L'annonce en pleine période pré-électorale de la nécessité de poursuivre et de renforcer les attaques sur les retraites en dit long sur la profondeur de la crise et à quel point la bourgeoisie est prise à la gorge. Le Conseil d'Orientation des Retraites a sorti le 11 janvier dernier un rapport commandité par l'actuel gouvernement. Ce rapport préconise d'une part un nouvel allongement de la durée des cotisations à 42 ans pour tous afin de pouvoir bénéficier d'une retraite à taux plein, d'autre part une remise en cause des régimes spéciaux. Les régimes spéciaux permettent à certaines catégories de travailleurs de partir à la retraite dès 55 ans, en fonction de la pénibilité du travail (les marins, les mineurs, le secteur de l'imprimerie…) ou en fonction d'accords avec certains secteurs nationalisés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (à EDF-GDF, à la SNCF, à la RATP, chez les militaires). Pour faire passer la pilule, on montre du doigt les autres Etats de l'Union Européenne où "c'est pire" : de fait, ces nouvelles attaques sur les retraites, qui se préparent à porter l'âge moyen du droit à la retraite de 65 à 67 ans en Allemagne ou de 67 à 68 ans en Grande-Bretagne, illustrent clairement la faillite générale et globale du système capitaliste incapable de nous payer une retraite décente à l'issue d'une vie d'exploitation. Déjà, en France, le recours croissant à des emplois "seniors" sous-payés montre la voie. Sous prétexte de "l'inexpérience" des uns, ou du "manque de productivité" des autres, toutes les tranches d'âge paient le tribut d'une crise permanente qui les plonge toujours davantage dans la précarité, le chômage, la misère. Depuis la parution du "livre blanc" du socialiste Rocard en 1991 préconisant toutes les mesures ultérieures, droite et gauche se sont relayées sans relâche pour repousser l'âge de la retraite et surtout diminuer le montant des pensions :
- en 1993, le gouvernement Balladur avait porté à 40 ans la durée de cotisations dans le secteur privé ;
- en 1995, le plan Juppé avait mis à l'ordre du jour la suppression des régimes spéciaux ;
- une large partie de ces régimes ont été progressivement supprimée par les gouvernements Jospin puis par celui de Villepin, notamment à la Banque de France, dans les assurances, à La Poste et à France-Télécom ;
- enfin, la "réforme" de 2003 sur les régimes de retraites a étendu à toute la fonction publique l'attaque de 1993 en allongeant aussi à 40 ans la durée des cotisations pour ces travailleurs
Et tout cela va se poursuivre. La droite comme la gauche se préparent déjà à de nouvelles attaques pour l'après-mai 2007. Il y a 6 mois, le ministre Fillon a relancé le bouchon sur la suppression totale des régimes spéciaux (ou plutôt ce qu'il en reste), puis le candidat Sarkozy a inclus cette attaque dans ses priorités au "nom de l'équité sociale". Plus discrètement mais tout aussi sûrement, la candidate de la gauche, madame Royal, propose exactement le même programme : "Il y a un chantier d'harmonisation à conduire dans le système de réforme des retraites". Et le mentor du PS, Hollande renchérit : "Bien sûr qu'il faudra réformer ces régimes : ça se fera dans un cadre concerté au moment où le rendez-vous a été fixé." Quant à celui qui se présentait naguère comme le champion de l'aile gauche du PS Fabius, il a déclaré également : "Il faut rouvrir le dossier des régimes spéciaux." Le futur "ministre de l'économie" de l'équipe, DSK, a d'ailleurs proposé de financer les dépenses des caisses de retraite par la CSG (Contribution Sociale Généralisée), autrement dit par une nouvelle augmentation de cette taxe qui va toucher tout le monde, y compris les retraités eux-mêmes qui paieront ainsi doublement leurs droits de pension. Le seul "truc" du PS, c'est de chercher à camoufler l'attaque en se réfugiant derrière l'hypocrite "décision prise à l'issue d'une négociation démocratique avec tous les partenaires sociaux", autrement dit, les syndicats. Alors qu'on connaît d'avance la partition musicale, la CFDT, sur qui repose la gestion des caisses de retraites, jouant à fond la carte de la réforme, la CGT et les autres faisant mine de s'opposer à elle pour pouvoir encadrer la contestation et l'isoler branche par branche, secteur par secteur.
Mais ce n'est pas tout : en plus des plans de licenciements qui pleuvent de plus belle (voir article sur Airbus en page 2), il est prévu d'éliminer à nouveau en 2007, 25 000 postes dans la Fonction publique. Parmi ceux-ci, 5000 emplois d'enseignants seront supprimés à la prochaine rentrée. Par un curieux paradoxe, l'Etat français se vante de détenir le ruban bleu (ou rose) du record de naissances en Europe et son gouvernement d'accueillir de moins en moins d'enfants dans les écoles. Cherchez l'erreur ! Pour l'Education nationale par exemple, l'attaque ne s'arrête pas là puisque la "gaffe calculée" de madame Royal sur le projet d'extension des 35 heures hebdomadaires aux enseignants montrait la voie. Elle est relayée aujourd'hui par la suppression de la rémunération d'une à trois heures de décharge d'enseignement hebdomadaire, contribution quasi-obligatoire au travail administratif de l'établissement. Les enseignants se retrouvent ainsi contraints d'accepter de donner des heures de cours supplémentaires sous peine de perdre entre 1000 et 1600 euros par an. D'autre part, le projet de loi du ministère prévoit de généraliser la "bivalence" : faire assurer l'enseignement dans deux disciplines distinctes par un même prof dans les lycées et collèges. Tout cela se traduit par une détérioration des conditions de travail, une précarisation accrue et une chute du niveau de vie dans le secteur de l'Education nationale. Le Monde daté du 21 janvier titrait sur la paupérisation des profs. Celle-ci est étayée par une étude révélant que les enseignants du secondaire et les profs d'université ont perdu 20% de leur pouvoir d'achat entre 1981 et 2004 et de 9% pour les instituteurs (soit dit en passant, cette érosion des salaires a commencé dès l'arrivée de la gauche au gouvernement). 2007 voit aussi la poursuite des suppressions de postes dans les autres services publics. Ainsi à la SNCF, le fait qu'il y ait "seulement" 4500 emplois prévus en moins (au lieu de plus de 5000 en 2006) est quasiment présenté comme une "bonne nouvelle". La bourgeoisie ne recule devant aucun effet de manches.
Pas d'illusions ! Le choix des urnes ne changera absolument rien au menu des attaques. Ce n'est pas par la voie électorale, atomisés dans les isoloirs, que les prolétaires pourront se défendre contre de telles attaques. Face à un gouvernement qui, quel qu'il soit, se prépare à cogner toujours plus fort, les ouvriers n'ont pas d'autre choix que de développer leurs luttes sur un terrain de classe.
W (23 janvier)
D’après un sondage commandé début décembre par l’association Emmaüs, près d’un Français sur deux craint de devenir un jour sans domicile.
Loin de la paranoïa ou du fantasme collectif, ce sentiment aigü de fragilité face à l’existence n’a rien d’étonnant et trouve même son entière légitimité dans un monde capitaliste parvenu aujourd’hui au stade suprême où plus aucune de ses promesses n’a de sens hormis celle de la pauvreté pour tous. Chômage, travail et revenus précaires, accès d’autant plus improbable au logement et aux soins ; l’avenir est devenu pour bon nombres de travailleurs un gigantesque point d’interrogation.
Avec ou sans travail, jeunes ou vieux, de plus en plus d’ouvriers vivent avec la peur au ventre, la menace sourde de se retrouver du jour au lendemain jetés à la rue comme de vulgaires chiens galeux. Les prolétaires ont d’excellentes raisons de s’inquiéter de l’avenir qui leur est réservé ainsi que de celui qui se prépare pour leurs enfants.
La réapparition et l’extension de bidonvilles dans un alignement de caravanes et de tentes sur les quais ou sous les ponts des grandes villes sont là pour en attester ; le capitalisme impose une marche ininterrompue vers la misère.
Il est bien difficile, dès lors, de ne pas être ulcéré par les conditions de vie inhumaines dans lesquelles se débattent des franges toujours plus grandes d’hommes, de femmes, voire de familles entières, privés de logement.
Comment ne pas être révolté contre un système qui laisse mourir ses esclaves parce qu’il est, de plus en plus, incapable de fournir le strict minimum pour assurer leur survie ?
Evidemment, la bourgeoisie (soucieuse de la conservation des bases sur lesquelles repose son monde) ne peut laisser l’indignation et la colère monter dans les rangs ouvriers.
Autant dire que l’arrivée sur la scène médiatique des Enfants de Don Quichotte au beau milieu du mois de décembre a été, pour elle, une occasion en or pour faire mine de "désamorcer" ce qu’il est convenu d’appeler désormais la crise du logement.
En effet, avec une rapidité fulgurante l’association des Don Quichotte, fraîchement mise sur pattes par la famille Legrand, est devenue le défenseur n°1 des sans-abri après l’installation d’un campement de 250 tentes le long du Canal Saint Martin à Paris. Le fils de cette sainte famille, Augustin, "le grand frère des pauvres", nouvelle coqueluche des médias habillée par ces derniers en Abbé Pierre collection hiver 2006/2007, s’explique : "Je me suis dis, je vais organiser une révolution pour leurs donner [aux SDF] la possibilité de s’exprimer et faire venir des bien-logés pour manifester"… "on s’est dit que si des milliers de personnes campaient dans la rue, le gouvernement serait bien obligé d’agir."
