Depuis le mois de janvier, les bobards racontés par la classe dominante
sur la "bonne santé de l'économie" et le "bon moral
des Français" n'ont cessé d'être ouvertement contredits
par les faits. Des faits criants de vérité : le capitalisme est
bel et bien en crise et les bourgeois sont bien obligés aujourd'hui de
le reconnaître. La seule chose que ce système capitaliste soit
capable de faire, ce n'est pas d'apporter de plus en plus de "prospérité"
à l'espèce humaine -comme on essaie encore de nous le faire croire-,
mais au contraire toujours plus de misère et de chômage, toujours
plus de barbarie guerrière. Et, pour ceux qui se révoltent, la
répression la plus bestiale, comme en Algérie où les récents
événements nous donnent aujourd'hui un avant-goût de ce
qui arrivera ici lorsque le prolétariat se soulèvera face à
l'Etat bourgeois. Voilà le vrai visage du capitalisme.
Et le seul moyen qu'ait ce système de "gérer" sa crise, c'est de taper toujours plus fort sur ceux qu'il exploite : les salariés, les prolétaires, ceux qui travaillent pour un toujours plus maigre salaire et dont c'est pourtant le travail qui fournit l'essentiel de la richesse sociale. Derrière leurs discours hypocrites, l'Etat et son gouvernement sont, dans tous les pays, les principaux orchestrateurs de ces attaques anti-ouvrières. En France, sous couvert de "réduction du temps de travail", le gouvernement de la gauche plurielle a réussi à imposer partout une aggravation des conditions de travail et des pressions toujours plus fortes sur les salaires. C'est encore lui, en parfaite complicité avec le patronat, qui organise les réductions de remboursements de sécurité sociale, l'attaque contre les chômeurs, les menaces de plus en plus précises sur les retraites, etc.
Jusqu'à présent, c'est par petits paquets que la bourgeoisie et
son Etat ont réussi à faire passer leurs attaques contre les conditions
d'existence des prolétaires. Ainsi, la mise en place des accords de RTT
et leur cortège d'aggravation des conditions de vie s'est faite, non
seulement branche par branche mais même boîte par boîte. Dans
une entreprise "publique" comme la Poste, c'est ville par ville et
même bureau par bureau qu'on a mis en oeuvre les "réorganisations"
liées aux 35 heures. Ce qui fait que la riposte, malgré le fait
qu'elle n'a épargné aucun secteur, privé comme public,
s'est trouvée d'entrée éparpillée, saucissonnée
et donc impuissante. Ceci avec l'active complicité des syndicats qui
ont tout fait pour maintenir ces luttes dans l'isolement.
Mais aujourd'hui la nouvelle plongée dans la crise économique
ne permet plus à la classe dominante de déguiser ses attaques
derrière de prétendues "mesures sociales", ni de les
présenter comme quelque chose de spécifique, s'attaquant à
tel ou tel "corporatisme" ou "privilège" (!) particulier,
ni même de les étaler dans le temps. Non. Les annonces à
répétition de "plans sociaux" (hypocrite vocable pour
désigner les charrettes de licenciements) de ces derniers mois, à
Danone, AOM-Air Liberté, Marks & Spencer, Pechiney, Motorola, Valeo,
Moulinex, Bosch, Alsthom, et derniers en date Philips et Alcatel, ne sont plus
des attaques isolées contre telle ou telle catégorie ouvrière.
C'est une offensive directe, frontale, avouée, contre la classe ouvrière
toute entière. Et cela ne se passe pas seulement en France mais en même
temps, dans tous les pays, et notamment dans tous les pays les plus développés
de la planète. Plus encore, aujourd'hui, chaque prolétaire peut
d'ores et déjà se douter, même si aucun "plan social"
n'est encore annoncé dans "sa" boîte, qu'elle risque
d'être la prochaine à faire la Une des journaux avec en face un
chiffre : combien d'usines à fermer, combien de milliers d'emplois à
supprimer.
La bourgeoisie n'est pas en train d'attaquer des "postiers", des "sages-femmes", des "Pechiney", des "cheminots" ou des "Lu", elle s'attaque à la classe ouvrière toute entière. Et cela pose au prolétariat la question d'une riposte ouvrière à la hauteur de la massivité de cette offensive. La nécessité de rompre avec l'isolement, de se battre ensemble sur notre terrain de classe est contrainte, qu'on le veuille ou non, de commencer à faire son chemin dans les têtes. C'est bien pourquoi toute la bourgeoisie de gauche bien pensante, les représentants de l'Etat, et avec eux les syndicats, n'ont eu de cesse d'essayer de contrer ce besoin et, quand il ne peuvent plus le contrer, de tout faire pour le dévoyer vers des impasses.
