L'année 2005 aura commencé sous le signe d'une reprise des appels à la mobilisation de la part des syndicats en France comme le pays n'en avait plus connu depuis juin 2003. Coup sur coup, étaient organisées trois "journées d'actions" : le 18 janvier à la Poste, le 19 à la SNCF, le 20 dans l'ensemble du secteur public. Et six confédérations syndicales sur sept appellent le public et le privé à manifester conjointement le 5 février "pour la défense des 35 heures". A quoi correspond ce "réveil" syndical qui contraste avec la passivité extrême des syndicats depuis la défaite de la lutte ouvrière du printemps 2003 ?
Mais d'abord deux autres questions se posent : quels sont les besoins pour la classe ouvrière aujourd'hui ? Que proposent les syndicats ?
La remontée de la combativité ouvrière qui s'est exprimée au niveau international à travers les luttes en France et en Autriche en 2003, aux Pays-Bas, en Espagne, en Allemagne en 2004 (voir l'article sur les leçons sur la lutte à Opel en page 3) a déjà démontré que la classe ouvrière n'a pas disparu et que ses luttes n'appartiennent pas à un passé révolu. Face à l'aggravation de la crise économique et aux attaques de la bourgeoisie, elle est de plus en plus contrainte partout de se battre pour défendre ses conditions de vie. Les prolétaires n'ont pas d'autre choix que de lutter et, s'ils ne le font pas, la bourgeoisie continuera à cogner de plus en plus fort.
Ce n'est qu'en reprenant le chemin de la lutte que la classe ouvrière peut développer le sentiment et la conscience d'appartenir à une même classe aux intérêts politiques et économiques communs, prendre confiance en elle-même et développer son unité et sa solidarité face à des attaques qui touchent l'ensemble de prolétaires, secteur public comme secteur privé. Et ce n'est que par la lutte massive que la classe ouvrière peut s'opposer aux attaques de la bourgeoisie.
Aujourd'hui encore, les revendications et les besoins qui s'affirment pour les ouvriers sont partout les mêmes face attaques qu'ils subissent :
- augmentation des salaires pour faire face à la hausse durement ressentie du coût de la vie, avec la ponction toujours plus lourde des taxes (prélèvements sociaux, hausse de tarifs publics, des loyers, des impôts, des assurances),
- augmentation des effectifs pour faire face aux conditions de travail qui se dégradent, à une productivité, à une flexibilité accrues.
Ces revendications sont partout ressenties comme une nécessité vitale, alors qu'aujourd'hui, l'ensemble de la classe ouvrière est confrontée. simultanément à une attaque massive contre le salaire social : après les retraites, les prolétaires subissent les effets du cumul des mesures adoptées sur la sécurité sociale.
Une étude publiée dans Le Monde du 30 décembre 2004 montre que les conditions de travail se sont considérablement dégradées en dix ans, par exemple le nombre d'ouvriers travaillant la nuit (entre minuit et 5 h du matin) a doublé. La flexibilité des lois Aubry enchante les patrons : "cette ultra-réactivité au marché est louée par tous les patrons, qui avouent pour certains n'avoir jamais imaginé, 'même dans leurs rêves les plus fous, arriver à un tel degré de flexibilité" (Libération du 12 janvier). En privé, un syndicaliste cédétiste déclare "les entreprises ont tout ce qu'il faut en magasin pour la flexibilité. On s'interroge parfois quand on les entend demander encore plus de souplesse dans le travail " et un autre de la CGT constate que, grâce à la loi sur les 35 heures, "les salaires sont bloqués et les entreprises ont gagné en productivité et allègement de charges. Voilà pourquoi elles se taisent sur les 35 heures" (Idem). Les lois Aubry sur les 35 heures avaient permis d'atteindre un objectif majeur pour la bourgeoisie : généraliser l'introduction de la flexibilité dans les contrats de travail. En même temps, la réduction du temps de travail contenue dans cette législation a été largement compensée par l'augmentation de la productivité et par le blocage des salaires. Aujourd'hui, cette attaque peut être menée plus loin par le gouvernement actuel. Elle est poursuivie et intensifiée par un nouveau rallongement du temps de travail au milieu d'un chantage désormais permanent au licenciement ou à la délocalisation pour faire accepter de nouveaux sacrifices.
Alors, reposons la question : que proposent les syndicats ? Précisément de se mobiliser autour de la défense des 35 heures et sa soi-disant remise en cause par le gouvernement actuel. C'est sur ce thème qu'ils appellent à manifester le 5 février. Mais ils appellent aussi, comme ils l'ont fait au cours des journées d'action de janvier, à se mobiliser pour "la défense du service public, "contre la privatisation" de ces services en poussant les ouvriers à se placer sous l'aile protectrice de l'Etat bourgeois. C'est pourtant ce même Etat bourgeois qui dirige, oriente et démantèle la protection sociale et orchestre ces "réformes", qui taille des coupes claires dans les effectifs comme n'importe quelle autre entreprise par souci de compétitivité entre nations, avec les mêmes critères de rentabilité, qui bloque les salaires de ses fonctionnaires et qui est responsable de la hausse du coût de la vie.
La plupart de ces mesures ont été mises en place depuis que la gauche était au gouvernement : hausse de la CSG, du forfait hospitalier, déremboursement des frais médicaux . par exemple le forfait hospitalier institué par le "ministre du PC Ralite en 1982 a été depuis lors multiplié par cinq ;
La fonction des syndicats n'est pas de "défendre les ouvriers" contre les attaques de la bourgeoisie mais bien de servir les intérêts de l'ennemi de classe, de la bourgeoisie et de son Etat pour saboter et dévoyer les besoins réels de la classe ouvrière, pour les détourner sur un terrain exploitable par la bourgeoisie.
Comment ils s'y prennent ?
Par exemple, alors qu'au nom de la "modernisation", la Poste a entrepris de fermer 6 000 bureaux "non rentables" (soit la moitié de son parc) notamment dans les villages et les petites communes et de les remplacer par des "points Poste" confiés à des petits commerçants locaux quelques heures par semaines et de supprimer 20% de ses effectifs (60 000 emplois), les syndicats détournent l'attention de cette attaque pour la polariser sur la "privatisation" de ce secteur et la "détérioration du service public".
Suite au viol d'une contrôleuse dans un TER, les syndicats comme le gouvernement ont cherché à orienter et à cristalliser la grève spontanée de solidarité qui a perturbé le réseau pendant plusieurs jours sur le problème de la sécurité dans les trains alors qu'il s'agissait d'une réaction élémentaire d'indignation et d'exaspération des cheminots face à la dégradation de leurs conditions de travail et à la taille dans leurs effectifs. C'est pour la même raison que certains guichetiers parisiens de la SNCF se sont mis en grève pour protester contre la mise en place de "guichets automatisés", qui supprime leur emploi.
Ces mouvements sociaux interviennent d'ailleurs alors qu'un accord avait été signé en octobre dernier entre 4 syndicats sur 6 (dont la CGT) et la direction pour limiter le droit de grève et éviter les "grèves-surprise" au nom de la défense du "service public et de l'usager"
Dans le secteur hospitalier, alors que manque de moyens et d'effectifs est général, les syndicats cherchent à isoler les infirmiers du secteur psychiatrique sous prétexte d'insécurité plus grande et de "dangerosité particulière du métier" et ils font partir en lutte un hôpital comme celui de Villejuif en mettant en avant des revendications spécifiques.
Les syndicats effectuent toujours le même sale travail de sabotage de la lutte et de division des ouvriers. C'est ce qu'ils ont fait au cours des luttes du printemps 2003, de concert avec le gouvernement en embarquant les travailleurs de l'Education nationale dans des revendications spécifiques à ce secteur, semant l'illusion que la lutte d'un seul secteur pouvait faire reculer le gouvernement pour faire passer l'attaque la plus générale sur les retraites et épuiser la combativité du secteur enseignant dans une grève longue conduisant à la démoralisation la plus profonde (voir notamment RI n°336, juin 2003 et n°337, juillet-août 2003).
Leur stratégie actuelle s'inscrit dans la même lignée qui ne peut mener qu'à la défaite. Dans la manifestation parisienne du 20 janvier, hospitaliers et enseignants étaient mobilisés à part dès le matin et ont rejoint ensuite le cortège général de la fonction publique en début d'après-midi, dans lequel chacun était solidement encadré, défilant derrière la banderole d'un syndicat, chaque syndicat organisé par branche ou secteur, chaque secteur divisé à son tour par site. Pour le 5 février, la mobilisation annoncée comme "nationale" et "unissant" privé et public se retrouve organisée de fait à l'échelle régionale et éparpillée dans toutes les grandes villes.
Il s'agit donc pour les syndicats :
- d'une part, de prendre les devants par rapport à un mécontentement social grandissant pour le canaliser, l'encadrer face à des attaques générales tous azimuts qui se déchaînent sur les salaires, les effectifs, les conditions de vie et de travail qui sont un terrain favorable au développement d'une lutte unitaire et solidaire ;
- d'autre part, d'occuper le terrain pour pourrir et dévoyer le mûrissement de la réflexion à l'œuvre au sein de l'ensemble de la classe ouvrière sur le fait que partout, dans tous les secteurs, dans tous les pays elle est attaquée de la même manière. C'est le développement de cette réflexion, de cette prise de conscience qui ne peut déboucher que sur la remise en cause du système capitaliste et la nécessité de se battre contre lui pour assurer la défense de ses conditions de vie que les syndicats entreprennent de pourrir.