En voilà une drôle de révolution où il faut s’agenouiller et supplier le gouvernement de ceux qui nous exploitent pour que cesse la misère !
Quoi qu’il en soit, on ne devient jamais superstar sur un simple mal entendu… ça se mérite ! De ce point de vue, il faut bien dire que le discours de la famille Legrand a constitué un savoureux pain béni pour la classe dominante.
Pourquoi avoir choisi la célèbre figure de Don Quichotte ? Est-ce parce qu’il s’agit du "combat de l’impossible" ? Pas tout à fait puisque Augustin Legrand n’a eu de cesse d’invoquer les grands principes de la démocratie et de ses droits : "je suis fier d’être Français parce qu’on a les Droits de l’Homme avec nous." Extraordinaire espoir !
Ainsi, la messe est dite. Plus besoin finalement d’aller faire la révolution, le capitalisme se suffit à lui-même… il n’y a plus qu’à mettre un peu d’huile de coude, de la bonne volonté pour faire appliquer la loi, les droits et voilà le tour est joué… Don Quichotte est devenu Merlin l’Enchanteur.
Evidemment, l’irruption de la question du logement en pleine campagne présidentielle a également conduit la plupart des partis bourgeois (montés sur leur poulain, pouliche, ou vieille carne respectivement) à se bousculer et jouer des coudes pour signer la Charte du Canal Saint Martin pour l’accès de tous à un logement dans un grand élan… d’hypocrisie.
Ainsi, Nicolas Sarkozy (empruntant à Jospin la formule du "zéro SDF") a promis, lors de son déplacement à Charleville-Mézières le 19 décembre, que «plus personne ne sera obligé de dormir sur le trottoir et d’y mourir de froid" (à condition qu’il soit élu) car "le droit à l’hébergement est une obligation humaine" (toujours à la même condition !). De son côté Ségolène Royal, qui promet elle aussi monts et merveilles aux mal logés, déclare dans une envolée lyrique "que la grande pauvreté existe encore dans un pays comme le nôtre, voilà le scandale". Bayrou, Besancenot, Hollande, Boutin, Buffet… les uns après les autres, sont venus souffler dans les voiles du moulin à promesses en signant la Charte des Don Quichotte et par là répondre à l’inquiétude grandissante des ouvriers leur faisant croire que la solution pour demain est contenue dans le système capitaliste lui-même.
Plus fort, le gouvernement Villepin (poussé par les vœux du président) est allé jusqu’à donner dans le concret en annonçant l’adoption prochaine d’une loi faisant du "droit au logement", inscrit dans la constitution de 1946, un droit "opposable". Xavier Emmanuelli, membre du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, chargé de la rédaction du fameux projet de loi explicite ce charabia juridique : "Le droit au logement opposable consiste à mettre le citoyen en situation de s’adresser à une autorité responsable et à lui ouvrir des voies de recours."
En somme, «si tu n’as plus de logement, fait appel à la Justice pour qu’elle te trouve un toit».
La classe ouvrière vient donc de gagner le droit de se plaindre (ou d’aller se faire voir, c’est quif quif)… belle affaire !
Désormais, le droit au logement sera "opposable" au même titre que le droit aux soins, nous dit-on triomphalement. Mais lorsque l’on jette un œil sur la politique de santé menée depuis quelques années (déremboursement des médicaments, sous effectifs et suppressions de lits dans les hôpitaux) on mesure mieux la valeur de cette nouvelle loi… à savoir, nettement moins qu’un pet de lapin.
Voilà ce que la bourgeoisie ose présenter comme une "victoire" et une "sortie de crise" pour les sans-abri et les mal logés. Et notre Don Quichotte national de se dire, au 13h de France 2 le 3 janvier, "très satisfait" des annonces de Villepin car "bien sûr c’est la loi qui va réinsérer ces gens là, on est en train de faire appliquer des mesures d’urgence qu’on peut appliquer très vite par décret de loi que le gouvernement va prendre et ça on est formel, ils vont le faire… c’est une question de Droit de l’Homme…"
"Bien sûr"… dormez braves gens, l’Etat veille sur vous !
Ainsi, Augustin Legrand peut "héroïquement" faire lever le camp le 8 janvier. C’est fini, "Un changement radical de politique concernant les sans-abri…nous conduit à une sortie de crise immédiate"… "nous démarrons immédiatement le processus qui nous conduira à la fin de tous les campements". "Et hop…circulez, plus rien à voir" ; "rentrez chez vous messieurs dames" ; "on a gagné, faut remballer». Les SDF se regardent dubitatifs à l’annonce du patron des Don Quichotte… "partir ? oui, mais où ?". Evidemment, rien n’a été réglé et les campements du Canal Saint Martin et d'ailleurs n’ont pas bougé d’un seul centimètre.
"Mes amis au secours… une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures sur le trottoir du boulevard Sébastopol… Chacun de nous peut venir en aide aux sans-abri. Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain, 5000 couvertures, 300 grandes tentes… Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse, ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris. Merci." Cet appel aurait très bien pu être celui des Don Quichotte de 2007 mais ce n’est pas le cas. Ici c’est l’Abbé Pierre qui donne de la voix et nous sommes le 1er février 1954. Cinquante ans plus tard, il y a comme un goût de déjà vu et pourtant ce n’est pas la guerre qui est venue cette fois balayer les hommes et leurs logements. Il faut dire que la faillite du capitalisme a plus d’un tour dans son sac pour anéantir la vie. Ainsi, le retour de la crise économique depuis la fin des années 1960 (après un bref instant de répit) n’a cessé de répandre la misère à travers le monde. A ce jour, la France compte 7 millions de travailleurs pauvres, 3 millions de sans abris dont 30% ont un boulot mais cherchent pourtant soir après soir un endroit où dormir …
L’idée donquichottesque selon laquelle "les moyens existent" pour "un plan Marshall d’éradication de la pauvreté" est dans le meilleur des cas une chimère.
Ne pas voir la réalité de ce monde mais le fantasmer tel qu’il ne sera jamais est exactement l’effet que la bourgeoisie cherche à produire sur les cerveaux ouvriers pour qu’ils oublient leur révolte et s’éloignent de la tentation révolutionnaire.
Les enfants de Don Quichotte et après eux (pourquoi pas ?) les petits-enfants d’Emile Zola, avec leurs suppliques adressées à l’Etat, ne peuvent rien pour sauver les indigents toujours plus nombreux dans ce monde…à part donner l’occasion à la classe dominante de nous bercer d’illusions.
Seuls les fils d’Octobre 1917 portent avec eux l’espoir d’en finir avec la misère, parce qu’ils portent en eux la perspective d’un autre monde, celui du communisme.
Jude (21 janvier)
Pour prononcer ses "bons vœux" aux salariés d'Airbus, Louis Gallois, nouveau dirigeant de cette société aéronautique et ex-"tueur" d'emplois à la SNCF, a annoncé que les "grandes lignes" de la restructuration qui menace l'entreprise depuis octobre 2006 seraient décidées début février. Ce plan, baptisé "Power 8", ou "Energie 8", a été en réalité décidé et tenu au chaud depuis l'été dernier. Il prévoit clairement une vaste réorganisation de la production de l'avionneur européen, actuellement dispersée sur 16 sites en Europe, et des suppressions d'emplois, en vue de réduire les coûts de 2 milliards d'euros par an à l'horizon 2010. Il s'agit d'une attaque en règle contre tous les emplois touchant de près ou de loin la construction de l'Airbus, dans un contexte d'aggravation aiguë de la concurrence qui fait rage entre les plus grands constructeurs de l'aviation.
Cette crise, qui touche l’industrie aéronautique européenne à travers Airbus (face à son concurrent principal Boeing) est un exemple frappant de la guerre commerciale que se livrent les nations capitalistes. Ainsi, pour renforcer leur compétitivité, les bourgeoisies européennes concernées tentent de diminuer au maximum le coût de fabrication de l'A380 tout en accélérant sa finalisation. Ce qui se traduit pour la classe ouvrière, en termes de licenciements et d'exploitation accrue touchant des centaines de milliers d’ouvriers en Europe.
Alors que la direction d'Airbus prétend que les mesures du plan de restructuration prendront effet après février 2007, l'attaque a de fait déjà commencé . Le grand mot d’ordre est : "Il faut réduire les coûts de production." Depuis l’annonce de la crise (septembre 2006) les contrats précaires (CDD, intérim) ne sont plus renouvelés, ce qui signifie 1000 emplois supprimés sur chacun des sites d’Hambourg et de Toulouse depuis l'automne 2006.
Ces 2000 licenciements ont pour conséquence une augmentation des charges de travail qui se traduit déjà par des heures supplémentaires imposées. Mais si l’attaque a déjà commencé, elle va toucher dans un premier temps, les sous-traitants. 56 000 personnes, dont le nombre doit être réduit de 80%, sont concernées pour la seule région Midi-Pyrénées. Les chiffres annoncés sont d'une rare brutalité : "Le report du calendrier va coûter près de 5 milliards d'euros à l'avionneur Airbus, qui vient d'annoncer une réduction du nombre des sous-traitants de 3000 à 500. Un sur deux sera installé dans un pays à bas coût de main-d'œuvre." (La Nouvelle République du 14 novembre 2006)
Toutes ces mesures d’économies sont inévitables pour "restaurer" la compétitivité d'Airbus. Aussi, afin de bien "remettre Airbus sur les rails", ses dirigeants ont aussi préparé un plan d’austérité impitoyable pour les ouvriers d’Airbus eux-mêmes, plan que la direction a commencé à mettre en place depuis bien avant les récentes déclarations de Gallois : "Airbus compte notamment réduire de 30% ses frais de fonctionnement"(AFP du 3 octobre 2006) ; il faut gagner "20% de productivité dans toutes les usines dans les 4 prochaines années » et réduire "les coûts de 5 milliards d'euros jusqu'en 2010"(Libération du 9 octobre 2006). Enfin, "à partir de 2010, l’entreprise doit économiser 2 milliards d’euros par an pendant 3 ans"et "diminuer le nombre de fournisseurs"pour tenter de trouver de nouveaux capitaux.
