La période électorale ouverte actuellement avec les régionales (21 et 28 mars), qui se poursuivra naturellement avec les cantonales puis les européennes du mois de juin, constitue un intense moment de matraquage idéologique contre le prolétariat.
De ce point de vue, l'article de Libération du 3 février, "La tête loin des urnes, un relent de 21 avril 2002", est très représentatif du souci de la bourgeoisie de relancer sa propagande anti-Le Pen au vu du désintérêt que suscite ce scrutin : "A sept semaines du premier tour des élections régionales, l'atonie de l'électorat n'a d'égale que celle qui frappait les français à l'approche du 21 avril 2002". Bien entendu, les différents partis bourgeois y vont aussi de leur couplet à l'image du premier secrétaire du PS, François Hollande, qui a lourdement insisté sur le fait qu'il ne "faut pas oublier ceux qui se font oublier" (meeting du 17 janvier à La Rochelle). Dans le même registre, les associations de chômeurs tels les comités CGT ou Apeis se mobilisent pour que les chômeurs s'inscrivent sur les listes électorales. Le FN lui-même participe à la mobilisation citoyenne des foules, l'une de ses formules de campagne (provocatrice à souhait et bien mise en avant par les médias) étant : "vous avez aimé le 21 avril, vous adorerez le 21 mars". Enfin, tout le barouf autour de la remise en cause juridique de l'éligibilité de Jean-Marie Le Pen en région PACA, "participera, participera pas", ne sert qu'une chose : l'affichage ostensible de l'extrême droite.
Rien ne manque. Tout est en place pour faire mousser "la menace Le Pen" et marteler dans les esprits que "ne pas voter est dangereux". Les prolétaires sont donc pressés de toutes parts pour faire en sorte qu'ils s'acquittent de leur devoir de citoyens. En somme, qu'ils oublient leur identité de classe, une classe qui n'a aucun intérêt à soutenir ou sauvegarder le système qui les exploite, quelle que soit sa forme, démocratique ou totalitaire.
Le bourrage de crâne ne s'arrête pas là. Depuis quelques mois, la classe ouvrière subit une vaste opération promotionnelle en faveur des valeurs républicaines. C'est, entre autres, le débat omniprésent à propos de la loi sur l'interdiction du voile dans les établissements scolaires (voir article p.5) au nom de l'égalité des chances et, par extension, entre les sexes. "Education égalitaire pour tous ? Quelle idée se cache derrière ces mots ? Croit-on que dans notre société actuelle…une éducation puisse être égalitaire pour toutes les classes ?" (Marx, Collected works, vol.4., traduit de l'anglais par nous).
Idem en ce qui concerne l'affaire Juppé ou plus précisément "l'affaire dans l'affaire", celle des pressions exercées sur les juges de Nanterre, replaçant au cœur des débats la question de l'indépendance de la Justice accompagnée de son flot de discours sur la séparation des pouvoirs comme fondement de la démocratie.
Et que dire du tripatouillage, façon Pieds Nickelés, du journal de 20 heures de France 2 le 3 février ? L'annonce bidon du retrait de Juppé de la scène politique lâchant la bonde aux lamentations et aux "terribles inquiétudes" des démocrates de tous poils au sujet du "principe d'honnêteté de l'information". Parce que nous devrions croire sur parole que les médias de la classe dominante ont toujours eu le souci jusqu'à présent de dire la vérité, et rien que la vérité, à la classe exploitée ? C'est vraiment prendre les ouvriers pour des demeurés !
Alors que la loi de remise en cause des retraites a été adoptée, que les licenciements dans le privé et les suppressions de poste dans le public continuent à s'aggraver, et qu'une réforme de l'assurance maladie se prépare à aller encore plus loin dans la dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière, à quoi sert tout ce remue-ménage ? Il s'agit pour la bourgeoisie d'éloigner, coûte que coûte, les ouvriers de tout questionnement sur la faillite du système capitaliste en les inondant de débats sur "l'avenir républicain".
Pour la classe ouvrière, l'avenir ne dépend certainement pas du cirque électoral ni de la défense des valeurs républicaines bourgeoises mais exclusivement du développement de la lutte de classe.
Azel (20 février)
L'Irak est un pays
livré au chaos. Il ne se passe pas un jour sans attentats, sans
attaques armées frappant aveuglément la population civile,
mais aussi, et c'est un signe de l'évolution de la situation,
l'armée américaine, la police irakienne, les communautés
sunnite, chiite et kurde. Plus personne, plus rien n'échappe
en Irak à ce qui pourrait rapidement dégénérer
en guerre civile. C'est en ce sens que le général John
Abizaid, chef du commandement central américain a déclaré
: "s'attendre avec l'approche de la date de passation du pouvoir
(prévue pour le 30 juin 2004), à une recrudescence des
actes de violence en Irak à ce que la multiplication des attaques
ne pousse des groupes locaux à la confrontation menant ainsi
à une dégradation et préparant le terrain à
une guerre civile." (Cité par Courrier International du
2 février 2004). Le 1er février dernier, un double attentat-suicide
visait les sièges des deux principaux partis Kurdes, le PDK (Parti
démocratique du Kurdistan) et l'UPK (Union patriotique du Kurdistan).
Ce double attentat qui a fait plus de 100 morts et 133 blessés,
a ramené sur le devant de la scène l'épineuse question
kurde. Dans le chaos interne à la situation en Irak, il est une
réalité maintenant indéniable : les dirigeants
kurdes irakiens réclament avec de plus en plus d'insistance un
système fédéral qui traduirait leur autonomie de
fait, en réalité institutionnelle. Les Kurdes d'Irak font
savoir de plus en plus fort leurs réelles prétentions
: une autonomie kurde sur une base ethnique, avec en plus la ville de
Kirkuk comme métropole. Cet état de fait ne peut se traduire
que par une montée de la violence attirant le mécontentement
turc, iranien, sunnite et chiite. Le Kurdistan irakien est aujourd'hui
une poudrière qui pourrait bien embraser toute la région.
Cependant, le danger pour la stabilité de la région provenant
de la poussée des exigences kurdes, n'est rien par rapport à
celui représenté par l'échec du plan américain
voulant placer à la tête de l'Irak un gouvernement fantoche
entièrement dévoué à la défense des
intérêts de l'impérialisme américain. "Je
suis iranien et Paul Bremer est américain. Pourquoi ne pas laisser
le peuple d'Irak décider de son sort ?" : c'est en ces termes
que l'ayatollah Al Sistani a rejeté la proposition de rencontrer
l'administrateur américain. Le plus influent dignitaire chiite
réclame une élection générale où
un homme correspondrait à un vote. Cela se comprend aisément
puisque la population chiite est la plus nombreuse en Irak. Cette perspective
ne peut que contrarier très fortement l'administration américaine,
tant le lien entre les chiites irakiens et iraniens est fort. Elle ne
peut rencontrer que la désapprobation des minorités sunnites
et kurdes. L'impérialisme américain, et ceci malgré
l'incroyable dispositif militaire dont il dispose dans cette partie
du monde est dans l'incapacité d'empêcher la décomposition
de la société irakienne. C'est donc contrainte et forcée
que l'Amérique se tourne vers les Nations Unies, après
leur avoir refusé tout rôle jusqu'à présent.
C'est par l'intermédiaire de Paul Bremer que l'ONU est sollicitée
pour participer activement à soulager les Etats-Unis du fardeau
irakien. L'expression des réticences de Kofi Annan, secrétaire
général de l'ONU, ne s'est pas faite longtemps attendre.
Celui-ci a déclaré avoir "souhaité disposer
d'éléments supplémentaires avant d'envoyer une
mission d'élections en Irak." Mais l'opposition la plus
forte à la demande américaine est venue inévitablement
des principales puissances impérialistes rivales que sont la
France et l'Allemagne. Ces puissances auxquelles on peut rajouter notamment
la Russie ne peuvent que se réjouir du bourbier dans lequel s'enfoncent
progressivement les Etats-Unis en Irak. Dans cette foire d'empoigne
entre bandits impérialistes, chacun se doit de profiter immédiatement
des faiblesses de l'adversaire. Le nombre de morts grandissant en Irak
n'a strictement aucune importance à leurs yeux et les larmes
de crocodiles versées au moment de l'invasion américaine
en Irak par tous nos politiciens bourgeois apparaissent de plus en plus
nettement pour ce qu'elles étaient réellement : des mensonges
chargés d'alimenter une campagne idéologique anti-américaine.
Aujourd'hui la France et l'Allemagne, alliées de circonstance,
font monter les enchères et réclament en contrepartie
une politique indépendante de sécurité et de défense
européenne. Cette éxigence a été immédiatement
rejetée à Davos par Dick Cheney (vice-président
américain). L'administration américaine n'a pour le moment
aucune porte de sortie du piège irakien qui se solde aux yeux
du monde comme un revers cinglant.
Cette situation est d'autant plus préoccupante pour la bourgeoisie
américaine que le conflit israélo-palestinien est loin
de marquer le pas, comme ont voulu le faire croire les médias.
