Nous ne pouvons que déplorer le fait que le BIPR, qui fait aussi partie de la Gauche communiste, n’en ait pas fait autant mais ait choisi de se mettre du côté des détracteurs du CCI et ait adopté leurs méthodes sordides et cyniques. C’est une grave trahison de tout ce que représente faire partie du milieu politique prolétarien. De plus, les autres groupes historiques de la Gauche communiste sontrestés spectateurs de la situation, indifférents à la menace de ces éléments dont le seul but est la destruction des organisations prolétariennes et, avec elles, de l’espérance d’une société sans classe.
Cependant, bien que les autres groupes historiques du milieu politique prolétarien révèlent leur incapacité à défendre les organisations révolutionnaires, il y a néanmoins des éléments, qui sont en contact avec le CCI et avec la Gauche communiste en général, qui ont vu l’importance de cette bataille et veulent prendre les armes pour défendre les principes et le futur du prolétariat révolutionnaire. Ils ont écrit au CCI pour exprimer leur solidarité et leur soutien, et/ou nous ont envoyé des copies des lettres qu’ils ont écrites au BIPR pour protester contre son comportement anti-prolétarien et essayer de l’appeler à ne pas tomber dans l’abîme.
Ces lettres traitent de questions qui sont vitales pour l’unité de la classe ouvrière et de ses éléments politisés, c’est pour cette raison que nous en publions des extraits pour encourager la réflexion chez d’autres visiteurs de notre site internet.
Nous ferons peu de commentaires sur le contenu parce que, essentiellement, les lettres parlent d’elles mêmes.
Le point de départ de ces lettres est une réflexion sur des événements qui viennent de l’expérience des auteurs, en tant qu’éléments en recherche d’un cadre qui leur permette de comprendre le monde dans lequel nous sommes obligés de vivre et de s’engager dans un processus pour le changer. Ils ont trouvé le pôle de référence dont ils ont besoin dans la Gauche communiste et ils ressentent très fortement que la campagne déchaînée par la FICCI et le Circulo contre le CCI les vise aussi ainsi que toute la classe ouvrière. Ils sont choqués et indignés par ces attaques.
« Dans les limites de nos possibilités, nous ne tolérerons pas des accusations de stalinisme contre le CCI ou contre tout groupe qui a combattu pendant des décennies contre la contre-révolution la plus sanglante dans l’histoire de l’Humanité.
Nous n’acceptons pas que de telles calomnies soient lancées gratuitement, sans preuve apparente, et encore moins quand elles proviennent d’un groupe peu clair avec une trajectoire vraiment douteuse comme la FICCI. » (Lettre signée par « un groupe d’ouvriers du Pays basque »).
Plusieurs lettres veulent mettre en avant l’expérience propre de leurs auteurs pour défendre le CCI contre les fausses accusations faites contre lui et défendre notre méthode de débat, tout autant que notre façon de traiter les questions organisationnelles.
« Les réunions publiques auxquelles nous avons assisté, les discussions que nous avons quelquefois eues avec vous, qui concernaient tant de questions importantes du mouvement ouvrier international, se sont toujours tenues dans une atmosphère d’ouverture et de respect mutuel. En particulier, les divergences politiques ont toujours été discutées avec une attitude autocritique de solidarité. Les nouveaux participants qui avaient hésité à prendre la parole, ou ceux qui avaient mis en avant des positions controversées sur les questions abordées, ont toujours été encouragés à participer pleinement à la discussion.
Tout cela révèle que les accusations qui ont été portées contre vous sur le site web du BIPR (Bureau International pour le Parti Révolutionnaire) à travers le « Cercle de Communistes Internationalistes » d’Argentine, selon lesquelles vous travailleriez et agiriez de manière « stalinienne » sont purement du dénigrement qui a pour but de discréditer une organisation révolutionnaire qui travaille dans beaucoup de pays du monde.
Nous avons de l’estime pour votre ouverture et saluons vos efforts pour faire, aux yeux de tous, la lumière sur l’orchestration d’une campagne dirigée contre vous et en dernière instance, contre nous aussi. » (Prise de position adoptée par les participants à une réunion publique du CCI en Allemagne , à l’initiative d’un sympathisant).
« Je crois que (le CCI) est une organisation honnête, qui a fait une contribution inestimable à la clarification au sein du milieu politique prolétarien, dont il se considère lui-même – et dont il peut être considéré – comme faisant partie.
C’est un groupe qui a toujours stimulé le débat de façon fraternelle, il a été respectueux quand il y a eu des désaccords qui ont surgi et, chose inconnue auparavant, il a fourni des publications des autres organisations du milieu politique prolétarien pour qu’elles soient lues. » (Lettre d’AN, Espagne).
« Le CCI a essayé de classer tout un ensemble de comportements politiques sous la définition de « parasitisme politique ». En tant que personne qui a eu beaucoup de ces comportements aberrants, je peux témoigner du fait que les « Thèses sur le parasitisme » du CCI ont été un outil politique irremplaçable pour comprendre les racines et les conséquences de ce comportement. Je peux aussi témoigner du fait que bien qu’ayant attaqué le CCI (à un degré bien moindre toutefois que les autres parasites), celui-ci n’a jamais donné le moindre signe de ‘stalinisme’ à mon égard. Au contraire, tout en ne renonçant pas à son droit de se défendre, il a fait de son mieux pour m’aider à identifier ce que je faisais et à travailler dans le sens d’un dépassement même s’il y a encore du chemin à faire. Ce n’est pas le comportement d’une organisation qui ne « peut pas tolérer les désaccords » ou qui serait « paranoïaque » ou « sujette à des hallucinations ». (JB, Grande Bretagne).
« Le CCI n’a jamais retiré ou censuré les textes qui me sont parvenus. On doit aussi remarquer que, aussi douloureux que cela puisse avoir été, cette organisation a eu le courage de parler publiquement de la crise. Cela veut dire que celle ci peut être abordée ouvertement dans la discussion, ce qui permet d’éviter toute tentative de la résoudre à huis clos avec des manœuvres bizarres, une méthode étrangère au prolétariat. » (RQ, Espagne).
« Quand ils ont eu des problèmes internes, ils en ont parlé ouvertement, les ont portés à la connaissance de tous. Il nous semble que cette attitude les honore en tant qu’organisation authentiquement communiste. Et si, aujourd’hui, il y a eu de sérieuses avancées au niveau politique et théorique, nous le devons à ces militants révolutionnaires qui ont résisté envers et contre tout aux efforts faits, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, pour dénaturer le programme communiste.
Ils ont aussi essayé de porter le débat sur l’arène internationale quand il y a eu des conflits extrêmement graves, comme les guerres qui assiègent la planète. Mais nous savons tous (ou du moins ceux d’entre nous qui ont suivi la situation) quelle a été la réponse des autres groupes face à des événements aussi criminels. Le CCI appelait à une action unie contre la guerre impérialiste, la réponse a toujours été un mépris complet de la part de ceux qui se proclament internationalistes et sont sûrs qu’ils sont le seul parti. » (Ouvriers basques).
Deux de ces lettres attirent l’attention sur le fait que les manœuvres insidieuses du « Circulo de Comunistas Internacionalistas » d’Argentine et de la FICCI ont pris de façon spécifique le NCI en ligne de mire. Derrière leurs préoccupations vis à vis des camarades du NCI, il y a le fait de réaliser que c’est un groupe – bien que sur un autre continent – qui fait le même pénible effort de clarification qu’eux, leur souci est une expression vivante du caractère international, unifié, du prolétariat et de sa lutte.
« Le CCI a été attaqué mais pas seulement le CCI. Tous ceux d’entre nous qui disent se référer politiquement à la Gauche communiste ont été attaqués au moyen de manœuvres qui ne sont en aucun cas nouvelles mais qui sont les méthodes criminelles que la bourgeoisie utilise pour détruire les nouveaux militants ou les groupes prolétariens. Nous en sommes sûrs parce qu’il est évident que la FICCI a utilisé les mêmes moyens qu’elle a utilisés pour essayer de détruire le CCI de l’intérieur : les manœuvres, l’intrigue, etc. pour tenter de détruire les camarades en Argentine. C’est à dire qu’elle a essayé de répandre toutes sortes de doutes et la suspicion pour semer la discorde entre ces camarades et le CCI. » (Ouvriers basques).
« J’exprime ma solidarité avec les camarades du NCI en Argentine qui, en dépit de ce qui est arrivé, ont pris une position sur la crise, dans plusieurs déclarations écrites qui sont tout à fait valables, la déclaration du 27/10/04 et celle du 7/11/04. » (RQ, Espagne).
« La vie au sein des organisations communistes doit être un reflet de ce que sera la future société communiste » (lettre d’AN, Espagne).
Les sympathisants saisissent une question qui a une importance énorme pour le prolétariat tout entier : agir avec des principes et correctement est une condition pour garantir la confiance, la solidarité et la dignité prolétarienne de la classe ouvrière. C’est à dire que ces aspects font partie de la nature d’une classe qui a tout intérêt à détruire les divisions qui lui sont imposées, et n’a aucune raison de rabaisser ses frères de classe pour mettre en avant ses intérêts personnels ou sectoriels. Au contraire, cette classe ne peut atteindre son but final qu’en réalisant son unité de classe internationale. De plus, ses organisations politiques ne peuvent faire autre chose qu'exprimer la nature de la classe qui les a sécrétées.
Dans sa lettre, JB (Grande Bretagne) aborde cette question dans le contexte des difficultés rencontrées pour construire une organisation révolutionnaire :
« La construction de l’organisation communiste est un projet rempli de difficultés et de contradictions – celle ci ne peut exister qu’en tant que corps étranger au sein de la société bourgeoise et est donc en conséquence attaquée en permanence à tous les niveaux de son existence.
Pour combattre cette agression continuelle des « anticorps » de l’ordre bourgeois, les révolutionnaires doivent avoir la compréhension collective la plus rigoureuse de comment doit fonctionner une organisation communiste. C’est pourquoi toutes les organisations adoptent des règles de fonctionnement et une méthode organisationnelle bien précise pour aborder les débats et les désaccords inévitables qui surgissent au sein des organisations.
Sans ces structures et sans ces principes révolutionnaires, les organisations n’existent pas. Il n’y a aucune honte à ce que des révolutionnaires ne soient pas d’accord entre eux. Pas plus qu’il n’y a de honte pour des militants, ou des groupes de militants, à quitter une organisation quand ils ne sont plus d’accord avec sa plate-forme ou ses positions :
Mais c’est une grande honte de :
De la même façon que les contacts se rendent compte que le cadre et les principes du mouvement ouvrier sont la clef de leur propre recherche de clarté et de cohérence, ils se rendent compte aussi de la responsabilité qui incombe à ces organisations qui viennent de la tradition de la Gauche communiste. C’est à dire le poids historique de ces groupes dont le rôle est de maintenir et faire connaître le programme historique et les principes sécrétés par la classe ouvrière. Les lettres des contacts adressées au BIPR critiquent fortement l’attitude de celui-ci par rapport aux attaques du Circulo et de la FICCI contre le CCI.
« Au cours des derniers mois, une campagne de calomnie a été montée contre le CCI par la FICCI et le Circulo. Malheureusement, l’attitude du BIPR vis à vis du CCI dans cette affaire est absolument scandaleuse. Cette attitude est incompatible avec tout ce que représente la classe prolétarienne.
Pour commencer, le BIPR a mis « la déclaration du Circulo » sur son site internet sans consulter le CCI.
Ensuite et en plus, le BIPR a délibérément menti sur le vol de la liste d’adresses des abonnés du CCI et a utilisé ces adresses pour ses intérêts propres. Comment se fait-il que les invitations du BIPR aient été envoyées aux abonnés du CCI qui n’avaient donné leur adresse qu’à ce dernier ?
Sur le premier point, nous nous demandons comment une organisation (le BIPR) dont les fondements se situent dans la tradition de la gauche communiste et des principes prolétariens, qui connaît le CCI depuis de nombreuses années et qui le considère comme étant une organisation prolétarienne, peut immédiatement prendre le parti du Circulo sans même contacter le CCI. Du point de vue des principes communistes, le BIPR aurait dû d’abord contacter le CCI pour lui demander son point de vue sur les accusations. (…)
Sur le deuxième point, comment peut-il se faire qu’une organisation communiste, qui est fondée sur des principes tels que la confiance, l’honnêteté, la solidarité, défende ce vol et cache la vérité à ses propres militants ?
Alors que le BIPR essaie de clouer le bec au CCI en disant « qu’alors que tant de choses se passent dans le monde, le CCI n’a rien de mieux à faire que d’écrire des ‘prises de position’ sur ses disputes », il s’engage pleinement dans un regroupement avec les parasites. C’est du pur opportunisme.
Ce que le BIPR a fait, concernant les deux points cités plus haut et les autres calomnies contre le CCI, c’est uniquement dans l’intérêt de la bourgeoisie et contre les intérêts du prolétariat international ». (Deux sympathisants d’Amsterdam).
« Nous condamnons de la façon la plus tranchante possible le fait que vous ayez mis votre site web à la disposition de telles campagnes ordurières et que vous ayez, sans aucun commentaire, sans aucun examen ou aucune vérification, permis que le CCI soit insulté par le cercle en Argentine (le Circulo de comunistas internacionalistas), comme étant une organisation stalinienne qui emploie des méthodes nauséabondes.
Nous le considérons comme politiquement hautement responsable et parfaitement en droit d’exclure de l’organisation et des réunions, des membres qui se sont rendus coupables d’avoir volé des listes d’adresses d’abonnés et qui, avec la plus révoltante des méthodes bourgeoises, sans aucune preuve, ont accusé un membre dirigeant de l’organisation d’être un ‘flic’ ». (les participants à une réunion publique en Allemagne).