Le nouveau PDG a réuni depuis le mois de septembre tous les "acteurs"du sommet de l’Etat au Comité Central d’Entreprise, c’est-à-dire les syndicats. Dans cette situation, ces derniers ont tous eu le même langage, celui de minimiser la gravité de ce qui se préparait, s'inscrivant pleinement dans les mensonges de la direction et des différents Etats concernés. Dès le début, FO, syndicat majoritaire, a fait semblant de dénoncer les commentaires des médias qui amplifieraient la crise : "Il faut arrêter de déstabiliser notre entreprise au risque d’aggraver dangereusement la situation !" (tract du 10 octobre). De son côté, la CGT minoritaire dénonçait les actionnaires comme fauteurs de la crise : "Ce sont bien les actionnaires avec leurs exigences de rentabilité immédiate qui sont à l’origine des difficultés actuelles et à venir dans cette industrie..."(octobre 2006). Ils sont même allés jusqu’à féliciter les salariés, comme le font les patrons, d’avoir accepté des sacrifices dans l’intérêt de l’entreprise. Les syndicats ont montré, par là, qu’ils sont bien les garants de la bonne gestion de l’entreprise. Tous les syndicats ont donc appliqué les consignes de discrétion soi-disant pour ne pas "déstabiliser l’entreprise vis-à-vis de la concurrence". Ceci est confirmé par cette déclaration du secrétaire de la section syndicale FO à Toulouse : "Si je laisse filer un quelconque document ou si je dis un mot de travers, ça peut se retrouver le lendemain dans la presse américaine ou anglaise. Et je ne voudrais pas être à l'origine d'un effondrement du titre EADS en Bourse." Les syndicats des sites de Nantes et Saint-Nazaire, ainsi que tous les élus de la région (qui ont eux aussi été mis au courant depuis belle lurette), peuvent bien à présent se "mobiliser" et crier leur "indignation"contre la menace de licenciement qui risque de frapper 16 000 emplois en Pays de Loire, tout ce beau monde savait ce qu'il en était depuis des mois.
Aux sacrifices supplémentaires que demande la direction et les "partenaires sociaux", il faut répondre par la lutte. Pour être forts et unis, pour faire reculer les attaques, nous devons rejeter la division entre ouvriers d'EADS et sous-traitants, entre ouvriers français et ouvriers d'Europe ou d’Amérique. La concurrence et le profit sont les maîtres-mots des patrons, de l'Etat et des syndicats, pas les nôtres! La classe ouvrière doit au contraire cultiver ce qui fait sa force, celle de la lutte collective qui seule peut faire reculer une exploitation toujours plus féroce.
Pour développer la lutte, il ne faut pas faire confiance aux organisations syndicales qui créent la division et font passer les attaques. Les récents combats menés par d'autres ouvriers, qu'il s'agisse des jeunes générations lors du mouvement contre le CPE en France, ou de la grève des ouvriers métallurgistes à Vigo en Espagne, montrent l'exemple du chemin à suivre, par la solidarité ouvrière et la volonté de tenir les luttes en mains dans les assemblées générales les plus massives possibles, en-dehors et contre les syndicats.
Damo
Il y a près de 40 ans, les spécialistes de l’environnement mettaient en garde contre le risque à venir d’une crise écologique majeure et la classe dirigeante de ce monde se réunissait déjà (comme à Stockholm en 1972) pour se poser la question : "que faire ?"… sans jamais trouver de réponse qu’elle puisse se permettre d’appliquer.
Aujourd’hui, le danger a mûri pour devenir une réalité indiscutable et meurtrière. Ce n’est un secret pour personne, le mode de production capitaliste pollue l’air et l’eau de ses divers rejets toxiques et réchauffe le climat 1 par l’émission de gaz à effet de serre (CO2). Les conséquences sont désastreuses pour la vie et en premier lieu celle de l’espèce humaine. Inondations, ouragans, canicules, maladies 2… ne sont qu’un avant-goût de ce que prépare la dégradation continue de l’environnement.
Dans ce contexte, le succès d’un Nicolas Hulot, nouveau pape de l’écologie en France, n’a rien d’étonnant.
Après la tournée mondiale d’Al Gore et de son film Une vérité qui dérange, Monsieur Hulot tire à son tour la sonnette d’alarme : "L’heure n’est plus à la réflexion, aux analyses ou aux querelles de chapelles. Agissons ensemble avant qu’il ne soit trop tard." Pour cela, il s’est bruyamment invité dans la campagne présidentielle ; "l’occasion de placer l’écologie au cœur du débat politique" mais aussi "d’élire un candidat capable d’infléchir la trajectoire qui nous mène vers l’abîme."
C’est ainsi que Monsieur Hulot, le globe-trotter de la Maison Bouygues, pose sur la table les 259 pages d’un "programme d’action, à la fois ambitieux et réaliste" : le pacte écologique.
La vedette de TF1 n’est pas tombée du ciel avec la dernière pluie, il sait pertinemment qu’une solution crédible implique la "refondation d’une autre société", "d’autres façon de produire…de consommer…de se déplacer, de se nourrir, de se chauffer, de se loger…"… "Une révolution ? Oui !". Pas de panique, que tout le monde se rassure, Monsieur Hulot n’est pas, non plus, tombé sur la tête. Il reste bien l’homme d’une seule classe, celle de son vieil ami Chirac et du futur président français à qui son pacte s’adresse. C’est pourquoi cette "autre société" n’est rien moins que le rêve fumeux d’un capitalisme propre, non polluant, capable de se préoccuper des hommes et de leur environnement plutôt que de ses profits. Bref, une de ces bestioles improbables tout droit sortie d’un livre de mythologie antique qui n’a d’existence possible que dans le cerveau étriqué d’un Nicolas Hulot, telle une marmite bouillonnante sur laquelle reposerait un couvercle de plomb.
Outre le mythe moyenâgeux du retour à la terre, présent dans son pacte sous la forme d’une société "sobre et économe" pratiquant la réduction drastique des déplacements et "l’augmentation de la population agricole", il n’en reste pas moins une série de mesures tout à fait valable pour lutter efficacement contre la pollution : le développement des transports en commun, le train plutôt que le transport routier ; la conception de logement moins énergivores car mieux isolés, le développement d’énergies non polluantes (éolien, solaire…) ; la production de biens recyclables dotés d’une durée de vie plus longue…
Les solutions ne manquent pas mais Monsieur Hulot semble éluder une question de taille : le capitalisme est-il capable de les mettre en œuvre ? Il est pourtant évident que non. En effet, toutes ces mesures nécessiteraient une telle réorganisation de l’appareil productif que le coût de ce chambardement pour chaque nation serait insupportable. Les dépenses de conversion aux énergies propres, de recherches et mise en place de nouveaux procès de fabrication, de conception et production de marchandises non pas au rabais mais de qualités pour qu’elles soient capables de durer dans le temps, seraient exorbitantes. Aucun capitaliste, aucune économie nationale ne peut supporter un tel coût sans signer en même temps son acte de décès. Le système capitaliste ne vit que pour une chose : faire du profit. Si demain, comme le demande Nicolas Hulot, la France adopte toutes ces mesures de protection de l’environnement afin de servir d’exemple et d’entraîner dans une réaction en chaîne le reste du monde, alors la bourgeoisie française est sûre de se faire sauvagement piétiner sur le marché mondial par les nations concurrentes qui auront gardé leur compétitivité intacte en continuant à polluer à moindre frais.
Depuis les années 1970, les conférences internationales et les traités pour la sauvegarde de la planète prolifèrent (Montréal, Rio, Kyoto)… sans résultats. La classe dominante a conscience du fait que son mode de production conduit à la catastrophe écologique. Elle voudrait sûrement qu’il en soit autrement mais il lui est impossible d’aller à l’encontre des lois qui régissent son monde. Le capitalisme emmène l’humanité droit dans le mur et il y va en klaxonnant. Le pacte de Nicolas Hulot s’inscrit lui aussi dans ce récurrent aveu d’impuissance.
Au final, le présentateur d’Ushuaïa a choisi de "faire confiance à la parole des candidats" qui ont signé son pacte et de ne pas se présenter lui-même à l’élection présidentielle… Pas folle la guêpe. Elle sait bien que le discrédit est assuré.
Le péril écologique ne pourra jamais être dépassé dans le cadre du capitalisme, simplement parce que c’est précisément ce cadre qu’il s’agit de défaire pour instaurer une autre société capable d’orienter toutes ses forces vers la préservation de la vie. Et cette autre société, c’est exactement le projet de la classe ouvrière.
Azel (22 janvier)
1 "Cinq degrés de différence sur la moyenne de la température actuelle, c’est ce qui sépare notre époque de la dernière période glaciaire… A la sortie de l’âge glaciaire, il a fallu plusieurs milliers d’années pour que la température moyenne remonte de cinq degrés et que s’établisse le climat que connaît la planète depuis environ dix mille ans. Les perturbations climatologiques que notre société industrielle a déclenchées conduisent à un phénomène de même ordre, c’est-à-dire un changement d’ère climatique. Mais, cette fois, le mouvement se déroulerait sur un siècle, soit cinquante fois plus vite que dans le passé, ce qui risque de provoquer un choc considérable pour la vie…" (extrait de Pour un pacte écologique)
2 Selon un rapport de l’OMS du 16 juin 2006, près du quart des maladies à travers le monde sont dues à l’évolution des conditions environnementales.