L'annonce par le premier ministre israélien Ariel Sharon de son
intention de faire évacuer la majorité des colonies juives
de Gaza a certainement un contenu idéologique en direction de
la population israélienne harassée par la guerre et la
misère grandissante. Mais là n'est pas l'aspect essentiel,
calmer le jeu à Gaza pour Sharon, c'est s'ouvrir la possibilité
d'implanter de nouvelles colonies en Cisjordanie. Le général
Bron du Centre Jaffée des Etudes Stratégiques, a déclaré
: "Que Sharon n'accepterait, au mieux qu'un minuscule Etat palestinien
en Cisjordanie, ce qui serait inacceptable pour les palestiniens donc
le conflit continuera." Embourbée en Irak, l'administration
Bush démontre des difficultés croissantes à freiner
l'appétit impérialiste israélien. Cet affaiblissement
de l'impérialisme américain ne pouvait que se traduire
aux États-Unis mêmes par une pression croissante sur le
Président Bush et son administration. David Kay, ancien chef
de l'équipe constituée par les Américains pour
retrouver les armes de destruction massive, a affirmé publiquement
: "Que si on ne les avait jamais trouvées, c'est qu'elles
n'ont jamais existé". Cela a porté un rude coup à
l'équipe Bush et Blair qui se font aujourd'hui de plus en plus
traiter de manipulateurs dans les grands médias nationaux. Une
grande partie de la bourgeoisie américaine est consciente de
la gravité de cette situation. C'est pour cela qu'elle favorise
au sein du camp démocrate la candidature de Kerry à la
prochaine élection présidentielle aux États-Unis.
Une nouvelle administration américaine permettrait sans doute
à l'État américain de tenter de gérer la
crise irakienne en amoindrissant momentanément les tensions internationales
entre les grandes puissances rivales, ainsi qu'en tentant d'apaiser
les exigences communautaires internes à l'Irak.
Ces tentatives au sein de la bourgeoisie américaine pour essayer
momentanément de calmer le jeu ne doit en aucun cas entraîner
d'illusions au sein de la classe ouvrière sur la possibilité
de retrouver réellement un jour la paix en Irak, et ceci quelle
que soit l'équipe au pouvoir à la Maison Blanche. A Davos,
entre le 23 et le 28 janvier dernier, Dick Cheney a rappelé au
monde entier que "l'administration Bush poursuivait vigoureusement
la transformation démocratique du grand Moyen-Orient", réaffirmant
que "l'Amérique était en guerre, contre le terrorisme,
les États voyous et les États qui haïssent l'Amérique",
ajoutant que "cette guerre se poursuivrait". Une administration
démocrate aux États-Unis ne pourrait en aucun cas, à
terme, changer le fond de cette politique guerrière. La faillite
du capitalisme, l'enfoncement de son système dans la décomposition
de toute la société ne peut que pousser en avant l'affrontement
entre toutes les puissances impérialistes, et en premier lieu
entre les plus puissantes d'entre-elles. Si aujourd'hui c'est l'impérialisme
américain qui apparaît le plus belliqueux, c'est que son
leadership mondial est de plus en plus contesté et malmené
sur l'arène mondiale. Chaque État est poussé à
défendre militairement ses propres intérêts nationaux.
La barbarie capitaliste ne peut que continuer à s'étendre
au Moyen-Orient. L'humanité est placée devant l'alternative
: communisme ou chute dans la barbarie. Le prolétariat doit plus
que jamais prendre conscience de ce que nous disait Rosa Luxembourg
dans le programme du groupe Spartakus en décembre 1918 : "Ou
bien le maintien du capitalisme, de nouvelles guerres et la chute prochaine
dans le chaos et l'anarchie, ou bien la suppression de l'exploitation
capitaliste"
Le Forum Social
Mondial (FSM) qui, depuis sa création, s'était tenu annuellement
à Porto Alegre au Brésil, s'est déroulé
en 2004 à Bombay en Inde entre le 16 et le 21 janvier. Le FSM
de Bombay n'était pas différent des autres rassemblements
du même type - il comportait tous les attributs d'une gigantesque
foire (il s'est d'ailleurs déroulé dans le Parc National
des Expositions où se tiennent habituellement des Foires commerciales)
au goût "ethnique" et "tribal" prononcé.
Le spectacle a été indéniablement gigantesque -près de 80 000 personnes venues de 132 pays auraient participé
aux 1200 forums organisés autour du FSM. Un plus grand nombre
encore a rejoint la manifestation anti-américaine organisée
le 21 janvier 2004, dernier jour du FSM.
Le FSM avait l'allure d'une grande fête sociale et politique,
bien qu'aucun parti ou organisation politique n'ait été
présente avec son propre nom ou son propre drapeau. Il semblait
y en avoir pour tous les goûts. De nombreux séminaires
et ateliers se sont tenus sur toutes sortes de sujets. Quantité
de programmes et de spectacles culturels se sont également déroulés
en différents lieux dans l'enceinte du Forum social. L'ensemble
de l'enceinte du Forum était occupé par une foule immense,
bruyante, agitée, bourdonnante et occupée à l'une
ou l'autre activité.
Parmi les participants, il y avait aussi de nombreux jeunes. La plupart
d'entre eux semblaient aux anges, comme si leur participation à
ce forum constituait une étape très importante sur le
chemin de la réalisation de leur but d'un autre monde sans impérialisme,
sans aucune sorte de capitalisme, guerre, pollution, exploitation, répression,
domination, discrimination. Il y avait de grandes quantités d'affiches
et de banderoles dédiées au thème central : "Un
autre monde est possible". La mondialisation était dénoncée
comme le plus grand monstre et la cause de tous les maux sociaux, politiques
et économiques dans le monde entier. L'impérialisme (en
fait l'impérialisme américain) était présenté
comme la chose la plus diabolique du monde actuel, ce qui, de ce fait,
impliquait de se mobiliser sur la nécessité de la lutte
et du front anti-impérialistes. Certaines affiches affirmaient
le droit à la nationalité et à l'indépendance
nationale. Des hymnes à la démocratie et au contrôle
démocratique étaient chantés dans un certain nombre
de slogans et d'affiches. Certaines affirmaient des revendications pour
les droits de l'homme, les droits des réfugiés et pour
la protection de l'environnement. Il y avait également des mots
d'ordre contre l'occupation de l'Irak, la revendication de la fin de
cette occupation et de la liberté de la population irakienne
de choisir son propre régime politique et social. D'autres slogans
s'attaquaient aussi à l'occupation de l'Afghanistan. En fait,
tout cela donnait l'image d'un kaléidoscope politique bigarré
et aveuglant. Des revendications pour les droits et l'émancipation
des femmes étaient également affichées avec vigueur.
Des slogans contre la ségrégation et les attaques contre
les Dalits (membres de la caste inférieure), pour l'harmonie
communautaire, les droits et l'émancipation des Dalits étaient
également affichés afin d'apporter une "touche indienne"
à ce grand "show international". Cependant, le plus
attractif de tout était la formule accrocheuse "Un autre
monde est possible".
Nous avons souvent montré que la bourgeoisie mondiale a tout fait pour annihiler la conscience de la classe ouvrière au lendemain de l'effondrement de la bourgeoisie stalinienne dans l'ex-URSS. Elle a tenté d'anéantir toute idée de la nécessité de détruire le système capitaliste. Les idéologues du capital ont martelé jour après jour qu'"Il n'existe pas d'alternative à l'économie de marché". Cette propagande mensongère n'a pas été sans impact. Mais avec l'approfondissement de la crise, répandant de plus en plus la misère et les guerres génocidaires, la nature mensongère de cette propagande est devenue plus évidente. La classe ouvrière a commencé à retrouver le chemin de ses combats de classe et a amorcé un processus de questionnement sur le système capitaliste. Cela a également provoqué une légitime colère au sein de la population partout dans le monde contre les fauteurs de guerre, les gangsters impérialistes.
La bourgeoise a décelé cette fermentation naissante au
sein du prolétariat, et elle s'est mise en devoir de trouver
de nouveaux instruments de mystification pour contenir ce processus
émergent. Le FSM, avec ses simulacres "d'alternatives",
est alors apparu comme un important instrument de la bourgeoisie pour
contenir la classe ouvrière mais aussi comme instrument des rivalités
impérialistes. Les médias bourgeois à travers le
monde ont tout fait pour mettre le pied à l'étrier au
FSM.
Bien avant le début du FSM 2004, les médias bourgeois
en Inde, suivant fidèlement les pas de leurs pairs occidentaux,
ont fait de la propagande pour ses vertus. La télévision
et la presse indiennes ont couvert l'événement avec sympathie.
Le monde indien du commerce et de l'industrie lui a accordé "le
respect qui se doit" en tant qu'expression légitime d'une
opposition. De plus, le succès du FSM à Bombay a été
assuré par la sympathie apportée par le parti du Congrès
- autrefois parti dominant en Inde et toujours dominant à Bombay
- avec la participation du parti bourgeois Dalit (parti républicain),
partenaire du Congrès au sein du gouvernement de coalition de
Bombay. Ces derniers ont apporté une touche "ethnique"
au FSM. La majorité des forums était présidée
par des politiciens indiens de haut rang connus pour leurs relations
avec les "castes inférieures" - VP Singh, l'ex-Premier
Ministre indien, célèbre pour avoir provoqué des
affrontements entre castes ayant comme but le renforcement de l'Etat
indien, et R.K Naryanan, l'ex-Président indien. Tous deux ont
été, à un moment ou à un autre, des piliers
du parti du Congrès.
Mais les principaux organisateurs du FSM en Inde ont été
les partis staliniens - le PCI (M comme "marxiste") et le
PCI. Pour ce faire, ils ont mobilisé leurs appareils nationaux.
Le bureau du FSM à Bombay était hébergé
dans un immeuble appartenant au parti stalinien, "Place Stalingrad
". Les organisations de jeunesse staliniennes ont fourni des volontaires
au FSM. Les intellectuels staliniens ornaient de leur présence
les estrades de nombreux forums du FSM. Comme partout dans le monde,
les staliniens en Inde et également les maoïstes ont cherché
à faire peau neuve en collant au processus de questionnement
qui se développe au sein de la classe exploitée. En outre,
en tant que loyaux serviteurs du capital, les staliniens de tout poil
ont tenté de récupérer, de canaliser ce processus
de questionnement.
Etait également présent au FSM de Bombay un grand nombre
d'organisations non gouvernementales qui fournissent une couverture
idéologique aux attaques portées par les Etats contre
le salaire social. Il y avait aussi ces personnalités omniprésentes-
les gens du Monde Diplomatique, le leader des agriculteurs français
José Bové, les parlementaires travaillistes britanniques
Clare Short et Jeremy Corbin-, Winnie Mandela et consorts.
Suivant différentes sources, il apparaît clairement qu'une
somme énorme d'argent a été dépensée
pour la tenue du FSM de Bombay, 29,7 millions de dollars suivant l'une
d'entre elles. Une proportion considérable de ce montant a été
fournie par des fondations comme Oxfam ou la Fondation Ford. L'Etat
capitaliste et impérialiste de l'Inde a également tendu
sa main charitable pour assurer le succès de ce forum… "anti-impérialiste
et anticapitaliste" ! En fait, diverses fractions de droite comme
de gauche de la bourgeoisie mondiale, soit à travers différentes
ONG, soit à travers des dons et des contributions de fondations
et de trusts parfaitement capitalistes ou de partis et organisations
de masse de gauche, ont apporté leur soutien face à l'énorme
charge financière qu'a représenté l'organisation
de ce vaste spectacle avec un objectif politique bien défini
et délibéré : renforcer la défense du système
capitaliste mondial décadent.
Le FSM de Bombay a repris à son compte tous les slogans bien
connus et d'autres encore. Il y a eu des forums sur "le commerce
équitable", sur la démocratie citoyenne, sur l'autogestion
et beaucoup d'autres thèmes du même genre. La coloration
indienne, nécessaire pour répondre aux besoins des staliniens
du pays et de la bourgeoisie Dalit (caste inférieure) était
fournie par l'anti communalisme et "l'émancipation Dalit".
Mais le thème principal du show du FSM de Bombay a été
l'impérialisme ou, selon les termes des maoïstes, la "mondialisation
impérialiste". L'anti-impérialisme du FSM n'était
rien d'autre que de l'anti- américanisme. Avec des slogans comme
"Etats-Unis hors d'Irak", "Bush hors d'Afghanistan"
en clôture de la manifestation, le FSM s'est joint au chœur
des rivaux impérialistes de l'Amérique. Il n'y a pas eu
de dénonciation des autres gangsters impérialistes tels
que la France, l'Allemagne, la Russie ou la Chine pour ne pas mentionner
le gangster impérialiste local, l'Etat indien. Dans ce contexte,
il aurait été futile de vouloir rencontrer des tentatives
pour aller aux racines de l'impérialisme.
Le FSM de Bombay a bien sûr constitué le spectacle le
plus important entre le 16 et le 21 janvier 2004. Mais copiant le spectacle
du Forum Social Européen de Paris en novembre 2003 et s'en inspirant,
deux spectacles parallèles ont été organisés
pendant cette période par des groupes maoïstes rivaux, tous
deux sur le même thème : l'anti-impérialisme ou
l'anti-américanisme.
Le Forum "Mumbay (Bombay) Resistance 2004 " (MR-2004), second
par la taille, s'est déroulé dans les locaux de l'Ecole
Vétérinaire, en face du lieu de rencontre du FSM. Il s'est
tenu à l'initiative de l'ILPS (Ligue internationale des luttes
du Peuple), réseau international des groupes maoïstes et
de leurs partisans d'autres pays, y compris d'Europe - par exemples
la Turquie, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne,
la Grèce, etc. Les organisateurs indiens étaient les organisations
de façade des maoïstes, notamment ceux du Groupe de la Guerre
du Peuple (MPWG) - qui a récemment tenté d'assassiner
le ministre de l'Etat d'Andhra dans le Sud de l'Inde. Le MR ne se considère
pas complètement en opposition au FSM mais comme mouvement parallèle
à celui-ci. Cela s'est exprimé à plusieurs niveaux.
De nombreuses personnalités, essentiellement des indiens, par
exemple Arunditi Roy, Nandita Das, Vandana Shiva et d'autres, ont parlé
à la fois dans les réunions du FSM et dans celles du MR.
Un grand nombre de participants s'est déplacé d'un forum
à l'autre.
Le principal thème du MR 2004 était le même que
celui du FSM : l'impérialisme, la mondialisation impérialiste,
suivant les termes du MR. On a fustigé l'impérialisme
américain, sans doute avec plus de véhémence mais
en passant toujours sous silence les appétits des rivaux des
Américains, dont la bourgeoisie indienne n'est pas le moindre.
Une couverture radicale à l'anti-américanisme du FSM,
voilà ce que toute la rhétorique maoïste s'est bornée
à apporter.
Bien que ces manifestations aient toutes deux servi à canaliser
le mécontentement de la population sur le terrain du capital
et du nationalisme, il y avait une différence dans leur audience.
Celle du FSM était fortement internationale à prédominance
urbaine petite-bourgeoise avec une troupe "ethnique" et "tribale"
proposant des spectacles folkloriques. Au MR, où il y avait aussi
une importante participation internationale, assistaient la petite-
bourgeoisie radicale et les paysans.
La "Convention contre la mondialisation impérialiste"
constituait une troisième manifestation, plus petite ; elle a
duré 3 jours, s'est tenue non loin des lieux de rencontre du
FSM et du MR. Elle a été organisée par l'un des
nombreux groupes maoïstes (Nouvelle démocratie). Mises à
part d'obscures différences entre le MR et cette 3e convention,
cette démonstration était purement locale avec un seul
étranger, un allemand qui apportait la touche "blanche".
Le CCI est intervenu dans ces trois manifestations. Comme lors du FSE
de Paris en novembre 2003, l'objectif du CCI n'a pas été
d'intervenir dans les conférences, etc. Nos camarades, venus
de différentes régions de l'Inde, sont intervenus avec
des tracts, la presse régulière et d'autres publications.
Pendant ces interventions, nous avons eu des centaines de discussions
à propos de ces événements. Les principales questions
qui sont revenues sans cesse dans ces discussions étaient :
Il ne peut y avoir rien d'équitable dans le commerce, qu'il soit
libre ou protégé. Celui-ci a toujours été
et sera toujours favorable aux capitalistes les plus puissants ou aux
Etats capitalistes. Le CCI a également mis en avant que le caractère
mondial du capitalisme n'est pas une nouveauté. Le capitalisme
a été un système mondial depuis sa création
et il a englobé toute la planète depuis la fin du XIXe
siècle. Déjà en 1848, dans le Manifeste communiste,
Marx et Engels ont démontré la nature internationale du
système capitaliste. Ils mettaient en avant que la destruction
du système capitaliste par le prolétariat ne pouvait se
faire que par une révolution mondiale. Aujourd'hui, dans la période
de décadence et de décomposition du capitalisme, le prolétariat
n'a pas à défendre les particularités nationales
contre la nature mondiale du système capitaliste. Au contraire,
sa tâche est de détruire ce système au niveau mondial,
en même temps que le cadre des Etats nationaux et de le remplacer
par la communauté communiste universelle. Tous les discours sur
le commerce équitable, l'anti-mondialisation ou sur "un
autre monde est possible ", sans dégager une perspective
communiste, correspondent à la mystification réformiste
dont le but est de stopper le processus naissant de prise de conscience
qui s'opère au sein de la classe ouvrière.
A propos de l'impérialisme, nous avons souligné qu'il
n'est pas le fait de telle ou telle nation, de telle ou telle faction
de la bourgeoisie. Aujourd'hui, le capitalisme comme un tout est impérialiste
et de ce fait, toutes les nations, petites ou grandes, sont impérialistes.
Elles sont mues par les mêmes appétits impérialistes
- seules diffèrent leur capacité à les satisfaire.
Le fait que la classe dominante anglaise semble se comporter comme le
"toutou" des Etats-Unis, que des nations comme la France,
l'Allemagne, la Russie, la Chine se fassent botter les fesses par la
bourgeoisie américaine, ou que le Pakistan, l'Irak ou l'Inde
subissent un sort similaire, ne signifient pas que ces nations ne sont
pas impérialistes. Dans un monde gouverné par la loi du
milieu, tous ces autres pays ne sont pas autre chose que des gangsters
de moindre envergure qui doivent satisfaire leurs appétits impérialistes
dans les limites imposées de façon violente par le caïd
en chef, la bourgeoisie américaine. La tâche de la classe
ouvrière n'est pas de jouer le jeu des petits impérialismes
contre les Etats-Unis, cette tâche c'est celle qu'assurent le
FSM, le MR et les autres.
Ces discussions nous ont souvent amené à traiter des "alternatives"
des maoïstes - leur patriotisme, la démagogie de la Démocratie
du Peuple ou de la Nouvelle Démocratie. La politique des maoïstes,
nous le soulignons, est à l'opposé de celle que le prolétariat
a toujours défendue : l'internationalisme. A l'apogée
du capitalisme, en 1871, lorsque, à leur point de vue, le nationalisme
allemand était encore progressif, Marx et Engels ont pris une
position internationaliste dans la guerre franco-prussienne. Les socialistes
allemands ont été jetés en prison pour avoir refusé
d'assurer la défense nationale. Pendant la Première Guerre
mondiale, les communistes ont défendu l'internationalisme. Lénine
a avant tout mené un combat rude et impitoyable contre la trahison
patriotique de Kautsky et consorts. Contrairement aux marxistes qui
ont toujours fait de l'internationalisme la pierre angulaire de leur
politique, les maoïstes et les staliniens proclament leur patriotisme
haut et fort. Cela concorde parfaitement avec leur nature de classe
- ils sont de parfaits défenseurs du capital national, de l'Etat
national. La théorie de "l'Inde sous hypothèque"
(ou bien, dans le même genre, la Turquie, l'Iran, la Syrie ou
l'Afrique du Sud sous hypothèque suivant les maoïstes respectifs
de ces pays) maintient la classe ouvrière sous le joug du capital
national.
Le maoïsme dit à la classe ouvrière des pays du Tiers
Monde - ne luttez pas pour la destruction du système capitaliste
et de ses appareils nationaux. Donnez plutôt votre vie à
l'Etat national parce qu'il a été hypothéqué.
Contre tous ces discours, nous avons mis en avant que, partout, la tâche
de la classe ouvrière est de lutter pour la destruction du capitalisme
et de l'impérialisme de sa propre bourgeoisie, de travailler
pour la construction d'une société sans classes, sans
argent et basée sur l'élimination des Etats nationaux.
Près de 40 morts, 150
blessés, c'est le triste bilan de l'attentat meurtrier qui s'est produit début
février dans le métro de Moscou. Ce nouvel épisode sanglant vient s'ajouter aux
44 victimes d'un attentat à la bombe contre un train de banlieue dans le Sud de
la Russie en décembre 2003.
Comme en 1999 (300 morts
dans des destructions d'immeubles en banlieue ouvrière), le terrorisme vient
frapper des innocents, dans la population civile et notamment au sein de la
classe ouvrière qui emprunte ces moyens de transport pour se rendre au travail.
Déjà chair à canon dans les conflits militaires, c'est principalement les
ouvriers qui sont assassinés, mutilés, traumatisés par ces actes terroristes.
Mais le plus terrible, c'est qu'en plus, la bourgeoisie utilise ce climat de
terreur pour détruire l'unité de classe du prolétariat et instiller le poison
du nationalisme. La propagande du Kremlin désigne à la vindicte populaire la
population tchétchène comme responsable des attentats et organise une brutale
chasse au faciès caucasien, cherchant à masquer ainsi sa responsabilité
première dans ces actes terroristes. Comme en 1999 ou lors de la prise d'otages
du théâtre de Moscou en novembre 2002, l'Etat russe organise sur fond
d'élections présidentielles truquées, une ambiance propice aux agressions
racistes et à la xénophobie en désignant de façon abjecte comme bouc émissaire,
la communauté caucasienne. Avec des slogans haineux comme "Il faut virer
tous les basanés de Russie !" ou "Il faut ratisser Moscou comme elle
l'a été par les services spéciaux avant les Jeux olympiques de 1980", la
bourgeoisie russe justifie la mise sur pied d'un flicage et d'un quadrillage en
règle de tout le pays et c'est une partie de la classe ouvrière qui est
directement victime de cette répression. La presse signale que de nombreux
caucasiens sont victimes de passages à tabac, d'agressions physiques, voire de
lynchages.
Face à cette ambiance délétère et nauséabonde, il est nécessaire de dénoncer
les vrais coupables de cette terreur terroriste et policière. L'horreur
terroriste est le produit direct des tensions guerrières entre les milices
sanguinaires tchétchènes de Maskhadov et Bassaev et la barbarie guerrière de
l'Etat russe en Tchétchénie.
Comme nous l'avons souvent défendu dans notre presse[1] [6], le
terrorisme au cours des années 1980 est devenu une arme de la guerre
impérialiste, au sens où ce sont les Etats eux-mêmes qui prennent en charge et
utilisent le terrorisme comme arme de la guerre entre Etats. Les grandes
puissances n'hésitent pas à utiliser le terrorisme et à manipuler les opinions
publiques pour justifier leurs interventions militaires comme on l'a vu en
Afghanistan avec les Etats-Unis, suite aux attentats du 11 septembre ou pour la
Russie avec la Tchétchénie en 1999. Récemment, les médias ont révélé que les
attentats à Moscou en 1999 avaient été perpétrés avec des explosifs fabriqués
par des militaires et que Poutine le chef du FSB (ex-KGB) à l'époque, en était
probablement le commanditaire. Ces attentats avaient permis de justifier la
seconde guerre russe contre les milices tchétchènes, qui fut un véritable bain
de sang pour la population. Aujourd'hui, cette nouvelle vague d'attentats
signifie que l'Etat impérialiste russe s'enlise dans le conflit tchétchène et
que la relative paix de ces derniers mois vole en éclats. C'est une nouvelle
démonstration que le terrorisme est un produit de la décomposition profonde du
système capitaliste, dont la Russie est une partie des plus atteintes[2] [7]. En
effet, que ces attentats aient été commandités par Maskhadov le chef des
indépendantistes tchétchènes, comme l'assène Poutine, ou par les services
secrets de Moscou pour susciter l'union nationale en vue d'une accentuation de
la pression militaire en Tchétchénie, voire par d'autres, ils révèlent une fois
de plus que le terrorisme est un moyen de pression sordide dans les règlements
de compte entre fractions bourgeoises rivales. Après 4 ans de guerre en
Tchétchénie, la situation est catastrophique. Outre les milliers de morts dans
les deux camps, la population tchétchène est coincée entre les exactions de
l'armée russe et le terrorisme exercé à son encontre par les bandes tchétchènes
sans scrupule qui s'entretuent pour le contrôle de territoires et trafics en
tous genres. Avec la bénédiction des grandes démocraties occidentales, Poutine
a organisé un simulacre de référendum par lequel la Tchétchénie renonce à
l'indépendance et demeure au sein de la fédération de Russie, avec à sa tête un
président fantoche et corrompu, Kadyrov, à la botte de Moscou. Coûte que coûte,
Moscou veut empêcher l'éclatement de la Fédération russe et de leur côté, les
bandes tchétchènes négocient leur part de territoire et de zone d'influence.
Cet antagonisme irrémédiable ne peut que conduire à une accentuation de la
barbarie et du chaos en Tchétchénie et dans le Nord du Caucase. Comme le
souligne un article de la presse russe, "Inutile d'espérer une
amélioration du bien-être et de la sécurité des Moscovites tant que les
habitants de Grozny ne connaîtront pas eux-mêmes stabilité et sécurité.
Malheureusement, ce ne sont pas les milliards de roubles versés par le budget
fédéral qui suffiront à compenser les dommages de la guerre : sous le régime
tchétchène actuel, l'argent s'évapore sur le trajet entre Moscou et Grozny.
Quant au 'règlement politique' avec un Kadyrov qui, à peine élu (nommé) au
poste suprême, a commencé à réclamer des relations spéciales avec Moscou, il ne
peut qu'échouer." (Courrier International n°693, du 12 au 18 février 2004,
page 14).
Les attentats de Moscou viennent s'ajouter à la longue liste macabre des
exactions et attentats dont souffrent la population et le prolétariat dans de
nombreuses régions du monde avec pour corollaire des conflits militaires de
plus en plus meurtriers.
Face à une telle barbarie, les organisations révolutionnaires ont la
responsabilité de réaffirmer toute leur solidarité avec les prolétaires et
leurs familles victimes de ces attentats de même qu'avec leurs frères de
classe, les ouvriers caucasiens, victimes du climat xénophobe dont sont responsables
aussi bien la bourgeoisie russe que tchétchène.
Contre la terreur policière, le terrorisme bourgeois et la guerre impérialiste,
le prolétariat doit résister et réaffirmer son identité de classe. Contre les
divisions raciales, l'esprit de pogrom[3] [8]
entretenus par la classe bourgeoise, le prolétariat doit réaffirmer son unité
et sa solidarité de classe pour faire reculer la barbarie capitaliste !
Donald (20 février)
Aux éditions Denoël a été publié il y a quelques mois un livre pompeusement appelé Histoire générale de l'ultra-gauche. Son auteur, Christophe Bourseiller, nous est présenté comme écrivain et journaliste, "spécialiste de l'extrême gauche". D'après la page de couverture, il en serait à son 25e ouvrage en 15 ans. En réalité, ce fils à papa, rejeton d'un célèbre metteur en scène de théâtre, est un petit-bourgeois "touche-à-tout" qui, après une brève carrière comme acteur de cinéma puis après avoir tâté de la télévision, s'est essayé au journalisme (embauché un temps par Paris-Match). Il a même monté sa petite affaire, publiant de façon éphémère dans les années 1980 un hebdo du parisianisme "branché" à la mode "underground", 7 à Paris, se voulant concurrencer L'Officiel des Spectacles. Le personnage a fini par trouver son filon et faire carrière en exploitant ses "fréquentations" dans les "milieux" de l'extrême gauche comme de l'extrême droite afin d'y débusquer "les ennemis du système" (titre significatif de son premier livre). Tour à tour, la "nouvelle extrême droite", les maoïstes, les situationnistes, les trotskistes- des lambertistes à LO-, seront la cible de ses enquêtes. Aujourd'hui, ce personnage (avec son filon consistant à vendre des espèces de "guides du routard" à usage de vulgarisation du tourisme politique fleurant l'exotisme et la marginalité) nous livre le "nec plus ultra" de sa quête d'infos "people" d'un nouveau style dans un magma aux confins du gauchisme, de l'anarchisme, du modernisme, voire de la mouvance terroriste. Cela lui permet de créer la confusion entre des organisations authentiques de la Gauche communiste et de petits groupes modernistes ou semi-anarchisants, en les ficelant tous dans le même sac sous l'étiquette "ultra-gauche". Et bien entendu, il cherche ainsi à ridiculiser et à discréditer les véritables organisations révolutionnaires de la classe ouvrière. C'est pour cela qu'il est de la responsabilité des organisations de la Gauche communiste de se défendre en dénonçant haut et fort le livre de Bourseiller (comme l'a fait déjà le PCI dans Le Prolétaire n° 470, daté de décembre 2003/janvier 2004.
De l'expérience historique du mouvement prolétarien,
de ses combats, de ses intérêts, de sa conscience politique,
il n'en sera évidemment pas question dans ce livre. Il saute
aux yeux que la classe ouvrière en est totalement absente, elle
est manifestement étrangère et indifférente à
son auteur. Il se confirme rapidement que cette prétendue "histoire
générale" sonne singulièrement creux et sans
autre intérêt que de souligner l'étroitesse d'esprit,
la bêtise des jugements à l'emporte-pièce de cet
aventurier arriviste et surtout sa malhonnêteté. Que le
livre d'un bourgeois ou d'un petit-bourgeois sur le mouvement révolutionnaire
soit tendancieux et empreint de préjugés de classe, n'est
pas d'une grande originalité. Ce qui est inadmissible et écœurant,
c'est la méthode et les procédés qu'il utilise.
Nous ne nous trouvons nullement en présence du travail respectable
d'un historien ni même d'un journaliste sérieux. Il n'y
a pas dans ce livre la moindre rigueur professionnelle dont le minimum
serait de vérifier et de recouper entre plusieurs sources les
"informations" qu'il dévoile. Ce n'est pas le cas.
L'ouvrage est bourré d'erreurs et de contrevérités.
Et quelles sources ? Il se garde bien de s'adresser directement aux
organisations de la Gauche communiste elles-mêmes mais récolte
délibérément les interviews d'éléments
en rupture et à la dérive qui viennent apporter une caution
ou un concours à ses potins et commérages. Car il s'agit
ici non pas d'histoire mais de petites histoires. Non content de recueillir
potins, ragots et commérages, il passe son temps à aligner
des noms, ce qui n'a d'autre intérêt que de désigner
nommément à la police qui est membre de telle ou telle
organisation, qui était présent à telle ou telle
réunion dans la droite ligne des rapports de flics et avec des
méthodes dignes des indicateurs des renseignements généraux.
Pour ajouter un peu de liant, il se livre à une compilation d'autres
ouvrages émanant soit d'articles tirés de différentes
publications, soit d'échotiers du style Hempel ou de pseudo-sommités
qui se présentent comme des spécialistes de la Gauche
communiste, tel Bourrinet.
Il est aussi significatif de voir ce que sont devenus les deux groupes
envers lesquels "l'auteur" professe une certaine admiration
et auxquels il consacre près de la moitié des pages de
son livre, l'Internationale Situationniste (IS) et Socialisme ou Barbarie
(S ou B). Ces deux organisations ont disparu de la scène historique
corps et bien. L'une s'est sabordée et son animateur charismatique
s'est lui-même suicidé. Mais il faut relever que Bourseiller
a trouvé le moyen de s'en approprier les legs et d'arrondir ses
revenus au nom de sa "vieille amitié" avec Guy Debord
en se faisant bombarder "rédacteur en chef" des Archives
et documents situationnistes. Aujourd'hui, tout le pseudo- "contenu
subversif" de La Société du Spectacle a disparu,
ne reste de l'IS qu'une marchandise capitaliste aseptisée comme
une autre. Bourseiller peut ainsi manifestement se permettre de se délecter
avec son esprit de potache ricaneur de la simple reproduction de pages
entières d'invectives et de lettres d'insultes tirées
des Cahiers de l'IS. Quant à la pratique de l'exclusion à
tout va des situationnistes, elle ne le choque pas le moins du monde…
L'autre organisation ayant les faveurs de Bourseiller, S ou B, avait
pour principal théoricien Cornélius Castoriadis qui, dans
sa dérive anti-marxiste, en est venu dans son livre Devant la
guerre au cours des années 1980, à soutenir implicitement
l'effort de guerre de Reagan face à la menace suprême qu'aurait
représenté le militarisme russe. Moins de dix ans après,
l'impérialisme russe s'écroulait comme un château
de cartes. Quelle lucidité chez ce "penseur" aujourd'hui
adulé des élites universitaires ! Il faut d'ailleurs noter
que c'est le même "esprit rare" qui, sous la signature
de Paul Cardan, avait annoncé, dans les derniers numéros
de S ou B au milieu des années 60, la fin des crises économiques
du capitalisme, cela moins de 5 ans avant l'arrivée de la crise
ouverte de ce système !
Quant aux affirmations fausses ou mensongères du livre, la liste
serait longue, en particulier quand il s'agit des groupes de la Gauche
communiste, et tout spécialement du CCI, auquel Bourseiller consacre
quelques chapitres. Nous nous contenterons de relever quelques exemples
édifiants de ces mensonges ou calomnies concernant le seul CCI.
Parmi les élucubrations recensées, sans doute ajoutées
pour donner un peu de "piquant" et de couleur à ce
fatras de pages indigestes, celle-ci : "En 1981, un coup d'Etat
militaire dirigé par le général Jaruselski muselle
en Pologne le syndicat Solidarité de Lech Walesa. Le CCI édite
alors un tract en polonais qui dénonce tout à la fois
Walesa et Jaruselski [ce qui est vrai]. Un audacieux militant parvient
à en remettre un exemplaire à Lech Walesa lui-même"
[fait ignoré des membres du CCI eux-mêmes et pour cause,
vu le caractère hautement fantaisiste de cette assertion]. Mais
le reste est autrement plus sérieux, car il s'agit de charger
la balance du passif du CCI : "L'organisation se réoriente
progressivement à partir de 1980 vers un léninisme de
moins en moins critique. Cette inflexion s'effectue notamment à
l'occasion d'un débat interne sur le rôle de la ''minorité
positive'". Notre indicateur de police laisse entendre que les
orientations de l'organisation seraient alors dictées par des
"chefs", une "élite" de militants qui s'attribueraient
le rôle d'une "minorité positive". Nous apportons
le démenti le plus catégorique à de telles insinuations
: ce mode de fonctionnement a toujours été étranger
au CCI et nous renvoyons nos lecteurs au Rapport sur la structure et
le fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires de janvier
1982 et publié dans la Revue Internationale n° 33. Mais Bourseiller
donne la pleine mesure de sa médisance quand il aborde la question
des "crises à répétition" du CCI, et
notamment quand il aborde la question de la récupération
du matériel volé à l'organisation : "A partir
de 1981, le CCI est la scène de plusieurs ''affaires'' qui se
concluent invariablement par des procès internes ad hominem,
puis de violences verbales ou physiques." Une série de termes
évocateurs est alors déversé et distillé
: "volonté de renforcer l'appareil", "la direction
du CCI organise un raid", "les brigades spéciales du
CCI", "pendant des années le CCI poursuit Chénier
de sa vindicte", "aux yeux de la direction du CCI", "le
CCI envisage des représailles"... Il s'agit alors de renvoyer
une image parfaitement stalinienne du CCI avec ses apparatchiks, ses
moines-soldats, sa Tchéka, voire sa Guépéou. Revenons
d'abord sur quelques contre-vérités flagrantes : quand
il évoque "la crise la plus grave [qui] survient entre 1995
et 1997", il ajoute : "A la même époque, un membre
de la section britannique du CCI prend ses distances et fonde le Communist
Bulletin. Son pseudonyme est Ingram. Il est immédiatement accusé
d'avoir 'volé' du matériel. Au terme d'une pénible
campagne, il diffuse une Lettre ouverte au CCI : 'Nous n'avons rien
volé', etc.'' Il y a là deux contre-vérités
: un "mélange" des faits en évoquant le CBG
comme un élément de la crise de 1995-97. Les méfaits
d'Ingram se rapportent à une autre période, quatorze ans
plus tôt, à la suite de l'affaire Chénier. Ensuite,
le procureur Bourseiller omet de signaler qu'Ingram a de lui-même
reconnu avoir volé du matériel au CCI et a d'ailleurs
fini par le restituer également de lui-même afin de se
racheter un brin de respectabilité dans le but d'entreprendre
un flirt avec la "Fraction externe du CCI" à la fin
des années 1980.
Autre mensonge, cette fois sur la "crise de 2002" (en réalité
de 2001) : Bourseiller situe la constitution d'une "fraction interne"
après l'expulsion de l'individu Jonas (ce qui permet de sous-entendre
que cette expulsion a provoqué des remous dans l'organisation),
alors que cette prétendue fraction s'était constituée
secrètement, et avait été découverte de
façon fortuite en septembre 2001 par le reste de l'organisation.
Elle existait ainsi, même ouvertement, depuis plusieurs mois.
Si Jonas a été exclu en 2002, alors qu'il s'était
porté démissionnaire de l'organisation depuis juin 2001,
c'est pour ses comportements indignes d'un militant communiste (voir
RI n°321).