Un camarade de France rappelle au BIPR que l’unité au sein du camp prolétarien et le débat fraternel sont indispensables pour les révolutionnaires :
« Eparpillées et faibles comme ils le sont, les quelques organisations révolutionnaires qui existent aujourd’hui doivent polémiquer, discuter systématiquement des questions historiques autant que de l’actualité, certes. Il me semble que depuis 30 ans, les contributions (régulières, argumentées, lucides) du CCI sont loin du « vide méthodologique et politique » que vous dénoncez. Certes, le débat pour la clarté doit être vivant, sans compromis, mais il doit, ce me semble, rester fraternel entre les organisations de la Gauche communiste. Si comme vous le dites, il y a tant ‘à travailler pour chercher à comprendre ce qui se passe dans le monde’, il y a aussi tant à faire pour AGIR ensemble (et quelle force, quelle portée cela aurait), distribuer ENSEMBLE, organiser des réunions COMMUNES sur l’essentiel, ce qui nous rassemble : l’internationalisme, la lutte contre la guerre… Car «l’expérience du passé montre qu’un lien de fraternité doit exister entre les travailleurs des différents pays et les inciter à tenir bon, coude à coude, (….) et que si on dédaigne de lien, le châtiment sera l’échec commun de ces efforts sans cohésion » (Marx, Adresse inaugurale) ».
Une lettre adressée au BIPR par « deux jeunes sympathisants de la Gauche communiste » traite aussi de la nécessité de rapports fraternels entre organisations prolétariennes. En outre, elle souligne que le soutien du BIPR au Circulo d’Argentine et à la FICCI contre le CCI ternit son image d’organisation communiste aux yeux de ceux qui, comme eux, considèrent la tradition de la Gauche communiste comme un guide :
« … nous sommes ouverts à toutes les organisations communistes révolutionnaires et très en faveur d’une discussion entre ces groupes, discussion qui est très importante pour notre clarification politique. C’est un chemin nécessaire et indispensable pour le développement de la conscience et l’unification du camp prolétarien sur la base d’accords véritables. (…)
… Nous remarquons que sur votre site internet, soutenus par la FICCI, vous avez publié un texte du Circulo de Comunistas Internacionalistas d’Argentine, qui accuse le CCI de refuser systématiquement toute discussion avec les groupes qui ont des opinions différentes des leurs. Nous pouvons supposer que vous êtes d’accord avec cette accusation puisque vous la publiez. Une telle accusation, faite sans argument approprié et sans aucune explication valable, nous semble plutôt non fondée vu les efforts du CCI pour développer la discussion et fournir des clarifications.(…)
Votre accusation est d’autant plus fausse que, à notre connaissance, le CCI a souvent fait référence au milieu politique prolétarien (…) et vous a cité comme une de ses composantes, vous demandant de nombreuses fois d’intervenir ensemble avec lui contre les guerres impérialistes. En plus, sur votre attitude , en particulier, à la réunion publique à Berlin le 15/05/04 sur les causes de la guerre impérialiste (…), dans la conclusion de la discussion, celui qui parlait au nom du BIPR a défendu la position selon laquelle la discussion montrait que le débat entre le BIPR et le CCI était « inutile ». (…).
Nous trouvons donc que votre attitude diverge notablement de l’image que nous avons d’une organisation communiste révolutionnaire, ce qui doit obligatoirement nous décevoir, et nous voulons souligner ceci pour vous dans cette lettre.
En outre, est-ce que la solidarité entre organisations communistes n’est pas le moteur du combat qui nous unit ? En espérant que nos critiques ne seront pas considérées comme animées par de mauvaises intentions vis à vis du BIPR et, qu’au contraire, elles aideront à faire de meilleures analyses d’un problème important qui n’a certainement pas fait l’objet d’une réflexion profonde. ».
Le groupe d’ouvriers du Pays basque critique aussi le refus du débat du BIPR :
« il y a une phrase qu’ils ont écrite qui montre toute la faiblesse du BIPR : "nous en avons assez de discuter avec le CCI". D’abord, nos prédécesseurs n’étaient jamais fatigués de discuter, au contraire, c’était un devoir de rechercher la plus grande clarté possible. Ce goût pour la théorie a été perdu et nous devons le redécouvrir. Mais le BIPR ne veut pas de débat ouvert avec qui que ce soit, il veut seulement des adhésions à ses positions sans aucune discussion ou questionnement. Une attitude typique du gauchisme : si on est d'accord, tant mieux, sinon tant pis, c'est comme ça. Il y a beaucoup à faire et une discussion doit être entreprise pour former le futur parti de la classe ouvrière ; ce ne sera pas le CCI tout seul, ou le BIPR tout seul, qui seront impliqués dans cette tâche mais beaucoup de groupes prolétariens qui vont surgir, du moins on l’espère.
En évitant le débat, le BIPR montre clairement sa faiblesse théorique, comme il le fait quand, dans sa colère incontrôlée, il nous dit « nous n’avons pas de comptes à rendre au CCI ou à qui que ce soit d’autre sur nos actions politiques ». Ici, nous trouvons le « droit divin » du LEADER, qui a le droit de faire ce qui lui plaît, parce que les leaders sont au dessus du BIEN et du MAL. En résumé, la référence pour la morale et l’Ethique est à trouver dans les œuvres complètes des JESUITES ».
Beaucoup de lettres envoyées au BIPR condamnent son opportunisme comme indigne d’une organisation prolétarienne. C’est-à-dire qu’elles stigmatisent une politique caractérisée par un abandon des principes en faveur de l’utilisation de moyens qui sont étrangers au prolétariat de façon à être « devant » dans ce que ce groupe semble concevoir comme une course pour gagner les cœurs et les esprits de la nouvelle génération. Les contacts sont aussi conscients du point auquel la promiscuité politique du Bureau avec la FICCI et le Circulo est autodestructrice. Ces messieurs ne visent pas seulement à la destruction du CCI grâce à des manœuvres sordides, mais aussi l’anéantissement politique du BIPR, quoique, dans ce cas, avec des flatteries et des chants de sirène.
Comme le dit GW d’Grande Bretagne au BIPR :
«… la création du BIPR à partir de la CWO et de BC était fortement marquée par un anti-CCIisme aussi bien que par un penchant opportuniste. Je crois cependant maintenant que les derniers développements montrent une chute qualitative de l’activité du BIPR qui menace son existence même en tant que force révolutionnaire. Apparaît clairement maintenant ce qui avait été implicite depuis quelque temps : le BIPR se considère, non pas comme des camarades du CCI mais en concurrence avec ce dernier.
Cette attitude de boutiquier, fondamentalement une attitude bourgeoise, ne peut, si elle ne change pas radicalement, que signifier la ruine du BIPR en tant qu’expression du prolétariat. (…) Elle va complètement à l’opposé de la solidarité de la classe ouvrière, de la confiance dans la classe ouvrière et les événements récents confirment que vous ne comprenez et ne partagez que très peu de ces attributs fondamentaux, essentiels, d’une classe révolutionnaire. (…) Avoir des liens avec n’importe quel élément anti-CCI, que ce soit un Tom, Dick ou Harry et lui faire de la publicité est, de votre part, l’expression d’une trahison fondamentale et éhontée des principes du mouvement ouvrier du passé. Vous excusez platement le vol d’une organisation révolutionnaire parce qu’il s’est fait au nom des « droits des dirigeants ». Vous pourriez dire que fait partie de l'activité normale du business pour écraser un rival. Au moins, cela serait plus honnête… »
Le groupe d’ouvriers du Pays basque dit aussi au BIPR, en des termes très clairs, que sa méthode est contre tout ce la classe ouvrière défend et que ce ne doit pas être toléré :
« Non, Messieurs du BIPR, pour notre classe, tout n’est pas acceptable. Notre morale prolétarienne est l’antithèse de la morale bourgeoise : chacunest responsable de ses actes. Cela vous concerne et c’est même plus applicable dans votre cas puisque vous vous êtes manifestés pour défendre la FICCI et ses méthodes maffieuses, ou essayez-vous peut-être de nous faire croire à cette lettre et aux choses horribles qu’elle raconte ?
Vous avez publié la lettre sur internet pour lui donner le maximum d’audience, vous devez quelque chose à ceux qui l’ont lue. Nous n’acceptons pas que vous justifiiez le vol de quelque chose d’aussi important qu’une liste d’adresses et de l’argent d’une organisation prolétarienne. Nous sommes stupéfaits devant des arguments aussi vulgaires que ceux selon lesquels ceux qui ont fait ce vol seraient des dirigeants de la vieille garde. Que dites-vous sur ce qu’ils voulaient faire ? Remettre le CCI dans le droit chemin ? Ca ne veut pas dire qu’ils ont le droit de voler.
Oui, Messieurs du BIPR, vous devez rendre des comptes et pas seulement au CCI mais à nous tous. Quelle est votre morale, quel code de conduite et quel comportement sont les vôtres ? Faites vous partie de la classe ouvrière ? Il y a aussi des frontières de classe sur cette question. »
Les contacts sont stupéfaits qu'une organisation de la Gauche communiste excuse le vol par la FICCI du fichier d'adresses des contacts. Ils trouvent outrageant que le BIPR défende cela sur la base du fait que les éléments qui ont formé la FICCI auraient été - supposent-ils- des "leaders" de notre organisation. (Voir "Réponse aux accusations stupides d'une organisation en dégénérescence" sur le site du BIPR)
Les "Deux jeunes sympathisants de la Gauche communiste" demandant au BIPR : "Croyez-vous vraiment que les "leaders" d'une organisation communiste ont plus de droits et de pouvoir que les militants qui la composent et, si oui, la propriété exclusive des documents communs ?"
C’est une question très pertinente. Nous espérons que le Bureau daignera répondre parce que, contrairement à son affirmation selon laquelle « nous n’avons pas de compte à rendre au CCI ou à qui que ce soit de nos actions politiques », ces éléments qui cherchent dans le mouvement de la Gauche communiste une direction politique, ont tous les droits et, pour dire plus, même le devoir, de demander que les organisations révolutionnaires rendent des comptes sur leurs actions. De la même manière, ces organisations ont la responsabilité de donner les raisons de leurs choix politiques à l’ensemble de la classe ouvrière qui les a sécrétées.
Le « groupe d’ouvriers basques » a aussi quelque chose à dire sur cette question :
« Les mots utilisés par le BIPR, tels que « la vieille garde, les dirigeants », provoquent chez nous un profond dégoût parce qu’ils sont le reflet d’une conception du parti qui est typiquement bourgeoise. Ce n’est pas hasard si les « dirigeants » s’unissent pour manipuler comme ils veulent tous les militants honnêtes qui se rapprochent de la Gauche communiste. Le meilleur exemple en est ce qui est arrivé en Argentine et il est impardonnable qu’une telle attitude soit tolérée et qu’elle ne soit pas dénoncée aux quatre coins du monde. Quelqu’un qui essaie de détruire un groupe prolétarien mérite notre mépris, pas notre respect. »
Un camarade en Suède fait référence à la vision du BIPR selon laquelle le vol de la liste d’adresses n’était pas un vol puisque ce que voulaient ces « dirigeants » du CCI était de remettre les militants du CCI dans le droit chemin :
« La logique de défendre le vol est pire que le vol lui même. Le BIPR met en avant une position gauchiste ou religieuse du rôle dirigeant du parti. Les militants dans le CCI ne sont pas des idolâtres religieux qui peuvent être conduits sur la bonne voie pas plus qu’ils ne sont des fantassins qui peuvent être dirigés par un commandant. Mon opinion, c’est que les militants au sein de la Gauche communiste (pas seulement dans le CCI), au contraire de ce qui se passe dans la gauche du capital, ont des capacités, sont bien informés, font des analyses, en bref, sont de réels révolutionnaires. »
Un autre camarade qui écrit d’Amérique demande : «A quel moment est-ce que l’opportunisme franchit les frontières de classe ? Est ce qu’adopter une tactique bourgeoise ne serait pas le premier pas en direction de l’adhésion à l’idéologie bourgeoise.» (IO)
Comme le dit GW : « les développements récents montrent une dérive qualitative dans l’activité du BIPR qui menace son existence même en tant que force révolutionnaire ». Conscients des eaux troubles dans lesquelles patauge le BIPR, les sympathisants ont la préoccupation de l’empêcher d’aller vers l’abîme dans lequel il semble déterminé à se précipiter, pour répondre à la gentille invitation de la FICCI.
Les deux camarades d’Amsterdam disent : « Nous condamnons cette attitude opportuniste du BIPR vis à vis du CCI. Nous espérons que dans l’intérêt de la lutte de classe et de l’unité prolétarienne, le BIPR fera une auto-critique de son attitude dans cette affaire ».
La prise de position des participants à la réunion publique du CCI à Berlin dit :
« Nous vous appelons à revenir sur le terrain des attitudes prolétariennes et des principes de débat, ce qui veut dire :
Vous devez assumer de façon durable la responsabilité collective que vous avez à l’égard du prolétariat international. Mettez-vous devant une table avec le CCI et les autres forces révolutionnaires et débattez publiquement des questions centrales qui concernent le mouvement ouvrier, le capitalisme et son renversement ».