Ainsi, le premier souci de la classe dominante quand elle cogne sur les ouvriers, c'est d'épargner l'Etat de la colère ouvrière et de toute critique de son rôle de garant de l'ordre bourgeois. C'est pourquoi tout est fait pour nous dire que les plans de licenciements sont le fait de patrons particuliers, de la "cupidité" des actionnaires et du "libéralisme sauvage", tandis que l'Etat, lui, n'y est pour rien. Non seulement il n'y est pour rien, nous dit-on, mais... il est contre ! La preuve, le gouvernement vient de nous pondre une "loi de modernisation sociale" qui est censée empêcher ce fameux "libéralisme sauvage" de frapper trop "sauvagement". Tu parles !
En fait d'intervention de l'Etat sur la réglementation des licenciements, la "loi Guigou" n'est déjà dans sa forme initiale qu'un bla-bla juridique autour de la procédure qui va accompagner et légaliser les licenciements dans les entreprises. Là-dessus, on assiste à un grand barouf du PCF qui lui reproche "de ne pas aller assez loin" dans la protection sociale des salariés licenciés. Le PC menace alors de mettre le gouvernement en minorité en votant contre l'adoption de cette loi au parlement. Ce qui permet au PCF de lancer un appel national à tous les ouvriers menacés par les plans de licenciements pour descendre dans la rue le 9 juin. Et c'est Arlette Laguiller et ses bataillons de LO qu'on a vu défiler une nouvelle fois au coude-à-coude avec Robert Hue. Mieux, outre le PCF et les gauchistes, ce sont presque tous les syndicats mais aussi les Verts, la plupart des mouvements associatifs et citoyens, et jusqu'au Club de la Gauche Socialiste (courant de la gauche du PS) qui ont appelé à se mobiliser "tous ensemble". Pour réclamer quoi ? Une loi plus sociale du gouvernement. Contre quoi ? "Les abus du libéralisme" et les "licenciements boursiers". Ainsi, la Gauche Socialiste pouvait déclarer dans un tract : "Se mobiliser aux côtés des salariés dont l'emploi est menacé sans véritable motif économique, ce n'est pas seulement manifester de la solidarité, c'est protester contre le libéralisme à tout crin, c'est défendre l'intervention de l'Etat en matière de régulation du marché". Nous y voilà !
Ainsi, on nous a présenté le 9 juin comme "un grand moment
de mobilisation unitaire contre les plans sociaux", alors qu'on a poussé
à l'inverse les ouvriers à se rassembler derrière la défense
d'un "vrai gouvernement de gauche" et donc derrière l'Etat
bourgeois. Tout cela pour voir finalement le PCF voter le 13 juin la loi Jospin-Guigou
assortie d'amendements parfaitement bidons. Ces amendements nous ont pourtant
été présentées comme "une victoire de la mobilisation
de la rue", selon la propagande du PCF. Or, ce qui s'est passé,
c'est tout, sauf une riposte de la classe ouvrière sur son terrain de
lutte. C'est en fait une mesure de la bourgeoisie uniquement destinée
à renforcer ses amortisseurs sociaux au moment où l'accélération
de la crise économique la contraint à des plans de licenciements
massifs contre la classe ouvrière.
D'ailleurs, depuis que la loi Jospin-Guigou
est passée, des nouveaux licenciements ont été annoncés
chez Philips ou Alcatel, sans que cela change quoi que ce soit pour les ouvriers
concernés. En fait, la "mobilisation exemplaire" du 9 juin
ne visait pas autre chose qu'à donner une fausse réponse à
un besoin d'unité et de politisation bel et bien présent dans
les rangs de la classe ouvrière. Mais ce besoin d'unité et de
politisation n'a de sens que dans la seule perspective possible d'un point de
vue prolétarien : le renversement du capitalisme. En aucun cas, ce ne
peut être pour réclamer ou attendre des lois de la part du gouvernement
et de l'Etat.
Cela signifie que pour atteindre cette unité et cette politisation
dans le développement de ses luttes, la classe ouvrière doit prendre
conscience que ceux qui prétendent la défendre sont des ennemis
de classe qui l'entraînent systématiquement dans des impasses stériles.
Les ouvriers doivent assimiler peu à peu l'idée qu'ils ne peuvent
compter que sur leurs propres forces, qu'ils ont besoin de prendre en charge
eux-mêmes leurs luttes à travers des assemblées générales
souveraines, des délégués de grève élus et
révocables en permanence, assurant l'extension vitale de la lutte à
d'autres entreprises, à d'autres secteurs, contre toutes les forces d'encadrement
que sont les partis de gauche et les syndicats. Voilà quels sont les
véritables besoins d'unité et de politisation de la lutte ressenties
au sein de la classe ouvrière.
Loin de lui permettre de circonscrire le mouvement de protestation qui secoue le pays depuis deux mois maintenant, la brutalité de la répression policière dont a fait preuve l'Etat algérien, a servi de catalyseur à la révolte[1] [3]. Ce mécontentement a culminé avec la manifestation monstre du jeudi 14 juin. Celle-ci a réuni plus d'un million de manifestants dans les rues d'Alger, venus d'un peu partout, surtout des régions de l'Est de l'Algérie, et pas seulement de Kabylie. Jamais une telle manifestation ne s'était produite en Algérie depuis 1962. De nouveaux affrontements avec les forces de l'ordre ont alors fait plusieurs morts et des centaines de blessés. Les unités de police anti-émeutes ont chargé avec du gaz et des canons à eau mais surtout elles ont tiré avec des grenades explosives et des balles réelles.
Entre avril et mai, il y eût 52 morts et 1300 blessés, certains d'entre eux arrachés des hôpitaux par la police pour parachever la répression. Depuis, la révolte a pris la forme d'un mouvement tellurique secouant toute la société algérienne, alternant émeutes et manifestations massives, surgissant dans la moindre faille du dispositif policier, d'un bout à l'autre du pays, débordant largement le cadre de la revendication berbérophone dans lequel les médias bourgeois, français notamment, aimaient à nous décrire les événements.
C'est la mort d'un lycéen tué par balles dans une caserne de gendarmerie en Kabylie qui avait mis le feu aux poudres le 18 avril. On peut d'ailleurs se demander si la "raison politique" de cette provocation policière ne réside pas une nouvelle fois dans les luttes intestines des fractions de la bourgeoisie algérienne qui ravagent les coulisses de l'Etat depuis des lustres. Quoi qu'il en soit, si cette explosion de colère a trouvé son détonateur dans une répression aussi absurde que barbare, elle se nourrit essentiellement d'une exaspération sociale qui est à son comble. C'est avec cette phrase terrible que les jeunes décrivent leur existence : "nous sommes déjà morts", dans un pays où plus de 70% de la population a moins de 35 ans et le chômage dépasse largement les 30% !
"Du travail !" a été la première des revendications des manifestants : "Parmi les revendications..., l'accès à un emploi figurait en tête de liste. Ils sont de plus en plus nombreux à réclamer ce droit. C'est le motif de leur colère actuelle contre le système". Ce fléau touche près du tiers de la population : "En hausse de 4 % entre 1997 et 2000, selon le BIT (Bureau International du Travail), le taux de chômage est passé de 26,41 à 30,49 %" (El Watan 26 juin).
"A bas la misère!" la seconde grande revendication avec une pénurie qui hante les régions et s'abat sur les familles à tout moment : rationnements d'eau potable, coupures d'électricité, pénuries de denrées alimentaires de base, abandon des services de santé, caractérisent la vie quotidienne en Algérie où des milliers de pauvres sont transformés en mendiants jour après jour. En 1988, il y eût "la révolte de la semoule" à cause d'une brutale augmentation de prix des denrées de base. Cette révolte, réprimée par l'armée, fit plus de 500 morts. Depuis, la population algérienne non-exploiteuse n'a jamais pu connaître un semblant d'espoir de voir son sort s'améliorer. Le PNB par habitant est passé en dix ans de 3700 à 1600 dollars. Les couches non-exploiteuses d'Algérie sont en train de vivre un processus accéléré de paupérisation.
"A bas la Hogra !", aura été le troisième grand cri des manifestants qui, après deux années d'exercice du "providentiel" Bouteflika, ont vu la corruption se répandre avec toujours plus de mépris pour les besoins les plus élémentaires de la population.
"A bas la répression !" aura été enfin, le dernier grand cri du ras le bol de la société algérienne qui n'en peut plus d'étouffer sous la botte de l'appareil militaire et policier, véritable squelette de l'Etat capitaliste et embrassant dans une mortelle étreinte la moindre respiration de la vie sociale.
Malgré ces légitimes revendications un sentiment de détresse déchire tous les coeurs. Car, malheureusement, après deux mois d'explosion, nous ne voyons pas pointer dans ce mouvement ne serait- ce que l'embryon d'une affirmation prolétarienne indépendante, en termes de conscience et d'organisation, seule force qui pourrait donner à la colère de la rue un sens et une perspective.
Le régime algérien s'assimile à bien des égards aux Etats néo-staliniens qui fleurirent aux quatre coins de la planète dans la deuxième moitié du 20e siècle et dont la maison mère, l'URSS, se vautra à la fin des années 80 dans un océan de décomposition, d'anarchie politique, de corruption, de misère sociale, sans que le prolétariat n'ait pu trouver la force d'intervenir sur son terrain de manière indépendante.
Aujourd'hui, douze ans après, la situation n'a fait qu'empirer. Des années d'une guerre non déclarée entre le pouvoir militaire et les islamistes, faisant plus de 100.000 morts et des milliers de disparus, a terrorisé une population prise en otage entre deux blocs armés, utilisant une sauvagerie inouïe et bien programmée.