C’était écrit, la belle aventure de la "gauche de la gauche" a fait long feu, cette "gauche anti-libérale" issue du "Non" à la constitution européenne de 2005. Les rats ont quitté le navire les uns après les autres, après s'être copieusement entre-déchirés, sans pouvoir choisir de candidat.
Olivier Besancenot, premier à appeler de tous ses vœux ce rassemblement au printemps dernier, a aussi été le premier à s'éclipser dès novembre. Celui qui frétillait d'espoir dans un article du quotidien Le Monde intitulé : "Marie-George, Arlette, José…, si on causait ?" sur la perspective de "s'opposer à la droite et résister au social-libéralisme" (Le Monde du 28 avril 2006), n'a plus pour ambition que de rassembler "les voix de la réelle gauche anticapitaliste" autour de la LCR.
Dans cette chronique d’une cacophonie annoncée, José Bové, chantre de l’écologisme radical altermondialiste, valeureux coupeur de têtes… de maïs, s'est lui aussi distingué. Après avoir répondu présent à l’appel de Besancenot, pour mieux proposer ses services de candidat potentiel dès cet été, puis après s’être retiré en novembre de la compétition, "dégoûté" des querelles de chapelle, "militant" ensuite en faveur d’un consensus regroupant la LCR et le PCF pour agréger les forces de cette gauche du "changement de société" et "faire" plus de voix, le revoilà se hissant pour son propre compte sur le podium des candidats avec ses 28 000 signatures de soutien au sein de la Confédération paysanne.
Passons les innombrables petites phrases assassines qui ont émaillé les considérations des uns par rapport aux autres au sein de ce "rassemblement de l'espoir", et qui n'ont pas dérogé à la règle de tous les partis bourgeois : la foire d'empoigne. C'est d'ailleurs bien cette ligne directrice qui a guidé les "antilibéraux" dans leur prétendue quête du Graal "unitaire". Pour exemple significatif, les 9 et 10 décembre, réunis afin de "choisir" "leur" candidat, les 1500 délégués des "collectifs locaux" représentant la "coalition antilibérale" se sont copieusement écharpés et insultés, exhibant à l'envie leurs divisions et leurs dissensions. Le seul point faisant l’unanimité a été l'opposition à l'OPA tentée par le PCF pour s'approprier la représentation de cette gauche ainsi que l'hostilité ouverte à la candidature de Marie-George Buffet.
Car c'est là que se trouve la pierre d'achoppement principale, celle qui tue : le PCF et sa candidate. Il faut dire que ni l'un ni l'autre ne sont particulièrement attractifs, sentant tous deux puissamment l'odeur de naphtaline des uniformes staliniens qu'ils conservent dans leurs placards, malgré leurs tentatives désespérées de se "moderniser" aux yeux des jeunes en particulier. La tentative de passage en force de la "candidate" Marie-George (déjà tout un programme) pour le compte de la "gauche antilibérale" a profondément déplu et n'a fait qu'attiser les oppositions. Son intronisation par l'appareil du PCF, avant même que les délégués ne soient réunis, a attisé une situation qui était en substance explosive.
La candidature de Buffet pour le PCF se présentait comme une gageure pour la secrétaire nationale. On sait qu'à l'occasion de la Fête de L'Humanité de septembre 2006, cette dernière avait dû faire face à une puissante contestation avec de multiples oppositions et pressions qui s'étaient manifestées pour qu'elle ne soit pas la représentante du PCF et donc encore moins de la gauche "anti-libérale". Le conflit qui scinde le parti entre les "conservateurs" et les ""rénovateurs" s'était à cette occasion fortement ravivé. Plusieurs outsiders s'étaient même mis en avant, dont Patrick Braouezec, rénovateur, mais surtout la jeune louve Clémentine Autain.
Au sein même du Parti communiste, de nombreuses voix, dont un collectif de 350 cadres du PCF, s'étaient même faites entendre pour demander le retrait de Marie-George, au profit si nécessaire de Clémentine Autain ou bien encore de José Bové.
Alors pourquoi un tel acharnement du parti "communiste" pour s'afficher comme le représentant de la gauche antilibérale et pour présenter une candidate dont les chances ne sont pas les meilleures ? La réponse se trouve en premier lieu dans les efforts désespérés que fait le PCF pour survivre. Cette survie est liée au nombre d'élus locaux et de députés qu'il pourra conserver dans l'avenir et qui dépend de ce que voudra bien lui accorder le PS en fonction du nombre de voix obtenues aux présidentielles. C'est ce qui explique l'appel du PCF à voter PS au deuxième tour, discussion qui a été une des principales pommes de discorde dans la coalition antilibérale. Mais le PC doit aussi prendre des airs "révolutionnaires", se prétendre le représentant des forces d'opposition, pour continuer à justifier son existence, de plus en plus maigre, sur l'échiquier politique de la bourgeoisie française. C'est donc ce qui explique aussi la ténacité dont il a fait preuve pour manger la laine sur le dos des petits copains de la "gauche de la gauche" et vouloir s'imposer, quitte à alimenter, sinon provoquer, la pire zizanie dans ce "rassemblement" de contestataires.
Maintenant, pourquoi Marie-George Buffet ? Son élection comme dirigeante du PC après un Robert Hue encore trop marqué par le style "école du parti" avait représenté une tentative de ce dernier pour se donner une coloration moins stalinienne, plus social-démocrate. Cela a été peine perdue. Le passé stalinien du PCF est inscrit dans ses gènes, et les caciques de ce parti sont congénitalement incapables d'avoir l'air d'autre chose que ce qu'ils sont : des produits du stalinisme. Les magouilles minables consistant à créer des "collectifs locaux" bidons pour blinder les voix en faveur de Marie-George Buffet, les pressions en douce pour imposer cette dernière comme candidate de la coalition, etc., ont été autant d'éléments montrant s'il en était encore besoin la nature du PCF, parti bourgeois dont les méthodes d'existence tiennent toujours d'un mode de fonctionnement hérité directement de l'oppression et de la répression qui prédominaient dans les pays de l'ex-bloc soviétique.
L'explosion de "l'union" anti-libérale n'a donc rien d'étonnant. Tous ces groupes de gauche ou d'extrême gauche jouent des coudes quand vient l'heure d'aller à la soupe, défendant leurs misérables intérêts de cliques bourgeoises concurrentes. Tous se battent pour une place de choix dans l'arène de la politique de la bourgeoisie française. Mais cette désunion, aussi grotesque soit-elle, ne signifie pas que ses acteurs s'apprêtent à baisser les bras, tant dans leur combat pour aller à la soupe gouvernementale que pour jouer leur rôle de sabotage de la réflexion dans les rangs ouvriers. Car si toutes ces officines sont aujourd'hui dispersées lors de l'assaut électoral, elles ne manqueront pas demain de travailler toutes de concert idéologiquement contre la classe ouvrière. Main dans la main, elles tenteront d'enfoncer dans le crâne des ouvriers la même camelote idéologique frelatée : cette idée que tous les maux des travailleurs sont dus aux méfaits de la mondialisation libérale. Car finalement, derrière leurs querelles de chapelles, ces champions de l'antilibéralisme seront tous unis demain pour prétendre qu'il faut s'en remettre à un Etat protecteur, plus juste et plus social pour instaurer un capitalisme plus humain et démocratique et finalement pour empêcher les prolétaires de développer leurs luttes sur un terrain de classe.
Mulan (25 janvier)
L'exécution précipitée de Saddam Hussein illustre les sanglants règlements de compte entre fractions rivales de la bourgeoisie. Elle est une confirmation du cynisme et de la duplicité des grandes puissances qui ne prétendent apporter la paix et rétablir davantage de justice ou de démocratie aux populations que pour masquer la défense de leurs sordides intérêts impérialistes concurrents, facteur prépondérant de l'aggravation des conflits et de l'accumulation de la barbarie guerrière du capitalisme
Le jugement et l'exécution de Saddam Hussein ont été salués spontanément par Bush comme une "victoire de la démocratie". Il y a une part de vérité dans cette déclaration : c'est souvent au nom de la démocratie et de sa défense présentée comme l'idéal de la bourgeoisie que celle-ci a perpétré ses règlements de compte ou ses crimes. Nous avons déjà consacré un article de notre Revue Internationale à le démontrer (Lire Revue Internationale n°66, 3e trimestre 1991, "Les massacres et les crimes des grandes démocraties"). Avec un cynisme sans bornes, Bush a également osé déclarer le 5 novembre 2006, à l'annonce du verdict de la condamnation à mort de Saddam Hussein, alors qu'il était lui-même en pleine campagne électorale dans le Nebraska, que cette sentence pouvait apparaître comme une "justification des sacrifices consentis par les forces américaines" depuis mars 2003 en Irak. Ainsi, pour Bush, la peau d'un assassin valait celle de plus de 3000 jeunes Américains tués en Irak (soit davantage de victimes que la destruction des Twin Towers), la plupart dans la fleur de l'âge ! Et il ne compte pour rien la peau de celles des centaines de milliers d'Irakiens depuis le début de l'intervention américaine. En fait, depuis l'occupation des troupes américaines, il y a eu plus de 600 000 morts côté irakien que le gouvernement irakien vient d'ailleurs de décider de ne plus décompter pour ne pas "saper le moral" de la population.