Parler de "brigades spéciales du CCI", "d'hommes
de main", "de vindicte" est particulièrement abject
alors que les mesures de récupération du matériel
volé ont toujours été dans la tradition du mouvement
ouvrier. Celui-ci s'est toujours farouchement opposé à
des comportements de voyou en son sein. Quant aux moyens et mesures
pour récupérer son matériel volé qui sont
bien entendu de la responsabilité du CCI (et non de la police
ou de la justice bourgeoise), elles ont été votées
unanimement par l'organisation qui a mandaté des équipes
chargées de cette récupération. Après avoir
évoqué à plusieurs reprises dans son ouvrage Marc
Chirik, le plus ancien militant de la Gauche communiste et principal
membre fondateur du CCI, Bourseiller conclut : "Quel aurait pu
être le jugement de Marc Chirik sur les crises à répétition
qui secouent la petite organisation ? Nul ne le saura jamais".
Nous pouvons à l'inverse apporter quelque élément
de réponse. Marc était non seulement encore vivant lors
de l'affaire Chénier, lors de l'affaire Ingram, et lors du départ
des membres de la FECCI mais il a été un militant à
la pointe du combat pour la défense de l'organisation. Le livre
de Bourseiller omet de préciser que, lors de ces "affaires",
MC a été un des plus déterminés, énergiques
et celui qui a le plus insisté sur la nécessité
que l'organisation se défende en allant récupérer
le matériel volé et se donne les moyens de le faire. Lui-même,
à 74 ans, face à Chénier et à Ingram, a
voulu participer aux équipes de récupération pour
montrer l'exemple.
L'accumulation de sous-entendus, les propos malveillants de Bourseiller,
outre leur mauvaise foi, sont significatifs des méthodes du personnage.
C'est à coups d'insinuations qu'il procède, à travers
une succession et un choix de mots suggestifs à répétition,
révélateurs d'un procédé emprunté
au marketing et à des méthodes éprouvées
de conditionnement idéologique par des messages subliminaux.
Ce choix des termes vise à sournoisement discréditer les
organisations révolutionnaires, en premier lieu le CCI, mais
pas seulement. Ainsi le parti Communiste internationaliste (Battaglia
comunista) est "suspecté" "d'ourdir une mini-Internationale
à partir de 1984", le BIPR. On reste confondu par l'usage
d'une telle expression qui évoque immédiatement l'idée
d'un complot pour évoquer une tentative de regroupement des révolutionnaires.
Mais il est un domaine de prédilection dans lequel notre "auteur"
exerce pleinement ses talents pour la médisance et la calomnie
envers les courants passés et présents de la Gauche communiste.
Le livre est en effet traversé par un antifascisme viscéral
où l'évocation récurrente de la Shoah sert de paravent
à une traque obstinée. Le projet de l'auteur est manifestement
de discréditer la Gauche communiste avec la thèse qu'il
existe une passerelle rouge-brun, de l'histoire déformée
du KAPD à celle de la Fraction italienne en passant par la Gauche
hollandaise. Chez leurs héritiers, Bourseiller cherche à
établir un dénominateur commun : le négationnisme.
Il tombe sur un os, avec le positionnement de classe des courants de
la Gauche communiste qui se sont toujours clairement démarqués
de ces élucubrations. Il reste alors une arme grossière
à notre champion du prêt à penser moderne : l'insinuation.
Ces insinuations visent ainsi à discréditer Bordiga, les
bordiguistes et toutes les organisations prolétariennes du passé
comme du présent afin de falsifier les positions internationalistes
que les groupes de la Gauche communiste ont toujours affirmées
et défendues : "Auschwitz ou le grand alibi ne saurait certes
apparaître comme un texte négationniste, puisqu'il ne nie
aucunement l'existence du génocide. Il s'agit en revanche d'un
document profondément sombre et inquiétant." Bourseiller
occulte le contenu politique réel de la brochure pour arriver
à une conclusion bourrée de nouveaux sous-entendus : "Auschwitz
ou le grand alibi deviendra plus tard une brochure, maintes fois réimprimée,
qui vaudra au "bordiguisme" une sulfureuse réputation."
(p. 203). Dans la même veine, tout au long du livre, il cherche
à répandre cette "sulfureuse réputation"
pour dissuader le lecteur de s'intéresser davantage aux véritables
positions défendues par les Gauches communistes. Il est notable
qu'il fait beaucoup moins la fine bouche avec des groupes trempant dans
les actions de braquage de banques tel le MIL espagnol ou même
carrément terroristes comme les GARI qui sont parfaitement étrangers
à la pratique et à la lutte du prolétariat.
"Ci-gît l'ultra-gauche", "l'ultra-gauche s'est
suicidée", telle est la "conclusion" ultime du
livre. Ainsi, la boucle est bouclée. Grâce à Bourseiller,
la bourgeoisie tente ainsi de parachever sa campagne idéologique
entreprise il y a 15 ans sur la mort du marxisme, de la classe ouvrière
et du communisme amalgamée avec la fin du stalinisme. Ici, la
bourgeoisie reproduit le même tour de passe-passe en célébrant
l'enterrement de la Gauche communiste : tenter de persuader ses lecteurs
que la Gauche communiste n'existe plus en la mettant sur le même
plan que l'auto-dissolution de petits groupuscules modernistes sans
avenir. Il s'agit de noyer les positions réelles de la Gauche
communiste et de la tradition marxiste comme on cherche à noyer
un chien en disant qu'il a la rage.
Le livre fait feu de tout bois pour tenter d'exorciser les peurs résurgentes
de la bourgeoisie face aux potentialités de remise en cause de
son système, devant le besoin grandissant de réflexion,
ressenti au sein de la classe ouvrière, afin de court-circuiter
les efforts de réappropriation d'une conscience de classe et
de l'expérience du mouvement ouvrier, notamment parmi les jeunes
générations de prolétaires.
De là, le choix de recourir à un concept vide, "l'ultra-gauche"
qui est ici assimilée à un anti-bolchevisme et à
un anti-léninisme. C'est pourquoi Bourseiller indique la direction
la plus opposée possible à une capacité de renversement
du système capitaliste. Il martèle de façon incantatoire
que le seul supposé intérêt de tout ce qu'il a survolé
dans son pavé indigeste de 500 pages, c'est une volonté
de rupture avec le bolchevisme, le léninisme. C'est d'avoir défriché
le terrain pour un dépassement du marxisme et de critiquer la
société sur d'hypothétiques bases tout à
fait nouvelles, pourvu qu'elles soient autres que le vieux chemin de
la lutte de classe.
La fonction essentielle de ce livre est de servir de repoussoir à
des éléments en recherche, surtout parmi les jeunes générations
d'ouvriers, qui sont tentées de se rapprocher des positions de
la Gauche communiste. Bourseiller leur livre une image totalement dénaturée
et déformée des véritables organisations révolutionnaires
afin de les dissuader d'en découvrir les authentiques positions.
Mais le plus déplorable, c'est que ce triste sire ait pu rédiger
son torchon grâce à la collaboration… d'anciens militants
communistes. En effet, il est particulièrement navrant de constater
que, dans la liste de tous ceux que notre histrion prend soin de remercier
pour leur collaboration à la fin de son ouvrage, "tous ceux
qui, d'une quelconque façon, l'ont aidé à réaliser
ce travail", figure le nom de deux ex-membres du CCI, RC alias
René Nazon et Raoul Victor, principal animateur d'un groupe parasitaire,
le Cercle de Discussion de Paris. Voilà où mène
le parasitisme : à se rendre directement complices de la bourgeoisie.
Pour avoir accepté sans discernement de bavasser, d'exhaler leurs
plaintes ou d'étaler leurs petits griefs envers le CCI à
un écrivassier de la bourgeoisie à l'affût du moindre
ragot, ces ex-militants se retrouvent aujourd'hui compromis dans une
entreprise de démolition de la Gauche communiste. En les remerciant
pour leur collaboration à son ouvrage, Bourseiller aura rendu
la honte plus honteuse encore en livrant leur nom à la publicité.
Ces noms resteront ainsi inscrits dans l'Histoire... de la bourgeoisie
reconnaissante.
Les efforts dérisoires de Bourseiller et consorts, ces mesquins idéologues appointés par l'Etat bourgeois pour brouiller la perspective du prolétariat et la défense de ses positions de classe ne peuvent faire illusion longtemps. Bourseiller pourra peut-être poursuivre longtemps sa carrière d'arriviste qui ne pense qu'à se faire du fric et de la notoriété. Mais ce serviteur zélé de la bourgeoisie reste impuissant comme l'ensemble de sa classe à éradiquer les positions de classe des organisations révolutionnaires. Non, la Gauche communiste n'est pas morte et les précieuses leçons de ses expériences historiques seront demain les armes essentielles de la lutte et de la conscience du prolétariat mondial pour clamer à la face du monde capitaliste à la suite de Rosa Luxembourg :
Avec l'affaire du port du voile à l'école et tous les débats, manifestations et protestations en tous genres auxquels elle a donné lieu autour du vote de la loi sur les signes visibles d'appartenance religieuse, la bourgeoisie française a mis sur pied une campagne à répétition visant à attaquer en profondeur la conscience de la classe ouvrière. De la droite à la gauche et à l'extrême gauche, chacun y va de son couplet pour ou contre, plus ou moins pour et plus ou moins contre, etc. Les médias, les politiques, les associations, islamistes, juives ou chrétiennes, tous participent en chœur à ce qu'ils appellent un "grand débat citoyen sur la laïcité". En fait, contrairement à la prétendue cacophonie qui règnerait dans la "société française" sur ce sujet, tous vont dans la même direction : créer un maximum de confusion dans la tête des ouvriers afin de mieux les enchaîner derrière l'Etat bourgeois et leur faire accepter leur sort.
