et demeure au sein de la fédération de Russie, avec à sa tête un président fantoche et corrompu, Kadyrov, à la botte de Moscou. Coûte que coûte, Moscou veut empêcher l'éclatement de la Fédération russe et de leur côté, les bandes tchétchènes négocient leur part de territoire et de zone d'influence. Cet antagonisme irrémédiable ne peut que conduire à une accentuation de la barbarie et du chaos en Tchétchénie et dans le Nord du Caucase. Comme le souligne un article de la presse russe, "Inutile d'espérer une amélioration du bien-être et de la sécurité des Moscovites tant que les habitants de Grozny ne connaîtront pas eux-mêmes stabilité et sécurité. Malheureusement, ce ne sont pas les milliards de roubles versés par le budget fédéral qui suffiront à compenser les dommages de la guerre : sous le régime tchétchène actuel, l'argent s'évapore sur le trajet entre Moscou et Grozny. Quant au 'règlement politique' avec un Kadyrov qui, à peine élu (nommé) au poste suprême, a commencé à réclamer des relations spéciales avec Moscou, il ne peut qu'échouer." (Courrier International n°693, du 12 au 18 février 2004, page 14).
Les attentats de Moscou viennent s'ajouter à la longue liste macabre des exactions et attentats dont souffrent la population et le prolétariat dans de nombreuses régions du monde avec pour corollaire des conflits militaires de plus en plus meurtriers.
Face à une telle barbarie, les organisations révolutionnaires ont la responsabilité de réaffirmer toute leur solidarité avec les prolétaires et leurs familles victimes de ces attentats de même qu'avec leurs frères de classe, les ouvriers caucasiens, victimes du climat xénophobe dont sont responsables aussi bien la bourgeoisie russe que tchétchène.
Contre la terreur policière, le terrorisme bourgeois et la guerre impérialiste, le prolétariat doit résister et réaffirmer son identité de classe. Contre les divisions raciales, l'esprit de pogrom[3] [8] entretenus par la classe bourgeoise, le prolétariat doit réaffirmer son unité et sa solidarité de classe pour faire reculer la barbarie capitaliste !

Donald (20 février)



[1] [9] Voir notre article "Le terrorisme, une arme de guerre du capitalisme", RI n°329, décembre 2002

[2] [10] Voir notre brochure L'effondrement du stalinisme.

[3] [11] Voir notre article "A bas tous les pogroms !", RI n°343, février 2004.

Récent et en cours: 

  • Attentats [12]

Questions théoriques: 

  • Terrorisme [13]

A propos du livre de Bourseiller "Histoire générale de l’ultra-gauche" :

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La bourgeoisie relance sa campagne sur la mort du communisme

Aux éditions Denoël a été publié il y a quelques mois un livre pompeusement appelé Histoire générale de l'ultra-gauche. Son auteur, Christophe Bourseiller, nous est présenté comme écrivain et journaliste, "spécialiste de l'extrême gauche". D'après la page de couverture, il en serait à son 25e ouvrage en 15 ans. En réalité, ce fils à papa, rejeton d'un célèbre metteur en scène de théâtre, est un petit-bourgeois "touche-à-tout" qui, après une brève carrière comme acteur de cinéma puis après avoir tâté de la télévision, s'est essayé au journalisme (embauché un temps par Paris-Match). Il a même monté sa petite affaire, publiant de façon éphémère dans les années 1980 un hebdo du parisianisme "branché" à la mode "underground", 7 à Paris, se voulant concurrencer L'Officiel des Spectacles. Le personnage a fini par trouver son filon et faire carrière en exploitant ses "fréquentations" dans les "milieux" de l'extrême gauche comme de l'extrême droite afin d'y débusquer "les ennemis du système" (titre significatif de son premier livre). Tour à tour, la "nouvelle extrême droite", les maoïstes, les situationnistes, les trotskistes- des lambertistes à LO-, seront la cible de ses enquêtes. Aujourd'hui, ce personnage (avec son filon consistant à vendre des espèces de "guides du routard" à usage de vulgarisation du tourisme politique fleurant l'exotisme et la marginalité) nous livre le "nec plus ultra" de sa quête d'infos "people" d'un nouveau style dans un magma aux confins du gauchisme, de l'anarchisme, du modernisme, voire de la mouvance terroriste. Cela lui permet de créer la confusion entre des organisations authentiques de la Gauche communiste et de petits groupes modernistes ou semi-anarchisants, en les ficelant tous dans le même sac sous l'étiquette "ultra-gauche". Et bien entendu, il cherche ainsi à ridiculiser et à discréditer les véritables organisations révolutionnaires de la classe ouvrière. C'est pour cela qu'il est de la responsabilité des organisations de la Gauche communiste de se défendre en dénonçant haut et fort le livre de Bourseiller (comme l'a fait déjà le PCI dans Le Prolétaire n° 470, daté de décembre 2003/janvier 2004.


 
De l'expérience historique du mouvement prolétarien, de ses combats, de ses intérêts, de sa conscience politique, il n'en sera évidemment pas question dans ce livre. Il saute aux yeux que la classe ouvrière en est totalement absente, elle est manifestement étrangère et indifférente à son auteur. Il se confirme rapidement que cette prétendue "histoire générale" sonne singulièrement creux et sans autre intérêt que de souligner l'étroitesse d'esprit, la bêtise des jugements à l'emporte-pièce de cet aventurier arriviste et surtout sa malhonnêteté. Que le livre d'un bourgeois ou d'un petit-bourgeois sur le mouvement révolutionnaire soit tendancieux et empreint de préjugés de classe, n'est pas d'une grande originalité. Ce qui est inadmissible et écœurant, c'est la méthode et les procédés qu'il utilise.