Les Etats-Unis étaient au plus haut point intéressés à ce que l'exécution de Saddam Hussein ait lieu avant que ne se tiennent les procès suivants. La raison en est qu'ils ne tenaient en rien à ce que soient évoqués trop d'épisodes compromettants pour eux. Il s'agit de faire le maximum pour ne pas rappeler le soutien total des Etats-Unis et des grandes puissances occidentales à la politique de Saddam Hussein entre 1979 et 1990, à commencer par la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980 -88).
En effet, un des multiples chefs d'accusation requis contre Saddam Hussein dans l'un de ces procès concernait le gazage à l'arme chimique de 5000 Kurdes à Halabjah en 1988. Ce massacre intervenait dans le cadre et à la fin de la guerre entre l'Irak et l'Iran, qui a fait plus de 1 200 000 morts et deux fois plus de blessés et d'invalides. C'était alors les Etats-Unis et, derrière eux, la plupart des puissances occidentales qui soutenaient et armaient Saddam Hussein. Prise par les Iraniens, cette ville avait été reprise par les Irakiens qui avaient décidé d'une opération de représailles à l'encontre de la population kurde. Ce massacre n'était d'ailleurs que le plus spectaculaire au sein d'une campagne d'extermination baptisée "'Al Anfal" ("le butin de guerre") qui fit 180 000 victimes parmi les Kurdes irakiens entre 1987 et 1988.
Lorsque, à l'époque, Saddam Hussein déclenche cette guerre en attaquant l'Iran, il le fait avec le plein soutien de toutes les puissances occidentales. Face à l'avènement d'une république islamiste chiite en 1979 en Iran où l'ayatollah Khomeiny se permettait de défier la puissance américaine en qualifiant les Etats-Unis de "Grand Satan" et que le président démocrate de l'époque, Carter, avait échoué à le renverser, Saddam Hussein a joué le rôle de gendarme de la région pour le compte des Etats-Unis et du camp occidental en lui déclarant la guerre et en la faisant durer pendant 8 ans, pour affaiblir l'Iran. La contre-attaque iranienne aurait d'ailleurs amené ce pays à la victoire si l'Irak n'avait pas bénéficié du soutien militaire américain sur place. En 1987, le bloc occidental sous la houlette des Etats-Unis avait mobilisé une formidable armada dans les eaux du Golfe persique avec le déploiement de plus de 250 bâtiments de guerre en provenance de la quasi-totalité des pays occidentaux, avec 35 000 hommes à leur bord et équipés des avions de guerre les plus sophistiqués de l'époque. Cette armada, présentée comme une "force d'interposition humanitaire", a détruit, notamment, une plate-forme pétrolière et plusieurs des navires les plus performants de la flotte iranienne. C'est grâce à ce soutien que Saddam Hussein a pu signer une paix le ramenant sur les mêmes frontières qu'au moment où il avait déclenché les hostilités.
Déjà, Saddam Hussein était parvenu au pouvoir, avec le soutien de la CIA, en faisant exécuter ses rivaux chiites et kurdes mais aussi les autres chefs sunnites au sein du parti Baas, accusés à tort ou à raison de fomenter des complots contre lui. Il a été courtisé et honoré pendant des années par ses pairs comme un grand homme d'Etat (devenant par exemple le "grand ami de la France", et de Chirac et Chevènement en particulier). Le fait qu'il se soit distingué tout au long de sa carrière politique par des exécutions sanguinaires et expéditives en tous genres (pendaisons, décapitations, tortures des opposants, gazage à l'arme chimique, charniers de populations chiites ou kurdes) n'a jamais gêné le moindre homme politique bourgeois jusqu'à ce que l'on "découvre", à la veille de la guerre du Golfe de 1991 qu'il était un affreux tyran sanguinaire1, ce qui lui valut à cette époque le "titre" de "boucher de Bagdad" qui ne lui avait pas pourtant été "décerné" lorsque précédemment il était l'exécutant sanguinaire de la politique occidentale.
Il faut également rappeler que Saddam Hussein était tombé dans un piège quand il a cru bénéficier du feu vert de Washington lors de son invasion du Koweït à l'été 1990, fournissant le prétexte aux Etats-Unis pour engager la plus monstrueuse opération militaire depuis la Seconde Guerre mondiale. C'est ainsi qu'ils ont monté la première guerre du Golfe, en janvier 1991, en désignant dès lors Saddam Hussein comme l'ennemi public n°1. L'opération montée sous la houlette américaine et baptisée par eux "Tempête du Désert ", que la propagande a voulu faire passer comme une guerre propre avec ses images de "war game" en vidéo, aura fauché près de 500 000 vies humaines en 42 jours, opéré 106 000 raids aériens en déversant 100 000 tonnes de bombes, expérimentant toute la gamme des armes les plus meurtrières (bombes au napalm, à fragmentation, à dépression, obus à l'uranium…). Elle avait pour but essentiel de faire une démonstration de la suprématie militaire écrasante des Etats-Unis dans le monde et de forcer leurs anciens alliés du bloc de l'Ouest, devenus leurs plus dangereux rivaux impérialistes potentiels, à y participer derrière eux. Il s'agissait ainsi de donner un coup d'arrêt à la tendance de ces derniers à vouloir se dégager de la tutelle américaine depuis la dissolution du bloc de l'Ouest et des alliances qui le sous-tendaient.
Avec le même machiavélisme, les Etats-Unis et leurs "alliés" ont ourdi une autre machination. Après avoir appelé les Kurdes au Nord et les Chiites au Sud à se soulever contre le régime de Saddam Hussein, ils ont laissé dans un premier temps intactes les troupes d'élite du dictateur pour lui permettre cyniquement de noyer dans le sang ces rébellions, n'ayant aucun intérêt à voir remettre en cause l'unité du pays, la population kurde en particulier étant livrée une nouvelle fois à d'atroces massacres.
Les médias européens aux ordres et jusqu'au très pro-américain Sarkozy en France lui-même peuvent hypocritement dénoncer aujourd'hui "le mauvais choix", "l'erreur", "la maladresse" que constituerait l'exécution précipitée de Saddam Hussein. Pas plus que la bourgeoisie américaine, la bourgeoisie des pays d'Europe occidentale n'a intérêt à ce que soit rappelée la part qu'elle a pris à tous ces crimes, même au travers du prisme déformant des "procès" et "jugements". Il est vrai que les circonstances de cette exécution débouchent sur un regain d'exacerbation des haines entre communautés : elle s'est déroulée alors qu'avait débuté la période de l'Aïd, la plus grande fête religieuse de l'année pour l'islam, ce qui pouvait plaire à la partie la plus fanatisée de la communauté chiite vouant une haine mortelle à la communauté sunnite à laquelle appartenait Saddam Hussein ; elle ne pouvait par contre qu'indigner les Sunnites et choquer la plupart des populations de confession musulmane. De plus, Saddam Hussein a pu être présenté, auprès des générations qui n'ont pas connu sa férule, comme un martyr.
Mais toutes les bourgeoisies n'avaient pourtant pas d'autre choix car elles partagent le même intérêt que l'administration Bush à cette exécution hâtive qui permet de masquer et de faire oublier leurs propres responsabilités et leur entière complicité face à ces atrocités qu'elles continuent à alimenter aujourd'hui. Les sommets de barbarie et de duplicité atteints au Moyen-Orient ne sont en fait qu'un concentré révélateur de l'état du monde, ils constituent le symbole de l'impasse totale du système capitaliste qui est de mise partout ailleurs.2
Wim (10 janvier)
1 D'ailleurs, un autre tyran de la région, le Syrien Hafez-el-Assad, éternel rival de Saddam, lui, sera resté au-delà de ses funérailles un "grand homme d'Etat", en compensation de son ralliement au camp occidental à l'époque des blocs, malgré une carrière aussi sanguinaire et l'usage des mêmes procédés que Saddam Hussein.
2 Certains plumitifs de la bourgeoisie sont même capables de constater la nausée que provoque cette accumulation insoutenable de barbarie dans le monde actuel : "La barbarie châtiant la barbarie pour enfanter à son tour la barbarie. Une vidéo circulant sur Internet, dernière contribution au festival d'images de l'innommable, depuis les décapitations orchestrées par Zarkaoui jusqu'à l'amoncellement de chairs humiliées à Abou Ghraïb par les GI (…) Aux terribles services secrets de l'ex-tyran succèdent les escadrons de la mort du ministre de l'Intérieur dominés par les brigades Al-Badr pro-iraniennes. (...) Qu'ils se réclament de la terreur ben-ladiste, de la lutte contre les Américains ou qu'ils se disent les relais du pouvoir (chiite), les meurtriers qui enlèvent les civils irakiens ont un trait commun : ils opèrent sous la loi de la pulsion individuelle. Sur les décombres de l'Irak pullulent les charognards de toutes espèces, de tous clans. Le mensonge étant la norme, la police pratique le rapt et le brigandage, l'homme de Dieu décapite et éviscère, le Chiite applique au Sunnite le traitement qu'il a lui-même subi" (l'hebdomadaire français Marianne daté du 6 janvier). Mais cela est mis sur le compte de la "pulsion individuelle", et finalement de "la nature humaine". Ce qu'ils ne peuvent pas reconnaître et comprendre, c'est que cette barbarie est au contraire un produit éminemment historique, un produit du système capitaliste et qu'il existe historiquement une classe sociale tout aussi capable d'y mettre un terme : le prolétariat.