JB, Grande Bretagne, déclare :
« La question du parasitisme est une question qui concerne l’ensemble de la Gauche communiste. Je soutiens l’appel du CCI aux autres organisations prolétariennes et à leurs contacts et sympathisants à prendre position sur les thèses du CCI sur cette question :
En bref, développer la discussion de la façon la plus large et la plus rigoureuse possible, comme il en incombe au mouvement ouvrier dans son ensemble. »
RQ, Espagne, souligne la responsabilité générale des éléments politiques du camp prolétarien:
« Le milieu politique prolétarien doit assumer ses responsabilités. L’évolution de la situation : le BIPR qui rentre en crise en insistant sur le fait qu’il maintient et continuera à maintenir sa collaboration avec la FICCI ; l’intervention de dernière minute de l’obscur Circulo de Comunistas Internacionalistas en Argentine et le silence des autres organisations, qui auraient dû prendre position contre le comportement des éléments de la FICCI, parce qu’aucune organisation prolétarienne vivante n’est à l’abri de ceux-ci. Cela me fait penser à une sorte de complot contre une organisation révolutionnaire comme le CCI, qui a été organisé avec certains qui y participent activement et d’autres par défaut. »
IO d’Amérique nous demande : « Je dois demander pourquoi vous accordez autant d’attention à la FICCI (…). J’imagine que parler d’elle est utile peut-être en tant que leçon du parasitisme en action, autrement ne devrait-on pas les ignorer en grande partie ? ». Si nous avons consacré tant de temps et d’efforts dans notre lutte publique contre la 'non-sainte' alliance du parasitisme et de l’opportunisme représenté par la FICCI et le BIPR, c’est parce que – si petits que soient les nombres impliqués – nous combattons pour défendre les principes mêmes de l’action et de l’organisation prolétarienne sur lesquels le parti mondial de la classe ouvrière devra un jour se fonder. Nous sommes fermement convaincus que si nous ne défendons pas ces principes maintenant, alors, à la fois nous manquerions à notre devoir et compromettrions le futur développement de toute organisation révolutionnaire.
La passion et la conviction avec lesquelles nos contacts sont rentrés dans le combat pour la défense des principes prolétariens suffisent à réchauffer le cœur de tout révolutionnaire. Elles montrent que l’insistance du CCI sur le fait que le comportement doit être basé sur des principes et que c’est une nécessité politique, n’est pas un cri perdu dans le monde sauvage des petits arrangements, du cynisme et de l’opportunisme. Cet acte simple de solidarité est d’autant plus important que le CCI a reçu récemment des menaces, par exemple de l’UHP-Arde (1), ou d’autres envoyées anonymement.
Conscient de la gravité des derniers événements, RQ (Espagne) les voyait au début comme un pas en arrière pour la classe ouvrière ? Après réflexion, il/elle dit : « Je ne pense pas que le CCI et le prolétariat soient confrontés à un recul mais que, au contraire, c’est un pas en avant au niveau de la méthode parce que ce qui s'est passé, devait être affronté. Comme c’était le cas dans la Première Internationale dans le combat contre les bakouninistes, la méthode marxiste, et donc celle des organisations révolutionnaires, consiste à porter à l’extérieur, de façon ouverte, devant les militants et le prolétariat tout entier, le problème ou la crise dans toute sa difficulté. Cela signifie en discuter pleinement et aller aux racines sans réticence. »
Ceci montre, comme les autres lettres, la détermination sans faille à comprendre et à avancer, aussi dur que puisse se révéler le combat, c’est la marque distinctive du prolétariat comme classe révolutionnaire. Les sympathisants reconnaissent que la lutte pour le communisme est beaucoup plus profonde et englobe tous les aspects et n’est pas que la simple recherche d’une liste de positions correctes. La méthode marxiste met en question chaque aspect de cette société pourrie et elle seule peut donner du souffle à la réflexion, au questionnement et à la recherche d’une vérité sans zone obscure. C’est le défi qu’ont relevé les auteurs de ces lettres.
Nous laissons le dernier mot aux participants de la réunion Publique du CCI en Allemagne, un sentiment qui englobe la solidarité précieuse que nos sympathisants ont manifesté :
« N’abandonnez pas, nous soutenons votre combat ».
(1) Dans un article sur internet intitulé "La ciencia y arte del zoquete", l'UHP accuse le CCI de défendre la politique de la bourgeoisie, nous traite d'imbéciles et conclut par ces mots : "Contre les campagnes bourgeoises de falsification et de répression de notre lutte, et mort aux imbéciles".
Fin janvier, une contrôleuse est agressée et violée dans un train express régional (TER) du réseau Sud-Ouest. La réaction est immédiate : le personnel de la SNCF se met spontanément en grève et le trafic ferroviaire français est totalement paralysé pendant 48 heures.
Quand il est évoqué dans la presse nationale, l'événement est minimisé, réduit à un entrefilet et relaté comme un simple fait divers.
Le 1er février, une hôtesse de l'air chute mortellement d'une passerelle d'accès à bord des avions à Orly. Aussitôt, le personnel d'Air France déclenche une "grève sauvage". Le black-out n'est rompu, deux semaines plus tard, que par les répercussions de cette grève qui perturbe toujours gravement le trafic des aéroports internationaux parisiens.
Le 23 février, le rapport de l'inspection du travail et les déclarations du ministre des transports, Gilles de Robien, qui mettent en avant "l'erreur humaine" et la responsabilité du personnel au sol, rallument la colère des salariés, vite jugulée cette fois par les syndicats qui parviennent à opposer les différentes catégories de personnel entre elles.
Ces réactions sporadiques d'indignation et de "ras-le-bol" tendent à émerger de plus en plus face à une détérioration grandissante des conditions de travail, souvent suite à des agressions ou à des accidents de travail. Elles constituent en même temps un début d'expression de solidarité ouvrière entre salariés. Des fractions de plus en plus larges de la classe ouvrière (notamment dans le secteur des transports en commun, sur les chantiers) sont quotidiennement exposées à une insécurité permanente dans leur travail, et à des risques multipliés par la diminution ou les suppressions d'effectifs, par le surcroît des charges de travail, par les exigences de la productivité, par les matériaux de travail au moindre coût, par le non-respect des règles de sécurité les plus élémentaires. La colère est d'autant plus forte chez les ouvriers que la bourgeoisie, ses institutions et ses médias mettent chaque fois en cause des comportements de tel ou tel salarié sur lequel ils font retomber la responsabilité de la faute individuelle.
En même temps, on assiste à une multiplication de petites grèves disséminées aux quatre coins de l'hexagone. De même, la mobilisation importante suscitée par les journées d'action syndicales et leurs manifestations, dès qu'elles ont une portée nationale et touchent aux questions les plus sensibles comme les salaires et la chute du pouvoir d'achat, les conditions de vie et de travail, témoignent d'un mécontentement profond et d'une remontée de la combativité ouvrière encore très diffuse, inégale et variable selon les secteurs.
La crise du capitalisme a atteint un stade marqué par la fin brutale de l’ère de " l’Etat-Providence" partout dans le monde (voir article page 5). Pour la classe ouvrière, le minimum vital qui lui permettait de reproduire sa force de travail : se loger, se nourrir, se soigner, n’est plus assuré. Derrière les "réformes ", ce qui est demandé aux prolétaires c'est toujours plus de "sacrifices", c'est toujours sur leur dos qu'il s'agit de faire des économies pour la défense de la compétitivité du capital national. Toute la classe ouvrière est sous la menace des fléaux permanents révélateurs de la crise : le chômage et la précarité. L'abandon de toute protection sociale est lui aussi un des signes le plus caractéristiques de la faillite du système capitaliste.
Partout, la classe ouvrière est prise à la gorge, confrontée à la même dégradation insupportable de ses conditions de vie et de travail, à la réduction dramatique de son pouvoir d'achat avec le cumul de la précarisation du travail, de la diminution des prestations sociales, de l'érosion des salaires et des pensions, de la hausse des tarifs des produits de première nécessité, des services publics, des taxes.
Les prolétaires et leurs enfants (voir l’article sur le mouvement des lycéens en page 2) connaissent l’angoisse d'un avenir qui s’assombrit de jour en jour… Ils sont de plus en plus poussés à développer une réflexion sur leur surexploitation dans un monde qui fonctionne exclusivement sur des critères de profit, de concurrence, de rentabilité, et un questionnement sur une planète de plus en plus insécure, barbare, démentielle et déshumanisée.
C'est parce qu'elle est consciente de la tension du climat social, de ce mécontentement général qui pousse les ouvriers à s'interroger sur le monde dans lequel ils vivent, que la bourgeoisie prend les devants en occupant massivement le terrain social. C'est le rôle que remplissent les syndicats qui assument leur fonction d'encadrement des ouvriers pour les diviser et les isoler en s'attachant aujourd'hui à bloquer et à dévoyer les efforts de prise de conscience qui se manifestent confusément au sein de la classe ouvrière. Les syndicats utilisent ainsi de plus en plus le besoin d'unification des luttes en organisant de prétendues manifestations unitaires, comme le 5 février et le 10 mars entre secteur privé et secteur public, pour empoisonner et pourrir la réflexion. En effet, ils polarisent l'attention sur une série de thèmes idéologiques qui permettent de fausser et de détourner sur un terrain bourgeois les questionnements en gestation au sein de la classe ouvrière :
- Face aux chantages du patronat qui menace de plus en plus d'ouvriers de licenciements et de délocalisations s'ils n'acceptent pas de travailler plus longtemps pour le même salaire, la gauche, les syndicats et les organisations gauchistes nous proposent ainsi de lutter pour "défendre les 35 heures" des lois Aubry. Leur battage cherche à masquer que les attaques d'aujourd'hui sur l'allongement du temps de travail ne sont que le prolongement de l'attaque du gouvernement de gauche précédent, que ce sont ces lois du "gouvernement socialiste" sur les 35 heures qui ont introduit la flexibilité dans l'entreprise, permis la chasse au "gaspillage" (suppression des temps de pause) et l’intensification de la productivité, l’annualisation du temps de travail, le blocage des salaires et qui permettent aujourd’hui à la bourgeoisie d'intensifier partout l'exploitation. Ils servent à fausser la compréhension de la nature de l'attaque du gouvernement, qui entreprend aujourd'hui de rallonger quasiment sans limite le temps de travail, en rendant la droite responsable de cette attaque alors qu'elle est en fait commandée par les besoins de la défense du capital national dont hier, la gauche était un gestionnaire aussi zélé que la droite.
- Face à la poursuite des attaques massives et à de nouvelles dizaines de milliers de suppressions d'emploi, notamment dans la fonction publique mais également à la SNCF, à la Poste, à EDF-GDF, à France Telecom, la gauche et les syndicats poussent aussi les prolétaires à se battre en même temps, non pour la défense de leurs intérêts communs de prolétaires mais pour la "défense du service public". Depuis des années, à longueur de journées d'action, de manifestations, on nous chante cette même rengaine alors que les réductions d'effectifs, le blocage des salaires, la perte du pouvoir d'achat, les restrictions budgétaires et la détérioration accélérée des conditions de travail ont lieu depuis des années, dans le secteur privé comme dans le secteur public, sous tous les gouvernements qui se sont succédé, de gauche comme de droite. Pour l'Education nationale, secteur particulièrement soumis aujourd'hui à une aggravation des conditions de travail avec les attaques contre les ATOS, les suppressions des auxiliaires d'enseignement, les suppressions de classes et d'effectifs, c'est le ministre socialiste Allegre qui avait annoncé "qu'il fallait dégraisser le mammouth". Fermetures de classe, fermetures d'hôpitaux, de lignes SNCF, de bureaux de poste sont de même nature et suivent la même logique capitaliste que les fermetures d'usines, les délocalisations, l'abandon de tel ou tel site, de tel ou tel secteur industriel : la "rentabilité", la concurrence, la loi du profit à tous les niveaux. Et partout, c'est une même classe, la classe ouvrière qui en fait les frais, qui subit une exploitation de plus en plus féroce avec l'Etat-patron comme avec un patron privé.
La gauche et les syndicats nous demandent de nous en remettre à l'Etat pour nous défendre. Ils voudraient en particulier faire croire que l'Etat au lieu de se mettre au service des patrons pourrait défendre les ouvriers, qu'il pourrait être un Etat-protecteur des salariés et non plus "au service du patronat"… Rien n'est plus faux ! C'est en fait l'Etat qui est le chef d'orchestre de toutes les attaques de la bourgeoisie, c'est lui qui mène les attaques les plus générales qui touchent l'ensemble de la classe ouvrière : sur les retraites, sur la Sécurité sociale, contre les chômeurs. C'est lui qui décide quels secteurs économiques doivent être "restructurés". C'est l'Etat-patron qui donne l'exemple de la brutalité des attaques en réduisant massivement le nombre des ses fonctionnaires et en bloquant leurs salaires depuis des années. L'Etat ne peut être que le défenseur par excellence des intérêts de la classe bourgeoise et assurer en toutes circonstances la défense des intérêts du capital national contre la classe ouvrière.
On voudrait nous faire croire qu'une autre façon de gérer le capitalisme serait meilleure pour les ouvriers. On voudrait nous faire croire que le responsable de tous ces maux, c'est le libéralisme économique, et qu'il y aurait d'autres voies possibles comme "l'altermondialisme", qu'il suffirait par exemple de taxer les revenus du capital pour répartir les richesses autrement. Ce n'est qu'une mystification : non seulement les rapports de concurrence et d'exploitation seraient les mêmes mais cela n'atténuerait en rien la crise de surproduction du capitalisme sur le marché mondial qui pousse chaque bourgeoisie nationale à pressurer toujours plus la classe ouvrière.
L'appareil politique de la bourgeoisie et les syndicats cherchent à nous persuader que l'Europe est un enjeu majeur. Pour les uns, elle permettrait d'imposer un cadre social plus large. Pour les autres, elle serait la grande responsable de l’aggravation de tous les maux et des attaques. La bataille entre défenseurs et pourfendeurs de la Constitution européenne qui divise partis et syndicats est un problème pour la bourgeoisie. L'enjeu n'est pas d'aller vers une Europe plus libérale ou vers une Europe plus sociale. Du point de vue de la classe ouvrière, les débats sur l'élargissement de l'Europe comme le référendum sur la Constitution européenne ne sont qu'une arme idéologique pour chercher à diviser les ouvriers et pour finalement mieux les ramener derrière le terrain bourgeois de la défense de l'Etat et du capital national. Tout ce cirque ne sert en effet qu'à amener les ouvriers à se prononcer sur un choix qui n'est pas le leur, mais celui de son ennemi de classe : qu'est ce qui sert le mieux l'intérêt national ? La bourgeoisie ne cesse ainsi de mettre en avant de fausses réponses à de vraies questions pour dévoyer la réflexion et la conscience des ouvriers.
La seule réponse possible des prolétaires, c'est le développement de leurs luttes sur un terrain de classe.
Les prolétaires n'ont pas d'autre choix que de se battre, sinon ils subiront toujours plus de sacrifices et d'attaques de la part de la bourgeoisie. Le développement de leurs luttes est la seule façon pour les prolétaires de résister aux attaques toujours plus fortes de la bourgeoisie qui en s’enfonçant dans une crise irréversible, n’a pas d’autre choix que d’exploiter toujours plus les prolétaires.
Cependant, la classe ouvrière est en même temps poussée à comprendre que son combat n'est pas celui que la gauche et les syndicats lui proposent : contre le libéralisme ou pour une autre gestion de l’exploitation mais contre le système capitaliste dans son ensemble qui révèle de plus en plus ouvertement sa faillite.
Elle est aussi amenée à prendre conscience comment elle doit se battre. Il n'est pas possible d'imposer un rapport de force susceptible de faire reculer la bourgeoisie tant qu'on reste divisés, isolés dans le cadre d'un site, d'une corporation, d'une entreprise, tant qu'on ne reconnaît pas que les ouvriers de telle ou telle usine ou de tel ou tel secteur ont les mêmes revendications et mènent le même combat et qu'il s'agit de lutter le plus nombreux possible de façon unitaire. Il existe déjà une volonté de se regrouper, de discuter ensemble de leurs conditions de travail, afin de sortir de leur isolement, de développer la question de comment se battre et résister aux attaques de la bourgeoisie. Les réactions actuelles de la classe ouvrière témoignent déjà de façon encore très embryonnaire mais réelle de la solidarité naturelle de classe qui est amenée à s'exprimer et à s'affirmer de plus en plus dans le développement des luttes. C'est une dimension indispensable, incontournable et déterminante de la lutte. La classe ouvrière est amenée à faire l'expérience que lorsqu'une partie d'entre elle subit une attaque, c'est la classe tout entière qui est visée et qui subira demain la même attaque si elle ne réagit pas. Le soutien à une lutte, ce n'est pas une question de solidarité financière à laquelle les syndicats la réduisent, mais c'est ne pas la laisser isolée, c'est d'en être partie prenante, d'y participer activement, d'entrer dans la lutte, de l'élargir et de se donner les moyens d'entraîner à son tour de nouveaux secteurs dans le combat au-delà des barrières corporatistes. C'est en renouant avec de telles expériences, c'est en participant le plus nombreux possible au combat de classe, que les prolétaires pourront renforcer leur confiance dans leur capacité d'imposer un rapport de force à la bourgeoisie et leur sentiment d'appartenir à une même classe qui est la seule force sociale porteuse d’une perspective d’un renversement de ce système et d’un futur pour l’humanité.
W (24 février)
Avec l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, un foyer d'affrontements impérialistes est réactivé au Moyen-Orient. Ce nouvel épisode de la barbarie capitaliste, qui se développe à l’échelle mondiale et particulièrement au Proche- et Moyen-Orient et s'illustre par des règlements de compte sanglants et une spirale sans fin d’attentats terroristes frappant aveuglément les populations, vient rappeler que tous les discours de paix de la bourgeoisie, des grands ou des petits pays, ne sont que mensonges éhontés et cynisme crapuleux. Ce sont ces fractions nationales de la bourgeoisie qui, non contentes de semer massivement la mort, à l'instar des Etats-Unis en Irak ou encore de la France en Afrique, manipulent les multiples cliques terroristes.
L'attentat contre Rafic Hariri constitue un clair démenti au battage qui avait salué, début janvier, l'élection de Mahmoud Abbas à la présidence de l'Autorité palestinienne comme un gage de paix pour la région.
Cet évènement permet à la France et aux États-Unis, qui avaient été à l'initiative du vote en septembre 2004 de la résolution 1559 exigeant le retrait de l'armée syrienne du Liban, de se positionner dans la vie politique libanaise, en désignant avec empressement la Syrie comme étant à l'origine de cet assassinat. Et ce n'est pas le souci de faire respecter la "liberté" de la population libanaise qui les anime. Loin s'en faut. Pour Chirac, l'occasion était trop belle, en faisant prévaloir son "amitié" avec Hariri, de profiter de l'occasion pour tenter le retour de la France dans ce pays d'où elle avait été mise à l'écart progressivement dans les années 1980 et définitivement éjectée en 1991, en particulier avec l'expulsion de son poulain libanais, le général Aoun. Quant aux Etats-Unis, il s'agit là d'une étape de leur stratégie militaire dans le Sud-Ouest asiatique, visant notamment à accroître leur pression sur la Syrie, désignée régulièrement depuis le printemps dernier par l'administration Bush comme abritant des terroristes d'Al-Qaida et des membres de l'ex-Etat irakien. Washington a ainsi clairement prévenu à plusieurs reprises, et encore récemment, que la Syrie risquait de ne pas échapper à des frappes militaires.
Aussi, l'entente qui existe aujourd'hui entre les larrons américains et français sur le dos du Liban et de la Syrie n'a pour raison d'être que de justifier la défense de leurs intérêts impérialistes respectifs. Elle n'a pas d'autre avenir que de constituer une nouvelle source de rivalités, par bandes terroristes interposées, et d'alimenter ainsi le chaos dans la région.
Ce ne sont d'ailleurs pas davantage les récents voyages diplomatiques de la camarilla de Washington qui permettent de rêver à des lendemains qui chantent. Ces dernières semaines, l’Europe a ainsi été courtisée de façon intense par la diplomatie américaine. Après la visite de la secrétaire d’état Condoleezza Rice, c’est Donald Rumsfeld qui a fait le déplacement pour la 41e conférence sur la sécurité à Munich, puis c’est le "boss" en personne, Bush qui est venu assister aux sommets de l’OTAN et de l’Union Européenne, qui a multiplié les rencontres avec les chefs d’Etats européens et en particulier avec ceux qui s’étaient opposés à l’intervention militaire en Irak, Chirac, Schröder, puis Poutine. Pourquoi une telle effervescence diplomatique ? Qu’est-ce qui se prépare en coulisses, derrière les hypocrites accolades entre parrains rivaux, entre l’oncle Sam et les Européens ? Que signifient ces discours sur le partenariat pour développer la liberté dans le monde ?
Le changement de discours de la puissance américaine n’indique pas que celle-ci ait renoncé à utiliser sa puissance militaire pour défendre ses intérêts économiques, politiques et militaires dans le monde, mais qu'elle cherche à adapter sa stratégie et son discours idéologique en tenant compte des difficultés qu’elle rencontre, notamment du fait de son enlisement dans le bourbier irakien. La politique menée en Irak ne fait qu’alimenter partout dans le monde l’hostilité à l’égard de la première puissance mondiale et tend à accroître son isolement sur la scène internationale. Ne pouvant faire marche arrière en Irak, sous peine d’un affaiblissement considérable de son autorité mondiale, l’oncle Sam s’enferre dans des contradictions difficilement gérables. En plus d’un gouffre financier, l’Irak constitue le point d’appui permanent aux critiques de ses principaux rivaux impérialistes. Par ailleurs, les récentes élections en Irak ont vu la victoire de la liste unifiée des partis chiites, plutôt proche du gouvernement iranien et la défaite de leur poulain, Iyad Allaoui, premier ministre par intérim. "Ce gouvernement aura d’excellentes relations avec l’Iran…En termes de géopolitique régionale, ce n’est pas le résultat qu’espéraient les Etats-Unis." (Courrier international n°746) A cet affaiblissement de leur influence sur le jeu des partis politiques irakiens, il faut rajouter le climat de terreur qui continue à régner dans tout le pays où les attentats toujours plus meurtriers et les tueries se succèdent. La prétendue victoire de la démocratie irakienne, du fait de l’organisation de ces élections, n’a en rien écarté le risque de partition du pays en fonction des divergences d’intérêts des diverses communautés religieuses et ethniques. D'ailleurs, chacun s‘accorde à dire que la résistance armée va continuer et probablement s’intensifier.
En ce sens, l’offensive diplomatique et cette volonté américaine d’apparaître à nouveau "sur la même longueur d’onde" que les Européens a surtout pour objectif de tenter de convaincre ceux-ci d’être à leur côté pour défendre et propager la démocratie dans le monde, en particulier au Proche- et Moyen-Orient. L’administration Bush maintient les mêmes objectifs militaires que lors de son premier mandat, dans l'après-11-Septembre, mais c’est l’emballage idéologique qui est relooké pour les besoins de la situation. Tout en laissant entendre aux puissances européennes que dorénavant, rien ne se fera sans qu’elles ne soient consultés, dans la mesure où toutes partagent les mêmes valeurs humaines, démocratiques et de liberté que l’Amérique. Il n'est pas du tout exclu que, derrière cette mascarade, certaines puissances comme le France se soient vu promettre un rôle privilégié dans le règlement du conflit en Irak, en échange bien sûr d'une plus grande implications, dès à présent, aux côtés des Américains.
Derrière les discours ostensiblement unitaires de l'offensive diplomatique américaine, les divergences sont néanmoins toujours présentes et ne cessent de se développer. Comme le souligne un haut responsable de l’OTAN "le vieux Rumsfeld nous a joué du violon, comme l’avait fait Condoleezza Rice la semaine dernière" ( Le Monde du 15 février). Alors que jusqu’à présent, l’équipe Bush avait mené une politique de "main de fer", maintenant c’est la politique "de la main de fer dans un gant de velours". Rumsfeld a affirmé que pour les Etats-Unis "la mission (au sens militaire) détermine la coalition". Autrement dit, l’Amérique ne fera appel à l’OTAN que si cela sert ses intérêts stratégiques. De leur côté, les Européens et notamment l’Allemagne avec le soutien de la France posent ouvertement la nécessité de réformer l’OTAN et de remplacer l’Alliance par un groupe d’experts, représentatif des intérêts américains et surtout européens. Dans la foulée, l’Allemagne affirme clairement que "dans le cadre européen, elle se sent coresponsable pour la stabilité et l’ordre international" et qu’à ce titre elle revendique un siège de membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU. Devant le refus immédiat des Etats-Unis de réformer l’OTAN, l’Allemagne se permet même de hausser le ton par l'intermédiaire de son ministre des affaires étrangères Joschka Fischer déclarant : "Il faut savoir si les Etats-Unis se situent dans ou à l’extérieur du système des Nations Unies."
Cette tension autour du rôle de l’OTAN s’est concrétisée par le refus des Européens de contribuer au programme de formation des forces militaires et policières en Irak ou par leur maigre contribution à celui-ci. Vis-à-vis de l’Afghanistan, les puissances européennes ont accepté de renforcer les effectifs de la Force Internationale (FIAS) sous commandement de l’OTAN, car celle-ci est sous les ordres d’un général français avec d’importantes unités de soldats français et allemands. Cependant, ils ne veulent pas que cette force militaire passe à terme sous le commandement de l’opération "Enduring Freedom", c’est-à-dire sous le contrôle de l’armée américaine. La question de l’OTAN est loin d’être le seul sujet de discorde. Après nous avoir joué la symphonie des Droits de l’Homme à propos de la répression du mouvement étudiant de la place Tien An Men, en Chine, en 1989, les Européens, en bons marchands de canon, sont prêts à lever l’embargo sur les ventes d'armes à ce pays. Les Américains ne sont pas d’accord, de même que le Japon, mais cela n’a rien à voir avec les Droits de l’Homme ; c’est tout simplement parce que cela relancerait la course aux armements sur le continent asiatique et menacerait leur influence dans cette région, déjà soumise à de fortes tensions militaires, aggravée ces jours-ci, par la Corée du Nord qui annonce officiellement détenir l’arme nucléaire. La visite du parrain américain en Europe n’est donc pas prête de déboucher sur une nouvelle ère d’unité, ni de renforcer les relations transatlantiques. Au contraire, les divergences s’accumulent et les positions sont de plus en plus irréconciliables. Les stratégies et les intérêts des uns et des autres sont différents car chacun défend sa nation, ses intérêts d’Etat capitaliste. Il n’y a pas les méchants Américains d’un côté et les bons Européens de l’autre. Ce sont tous des brigands impérialistes et la politique du "chacun pour soi" qui transparaît derrière les simulacres d’entente cordiale ne peut conduire à terme qu’à de nouvelles convulsions, déchirements et pour finir, dans de nouvelles boucheries militaires, dont l’Iran et la Syrie pourraient être les prochaines cibles. En effet, la divergence principale entre les grandes puissances - et la plus lourde de conséquences pour cette région du monde – est constituée par la politique à mener vis-à-vis de l’Iran. Les grandes puissances européennes, y compris l’Angleterre, sont en général en faveur de la poursuite des négociations avec ce pays, afin d’empêcher – disaient-elles - qu'il ne développe un programme nucléaire militaire. Moscou, de son côté, est le premier partenaire de Téhéran sur le plan nucléaire et n'a nullement l’intention de changer de politique. Quand aux Etats-Unis, compte tenu du poids que prend l’Iran comme puissance régionale, renforcé récemment par la victoire électorale des Chiites en Irak, ils ne peuvent que vouloir accentuer leur pression sur les Européens et Poutine pour faire prévaloir leur option. La clique Bush menace ainsi de saisir le conseil de sécurité de l'ONU, avec derrière et à moyen terme une nouvelle escalade militaire qui ne peut que répandre encore plus de chaos et de barbarie dans cette région.