Un ouvrage pas sérieux qui ne peut servir qu'à la police

Nous ne nous trouvons nullement en présence du travail respectable d'un historien ni même d'un journaliste sérieux. Il n'y a pas dans ce livre la moindre rigueur professionnelle dont le minimum serait de vérifier et de recouper entre plusieurs sources les "informations" qu'il dévoile. Ce n'est pas le cas. L'ouvrage est bourré d'erreurs et de contrevérités. Et quelles sources ? Il se garde bien de s'adresser directement aux organisations de la Gauche communiste elles-mêmes mais récolte délibérément les interviews d'éléments en rupture et à la dérive qui viennent apporter une caution ou un concours à ses potins et commérages. Car il s'agit ici non pas d'histoire mais de petites histoires. Non content de recueillir potins, ragots et commérages, il passe son temps à aligner des noms, ce qui n'a d'autre intérêt que de désigner nommément à la police qui est membre de telle ou telle organisation, qui était présent à telle ou telle réunion dans la droite ligne des rapports de flics et avec des méthodes dignes des indicateurs des renseignements généraux.
Pour ajouter un peu de liant, il se livre à une compilation d'autres ouvrages émanant soit d'articles tirés de différentes publications, soit d'échotiers du style Hempel ou de pseudo-sommités qui se présentent comme des spécialistes de la Gauche communiste, tel Bourrinet.
Il est aussi significatif de voir ce que sont devenus les deux groupes envers lesquels "l'auteur" professe une certaine admiration et auxquels il consacre près de la moitié des pages de son livre, l'Internationale Situationniste (IS) et Socialisme ou Barbarie (S ou B). Ces deux organisations ont disparu de la scène historique corps et bien. L'une s'est sabordée et son animateur charismatique s'est lui-même suicidé. Mais il faut relever que Bourseiller a trouvé le moyen de s'en approprier les legs et d'arrondir ses revenus au nom de sa "vieille amitié" avec Guy Debord en se faisant bombarder "rédacteur en chef" des Archives et documents situationnistes. Aujourd'hui, tout le pseudo- "contenu subversif" de La Société du Spectacle a disparu, ne reste de l'IS qu'une marchandise capitaliste aseptisée comme une autre. Bourseiller peut ainsi manifestement se permettre de se délecter avec son esprit de potache ricaneur de la simple reproduction de pages entières d'invectives et de lettres d'insultes tirées des Cahiers de l'IS. Quant à la pratique de l'exclusion à tout va des situationnistes, elle ne le choque pas le moins du monde…
L'autre organisation ayant les faveurs de Bourseiller, S ou B, avait pour principal théoricien Cornélius Castoriadis qui, dans sa dérive anti-marxiste, en est venu dans son livre Devant la guerre au cours des années 1980, à soutenir implicitement l'effort de guerre de Reagan face à la menace suprême qu'aurait représenté le militarisme russe. Moins de dix ans après, l'impérialisme russe s'écroulait comme un château de cartes. Quelle lucidité chez ce "penseur" aujourd'hui adulé des élites universitaires ! Il faut d'ailleurs noter que c'est le même "esprit rare" qui, sous la signature de Paul Cardan, avait annoncé, dans les derniers numéros de S ou B au milieu des années 60, la fin des crises économiques du capitalisme, cela moins de 5 ans avant l'arrivée de la crise ouverte de ce système !