L'armée, véritable ossature du pouvoir, après avoir fait taire momentanément ses divisions[2] [4], laisse Bouteflika assumer la responsabilité de la répression et de l'anarchie. Celui-ci, énième pantin de l'Etat capitaliste algérien, après quinze jours d'un pesant silence, n'a eu d'autre position que celle d'un zélé serviteur de la bourgeoisie qu'il est : Appels au calme, à l'unité nationale, etc.
C'est aussi le cas de tous les politiciens embusqués derrière le bois, attendant le moment propice pour récupérer le mécontentement en faveur d'un "projet démocratique" susceptible d'alimenter le crédit politique de l'Etat, même si ce ne sera que pour quelques mois de plus.
On ne voit guère plus les islamistes, d'ailleurs bien intégrés dans les arcanes du pouvoir officiel. C'est bien une preuve de plus que cette manifestation particulièrement rétrograde du niveau de décomposition atteint par la société bourgeoise, n’était qu'une fausse réponse, fabriquée de toutes pièces[3] [5], à la terrible dégradation des conditions de vie de la classe ouvrière et des couches non-exploiteuses ces 12 dernières années.
En avril, on a beaucoup insisté sur les revendications régionalistes berbères : ce serait un mouvement pour la langue et la culture. Cela a obligé même un parti politique, le Rassemblement Culturel Berbère, à quitter le gouvernement Bouteflika pour avoir les mains libres pour " dénoncer la répression ". Quant à l'autre parti bourgeois "démocrate", le Front de Forces Socialistes, il soutient le mouvement pour mieux tenter de le récupérer pour le compte d'un programme de "sauvetage de l'Algérie" qui n'est jamais qu'un programme de défense de l'Etat bourgeois et du capital algérien. Comme les autres forces bourgeoises en présence, il ne fait que disputer au régime militaire le contrôle de l'économie et notamment des rentrées de devises de la rente du gaz et du pétrole algériens.
L'image des politiciens bourgeois d'opposition, qu'ils soient démocrates, ou qu'ils soient islamistes, est presque aussi dégradée que ceux qui occupent le pouvoir, civil ou militaire, qui sont littéralement vomis. Ainsi, il est très peu probable que les "forces d'opposition démocratique", malgré le soutien diplomatique et idéologique que leur apporte l'Etat français, représentent vraiment une alternative à la crise et au régime militaire du FLN, compte tenu de l'arriération des structures algériennes dans un contexte de crise économique mondiale. La seule chose dont la bourgeoisie algérienne sera capable, c'est encore l'utilisation de ces révoltes pour renforcer son pouvoir répressif. A l'heure actuelle, le pouvoir algérien fait tout et va tout faire pour circonscrire cette révolte dans un cadre régional kabyle ou démocratique national, en multipliant les provocations, en accentuant les divisions entre "arabes" et "kabyles" et autres faux choix. A tel point que la seule institution qui parvient à encadrer un tant soit peu la colère de la population en Kabylie sont les "comités des villages", organismes qui sont des vestiges d'un monde révolu et qu'on remet en service -en coordination avec diverses "associations" d'intellectuels du monde éducatif-, pour essayer d'enfermer cette colère dans l'étau de l'identité culturelle berbère d'un côté et de la revendication démocratique de l'autre. Voilà comment la classe dominante algérienne essaye de compenser l'incapacité chronique de son Etat de se doter des oripeaux d'une démocratie bourgeoise à l'occidentale.
Ces comités prônent de fait la paix sociale : "Les membres de la coordination des archs et des comités de daïras et de communes souhaitent, par ailleurs, l'arrêt des émeutes. Le mouvement de contestation doit se poursuivre, de leur avis, dans un pacifisme total afin d'éviter que l'état d'exception ne soit décrété, et par conséquent gêner leurs actions futures." (El Watan 2 juin).
A tout cela s'ajoute la pression des grandes puissances, en premier lieu de la France, mais aussi des Etats-Unis, pour qui l'Algérie est un pays de la plus grande importance stratégique dans l'échiquier impérialiste. Elles aussi participent activement à la prise en otage de la population, dans leur rivalité pour le contrôle de la rive Sud de la Méditerranée, par fractions bourgeoises locales interposées.
Que fait la classe ouvrière dans les événements récents ? Il y a douze ans encore, on a pu voir, du moins au début de la révolte, une classe ouvrière qui exprimait de timides tentatives, à travers ses grèves, d'affirmer son existence. Aujourd'hui, le moins qu'on puisse dire c'est que la mobilisation ouvrière n'apparaît pas de façon claire dans les événements. Même si les émeutes impliquent un grand nombre de jeunes ouvriers et chômeurs, ceux-ci sont mêlés dans une masse plus informe qui inclut aussi bien les petits commerçants et paysans locaux. Et surtout, même si des grèves sont déclenchées de ci de là, elles sont noyées dans le mouvement populaire et restent dans l'ensemble soumises aux mots d'ordres des diverses coordinations de "citoyens" ou des syndicats.