Depuis des décennies, les différentes organisations gauchistes, et en particulier les trotskistes, soutiennent "la juste lutte du peuple palestinien" contre "l'impérialisme américain et israélien" au nom du caractère "progressiste" des "luttes de libération nationale". Aujourd'hui, les territoires palestiniens sont plongés en plein chaos par des luttes intestines. Depuis que le président de l’Autorité palestinienne a annoncé le 16 décembre dernier la tenue d’élections présidentielles et législatives anticipées, des affrontements armés ont lieu à Gaza entre factions rivales mettant aux prises d'un coté les islamistes du Hamas à la tête du gouvernement et de l'autre le Fatah du président Mahmoud Abbas. Les affrontements entre ces milices armées sont sanglants : combats de rue, attentats à la voiture piégée, enlèvements à répétition. Leurs règlements de compte meurtriers sèment la terreur et la mort parmi les populations de la bande de Gaza, déjà réduites à la misère.
Face à un tel déchaînement de violence et de barbarie, comment se positionnent les organisations trotskistes, telles Lutte Ouvrière (LO) ou bien encore la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) ?
Sans jamais avoir varié d’un iota, LO et LCR montrent du doigt les seuls coupables selon elles, à savoir les Etats-Unis et "l’Etat sioniste israélien". LO dans l’article de son hebdomadaire du 6 octobre 2006 déclare : «Chaos et affrontement sont les conséquences directes des sanctions financières décrétées par l’Union Européenne, le gouvernement des Etats-Unis et celui d’Israël. » ou encore : "Or, c’est bien Israël et ses principaux tuteurs occidentaux qui sont les responsables de la situation désastreuse dans laquelle vivent les Palestiniens" (Lutte Ouvrière n°2003 du 22 décembre 2006). L'impérialisme est inhérent à la vie de chaque fraction nationaliste bourgeoise et s'exprime à travers une lutte pour la défense de l'intérêt du capital national entre tous les Etats concurrents, du plus grand au plus petit, du plus puissant au plus faible. A noter (n'en déplaise aux groupes trotskistes) que si le Fatah peut compter sur le soutien d'Israël, des Etats-Unis et de l'Union Européenne et que le Hamas est appuyé financièrement et armé par l'Iran et la Syrie, c'est justement en tant que cliques bourgeoises palestiniennes.
Ainsi, en soutenant soi-disant "tous les Palestiniens", LO encourage en fait la classe ouvrière à se ranger derrière des cliques bourgeoises et à s’enrôler comme chair à canon au nom de la défense de la patrie palestinienne. C'est toujours ce que défend cette organisation qui, comme l'ensemble des groupes trotskistes, ne désigne comme impérialistes que la politique de certaines nations, de certains Etats.
Quant à la LCR, elle ne s'encombre pas de formulations hypocrites en clamant tout haut son soutien direct non au "peuple palestinien" en général mais directement à telle ou telle fraction, à telle ou telle milice. Au lendemain des élections dont le Hamas est sorti victorieux, un communiqué de la LCR du 26 janvier 2006 déclarait : "Fondamentalement, les gouvernements israélien, celui de Sharon en tête, et les USA portent une lourde responsabilité dans ce que certains appellent 'un séisme politique'. Cette politique musclée de Mrs Bush et Sharon ont déconsidéré les dirigeants du Fatah et fait le jeu du Hamas." Les organisations trotskistes ont un besoin viscéral de choisir constamment un camp bourgeois en présence, dans toutes les guerres, dans tous les conflits. Et cette politique tourne ici purement au ridicule. C'est ainsi qu’on a assisté en un an à un glissement progressif de ce soutien du Fatah vers le Hamas de la part de la LCR : "Les États-Unis et Israël tentent de renforcer le président de l'Autorité palestinienne, (...) afin d’affaiblir le gouvernement Hamas, massivement élu et toujours soutenu par la majorité des Palestiniens" ou encore plus explicitement, "C’est l’arrière-fond des confrontations sanglantes à Gaza de ces dernières semaines entre des militants du Fatah et des militants du Hamas, et dont le Fatah porte l’entière responsabilité" (souligné par nous).
Cette politique de girouette crée un désarroi dans le courant trotskiste, ce dont témoignent les furieuses empoignades sur le forum des marxistes révolutionnaires (forumtrots.agorasystem.com/lcr animé et contrôlé en sous-main par la LCR). Alors que la guerre fait rage entre fractions palestiniennes, la préoccupation des intervenants consiste à choisir l’une de ces fractions afin que le peuple palestinien, dans la boue et le sang, puisse enfin trouver le chemin de sa "libération nationale". Pour certains, il faudrait soutenir le Fatah qui serait progressiste. Pour d’autres, au contraire, et pour les mêmes raisons, il faudrait soutenir le Hamas.
Petit florilège, l’un avance : "L'une des fractions est nationalistes bourgeoises et l'autre représente le fascisme vert. Je préfère le Fatah !" Un autre lui répond : "Ce qu'on voit de façon assez claire dans cette crise, c'est quand même le Fatah passant un seuil dans le rôle de supplétif de l'impérialisme, en condamnant le gouvernement Hamas […] et en cherchant par tous les moyens à le déstabiliser".
Un troisième point de vue s’exprime : "Le Hamas ne défend pas la bourgeoisie ni le fascisme mais bien un système féodal basé sur l'obscurantisme religieux tandis que la Fatah, nationaliste laïque […] défend un Etat souverain dirigé par une bourgeoisie nationale […]. Moi, je choisis le FPLP."
Un autre sympathisant trotskiste renchérit : "Même si le FPLP soutient le Hamas ?" Réponse du précédent : "En l'absence d'une organisation marxiste et révolutionnaire capable de peser sur le cours des événements j'apporte mon soutien critique à qui je peux ! Et donc au FPLP en l'occurrence..."
Au nom de la démocratie, la LCR laisse cyniquement ces arguments sans réponse. Et pour cause, la cacophonie du débat n’est que le reflet de leurs propres contradictions.
Internationalisme prolétarien contre nationalisme bourgeois
Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste Révolutionnaire évitent soigneusement de poser la question : où se trouve la défense des intérêts de la classe ouvrière, en Palestine, en Israël, ou ailleurs dans le monde ? L’exploitation féroce de la classe ouvrière par la bourgeoisie palestinienne et israélienne a, comme par enchantement, disparu. La "défense de la patrie palestinienne, au nom des justes droits des Palestiniens" est martelé comme un mot d’ordre mobilisateur à destination de la classe ouvrière dans le bourbier inter-impérialiste. De ce fait, les officines trotskistes déversent le pire poison nationaliste dans les consciences ouvrières. Chaque bourgeoisie, palestinienne comme israélienne, appelle les ouvriers vivant sur son sol à participer à la guerre. D’un côté, il faudrait lutter pour "la juste cause du peuple palestinien", de l’autre, il faudrait, "défendre Israël contre la menace du fanatisme du monde arabo-musulman." Quelles sont les conséquences pour les ouvriers qui vivent en Palestine, comme en Israël, d’une telle position ? Quelle doit être l’attitude des ouvriers partout dans le monde face à ce conflit ? L’idéologie nationaliste est-elle une arme de combat de la bourgeoisie ou de la classe ouvrière ? Ces questions et les réponses qui en découlent ne sont pas secondaires pour la lutte de classe, bien au contraire, elles sont vitales pour le développement du combat de classe et de la conscience prolétarienne.
Partout les ouvriers ont les mêmes intérêts à défendre, contre la même classe d’exploiteurs. Cela ne signifie qu’une seule chose pour la classe ouvrière : aux guerres impérialistes et nationales de la bourgeoisie, le prolétariat ne peut opposer que sa guerre de classe et son unité internationale. Rosa Luxembourg, une des plus grandes figures du prolétariat révolutionnaire, l’affirmait déjà haut et fort il y a près d’un siècle : "A l’époque de l’impérialisme déchaîné, il ne peut y avoir de guerre nationale. Les intérêts nationaux ne sont qu’une mystification qui a pour but de mettre les masses populaires laborieuses au service de leur ennemi mortel : l’impérialisme." 1 Sous couvert de bons sentiments et au nom de la défense d’une patrie palestinienne où les droits du peuple seraient respectés, voilà à quel sale travail s’attellent des organisations comme LO ou la LCR. Pire ! Quand elles ont en face d’elles des organisations défendant de façon réelle et vivante l’internationalisme prolétarien, elles les traitent "d’indifférentistes". La seule position marxiste et révolutionnaire possible est celle que réaffirme un sympathisant des positions de la Gauche communiste intervenant dans le Forum trotskiste : "Ce qui se passe à Gaza montre encore une fois le danger que représente l'idéologie nationaliste pour la classe ouvrière. Quand la classe ouvrière est empoisonnée par cette idéologie, cela amène toujours celle-ci à s'entretuer entre elle pour des intérêts qui ne sont pas les siens. On l'a vu en 1914, lors de la deuxième guerre mondiale, lors des conflits entre le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest. Aujourd'hui avec la dislocation de l'Autorité palestinienne, on amène les ouvriers palestiniens à s'entretuer entre eux au nom du fait que tel ou tel camp serait progressiste. Alors que tous les camps en présence défendent une cause nationale qui n'est pas le terrain de la classe ouvrière. Face à cette situation encore une fois le cri de guerre du mouvement ouvrier doit être mis en avant : LES PROLETAIRES N'ONT PAS DE PATRIE."
Tino (22 janvier)
1 Thèses sur la démocratie internationale.
La Somalie est sous le feu des gangs et des puissances impérialistes depuis plus de 15 ans .