Un tissu de mensonges

Quant aux affirmations fausses ou mensongères du livre, la liste serait longue, en particulier quand il s'agit des groupes de la Gauche communiste, et tout spécialement du CCI, auquel Bourseiller consacre quelques chapitres. Nous nous contenterons de relever quelques exemples édifiants de ces mensonges ou calomnies concernant le seul CCI.
Parmi les élucubrations recensées, sans doute ajoutées pour donner un peu de "piquant" et de couleur à ce fatras de pages indigestes, celle-ci : "En 1981, un coup d'Etat militaire dirigé par le général Jaruselski muselle en Pologne le syndicat Solidarité de Lech Walesa. Le CCI édite alors un tract en polonais qui dénonce tout à la fois Walesa et Jaruselski [ce qui est vrai]. Un audacieux militant parvient à en remettre un exemplaire à Lech Walesa lui-même" [fait ignoré des membres du CCI eux-mêmes et pour cause, vu le caractère hautement fantaisiste de cette assertion]. Mais le reste est autrement plus sérieux, car il s'agit de charger la balance du passif du CCI : "L'organisation se réoriente progressivement à partir de 1980 vers un léninisme de moins en moins critique. Cette inflexion s'effectue notamment à l'occasion d'un débat interne sur le rôle de la ''minorité positive'". Notre indicateur de police laisse entendre que les orientations de l'organisation seraient alors dictées par des "chefs", une "élite" de militants qui s'attribueraient le rôle d'une "minorité positive". Nous apportons le démenti le plus catégorique à de telles insinuations : ce mode de fonctionnement a toujours été étranger au CCI et nous renvoyons nos lecteurs au Rapport sur la structure et le fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires de janvier 1982 et publié dans la Revue Internationale n° 33. Mais Bourseiller donne la pleine mesure de sa médisance quand il aborde la question des "crises à répétition" du CCI, et notamment quand il aborde la question de la récupération du matériel volé à l'organisation : "A partir de 1981, le CCI est la scène de plusieurs ''affaires'' qui se concluent invariablement par des procès internes ad hominem, puis de violences verbales ou physiques." Une série de termes évocateurs est alors déversé et distillé : "volonté de renforcer l'appareil", "la direction du CCI organise un raid", "les brigades spéciales du CCI", "pendant des années le CCI poursuit Chénier de sa vindicte", "aux yeux de la direction du CCI", "le CCI envisage des représailles"... Il s'agit alors de renvoyer une image parfaitement stalinienne du CCI avec ses apparatchiks, ses moines-soldats, sa Tchéka, voire sa Guépéou. Revenons d'abord sur quelques contre-vérités flagrantes : quand il évoque "la crise la plus grave [qui] survient entre 1995 et 1997", il ajoute : "A la même époque, un membre de la section britannique du CCI prend ses distances et fonde le Communist Bulletin. Son pseudonyme est Ingram. Il est immédiatement accusé d'avoir 'volé' du matériel. Au terme d'une pénible campagne, il diffuse une Lettre ouverte au CCI : 'Nous n'avons rien volé', etc.'' Il y a là deux contre-vérités : un "mélange" des faits en évoquant le CBG comme un élément de la crise de 1995-97. Les méfaits d'Ingram se rapportent à une autre période, quatorze ans plus tôt, à la suite de l'affaire Chénier. Ensuite, le procureur Bourseiller omet de signaler qu'Ingram a de lui-même reconnu avoir volé du matériel au CCI et a d'ailleurs fini par le restituer également de lui-même afin de se racheter un brin de respectabilité dans le but d'entreprendre un flirt avec la "Fraction externe du CCI" à la fin des années 1980.
Autre mensonge, cette fois sur la "crise de 2002" (en réalité de 2001) : Bourseiller situe la constitution d'une "fraction interne" après l'expulsion de l'individu Jonas (ce qui permet de sous-entendre que cette expulsion a provoqué des remous dans l'organisation), alors que cette prétendue fraction s'était constituée secrètement, et avait été découverte de façon fortuite en septembre 2001 par le reste de l'organisation. Elle existait ainsi, même ouvertement, depuis plusieurs mois. Si Jonas a été exclu en 2002, alors qu'il s'était porté démissionnaire de l'organisation depuis juin 2001, c'est pour ses comportements indignes d'un militant communiste (voir RI n°321).
Parler de "brigades spéciales du CCI", "d'hommes de main", "de vindicte" est particulièrement abject alors que les mesures de récupération du matériel volé ont toujours été dans la tradition du mouvement ouvrier. Celui-ci s'est toujours farouchement opposé à des comportements de voyou en son sein. Quant aux moyens et mesures pour récupérer son matériel volé qui sont bien entendu de la responsabilité du CCI (et non de la police ou de la justice bourgeoise), elles ont été votées unanimement par l'organisation qui a mandaté des équipes chargées de cette récupération. Après avoir évoqué à plusieurs reprises dans son ouvrage Marc Chirik, le plus ancien militant de la Gauche communiste et principal membre fondateur du CCI, Bourseiller conclut : "Quel aurait pu être le jugement de Marc Chirik sur les crises à répétition qui secouent la petite organisation ? Nul ne le saura jamais". Nous pouvons à l'inverse apporter quelque élément de réponse. Marc était non seulement encore vivant lors de l'affaire Chénier, lors de l'affaire Ingram, et lors du départ des membres de la FECCI mais il a été un militant à la pointe du combat pour la défense de l'organisation. Le livre de Bourseiller omet de préciser que, lors de ces "affaires", MC a été un des plus déterminés, énergiques et celui qui a le plus insisté sur la nécessité que l'organisation se défende en allant récupérer le matériel volé et se donne les moyens de le faire. Lui-même, à 74 ans, face à Chénier et à Ingram, a voulu participer aux équipes de récupération pour montrer l'exemple.
L'accumulation de sous-entendus, les propos malveillants de Bourseiller, outre leur mauvaise foi, sont significatifs des méthodes du personnage. C'est à coups d'insinuations qu'il procède, à travers une succession et un choix de mots suggestifs à répétition, révélateurs d'un procédé emprunté au marketing et à des méthodes éprouvées de conditionnement idéologique par des messages subliminaux. Ce choix des termes vise à sournoisement discréditer les organisations révolutionnaires, en premier lieu le CCI, mais pas seulement. Ainsi le parti Communiste internationaliste (Battaglia comunista) est "suspecté" "d'ourdir une mini-Internationale à partir de 1984", le BIPR. On reste confondu par l'usage d'une telle expression qui évoque immédiatement l'idée d'un complot pour évoquer une tentative de regroupement des révolutionnaires.