Ceci ne veut pas dire que la bourgeoisie algérienne, au premier chef l'armée, ignore le danger potentiel que représenterait une réelle mobilisation de la classe ouvrière des centres industriels sur son terrain de classe, c'est-à-dire de l'extension de grèves sur la base de revendications élaborées de manière indépendante par des assemblées ouvrières. On a pu voir en mars dernier, un mois avant l'explosion de la révolte, à l'occasion de grèves dans le secteur du gaz et pétrole, que cette préoccupation était tout à fait réelle, puisque syndicats et gouvernement ont été d'une très grande prudence : "La direction de la centrale syndicale, qui, jusque-là, a pratiqué une politique de modération sociale, s'est abstenu de désavouer le mouvement de contestation sociale." (L’Humanité, 14/04/2001).
Mais il faut être lucide, c'est actuellement la révolte de la jeunesse qui tient le haut du pavé. En cela, et bien qu'il exprime des revendications qui concernent le prolétariat (contre la répression, contre le chômage, etc.), ce mouvement -tant que n'émergera pas une réelle mobilisation ouvrière indépendante- ne peut que s'épuiser et finir par servir de masse de manoeuvre aux affrontements entre cliques bourgeoises. Il en est de l'Algérie comme de beaucoup d'émeutes de la misère qui, de plus en plus nombreuses, dans un contexte de crise et de décomposition, explosent de par le monde. La seule force qui puisse leur présenter une perspective, un espoir et empêcher leur récupération sur un terrain bourgeois, c'est la classe ouvrière, dans son combat sur son propre terrain contre l'exploitation capitaliste. C'est pourquoi, pour les prolétaires algériens, il ne s'agit pas de soutenir les émeutiers en venant simplement grossir leurs rangs. Il s'agit d'abord d'affirmer leurs propres revendications, d'affirmer leur autonomie de classe en s'organisant de manière distincte, en dehors de toutes les sirènes syndicales classiques (qui sont les piliers sociaux du régime de capitalisme d'Etat du FLN) comme de toutes les sirènes démocratiques, identitaires ou islamistes. Toutes ces sirènes-là, au delà de leurs luttes intestines, en appellent toutes au même objectif, parfaitement bourgeois : celui de "sauver l'Algérie", c'est-à-dire de défendre l'intérêt du capital algérien. Cet intérêt du capital national qui est, comme partout ailleurs, antagonique à celui du prolétariat. Rompre avec tout objectif national, se battre comme une partie de la classe ouvrière internationale, relier consciemment son combat à tous les combats prolétariens contre l'exploitation capitaliste et son cortège de licenciements, de chômage et d'austérité de part le monde, voilà la tâche de la classe ouvrière en Algérie, comme elle est celle de la classe ouvrière en France, au Japon ou aux Etats-Unis.
Certes dans l'immédiat, cette partie du prolétariat international en Algérie est bien faible. Dans les centres industriels, elle est encore largement prisonnière du carcan syndical qui l'enferme notamment dans l'illusoire "privilège" que serait le fait d'avoir un emploi et un salaire. Cela dit, comme partout ailleurs, elle a potentiellement les moyens de se mobiliser pour ses intérêts immédiats et l'aggravation de la crise économique ne peut que venir alimenter ces potentialités de lutte. Cependant, c'est, bien au delà, la question de la capacité du prolétariat d'affirmer à terme son projet politique propre qui est posée et que viennent nous rappeler les tragiques événements d'Algérie. Alors, à ce niveau, il faut être clair : cette question n'a pas sa réponse en Algérie même, mais d'abord dans le développement du combat ouvrier dans les pays centraux.
Ainsi, dans les pays développés, et notamment en France, la classe ouvrière n'a qu'une manière d'affirmer sa solidarité avec ses frères de classes de l'autre côté de la Méditerranée et de s'opposer à la sauvagerie de la répression qui s'abat sur les manifestants en Algérie. C'est d'abord de ne pas mêler sa voix à celle des bourgeois hypocrites qui réclament du gouvernement français "qu'il aide l'Algérie à se doter d'un régime vraiment démocratique", c'est de refuser tout autant d'aller défiler derrière des drapeaux algériens ou kabyles comme le 17 juin dernier à Paris. C'est ensuite, tout naturellement, de développer ses luttes ici, contre les licenciements, le chômage, les bas salaires, luttes qui seront un puissant révélateur de la réalité internationale du prolétariat. Notamment ce sont ces luttes qui pourront dissiper les illusions sur l'Etat bourgeois démocratique qui pèsent si lourdement à la périphérie[4] [6]. Enfin, sur le plan politique, un travail est à l'ordre du jour : celui de regrouper internationalement la petite minorité d'éléments prolétariens conscients qui peut émerger à l'occasion de la crise sociale en Algérie (comme dans d'autres régions du monde), notamment en s'appuyant sur les liens organiques et historiques forts qui existent entre ces deux parties du prolétariat international de part et d'autre de la Méditerranée. Ceci, d'ores et déjà, constitue la tâche des révolutionnaires. Sans elle, la classe ouvrière mondiale ne pourra pas accomplir sa tâche historique de destruction de l'Etat bourgeois et de renversement des rapports de production capitaliste à l'échelle internationale.
PBP (1er juillet)
[2] [9] Sur le consensus entre les onze généraux qui chapeautent l'Etat algérien, voir l'interview de Hichem Aboud, ancien chef de cabinet du patron de la sécurité militaire algérienne dans Le Nouvel Observateur du 14 juin 2001.
[3] [10] Soit par l'Etat dans la période Chadli pour le FIS, soit par des impérialistes concurrents dans le cas des GIA (Arabie Saoudite et Etat-Unis par exemple).
[4] [11] Cet Etat bourgeois des pays développés dispose d'un arsenal impressionnant d'amortisseurs sociaux qui suffisent pour le moment à maintenir une relative paix sociale. Mais le même Etat n'aura demain pas plus d'états d'âme que la clique de Bouteflika pour réprimer la classe ouvrière des pays centraux quand, ayant brisé ces digues, elle se dressera contre l'ordre capitaliste.
Comme pour toute organisation dans le mouvement ouvrier, le congrès constitue l'instance suprême du CCI. C'est l'occasion par excellence pour tirer un bilan du travail effectué depuis le précédent congrès et tracer les perspectives de celui à entreprendre pour la période qui vient.
Ce bilan et ces perspectives ne sont pas établis en "vase clos". Ils dépendent étroitement des conditions dans lesquelles l'organisation est amenée à faire face à ses responsabilités, et en premier lieu, évidemment, du contexte historique général.
Il appartient donc au Congrès de faire une analyse du monde actuel, des principaux enjeux des événements qui affectent la vie de la société sur le plan de la situation économique (dont les marxistes savent qu'elle détermine en dernière instance tous les autres aspects), de la vie politique de la classe dominante, et donc des conflits qui opposent les différents secteurs de celle-ci, et enfin sur le plan de la vie de la classe qui seule est en mesure de renverser l'ordre existant, le prolétariat.
Dans l'examen de la situation de ce dernier, il appartient aux communistes de se pencher sur l'état et les perspectives des luttes de classe à l'heure actuelle, du degré de conscience dans les masses ouvrières des enjeux de ces luttes, mais il leur appartient de se pencher également sur l'état et l'activité des forces communistes existantes qui sont une partie du prolétariat.
Enfin, et dans ce dernier contexte, le Congrès se doit d'examiner l'activité de notre propre organisation et de mettre en avant des perspectives lui permettant de faire face à ses responsabilités au sein de la classe.
Ce sont ces différents points qui seront abordés dans cet article de présentation de notre 14e congrès international.
Nous avons commencé dans le dernier numéro de notre journal la publication de la résolution sur la situation internationale qui a été adoptée par le congrès et qui synthétisait les différents rapports qui lui ont été présentés ainsi que la discussion menée sur ces rapports. En ce sens, il est inutile de revenir sur chacun des aspects de la discussion qui s'est menée sur la situation internationale. Nous nous contenterons de rappeler le début de cette résolution qui établit le cadre des enjeux du monde actuel :
"L'alternative à laquelle l'humanité est confrontée en ce début du 21ème siècle est la même qu'au début du 20ème : la chute dans la barbarie ou le renouveau de la société par la révolution communiste. Les marxistes révolutionnaires, qui, durant la période tumultueuse de 1914-1923, insistèrent sur ce dilemme incontournable, auraient pu à peine imaginer que leurs héritiers politiques soient encore obligés d'y insister au début du nouveau millénaire.
En fait, même la génération des révolutionnaires "post 68" qui a surgi de la reprise des luttes prolétariennes après la longue période de contre-révolution commencée durant les années 20, ne s'attendait pas vraiment à ce que le capitalisme en déclin fût si habile à survivre à ses propres contradictions, comme il l'a prouvé depuis les années 60.
Pour la bourgeoisie, tout ceci est une preuve de plus que le capitalisme est l'ultime et maintenant la seule forme de société humaine et que le projet communiste n'a jamais été rien de plus qu'un rêve utopique. La chute du bloc " communiste " en 1989-91 a apporté une apparence de vérification historique à cette notion, pierre angulaire nécessaire de toute l'idéologie bourgeoise. (...) (Point 1)
Les générations futures regarderont sûrement avec le plus grand mépris les fausses justifications avancées par la bourgeoisie au cours de cette décennie; elles verront certainement cette période comme une période de cécité, stupidité, horreur et souffrance sans précédent. (...)
Aujourd'hui, ce à quoi l'humanité doit faire face n'est pas simplement la perspective de la barbarie : la descente a déjà commencé et elle porte en elle le danger de saper toute tentative de future régénération sociale. Mais la révolution communiste, logiquement le point culminant de la lutte de la classe ouvrière contre l'exploitation capitaliste, n'est pas une utopie, contrairement aux campagnes de propagande de la classe dominante. Cette révolution demeure une nécessité requise par l'agonie mortelle du mode de production actuel, et en même temps représente une possibilité concrète, étant donné que la classe ouvrière n'a ni disparu ni été vaincue de façon décisive." (Point 2)
En fait, une grande partie de chacun des documents présentés, discutés et adoptés pendant le Congrès[1] [13] est consacrée à une réfutation des mensonges que la bourgeoisie déverse aujourd'hui autant pour se rassurer elle-même que pour justifier aux yeux des masses exploitées la survie de son système. Il en est ainsi parce que les analyses et les discussions des révolutionnaires sur la situation à laquelle ils sont confrontés n'ont pas pour autre objectif que d'aiguiser le mieux possible les armes du combat de la classe ouvrière contre le capitalisme. Le mouvement ouvrier a appris depuis longtemps que la plus grande force du prolétariat est, outre son organisation, sa conscience, une conscience qui s'appuie nécessairement sur une profonde connaissance du monde qu'il s'agit de transformer et de l'ennemi qu'il faut abattre. C'est pour cela que le caractère combattant des documents soumis au congrès et de ses discussions ne signifie nullement que notre organisation soit tombée dans la tentation de se contenter de l'affirmation de simples slogans dénonçant les mensonges bourgeois, au contraire. La profondeur avec laquelle les révolutionnaires abordent les questions est partie intégrante du combat qu'ils mènent. C'est une constante dans le mouvement ouvrier depuis plus d'un siècle et demi mais qui revêt à l'heure actuelle une importance encore plus fondamentale. Dans une société entrée en décadence depuis la première guerre mondiale et qui aujourd'hui est en train de pourrir sur pied, la classe dominante est incapable d'engendrer la moindre pensée sociale cohérente ou rationnelle, encore moins dotée d'une quelconque profondeur. Tout ce qu'elle sait faire c'est de produire une multitude de gadgets idéologiques plus superficiels les uns que les autres, qu'elle présente évidemment comme des "vérités profondes" (la "victoire définitive du capitalisme sur le communisme", la Démocratie comme "valeur suprême", la "mondialisation, etc.) et qui n'ont même pas l'avantage de l'originalité puisque leur prétendue "nouveauté" se résume à des habillages différents de vieilles platitudes éculées. Mais aussi nulle que soit la "pensée" bourgeoise d'aujourd'hui, elle parvient encore, à grands renforts de médias, à bourrer le crâne des prolétaires, à coloniser leur esprit. En ce sens, l'effort des communistes pour aller à la racine des choses n'est pas seulement un moyen pour comprendre du mieux possible le monde actuel, il constitue un contrepoison indispensable face à la tendance à la destruction de la pensée qui est une des manifestations de la décomposition dans laquelle s'enfonce la société d'aujourd'hui. C'est pour cela qu'une des caractéristique majeures des rapports préparés pour le congrès, et qui correspondait à une décision de l'organisation, était qu'ils ne se contentaient d'analyser les trois aspects essentiels de la situation mondiale -la crise économique, les conflits impérialistes, le rapport de forces entre prolétariat et bourgeoisie, et donc la perspective de la lutte prolétarienne- mais qu'ils se penchaient sur la façon dont le mouvement ouvrier avait posé ces questions par le passé.
Une telle démarche était d'autant plus importante, à l'heure où commence un nouveau siècle, que toute une série de caractéristiques de la situation mondiale ont été bouleversée au cours de la dernière décennie du siècle passé.
A la fin de 1989, le bloc de l'Est s'est effondré comme un château de cartes provoquant non seulement une remise en cause complète des alignements impérialistes qui étaient sortis de Yalta en 1945 mais aussi un profond recul de la classe ouvrière confrontée aux formidables campagnes sur "la faillite du communisme". De tels bouleversements exigeaient évidemment de la part des révolutionnaires une actualisation de leurs analyses, et c'est ce que notre organisation a fait au fur et à mesure que se produisaient ces événements. Cependant, nous avons jugé utile de revenir encore sur les implications des formidables événements qui se sont déroulés à la fin de 1989, et particulièrement sur deux aspects :
La plus grande clarté sur ces questions était d'autant plus indispensable qu'il existe aujourd'hui sur elles pas mal de confusion parmi les organisations de la Gauche communiste. C'est aussi à ce type de confusions, qui sont en fait des concessions aux thèmes idéologiques de la bourgeoisie, que répondaient les rapports et la résolution adoptés par le congrès. En particulier, ces différents documents :
En fait, cette préoccupation d'examiner en détail, et éventuellement de critiquer, les analyses de la situation historique présente existant au sein du milieu politique prolétarien fait partie de l'effort permanent de notre organisation pour définir et préciser les responsabilités des groupes révolutionnaires à l'heure actuelle, des responsabilités qui vont évidemment au delà de l'analyse de la situation.