Mais l'affaire du voile est aussi une nouvelle occasion de développer des
clivages au sein de la population et surtout du prolétariat. Il est
significatif que le débat a largement échauffé les esprits et n'a fait
qu'exacerber le racisme (à l'instar de la création par le PS de SOS Racisme au
début des années 1980), le sexisme et les divisions communautaires dans leurs
aspects les plus mesquins. Il s'agit encore de mettre en compétition les
ouvriers, non plus seulement en fonction de leur nationalité, mais aussi de
leur croyance. Il s'agit de créer un profond sentiment de division au sein de
la classe ouvrière par la fausse opposition entre ouvriers français et ouvriers
immigrés, ces derniers étant par définition potentiellement
"islamistes". Et au sein de ceux-ci, la propagande bourgeoise fait en
sorte de désigner d'un côté les "mauvais" immigrés qui ont manifesté
pour le port inconditionnel du voile et de l'autre les "bons"
immigrés soumis à la loi de la "république laïque". Elle transforme
la véritable solidarité ouvrière qui dépasse les nationalités et les croyances
en une solidarité de ceux qui se retrouvent dans la "croyance" envers
l'Etat bourgeois comme ultime juge de paix et de cohésion sociales. Car,
derrière tout ce débat sur la défense de la laïcité, c'est la question de la
défense de l'Etat bourgeois démocratique qui est mise en lumière. Citons le
journal Libération du 29 janvier 2004 qui montre bien tout le sens de la
campagne : "Dans notre tradition laïque, l'Etat est le protecteur du
libre exercice par chacun de sa liberté de conscience, de son expression ou de
sa non-expression. Il se doit d'intervenir quand elle est menacée."
L'Etat serait le seul authentique garant des libertés individuelles, en
l'occurrence, le seul à même de s'opposer à la montée de l'oppression des
individus que représente la montée des intégrismes religieux. Or, c'est
justement un des objectifs de ce "débat", créer un rideau de fumée
sur les racines de cette montée, afin d'empêcher la classe ouvrière de prendre
conscience que c'est la décomposition même de ce système capitaliste qui en est
à l'origine[1] [14].
Comme le disait Marx il y a plus de 150 ans : "La détresse religieuse
est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la
protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la
créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de
conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple."[2] [15] Au
culte de la religion, la bourgeoisie voudrait opposer celui de l'Etat laïc, nec
plus ultra de la libération des opprimés par la religion. Mais ce n'est certes
pas en faisant confiance à l'Etat et à ses flics que les jeunes filles soumises
au diktat des islamistes pourront échapper à l'oppression pas plus que
n'importe quel prolétaire. D'ailleurs il n'est nullement dans les desseins du
gouvernement d'abolir les cultes mais au contraire de les renforcer : c'est
ainsi que c'est sous la houlette de l'Etat "laïc" républicain qu'on
voit fleurir, au nom de la "liberté" et du "respect" des
cultes, mosquées et synagogues. C'est là qu'apparaît avec une évidence sans
équivoque que les fins de l'Etat démocratique ne s'opposent pas à celles des
religions mais qu'elles sont complémentaires les unes des autres.
Oppression idéologique, écrasement de la pensée et de la conscience,
exploitation en tous genres des individus sont le pain béni dont ils
nourrissent leurs ouailles. Au XIXe siècle, la bourgeoisie, tant qu'elle était
une classe progressiste, s'est efforcée de maintenir l'Eglise comme force
différenciée de l'Etat bourgeois car elle représentait une entrave au
développement des forces productives, ce qui a abouti à des lois sur la
séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais tout en la gardant sous le coude
comme force idéologique. Cependant, déjà à cette époque, les révolutionnaires
stigmatisaient cette illusion suivant laquelle l'anticléricalisme qui faisait
florès dans la bourgeoisie républicaine française représentait en soi une force
de libération. Rosa Luxembourg le considérait comme un élément mystificateur
proprement né de l'idéologie bourgeoise. Dans un article publié en janvier 1902
elle affirmait que : "Les socialistes sont précisément obligés de
combattre l'Eglise, puissance antirépublicaine et réactionnaire, non pour
participer à l'anticléricalisme bourgeois mais pour s'en débarrasser.
L'incessante guérilla menée depuis des dizaines d'années contre la prêtraille
est, pour les républicains bourgeois français, un des moyens les plus efficaces
de détourner l'attention des classes laborieuses des questions sociales (…)"
Et elle ajoutait : "L'anticléricalisme bourgeois aboutit à consolider
le pouvoir de l'Eglise, de même que l'antimilitarisme bourgeois, tel qu'il est
apparu dans l'affaire Dreyfus, ne s'est attaqué qu'à des phénomènes naturels au
militarisme, à la corruption de l'Etat major et n'a réussi qu'à épurer et à
affermir l'institution elle-même."[3] [16]
Avec la décadence du capitalisme et l'entrée de ce système dans sa phase de
décomposition, ces illusions sur l'anticléricalisme et la défense de la laïcité
sont devenues carrément des mystifications utilisées comme une arme idéologique
de l'État capitaliste pour diviser la classe ouvrière et monter les ouvriers
les uns contre les autres.
Face à la pourriture qui gagne la planète, il ne s'agit pas d'embrasser la
cause de la religion ou celle de l'État "laïc". Il faut réaffirmer
que, devant cette fausse alternative, seule la révolution prolétarienne pourra
en finir avec toutes les mystifications, qu'elles soient "laïques" ou
"religieuses" : toutes étant le produit de l'oppression capitaliste.
[1] [17] Voir dans notre Revue Internationale n° 109 l'article "La résurgence de l'islamisme, symptôme de la décomposition des relations sociales capitalistes"
[2] [18] Karl Marx et Friedrich Engels, Critique de la philosophie du droit de Hegel, Sur la religion, page 42, éditions Sociales.
[3] [19] Rosa Luxembourg, Le socialisme en France, page 213-214, éditions Belfond.
Ces derniers mois, notre organisation a reçu toute une série de courriers de lecteurs posant la question "comment fait-on pour adhérer au CCI ?" Cette volonté d'engagement militant de la part d'éléments à la recherche d'une perspective de classe s'est exprimée dans plusieurs pays, notamment des pays aussi différents que la France et les États-Unis, la Grande-Bretagne ou le Bengladesh. A chacun de ces lecteurs, nous avons envoyé une réponse personnelle lui proposant d'engager une discussion avec notre organisation afin d'expliciter nos conceptions. Cependant, dans la mesure où ce questionnement concerne bien d'autres camarades que ceux qui nous ont directement interrogés là-dessus, puisque la question de l'adhésion à une organisation révolutionnaire est une question politique à part entière, nous nous proposons dans cet article d'apporter une réponse globale à tous ceux qui se préoccupent de savoir en quoi consiste le militantisme dans les rangs d'une organisation révolutionnaire comme le CCI.
Nous tenons en premier lieu à saluer la démarche de ces lecteurs qui manifestent aujourd'hui une volonté d'engagement militant. Cette dynamique très positive des éléments à la recherche d'une perspective et d'une activité révolutionnaires est l'expression d'une réflexion qui s'accentue en profondeur au sein de la classe ouvrière. Malgré les campagnes de la bourgeoisie, malgré ses attaques contre le courant de la Gauche communiste, malgré les calomnies déversées sur le CCI par les groupuscules parasitaires[1] [21] à ces lecteurs ne se sont pas laissés impressionner et ont montré leur capacité à reconnaître le sérieux de notre organisation.
Le processus d'intégration de nouveaux militants dans une organisation politique dépend tout d'abord de la nature de classe de cette organisation. Dans les partis bourgeois (par exemple les partis staliniens), il suffit simplement de prendre sa carte au parti et de payer ses cotisations pour être membre de l'organisation. Les militants de ce type d'organisation n'ont pas pour vocation de mener une activité visant à développer la conscience de la classe ouvrière mais au contraire de l'endormir et de la dévoyer sur le terrain bourgeois, notamment celui des élections et des grandes messes démocratiques.
Pour une organisation révolutionnaire, c'est-à-dire une organisation défendant réellement la perspective du prolétariat (la destruction du capitalisme et l'instauration de la société communiste mondiale), le rôle des militants est radicalement différent. Leur but ne vise pas à faire carrière comme représentant de telle ou telle fraction du capital, ou à coller des affiches pour les campagnes électorales mais à contribuer au développement de la conscience dans la classe ouvrière. Comme l'affirmaient Marx et Engels dans le Manifeste communiste, "les communistes ont sur le reste du prolétariat l'avantage de comprendre clairement les conditions, la marche et les résultats généraux du mouvement prolétarien". C'est pour cela que les militants d'une organisation révolutionnaire doivent eux-mêmes élever leur propre niveau de conscience.
En ce sens, la première condition pour adhérer au CCI, c'est que les camarades qui posent leur candidature pour devenir militants de notre organisation manifestent leur compréhension et leur plein accord avec nos principes programmatiques.
Cependant, leur degré d'accord et de conviction sur nos positions politiques n'est pas une condition suffisante pour être militant du CCI. Les candidats doivent manifester également leur volonté de défendre les positions de l'organisation, chacun en fonction de ses propres capacités personnelles. Nous n'exigeons pas de nos militants qu'ils soient tous de bons orateurs ou qu'ils sachent rédiger un tract ou des articles pour la presse. Ce qui importe, c'est que le CCI comme un tout puisse assumer ses responsabilités et que chaque militant soit prêt à donner le meilleur de ce qu'il peut donner pour permettre à l'organisation d'assumer la fonction pour laquelle la classe ouvrière l'a faite surgir.
Les militants du CCI ne sont pas des spectateurs passifs, ni des moutons bêlant derrière une "bureaucratie de chefs" comme le prétendent nos calomniateurs. Ils ont des devoirs envers l'organisation qu'il leur appartient de faire vivre. D'abord en payant leurs cotisations (car sans argent, l'organisation ne pourrait pas payer les frais d'impression de la presse, la location des salles, les voyages, etc.). Ils ont le devoir de participer aux réunions, aux interventions, aux diffusions de la presse, à la vie et aux débats internes en défendant leurs désaccords dans le respect des règles de fonctionnement établies par nos statuts.
Ces exigences ne sont pas nouvelles. Déjà en 1903, dans le débat sur le paragraphe 1 des Statuts du POSDR cette question "qui est membre du parti ?" avait opposé les bolcheviks aux mencheviks. Pour les bolcheviks, seuls ceux qui sont partie prenante de l'ensemble de la vie de l'organisation pouvaient être considérés comme membres du parti, alors que les mencheviks estimaient qu'il suffisait d'être d'accord avec les positions de l'organisation et de lui apporter son soutien pour être considéré comme militant. La position des mencheviks a été fermement combattue par Lénine dans son livre Un pas en avant, deux pas en arrière comme étant une vision purement opportuniste, marquée par des conceptions petites-bourgeoises. Les détracteurs de Lénine ont souvent prétendu que sa position était "autoritaire" et faisait la part belle au "pouvoir d'une petite minorité". C'est tout le contraire qui est vrai : c'est la vision opportuniste défendue par les mencheviks qui porte en elle un danger. En effet, des militants "de base" peu convaincus et peu formés seront plus enclins à laisser les "leaders" penser et décider à leur place que des militants qui ont acquis une compréhension profonde des positions de l'organisation et qui s'impliquent activement dans la défense de celles-ci. C'est la conception des mencheviks qui permet le mieux qu'une petite minorité puisse mener sa propre politique personnelle, aventurière, dans le dos et contre l'organisation.
Sur cette question "qui est membre du parti ?", le CCI se réclame de la conception des bolcheviks. C'est la raison pour laquelle, nous faisons une distinction très claire entre les militants et les sympathisants qui partagent nos positions et nous apportent leur soutien.
Bon nombre de camarades qui participent à nos côtés aux interventions publiques, à la diffusion de la presse et nous apportent un soutien financier ne sont pas prêts pour autant à s'impliquer pleinement dans une activité militante, laquelle nécessite beaucoup d'énergie et de persévérance dans un travail régulier s'inscrivant sur le long terme. S'engager dans le CCI comme militant signifie être capable de mettre cette activité au centre de sa vie. L'engagement dans une organisation révolutionnaire ne peut être considérée comme un hobby. Il exige de la part de chaque militant une ténacité, une capacité à tenir la route contre vents et marées, à ne pas se laisser démoraliser par les aléas de la lutte de classe, c'est-à-dire une profonde confiance dans les potentialités et la perspective historique du prolétariat. Le militantisme révolutionnaire exige également un dévouement loyal et désintéressé à la cause du prolétariat, une volonté de défendre ce bien précieux qu'est l'organisation à chaque fois que celle-ci est attaquée, dénigrée, calomniée par les forces de la bourgeoisie et ses complices du milieu parasitaire.
Pour devenir militant du CCI, il faut également avoir la capacité de s'intégrer dans un cadre collectif, faire vivre la solidarité entre camarades en bannissant l'individualisme petit-bourgeois qui trouve son expression notamment dans l'esprit de concurrence, de jalousie ou de rivalité avec ses camarades de combat et qui n'est rien d'autre que les stigmates de l'idéologie de la classe bourgeoise.
Pour devenir militant d'une organisation révolutionnaire, il faut, comme le disait Bordiga, avoir une force de conviction et une volonté d'action, y compris dans le combat permanent contre le poids de l'idéologie capitaliste dans les rangs de l'organisation.
Concrètement, les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent d'ores et déjà se préparer à assumer des responsabilités, ce qui consiste à :
A l'issue de ce processus de discussions sur nos positions programmatiques, les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent également manifester leur accord avec la conception du CCI sur la question du fonctionnement de l'organisation et sur ses Statuts dont l'esprit est contenu dans notre article de la Revue Internationale n°33 ("Structure et fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires").
Le CCI a toujours accueilli avec enthousiasme les nouveaux éléments qui veulent s'intégrer dans ses rangs. C'est pour cela qu'il investit beaucoup de temps et d'énergie dans les processus d'intégration des candidats afin de permettre à ces futurs militants d'être les mieux armés possible pour pouvoir être immédiatement partie prenante de l'ensemble des activités de l'organisation. Cependant, cet enthousiasme ne signifie nullement que nous ayons une politique de recrutement pour le recrutement, comme les organisations trotskistes.
Notre politique n'est pas celle non plus des intégrations prématurées sur des bases opportunistes, sans clarté préalable. Nous ne sommes pas intéressés à ce que des camarades rejoignent le CCI pour nous quitter quelques mois ou quelques années plus tard parce qu'ils se sont rendu compte que l'activité militante est trop contraignante, exige trop de "sacrifices" ou encore parce qu'ils se sont aperçus a posteriori qu'ils n'avaient pas réellement assimilé les principes organisationnels du CCI (en général, ces camarades ont bien souvent beaucoup de difficultés à le reconnaître et préfèrent abandonner le combat avec des récriminations contre le CCI qui peuvent les conduire à justifier leur désertion par une activité parasitaire).
La conception des bolcheviks sur les questions d'organisation a montré toute la validité de cette approche. Le CCI n'est pas une auberge espagnole. Il n'est pas intéressé à faire de la pêche à la ligne.
Nous ne sommes pas non plus des marchands d'illusion. C'est pour cela que nos lecteurs se posant la question "comment fait-on pour adhérer au CCI ?" doivent comprendre que l'adhésion au CCI prend du temps. Tout camarade qui pose sa candidature doit donc s'armer de patience pour engager un processus d'intégration dans notre organisation. C'est d'abord un moyen pour le candidat de vérifier lui-même la profondeur de sa conviction afin que sa décision de devenir militant ne soit pas prise à la légère ou sur un "coup de tête". C'est aussi et surtout la meilleure garantie que nous puissions lui offrir pour que sa volonté d'engagement militant ne se solde pas par un échec et une démoralisation.
Parce que l'activité des révolutionnaires s'inscrit dans une perspective historique, les militants doivent pouvoir tenir la route sur le long terme sans se démoraliser. C'est pour cela que les camarades qui veulent adhérer au CCI doivent se garder de tout immédiatisme, de toute impatience dans leur processus d'intégration à notre organisation. L'immédiatisme est justement la base de recrutement des gauchistes, lesquels n'ont de cesse de reprocher au CCI : "que faites-vous 'pratiquement' ? Quels résultats immédiats obtenez-vous ?".
Plus que jamais la classe ouvrière a besoin de nouvelles forces révolutionnaires. Mais l'accroissement numérique des organisations de la Gauche communiste ne pourra être un réel renforcement que s'il constitue l'aboutissement de tout un processus de clarification visant à former de nouveaux militants, à leur donner des bases solides pour leur permettre d'assumer leurs responsabilités au sein de l'organisation.
GL (18 février)
[1] [22] Pour mémoire, on peut citer comme exemple des campagnes bourgeoises contre la perspective révolutionnaire, celles sur le thème de la "mort du communisme" après l'effondrement du bloc de l'Est et des régimes staliniens en 1989. Nous avons également mis en évidence dans notre presse (et de nouveau dans ce numéro de RI avec notre article sur le livre de Bourseiller) en quoi les campagnes contre le "négationnisme" visaient principalement à discréditer la Gauche communiste. Quant aux calomnies du parasitisme contre le CCI, elles durent depuis près de 25 ans et si leurs auteurs ont changé (Communist Bulletin Group, "Fraction Externe du CCI", Cercle de Paris), ils se sont passé le relais pour dénoncer le prétendu "stalinisme" du CCI. Mais au delà de cette unité dans le chef d'accusation, l'infamie des attaques contre notre organisation a connu une escalade qui culmine aujourd'hui avec la prétendue "Fraction Interne du CCI" qui n'a pas hésité à employer des méthodes de voyous et de mouchards afin d'essayer d'intimider nos sympathisants.
Links
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[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/61/inde
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[8] https://fr.internationalism.org/ri344/attentats_terrorisme.htm#_ftn3
[9] https://fr.internationalism.org/ri344/attentats_terrorisme.htm#_ftnref1
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[11] https://fr.internationalism.org/ri344/attentats_terrorisme.htm#_ftnref3
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/attentats
[13] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/terrorisme
[14] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftn1
[15] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftn2
[16] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftn3
[17] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftnref1
[18] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftnref2
[19] https://fr.internationalism.org/ri344/religion.htm#_ftnref3
[20] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/religion
[21] https://fr.internationalism.org/ri344/militant_CCI.htm#_ftn1
[22] https://fr.internationalism.org/ri344/militant_CCI.htm#_ftnref1
[23] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/courrier-des-lecteurs
[24] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/lorganisation-revolutionnaire
[25] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/conscience-classe