Une entreprise de la bourgeoisie visant à discréditer la Gauche communiste

Mais il est un domaine de prédilection dans lequel notre "auteur" exerce pleinement ses talents pour la médisance et la calomnie envers les courants passés et présents de la Gauche communiste. Le livre est en effet traversé par un antifascisme viscéral où l'évocation récurrente de la Shoah sert de paravent à une traque obstinée. Le projet de l'auteur est manifestement de discréditer la Gauche communiste avec la thèse qu'il existe une passerelle rouge-brun, de l'histoire déformée du KAPD à celle de la Fraction italienne en passant par la Gauche hollandaise. Chez leurs héritiers, Bourseiller cherche à établir un dénominateur commun : le négationnisme. Il tombe sur un os, avec le positionnement de classe des courants de la Gauche communiste qui se sont toujours clairement démarqués de ces élucubrations. Il reste alors une arme grossière à notre champion du prêt à penser moderne : l'insinuation.
Ces insinuations visent ainsi à discréditer Bordiga, les bordiguistes et toutes les organisations prolétariennes du passé comme du présent afin de falsifier les positions internationalistes que les groupes de la Gauche communiste ont toujours affirmées et défendues : "Auschwitz ou le grand alibi ne saurait certes apparaître comme un texte négationniste, puisqu'il ne nie aucunement l'existence du génocide. Il s'agit en revanche d'un document profondément sombre et inquiétant." Bourseiller occulte le contenu politique réel de la brochure pour arriver à une conclusion bourrée de nouveaux sous-entendus : "Auschwitz ou le grand alibi deviendra plus tard une brochure, maintes fois réimprimée, qui vaudra au "bordiguisme" une sulfureuse réputation." (p. 203). Dans la même veine, tout au long du livre, il cherche à répandre cette "sulfureuse réputation" pour dissuader le lecteur de s'intéresser davantage aux véritables positions défendues par les Gauches communistes. Il est notable qu'il fait beaucoup moins la fine bouche avec des groupes trempant dans les actions de braquage de banques tel le MIL espagnol ou même carrément terroristes comme les GARI qui sont parfaitement étrangers à la pratique et à la lutte du prolétariat.
"Ci-gît l'ultra-gauche", "l'ultra-gauche s'est suicidée", telle est la "conclusion" ultime du livre. Ainsi, la boucle est bouclée. Grâce à Bourseiller, la bourgeoisie tente ainsi de parachever sa campagne idéologique entreprise il y a 15 ans sur la mort du marxisme, de la classe ouvrière et du communisme amalgamée avec la fin du stalinisme. Ici, la bourgeoisie reproduit le même tour de passe-passe en célébrant l'enterrement de la Gauche communiste : tenter de persuader ses lecteurs que la Gauche communiste n'existe plus en la mettant sur le même plan que l'auto-dissolution de petits groupuscules modernistes sans avenir. Il s'agit de noyer les positions réelles de la Gauche communiste et de la tradition marxiste comme on cherche à noyer un chien en disant qu'il a la rage.
Le livre fait feu de tout bois pour tenter d'exorciser les peurs résurgentes de la bourgeoisie face aux potentialités de remise en cause de son système, devant le besoin grandissant de réflexion, ressenti au sein de la classe ouvrière, afin de court-circuiter les efforts de réappropriation d'une conscience de classe et de l'expérience du mouvement ouvrier, notamment parmi les jeunes générations de prolétaires.
De là, le choix de recourir à un concept vide, "l'ultra-gauche" qui est ici assimilée à un anti-bolchevisme et à un anti-léninisme. C'est pourquoi Bourseiller indique la direction la plus opposée possible à une capacité de renversement du système capitaliste. Il martèle de façon incantatoire que le seul supposé intérêt de tout ce qu'il a survolé dans son pavé indigeste de 500 pages, c'est une volonté de rupture avec le bolchevisme, le léninisme. C'est d'avoir défriché le terrain pour un dépassement du marxisme et de critiquer la société sur d'hypothétiques bases tout à fait nouvelles, pourvu qu'elles soient autres que le vieux chemin de la lutte de classe.
La fonction essentielle de ce livre est de servir de repoussoir à des éléments en recherche, surtout parmi les jeunes générations d'ouvriers, qui sont tentées de se rapprocher des positions de la Gauche communiste. Bourseiller leur livre une image totalement dénaturée et déformée des véritables organisations révolutionnaires afin de les dissuader d'en découvrir les authentiques positions.
Mais le plus déplorable, c'est que ce triste sire ait pu rédiger son torchon grâce à la collaboration… d'anciens militants communistes. En effet, il est particulièrement navrant de constater que, dans la liste de tous ceux que notre histrion prend soin de remercier pour leur collaboration à la fin de son ouvrage, "tous ceux qui, d'une quelconque façon, l'ont aidé à réaliser ce travail", figure le nom de deux ex-membres du CCI, RC alias René Nazon et Raoul Victor, principal animateur d'un groupe parasitaire, le Cercle de Discussion de Paris. Voilà où mène le parasitisme : à se rendre directement complices de la bourgeoisie. Pour avoir accepté sans discernement de bavasser, d'exhaler leurs plaintes ou d'étaler leurs petits griefs envers le CCI à un écrivassier de la bourgeoisie à l'affût du moindre ragot, ces ex-militants se retrouvent aujourd'hui compromis dans une entreprise de démolition de la Gauche communiste. En les remerciant pour leur collaboration à son ouvrage, Bourseiller aura rendu la honte plus honteuse encore en livrant leur nom à la publicité. Ces noms resteront ainsi inscrits dans l'Histoire... de la bourgeoisie reconnaissante.