Au bout d’une semaine d’affrontements sanglants (fin décembre 2006), les troupes éthiopiennes, épaulées par l’armée américaine, ont mis en déroute les bataillons des Tribunaux islamiques qui ont dû fuir la capitale, Mogadiscio, en allant se réfugier dans les environs emportant leurs armes lourdes. Mais ces derniers sont loin d’être vaincus et livrent déjà une guérilla contre les forces d’occupation éthiopiennes et leur allié, le gouvernement fédéral.
En clair, sous l’égide de leurs parrains impérialistes respectifs, les rapaces qui s’affrontent en Somalie mènent une de ces guerres des plus sordides, par exemple, en allant jusqu’à enrôler de force des enfants, dont beaucoup ont moins de 10 ans, armés jusqu’aux dents pour tuer et se faire tuer. Par ailleurs, certains récits soulignent les atrocités et la barbarie du comportement de certains tueurs et autres violeurs qui profèrent des menaces particulièrement odieuses envers leurs victimes, du genre : " on va ôter aux jeunes filles leur virginité à coups de baïonnette". Pour les victimes, on parle de plusieurs milliers de morts en quelques jours.
Le "volcan somalien" sort donc de son lit pour se répandre dans tous les pays de la région, à commencer par l’Ethiopie et l’Erythrée qui en profitent pour poursuivre leur vieux et sanglant règlement de compte en terre somalienne. Et chacun de ces deux gangsters impérialistes a massé plusieurs milliers d’hommes en s’appuyant sur les deux principales cliques somaliennes en guerre. De son côté, le Kenya est d’ores et déjà impliqué dans le conflit du fait, notamment, de la présence sur son sol de dizaines de milliers de réfugiés. Et Nairobi est en train de refouler militairement des milliers de Somaliens qui fuient les combats sous prétexte d’empêcher l’incursion sur son territoire de "groupes terroristes".
La guerre se généralise ainsi, alors que la Somalie baigne toujours dans le chaos terrifiant dans lequel elle a été plongée par les divers chefs de guerre locaux téléguidés par les puissances impérialistes qui se disputent le contrôle de la région depuis les années 1990. En effet, depuis le renversement en 1991 de l’ancien président Siad Barré, les divers clans sanguinaires se succédant au pouvoir à coups de massacres incessants des populations, procèdent systématiquement à la destruction du pays. C’est ainsi que l’Etat central a disparu et le pays est coupé en régions sous le contrôle des factions maffieuses, à l’image de la capitale, Mogadiscio, morcelée en plusieurs zones entre les mains des bandes rivales, où chacune défend son territoire à coups de rackets, de viols, d’assassinats à grande échelle. Cela veut dire que ces zones constituent un véritable enfer pour les populations qui subissent toutes sortes de sévices sans aucun secours possible.
Non content d’avoir armé et encadré l’armée éthiopienne qui vient de chasser du siège du pouvoir les Tribunaux islamiques, le Pentagone a mené mi-janvier des raids aériens en Somalie provoquant plusieurs dizaines de morts. Il s’agit d’une nouvelle offensive militaire des Etats-Unis dans ce pays après l’échec cuisant de leur précédente intervention de 1993.
En effet, sous le prétexte fallacieux de l’opération "Restore Hope" ("Rendre espoir"), les Etats-Unis (en compagnie de la France et de l’Italie) visaient à contrôler la situation à leur profit en envoyant des dizaines de milliers de soldats et armements lourds sur place. Et, en 1994, les Etats-Unis ont dû plier bagages précipitamment sous le feu nourri des forces adverses, non sans continuer à téléguider, en sous-main, leurs pions criminels sur place face aux autres concurrents.
Selon l’Administration Bush, le but de l’engagement militaire des Etats-Unis en Somalie est de lutter contre le "terrorisme islamique des partisans de Ben Laden".
Grossière tromperie, car les Etats-Unis étaient déjà intervenus militairement en Somalie, bien avant l’existence d’Al-Qaida. En réalité, les Etats-Unis font la guerre dans cette région pour défendre leurs intérêts stratégiques impérialistes :
"La Corne de l’Afrique est d’une importance grandissante pour l’administration américaine. La région est considérée comme stratégique à la fois pour contenir le terrorisme islamiste et empêcher des ‘ Etats défaillants ‘, comme la Somalie, de devenir un sanctuaire pour Al-Qaida et, plus classiquement, pour contrôler les abords du golfe Persique et protéger le trafic pétrolier." (Le Monde du 4 janvier 2007)
Comme on le voit, le véritable but de la guerre que livre Washington est bien le contrôle des abords du golfe Persique, tout en tentant de se rendre maître de l’approvisionnement de l’or noir. Justement la Somalie est en face du golfe et constitue de fait un point stratégique pour toutes les puissances impérialistes qui se disputent le contrôle de la zone. D’ailleurs, c’est dans ce but que les Etats-Unis ont décidé de créer un sixième et nouveau commandement régional spécifique pour l’Afrique, appelé "US Africa Command". En fait, les Etats-Unis cherchent à élargir leur dispositif de surveillance dans les environs alors qu’ils possédaient déjà une base militaire à Djibouti et une autre à Diego Garcia sur l’Océan indien, en face de la Somalie. Dès lors, il est clair que les prétentions américaines ne peuvent que se heurter aux ambitions des puissances impérialistes rivales, qui, comme les Etats-Unis, instrumentalisent les diverses bandes locales en vue de leurs confrontations majeures qui se profilent dans la région.
Tant que les bras armés du capitalisme mondial ne seront pas brisés, la perspective pour la Somalie est plus que jamais à un nouveau plongeon dans la profondeur du chaos. En tous cas, c’est bien ce que la bourgeoisie avoue à travers un rapport de l’ONU, cité par la presse mondiale, dont Le Monde du 16 novembre 2006 :
"Victime d’une militarisation à outrance, la Somalie se dirige, selon les experts de l’ONU, inéluctablement vers une guerre de grande ampleur qui menace d’entraîner les pays de la région. (…) Les Tribunaux islamiques consolident leur emprise sur le pays en raison du soutien militaire de l’Erythrée, mais aussi de l’Iran, de la Syrie,, du Hezbollah libanais, de l’Egypte, de la Libye, de l’Arabie saoudite et de Djibouti.
Le gouvernement de transition, internationalement reconnu mais réfugié à Baidoa, bénéficie du "soutien agressif" de l’Ethiopie, de l’Ouganda et du Yémen. Selon le rapport, le gouvernement (de transition) ne fait toutefois pas le poids face aux islamistes, qui contrôlent la capitale, Mogadiscio, ainsi que la plupart du centre et du sud du pays, et sont capables de transformer la Somalie en un scénario de type irakien, avec attentats et assassinats."
Certes, les Tribunaux islamiques viennent d’être chassés de la capitale somalienne, mais ils ne sont pas loin et peuvent compter sur un nombre ahurissant de soutiens impérialistes pour mener des raids de grande ampleur contre leurs adversaires notamment américains. En clair, il est plus que probable que le pays se dirige tout droit vers un processus de "type irakien" : des tueries massives et aveugles par attentats et kamikazes contre rafles et bombardements massifs. Ou alors de "type congolais", à savoir, l’occupation du pays par un ensemble d’autres pays qui s’entretuent tout en se taillant, chacun, un territoire sous sa coupe.
La Somalie a beau être extrêmement pauvre et délabrée, elle n’en reste pas moins particulièrement convoitée par les vautours impérialistes. En cela, elle illustre la réalité la plus barbare du chaos et de la décomposition du capitalisme en Afrique.
Amina (13 janvier 2007)
Nous publions ci-dessous de larges extraits d'un courrier de lecteur qui s'interroge sur le devenir des luttes ouvrières. La préoccupation centrale du camarade est de comprendre comment et où vont se développer les futurs combats de la classe ouvrière.
« Chaque année environ 1% de la population chinoise (soit 13 000 000 de personnes, voire plus, soit une population au moins égale ou supérieure à celle de la Belgique) quitte les campagnes pour les villes. Ce phénomène est le même qu'a connu l'Europe au 19e siècle, sauf que les proportions ont changé et constituent une première historique.
La "classe moyenne", distinction de la sociologie bourgeoise, augmente numériquement, à vitesse grand V, et nous ne sommes qu'au début de ce processus. Mais ceci nous renseigne sur la taille du marché intérieur qui augmente tous les jours en Chine et qui est une convoitise de l'impérialisme unitaire. La Chine est dans sa phase de maturité impérialiste et une "aristocratie ouvrière" se forme déjà et se formera durant la prochaine génération. L'Inde ne la suit qu'avec quelques années de retard, on parle du tiers de l'humanité.
Ce sont ces 1% qui caractérisent notre époque. Ils sont la substance inflammable des futures luttes de classes qui seront d'abord juste économiques. Puis viendront les luttes politiques du prolétariat dont les rangs croissent très vite. L'impérialisme est réactionnaire sur toute la ligne c'est certain, mais cela ne veut pas dire que les capacités productives ne se développent plus.