Les rapports, résolution et discussions du congrès ont mis en évidence qu'il existe aujourd'hui, après une décennie de grandes difficultés dans le développement de la conscience dans la classe ouvrière, une certaine maturation souterraine de celle-ci.
"La maturation souterraine de la conscience de classe dans le contexte d'un maintien du cours historique aux affrontements de classe, exprimant un processus de réflexion qui - tout en étant toujours minoritaire - touche de plus grands secteurs de la classe et va plus profond que dans la phase qui a suivi 1989. Les expressions visibles de cette maturation comprennent :
Une telle situation confère aux groupes qui se réclament de la Gauche communiste des responsabilités nouvelles. Le congrès a donc consacré une part importante de ses travaux à examiner l'évolution de ces groupes. Il a mis en évidence une difficulté de ces groupes à faire face à ces responsabilités. D'une part, avec l'interruption de la publication de "Daad en Gedachte" aux Pays-Bas, il n'existe plus de manifestation organisée de la branche germano-hollandaise de la Gauche communiste (le courant "conseilliste"). D'autre part, les courants qui se réclament de la Gauche italienne (les différents groupes de la tradition "bordiguiste" qui s'intitulent tous "Parti communiste international", de même que le Bureau international pour le Parti révolutionnaire) restent grandement enfermés ou se replient de façon croissante dans le sectarisme, comme nous l'avions déjà mis en évidence il y a deux ans suite à leur refus d'une prise de position commune face à la guerre du Kosovo (voir Révolution internationale n°291).
Pourtant, avec l'apparition actuelle de nouveaux éléments qui se tournent vers la Gauche communiste, il est important que celle-ci retrouve pleinement sa tradition dans laquelle elle associait étroitement la plus grande rigueur au niveau des positions politiques à une attitude d'ouverture de chacun de ses groupes à la discussion avec les autres groupes. C'est la condition pour que ces organisations soient réellement partie prenante du processus qui s'annonce d'un nouveau développement de la conscience dans le prolétariat.
C'est pour cela que notre résolution sur la situation internationale inclut les responsabilités spécifiques de notre propre organisation dans celles de l'ensemble du courant révolutionnaire aujourd'hui :
"Les responsabilités auxquelles fait face la classe ouvrière sont immenses : rien moins que le sort de l'humanité entre ses mains. Ceci en conséquence confère d'immenses responsabilité à la minorité révolutionnaire, dont la tâche essentielle dans la période à venir sera :
"Le cours historique vers l'affrontement de classe fournit le contexte pour la formation du parti communiste mondial. Le milieu prolétarien constitue la matrice du futur parti, mais il n'y a aucune garantie qu'effectivement il l'engendrera. Sans une préparation rigoureuse et responsable par les révolutionnaires d'aujourd'hui, le parti sera mort-né, et les conflits massifs de classe vers lesquels nous nous dirigeons ne franchiront pas ce pas essentiel : de la révolte à la révolution." (Point 15)
Le congrès a estimé que, pour sa part, notre organisation pouvait tirer un bilan positif dans l'accomplissement de ces responsabilités au cours de la période passée. Cependant, il a conclu que le CCI, conscient qu'il est soumis, à l'image de l'ensemble de la classe, à la pression délétère de la décomposition croissante de la société, devait maintenir toute sa vigilance face aux différentes manifestations de cette pression, tant au plan de ses efforts dans le domaine de l'élaboration de ses analyses et positions politiques que de sa vie organisationnelle. Plus qu'à toutes les autres périodes du passé, le combat pour la construction de l'organisation communiste, instrument indispensable de la lutte révolutionnaire du prolétariat, est un combat permanent et de tous les jours.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/situation-sociale-france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/crise-economique
[3] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftn1
[4] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftn2
[5] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftn3
[6] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftn4
[7] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftnref1
[8] https://fr.internationalism.org/ri313/edito_Algerie_emeutes.htm
[9] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftnref2
[10] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftnref3
[11] https://fr.internationalism.org/ri314/Algerie_manifestation_repression.htm#_ftnref4
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/229/algerie
[13] https://fr.internationalism.org/ri314/14e_congres.htm#_ftn1
[14] https://fr.internationalism.org/ri314/14e_congres.htm#_ftnref1
[15] https://fr.internationalism.org/revue-internationale/200110/19/revue-internationale-no-106-3e-trimestre-2001
[16] https://fr.internationalism.org/revue-internationale/200110/20/revue-internationale-no-107-4e-trimestre-2001
[17] https://fr.internationalism.org/en/tag/vie-du-cci/resolutions-congres