Les efforts dérisoires de Bourseiller et consorts, ces mesquins idéologues appointés par l'Etat bourgeois pour brouiller la perspective du prolétariat et la défense de ses positions de classe ne peuvent faire illusion longtemps. Bourseiller pourra peut-être poursuivre longtemps sa carrière d'arriviste qui ne pense qu'à se faire du fric et de la notoriété. Mais ce serviteur zélé de la bourgeoisie reste impuissant comme l'ensemble de sa classe à éradiquer les positions de classe des organisations révolutionnaires. Non, la Gauche communiste n'est pas morte et les précieuses leçons de ses expériences historiques seront demain les armes essentielles de la lutte et de la conscience du prolétariat mondial pour clamer à la face du monde capitaliste à la suite de Rosa Luxembourg :

  • "J'étais, je suis, je serai".
Nils


Pour ou contre le port du voile à l’école : une manoeuvre de diversion et de division de la classe ouvrière

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Avec l'affaire du port du voile à l'école et tous les débats, manifestations et protestations en tous genres auxquels elle a donné lieu autour du vote de la loi sur les signes visibles d'appartenance religieuse, la bourgeoisie française a mis sur pied une campagne à répétition visant à attaquer en profondeur la conscience de la classe ouvrière. De la droite à la gauche et à l'extrême gauche, chacun y va de son couplet pour ou contre, plus ou moins pour et plus ou moins contre, etc. Les médias, les politiques, les associations, islamistes, juives ou chrétiennes, tous participent en chœur à ce qu'ils appellent un "grand débat citoyen sur la laïcité". En fait, contrairement à la prétendue cacophonie qui règnerait dans la "société française" sur ce sujet, tous vont dans la même direction : créer un maximum de confusion dans la tête des ouvriers afin de mieux les enchaîner derrière l'Etat bourgeois et leur faire accepter leur sort.


Par ce faux débat, la bourgeoisie vise à faire diversion sur la faillite du système capitaliste, la montée de la misère et la série d'attaques qu'elle est en train de concocter pour mieux les faire passer. La bourgeoisie exhorte donc les ouvriers à participer en tant qu'individus atomisés au débat. Ils sont invités à la réflexion en tant que "citoyen", dans une communion avec le petit-bourgeois ou le bourgeois qui l'exploite. Tous égaux dans le débat !!! L'ouvrier est ainsi séparé de sa classe, dilué, perméable à toute l'idéologie dominante.

Mais l'affaire du voile est aussi une nouvelle occasion de développer des clivages au sein de la population et surtout du prolétariat. Il est significatif que le débat a largement échauffé les esprits et n'a fait qu'exacerber le racisme (à l'instar de la création par le PS de SOS Racisme au début des années 1980), le sexisme et les divisions communautaires dans leurs aspects les plus mesquins. Il s'agit encore de mettre en compétition les ouvriers, non plus seulement en fonction de leur nationalité, mais aussi de leur croyance. Il s'agit de créer un profond sentiment de division au sein de la classe ouvrière par la fausse opposition entre ouvriers français et ouvriers immigrés, ces derniers étant par définition potentiellement "islamistes". Et au sein de ceux-ci, la propagande bourgeoise fait en sorte de désigner d'un côté les "mauvais" immigrés qui ont manifesté pour le port inconditionnel du voile et de l'autre les "bons" immigrés soumis à la loi de la "république laïque". Elle transforme la véritable solidarité ouvrière qui dépasse les nationalités et les croyances en une solidarité de ceux qui se retrouvent dans la "croyance" envers l'Etat bourgeois comme ultime juge de paix et de cohésion sociales. Car, derrière tout ce débat sur la défense de la laïcité, c'est la question de la défense de l'Etat bourgeois démocratique qui est mise en lumière. Citons le journal Libération du 29 janvier 2004 qui montre bien tout le sens de la campagne : "Dans notre tradition laïque, l'Etat est le protecteur du libre exercice par chacun de sa liberté de conscience, de son expression ou de sa non-expression. Il se doit d'intervenir quand elle est menacée." L'Etat serait le seul authentique garant des libertés individuelles, en l'occurrence, le seul à même de s'opposer à la montée de l'oppression des individus que représente la montée des intégrismes religieux. Or, c'est justement un des objectifs de ce "débat", créer un rideau de fumée sur les racines de cette montée, afin d'empêcher la classe ouvrière de prendre conscience que c'est la décomposition même de ce système capitaliste qui en est à l'origine[1] [14].
Comme le disait Marx il y a plus de 150 ans : "La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."[2] [15] Au culte de la religion, la bourgeoisie voudrait opposer celui de l'Etat laïc, nec plus ultra de la libération des opprimés par la religion. Mais ce n'est certes pas en faisant confiance à l'Etat et à ses flics que les jeunes filles soumises au diktat des islamistes pourront échapper à l'oppression pas plus que n'importe quel prolétaire. D'ailleurs il n'est nullement dans les desseins du gouvernement d'abolir les cultes mais au contraire de les renforcer : c'est ainsi que c'est sous la houlette de l'Etat "laïc" républicain qu'on voit fleurir, au nom de la "liberté" et du "respect" des cultes, mosquées et synagogues. C'est là qu'apparaît avec une évidence sans équivoque que les fins de l'Etat démocratique ne s'opposent pas à celles des religions mais qu'elles sont complémentaires les unes des autres.
Oppression idéologique, écrasement de la pensée et de la conscience, exploitation en tous genres des individus sont le pain béni dont ils nourrissent leurs ouailles. Au XIXe siècle, la bourgeoisie, tant qu'elle était une classe progressiste, s'est efforcée de maintenir l'Eglise comme force différenciée de l'Etat bourgeois car elle représentait une entrave au développement des forces productives, ce qui a abouti à des lois sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais tout en la gardant sous le coude comme force idéologique. Cependant, déjà à cette époque, les révolutionnaires stigmatisaient cette illusion suivant laquelle l'anticléricalisme qui faisait florès dans la bourgeoisie républicaine française représentait en soi une force de libération. Rosa Luxembourg le considérait comme un élément mystificateur proprement né de l'idéologie bourgeoise. Dans un article publié en janvier 1902 elle affirmait que : "Les socialistes sont précisément obligés de combattre l'Eglise, puissance antirépublicaine et réactionnaire, non pour participer à l'anticléricalisme bourgeois mais pour s'en débarrasser. L'incessante guérilla menée depuis des dizaines d'années contre la prêtraille est, pour les républicains bourgeois français, un des moyens les plus efficaces de détourner l'attention des classes laborieuses des questions sociales (…)" Et elle ajoutait : "L'anticléricalisme bourgeois aboutit à consolider le pouvoir de l'Eglise, de même que l'antimilitarisme bourgeois, tel qu'il est apparu dans l'affaire Dreyfus, ne s'est attaqué qu'à des phénomènes naturels au militarisme, à la corruption de l'Etat major et n'a réussi qu'à épurer et à affermir l'institution elle-même."[3] [16]
Avec la décadence du capitalisme et l'entrée de ce système dans sa phase de décomposition, ces illusions sur l'anticléricalisme et la défense de la laïcité sont devenues carrément des mystifications utilisées comme une arme idéologique de l'État capitaliste pour diviser la classe ouvrière et monter les ouvriers les uns contre les autres.
Face à la pourriture qui gagne la planète, il ne s'agit pas d'embrasser la cause de la religion ou celle de l'État "laïc". Il faut réaffirmer que, devant cette fausse alternative, seule la révolution prolétarienne pourra en finir avec toutes les mystifications, qu'elles soient "laïques" ou "religieuses" : toutes étant le produit de l'oppression capitaliste.