L'agitation syndicale actuelle ne sert qu'à chercher à entraver le développement de la réflexion en profondeur de la classe ouvrière sur les enjeux de la situation : comment se battre et s'organiser elle-même face aux attaques de la bourgeoisie ?
W (27 janvier)
Porte parole de LO, Arlette Laguiller a consacré 2 éditoriaux à la catastrophe asiatique1. Ces textes semblent, à première vue, plein de bonnes intentions. On y pleure les morts, la misère des populations est jugée intolérable, les aides gouvernementales sont dénoncées comme dérisoires en comparaison des budgets militaires. Mais sous ce vernis radical se cache en effet l’idéologie la plus nauséabonde. Grattons donc un peu.
Face à la souffrance des populations touchées par le raz-de-marée, des millions de prolétaires ont spontanément voulu faire quelque chose. Ce sentiment de solidarité internationale est une expression de l’être même du prolétariat ; elle lui est naturelle parce qu’elle est une classe associée sans patrie ni frontière.
Que fait LO de cet élan de solidarité élémentaire ? Lisons plutôt : «Alors une fois de plus, comme lors de chaque catastrophe, on nous rappelle l’adresse des différentes organisations caritatives, des ONG, auxquelles le public peut adresser ses dons. Et c’est bien que des millions de prolétaires se sentent concernés par ce drame, c’est bien que ces organisations existent, puisque ceux qui par leur puissance économique, ou leur pouvoir politique, gèrent le monde, se préoccupent si peu de ce genre de problèmes». Autrement dit, la raison pour laquelle LO salue ces gestes de solidarités de la classe ouvrière, c’est parce qu’ils viennent pallier aux défaillances de la classe dominante, de ses Etats et ses gouvernements ! D’autre part, LO salue les ONG dont la fonction consiste justement à dénaturer et récupérer la véritable solidarité de la classe ouvrière en la dévoyant sur le terrain strictement caritatif de l’aide «humanitaire» !
LO plébiscite ces organisations qui se sont ruées sur les régions sinistrées, dans une course effroyable, afin d’y défendre l’image et les intérêt de leurs nations respectives2. Après le tsunami, tel des charognards, chaque Etat a voulu saisir «la merveilleuse occasion pour montrer le cœur du gouvernement et du peuple» (Condoleeza Rice, porte parole du gouvernement américain), c’est à dire d’utiliser l’alibi humanitaire pour s’implanter dans la région. C’est à cette immense curée chauvine que LO apporte sa pleine contribution.
Comme toujours LO pratique pour cela le double langage. Ainsi, Arlette y va de son petit couplet pour regretter que ne soit pas mis en place un «SAMU international» par «les dirigeants d’Etat et les politiciens» qui «se contentent de belles paroles», même si ce recours est auparavant pourtant qualifié de «dérisoire». Il n’en est pas moins vrai que LO laisse entendre que ce serait tout de même «mieux» ainsi. LO qui prétend être une organisation révolutionnaire cherche en fait à masquer l’entière responsabilité du capitalisme dans les quelque 300 000 morts de la catastrophe. Pour évacuer cette dénonciation, Arlette réussit le tour de force de ne pas écrire une seule fois le mot ‘capitalisme’ dans ses deux articles ! Pas une seule phrase qui ne dénonce le capitalisme comme responsable de la catastrophe sociale ! Pas un seul appel à la lutte de classe du prolétariat pour renverser ce système moribond avant qu’il ne détruise l’humanité ! Bien au contraire, Arlette participe pleinement aux mensonges bourgeois lorsqu’elle affirme qu’il s’agit d’une catastrophe «naturelle» !
LO cherche, de plus, à faire passer l’idée dans la classe ouvrière qu’il y aurait des «solutions» à l’intérieur même des institutions existantes comme une coopération internationale des ONG ou des gouvernements pour améliorer le sort des populations sinistrées. On est à l’opposé d’une attitude «révolutionnaire» comme celle d’un Lénine qui, en 1919, quand la bourgeoisie a prétendu organiser une institution internationale pour la paix (la Société des Nations, à l’époque), l’a dénoncé comme un «repaire de brigands» !
LO joue ici parfaitement son rôle d’extrême gauche du capital. Tout est fait pour bercer d’illusions le prolétariat, pour lui faire croire qu’un capitalisme au visage plus humain est possible. Alors que le capitalisme est le seul responsable de l’horreur qui s’est abattue sur l’Asie du Sud, alors que ce drame est une nouvelle démonstration de la nature barbare et meurtrière de ce système d’exploitation, LO ajoute ici sa petite pierre au battage général de la bourgeoisie pour entretenir chez les ouvriers un sentiment d’impuissance. Le capitalisme n’y est pour rien. La classe ouvrière n’a plus qu’à mettre la main à la poche et soutenir ainsi son pire ennemi, l’Etat capitaliste et ses ONG.
Ride
1 Editoriaux du 31 décembre 2004 et du 7 janvier 2005.
2 Lire notre article ‘C’est le capitalisme qui est responsable de la catastrophe sociale’.
Samedi 18 décembre 2004, deux soignantes de l'hôpital psychiatrique de Pau étaient retrouvées atrocement assassinées sur leur lieu de travail. C'est à juste titre que cet événement a créé une grande émotion dans le milieu hospitalier comme dans l'ensemble de la population. Ce drame a en effet une fois de plus mis à nu la réalité catastrophique des conditions de travail et du manque d'effectif des hôpitaux psychiatriques et plus largement des hôpitaux généraux. Récemment, la découverte d'un probable assassinat de malade à l'hôpital Georges Pompidou de Paris où le meurtre d'un patient par un autre dans un hôpital psychiatrique du Nord de la France sont venus remettre en avant cette question de plus en plus récurrente de la violence et de l'insécurité dans les établissements hospitaliers.
Evidemment, le ministre de la santé, le "bon" Dr Douste-Blazy, s'est précipité à Pau pour assurer le personnel de sa peine en réclamant énergiquement un "moratoire immédiat sur la fermeture des lits en hôpital psychiatrique". Le tout étayé de la promesse du déblocage pour la mi-février 2005 de 200 millions d'euros pour le secteur de la santé mentale, ce "parent pauvre" de la santé publique.
Ces mesures ne semblent de prime abord n'être qu'un cautère sur une jambe de bois ; les 200 millions d'euros débloqués ne représentent en effet rien au regard des exigences en terme de personnel. Il ne s'agit en effet pas d'une augmentation du budget mais d'un fond momentané.
L'essentiel n'est cependant pas là. Car il est clair que, derrière leurs larmes de crocodile, le ministre de la santé et le gouvernement n'ont pas seulement proposé des mesures de poudre aux yeux mais se sont, en réalité, servis avec le pire cynisme du meurtre des deux soignantes de Pau pour avancer la mise en place d'une exploitation aggravée des soignants en psychiatrie. Le fameux "moratoire", c'est-à-dire le gel de la fermeture des lits en psychiatrie, sans personnel supplémentaire ce qui est certain, signifie clairement la continuation des mêmes conditions de travail, dans une situation sociale où le nombre de gens atteints de troubles psychologiques graves augmente à vitesse grand V.
Mais c'est aussi la proposition d'ouvrir les centres médico-psychologiques jusqu'à 20h et le week-end qui est une véritable crapulerie. Le personnel de ces centres qui accueille ou visite des patients, souvent en crise, est encore moins nombreux que celui du personnel des hôpitaux donc encore plus exposé, car de surcroît isolé dans les communes. Ce qui signifie le mettre potentiellement encore plus en danger sans aucunement régler le problème de la surveillance des personnes potentiellement dangereuses dans ou hors de l'hôpital.
Douste-Blazy, qui a fait le serment d'Hippocrate, a d'autres réponses, d'une efficacité redoutable. D'abord, embaucher, non pas des infirmières, mais… des vigiles "formés au milieu hospitalier", autrement dit des matons pour aliénés ! Il y a mieux encore : relier les lieux de soins en psychiatrie directement avec les commissariats. C'est pour cela que de Villepin l'a accompagné dans sa tournée des popotes. C'est sûr, les malades seront bien soignés ! Et le personnel sous surveillance.
Voilà ce que nous propose la bourgeoisie et ses représentants devant les expressions les plus criantes de la décomposition du système capitaliste, comme la montée de la violence des rapports humains ou l'augmentation des décès au travail : le renforcement de l'exploitation et la matraque.
Mulan (26 janvier)En réponse à la menace de réductions massives d’emplois et de fermetures d’usines par General Motors, une grève de six jours a eu lieu à Bochum chez Opel. Cette grève spontanée, non officielle, a été la plus longue et la plus significative en Allemagne depuis les grandes grèves sauvages de la fin des années 1960 et du début des années 1970.
Pendant presque toute une semaine, la population ouvrière, pas seulement en Allemagne, a suivi avec attention et une grande sympathie les événements à Bochum. Dans les autres usines de General Motors (GM) en Europe aussi, les ouvriers ont exprimé ouvertement qu’ils admiraient et s’identifiaient aux prolétaires de Bochum pour leur courage et leur combativité. Par exemple, pendant la "journée d’action" organisée par les syndicats le 19 octobre, de courts arrêts de travail ont eu lieu. L’importance des germes de solidarité, qui ont été activés par cette lutte ouvrière, peut se mesurer au fait que les employeurs, tant que la grève se développait, n’ont pas osé prendre des mesures légales contre les grévistes, bien que normalement – précisément en Allemagne démocratique – il y ait une répression particulièrement rigoureuse contre toute lutte ouvrière se déroulant en dehors du cadre syndical des négociations officielles. Les patrons ont bien sûr utilisé les menaces habituelles, dénigré les "meneurs", répandu des rumeurs à propos de voitures et de machines cassées et menacé d’appeler la police si la grève ne cessait pas immédiatement.
Bien que le syndicat IG Metal et le conseil d’usine (1) d’Opel-Bochum aient justifié la fin de la grève au moyen de l’argument selon lequel les ouvriers auraient obligé les employeurs à revenir à la table des négociations et à offrir des garanties de non-fermeture des usines, la principale revendication des grévistes – qu’il n’y ait pas de licenciements – n’a pas été satisfaite. L’aspect significatif de cette grève réside néanmoins avant tout dans le fait qu’elle a démontré la capacité de la classe ouvrière d’agir en tant que force indépendante de la société actuelle. Ce n’est pas par hasard que le conflit à Opel ait donné lieu à un débat dans les médias de la bourgeoisie entre d’un côté les sociologues, qui parlent d’un "retour de la lutte de classe, au sens marxiste du terme" et, de l’autre côté, les idéologues des mouvements de "mondialisation alternative" et de "lutte contre le travail", qui ont depuis longtemps déclaré la lutte ouvrière morte et enterrée. De telles discussions servent d’un côté à semer la confusion chez les ouvriers, quand des théoriciens petit-bourgeois comme Robert Kurz du groupe "Krisis" se voient donner l’occasion de déclarer à la Télévision que la lutte à Opel est supposée avoir été la confirmation du fait que la lutte ouvrière a été remplacée par un combat interclassiste pour le "droit à la paresse". Mais elles servent aussi à préparer la classe dominante dans son ensemble à réaliser que l’époque (surtout après 1989) où il était possible, de façon plus ou moins crédible, de nier la réalité de la lutte de classe, touche à sa fin. L’antagonisme qui s’approfondit entre les riches et les pauvres, entre le capital et le travail salarié mais, par-dessus tout, la résistance des travailleurs attaqués a mis en marche le processus de reconquête de son identité de classe par le prolétariat, laquelle, à son tour, constitue une des principales conditions d’une lutte défensive plus puissante et plus consciente de la classe ouvrière.
Comme toute grève ouvrière significative, la grève à Bochum n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein. De telles luttes sont toujours des moments d’une série de combats ouvriers à l’échelle internationale. Aujourd’hui, le prolétariat commence à lutter contre les attaques de ses conditions de vie résultant de l’approfondissement de la crise économique. Ce renouveau des luttes défensives a trouvé sa première expression au printemps 2003 avec les grèves et les manifestations dans le secteur public en France et en Autriche contre la "réforme de la retraite", qui ont vu leur prolongement en Italie dans les manifestations contre la baisse des retraites, contre les licenciements à Fiat ou dans les grèves dans les transports publics ; en Grande Bretagne chez les pompiers et les ouvriers de la poste pendant l’hiver 2003 ; aux Etats-Unis, contre les réductions massives au niveau de la santé et des retraites, etc. De plus en plus, les travailleurs de tous les pays sont confrontés à l’allongement du temps de travail, ce qui a pour conséquence une détérioration de la force de travail et de la santé des ouvriers en même temps qu’une diminution dramatique des salaires et le plongeon des chômeurs et des retraités dans la plus amère des pauvretés.
Ce qui caractérise la situation actuelle, c’est le rôle central joué par le chômage. Les licenciements massifs et les fermetures d’usine se multiplient alors que les attaques contre les chômeurs ne cessent pas pour autant. Le chantage ouvert, au travers de menace de fermetures ou de délocalisations, est utilisé sans vergogne pour obtenir des réductions de salaire, plus d’heures travaillées et une flexibilité toujours plus grande. Dans ce processus, dresser les uns contre les autres les employés de différentes usines est une politique qui s’impose à la bourgeoisie dans tous les pays.
La classe ouvrière répond déjà à ces menaces par des luttes. Le 2 octobre 2004, en Hollande et en Allemagne, des manifestations simultanées de 200 000 personnes à Amsterdam et de 45 000 à Berlin ont eu lieu contre les attaques de l’Etat lancées contre les chômeurs. En septembre 2004, des ouvriers des chantiers navals à Puerto Reale et à San Fernando en Andalousie (Espagne) ont fait grève et ont manifesté contre les licenciements massifs.
Ce qui est typique de ces luttes, c’est qu’elles sont préparées par d’autres luttes, moins significatives, dans le même secteur ou dans un autre, et qu’à leur tour elles en préparent de futures. Ainsi, il y avait déjà eu des arrêts de travail il y a quatre ans chez Opel à Bochum en réponse à la menace de réductions d’emplois suivis, au printemps 2004, d’un arrêt de travail sauvage à l’usine automobile Ford à Cologne. Il y a cependant un aspect commun à la grève actuelle à Bochum et aux luttes revendicatives qui se sont déroulées il y a trois mois à Mercedes. Les ouvriers y avaient mis en pratique la leçon selon laquelle on ne peut pas, et on ne doit pas, accepter le chantage de la bourgeoisie sans mener de combat. Grâce à un réveil de la solidarité de classe, les ouvriers ont ainsi contré les tentatives des patrons d’opposer les employés des différentes usines les uns contre les autres. En ce sens, les ouvriers d’Opel-Bochum ont repris la flamme de la courageuse lutte de leurs collègues de Mercedes.
Bien sûr, les syndicalistes radicaux ont essayé d’expliquer la reprise du travail à Bochum au bout de six jours (sans que les principales revendications des ouvriers aient été satisfaites), par la manœuvre de la direction de IG Metall et du conseil d’usine le 20 octobre. Celle-ci a constitué à faire voter les ouvriers sur l’ouverture de négociations conditionnée par la reprise du travail. Elle est aussi un exemple typique de manœuvre syndicale contre les ouvriers où la poursuite sans fin d’une grève déjà isolée est présentée comme la seule alternative à l’arrêt de la lutte. De fait, les questions décisives pour la lutte se sont trouvées passées à la trappe :
- Comment faire pour que les revendications ouvrières soient le plus efficace possible ?
- Qui négocie, les syndicats et le conseil d’usine ou les délégués choisis par une assemblée générale ?
Les syndicalistes radicaux, en prenant parti pour une grève longue et isolée, n’ont pas fait autre chose que de soutenir l’une des options de la fausse alternative de la direction. Quand l’annonce des réductions d’emplois programmées en Europe a été faite, les ouvriers de TOUTES les usines Opel ont réagi avec indignation par des arrêts de travail. Exactement comme chez Mercedes pendant l’été, quand des grèves ont eu lieu simultanément à Sindelfinden (Stuttgart) et à Brème, démontrant ainsi que les forces ouvrières des différentes usines étaient déterminées à ne pas se laisser monter les unes contre les autres. Ici aussi, les ouvriers des usines principalement ciblées, Bochum et Rüsselsheim (chacune menacée d’environ 5000 licenciements), ont réagi ensemble. L’IG Metall et le conseil d’usine à Bochum n’ont même pas essayé de casser cet élan de combativité initial. Mais tout a été fait pour imposer une reprise rapide du travail à Rüsselsheim. C’est un fait qui a été systématiquement ignoré par les médias capitalistes de gauche. Même s’ils le mentionnaient, c’était de façon à donner l’impression que les travailleurs de Rüsselsheim étaient la cause de cette division.
La reprise rapide du travail dans l’usine "mère" d’Opel près de Francfort (Rüsselsheim) a été vécue par les ouvriers de Bochum, qui restaient en grève, comme une désolidarisation. Aussi, dès le deuxième jour du mouvement à Opel, on sentait déjà s’enfoncer le coin de la division, ce contre quoi les ouvriers de Mercedes avaient été capables de se prémunir.
Comment l’expliquer ? Quelques semaines avant les annonces de suppression de 12 000 emplois en Europe, GM avait fait savoir qu’une seule usine subsisterai en Europe, soit à Rüsselsheim, soit à Trollhätan en Suède. Pendant les premiers jours de la grève, déjà, le conseil d’usine et l’IG Metall (IGM) à Rüsselsheim n’ont laissé planer aucun doute sur le fait qu’ils ne toléreraient pas d’autre action de solidarité avec les ouvriers de Bochum, parce que cela pouvait amener l’usine en Hesse à perdre face à son "rival suédois". Le syndicat, le conseil d’usine et le SPD ont appelé à des manifestations séparées des différentes usines le 19 octobre alors qu’ils auraient pu facilement organiser une action commune. Mais à l’inverse, les ouvriers de Bochum et de Rüsselsheim ont constamment été éloignés les uns des autres, de façon à ce que jamais l’occasion de se rencontrer et de discuter de leurs intérêts communs ne soit possible. Les saboteurs de la lutte n’ont même pas permis à une petite délégation d’aller de Rüsselsheim à Bochum, et inversement, pour porter leurs témoignages de solidarité. Au contraire, le conseil d’usine de Rüsselsheim a mis en garde contre "les têtes brûlées" de la Rhur, alors que leurs compères à Bochum faisaient sans arrêt des remarques sarcastiques sur la solidarité de leurs "chers collègues" de Rüsselsheim. Pour avoir une idée de toute l’ampleur de l’hypocrisie des syndicats pendant la "journée de solidarité dans toute l’Europe", il suffit de mentionner comment les syndicats suédois, dans une assemblée ouvrière, après le rapide et habituel blabla sur leur solidarité avec les ouvriers d’Opel, se sont empressés d’annoncer triomphalement que le Premier ministre suédois Persson avait promis de s’engager personnellement pour que la production reste en Suède, c’est à dire que le site de Rüsselsheim soit liquidé.
Qu’en était-il à Bochum où la grève continuait ? Là, les représentants officiels de l’IGM et le conseil d’usine avaient fait tellement profil bas au début de la grève qu’une partie des medias les accusaient d’avoir perdu le contrôle de la situation. D’autres critiquaient le fait que ces responsables aient laissé le champ libre aux syndicalistes radicaux. Juste quelques jours plus tard, les syndicats allaient démontrer comment en réalité ils avaient peu perdu le contrôle, en mettant fin relativement facilement à la grève. Mais il est vrai que, pendant les premiers jours, les leaders syndicaux avaient vraiment laissé le terrain aux "radicaux". Dès qu’il est apparu clairement que les gens de Bochum restaient isolés dans leur grève, ces pseudo-radicaux, en tant que représentants les plus conséquents de l’idéologie syndicale, ont commencé à faire campagne pour "une grève longue, qui résiste jusqu’au bout". Il y a un siècle, quand les travailleurs en lutte se battaient principalement contre des capitalistes individuels, ils pouvaient réellement imposer leurs intérêts en faisant leur propre grève. Mais, depuis que ces entreprises familiales sont devenues des consortiums géants, qui sont liés au niveau national à d’autres et entreprises et à l’Etat, les ouvriers doivent se battre en tant que classe, c’est-à-dire qu’ils doivent étendre et unifier leurs luttes de façon à être capables d’opposer une résistance efficace. Aujourd’hui, et déjà au 20e siècle, l’idéologie syndicale des luttes séparées, isolées, est devenue un point de vue bourgeois, une recette pour battre les ouvriers. Chez Opel à Bochum, cela s’est avéré encore une fois être un moyen de diviser les ouvriers. Alors qu’une majorité – pressentant déjà l’impasse dans laquelle les menait une grève isolée – allait voter la reprise du travail, une minorité combative, dans sa rage, voulait continuer quelles que soient les conséquences. Quelques-uns parmi eux accusaient même la majorité d’avoir trahi la cause commune. A ce moment là, la division s’installait, pas seulement entre Bochum et Rüsselsheim, mais aussi au sein des ouvriers de Bochum. Par la suite, les représentants de la "grève jusqu’au bout" - par exemple les tenants du MLPD stalinien – ont affirmé que si la grève avait duré quelques jours de plus, les capitalistes auraient été obligés de capituler. Mais, de plus, l’enjeu de la lutte va bien au-delà que le simple blocage de la production. Il s’agit avant tout de faire pencher le rapport de force entre les classes en faveur du prolétariat, grâce à l’extension et à l’unification des luttes ouvrières.
Il n’en est pas moins vrai qu’après une semaine, la bourgeoisie avait hâte de mettre fin à la grève à Bochum. Pas parce qu’il y aurait eu une menace quelconque d’effondrement de la production mondiale de GM. Nous touchons là le cœur du problème. La grève à Bochum a réellement eu un impact sur la bourgeoisie et a rendu nerveux les défenseurs du système. Mais cela pas à cause des conséquences éventuelles pour la production, mais bien pour les conséquences possibles de cette lutte sur les autres travailleurs, sur le développement de la conscience de classe dans son ensemble. Ce dont ils avaient peur, d’abord, ce n’était même pas de l’extension de la lutte immédiate à d’autres parties de la classe, la situation, la combativité générale et surtout le niveau de conscience n’étant pas encore assez mûrs pour cela. Ce qui leur causait le plus de souci, c’était les manifestations de combativité ouvrière dans le contexte d’une simultanéité de plus en plus grande des attaques contre tous les ouvriers. Ce que redoutait la classe dominante était que la classe, stimulée par la lutte d’Opel, reconnaisse lentement mais sûrement que les travailleurs des différentes entreprises, branches ou régions, ont des intérêts communs, et ont besoin d’une solidarité vivante.
La lutte à Opel a déjà mis les ouvriers devant un défi plus grand qu’à Mercedes. Ainsi, à Opel, la possibilité de chantage était beaucoup plus importante, y compris la possibilité de fermeture complète de l’usine. Les travailleurs ont relevé ce défi, au moins à Bochum, avec une combativité plus grande. Mais il n’y a pas encore eu de développement conséquent du niveau de la conscience de classe. Ce n’est pas surprenant. Ce à quoi la classe aujourd’hui est de plus en plus confrontée, c’est à la banqueroute de plus en plus visible de la société tout entière, celle du capitalisme. Il est évident que le prolétariat aura à faire tentatives sur tentatives, avant même de commencer à avoir un aperçu de toute l’ampleur du problème et qu’il reculera de façon répétitive devant l’immensité de la tâche. C’est le rôle des révolutionnaires aujourd’hui de soutenir les travailleurs dans cette lutte pour acquérir leur propre perspective de classe. C’est pourquoi le CCI a distribué un tract pendant la journée d’action à Bochum et Rüsselsheim, qui ne se contentait pas d’appeler les ouvriers à lutter mais essayait de stimuler la réflexion politique dans la classe.
D’après Weltrevolution 127 (19.11.2004)
(1) "Betriebsrat": structure légale de cogestion des entreprises qui englobe le patronat et le syndicat de branche.
L’élection de Mahmoud Abbas, début janvier, à la présidence de l’autorité palestinienne a été saluée par l’ensemble de la bourgeoisie, au niveau international, comme un nouvel espoir, comme une nouvelle chance pour relancer les négociations de paix avec Israël. George Bush a même présenté ces élections "largement libres et honnêtes" comme une "nouvelle preuve que les peuples du Moyen-orient veulent la démocratie". Pour cacher ses velléités guerrières, la classe bourgeoise est prête à n’importe quel mensonge d’un cynisme sans limites. Pour les besoins de sa propagande "pacifiste", le nouveau chef palestinien devient un interlocuteur privilégié car il aurait une politique modérée, alors que ce n’est qu’un vulgaire chef de guerre, fidèle lieutenant des basses œuvres de Arafat, connu aussi sous le nom de guerre de Abou Ammar. Quant à l’enthousiasme de la population pour le scrutin électoral et la démocratie, ce ne sont encore que des mensonges !
Malgré la coopération entre gouvernements palestinien et israélien, l’aide des Etats-Unis et d’observateurs de l’ONU pour ramener la population vers les urnes, le cirque électoral n’a pas connu un réel succès. Mahmoud Abbas a été élu avec 62% des voix, "soit 30% des palestiniens résidant dans les territoires et seulement 15% de l’ensemble des Palestiniens en âge de voter (y compris les réfugiés et les expatriés). Sa majorité "locale" de 62, 32% est donc toute relative !" (revue Jeune Afrique du 15/01/05).
Si l’appel au boycott de la consultation par les islamistes du Hamas et du Djihad a eu un certain impact, la faible participation illustre surtout le désespoir, le désarroi d’une population décimée, endeuillée, terrorisée par les bombardements, par les massacres, par le lourd tribut payé quotidiennement à l’Intifada et qui ne croit plus aux discours de paix et aux promesses de meilleures conditions de vie de ses dirigeants, tous aussi corrompus les uns que les autres. Pour le prolétariat et la population palestinienne, otages de l’OLP dans sa guerre nationaliste contre l’Etat d’Israël, la misère ne cesse de s’aggraver. Alors que 130 000 palestiniens travaillaient en 2000, en Israël, ils ne sont plus que 40 000 depuis 2002. La moitié de la population vit désormais avec moins de deux dollars par jour. Au sud de la bande de Gaza, la malnutrition a même fait son apparition. Voilà la réalité épouvantable de la défense chauvine de la "cause palestinienne" !
Quant aux déclarations optimistes et rassurantes sur la possibilité de nouvelles négociations, c’est du même acabit que les discours de paix que les différents protagonistes nous servent depuis plusieurs dizaines d’années. Certes, cela arrangerait bien la bourgeoisie américaine embourbée en Irak qu’une accalmie ait lieu, de même les Européens qui cherchent à reprendre de l’influence au Moyen-Orient, mais le fragile cessez-le-feu israëlo-palestinien n’est que le prélude à de nouveaux affrontements et massacres. La nouvelle équipe Sharon, alliée à la gauche travailliste maintient la même politique qui est d’accélérer le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza pour mieux encercler la Cisjordanie et l’isoler totalement à travers la poursuite de la construction du mur autour d’elle. Pour enlever toute légitimité à la demande de l’autorité palestinienne d’avoir Jérusalem-est pour capitale d’un Etat palestinien, Israël a réactivé discrètement un texte de loi de confiscation des biens palestiniens sans avoir à offrir le moindre dédommagement qui date de 1950. Ce texte pourrait permettre au gouvernement de s’accaparer la moitié des propriétés de Jérusalem-Est qui appartiennent aux palestiniens. Cette politique du pire ne peut que faire exploser à court terme, la fragile unité des gangsters palestiniens et engendrer une recrudescence d’attentats suicides toujours plus meurtriers pour la population israélienne et en retour une répression sanglante de la population palestinienne par le clan Sharon/Perés.
Alors que les attentats meurtriers succèdent à des attentats toujours plus sanglants, les médias et les grandes puissances présentent les élections du 30 janvier en Irak comme un événement historique car cela fait plus de 50 ans qu’un tel processus démocratique n’a pas eu lieu. Autrement dit, si on arrivait à empêcher les actes terroristes, notamment de la nébuleuse Al-Qaida, personnifiée en Irak, par le jordanien Al-Zarkaoui, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. La réalité est tout autre ! les attentats terroristes sont directement le produit de la 2e guerre du Golfe, de l’offensive américaine dans cette région du monde qui a conduit à l’implosion de l’Irak et à ouvrir la boîte de pandore des affrontements entre cliques Islamistes, Chiites, Sunnites et Kurdes. De façon plus générale, l’Irak constitue, aujourd’hui, le point névralgique des rivalités entre puissances capitalistes, en compétition pour la défense de leur rang impérialiste dans le monde. Alors que l’armée américaine s’enlise, et commet des massacres et des bombardements systématiques des villes contrôlées par les rebelles, le chaos n’a de cesse de se développer dans l’ensemble du pays, y compris dans les zones sécurisées par les américains et leurs alliés. De fait, l’inquiétude gagne et à plusieurs reprises la question du report des élections a été posée. Mais les Etats-Unis ne peuvent se permettre de reculer. Même dans un climat de guerre, il faut que la consultation électorale ait lieu car il y va de leur crédibilité politique, d’autant plus que la justification de leur intervention militaire, à savoir les armes de destruction massives vient d’être passablement écornée. Il est reconnu officiellement qu’elles n’existaient pas. C’est pour cela que ces élections vont avoir lieu sous haute surveillance. C’est une militarisation électorale qui s’organise. Des centaines de milliers de soldats américains et anglais vont surveiller les 7000 bureaux de vote, soutenus par 100 000 agents de l’ordre irakien, avec couvre-feu, routes barrées, frontières fermées et les noms des candidats, publiés seulement cinq jours avant l'échéance. Certes, les élections vont avoir lieu et après ? Le risque d’un chaos à l’échelle du pays, avec des répercussions sur les pays voisins est réel, notamment pour la Turquie et l’Iran. Alors que les sunnites appellent au boycott des élections, que les chiites sont divisés entre pro et anti-iraniens, il existe de "nouveaux problèmes en perspective : les kurdes veulent à tout prix inclure la région de Kirkouk et ses immenses richesses pétrolières dans leur zone autonome, ce que ni les sunnites ni les chiites ne semblent prêts à accepter. Il y aura des frictions, peut-être des affrontements. L’hypothèse d’un glissement vers une partition du pays- en principe rejetée par les Etats-Unis comme par tous les voisins de l’Irak, voire d’une guerre civile n’est plus exclue"(Le Monde du 5/01).
Alors que de nouveaux massacres sont en préparation derrière les pourparlers de paix en Palestine, et que les élections irakiennes vont "accoucher" d’un nouvel enfoncement dans la barbarie, les Etats-Unis viennent de mettre en tête de la liste des pays potentiellement dangereux, l’Iran, en raison de son programme nucléaire et de son soutien au terrorisme.
Cela signifie que de nouvelles interventions militaires sont à l’ordre du jour. "Quant à l’Iran, pour le moment, il y a incompatibilité entre les positions américaine et européenne. Pour Washington, il est inacceptable que l’Iran devienne une puissance nucléaire, même s’il faut, pour l’empêcher, recourir à la force. Pour les Européens, ce qui est inacceptable, c’est l’usage de la force militaire." (ibid)
Comme pour le conflit irakien et l’ensemble des conflits en cours sur la planète, ces divergences sur l’Iran entre les grandes puissances reflètent les intérêts différents de chacun. Ne nous laissons pas prendre par les discours qui voudraient nous faire croire que certains seraient plus pacifiques que d’autres ! Ce sont tous des brigands impérialistes, dont la préoccupation est la défense de leur nation, de leurs intérêts capitalistes. La stabilité et la paix ne sont pas possibles dans cette société. "Quel que soit le motif idéologique avancé par la bourgeoisie pour affirmer ses prétentions impérialistes, celui-ci n’est toujours qu’un prétexte, la seule explication à l’aggravation des tensions et à la multiplication des conflits étant l’enfoncement irrémédiable du capitalisme dans une crise sans fin. C’est pourquoi la solution à ceux-ci n’est ni l’instauration de la démocratie, ni la recherche de l’indépendance nationale, ni l’abandon par les Etats-Unis en propre de leur volonté hégémonique, ni aucune réforme du capitalisme quelle qu’elle soit, mais bien la destruction de celui-ci à l’échelle mondiale" ( extrait de la Revue Internationale n°120).
Donald (27 janvier)Célébrée en Ukraine et dans les puissances occidentales comme le triomphe de la légalité démocratique parachevant le processus de démocratisation ouvert en 1991 avec le détachement de ce pays de l’URSS, l’élection de Iouchtchenko à la présidence n’ouvre certainement pas la "nouvelle ère" promettant un "avenir radieux aux Ukrainiens et à l’Ukraine."
Dans le contexte désastreux de l’Ukraine qui, depuis l’indépendance en 1991, a perdu plus de 60% de son produit national brut et où le revenu par habitant a chuté de 42%, l’appel du nouveau président à tous les Ukrainiens "à retrousser leurs manches pour servir leur pays" va se répercuter par de nouveaux sacrifices et une plongée encore plus catastrophique dans la misère pour la population dont près de la moitié vit déjà en dessous du seuil de pauvreté. Rien ne différencie Iouchtchenko et Ianoukovitch : "la différence de programme entre les deux protagonistes est minime."1 Tous deux sont issus du sérail stalinien d’avant 1991, l’un et l’autre furent les Premiers Ministres du président Kouchma (Iouchtchenko de 1999 à 2001) et également responsables de nombreuses attaques contre la classe ouvrière.
Le prolétariat n’a rien à gagner à ce soi-disant avènement de la démocratie. Pour lui, et comme partout dans le monde, les élections capitalistes, "truquées" ou tenues selon les "standards occidentaux", ne sont toujours que tromperie. C’est toujours la bourgeoisie qui les gagne ; pour la classe ouvrière, elles ne peuvent que signifier soumission aux intérêts du capital, renforcement de son exploitation, paupérisation accrue et guerre impérialiste.
Le soutien apporté "au processus de démocratisation" en Ukraine n’est en réalité qu’une couverture à l’offensive américaine pour faire basculer l’Ukraine dans leur sphère d’influence et le masque de l’affrontement entre les grandes puissances occidentales pour les dépouilles de l’ex-bloc de l’Est effondré en 1989. Ce gigantesque bouleversement historique a relancé la lutte pour l’hégémonie mondiale et la redistribution des cartes en Europe. La montée en puissance de l’Allemagne qui se pose de plus en plus en rivale des Etats-Unis et la volonté de ces derniers de maintenir à tout prix leur suprématie sur le monde font de l’Europe un enjeu crucial dans les affrontements impérialistes.
"L’élection présidentielle en Ukraine n’a jamais été une affaire intérieure. On a beaucoup parlé de l’intervention des Russes. Mais en 2004, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a consacré 55 millions de dollars au développement de la démocratie en Ukraine. Trente médias d’opposition ont reçu un soutien organisationnel et financier. Dans tout le pays, les Américains ont supervisé, avec l’aide d’associations locales, la formation d’assistants et d’observateurs électoraux. Le secrétariat d’Etat a versé 10 millions de dollars supplémentaires en tant qu’aide directe au processus électoral. Les deux grands partis américains se sont engagés et ont envoyé des consultants sur place. (…) Ce n’est pas par idéalisme que les Etats-Unis mènent ce combat. Washington veut voir dans les Ukrainiens de "nouveaux Européens", susceptibles de servir l’OTAN et d’affaiblir l’UE. Dans le cadre de la stratégie de sécurité nationale américaine, tout doit être fait pour empêcher l’émergence de rivaux régionaux."2
Il n’est pas surprenant de voir dénoncer en Allemagne le rôle des Etats-Unis qui viennent de lui souffler la proie qu’elle aussi convoite !
Par leur mainmise impérialiste sur l’Ukraine, les Etats-Unis concrétisent un objectif formulé dès les années 1990, lorsqu’ils ambitionnaient déjà qu’"entre 2005 et 2010, l’Ukraine [devait] être prête à des discussions sérieuses avec l’OTAN", affectant à ce pays un futur rôle clé au sein du "noyau principal de sécurité en Europe", après 2010, ceci dans le cadre de leur stratégie de renforcer "la tête de pont américaine sur le continent eurasien."3 Les Etats-Unis visent à "empêcher toute puissance potentiellement hostile de dominer l’Europe."4 Ils encerclent l’Allemagne réunifiée qui espère tirer avantage de la situation historique inaugurée en 1989 pour postuler à la direction d’un nouveau bloc dirigé contre eux en cherchant à "combler le vide stratégique de l’Europe centrale"5 et en bloquant les tentatives de l’Allemagne d’accroître son influence dans l’est européen.
Les Etats-Unis prennent un coup d’avance sur l’Allemagne en prépositionnant leurs hommes liges sur les terres qui constituent la zone d’expansion de l’impérialisme allemand. Cependant il est complètement impossible pour Berlin de s’accommoder de la présence américaine, obstacle au développement de son "espace vital" et d’accepter de se voir ceinturée sur ses frontières par un carcan de nations qui ne lui sont pas favorables : l’Allemagne ne peut que tout entreprendre pour faire sauter ce verrou que veulent lui imposer les Etats-Unis, comme elle l’a fait dans les années 1990 face au verrou serbe dans les Balkans, provoquant le retour de la guerre sur le continent européen pour la première fois depuis 1945.
D’autre part, en dérobant l’Ukraine à la Russie, les Etats-Unis la ravalent brutalement au rang de puissance secondaire.
Ayant subi un recul marqué de son influence depuis quinze ans avec l’adhésion de ses ex-satellites à l’OTAN et l’installation de troupes américaines dans plusieurs pays d’Asie centrale, la Russie avait misé gros sur les élections en Ukraine pour que ce pays ne soit pas le prochain à lui tourner le dos. Pour elle, perdre toute influence sur l’Ukraine, zone stratégique de première importance (à la fois accès maritime à la Méditerranée et lieu de stationnement de sa flotte), signifie la fin de ses rêves de grande puissance. Autant dire qu’il lui est impossible d’accepter de se laisser refouler dans les limites de la Russie du 18e siècle sans réagir de toutes ses forces.
Les déclarations du président russe appelant l’Ukraine "au pragmatisme dans ses relations avec la Russie" ainsi que celles du ministre des affaires étrangères Lavrov reconnaissant "le droit de chaque Etat – y compris nos voisins – à choisir eux-mêmes leurs partenaires, à décider à quelle organisation ils veulent adhérer" ne mènent pas à un apaisement. Bien au contraire. Encaissant un échec cuisant en première manche, la Russie, en se déclarant "prête à coopérer avec la nouvelle direction de l’Ukraine", ne fait que changer son fusil d’épaule dans cette partie de bras de fer. Par la politique de l’étreinte du serpent, elle exerce une pression maximale sur l’Ukraine afin de ne lui laisser aucune marge de manœuvre.
Ainsi, la "victoire orange" augure de sérieuses convulsions, tant sont vives les tensions entre les différents gangs mafieux qui forment la classe dominante ukrainienne, eux-mêmes divisés sur le choix de l’alignement impérialiste. D’abord, parce qu’en échange du troisième tour, Iouchtchenko a accepté une réforme constitutionnelle qui privera la présidence, d’ici à la fin 2005, de l’essentiel de ses prérogatives en ce qui concerne la nomination du gouvernement.
Le clan Ianoukovitch, qui truste les médias d’Etat et détient le pouvoir économique, refuse de se laisser évincer. Non seulement il multiplie les recours pour retarder l’investiture du nouveau président et tenter d’invalider les élections, mais promettant une "opposition dure", s’emploie à enclencher une dynamique "anti-orange" et menace de faire déferler les manifestations de ses partisans sur Kiev. Les tendances à la dislocation de l’Ukraine, incarnées par les menaces séparatistes de la part des responsables politiques des régions russophones, constituent un puissant moyen de chantage au service du Kremlin. Un référendum sur l’autonomie sonnerait en effet le glas de l’actuel Etat ukrainien.
D’autre part, Moscou prend appui sur les "capitaux russes qui se sont récemment emparés de pans importants de l’économie ukrainienne" pour tenter de s’imposer à nouveau.
Pour l’Ukraine, dépendante à 85% des importations pour son énergie, l’interruption, début janvier, par le Turkménistan prorusse des livraisons de gaz sous prétexte de désaccords sur les tarifs, constitue tout autant un rappel de Moscou que sur ce plan elle est soumise à son bon vouloir et un sérieux avertissement.
Pour bien signifier la fin du protectorat russe, Iouchtchenko invite à Kiev le président géorgien Saakachvili, héros de la "révolution des roses" détesté par Moscou pour avoir fait basculer son pays dans le giron de Washington. Néanmoins, la pression de la Russie l’oblige à la plus prudente circonspection dans l’affirmation de ses orientations impérialistes. Réaffirmant que "l’Ukraine a des intérêts stratégiques tant à l’Est qu’à l’Ouest. Ce n’est pas ou l’Est ou l’Ouest, mais et l’Est et l’Ouest, les deux options sont liées"6 Iouchtchenko a du donner des gages à Moscou en s’engageant à retirer les 1600 soldats ukrainiens d’Irak et à respecter l’accord quadripartite de coopération économique avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, qu’il disait vouloir remettre en cause.
La gifle magistrale administrée par les Etats-Unis à la Russie ne peut que conduire au développement de l’instabilité directement sur le territoire russe, instabilité qui à son tour, ne peut qu’aiguiser les appétits impérialistes des puissances voisines telles que l’Iran et la Turquie. La clique Poutine aux abois, fortement ébranlée par le fiasco ukrainien dans la légitimité qui fonde son pouvoir, (la reconquête de son "étranger proche"), prise sous la menace de voir se répéter le même scénario dans tous les pays de la CEI et en Russie même, ne peut qu’être conduite, si elle sent son influence sur l’Ukraine lui échapper complètement, à jouer son va-tout par tous les moyens à sa disposition.
Bloquées à l’Ouest par l'existence de puissances impossibles actuellement à soumettre, les tentatives de l’impérialisme allemand pour acquérir une stature mondiale passent par son affirmation hégémonique en Europe de l’est. Or, la "poussée vers l’est" de l’Allemagne ne peut que la conduire à contester aussi bien l’influence russe que la présence américaine en Ukraine.
L'affrontement entre les différents impérialismes, en Ukraine dont les protagonistes disposent de l’arme atomique, transforme cette région en véritable poudrière aux portes de l’Europe occidentale.
Scott
1 Le Nouvel Observateur, 02.12.04
2 Die Zeit, cité par Courrier International n°736
3 Z. Brzezinski, Le Grand échiquier, 1997
4 H. Kissinger, La Nouvelle Puissance américaine
5 idem
6 Libération du 3.12.04
Depuis l'été 2003 (voir Révolution Internationale n° 338, septembre 2003), nous interdisons l'accès de nos réunions publiques et de nos permanences aux membres de la prétendue "Fraction interne du CCI" (FICCI). Cette décision faisait suite au comportement de mouchard adopté par ce groupuscule, composé de quelques anciens membres du CCI que nous avons exclus de notre organisation lors de son 15e congrès (voir Révolution Internationale n° 335, mai 2003). Pour faire respecter cette décision, nous disposons devant le lieu de nos réunions publiques un "piquet anti-mouchards" auquel les éléments de la FICCI adressent insultes et quolibets. En même temps, ils essaient de dissuader nos contacts et sympathisants de participer à nos réunions en dénigrant systématiquement notre organisation dans des tracts truffés de calomnies et en leur disant "méfiez-vous, ce sont des staliniens". Cependant, lors de notre réunion publique du 22 janvier à Paris, un des membres de cette camarilla a franchi un pas de plus dans l'ignominie. En guise "d'argument", l'élément qui se fait appeler "Pédoncule" a dit à un de nos camarades qu'il allait lui "trancher la gorge". Notre camarade a alors interpellé les personnes présentes pour les prendre à témoin de la menace proférée par cet élément. Celui-ci a alors essayé de faire croire que c'est notre camarade qui avait fait une telle menace à son encontre mais d'autres personnes présentes sont intervenues pour lui signifier qu'elles l'avaient entendu et lui faire ravaler son mensonge. Comprenant que son coup avait raté, l'élément Pédoncule n’a pas insisté.
On pourrait évidemment minimiser l'incident en mettant sur le compte de l'excitation les menaces de mort proférées par cet individu. Mais ce serait une erreur :
En premier lieu, parce que c'est très froidement qu'il a proféré sa menace et non sous l'emprise de l'excitation.
En second lieu, parce que les gestes de violence sont coutumiers de cet individu que nous connaissons depuis de longues années. Ainsi, lorsqu'il était membre du CCI (qu'il a quitté au milieu des années 1990), il avait bousculé brutalement une de nos ex-camarades en la projetant contre un mur. Une autre fois, ayant bu plus que de raison, il avait agressé un autre membre de l'organisation et avait tenté de sortir un couteau à cran d'arrêt qu'il portait toujours sur lui. L'organisation avait d'ailleurs été obligée d'exiger de lui qu'il cesse de venir aux réunions avec ce couteau qu'il arborait avec ostentation et qu'il allait même jusqu'à sortir pendant les discussions (en s'en servant comme… cure-ongles).
Par ailleurs, les attitudes de voyou du sieur Pédoncule s'accompagnaient d'une fascination pour les loubards de banlieue qu'il considérait comme l'avant-garde de la révolution parce qu'ils "avaient la haine".
En fait, l'intégration de cet élément par le CCI au cours des années 1970, à une époque où nous étions bien moins rigoureux qu'aujourd'hui, était une véritable "erreur de casting" : non seulement il avait mal assimilé nos positions fondamentales mais il avait une mentalité qui n'a pas sa place dans une organisation communiste. C'est pour cela que lorsqu'il a démissionné du CCI, après que l'ensemble des militants aient découvert les magouilles qu'il avait faites dans leur dos, nous n'avons pas essayé de le retenir. Depuis cette date, il avait développé une véritable haine contre notre organisation et c'est tout naturellement qu'il est entré à la FICCI dont la seule raison d'exister est de tenter de discréditer le CCI, faute d'avoir échoué à le détruire.
A ce jour, ce triste sire est la seule recrue qu'ait réussi à faire la FICCI. C'est particulièrement significatif de la véritable nature de cette bande : si elle attire quelqu'un qui voue au CCI une haine mortelle, c'est que la haine du CCI est sa seule véritable passion (et sûrement pas la passion révolutionnaire prolétarienne). Si elle séduit et recrute un individu avec des comportements et une mentalité de loubard, c'est que ses membres, déjà au sein du CCI et par la suite, n'ont cessé de se comporter comme des voyous en pratiquant la calomnie, le mensonge éhonté, le chantage, le vol et, pour couronner le tout, le mouchardage.
Sur la base de l'expérience du mouvement ouvrier, nous avons déjà mis en évidence dans notre presse (voir notamment notre article "Réponse aux calomnies honteuses d'une petite association de malfaiteurs") que les campagnes actuelles de calomnies de la FICCI contre certains militants de notre organisation (qu'on traite de "flic" ou qu'on compare à Staline) étaient le premier pas d'une démarche qui conduira demain à l'assassinat de ces militants si les circonstances s'y prêtent. Pour une fois, nous prenons au sérieux les paroles du sieur Pédoncule : effectivement, cet individu est prêt, s'il est sûr de son impunité, à "trancher la gorge" de nos camarades, selon ses propres dires. Le lumpen auquel il s'identifie, aussi bien par son idéologie que par ses comportements, constitue la principale base de recrutement des corps-francs, ces troupes de choc de la contre-révolution qui ont massacré des milliers d'ouvriers lors de la révolution allemande de 1919 et qui ont assassiné à coups de crosse une des plus belles figures du communisme, Rosa Luxemburg (qui elle aussi avait fait l'objet de dénigrements infâmes au sein du parti social démocrate par ses "camarades" qui plus tard allaient commanditer son exécution).
Face au milieu prolétarien, nous dénonçons ce nouveau pas franchi dans l'infamie par les membres de la FICCI : après le chantage, les calomnies et le vol, voici maintenant les menaces de mort. Ces gens-là n'ont rien à voir avec la classe ouvrière. La classe dont ils se font les serviteurs de plus en plus clairement, est la classe exploiteuse. C'est très clairement qu'ils annoncent aujourd'hui qu'ils sont prêts à lui rendre le service d'assassiner des militants révolutionnaires.
CCI
Encore une fois, un phénomène naturel s’est transformé en une véritable catastrophe sociale.
Le 26 décembre 2004, un raz-de-marée a frappé l’Asie du Sud. Le nombre de morts directement imputables au phénomène dépasse aujourd’hui largement les 300 000. Et maintenant, ce sont les maladies, la malnutrition, l'insalubrité qui vont venir frapper les populations et continuer à semer la mort. Le raz-de-marée n'a pas fini de tuer tant la dévastation des régions touchées est immense et tant le manque de moyens pour enterrer les morts et reconstruire des abris est criant.
Toute cette horreur, les médias l’ont déjà étalée en long, en large et en travers. Mais au-delà du drame, nous devons faire entendre la voix des révolutionnaires au milieu de ce vacarme médiatique. Les révolutionnaires doivent crier haut et fort ce que démontre cette catastrophe :
1. Seule la classe ouvrière est à même d'apporter une véritable solidarité à toutes les victimes du capitalisme,
2. Le capitalisme est un système meurtrier et cynique.
Le capitalisme est le seul responsable de la catastrophe humaine
D’abord, la bourgeoisie tente de se dédouaner, de masquer sa responsabilité directe dans la catastrophe. Elle voudrait nous faire croire que tout ceci était inévitable. La fatalité, la revanche de la ‘mère-nature’, l’imprévisibilité du phénomène, la force des éléments : tout ceci est évoqué pêle-mêle pour nous le démontrer. Rien n’est plus faux !
La nature ne peut pas être condamnée. Car des moyens existent pour prévenir et détecter les raz-de-marée, et des moyens existent pour diminuer les effets de tels phénomènes. Dans la baie de Tokyo, il y a des capteurs qui permettent de détecter la naissance d'ondes de choc provoquant des vagues de 60 centimètres. Dès les premières manifestations de mouvements terrestres, la population est prévenue et les mesures de protection mises en oeuvre. La même chose existe en Californie. Des panneaux d'information sont disséminés sur les plages, des abris sont construits, des sirènes et des haut-parleurs sont maintenus en veille, des exercices d'alerte sont organisés une à deux fois par an dans tous les lieux publics et les écoles.
En Indonésie, à Sumatra, en Thaïlande, en Inde, sur les côtes africaines, rien de tout cela. Les populations et les touristes étaient tellement mal informés du risque que lorsque la mer s'est retirée brutalement quelques minutes avant l'arrivée de la première grande vague, ils se sont massés sur la plage pour observer ce qu'ils pensaient être une marée de coefficient exceptionnel... De même, des techniques existent pour construire des bâtiments résistants aux tremblements de terre et aux chocs latéraux comme ceux d'une vague, ou au moins des bâtiments qui ne s'écroulent pas comme des châteaux de carte. Mais dans les régions touchées par le dernier tsunami, seuls les hôtels les plus récents ont plus ou moins résisté. L'habitat local, lui, est plus souvent fait de murs étroits au béton rare et friable, et de cabanes en bois ou en tôle. Il n'en reste plus rien.
Pourquoi n’y a t-il aucun système d’alerte dans ces régions ? La raison invoquée est que cette zone n'est pas classée comme zone à haut risque. Les grands tremblements de terre y sont rares, les raz-de-marées encore plus. Installer un système sophistiqué comme celui mis en oeuvre au Japon et en Californie coûterait beaucoup trop cher par rapport au risque d'investissement encouru.
C'est la loi du capitalisme. Il n'est pas envisageable d'investir des capitaux de façon non rentable dans la prévention des catastrophes, de dépenser de l'argent là où il ne rapportera pas de profits.
Le capitalisme est aujourd'hui un système social en décomposition. Il est devenu une entrave et une menace pour la survie de l’espèce humaine. Aux explications partielles mais surtout crapuleuses et cyniques de la classe dominante, les révolutionnaires doivent opposer l’analyse du marxisme.
"A mesure que le capitalisme se développe puis pourrit sur pied, il prostitue de plus en plus cette technique qui pourrait être libératrice à ses besoins d’exploitation, de domination, et de pillage impérialiste, au point d’en arriver à lui transmettre sa propre pourriture et à la retourner contre l’espèce (…)Le capitalisme n’est pas innocent non plus des catastrophes dites 'naturelles'. Sans ignorer l’existence de forces de la nature qui échappent à l’action humaine, le marxisme montre que bien des catastrophes ont été indirectement provoquées ou aggravées par des causes sociales (…) Non seulement la civilisation bourgeoise peut provoquer directement ces catastrophes par sa soif de profit et par l’influence prédominante de l’affairisme sur la machine administrative (…) mais elle se révèle incapable d’organiser une protection efficace dans la mesure où la prévention n’est pas une activité rentable". (A. Bordiga, "Espèce humaine et croûte terrestre")
L'hypocrisie et le cynisme de la bourgeoisie mondiale
Et le mépris pour la vie humaine dont a témoigné la bourgeoisie va encore bien plus loin. L'Inde par exemple n'a été touchée que deux à trois heures après Sumatra. Aucune mesure n'avait été prise. Les côtes africaines comme la Somalie, à deux pas d'une base militaire moderne et équipée, celle de l'armée française à Djibouti, avait théoriquement six heures pour se préparer. Rien n'a été fait!
Mais, selon la logique capitaliste, pourquoi mettre autant de moyens pour protéger des côtes africaines et asiatiques principalement occupées par des petits pêcheurs miséreux et par une industrie touristique aux retombées principalement locales et somme toute limitées ?
Faut-il encore insister pour montrer que l'ampleur de la catastrophe n'est pas due à la seule nature ? Dès lors, ce qui est avant tout responsable, c'est la logique capitaliste. C'est le système capitaliste, celui-là même qui sème la mort directement sous les bombes de l'impérialisme, c'est le capitalisme qui ne permet pas que les moyens qui pourtant existent, soient mis en oeuvre pour prévenir de telles horreurs.
Et bien sûr, pour ‘réparer’, la bourgeoisie en appelle au bon cœur de la classe ouvrière, elle multiple les demandes de dons. Voici un nouveau mensonge encore plus écœurant. On nous fait cette promesse de lendemains meilleurs à chaque catastrophe et chaque nouvelle catastrophe est à son tour plus meurtrière.
D'une part, les sommes récoltées ne peuvent permettre, en aucune façon, de soulager la détresse et le désespoir de tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont perdu leurs proches dont les corps ne seront jamais retrouvés ou ont été entassés dans l'urgence dans des fosses communes, sans sépulture et qui ne pourront jamais faire le deuil de ces victimes.
L'argent ne peut réparer l'irréparable : il n'a jamais été un remède à la souffrance morale ! Et il n’excuse en rien le comportement meurtrier, que nous venons de décrire, de la bourgeoisie.
D’autre part, la contribution des grandes puissances ressemble plus à une aumône qu'à une véritable aide. Ces promesses atteignent pour l'ensemble des pays contributeurs la somme d’environ 10 milliards de dollars. Cela peut paraître beaucoup, mais ça ne tient pas la comparaison face à d'autres chiffres : par exemple, les Etats-Unis ont d'ores et déjà dépensé pour l'actuelle guerre en Irak 225 milliards de dollars. Le budget français de la défense en 2005 est de 33 milliards d'euros. Il est de 22 milliards en Allemagne, de 38 milliards au Royaume-Uni.
Il est clair que la bourgeoisie rechigne beaucoup moins à ouvrir le porte-monnaie quand il s'agit de défendre ses intérêts impérialistes dans la guerre que lorsqu’il s’agit de venir en aide à une population sinistrée. Elle est aussi plus rapide à intervenir quand la défense de ses intérêts impérialistes est immédiatement en jeu. Il a fallu une semaine pour que les bourgeoisies se décident à envoyer des moyens en Asie. Quand les affrontements ont commencé en Côte d'Ivoire, il n'a fallu que 24 heures à la France pour mettre en place un plan d'intervention. Lorsque le raz-de-marée a frappé en Asie et en Afrique, il n'y avait aucune raison de se précipiter, car il n'y avait rien à y gagner immédiatement à secourir les populations.
C'est pourquoi cette prétendue "aide humanitaire" des Etats, cette fameuse mobilisation mondiale reprise par tous les journaux à longueur de colonnes, tout cela pue l'hypocrisie la plus totale. Par la suite, c'est la course à la générosité qui s'est mise en place qui est devenue un enjeu dans les rivalités impérialistes entre nations. Dans cette course, aux montants dérisoires, chaque Etat profite de toutes les occasions pour mettre des bâtons dans les roues de ses adversaires. C'est à celui qui ira le plus vite. Ce cynisme est résumé dans l'aveu de la porte-parole de la Maison Blanche, C. Rice, qui a déclaré à la télévision: "le tsunami en Asie a été un grand bienfait pour les Etats-Unis car il a permis de démontrer la générosité et la capacité de mobilisation des USA".
Dans ce que nous pourrions appeler la guerre de la générosité, on trouve encore une fois les ONG en première ligne. Déjà, crier si fort que l'on est une organisation non gouvernementale est suspect : cela veut plutôt dire que l'on est le bras du gouvernement. Il suffit pour s'en convaincre de voir la pagaille sur le lieu même du drame : chaque télévision nationale nous fait la promotion de telle ou telle ONG qui, en fonction de son pays d’origine, est chargée de défendre les intérêts concurrents de tel ou tel gouvernement, au détriment et contre les autres ONG. Ainsi, la solidarité dans la bouche de la bourgeoisie se transforme en chauvinisme. Le résultat est éloquent : au lieu d'organiser des secours et des aides efficaces, les ONG se précipitent sur les lieux les plus médiatisés ou les plus stratégiquement importants : on a vu ainsi jusqu'à cinquante organisations présentes à un même endroit, et chacune défend sa chapelle : les catholiques, les bouddhistes, les musulmans, les Français, les Américains, les Anglais, etc. Chacun se bat pour ses intérêts plus que pour celui des populations. Au final, c'est la désorganisation totale, des convois inadaptés qui ne peuvent emprunter les routes boueuses, une gabegie lamentable.
La solidarité humaine et la solidarité prolétarienne
Au moment même du drame, sans attendre les secours, les survivants se sont mutuellement entraidés, tant les populations asiatiques vis-à-vis des touristes, que les touristes vis-à-vis des populations locales. Chacun a tenté de venir en aide aux autres, dégageant des cadavres avec un courage extraordinaire, soutenant les survivants blessés. La population locale malgré le profond dénuement dans lequel elle se trouvait, est venue en aide aux touristes perdus et démunis, en offrant de partager un modeste repas ou quelques vêtements.
Et dès les premières images à la télé, le premier réflexe de beaucoup, partout dans le monde, a été de chercher à faire quelque chose. Spontanément, des millions de personnes, et notamment des prolétaires dans tous les pays, ont proposé d’offrir de la nourriture, des vêtements, des dons financiers. En France par exemple, des employés de supermarchés, où travaillent des personnes venant des pays touchés par la catastrophe, ont spontanément offert leurs primes de fin d'année.
La solidarité qu’a exprimé le prolétariat peut et doit nous donner confiance en notre classe. Donner 10, 20 ou 30 euros quand on est au SMIC témoigne d’un dévouement remarquable. Aujourd’hui, dans ce monde pourrissant, le capitalisme ne cesse de prôner l’individualisme, le "chacun-pour-soi", la concurrence avec les autres, voir la haine de l’autre… et pourtant, on voit que dès qu’il y a un moyen d’exprimer sa solidarité, une solidarité désintéressée et profondément humaine, la classe ouvrière s’y engouffre.
Les révolutionnaires doivent saluer cet esprit de solidarité qui donne la confirmation qu'il existe bien une classe ouvrière qui développe ses réflexes de classe, dont l'un des plus essentiels est la solidarité. Bien sûr, il n'y a pas que la classe ouvrière qui développe la solidarité, c'est un élément de la conscience humaine en général. Mais dans un monde capitaliste où tout sentiment désintéressé est exclu puisqu’il ne permet pas de dégager du profit, dans un tel monde, il n'y a que la classe ouvrière qui peut développer une vraie solidarité. Elle peut la développer car seule la classe ouvrière n'a aucun intérêt dans le capitalisme.
Face à cette solidarité qui cherche à s’exprimer, l’attitude de la bourgeoisie est à vomir. Elle récupère cet immense élan de solidarité et le détourne pour ses propres petits intérêts mesquins avec le plus grand mépris non seulement envers les victimes du tsunami mais aussi envers cet effort de la classe ouvrière. La solidarité que nous propose la bourgeoisie, c’est l’orchestration et l'organisation d'un gigantesque racket à l’échelle planétaire pour rançonner davantage les populations (et la classe ouvrière en particulier), spectaculairement sollicitées pendant des semaines, en permanence et de façon lancinante, à verser de d'argent à des ONG, par tous les médias de chaque pays.
Comment exprimer la véritable solidarité prolétarienne ?
La solidarité ouvrière est désintéressée. Elle exprime une vraie générosité qui est l'espoir du développement futur de la société humaine. Mais aujourd'hui, il est bien difficile de donner à cette solidarité sa vraie ampleur : ce réflexe prolétarien est immédiatement récupéré et instrumentalisé par la bourgeoisie à travers ses campagnes humanitaires et citoyennes. Il est noyé dans des notions de civisme qui mettent dans le même sac la solidarité des ouvriers avec l'aumône intéressée de la bourgeoisie, et qui d'une solidarité de classe passe à la solidarité des français, ou des anglais, des allemands, etc. toutes classes confondues, mises en concurrence avec la solidarité des autres nations.
Cette solidarité ne peut se développer qu'à partir de la dénonciation du seul coupable de ce cataclysme : la classe bourgeoise qui dirige le système capitaliste !
Les prolétaires du monde entier doivent comprendre qu’en menant le combat contre la bourgeoisie, en renversant son système meurtrier, ils sont les seuls à pouvoir rendre un réel hommage aux morts, à toutes ces vies humaines sacrifiées sur l'autel du capitalisme, au nom de la loi du profit et de la rentabilité. Ils doivent développer leurs luttes et leur propre solidarité de classe contre tous les Etats, tous les gouvernements qui non seulement les exploitent et attaquent toutes leurs conditions de vie, mais ont encore le culot de leur demander de mettre la main à la poche pour réparer les dégâts provoqués par le capitalisme. Ce n'est que par la lutte quotidienne contre ce système, jusqu'à son renversement, que la classe ouvrière peut manifester sa véritable solidarité envers les prolétaires et les populations des pays dévastés par le tsunami.
Si cette solidarité ne peut évidemment avoir des effets immédiats, elle n'est pas un feu de paille, contrairement à celle préconisée par la bourgeoisie et les ONG. Dans quelques mois, pour la classe dominante et ses organisations caritatives, cette catastrophe sera enfouie dans les oubliettes de l'histoire. La classe ouvrière, elle, ne peut l'oublier comme elle ne peut oublier les massacres de la guerre du Golfe et de toutes les autres guerres et catastrophes dites naturelles. Pour les ouvriers du monde entier, cette tragédie ne doit jamais être une "affaire classée". Elle doit rester gravée dans leur mémoire et servir d'aiguillon pour renforcer leur détermination à développer leurs luttes et leur unité de classe contre la barbarie du capitalisme.
La solidarité du prolétariat doit aller bien au-delà de la simple solidarité émotionnelle. Elle ne doit pas être fondée sur des sentiments d'impuissance ou de culpabilité mais, avant tout, sur sa conscience. Seul, le développement de sa propre solidarité de classe, une solidarité basée sur la conscience de la faillite du capitalisme, sera en mesure de créer les bases d’une société dans laquelle les crimes que la bourgeoisie nous présente comme des catastrophes naturelles ne pourront plus jamais être commis, où cette barbarie abominable pourra être définitivement dépassée et abolie.
Maud
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/situations-territoriales/lutte-classe-france
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/lutte-proletarienne
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/question-syndicale
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/159/tsunami
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/gauchisme
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/luttes-parcellaires
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/decomposition
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/38/allemagne
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/conscience-classe
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/59/irak
[12] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/58/palestine
[13] https://fr.internationalism.org/en/tag/recent-et-cours/guerre-irak
[14] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/60/russie-caucase-asie-centrale