Comme nous l’avons régulièrement développé dans notre presse, le chaos et les conflits militaires qui se développent à l’échelle planétaire depuis plusieurs années et qui n’épargnent aucun continent, sont directement le produit de la nouvelle période ouverte en 1989 avec l’effondrement du bloc de l’Est suivi par la désagrégation de celui de l'Ouest. Loin de signifier "un nouvel ordre de paix", comme le prétendait à l’époque Bush père, nous affirmions que nous allions vers un monde de désordre meurtrier, de chaos sanglant dans lequel le gendarme américain tenterait de faire régner un minimum d’ordre par l’emploi de plus en plus massif et brutal de sa puissance militaire (1 [7]).
De la guerre du Golfe en 1991 à la Yougoslavie, du Rwanda à la Tchétchénie, de la Somalie au Timor oriental, de l’attentat des Twin Towers aux attentats de Madrid, pour ne citer que quelques unes des convulsions violentes de la phase de décomposition (2 [8]) du capitalisme, à chaque fois, ce sont les affrontements impérialistes entre Etats, petits ou grands, qui sont responsables de ces massacres. Pour les Etats-Unis, dont les intérêts nationaux s’identifient avec le maintien d’un ordre mondial construit à leur propre avantage, cette aggravation du chaos dans les conflits impérialistes, rend leur position de leadership mondial de plus en plus difficile à tenir. La menace russe n’existant plus, leurs anciens alliés, notamment les Européens, la France et l’Allemagne en tête, n’ont de cesse de vouloir défendre leurs propres intérêts de nations capitalistes. L’avancée de la crise économique aiguise les appétits impérialistes de tous les Etats et ne laisse pas d’autre issue à la puissance américaine que de se lancer dans des mouvements de conquête, dans la déstabilisation de ses rivaux et surtout dans l’utilisation à répétition de sa force militaire, ce qui a pour résultat d’aggraver le chaos et la barbarie dans les régions où ces expéditions militaires ont lieu. Dans ce contexte, la stratégie mise en avant par l’administration Bush fils, après les attentats du 11 septembre 2001, de "guerre au terrorisme", est une tentative de réponse à l’affaiblissement de leur leadership. Face à la contestation croissante des autres puissances impérialistes, les Américains utilisent le prétexte des attentats et de la nécessité de lutter contre la nébuleuse Al Qaïda et Ben Laden pour mener une offensive militaire sans précédent à l’échelle du monde. Cette campagne militaire de longue durée désigne un certain nombre de pays comme appartenant à l’axe du mal qu’il faut éradiquer militairement. C’est le cas de l’Afghanistan, puis de l’Irak, de la Corée du Nord, de l’Iran. En fait, à chaque fois, les Etats-Unis ont des objectifs stratégiques plus globaux et plus vastes, qui incluent la nécessité d'une présence décisive en Asie Centrale, dans le but de s’assurer le contrôle de cette région, mais aussi sur le Moyen-Orient et le sous-continent indien. Le but stratégique à long terme, c’est l’encerclement de l’Europe et de la Russie. L'Amérique a en particulier la préoccupation de parvenir à un contrôle incontestable des principales sources d'approvisionnement en ressources énergétiques, afin d'en priver ses rivaux impérialistes, notamment les puissances européennes, la Russie, le Japon, la Chine, en vue de futures crises impérialistes les mettant face-à-face. Depuis 2001, c'est une telle politique que les États-Unis ont tenté de mettre en œuvre mais force est de constater qu’ils ont beaucoup de difficulté à maintenir le cap, face à la détermination de rivaux, qui, bien que moins puissants, sont bien décidés à défendre, coûte que coûte leurs intérêts impérialistes. De cela, il a déjà résulté, et cela ne peut que s'aggraver dans l'avenir, le plus grand chaos de l'histoire.
Donald ( 24 février)
1 [9] Voir l’article "Militarisme et décomposition", dans la Revue internationale n°64.
2 [10] Voir nos thèses sur "La décomposition, phase ultime de la décadence du capitalisme" dans la Revue internationale n°107.
Depuis la mi-janvier, les lycéens manifestent contre une nouvelle réforme de l’Education nationale, le plan Fillon. Chaque jour, un peu partout en France, des lycées se mettent en grève et forment des cortèges dans les centres villes. Et les journées nationales d’action démontrent une véritable montée en puissance du mouvement. D’abord quelques centaines, aux côtés des travailleurs lors des manifestations du 20 janvier et du 5 février, les lycéens étaient 100 000 dans les rues le 10 février dans toute la France et 40 000 uniquement à Paris 5 jours plus tard. Une nouvelle démonstration de force est prévue début mars.
Quelle est la signification de ce mouvement ? Les jeunes, lycéens ou étudiants, ne sont ni une classe ni une couche particulière de la société. Un mouvement étudiant ou lycéen est donc par nature interclassiste et s'y mêlent fils d'ouvriers, de bourgeois, futurs prolétaires et exploités de même que les cadres dirigeants de la nation de demain... La classe ouvrière tend à y être diluée et, avec elle, son combat, ses revendications, ses méthodes, on l'a déjà vu lors des manifestations contre les divers projets de réformes scolaires et universitaires. C’est pourquoi, depuis 1968, la bourgeoisie a régulièrement donné un écho maximum dans les médias à de tels mouvements dans le but de reléguer la lutte du prolétariat au second plan. Mais un mouvement lycéen ne saurait se réduire à cela. Il est aussi un moment durant lequel les jeunes générations expriment la façon dont elles perçoivent l’Etat et, surtout, l’évolution de la société. Quelle vie est devant nous ? Dans quel monde allons nous vivre ? Et ici, nul doute, il y a un véritable malaise. C’est particulièrement vrai concernant un mouvement de lycéens qui, bien plus qu’un mouvement étudiant, implique majoritairement les enfants de la classe ouvrière. Ainsi, les lycéens refusent l’avenir qui leur est promis : le chômage ou un travail aux conditions insupportables et de toute façon, de plus en plus, la misère. C’est ce qu’expriment, non seulement leurs revendications mais également le sentiment diffus qui sous-tend de nombreux témoignages. Certains lycéens ne savent pas précisément pourquoi ils sont là, dans le mouvement, mais tous partagent l’espoir et la générosité qu’inspire la lutte contre le système et ses institutions.
Dans les premiers temps, les revendications s’étaient focalisées sur deux points, somme toute secondaires, de la réforme : l’instauration du contrôle continu au bac et l’arrêt des TPE (Travaux Personnels Encadrés) en terminale. Il peut sembler des plus curieux que des élèves rejètent le contrôle continu alors que celui-ci permettrait de diminuer la charge de travail en fin d’année, le célèbre bachotage. Mais, l’argument des lycéens est des plus intéressants. Il s’agit de "la crainte d’une éducation à deux vitesses, riches d’un coté, pauvres de l’autre" (Libération du 15 février) où les élèves des "zones défavorisées" se retrouveraient ainsi avec ces diplômes ayant encore moins de valeur qu'actuellement. Au delà de l’illusion d'une possible égalité sous le capitalisme, cela révèle une profonde inquiétude sur la vie après le bac avec, en filigrane, ce sentiment que pour la majorité, ils ne s’en sortiront pas. De même, l'opposition à la suppression des TPE en terminale rejoint une préoccupation beaucoup plus générale. Ces travaux permettent une recherche autonome autour d'un thème faisant appel à la conjugaison de plusieurs champs disciplinaires ainsi qu'à une réflexion collective.
En les supprimant, afin de réduire le nombre d'enseignants, le gouvernement réduit aussi, de manière consciente, la possibilité, déjà extrêmement limitée et encadrée, qu'ont les lycéens de conduire un semblant de réflexion pour comprendre le monde alentour. Ce volet de la réforme est donc devenu, au yeux des lycéens, le symbole de la pression incessante du capital qui, au nom de la rentabilité, rend les conditions de vie de tous, chaque jour, moins humaines.
La bourgeoisie est totalement consciente de cette tendance au développement de la réflexion et de la combativité chez les futures générations d’ouvriers. D’abord, la presse fourmille de témoignages. Par exemple : "On se bat pour notre avenir", "Je suis fier de nous parce qu’on prouve qu’on veut décider de notre avenir. On n'est pas des moutons" (Libération du 8 février). Ensuite, la classe dirigeante sait que cela correspond à une maturation générale au sein de la classe : "jeunes et moins jeunes sont dans une attente réciproque. Les mouvements de lycéens manifestent le malaise diffus d’une génération […]. Et les adultes ont besoin de l’énergie de cette jeunesse qui témoigne d’un potentiel d’activisme et de contestation" (Libération du 8 février). C’est pourquoi le gouvernement a tenté, le dimanche 13 février, de désamorcer le mouvement en retirant de son projet le volet "contrôle continu". Et c’est justement parce que derrière le refus de ce volet particulier de l’attaque se cachaient des préoccupations beaucoup plus larges que le recul du gouvernement n’a absolument pas stoppé le mouvement. Pourtant, les gauchistes avaient, dans un premier temps, braqué tous leurs projecteurs sur le bac. Par exemple, la LCR, très présente dans les manifs grâce à sa branche jeunesse JCR, affirmait : "Le principal problème est la remise en cause du bac national et anonyme par la réforme Fillon, car il est transformé petit à petit en contrôle continu" (Rouge du 3 février).
Mais loin de faiblir, la mobilisation lycéenne s’est renforcée et a mis en avant des revendications beaucoup plus cruciales tant pour les lycéens que pour les enseignants : contre les réductions budgétaires, contre les réductions de postes. L’Education Nationale est un secteur de la classe ouvrière particulièrement attaqué depuis quelques années. En divisant par dix en 10 ans le nombre de surveillants, en faisant disparaître progressivement les infirmières et les assistantes sociales, en diminuant le nombre d’enseignants, en multipliant l’emploi précaire (vacataires, contractuels), l’Etat crée des conditions insupportables pour tous. Tout le monde trinque, le personnel comme les élèves !
Pour rester à la tête du mouvement, la LCR et les syndicats lycéens comme la Fidl ou l'UNL ont changé leur fusil d’épaule au lendemain de la manif du 15 février. Finie la focalisation sur la réforme du bac, désormais la LCR claironne : "En dénonçant la réduction de la dépense éducative, la suppression des moyens, de postes, d’options, […] les lycéens dans la rue mettent le doigt sur la structure même du projet de loi Fillon […]. Cette loi n’est donc pas amendable ; il faut exiger le retrait global, pas seulement sur la question du bac, mais aussi sur l’ensemble du projet" (Rouge du 18 février). Mais si les trotskistes, comme toute la gauche politique et syndicale, reprennent les préoccupations de fond des lycéens ce n’est évidemment que pour mieux les dévoyer. Il y a une tentative de rabattre ce questionnement de classe sur le terrain pourri de la défense du service public. La JCR titre ainsi "Non à l’école des patrons" ou encore, la LCR affirme que "le rejet par la jeunesse lycéenne, les enseignants et les parents d’élèves, des réformes Fillon sur l’éducation expriment bien le refus des réformes ou plutôt des contres réformes libérales impulsées par le gouvernement" (Red du 16 février et tract de la LCR du 14 février). Ici, il n’est pas question de crise du capitalisme mais d’un problème démocratique concernant la place et la conception de l’école ; de même la classe exploiteuse est réduite au seul patronat dans le but d'épargner l'Etat capitaliste. La LCR distille ainsi dans les rangs lycéens l’illusion de la possibilité d’une éducation nationale émancipatrice et humaniste au sein de ce système d’exploitation. Les enseignants sont priés de suivre leurs élèves pour défendre l’Etat Républicain, celui-là même qui dirige les attaques contre la classe ouvrière !
La défense de l’égalité, la lutte pour un capitalisme social opposé à un capitalisme libéral sont autant de pièges et d’impasses. Pressentant que le capitalisme ne peut offrir que toujours plus de misère, les nouvelles générations de la classe ouvrière cherchent le chemin d’un avenir meilleur. Et ici, il n’y a qu’une seule solution. Combattre la dégradation des conditions de vie, combattre pour son avenir et celui de l’humanité signifie rejoindre le combat du prolétariat pour la révolution communiste.
Pawel (23 février)
Depuis le début de l'année, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté en Russie contre les mesures gouvernementales qui visent à supprimer des "avantages" en nature dont bénéficiaient les retraités, les invalides ou certains fonctionnaires. L’Etat n’assurera plus la gratuité des médicaments de base, des transports en commun, de certains traitements médicaux ou encore des réductions sur le prix des communications téléphoniques ou sur les loyers. En Allemagne, la durée d’indemnisation des allocations chômage passe de 36 mois à 18 pour les plus de 55 ans et à 12 mois pour les autres alors que dans le même temps le nombre de chômeurs passe le cap des 5 millions ; de plus, dès la sixième semaine d’arrêt maladie par an, la sécurité sociale n’indemnisera plus et les assurés devront cotiser à une assurance privée pour prétendre à un remboursement ; d’autre part les remboursements des frais médicaux seront réduits. Il faut ajouter à ces exemples ceux du Pays-Bas ou de la Pologne où les gouvernements en place ont pris des mesures de même nature. Cette longue liste s’ajoute à celle des pays comme la France ou l’Autriche qui, au cours de l’année 2003, ont réformé le système des cotisations de retraites, allongeant les années de travail pour prétendre au paiement d’une pension vieillesse, tout en poursuivant aujourd’hui encore comme en France, leurs attaques sur le système de protection sociale. Aux Etats-Unis, l’administration Bush concocte une loi qui va transformer le système des retraites actuel car, comme cela a été déclaré, il est temps de tourner définitivement la page de l’Etat-providence. Déjà, des mesures sont prises : allongement de l'âge du départ en retraite, baisse des pensions et versement d’une partie des cotisations salariales sur un compte bloqué qui, géré par l’Etat, serait investi en bons du Trésor ou en actions, sommes qui pourraient partir en fumée vu le risque important de krachs boursiers ou de faillites d’entreprises.
Jamais le prolétariat n’a eu à faire face à des attaques d’une telle brutalité, massives et de grande ampleur, touchant des millions de prolétaires. Dans l’ensemble des nations industrialisées, tout l’édifice de l’Etat-providence est en train de s’écrouler. L’entretien de la force de travail ne peut plus être assuré. Il s’agit là d’une manifestation évidente de la faillite du système.
La crise économique dans laquelle se débat le capitalisme met à nu toutes ses contradictions, et plus encore son impossibilité de leur trouver une solution. Trop de marchandises sont produites, le marché mondial est saturé. L’obsession de la bourgeoisie, réaliser des profits pour éviter la banqueroute, exacerbe la rivalité entre les grandes nations industrialisées. Il s’ensuit une guerre économique ouverte, impitoyable où l’enjeu est d’arracher à ses concurrents des parts de marché. La bourgeoisie se lance alors dans une course poursuite désespérée pour faire baisser ses coûts de production. Une seule "solution" s’impose, produire au plus bas prix et pour cela s’attaquer à la classe ouvrière. Pour ce faire, la bourgeoisie doit d’une part accroître la productivité, ce qui implique l'augmentation des cadences de travail et la flexibilité de la main-d’œuvre afin de n'employer que le minimum nécessaire d’ouvriers et, d’autre part, la poursuite et le durcissement d'un vaste programme de "réformes", en fait des mesures qui visent à attaquer le salaire social des ouvriers, les retraites, les indemnités de chômage, le remboursement des frais médicaux, les journées de maladie ou les pensions d’invalidité. La bourgeoisie n’épargne aucune frange de la classe ouvrière, que ce soit la vieille ou la nouvelle génération, qu’elle soit en activité ou au chômage, qu’elle travaille dans le secteur public ou dans le secteur privé. Les conséquences concrètes de ces attaques sont une dégradation générale des conditions de vie et de travail de l’ensemble de la classe ouvrière mondiale. L’exploitation féroce que subissent les travailleurs se traduit par une détérioration accrue de leur santé alors que, dans le même temps, il leur devient plus difficile de se soigner ; d’autres, aspirant à un repos après des années de bagne salarial, voient leur mise à la retraite menacée par le recul de celle-ci et par une réduction de leurs pensions ; pour les jeunes, soumis à la précarisation, passant d’un travail à un autre avec des salaires tirant toujours plus vers le bas, le tout entrecoupé de périodes de chômage mal indemnisées, il leur sera plus difficile de se loger convenablement et de préparer une retraite décente. Or, les attaques ne vont pas s’arrêter là, au contraire elles vont redoubler d’intensité. C'est pourquoi la classe ouvrière doit prendre conscience que face à la faillite de ce système, une seule solution s’impose, sa destruction pour établir les bases d’une nouvelle société.
André
Ces derniers mois, des militants et des sections du CCI ont reçu des menaces ou fait l’objet d’appels au meurtre à peine dissimulés.
En décembre, UHP-ARDE (1 [14]) a publié sur son site Web un texte intitulé "Science et art de l’empoté" (2 [15]) qui contient un appel au meurtre de nos militants effectué au moyen d’un sinistre enchaînement de syllogismes : il commence par nous accuser ouvertement de racisme et de façon voilée de défendre la politique de la bourgeoisie ; il poursuit en établissant une hiérarchie de qualificatifs qui commence par "empotés", puis "crétins de la lune" et se termine par "imbéciles". Après avoir établi ces prémisses, il tire la conclusion suivante : "CONTRE LES CAMPAGNES BOURGEOISES DE FALSIFICATION ET DE RéPRESSION DE NOS LUTTES ! MORT AUX IMBéCILES !" (3 [16])
Le mois précédent, un courrier anonyme était arrivé à l’adresse e-mail de notre section en Espagne et qui se terminait par la menace suivante : "Vous êtes une bande de fils de putes et vous récolterez ce que vous êtes en train de semer, petits professeurs de merde. Signé : un du lumpen".
Récemment, en janvier 2005, un membre de la FICCI (4 [17]) avait menacé un de nos camarades de la section en France de lui "trancher la gorge". (5 [18])
Face à cette succession de menaces gangstéristes complètement étrangères au comportement prolétarien, quelle doit être l’attitude des révolutionnaires et des éléments du prolétariat ? Ne pas leur accorder d’importance en pensant que ce sont des fanfaronnades ou le résultat d’une excitation momentanée ? Tomber dans une telle appréciation serait une grave erreur.
En premier lieu, parce qu’une telle attitude signifierait jeter à la trappe l’expérience historique du mouvement ouvrier. Celle-ci démontre que l’assassinat de militants ouvriers a été précédé - et en grande partie préparé- par une succession d’actes iniques : accusations calomnieuses, menaces, intimidations, appels d’abord voilés puis directs à l’assassinat, c’est-à-dire une série de petits maillons qui mis bout à bout aboutissent à une grande chaîne. Ainsi l’assassinat de Rosa Luxemburg en janvier 1919, perpétré par des forces aux ordres des bourreaux sociaux-démocrates a connu un lent mûrissement : à partir de 1905 se succédèrent de graves dénigrements, des menaces et des provocations à l’encontre de cette militante prolétarienne. Aucun de ces faits ne paraissait inquiétant mais le crime de 1919 révéla la logique infernale qui les reliait les uns aux autres. De la même manière, l’assassinat de Trotsky, exécuté par l’infâme Mercader, fut le point culminant d’une série de pas orchestrés par la canaille stalinienne : d’abord Trotsky fut accusé d’être un agent de la Gestapo, puis commencèrent les campagnes qui réclamaient ouvertement sa tête. Ensuite vinrent les pressions sur un de ses fils (Lyova) qui débouchèrent sur ce qui ressemble à un assassinat "médical" (6 [19]) Plus tard commencèrent les menaces de mort directes proférées par les sicaires mexicains du stalinisme. Nous en connaissons tous le tragique dénouement. L’histoire démontre qu’il existe un lien plus ou moins direct entre les menaces et les appels d’aujourd’hui et les assassinats de demain. Ceux-ci sont le point culminant d’un faisceau de calomnies, menaces et campagnes de haine.
En second lieu, nous ne pouvons négliger le contexte dans lequel se situent les 3 menaces que nous avons reçues. Nous assistons ces derniers mois à la recrudescence et à la multiplication des campagnes de la FICCI. Comme le prouve le bulletin numéro 28 qui nous traite de "salauds" ; ce qui, rajouté à leurs innombrables insultes, menaces et calomnies ne fait qu’augurer un climat où toute attaque physique contre le CCI serait légitimée.
Ce n’est pas par hasard que ces menaces ont cours dans le contexte que nous venons de décrire. Leurs auteurs ont clairement choisi leur camp. Aux insultes, campagnes de haine, au tissu de mensonges et de calomnies, ils ont voulu additionner les paroles encore plus fortes de l’appel au meurtre.
Ce n’est pas la première fois que se produit ce type "d’intervention". En 1996, dans le contexte d’une campagne également répugnante contre le CCI, avec d’autres protagonistes (7 [20]), il est vrai, le GCI (Groupe Communiste Internationaliste) un groupe qui figure dans la page de liens de UHP/ARDE, a voulu apporter sa contribution contre le CCI en appelant au moyen de la méthode du "syllogisme" à l’assassinat de nos camarades au Mexique. Première prémisse : en dénonçant le groupe stalino-maoïste du "Sentier Lumineux" du Pérou, nous nous serions faits complices du massacre de prisonniers prolétaires. De là venait la seconde déduction logique : "pour le CCI comme pour l’État bourgeois, et en particulier la police péruvienne, se mettre du côté des opprimés, c’est soutenir le Sentier Lumineux." Le syllogisme suivant disait : "dans le camp ouvrier, on a toujours considéré comme flic ou indic celui qui se livre à ce type d’amalgame policier".
La suite apportait un nouveau sophisme : "ce sont les mêmes arguments démocrates qu’ont utilisés les Domingo Arango et les Abad de Santillan devant les actions violentes des militants révolutionnaires". Et quelle est la conclusion du raisonnement ? "Et pour ce type de calomnie, dont l’utilité pour l’État est bien réelle, Domingo Arango a reçu une balle dans la tête et nous ne pouvons que déplorer qu’Abad de Santillan n’ait pas subi le même sort." (extrait du n°43 de Communisme, organe du GCI) (8 [21])
Nous sommes conscients du processus dans lequel s’insèrent ces menaces. Nous n’allons pas nous laisser intimider et face à elles nous allons répondre ce que nous avions répondu en 1996 : "Rien de tout cela ne nous fera reculer. Nous allons renforcer notre combat et tout le CCI se mobilise pour défendre notre section au Mexique en employant une arme que le prolétariat est seul à posséder : l’internationalisme. L’unité internationale du CCI lui confère des particularités intolérables du point de vue de la bourgeoisie, dans la mesure où toute tentative de destruction d’une de ses parties se heurte immédiatement à la mobilisation et à la solidarité active de son ensemble". (9 [22])
Nous devons repousser avec la plus grande fermeté et combattre sans la moindre concession la mentalité de pogroms envers les révolutionnaires car c’est ainsi seulement que nous pourrons rompre la chaîne qui réunit, à travers une série de maillons, les troubles appels actuels "à la mort des imbéciles", à l’assassinat de militants communistes de demain.
Chaque classe sociale possède ses propres méthodes. Nous savons déjà quelles sont celles de la bourgeoisie : d’une part, les armes "politiques" de la calomnie, du chantage et, d’autre part, les armes plus expéditives de l’assassinat, de la terreur et du sadisme le plus répugnant. (10 [23])
Naturellement ces armes ne font pas partie de l’arsenal de combat du prolétariat et de ses groupes authentiquement révolutionnaires. Nous avons d’autres armes, beaucoup plus efficaces dans le combat contre le capitalisme. L'une d’elles, la plus importante, est la solidarité.
La force du prolétariat est la solidarité. La solidarité comme expression de son unité. La solidarité comme capacité à défendre toutes ses composantes. La solidarité pour montrer à ses ennemis que quiconque s’attaque à une de ses parties se retrouve immédiatement face à la riposte de son ensemble.
Ainsi le CCI, de façon unanime, manifeste sa solidarité avec les camarades et les sections menacés et prend toutes les mesures nécessaires pour leur défense. De la même manière, nous sollicitons nos sympathisants afin qu’ils expriment activement leur solidarité. Nous le demandons aussi à tous ceux qui partagent la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, et qui tout en ayant des désaccords avec les positions du CCI, considèrent qu’il est nécessaire de faire front face à ces attaques immondes.
La solidarité avec les camarades menacés est non seulement leur meilleure défense mais aussi la meilleure défense pour tous les militants et camarades qui luttent contre le capitalisme. C’est aussi la meilleure contribution que nous puissions apporter à la défense des militants communistes de demain.
La pratique de la calomnie, du mensonge, des menaces et de l’intimidation sont radicalement incompatibles avec l’objectif de la communauté humaine mondiale que le prolétariat aspire à instaurer après la destruction de l’Etat capitaliste. Il est nécessaire d’éradiquer l’infiltration de tels comportements qui ne sont que l’expression et la reproduction de ceux de la société capitaliste putréfiée que nous voulons abolir.
La clarification des positions révolutionnaires, la lutte commune contre le capitalisme et sa barbarie, ne peuvent être perturbées par les troubles manœuvres de ces bandes d’imposteurs qui, se dissimulant derrière des "positions révolutionnaires" d’opérette, en profitent pour lancer toutes sortes d’attaques, en traître et par derrière, contre ceux qui luttent réellement pour la cause prolétarienne.
Solidarité avec nos militants et nos sections menacés !
CCI (15 février 2005)
1 [24] UHP : sigle du groupe espagnol Unios Hermanos Proletarios. ARDE est une publication qui semble être le porte-voix des différents noyaux qui s’appellent UHP.
2 [25] Voir la réponse de notre section en Espagne dans Accion Proletaria n°180 "Réponse à UHP-ARDE : mieux vaut un empoté honnête qu’un fripon tricheur".
3 [26] Il faut souligner la manière lâche et retorse dont ces individus appellent à l’assassinat de nos militants. Avec une écœurante hypocrisie, ils ne disent pas ouvertement les choses, ils les laissent venir : d’abord ils disent que le CCI est constitué "d’imbéciles", pour finir par "mort aux imbéciles".
4 [27] Groupuscule de parasites voyous qui se fait appeler "Fraction Interne du CCI" et dont la seule activité consiste à déverser des tombereaux de calomnies contre le CCI et proférer des appels haineux contre nous.
5 [28] Voir l’article de dénonciation de cet épisode dans Révolution Internationale n°354
6 [29] Voir les témoignages sur la mort étrange du fils de Trotsky pendant son hospitalisation dans une clinique russe de Paris : notamment dans Deutscher, Biographie de Trotsky et Vereeken : La Guépéou dans le mouvement trotskiste.
7 [30] A cette époque ce furent des groupes comme le "Communist Bulletin Group" britannique, ou "Hilo Rojo" espagnol qui avec d’autres "cercles", furent les auteurs de ces campagnes. On ne sut plus jamais rien d’eux par la suite.
8 [31] Nous voyons ainsi que les rédacteurs de UHP-ARDE n’ont rien inventé dans leurs appels lâches et retors à notre assassinat. Ils ont dû s’inspirer des méthodes des sieurs du GCI.
9 [32] Extrait de l’article "Les parasites du GCI appellent au meurtre de nos militants au Mexique", qui dénonce le GCI, en solidarité avec notre section au Mexique, publié dans toute notre presse territoriale ; voir Révolution Internationale n°262.
10 [33] Il faut signaler que le lumpen a beaucoup d’attirance pour ces méthodes de la bourgeoisie et c’est pour cela que, dans les périodes de révolution, il vient alimenter généralement les corps francs et autres milices de choc de la bourgeoisie comme cela s’est produit par exemple en Allemagne en 1919.
Nous avons reçu un courrier d’un lecteur qui, entre autres questions nous transmet la remarque suivante : "(…) Je suis en train de lire les brochures et livres que j’ai pris lors de la dernière réunion [publique du CCI] (Décadence, Gauche Italienne, RI…). Je le dis franchement, j’ai beaucoup de sympathie pour vos idées; par contre j’ai une petite critique (constructive) à faire. Même si je ne suis pas trotskiste, je crois que le ton qu’emploie RI envers les trotskistes est trop dur et que ça vous donne une image de "sectaire" et de "donneur de leçons". Mais je suis d’accord avec le fait que leur support de l’URSS soit une trahison, que leur défense des syndicats n’est pas vraiment mon idée préférée..."
Tout d’abord, nous voulons saluer le souci qu’exprime le camarade qui, au delà des sympathies qu’il a pour nos positions, n’hésite pas à poser ses questionnements ou ses critiques. Nous le saluons d’autant plus que la question qu’il pose ici est fondamentale, puisqu’elle soulève la problématique de ce que nous appelons les frontières de classe entre le camp bourgeois et le camp prolétarien.
Le camarade caractérise avec justesse le soutien des trotskistes à l’URSS, pendant la Seconde Guerre mondiale, de "trahison". Nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette position, mais il faut en tirer les conséquences. En effet, Trotski lui-même avait émis l’hypothèse que l’URSS stalinienne comporterait encore en elle des résidus prolétariens de la révolution de 1917, en parlant d’un "Etat ouvrier dégénéré". Cette position avait été combattue par les courants de la Gauche communiste qui avaient mis en évidence que la révolution d’Octobre avait été battue par la bourgeoisie internationale. L’Etat soviétique était donc un Etat bourgeois. Cependant, en véritable marxiste, Troski avait laissé l’histoire trancher en étant explicitement prêt à réviser sa position si l’URSS devait participer à la guerre impérialiste mondiale qui s’annonçait. Sa mort ne lui permit pas de constater le jugement de l’histoire. Quant aux trotskistes qui continuèrent de se réclamer de sa pensée, ils ne s’embarrassèrent pas d’une telle démarche et continuèrent face aux évidences, à soutenir l’URSS jusque dans la guerre, c’est-à-dire à soutenir un camp impérialiste contre un autre (1). Cette trahison est fondamentale, car elle remet en cause une position qui sépare le camp du prolétariat de celui de la bourgeoisie : l’internationalisme.
Jamais les organisations trotskistes, telles LO ou la LCR, ne remirent en cause ce soutien, même si elles l’ont fait de façon "critique". On peut encore entendre Lutte Ouvrière, aujourd’hui, défendre les "acquis ouvriers" de la Russie contemporaine.
Dès lors qu’une organisation trahit l’internationalisme, elle franchit le Rubicon et passe définitivement dans le camp bourgeois. C’est pour cela que, étant devenues des organisations de l’extrême-gauche du capital, leur fonction consiste à s’appuyer sur leur passé ouvrier pour mystifier le prolétariat. Ainsi, les trotskistes mènent systématiquement campagne pour toutes les élections bourgeoises en se portant eux-mêmes candidats à des postes institutionnels ; ils prennent toujours position pour un camp contre un autre dans les conflits impérialistes (voir par exemple le soutien au camp palestinien) ; ils soutiennent en permanence les syndicats derrière une critique radicale des "appareils" ou des "directions", etc. (2)
C’est justement parce les trotskistes ont trahi la classe ouvrière, et sont devenus des ennemis du prolétariat que les révolutionnaires se doivent de les dénoncer avec la plus grande fermeté et sans la moindre concession. Leurs positions ne sont pas des "divergences", sur lesquelles nous pourrions mener un débat fraternel et polémiquer (comme c’est le cas au sein des organisations du camp prolétarien). Il doit être clair que les organisations trotskistes appartiennent à l’appareil politique de la bourgeoisie et c’est comme telles que les révolutionnaires doivent les traiter.
Nous ne nions pas pour autant qu’au sein même de ces organisations gauchistes, et qui plus est autour d’elles, il y ait des éléments sincères, persuadés de mener un combat juste pour l’émancipation du prolétariat. Notre lecteur peut être amené à penser qu’une attitude trop ferme par rapport à ces éléments risque de nous décrédibiliser et fermer la porte à la discussion avec nous. Mais nous savons aussi que pour ces éléments, toute évolution vers des positions prolétariennes doit toujours passer par une rupture radicale avec l’idéologie bourgeoise en général, et donc avec le trotskisme. Les révolutionnaires ont donc la responsabilité de pousser à la clarification au sein de l’ensemble de la classe ouvrière, et de ses minorités les plus combatives qui tombent facilement dans les pièges des trotskistes et se laisse berner par leurs discours "radicaux" et pseudo-"révolutionnaires". Toute concession à une quelconque idéologie étrangère au prolétariat, même dans un but qui pourrait sembler a priori louable d’adopter une attitude ouverte, serait une grave erreur. Les révolutionnaires doivent par l’intransigeance de leur dénonciation du trotskisme permettre aux éléments sincères de rompre définitivement avec le trotskisme en posant clairement les frontières de classe. Nous devons montrer à ces éléments comment les positions qu’ils défendent vont à l’encontre du but qu’ils poursuivent.
Quand nous dénonçons des positions bourgeoises, nous ne posons pas la question de la sincérité de celui qui les exprime. Nous dénonçons ces positions car, quelle que soit cette sincérité, elles font de celui qui les diffuse un ennemi, éventuellement malgré lui, de la classe ouvrière.
G
(1) Pour plus de détails sur cette question, nous renvoyons nos lecteurs à Révolution Internationale n° 351 et 352 : " Réponse à un groupe Trostkiste (CRI) : les prolétaires n’ont pas de patrie "
(2) Lire notre brochure Le Trotskisme contre la classe ouvrière.
Il y a 100 ans, le prolétariat engageait en Russie le premier mouvement révolutionnaire du 20e siècle, connu sous le nom de Révolution russe de 1905. Parce qu'il n'a pas été victorieux comme ce fut le cas douze ans plus tard de la révolution d'Octobre, ce mouvement est aujourd'hui quasiment tombé dans l'oubli. Cependant, la Révolution de 1905 a apporté toute une série de leçons, de clarifications et de réponses aux questions qui se posaient au mouvement ouvrier de l'époque sans lesquelles la Révolution de 1917 n'aurait certainement pas pu l'emporter. Et, bien que ces événements aient eu lieu il y a un siècle, 1905 est beaucoup plus proche de nous politiquement qu'on ne pourrait le croire et il est nécessaire, pour les générations de révolutionnaires d'aujourd'hui et de demain, de se réapproprier les enseignements fondamentaux de cette première révolution en Russie.
Les événements de 1905 se situent à l'aube de la phase de déclin du capitalisme, déclin qui leur imprime déjà sa marque, même si, à l'époque, seule une infime minorité de révolutionnaires est capable d'en entrevoir la signification au sein du profond changement qui est en train de s'opérer dans la société et dans les conditions de la lutte du prolétariat. Au cours de ces évènements, on voit la classe ouvrière développer des mouvements massifs, par-delà les usines, les secteurs, les professions, sans revendication unique, sans distinction claire entre l'économique et le politique comme c'était le cas auparavant entre lutte syndicale et lutte parlementaire, sans consigne précise de la part des partis ou des syndicats. La dynamique de ces mouvements aboutit, pour la première fois, à la création par le prolétariat d'organes, les soviets (ou conseils ouvriers), qui deviendront, dans la Russie de 1917 et dans toute la vague révolutionnaire qui a secoué l'Europe à sa suite, la forme d'organisation et de pouvoir du prolétariat révolutionnaire.
En 1905, le mouvement ouvrier considérait encore que la révolution bourgeoise était à l'ordre du jour en Russie puisque la bourgeoisie russe ne détenait pas le pouvoir politique mais subissait toujours le joug féodal du tsarisme. Pourtant, le rôle dirigeant assumé par la classe ouvrière dans les événements allait mettre à bas ce point de vue. L'orientation réactionnaire qu'avait commencé à prendre, avec le changement de période historique en train de s'opérer, la lutte parlementaire et syndicale, était loin d'être clarifiée et ne le sera que bien plus tard. Mais le rôle totalement secondaire ou nul que les syndicats et le Parlement vont jouer dans le mouvement en Russie, en constituait la première manifestation significative. La capacité de la classe ouvrière à prendre en main son avenir et à s'organiser par elle-même venait mettre en question la vision de la social-démocratie allemande et du mouvement ouvrier international sur les tâches du parti, sa fonction d'organisation et d'encadrement de la classe ouvrière, et jeter une lumière nouvelle sur les responsabilités de l'avant-garde politique de la classe ouvrière. Beaucoup d'éléments de ce qui allait constituer des positions décisives du mouvement ouvrier dans la phase de décadence du capitalisme étaient déjà présents en 1905.
Nous nous concentrerons, dans le cadre de cet article, sur certaines leçons qui nous paraissent centrales aujourd'hui pour le mouvement ouvrier et toujours d'actualité. Pour ce faire, nous reviendrons très brièvement sur les événements de 1905, en nous référant à ceux qui, comme Trotsky, Lénine, Rosa Luxemburg, en furent les témoins et les protagonistes de l’époque et qui ont été capables, dans leurs écrits, non seulement d'en tirer les grandes leçons politiques mais aussi de restituer l’intense émotion suscitée par la force de la lutte pendant tous ces mois ([1] [35]).
Le contexte international et historique de la révolution de 1905
La Révolution russe de 1905 constitue une illustration particulièrement claire de ce que le marxisme entend par la nature fondamentalement révolutionnaire de la classe ouvrière. La capacité du prolétariat russe à passer d'une situation où il est idéologiquement dominé par les valeurs de la société à une position où, à travers un mouvement massif de luttes, il prend confiance en lui-même, développe sa solidarité, découvre sa force historique jusqu'à créer les organes lui permettant de prendre en main son avenir, est l'exemple vivant de la force matérielle que constitue la conscience de classe du prolétariat quand il entre en mouvement.
Depuis la chute du mur de Berlin, la bourgeoisie n'a de cesse de proclamer que le communisme est mort et que la classe ouvrière a disparu ; et les difficultés rencontrées par celle-ci semblent lui donner raison. La bourgeoisie est toujours intéressée à enterrer son propre fossoyeur historique. Mais la classe ouvrière existe toujours - il n'y a pas de capitalisme sans classe ouvrière, et les événements de 1905 en Russie nous rappellent comment celle-ci peut passer d'une situation de soumission et de confusion idéologique sous le joug du capitalisme à une situation où elle devient le sujet de l'histoire, porteuse de tous les espoirs, parce qu'elle porte, dans son être même, l'avenir de l'humanité.
Avant de nous pencher sur la dynamique de la Révolution russe de 1905, il faut rappeler brièvement quel était le contexte international et historique dans lequel la révolution a pris son élan. Les dernières décennies du 19e siècle ont été caractérisées par un développement économique particulièrement prononcé dans toute l’Europe. Ce sont des années durant lesquelles le capitalisme se développait avec le plus de dynamisme ; les pays avancés du point de vue capitaliste étaient à la recherche d’une expansion dans les régions arriérées, soit pour trouver de la main-d’œuvre et des matières premières au moindre coût, soit pour créer des nouveaux marchés pour leurs marchandises. C’est dans ce contexte que la Russie tsariste, pays dont l’économie était encore marquée par une forte arriération, devient le lieu idéal pour l’exportation de capitaux importants visant à installer des industries de moyenne et grande dimensions. En l’espace de quelques décennies, il y eut une transformation profonde de l’économie, "les chemins de fer étant le puissant instrument de l’industrialisation du pays" ([2] [36]). Les données sur l’industrialisation de la Russie, dont Trotsky fait état, comparées à celles des autres pays à structure industrielle plus solide, comme l’Allemagne et la Belgique à l’époque, montrent que si le nombre d’ouvriers était encore relativement modeste par rapport à une population très importante (1,9 million contre 1,56 en Allemagne et 600 000 dans la petite Belgique), la Russie avait cependant une structure industrielle de type moderne qui n’avait rien à envier aux autres puissances du monde. Créée à partir de rien, grâce à des capitaux en majorité étrangers, l’industrie capitaliste en Russie ne s’est pas constituée sous l’effet d’une dynamique interne mais grâce à une véritable transplantation de technologies et de capitaux venant de l’extérieur. Les données de Trotsky montrent comment la main-d’œuvre en Russie était beaucoup plus concentrée que dans les autres pays, puisqu’elle se répartissait principalement entre les grandes et moyennes entreprises (38,5 % dans les entreprises à plus de 1000 ouvriers et 49,5 % dans des entreprises à effectifs compris entre 51 et 1000 ouvriers, alors qu’en Allemagne, ces chiffres étaient respectivement de 10 et 46 %). Ce sont ces données structurelles de l’économie qui expliquent la vitalité révolutionnaire d’un prolétariat par ailleurs noyé dans un pays profondément arriéré et dans lequel prévalait l’économie paysanne.
De plus, les événements de 1905 ne surgissent pas du néant, mais sont le produit d’une accumulation d’expériences successives qui ont ébranlé la Russie à partir de la fin du 19e siècle. Comme le rapporte Rosa Luxemburg, "…cette grève de janvier à Saint-Pétersbourg était la conséquence immédiate de la gigantesque grève générale qui avait éclaté peu auparavant, en décembre 1904, dans le Caucase, à Bakou, et tint longtemps toute la Russie en haleine. Or, les événements de décembre à Bakou n’étaient qu’un dernier et puissant écho des grandes grèves qui, en 1903 et 1904, tels des tremblements de terre périodiques, ébranlèrent tout le sud de la Russie, et dont le prologue fut la grève de Batoum dans le Caucase, en mars 1902. Au fond, cette première série de grèves, dans la chaîne continue des éruptions révolutionnaires actuelles, n’est elle-même distante que de cinq ou six ans de la grève générale des ouvriers du textile de Saint-Pétersbourg en 1896 et 1897".([3] [37])
Les événements de janvier 1905
Le 9 (22) janvier 2005, c'est l’anniversaire de ce qu’on a appelé "le dimanche sanglant", qui a marqué le début d’une série d’événements dans la vieille Russie tsariste qui se sont déroulés pendant toute l’année 1905 et se sont terminés par la répression sanglante de l'insurrection de Moscou en décembre. L’activité de la classe a été pratiquement incessante pendant toute une année, même si les formes de lutte n’ont pas toujours été les mêmes et si les luttes n’ont pas toujours eu la même intensité. Il y a eu trois moments significatifs durant cette année de révolution : janvier, octobre et décembre.
En janvier 1905, deux ouvriers des usines Poutilov à Pétersbourg sont licenciés. Un mouvement de grèves de solidarité se déclenche, une pétition pour les libertés politiques, le droit à l'éducation, la journée de 8 heures, contre les impôts, etc. est élaborée pour être apportée au tsar dans une manifestation massive. C'est la répression de cette manifestation qui va être le point de départ de l'embrasement révolutionnaire du pays pendant un an. Ainsi, le processus révolutionnaire en Russie a démarré de façon singulière. "Des milliers d’ouvriers non pas des social-démocrates, mais des croyants, de fidèles sujets du tsar, conduits par le pope Gapone, s'acheminent de tous les points de la ville vers le centre de la capitale, vers la place du Palais d’Hiver, pour remettre une pétition au tsar. Les ouvriers marchent avec des icônes et Gapone, leur chef du moment, avait écrit au tsar pour l'assurer qu’il se portait garant de sa sécurité personnelle et le prier de se présenter devant le peuple" ([4] [38]). Le pope Gapone avait été l’animateur, en avril 1904, d’une "Assemblée des ouvriers russes d’usine et de bureaux de la ville de Pétersbourg", autorisée par le gouvernement et de connivence avec le policier Zoubatov ([5] [39]). Comme le dit Lénine, cette organisation, de façon tout à fait semblable à ce qui se passe aujourd’hui avec d’autres moyens, avait le rôle de contenir et d’encadrer le mouvement ouvrier de l’époque. Mais, la pression qui s’exerçait au sein du prolétariat était déjà arrivée à un point critique. "Et voilà que le mouvement zoubatoviste franchit les limites imposées et que, suscité par la police dans son intérêt, dans le but de soutenir l’autocratie et de corrompre la conscience politique des ouvriers, il se retourne contre l’autocratie et aboutit à une explosion de la lutte de classe du prolétariat." ([6] [40]). Tout se noue lorsque, arrivés au Palais d’Hiver pour déposer leur requête au tsar, les ouvriers se font attaquer par la troupe qui "charge la foule à l'arme blanche ; ils tirent sur les ouvriers désarmés qui supplient à genoux les cosaques de leur permettre d'approcher le tsar. D'après les rapports de police, il y eut ce jour-là plus d'un millier de morts et de deux mille blessés. L’indignation des ouvriers fut indescriptible." ([7] [41]) C’est cette indignation profonde des ouvriers pétersbourgeois à l’égard de celui qu’ils appelaient "Petit Père" et qui avait répondu par les armes à leur supplique, outrageant ainsi violemment ceux qui s’en remettaient à lui, qui déchaîne les luttes révolutionnaires de janvier. La classe ouvrière qui avait commencé par adresser sa supplique, derrière le pope Gapone et les icônes de l’église, au "Petit Père des peuples", montre une force imprévue avec l’élan de la révolution. Un changement très rapide dans l’état d’esprit du prolétariat se produit dans cette période ; il est l’expression typique du processus révolutionnaire au cours duquel les prolétaires, malgré toutes leurs croyances et toutes leurs peurs, découvrent et prennent conscience que leur union fait leur force. "D’un bout à l’autre du pays passa un flot grandiose de grèves qui secouèrent le corps de la nation. D’après un calcul approximatif, la grève s’étendit à cent vingt-deux villes et localités, à plusieurs mines du Donetz et à dix compagnies de chemin de fer. Les masses prolétariennes furent remuées jusqu’en leurs profondeurs. Le mouvement entraînait environ un million d’âmes. Sans plan déterminé, fréquemment même sans formuler aucune exigence, s’interrompant et recommençant, guidée par le seul instinct de solidarité, la grève régna dans le pays environ deux mois" ([8] [42]). Ce fait d’entrer en grève sans revendication spécifique à mettre en avant, par solidarité, parce que, "une masse de millions de prolétaires découvre tout à coup, avec un sentiment d'acuité insupportable, le caractère intolérable de son existence sociale" ([9] [43]) est à la fois expression et facteur actif de la maturation, au sein du prolétariat russe de l’époque, de la conscience d’être une classe et de la nécessité de se confronter en tant que telle à son ennemi de classe.
La grève générale de janvier est suivie d'une période de luttes constantes, surgissant et disparaissant à travers le pays, pour des revendications économiques. Cette période est moins spectaculaire mais tout aussi importante. "Les divers courants souterrains du processus révolutionnaire s'entrecroisent, se font obstacle mutuellement, avivent les contradictions internes… le grand orage du printemps et de l'été suivant et les grèves économiques (…) jouèrent un rôle irremplaçable." Bien qu'il n'y ait "aucune nouvelle sensationnelle du front russe","en réalité la révolution poursuit sans trêve jour apès jour, heure après heure, son immense travail souterrain, minant les profondeurs de l'empire tout entier."(Ibid). Des affrontements sanglants ont lieu à Varsovie.
Des barricades sont dressées à Lodz. Les matelots du cuirassé Potemkine dans la Mer noire se révoltent. Toute cette période prépare le deuxième temps fort de la révolution.
Octobre et la constitution du soviet de Pétersbourg
"Cette seconde grande action révolutionnaire du prolétariat revêt un caractère sensiblement différent de la première grève de janvier. La conscience politique y joue un rôle beaucoup plus important. Certes, l'occasion qui déclencha la grève de masse fut ici encore accessoire et apparemment fortuite : il s'agit du conflit entre les cheminots et l’administration, à propos de la Caisse des Retraites. Mais le soulèvement général du prolétariat industriel qui suivit, est soutenu par une pensée politique claire. Le prologue de la grève de janvier avait été une supplique adressée au tsar afin d'obtenir la liberté politique ; le mot d’ordre de la grève d’octobre était : "Finissons en avec la comédie constitutionnelle du tsarisme !". Et grâce au succès immédiat de la grève générale qui se traduisit par le manifeste tsariste du 30 octobre, le mouvement ne reflue pas de lui même comme en janvier, pour revenir au début de la lutte économique mais déborde vers l'extérieur, exerçant avec ardeur la liberté politique nouvellement conquise. Des manifestations, des réunions, une presse toute jeune, des discussions publiques, des massacres sanglants pour terminer les réjouissances, suivis de nouvelles grèves de masse et de nouvelles manifestations."(ibid.)
Un changement qualitatif se produit en ce mois d’octobre exprimé par la constitution du soviet de Pétersbourg qui fera date dans l’histoire du mouvement ouvrier international. A l'issue de l'extension de la grève des typographes aux chemins de fer et aux télégraphes, les ouvriers prennent en assemblée générale la décision de former le soviet qui deviendra le centre névralgique de la révolution : "Le Conseil des députés ouvriers fut formé pour répondre à un besoin pratique, suscité par les conjonctures d’alors : il fallait avoir une organisation jouissant d’une autorité indiscutable, libre de toute tradition, qui grouperait du premier coup les multitudes disséminées et dépourvues de liaison ; cette organisation devait être un confluent de tous les courants révolutionnaires à l’intérieur du prolétariat ; elle devait être capable d’initiative et se contrôler elle-même d’une manière automatique." ([10] [44]). Dans beaucoup d'autres villes, à leur tour, se forment des soviets.
Le surgissement des premiers soviets passe inaperçu pour une grande partie du mouvement ouvrier international. Rosa Luxemburg qui a si magistralement analysé les nouvelles caractéristiques prises par la lutte du prolétariat à l'aube de la nouvelle période historique, la grève de masse, en s'appuyant sur la révolution de 1905, continue de considérer les syndicats comme les formes d'organisation de la classe ([11] [45]). Ce sont les Bolcheviks (et non de façon immédiate) et Trotsky qui comprennent le pas en avant que constitue pour le mouvement ouvrier la formation de ces organes en tant qu'organes de prise du pouvoir. Nous ne développerons pas cette question ici car nous y consacrerons un autre article ([12] [46]). Nous indiquerons seulement que c'est justement parce que le capitalisme entrait dans sa phase de déclin que la classe ouvrière se trouvait confrontée, dès lors, directement à la tâche de renversement du capitalisme ; ainsi, après 10 mois de luttes, d'agitation socialiste, de maturation de la conscience, de transformation du rapport de forces entre les classes, elle aboutissait "naturellement" à créer les organes de son pouvoir.
"Pour l'essentiel, les soviets étaient tout simplement des comités de grève, tels qu'il s'en constitue toujours pendant les grèves sauvages. En Russie, les grèves éclatant dans les grandes usines et gagnant très vite les villes et les provinces, les ouvriers devaient se tenir en contact de façon permanente. Ils se réunissaient et discutaient dans les ateliers, (…) ils envoyaient des délégués aux autres usines (…) Mais ces tâches revêtaient, en l'occurrence, une toute autre ampleur que dans les grèves courantes. Les ouvriers avaient en effet à s'affranchir de la lourde oppression tsariste et n'ignoraient pas que les fondements mêmes de la société russe se transformaient sous leur action. Il n'était pas seulement question de salaires, mais aussi de l'ensemble des problèmes liés à la société globale. Il leur fallait découvrir, eux-mêmes, leur voie sûre dans divers domaines et trancher des questions politiques. Lorsque la grève, s'intensifiant, se fut propagée au pays tout entier, qu'elle eut stoppé net l'industrie et les moyens de transport et paralysé les autorités, les soviets se trouvèrent devant des problèmes nouveaux. Ils devaient organiser la vie sociale, veiller tant au maintien de l'ordre qu'au bon fonctionnement des services publics indispensables, bref remplir des fonctions qui sont ordinairement celles des gouvernements. Ce qu'ils décidaient, les ouvriers l'exécutaient". ([13] [47])
Décembre et la répression
"Le rêve de la Constitution est suivi d'un réveil brutal. Et l'agitation sourde finit par déclencher en décembre la troisième grève générale de masse qui s'étend à l’Empire tout entier. Cette fois, le cours et l’issue en sont tout autres que dans les deux cas précédents. L’action politique ne cède pas la place à l'action économique comme en janvier, mais elle n’obtient pas non plus une victoire rapide, comme en octobre. La camarilla tsariste ne renouvelle pas ses essais d'instaurer une liberté politique véritable, et l’action révolutionnaire se heurte ainsi pour la première fois dans toute son étendue à ce mur inébranlable : la force matérielle de l’absolutisme."([14] [48]) La bourgeoisie capitaliste effrayée par le mouvement du prolétariat s'est rangée derrière le tsar. Le gouvernement n'a pas appliqué les lois libérales qu'il venait d'accorder. Les dirigeants du soviet de Petrograd sont arrêtés. Mais la lutte continue à Moscou : "La révolution de 1905 atteignit son point culminant lors de l'insurrection de décembre à Moscou. Un petit nombre d’insurgés, ouvriers organisés et armés – ils n'étaient guère plus de huit mille – résista pendant neuf jours au gouvernement du tsar. Celui-ci ne pouvait se fier à la garnison de Moscou, mais devait au contraire la tenir enfermée et ce n'est qu'avec l'arrivée du régiment de Sémionovski, appelé à Pétersbourg, qu'il put réprimer le soulèvement." ([15] [49])
Dans la deuxième partie de cet article qui paraîtra dans un prochain numéro de RI, nous reviendrons sur la nature prolétarienne de la révolution de 1905 et sur la dynamique de la grève de masse.
Ezechiele
(D'après la Revue Internationale n° 120)
[1] [50] Nous ne pouvons, dans le cadre de ces articles, restituer toute la richesse des événements ni l'ensemble des questions et nous renvoyons le lecteur aux documents historiques eux-mêmes.
[2] [51] L. Trotsky, 1905.
[3] [52] R. Luxemburg : Grève de masse, Parti et Syndicats, 1906.
[4] [53] Lénine : Rapport sur la révolution de 1905, 9 (22) janvier 1917.
[5] [54] Zoubatov était un policier qui avait fondé, en accord avec le gouvernement, des associations ouvrières qui avaient pour but de maintenir les conflits dans un cadre strictement économique et de les détourner ainsi de la mise en cause du gouvernement.
[6] [55] Lénine : "La grève de Pétersbourg", dans Grève économique et grève politique.
[7] [56] Lénine : "Rapport sur la révolution de 1905", idem..
[8] [57] L. Trotsky : 1905
[9] [58] R. Luxemburg : Grève de masse, Parti et syndicats.
[10] [59] L. Trotsky : 1905
[11] [60] Voir notre article "Notes sur la grève de masse" dans la Revue internationale n°27, 4e trimestre 1981.
[12] [61] Voir aussi notre article "Révolution de 1905 : enseignements fondamentaux pour le prolétariat" dans la Revue internationale n°43, 4e trimestre 1985.
[13] [62] Anton Pannekoek : Les conseils ouvriers (rédigé en 1941-42).
[14] [63] Rosa Luxemburg : Grève de masse, parti et syndicats.
[15] [64] Lénine : "Rapport sur la révolution de 1905".
Links
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[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/36/france
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[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
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[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/guerre
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[34] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/trotskysme
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[63] https://fr.internationalism.org/ri/355_1905.htm#_ftnref14
[64] https://fr.internationalism.org/ri/355_1905.htm#_ftnref15
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