AM (20 février)

[1] [17] Voir dans notre Revue Internationale n° 109 l'article "La résurgence de l'islamisme, symptôme de la décomposition des relations sociales capitalistes"

[2] [18] Karl Marx et Friedrich Engels, Critique de la philosophie du droit de Hegel, Sur la religion, page 42, éditions Sociales.

[3] [19] Rosa Luxembourg, Le socialisme en France, page 213-214, éditions Belfond.

Questions théoriques: 

  • Religion [20]

Comment devenir militant du CCI ?

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Ces derniers mois, notre organisation a reçu toute une série de courriers de lecteurs posant la question "comment fait-on pour adhérer au CCI ?" Cette volonté d'engagement militant de la part d'éléments à la recherche d'une perspective de classe s'est exprimée dans plusieurs pays, notamment des pays aussi différents que la France et les États-Unis, la Grande-Bretagne ou le Bengladesh. A chacun de ces lecteurs, nous avons envoyé une réponse personnelle lui proposant d'engager une discussion avec notre organisation afin d'expliciter nos conceptions. Cependant, dans la mesure où ce questionnement concerne bien d'autres camarades que ceux qui nous ont directement interrogés là-dessus, puisque la question de l'adhésion à une organisation révolutionnaire est une question politique à part entière, nous nous proposons dans cet article d'apporter une réponse globale à tous ceux qui se préoccupent de savoir en quoi consiste le militantisme dans les rangs d'une organisation révolutionnaire comme le CCI.
Nous tenons en premier lieu à saluer la démarche de ces lecteurs qui manifestent aujourd'hui une volonté d'engagement militant. Cette dynamique très positive des éléments à la recherche d'une perspective et d'une activité révolutionnaires est l'expression d'une réflexion qui s'accentue en profondeur au sein de la classe ouvrière. Malgré les campagnes de la bourgeoisie, malgré ses attaques contre le courant de la Gauche communiste, malgré les calomnies déversées sur le CCI par les groupuscules parasitaires[1] [21] à ces lecteurs ne se sont pas laissés impressionner et ont montré leur capacité à reconnaître le sérieux de notre organisation.

 

Les conditions pour devenir militant du CCI

 

Le processus d'intégration de nouveaux militants dans une organisation politique dépend tout d'abord de la nature de classe de cette organisation. Dans les partis bourgeois (par exemple les partis staliniens), il suffit simplement de prendre sa carte au parti et de payer ses cotisations pour être membre de l'organisation. Les militants de ce type d'organisation n'ont pas pour vocation de mener une activité visant à développer la conscience de la classe ouvrière mais au contraire de l'endormir et de la dévoyer sur le terrain bourgeois, notamment celui des élections et des grandes messes démocratiques.
Pour une organisation révolutionnaire, c'est-à-dire une organisation défendant réellement la perspective du prolétariat (la destruction du capitalisme et l'instauration de la société communiste mondiale), le rôle des militants est radicalement différent. Leur but ne vise pas à faire carrière comme représentant de telle ou telle fraction du capital, ou à coller des affiches pour les campagnes électorales mais à contribuer au développement de la conscience dans la classe ouvrière. Comme l'affirmaient Marx et Engels dans le Manifeste communiste, "les communistes ont sur le reste du prolétariat l'avantage de comprendre clairement les conditions, la marche et les résultats généraux du mouvement prolétarien". C'est pour cela que les militants d'une organisation révolutionnaire doivent eux-mêmes élever leur propre niveau de conscience.
En ce sens, la première condition pour adhérer au CCI, c'est que les camarades qui posent leur candidature pour devenir militants de notre organisation manifestent leur compréhension et leur plein accord avec nos principes programmatiques.
Cependant, leur degré d'accord et de conviction sur nos positions politiques n'est pas une condition suffisante pour être militant du CCI. Les candidats doivent manifester également leur volonté de défendre les positions de l'organisation, chacun en fonction de ses propres capacités personnelles. Nous n'exigeons pas de nos militants qu'ils soient tous de bons orateurs ou qu'ils sachent rédiger un tract ou des articles pour la presse. Ce qui importe, c'est que le CCI comme un tout puisse assumer ses responsabilités et que chaque militant soit prêt à donner le meilleur de ce qu'il peut donner pour permettre à l'organisation d'assumer la fonction pour laquelle la classe ouvrière l'a faite surgir.
Les militants du CCI ne sont pas des spectateurs passifs, ni des moutons bêlant derrière une "bureaucratie de chefs" comme le prétendent nos calomniateurs. Ils ont des devoirs envers l'organisation qu'il leur appartient de faire vivre. D'abord en payant leurs cotisations (car sans argent, l'organisation ne pourrait pas payer les frais d'impression de la presse, la location des salles, les voyages, etc.). Ils ont le devoir de participer aux réunions, aux interventions, aux diffusions de la presse, à la vie et aux débats internes en défendant leurs désaccords dans le respect des règles de fonctionnement établies par nos statuts.
Ces exigences ne sont pas nouvelles. Déjà en 1903, dans le débat sur le paragraphe 1 des Statuts du POSDR cette question "qui est membre du parti ?" avait opposé les bolcheviks aux mencheviks. Pour les bolcheviks, seuls ceux qui sont partie prenante de l'ensemble de la vie de l'organisation pouvaient être considérés comme membres du parti, alors que les mencheviks estimaient qu'il suffisait d'être d'accord avec les positions de l'organisation et de lui apporter son soutien pour être considéré comme militant. La position des mencheviks a été fermement combattue par Lénine dans son livre Un pas en avant, deux pas en arrière comme étant une vision purement opportuniste, marquée par des conceptions petites-bourgeoises. Les détracteurs de Lénine ont souvent prétendu que sa position était "autoritaire" et faisait la part belle au "pouvoir d'une petite minorité". C'est tout le contraire qui est vrai : c'est la vision opportuniste défendue par les mencheviks qui porte en elle un danger. En effet, des militants "de base" peu convaincus et peu formés seront plus enclins à laisser les "leaders" penser et décider à leur place que des militants qui ont acquis une compréhension profonde des positions de l'organisation et qui s'impliquent activement dans la défense de celles-ci. C'est la conception des mencheviks qui permet le mieux qu'une petite minorité puisse mener sa propre politique personnelle, aventurière, dans le dos et contre l'organisation.
Sur cette question "qui est membre du parti ?", le CCI se réclame de la conception des bolcheviks. C'est la raison pour laquelle, nous faisons une distinction très claire entre les militants et les sympathisants qui partagent nos positions et nous apportent leur soutien.
Bon nombre de camarades qui participent à nos côtés aux interventions publiques, à la diffusion de la presse et nous apportent un soutien financier ne sont pas prêts pour autant à s'impliquer pleinement dans une activité militante, laquelle nécessite beaucoup d'énergie et de persévérance dans un travail régulier s'inscrivant sur le long terme. S'engager dans le CCI comme militant signifie être capable de mettre cette activité au centre de sa vie. L'engagement dans une organisation révolutionnaire ne peut être considérée comme un hobby. Il exige de la part de chaque militant une ténacité, une capacité à tenir la route contre vents et marées, à ne pas se laisser démoraliser par les aléas de la lutte de classe, c'est-à-dire une profonde confiance dans les potentialités et la perspective historique du prolétariat. Le militantisme révolutionnaire exige également un dévouement loyal et désintéressé à la cause du prolétariat, une volonté de défendre ce bien précieux qu'est l'organisation à chaque fois que celle-ci est attaquée, dénigrée, calomniée par les forces de la bourgeoisie et ses complices du milieu parasitaire.
Pour devenir militant du CCI, il faut également avoir la capacité de s'intégrer dans un cadre collectif, faire vivre la solidarité entre camarades en bannissant l'individualisme petit-bourgeois qui trouve son expression notamment dans l'esprit de concurrence, de jalousie ou de rivalité avec ses camarades de combat et qui n'est rien d'autre que les stigmates de l'idéologie de la classe bourgeoise.
Pour devenir militant d'une organisation révolutionnaire, il faut, comme le disait Bordiga, avoir une force de conviction et une volonté d'action, y compris dans le combat permanent contre le poids de l'idéologie capitaliste dans les rangs de l'organisation.
Concrètement, les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent d'ores et déjà se préparer à assumer des responsabilités, ce qui consiste à :

  • se rendre disponibles pour mener des discussions sur la plate-forme du CCI avec des délégations mandatées par l'organisation. Ce processus de discussions vise à approfondir leur accord avec notre plate-forme qui ne doit pas être superficiel ou approximatif, ce qui implique que les candidats ne doivent pas hésiter à exprimer leurs désaccords, leurs divergences ou incompréhensions afin que ces discussions puissent aboutir à une réelle clarification ;
  • commencer à apporter un soutien matériel régulier à l'organisation à travers une souscription financière et en participant aux diffusions de la presse.

A l'issue de ce processus de discussions sur nos positions programmatiques, les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent également manifester leur accord avec la conception du CCI sur la question du fonctionnement de l'organisation et sur ses Statuts dont l'esprit est contenu dans notre article de la Revue Internationale n°33 ("Structure et fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires").

La politique du CCI envers les candidats

Le CCI a toujours accueilli avec enthousiasme les nouveaux éléments qui veulent s'intégrer dans ses rangs. C'est pour cela qu'il investit beaucoup de temps et d'énergie dans les processus d'intégration des candidats afin de permettre à ces futurs militants d'être les mieux armés possible pour pouvoir être immédiatement partie prenante de l'ensemble des activités de l'organisation. Cependant, cet enthousiasme ne signifie nullement que nous ayons une politique de recrutement pour le recrutement, comme les organisations trotskistes.
Notre politique n'est pas celle non plus des intégrations prématurées sur des bases opportunistes, sans clarté préalable. Nous ne sommes pas intéressés à ce que des camarades rejoignent le CCI pour nous quitter quelques mois ou quelques années plus tard parce qu'ils se sont rendu compte que l'activité militante est trop contraignante, exige trop de "sacrifices" ou encore parce qu'ils se sont aperçus a posteriori qu'ils n'avaient pas réellement assimilé les principes organisationnels du CCI (en général, ces camarades ont bien souvent beaucoup de difficultés à le reconnaître et préfèrent abandonner le combat avec des récriminations contre le CCI qui peuvent les conduire à justifier leur désertion par une activité parasitaire).
La conception des bolcheviks sur les questions d'organisation a montré toute la validité de cette approche. Le CCI n'est pas une auberge espagnole. Il n'est pas intéressé à faire de la pêche à la ligne.
Nous ne sommes pas non plus des marchands d'illusion. C'est pour cela que nos lecteurs se posant la question "comment fait-on pour adhérer au CCI ?" doivent comprendre que l'adhésion au CCI prend du temps. Tout camarade qui pose sa candidature doit donc s'armer de patience pour engager un processus d'intégration dans notre organisation. C'est d'abord un moyen pour le candidat de vérifier lui-même la profondeur de sa conviction afin que sa décision de devenir militant ne soit pas prise à la légère ou sur un "coup de tête". C'est aussi et surtout la meilleure garantie que nous puissions lui offrir pour que sa volonté d'engagement militant ne se solde pas par un échec et une démoralisation.
Parce que l'activité des révolutionnaires s'inscrit dans une perspective historique, les militants doivent pouvoir tenir la route sur le long terme sans se démoraliser. C'est pour cela que les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent se garder de tout immédiatisme, de toute impatience dans leur processus d'intégration à notre organisation. L'immédiatisme est justement la base de recrutement des gauchistes, lesquels n'ont de cesse de reprocher au CCI : "que faites-vous 'pratiquement' ? Quels résultats immédiats obtenez-vous ?".
Plus que jamais la classe ouvrière a besoin de nouvelles forces révolutionnaires. Mais l'accroissement numérique des organisations de la Gauche communiste ne pourra être un réel renforcement que s'il constitue l'aboutissement de tout un processus de clarification visant à former de nouveaux militants, à leur donner des bases solides pour leur permettre d'assumer leurs responsabilités au sein de l'organisation.

GL (18 février)


[1] [22] Pour mémoire, on peut citer comme exemple des campagnes bourgeoises contre la perspective révolutionnaire, celles sur le thème de la "mort du communisme" après l'effondrement du bloc de l'Est et des régimes staliniens en 1989. Nous avons également mis en évidence dans notre presse (et de nouveau dans ce numéro de RI avec notre article sur le livre de Bourseiller) en quoi les campagnes contre le "négationnisme" visaient principalement à discréditer la Gauche communiste. Quant aux calomnies du parasitisme contre le CCI, elles durent depuis près de 25 ans et si leurs auteurs ont changé (Communist Bulletin Group, "Fraction Externe du CCI", Cercle de Paris), ils se sont passé le relais pour dénoncer le prétendu "stalinisme" du CCI. Mais au delà de cette unité dans le chef d'accusation, l'infamie des attaques contre notre organisation a connu une escalade qui culmine aujourd'hui avec la prétendue "Fraction Interne du CCI" qui n'a pas hésité à employer des méthodes de voyous et de mouchards afin d'essayer d'intimider nos sympathisants.

Vie du CCI: 

  • Courrier des lecteurs [23]

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • L'organisation révolutionnaire [24]
  • Conscience de classe [25]

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Links
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