A défaut de se développer d'un point de vue qualitatif (capacités destructives et crises), elles se développent d'un point de vue quantitatif. Il ne faut pas sous-estimer la capacité de putréfaction de l'impérialisme qui voit ses contradictions augmenter et qui connaît des crises partielles ou locales elles-mêmes fruit de ce développement […]. Car DANS SON ENSEMBLE, le capitalisme trouve aujourd'hui des solutions et c'est pour cela qu'il n'y a pas de crise aiguë et qu'on connaît une telle passivité sociale dans les métropoles opulentes de l'impérialisme (les luttes de classe en Europe et aux States sont très faibles aujourd'hui) […]. »
Les trois idées fondamentales défendues par ce riche courrier sont donc:
1. Le capitalisme ne connaît que des "crises partielles ou locales" car "dans son ensemble", il "trouve aujourd’hui des solutions" lui évitant toute "crise aiguë". Mieux, des pans entiers du globe, comme la Chine et l'Inde, sont en plein boom économique.
2. Cette bonne santé du capital expliquerait la "passivité" des ouvriers d'Europe et d'Amérique du nord, douillettement installés dans le confort des "métropoles opulentes".
3. Ainsi, à l'avenir, l'espoir reposerait sur les épaules de la masse ouvrière des régions d’Asie, véritable "substance inflammable des futures luttes".
Tenter de comprendre comment a évolué le capitalisme ces dernières décennies, comme le fait le camarade, est évidemment primordial. La physionomie de la classe ouvrière a bien changé depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Europe, et en partie les Etats-Unis, se sont progressivement désindustrialisés. Aujourd'hui, les ouvriers, lorsqu’ils ne sont pas au chômage, travaillent majoritairement dans le tertiaire. Par contre, en Amérique latine et surtout en Asie, la classe ouvrière industrielle a connu une très forte croissance numérique, jusqu'à représenter 80% des travailleurs de ce secteur.
Mais toutes ces mutations sont-elles réellement le fruit de la vitalité économique du capitalisme au niveau mondial, comme aimerait nous le faire croire la propagande bourgeoise? Evidemment, non. Au contraire ! C’est bien à cause de l’aggravation inexorable de la crise économique depuis la fin des années 1960 que la bourgeoisie des pays centraux a fermé les usines, délocalisé dans les pays du Tiers-Monde, là où la main d’œuvre est moins chère, et jeté sur le pavé des millions de prolétaires. La tendance à la disparition des ouvriers du secteur industriel en Europe s’est soldée par des charrettes de licenciements et par le surgissement du chômage massif dans les "métropoles opulentes".
Le capitalisme, comme un tout, est un système agonisant. Au milieu de la concurrence effrénée que se livrent toutes les nations, au gré des enjeux géostratégiques, des alliances, des fuites dans l'endettement et des déréglementations monétaires, certains pays durant quelques années peuvent connaître une forte croissance. Mais chaque fois, implacablement, la crise ressurgit plus forte encore, balayant toutes les illusions véhiculées par les médias sur ces prétendus "miracles économiques". Tel fut le sort de l'Argentine et du Brésil dans les années 1980, des « tigres et des dragons » dans les années 1990. Tel sera le sort de la Chine et de l'Inde dans les années à venir 1. Contrairement à ce que pense notre lecteur, le processus de prolétarisation de la classe exploitée en Asie n'est absolument pas "le même que celui qu’a connu l’Europe au 19e siècle". Aucune "aristocratie ouvrière" 2 ne "se forme" et aucune ne se "formera durant la prochaine génération". En Chine, comme en Inde, la tendance réelle est à la paupérisation extrême de la classe ouvrière. L'exploitation y est forcenée. Les usines sont de véritables "bagnes industriels" : les ouvriers mangent et dorment sur place, travaillent plus de 70h par semaine… tout cela pour être au bout de quelques mois tout simplement jetés sur le trottoir, épuisés 3. Et si dans la période d’ascendance du capitalisme, les ouvriers de la vieille Europe au 19e siècle voyaient peu à peu leurs conditions de vie s'améliorer au fil des réformes résultant de leurs luttes, les prolétaires d'Asie n’ont, quant à eux, qu’une seule perspective : encore et toujours plus de surexploitation et de misère. Aujourd’hui, les conditions de vie de tous les ouvriers, sur les cinq continents, sont marquées du sceau de la décadence du capitalisme, de sa crise économique insurmontable et toujours plus aiguë.
En qualifiant la classe ouvrière d'Europe de "passive" et celle d'Asie de "substance inflammable", le camarade sous-entend que l'avenir du combat dépend des travailleurs de Chine et d'Inde. Ce serait cette partie du prolétariat qui pourrait entraîner derrière elle ses frères de classe pour l'instant trop apathiques dans les pays d’Europe occidentale et d’Amérique. Il est vrai que face à leurs conditions de vie effroyables, les ouvriers d'Orient entrent en luttent massivement quand ils déclenchent une grève, comme en mai et juin 2006, au Bengladesh, quand deux millions d'ouvriers du textile ont mené une lutte spectaculaire par son ampleur et sa combativité. Mais au-delà du nombre et de la colère, l'aspect central du développement des luttes futures est la conscience.
En effet, pour la première fois de l'Histoire, la classe révolutionnaire est une classe exploitée. Ne disposant d'aucun pouvoir économique dans la société, elle tire sa force non seulement de son nombre et de sa concentration sur les lieux de production, mais aussi et surtout de son éducation et de sa conscience. Sa capacité à s'organiser collectivement dans la lutte, à se reconnaître en tant que classe, à développer en son sein, entre les différents secteurs et entre les différentes générations, l'unité et la solidarité… voila ce qui constitue la puissance du prolétariat. Ce n'est donc pas par hasard si c'est aujourd'hui au cœur de l'Europe que la classe ouvrière redécouvre la prise en main de ses luttes par les assemblées générales souveraines, comme ce fut le cas durant la lutte contre le CPE en France ou pendant la grève des métallurgistes de Vigo, en Espagne, au printemps 2006. Certes, ces luttes sont encore bien insuffisantes en comparaison des guerres et des famines qui ravagent la planète. Mais le plus significatif n'est pas tant l'ampleur de ces luttes que la réflexion dans les rangs ouvriers qu’elles révèlent. Il ne faut pas s'y tromper, une lutte comme le mouvement des jeunes générations de la classe ouvrière contre le CPE indique clairement que notre classe a ouvert une perspective la menant, à terme, vers les luttes de masses. Et c'est justement cette dynamique que la bourgeoisie tente par tous les moyens de cacher, ne reculant devant aucun mensonge sur les luttes quand elle ne les passe pas tout simplement sous silence. La grève exemplaire des métallurgistes de Vigo fut ainsi écrasée sous une véritable chape de plomb médiatique.
Les ouvriers d'Europe ont une expérience, une histoire qui leur confèrent la responsabilité d'être la référence principale des luttes internationales. Evidemment, les ouvriers des pays d'Asie ou d'Amérique du Sud sont confrontés à des conditions de vie terribles, et leur colère ne peut être qu'immense. Mais c'est en Europe que le capitalisme est né. C'est en Europe, sur finalement un tout petit territoire, que des millions d'ouvriers vivent depuis deux siècles, accumulant les expériences de lutte, la confrontation aux pièges les plus sophistiqués de la bourgeoisie, au sabotage syndical ou à la mystification démocratique. C'est aux ouvriers d'Europe que revient la tâche de montrer le chemin, en indiquant les buts et les méthodes qui permettent le développement de l'unité, de la solidarité et de la confiance au sein du prolétariat.
Le capitalisme est un système en faillite. Il attaque dans tous les pays la classe ouvrière. En Allemagne, aux Etats-Unis, en Chine ou ailleurs, le seul avenir qu'il nous réserve c'est toujours plus d'exploitation et toujours plus de misère. Mais face aux coups de boutoir de la crise économique, le prolétariat relève peu à peu la tête, resserre les rangs, pour aller uni au combat. La lutte de la classe ouvrière est par essence internationale : elle est comme un tremblement de terre dont les ondes se propagent aux quatre coins du globe. L'épicentre de ce séisme se situe en Europe, dans le berceau du capitalisme. Ce prolétariat, le plus expérimenté, chargé d'histoire, a la possibilité et la responsabilité de développer ses luttes, d'entraîner derrière lui tous ses frères de classe des autres régions du monde. Pour cela, il va devoir continuer son travail de ré-appropriation de son propre passé, masqué derrière le fatras idéologique et les mensonges de la bourgeoisie. Quant aux révolutionnaires, l'une de leurs tâches est de transmettre dans tous les pays le meilleur de la tradition de la lutte ouvrière, passée, présente et à venir. C'est ce que fit, par exemple, le CCI lors du mouvement anti-CPE en France en rompant le black-out international orchestré par la bourgeoisie.
Pawel
1 Nous ne pouvons ici, en quelques lignes, développer suffisamment ce que représente réellement la croissance économique en Chine, pourquoi sa nature révèle, elle aussi, la faillite du capitalisme. Nous reviendrons sur cette question importante dans de futurs articles et nous encourageons tous nos lecteurs à participer à ce débat, à venir l'enrichir de leurs questions, doutes et analyses en nous écrivant.
2 Le terme "aristocratie ouvrière" renvoie à une conception particulière de la classe ouvrière avec laquelle nous sommes en total désaccord. Pour en savoir plus, lire notre article : "Aristocratie ouvrière: une théorie sociologique pour diviser la classe ouvrière", disponible sur notre site Internet, www.internationalisme.org [14]
3 Pour se faire une idée des conditions effroyables de vie et d'exploitation en Chine, lire "Temps moderne, horaires antiques" de Pietro Basso.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/crise-economique
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/vie-bourgeoisie-france
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/elections-2007
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/gauchisme
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/anti-globalisation
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/guerre-irak
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/56/moyen-orient
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/57/israel
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/58/palestine
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/trotskysme
[13] https://fr.internationalism.org/en/tag/geographique/afrique
[14] http://www.internationalisme.org
[15] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe