Nous avons appris le décès à la suite d'une longue maladie de Mauro Stéfanini, militant parmi les plus anciens et les plus dévoués de Battaglia Comunista, lui-même fils d'un vieux militant de la Gauche italienne. Nous tenons à publier ci-dessous quelques extraits du message de solidarité que le CCI a immédiatement adressé aux militants du BIPR ainsi que des passages de la réponse de remerciement que nous a faite un militant du BIPR au nom de son organisation.
Camarades,
C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le décès du camarade Mauro. (...) Sa vivacité et son contact chaleureux vont manquer aux militants de notre organisation qui le connaissaient personnellement.
Mais il existe deux autres raisons pour lesquelles son décès nous affecte particulièrement. En premier lieu, nous ressentons la disparition de Mauro comme une perte pour la classe ouvrière. Évidemment, ses qualités personnelles, notamment ses capacités comme orateur et rédacteur y sont pour quelque chose. Mais ce qui pour nous est le plus im-portant, c’est son engagement et son dévouement militant. Un engagement et un dévouement qu’il a maint-enus alors que la maladie était en train de gagner le combat.
En second lieu, nous n’oublions pas que Mauro était le fils de Luciano, un membre de la Fraction italienne pour qui notre camarade MC avait une grande estime pour son dévouement, mais aussi pour sa lucidité puisqu’il fut un des premiers au sein de la Fraction à comprendre pleinement les implications de la période historique ouverte par la Première Guerre mondiale sur la question fondamentale de la nature des syndicats. Une des conséquences de la terrible contre-révolution qui s’est abattue sur la classe ouvrière après l’échec de la révolution mondiale, c’est la presque disparition d’une tradition très vivace dans le mouvement ouvrier du passé : le fait que beaucoup d’enfants (comme les filles de Marx, le fils de W. Liebknecht et beaucoup d'autres encore) reprenaient le flambeau de leurs parents concrétisant ainsi la continuité du combat prolétarien entre les générations. Mauro fut un des très rares à poursuivre cette tradition et c’est un élément supplémentaire de notre sympathie pour lui. (...)
C’est pour cela que vous pouvez croire, camarades du BIPR, en l’absolue sincérité de notre solidarité et de nos salutations communistes.
Camarades,
Au nom du BIPR, je voudrais vous remercier pour l'expression de votre solidarité à la suite de la perte gravissime du camarade Mauro. Effectivement, comme vous l'avez dit, c'est pour nous une disparition très douloureuse : par ses dons d'humanité, par sa passion et son dévouement envers la cause du prolétariat, Mauro était un camarade comme il est rare d'en trouver. Son être communiste était, si on peut dire,"inscrit" dans ses gènes : non seulement parce qu'il venait d'une famille qui a tant donné à la cause du commu-nisme, mais surtout parce que son esprit se rebellait instincti-vement à la moindre manifestation d'oppression et d'injus-tice. Il ne sera pas facile de combler le vide politique qu'il laisse, il sera impossible de combler le vide humain. (...)
En vous remerciant à nouveau, nous vous adressons nos salutations communistes.
A travers le référendum, la bourgeoisie française, par son aile de gauche (gauche du PS et extrême gauche) a réussi à attirer une grande partie de la classe ouvrière sur le terrain électoral et démocratique. Elle ne peut que se réjouir de cette victoire momentanée sur le prolétariat. Pourtant tout a été fait par la bourgeoisie en France et dans les principaux pays européens pour faire accepter la constitution, qui se révélait être d’une très grande importance, notamment pour la bourgeoisie française et allemande.
Si celle-ci n’a pas été adoptée, la faute en revient dans sa totalité à la clique Chirac et au Président de la République lui-même. Le gaullisme, issu de la Seconde Guerre mondiale, est depuis longtemps inadapté à la défense optimale du capitalisme français. La décomposition de la société n’a fait qu’accentuer ce phénomène tout en poussant chaque fraction bourgeoise à défendre toujours plus ses propres intérêts au détriment de l’intérêt national. Face à l’ampleur du rejet de la politique d’austérité du gouvernement Raffarin, de la colère et du mécontentement et malgré tous les efforts des partis gouvernementaux en France, droite et direction du PS confondues, appuyés par les plus importants hommes politiques européens, le "Non" ne pouvait que l’emporter. Une crise sans précédent (au cours de la Ve République) était ainsi ouverte tant dans l’appareil politique français, que sur le terrain de la construction de la Communauté Européenne.
Dès le lendemain du référendum, nous avons eu droit à la constitution d’un nouveau gouvernement concocté par M. Chirac en personne. Le prolétariat pouvait être content, il avait été entendu. Il a eu droit a deux premiers ministres pour le prix d’un seul. A peine formé le gouvernement apparaît pour ce qu’il est : un lieu où s’exprime pratiquement, ouvertement la guerre sans merci que se livrent les différents clans et leaders d’une droite en plein chaos. Mais ce qui est nouveau en France, c’est que le Parti Socialiste est à son tour rattrapé par les effets de la décomposition. Laurent Fabius jusqu’ici considéré comme étant un homme d’Etat, a tout simplement, à propos du référendum, fait passer son propre intérêt personnel au détriment de tout autre considération, sans aucun souci de la défense du capital français.
Pourtant, le Parti Socialiste et notamment sa direction, à l’exception notable de Fabius, a été le Parti le plus impliqué dans la défense du "Oui". De ce fait, la secousse du rejet de la Constitution ne pouvait qu’y être particulièrement marquée. En terme purement électoral, la minorité d’hier autour du "Non" est devenue aujourd’hui majoritaire, alors que la direction du Parti Socialiste se trouve dans une position exactement contraire. La politique de la direction du Parti Socialiste (Hollande, Strauss Khan, Lang) voulant donner une nouvelle impulsion en matière européenne, a tout simplement été rejetée. Fabius, aujourd’hui écarté de la Direction, mais légitimé électoralement en tant que défenseur du "Non", n’a pas manqué de se faire entendre, réclamant, par l’intermédiaire des fabiusiens: "Pourquoi pas un changement de stratégie, voire de direction, à deux ans de la Présidentielle de 2007 ?" Comme l’affirme Le Monde du 30 mai 2005 : "Année de son centenaire, le PS entre donc en crise….François Hollande affaibli et discrédité, Lionel Jospin retiré des affaires (jusqu’à quand ?) et Laurent Fabius renforcé mais mal aimé dans le Parti."
Strauss Khan, annonçait la couleur en affirmant publiquement : "Je ne suis pas sûr que Fabius souhaite continuer avec nous." Si la gauche du PS semble aujourd’hui ne pas vouloir jeter de l’huile sur le feu, cela n’a pas empêché Mélanchon de déclarer sur la chaîne LCI : "Le candidat du PS aux prochaines élections présidentielles en 2007 ne pourra pas être un homme ou une femme qui ait soutenu le "Oui" au référendum." La guerre des leaders ne pourra sans doute finalement pas être évitée au sein de ce parti. Mais la crise du PS ne s’arrête pas seulement à la guerre des chefs, elle prend aujourd’hui toute son ampleur, par le rapport existant entre les thèmes idéologiques et politiques défendus par la Direction du PS et le rejet massif de ceux-ci, venant non seulement des électeurs traditionnels du PS, mais aussi de la majorité de l’électorat.
La crise de la bourgeoisie française est telle aujourd’hui, qu’aucune fraction de droite ou de gauche n’est en mesure de représenter une réelle crédibilité gouvernementale, tant sur le plan national, qu’international. C’est l’Etat français, l’Etat de la classe dominante, garant et défenseur des intérêts de la bourgeoisie, qui se retrouve actuellement affaibli. Cependant, il serait faux et dangereux pour la classe ouvrière de se laisser endormir par la crise présente des forces politiques bourgeoises. Celles-ci vont nécessairement réagir, et notamment au sein du PS, afin de tenter de reconstruire une unité gouvernementale, autour d’un projet politique crédible : même difficile et compliqué, ceci est un impératif pour la bourgeoisie française. Enfin, la classe capitaliste vient de montrer, grâce au front uni de gauche pour le "Non", sa capacité à utiliser ses propres faiblesses contre le prolétariat.
Courrier International du 16 juin 2005, commente en ces termes l’état actuel de l’Europe : "L’Union européenne est en crise, et le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement s’annonce particulièrement délicat." Le journal espagnol ABC renchérit : "Sous la double menace d’une crise politique et économique les dirigeants des 25 tentent à Bruxelles de sauver l’Union européenne, d’une des situations les plus complexes de ces dernières décennies." Enfin pour La Libre Belgique : "L’atmosphère est délétère entre les puissances européennes". Pour le prolétariat, il est important de comprendre ce qui alarme ainsi les médias et journalistes bourgeois, ce qui se passe actuellement, réellement sur le terrain européen.
Contrairement à ce que nous rabâche la bourgeoisie, l’Europe n’est pas un havre de paix, destiné à travailler pour la paix dans le monde. Il n’y a qu’à se plonger rapidement dans son histoire pour s’en convaincre. La Constitution de la Communauté Européenne trouve ses racines dans l’immédiat après Seconde Guerre mondiale. L’Europe sera alors financée et soutenue politiquement par les Etats-Unis pour faire face au danger représenté par le bloc soviétique nouvellement constitué. Cette première construction européenne s’est faite en premier lieu sur un terrain économique, avec différents organismes tels la CEE en 1957 (Communauté Européenne Economique). Mais c’est en tant qu’enjeu principal des rivalités impérialistes à l’échelle mondiale que les péripéties de la construction européenne prennent tout leur sens. La France rejettera à deux reprises la candidature de l’Angleterre à la CEE en 1963 et 1967, parce que ce pays est considéré comme le fer de lance de la politique américaine en Europe. Les rivalités impérialistes, qui concernent chaque Etat européen et de grandes puissances mondiales comme les Etats-Unis, ont fait que l’Europe ne pouvait être qu’un espace essentiellement économique, une zone de libre échange, qui se dotera ultérieurement d’une monnaie unique, l’Euro. Cette politique a permis ainsi aux pays d’Europe de développer une défense plus efficace de leurs économies, dans le cadre d’une concurrence mondiale acharnée. Cependant, la possibilité de construire les Etats-Unis d’Europe a toujours été un mythe. Le capitalisme n’a jamais été en mesure de défaire les nations d’Europe, pour construire une sorte de Super Nation Européenne (Voir l'article "L’élargissement de l ‘Europe"dans la Revue Internationale n°112.)
A partir de l’effondrement du Bloc de l’Est, la donne impérialiste va fondamentalement changer. L’éclatement du Bloc Américain, en pleine période de décomposition de la société capitaliste, va entraîner un développement des tensions où chaque Etat va jouer son propre intérêt, en dehors de toute alliance stable et durable, même l’alliance de l’Angleterre et des Etats-Unis n’échappera pas à cette réalité. L’élargissement de l’Europe vers l’Est qui, économiquement, n’a pas une grande importance, atteste par contre du renforcement des enjeux géostratégiques que représente ce continent pour les rivalités impérialistes, comme l'a déjà illustré la Guerre des Balkans. Créé en 1949, l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), alors organisation permettant de structurer la lutte du bloc américain contre le bloc soviétique, va connaître en 2002 un élargissement lourd de signification politique. De 19 membres, l’organisation passe à 26, avec l’entrée de 7 pays appartenant antérieurement au bloc soviétique : après la Hongrie et la Pologne en 1999, suivent la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Un élargissement qui n’a bien sûr aucun sens, si on le comprend comme le renforcement d’une organisation destinée initialement à combattre un bloc qui main-tenant n’existe plus ! De fait le rôle de l’OTAN a évolué. Toujours contrôlé par les Etats-Unis, il fait partie maintenant de l’arsenal de la politique impérialiste des Etats-Unis, en Europe contre la France et l’Allemagne. L’entrée dans l'Union Européenne de ces pays d’Europe de l’Est, peu de temps après leur intégration dans l’OTAN, permet au Herald Tribune d’écrire : "Washington est le grand gagnant de l’élargissement de l’Union Euro-péenne…Selon un officiel allemand l’entrée dans L’Union Euro-péenne de ces pays fondamentalement pro-américain d’Europe centrale et orientale, signifie la fin de toutes tentatives de l’Union de se définir elle même, ainsi que sa politique étrangère et de sécurité, comme alignée contre les Etats-Unis." Pour les mêmes raisons l’Etat américain a tenté d’accélérer le processus d’intégration de la Turquie à l’Europe : ce pays étant pour le moment une base avancée des Etats-Unis au Proche Orient.
Pour sa part, l’impérialisme allemand ne pouvait pas rester sans réagir devant cette offensive en direction de pays considérés comme faisant partie de sa zone historique d’influence.
C’est depuis quelque temps déjà que l’Allemagne travaille à son rapprochement avec la Turquie et certains pays d’Europe Centrale. La Constitution européenne, défendue très fermement par l’Allemagne, la France et l’Espagne, tout en étant reliée à des préoccupations économiques, se voulait en premier lieu le moyen d’affermir le pouvoir du couple franco-allemand dans cette Europe élargie.
L’Allemagne cherchait ainsi à s’affirmer en Europe de l’est et orientale, ce qui ne pouvait qu'irriter Paris qui n'était pas en mesure de conquérir nulle part une influence équivalente et se trouvait condamnée à un affaiblissement relatif face à son puissant allié. Dans cette zone du monde où s'expriment de la façon la plus concentrée les tensions inter-impérialistes, l’échec de la Constitution ne pouvait que fortement favoriser une période de crise grave et d’accélération brutale de ces mêmes tensions.
Pour le Financial Times : "L’heure est bien à la confron-tation." Le président en exercice de l’Union Européenne le luxembourgeois M.Junker ne pouvait que déclarer amèrement le 18 juin dernier, suite à l’échec total du sommet européen : "L’Europe est dans une crise grave." Le budget européen est en panne. Comme le dit Courrier International du 16 juin : "Au final, le Royaume- Uni a estimé que la déclaration soumise par la présidence ne fournissait pas les garanties nécessaires." Puis, citant Tony Blair, qui a riposté aux attaques de la France et de l’Allemagne en matière budgétaire : "Nous devons changer de vitesse pour nous adapter au monde dans lequel nous vivons"…. "C’est un moment de renouveau."
De renouveau, il n’y en aura pas. Par contre, ce qui est vrai et nouveau, c’est que la bourgeoisie en Europe commence à défaire ce qu’elle a eu tant de mal à construire : l’espace économique européen, l’Union Européenne.
En fait de renouveau, nous assistons, en matière économique, à une montée irrationnelle des revendications nationales au détriment du niveau de cohérence atteint jusqu’ici. Comme l’affirme le Financial Times : "A l’instar de l’Allemagne qui ne veut plus être la vache à lait de l’UE, comme ce fut le cas lors du sommet de Berlin de 1999, cette fois ci, les pays qui ont le dessus dans le débat sur le budget européen ne sont pas les plus pauvres, mais ceux qui paient la note. Avec l’Allemagne, l’Autriche, le Royaume-Uni, la France, les Pays-bas et la Suède demandent une réduction du budget qui pourrait s’élever au moins à 800 milliards d’Euro pour la période 2007/2013…" (Cité par Courrier International le 16 juin 2005.) Chacune des principales puissances économique de l’Europe refuse dorénavant de payer pour ce qu’elles considèrent être l’intérêt des autres pays de l’UE. Malgré celle-ci, depuis 10 ans, la concurrence s’est accélérée entre ces divers pays. L’incapacité à se doter d’une gouvernance politique en Europe, sous les effets de la décomposition, du chacun pour soi et donc des antagonismes économiques et politiques entre chaque nation, détermine l’existence et l’ampleur de la crise actuelle dont l’échec du référendum a été un formidable accélérateur. Contrairement à ce que nous raconte la bourgeoisie, la crise actuelle n’est pas due à l’intransigeance de Tony Blair en matière budgétaire, pas plus qu’à la classe ouvrière qui a voté "Non" au référendum.
Cette crise en Europe correspond à l’incapacité pour la bour-geoisie de faire face à l’approfondissement de la décomposition, à la faillite historique de son propre système. En cédant devant les impératifs économiques immédiats et égoïstes, c’est l’espace économique européen qui est fortement affaibli, la capacité de se donner des règles communes de fonctionnement permettant de s’organiser face à la concurrence économique venant d’Amérique ou d’Asie. Sur un plan économique, tous les pays capitalistes européens, à des degrés divers, seront perdants. Sur le plan impérialiste, la crise en Europe et l’affaiblissement du couple Franco-Allemand ne peut que profiter directement aux Etats-Unis et à l’Angleterre. La classe ouvrière doit se préparer à se confronter à la perspective du développement des tensions impérialistes et à un rythme accéléré de développement de la crise économique. La crise en Europe n’est qu’un pas de plus dans le chaos et la décomposition, dans le développement de l’irrationalité croissante du capitalisme.
Tino
Quelques jours avant le vote, chaque "électeur-citoyen" en France a reçu dans sa boîte à lettres le texte complet du Traité, un pavé tout simplement indigeste et illisible. C’est pourquoi, faisant œuvre de pédagogie et d’esprit démocratique, l’Etat y a joint sous forme de petite brochure le "Projet de loi autorisant la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe" (1). En une dizaine de pages, les axes du Traité y sont exposés simplement. Après cette lecture très instructive, tout électeur était censé pouvoir répondre objectivement, en toute connaissance de cause et donc en toute liberté, à la question référendaire : "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe ?". OUI ou NON !
Seulement, en réalité, ce texte est un tissu de mensonges. De la première à la dernière ligne, l’Europe y est glorifiée, le poison nationaliste et réformiste distillé.
"Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, six nations marquées par l’horreur du conflit et l’expérience de la barbarie, ont décidé d’établir entre elles une union toujours plus étroite, pour rendre la guerre à jamais impossible sur notre continent…" ou encore "Pour une Europe qui soit davantage un pôle de paix et de stabilité dans le monde… " Mensonges ! Les différentes bourgeoisies européennes ne propagent pas la paix mais déchaînent au contraire la guerre partout sur la planète. Faut-il rappeler le déchirement de la Yougoslavie durant lequel la France, l’Allemagne et l’Angleterre ont soutenu et armé différentes fractions, jouant ainsi chacune leur propre carte ? Sous couvert d’humanitaire, c’est la barbarie et les pogromes qu’elles ont attisés sans remord ni retenue. Et que dire de l’implication meurtrière de la France dans le génocide rwandais d’hier ou dans les massacres ivoiriens d’aujourd’hui ? Ce sont ces champions de la guerre, ces dirigeants dont les mains sont couvertes de sang qui osent parler de paix !
La classe ouvrière ne doit pas se laisser berner, l’Union Européenne n’a jamais eu et n’aura jamais pour but la paix. Tout au contraire, elle est une association de malfaiteurs, un regroupement de requins impérialistes (lire page 3). Cette nature profondément belliciste transpire d’ailleurs par tous les pores de ce Traité : "…le traité donne les moyens d’une politique extérieure active pour défendre nos intérêts face aux autres grandes puissances […]. Il jette les bases d’une coopération plus étroite en matière de défense […]. Une agence européenne de défense coordonnera les efforts d’équipement des armées nationales." Telle était effectivement la véritable raison d’être de cette nouvelle constitution. Il s’agissait, pour la France et l’Allemagne, de mieux se coordonner face aux Etats-Unis dans l’arène impérialiste mondiale. Nous sommes loin, très loin, de la volonté de "créer un espace de paix".
A l’intérieur même de l’Union, les rapports entre nations sont fondés sur la concurrence et la rivalité. "Au sein d’une Union réformée, le traité nous [comprendre la bourgeoisie française] permettra d’agir plus fortement encore, en particulier grâce au renforcement de notre place au Conseil des ministres, qui permettra à la France de peser davantage, avec 12% des voix contre 8% aujourd’hui." L’enjeu de la nouvelle Constitution était effectivement pour la France d’accroître son pouvoir au sein de l’Union.
La classe ouvrière ressent dans sa chair, surtout depuis le début de ce siècle, une terrible accélération de la dégradation de ses conditions de vie. Partout dans le monde, et notamment en Europe, les attaques économiques pleuvent sur le prolétariat.
Face à cette réalité, la grossièreté des mensonges de la propagande étatiste en est presque ridicule. A en croire la bourgeoisie, l’Union Européenne serait un nouvel El Dorado. "Pour la croissance et l’emploi, des politiques économiques plus actives permettront de tirer le meilleur parti de la monnaie unique, afin d’augmenter le pouvoir d’achat et de stimuler nos exportations." Le meilleur reste à venir : "toutes les politiques européennes prendront désormais en compte les impératifs sociaux, l’emploi, la protection sociale, la lutte contre l’exclusion, l’éducation, la formation, la santé." Et quand y’en a plus, y’en a encore : "l’Europe s’engage ainsi à assurer sur son territoire un haut niveau de protection sociale." Nous rappellerons simplement qu’au cours de ces dernières années un peu partout en Europe le "pouvoir d’achat" s’est effondré, les prix de l’immobilier se sont envolés, les systèmes de sécurité sociale, d'assurance chômage, de retraite sont progressivement démantelés… La bourgeoisie partout en Europe nous promet plus de santé… elle ne cesse de réduire le nombre de lits et de personnels hospitaliers ! La bourgeoisie nous promet plus d’éducation… les effectifs de surveillants, conseillers d’orientation, infirmiers scolaires, personnel enseignant etc. fondent comme neige au soleil. La bourgeoisie en Belgique nous promet 200.000 emplois… elle s'acharne à organiser la chasse aux chômeurs. Egalement en Belgique, la bourgeoisie nous promet une meilleure protection sociale… pendant qu'elle se lance dans une attaque de grande envergure sur les retraites par sa note "vieillir activement" du ministre socialiste Van den Bossche formulant 67 propositions sans pareille pour sabrer drastiquement dans les retraites et les revenus des personnes en fin de carrière. Pour être plus conforme à la réalité, la bourgeoisie devrait donc plutôt écrire dans sa Constitution : "l’Europe s’engage ainsi à assurer sur son territoire un haut niveau de précarité sociale ! "
Il est alors facile de comprendre que l’ensemble de ces attaques n’ont rien à voir avec telle ou telle politique de gauche ou de droite, ‘euro-sociale’ ou ‘euro-libérale’. Elles sont le fruit inévitable d’un système économique en faillite. Voter OUI ou NON n’avait donc aucun sens. C’était un faux choix, une fausse alternative proposée par la bourgeoisie et qui ne reposait que sur la tromperie.
Pour être juste, il y a au milieu de la fable que nous conte l’Etat une ou deux lignes sans contre-vérité. Les voici : "Une meilleure coopération entre les services de justice et de police… " et "Contre l’immigration clandestine, une politique commune renforcera les contrôles aux frontières… "
Alors que les nations européennes déchaînent la guerre dans les pays périphériques, elles s’organisent pour chasser l’ouvrier immigré hors de leurs frontières. Ceux qui préfèrent vivre dans la misère, et souvent l’exploitation clandestine, en Europe plutôt que de mourir de faim ou assassinés dans leur pays, ceux-là n'ont pas leur place dans cet "espace de paix, de démocratie et de prospérité (sic !). "
Et sous couvert de lutte anti-terroriste, les différentes nations européennes renforcent l’Etat policier. N’ayons aucun doute, la bourgeoisie n’aura aucune hésitation à employer l’ensemble de ces moyens répressifs contre toute la classe ouvrière quand le moment sera venu.
Le torchon qui fut distribué à chaque électeur en France est donc un amoncellement de mensonges grossiers et de manipulations idéologiques. Drapée des valeurs démocratiques, au nom du droit à l’information, la bourgeoisie a tenté de faire oublier à la classe ouvrière la réalité de son quotidien : une paupérisation croissante, une crise économique profonde et continue. Voilà le vrai visage de la démocratie !
Pawel&Ab / 21.06.05
(1) Toutes les citations sont extraites de cette brochure.
Après l’amère défaite subie par le SPD aux élections provinciales du 21 mai en Rhénanie du Nord (NRW), "bastion de la social-démocratie", le chancelier allemand Schröder et le leader du parti Müntefering ont annoncé que les prochaines élections générales auraient lieu à l’automne 2005, c’est-à-dire avec un an d’avance. Les partis d‘opposition chrétiens-démocrates et libéraux ont été unanimes pour saluer la décision de Schröder, déclarant que "chaque jour en moins qui est régi par la coalition des rouges-verts est un bon jour pour le pays". Les fédérations de patrons et les syndicats ont exprimé leur "soulagement" que les "Allemands" aillent eux-mêmes exprimer, dans les urnes, leur soutien ou leur rejet des "douloureuses mais nécessaires réformes économiques". A la Bourse de Francfort, on a parlé d’un "nouvel optimisme" que les élections de l’automne pourraient faire revenir, indépendamment de leur issue politique.
Comment expliquer cet enthousiasme unanime de la classe dominante pour des élections anticipées ? La coalition du SPD avec le parti des Verts a-t-elle si mal géré les intérêts de la bourgeoisie que celle-ci ne peut pas attendre une année de plus pour s’en débarrasser ? Le remplacement du gouverne-ment actuel, qui semble probable, conduira-t-il à un change-ment, par exemple sur la politique économique et sociale, comme l’annonce bruyamment l’opposition actuelle ?
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le chancelier veut de nouvelles élections. L'exercice du pouvoir ne se détermine pas uniquement à partir des grands scrutins nationaux mais aussi à travers certaines élections régionales et municipales.
Le SPD se voit écarté du pouvoir en NRW, dans une province qu’il a jusqu’ici gouvernée sans interruption depuis 39 ans. C’est sa neuvième défaite électorale consécutive. Face à un tel déclin électoral de la social-démocratie, sans équivalent dans l’histoire allemande récente, de nouvelles élections sont le dernier recours du chancelier pour éviter l’apparition de luttes ouvertes pour le pouvoir dans son propre parti. En fait, Schröder voit dans ces élections anticipées sa seule chance de rester en lice. Si les Chrétiens-Démocrates gagnent les prochaines élections provinciales de Rhénanie-Palatinat, ils pourront bloquer la plupart des initiatives législatives du gouvernement fédéral.
De plus, Schröder est assez réaliste pour savoir que ses chances d’être réélu cette fois encore sont faibles, et il est préoccupé de la façon dont il va partir. Ainsi, lorsqu’au début des années 1980, face à l’aggravation du chômage de masse et à la montée d’un fort mécontentement dans la classe ouvrière, le SPD a jugé nécessaire de retourner dans l’opposition, c'est l’aile gauche du parti qui a assumé la tâche de préparer le terrain pour faire passer les attaques anti-ouvrières. La façon dont le chancelier social-démocrate de l’époque, Helmut Schmidt, a été chassé du bureau politique par ses propres "camarades" est restée dans l’histoire avec la marque de la disgrâce. Schröder préférerait, comme son prédécesseur Kohl, être démocratiquement et "honorablement" désavoué par le vote.
Pour l’opposition, il n’est pas non plus difficile de voir pourquoi elle tient à des élections anticipées qui apparaissent particulièrement favorables pour les Chrétiens-Démocrates et les Libéraux. D’abord, l’impopularité du gouvernement de gauche - jusque dans l’électorat traditionnel social-démocrate - leur donne des raisons d’être optimistes. Mais cet optimisme est aussi fondé sur le constat que, ces derniers mois, de puissantes fractions de la bourgeoisie allemande ont poussé au départ du gouvernement de gauche. Ainsi, celles-ci se sont assurées que le parti écologiste, les Verts, et leur figure principale, le ministre des affaires étrangères Fischer, soient discrédités. Cela s’est fait grâce à "l’affaire des visas", attaquant le ministre des affaires étrangères à travers la question d’une remise trop "libérale" de visas, accordée surtout à des Ukrainiens, et qui aurait ouvert les frontières à un "flot de criminels".
Cependant, aujourd’hui, la politique impérialiste n’est pas le facteur déterminant de la décision d’avancer les élections générales, ni du gouvernement qui sortira des élections. Il est à présent clair que "l’affaire des visas" a surtout une dimension électorale. Par exemple, elle permet aux Chrétiens-Démocrates de se présenter comme les protecteurs "vigilants du pays contre les criminels étrangers" et de prendre ainsi des voix à l’extrême droite. Mais surtout, elle contribue grandement à sceller le destin de la coalition rouges-verts, donnant à Schröder la justification nécessaire pour appeler à des élections générales.
Comme nous le disions au début de cet article, il est frappant aujourd’hui que non seulement les partis politiques directement concernés, mais toutes les forces principales de la bourgeoisie allemande aient chaudement salué ces élections. Et, alors que le comportement des politiciens s’explique aisément par leur intérêt d’aller au pouvoir, c’est moins évident pour les capitaines d’industrie, les patrons syndicaux, les chefs d’Eglise ou les boursicoteurs. Après tout, le pouvoir de ces élites au sein de l’Etat (sans parler des chefs militaires ou des services secrets qui ne donnent pas leur opinion en public) ne dépend pas de l’existence d’un gouvernement de gauche ou de droite à Berlin. Il est donc évident que l’organisation de nouvelles élections est devenue une affaire au cœur des fractions centrales de la bourgeoisie allemande dans son ensemble, et qu’on ne peut l’expliquer seulement par des calculs politiciens de partis.
La nouvelle situation politique est liée à la situation économique, à l’exacerbation de la crise capitaliste. Ce qui est partiellement en jeu, c'est le maintien ou la reprise de la confiance des investisseurs. La bourgeoisie allemande veut démontrer au monde que les "réformes économiques" (c’est-à-dire les attaques massives contre la classe ouvrière) vont continuer sans ralentir, et même vont s'accélérer. Il n’y aura pas "d’année perdue" ni de "blocage mutuel" des forces politiques jusqu’en 2006.
Mais le simple fait qu’aucun doute ne s’est manifesté sur le fait que le "cours des réformes" se poursuivra - indépendamment de l’issue électorale - nous montre que ce qui est en jeu n’est pas un changement de la politique en cours. Si les rouges-verts finissent par être chassés du pouvoir, ce n’est certainement pas parce que la bourgeoisie est mécontente de leur politique économique, ni parce que l’opposition aurait une alternative à offrir. Ce que les Chrétiens-Démocrates et le FDP ont à proposer n’est que la continuation de ce que le gouvernement Schröder-Fischer a fait pendant sept ans, à savoir ce que chaque gouvernement dans le monde fait aujourd’hui.
Alors, pourquoi toute cette agitation et cette soudaine précipitation ? La bourgeoisie allemande réagit aujourd’hui réellement à un facteur nouveau et significatif de la situation sociale. Ce facteur nouveau n’est pas la crise économique en tant que telle. Cette crise chronique mondiale, en développement incessant, qui est insolvable dans le capitalisme, s’étend et s’approfondit depuis des décennies. Ce qui est nouveau, c’est que la question sociale, le problème des conséquences de la crise pour les ouvriers, pour la classe productrice et exploitée, est revenue au centre de la vie de la société. Cette question sociale a été laissée de côté avec les évènements de 1989, lorsque la faillite du stalinisme servait à crédibiliser le mensonge selon lequel le capitalisme avait gagné une victoire finale, cherchant à enterrer définitivement la classe ouvrière. L’apparition des illusions des années 1990 – la nouvelle économie, le boom de la Bourse, la révolution informatique – a contribué à étendre cette écume d’illusions. Mais les souffrances grandissantes de la classe ouvrière, en particulier à travers le développement grandissant du chômage de masse, ont de plus en plus évacué ces illusions. Aujourd’hui, non seulement dans la périphérie du capitalisme, mais au cœur du système, dans les supposés bastions de l’Etat-providence comme l’Allemagne, la France ou l’Italie, de larges couches de la population ouvrière se sentent immédiatement menacées par le chômage et la paupérisation. En Allemagne, le chômage officiel a dépassé le cap des 5 millions. Cette multitude de chômeurs réveille dans les mémoires la crise économique de 1929. Dans ce processus, les couches de la population qui étaient jusqu’ici considérées comme bien payées et hautement qualifiées sont touchées par l’inquiétude. Ainsi, dans les semaines récentes, les médecins hospitaliers d’Allemagne ont défilé dans la rue et le personnel d’Agfa a découvert que la compagnie s’était retrouvée en banqueroute en une nuit. Aux yeux du monde, dans la conscience des prolétaires eux-mêmes, la question sociale est de retour. Cela oblige la classe dominante à réagir.
Dans un pays comme l’Allemagne, où une augmentation particulièrement brutale du chômage de masse vient d’avoir lieu, la classe dominante doit essayer d’effacer jusqu’aux impressions naissantes qu’il n’y a pas de solution à ce problème dans le capitalisme. Elle doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour créer le sentiment contraire. Elle doit prétendre qu’il existe de meilleures recettes pour dépasser le problème.
Les nouvelles élections constituent une des réponses de la bourgeoisie au danger que la classe ouvrière reconnaisse, ou même suppose, la banqueroute du système capitaliste. Là se trouve l’essence du travail salarié –qui le distingue radicalement des formes précédentes d’exploitation : les exploités peuvent acquérir des biens pour vivre tant qu’ils peuvent être exploités avec profit. Les travailleurs salariés ne sont pas forcés à travailler par l’usage de la violence, mais sont au contraire obligés de rechercher eux-mêmes leurs exploiteurs pour pouvoir survivre. Il est vrai que la bourgeoisie a appris au cours du 20e siècle, face au chômage de masse de plus en plus permanent, à mettre en place des systèmes d’assurance dirigés par l’Etat, afin d’éviter le développement d'une prise de conscience naissante dans la classe ouvrière. Mais aujourd’hui, sous la pression de la crise, la bourgeoisie est contrainte de réduire radicalement ces systèmes d’assurance précisément au moment où le chômage est devenu plus massif et plus permanent. Le développement de la crise pousse ainsi les exploités à ouvrir les yeux sur les réalités de la société de classe.
Cependant, il ne faut pas négliger ce fait que, à travers les manœuvres électorales, les exploiteurs ont gagné du temps afin d’attaquer cette conscience naissante dans le prolétariat. Si, contre toute attente, la coalition rouges-verts était réélue, il lui serait au moins possible de revendiquer que la majorité de la population a elle-même "admis" la nécessité de "réformes". Si le gouvernement est désavoué, la bourgeoisie pourra donner une nouvelle chance à des réformes plus "conséquentes" du nouveau gouvernement. Et en même temps, la social-démocratie (le SPD et les syndicats) – de façon plus crédible qu’aujourd’hui en tant que force de gouvernement – pourra revenir au récent "débat sur le capitalisme" lancé par le chef actuel du parti Franz Müntefering, ravivant les illusions sur la possibilité de limiter le chômage grâce à la limitation par l’Etat de ce qui est appelé la "globalisation" (c’est-à-dire une politique autarcique comparable à la période de préparation à la Seconde Guerre mondiale). Et dans le même temps, on peut compter sur l’ex-patron du SPD, Oskar Lafontaine, qui a quitté le SPD afin de créer une nouvelle alliance électorale d’aile gauche avec le PDS (resucée de l’ancien parti stalinien qui avait gouverné l’Allemagne de l’Est) sur une position "anti-globalisation". Cette initiative semble en fait destinée à réduire encore les espoirs de réélection de Schröder.
Mais de nouvelles élections signifient, de plus, la mise en œuvre de l’idéologie démocratique contre le développement de la conscience, de la combativité et de la confiance en soi du prolétariat. La bourgeoisie sait que le mécontentement monte parmi les ouvriers, les employés et les chômeurs. Elle est aussi consciente que les ouvriers ont pour le moment des difficultés considérables à rentrer en lutte du fait du manque de sentiment clair d’appartenir à une seule classe, du manque de confiance en leurs propres forces, du sentiment de vulnérabilité face au chantage du chômage.
Ici, la bourgeoisie cherche à faire de ces élections un moyen apparemment plus efficace et plus facile pour que les exploités expriment leur indignation et leur insatisfaction. Au lieu de tenir des meetings de masse, d’aller dans la rue ou de se mettre en grève, on leur propose de voter pour "virer" le gouvernement. C’est ainsi que la démocratie travaille. Le gouvernement, ou un parti particulier, agit en paratonnerre qui déclenche la colère de la population. En permettant à celle-ci de le "punir" de cette façon, une lutte ouvrière indépendante est évitée. Pour ne pas laisser la maturation de l’indignation et la solidarité se développer dans la classe, la bourgeoisie cherche à transformer ces sentiments en une réaction de vengeance aveugle, satisfaite de "faire payer" un coupable. Pour éviter que le prolétariat ne sente sa propre force en tant que classe, la bourgeoisie pousse à atomiser les ouvriers dans les isoloirs, où ils sont réduits à un rôle de citoyens au service de l’Etat.
La bourgeoisie veut nous faire croire que cela servira les intérêts ouvriers de "punir" le SPD ou le gouvernement. Mais la règle de l’alternance démocratique des partis au pouvoir veille à ce que cette "punition" ne porte toutefois pas atteinte aux intérêts de l’Etat. Ainsi, la politique du gouvernement actuel sera continuée par ses successeurs. Pour la classe ouvrière, l’enjeu n’est pas de "punir" telle ou telle fraction ou homme politique, mais d’extirper les racines de sa propre exploitation, d’éradiquer la cause de ses souffrances et du manque de perspective pour l’humanité tout entière. Ce qui est nécessaire n’est pas la lutte contre des moulins à vent, contre de simples représentants ou symptômes du système, mais un combat conscient contre le capitalisme.
D’après Welt Revolution n°130, publication du CCI en Allemagne et en Suisse
Cette année, la grande kermesse annuelle de l’organisation trotskiste Lutte Ouvrière, qui s’est tenue les 14, 15 et 16 mai, dans le parc de son château de Presle en France, était placée sous le signe de la nouveauté. Et des nouveautés il y en a eu. La fête de LO a fait "peau neuve" et le résultat n’est pas passé inaperçu.
Alors, "quoi de neuf ?" : cirque ambulant, village dans les arbres, village médiéval (façon Puy du Fou)… mais surtout, clou du spectacle, le village des "pestiférés", ou autrement dit, la cité politique (celle abritant les stands et les forums où d'autres groupes peuvent en principe s'exprimer et qui sert chaque année de vitrine démocratique à l’organisation d’Arlette Laguiller). LO, sans doute soucieuse de prémunir les participants et autres visiteurs de sa fête contre toute contamination a procédé à une véritable mise en quarantaine de la politique, qui n’avait presque plus le droit de cité.
C’est ainsi que la cité politique, traditionnellement située à l’entrée de la fête, un lieu de passage incontournable, s’est vue déportée aux confins de l’endroit dans une forteresse quasi imprenable, tenant sur un mouchoir de poche, pour être remplacée sur l'ancien site par les joutes chevaleresques et les rôtisseries de sire Renault.
Les sympathisants de LO eux-mêmes ne s’y sont pas trompés comme on peut le lire dans certaines réactions sur leur site le "forum des amis de LO" : "l’aspect politique de la fête : j’ai trouvé que la répartition géographique des stands et forums était malvenue, surtout pour les groupes invités [cité politique], placées comme si on voulait les cacher. A mon avis, ça donnait l’impression que l’on voulait mettre de côté le côté politique de la fête…"
Observation juste mais incomplète toutefois. L'isolement et le parcage des discussions politiques dans un ghetto ne sont pas qu’une impression, mais relèvent ici d’une véritable entreprise de sabotage de la réflexion. De ce point de vue, le discours d’Arlette Laguiller, le 16 mai, n’en ressort que plus hypocrite : "nous pensons que le mouvement ouvrier doit être démocratique, accepter et favoriser les débats d’idées dans ses rangs… Que les discussions soient vives, que les idées s’expriment sans contraintes". LO a visiblement une définition très personnelle quant à la manière de "favoriser les débats"… "sans contraintes". En effet, au-delà de l’emplacement ridicule octroyé à la cité politique, qui à ce rythme va se retrouver suspendu dans les arbres, c’est avant tout la discussion et la réflexion politique que LO a cherché à confiner. Les sympathisants trotskistes, là encore, avouent avoir eu beaucoup de peine à localiser les forums de discussions organisés par LO. Pour cause, ils n’étaient pas si nombreux que cela. Et quand ils avaient lieu, c’était pour se dérouler dans des conditions dignes de l’Enfer de Dante, plongés dans le vacarme assourdissant des concerts et du cirque ambulant (d’où l’intérêt qu’il soit ambulant).
Le cordon sanitaire ainsi mis en place n’avait d’autre but que celui de "protéger" les jeunes militants de LO, ses sympathisants, ceux dont elle n’a pas encore fini totalement d'endormir l'esprit critique, et les éléments critiques en recherche de positions politiques présents à sa fête. Les protéger contre quoi ? L'approfondissement et l'élargissement de la maturation de leur questionnement quant à l’avenir de plus en plus cauchemardesque que nous promet le capitalisme et, finalement, la rencontre avec les positions révolutionnaires de la classe ouvrière (1). Celles là même que le CCI, et ses sympathisants, ont défendu, chaque fois que possible, lors de cette fête contre les mensonges déversés par Laguiller & co.
Le challenge aura été aussi pour LO d’endiguer les possibles interrogations suscitées par son positionnement dans le camps du "non de gauche" à propos du référendum sur la constitution européenne. On comprend, en effet, que LO soit gênée aux entournures par le fait de se retrouver sur la même ligne que celle de la LCR (organisation soeur du POS Belge), ATTAC, le PC ou une partie du PS, à savoir le camp des réformistes patentés et des partis de gauche qui au gouvernement n’ont jamais hésité à attaquer la classe ouvrière. C'est pourquoi une préoccupation majeure de LO, durant sa fête, a été de mettre une distance entre son "non" et celui de la "gauche réformiste" et antilibérale. C’est ainsi que LO, dans la plupart de ses forums, s’est égosillée à fustiger la rhétorique anti-libérale pour nous marteler que "ce n’est pas le libéralisme mais le capitalisme qu’il faut combattre". Mais derrière cette belle preuve de pseudo-radicalité dont elle a le secret, LO fait passer, au bout du compte, les mêmes mystifications et sert à la classe ouvrière la même soupe réformiste que les altermondialistes ou les anti-libéraux. C’est la même mixture qui consiste, ni plus ni moins, qu’à dédouaner le capitalisme, faire croire au prolétariat que, si le monde est à feu et à sang, s’il sombre dans toujours plus de chaos et de misère, ce n’est le fait que d’une simple dérive…la dérive néo-libérale dont les responsables sont les patrons bien gras qui font des profits et licencient quand même ou pour reprendre les expressions d’Arlette Laguiller "les grands patrons qui ont un portefeuille à la place du cœur".
Quand ATTAC, organisation phare de l’altermondialisme, nous dit dans sa plateforme que c’est "la mondialisation financière [qui] aggrave l’insécurité économique…" c’est trait pour trait le même discours que tient LO. Ainsi, lors de son forum consacré aux délocalisations, ses militants nous soutenait mordicus que l’économie capitaliste se porte comme un charme et réalise un tas de profit, l'unique problème étant "la dictature des actionnaires".
Dès lors, comme la Fondation Copernic (succursale du PS) qui appelle en votant "non" à la constitution européenne à "remettre à l’endroit ce que le libéralisme fait à l’envers", LO veut nous faire avaler qu’un autre monde… capitaliste est possible. "… les profits sont en hausse…Mais à quoi leur sert ce profit ? A investir dans des usines ? Dans des machines nouvelles ? A créer des emplois ? Non ! Uniquement à enrichir les actionnaires…" Lutte ouvrière n°1908. Que faut-il en conclure ? Et bien "halte à la dictature des actionnaires", "interdisons les licenciements", "réquisitionnons les entreprises qui font des profits et licencient quand même" et rebâtissons un monde nouveau…à savoir un capitalisme mieux régulé et plus moral où les profits servent à acheter des machines et créer des emplois ! Voilà le salmigondis idéologique que nous sert LO et qui trouve entièrement sa place dans l’agitation anti-libérale pour dévoyer la réflexion des ouvriers alors que l'évolution de la situation les pousse à une critique plus radicale du système.
LO dit ne pas vouloir côtoyer des "antilibéraux" et "d’anciens ministres socialistes comme Emmanuelli et Mélenchon qui ont soutenu le gouvernement Jospin…" pourtant, comme les interventions du CCI, lors de la fête, l’ont largement mis en avant, c’est bien dans ce camp, celui de la gauche du capital, que se situe LO.
C’est dans la même veine que, sur la question de l’Europe, à la manière de ses amis du "non de gauche", LO n’hésite pas à laisser entendre, notamment dans son forum "Leur Europe n’est pas l’Europe des travailleurs", que la construction européenne intéresse les ouvriers. Pour LO, non seulement cette dernière pourrait être plus "sociale" mais aussi représenterait d’emblée un pas vers le socialisme ! Ce que soutenait le militant de LO chargé de la présentation de la position de son organisation : "oui, il y a un intérêt pour les travailleurs à avoir une base économique unifiée parce que cela pose les bases économiques pour la société socialiste". Là encore, l’intervention du CCI a démontré qu’il n’y a rien de plus faux. Certes, c’est le capitalisme qui, en permettant un développement considérable des forces productives dans sa phase ascendante, au 19e siècle, a posé les bases objectives pour la réalisation de la société communiste. Ce que Marx appelait "la grande influence civilisatrice du capital" dans Le Manifeste communiste.
Mais cette période est révolue depuis que s’est ouverte celle de la décadence du capitalisme avec la guerre de 1914.
Ce qu’affirme avec force la IIIe Internationale dans sa plateforme : "une nouvelle époque est née : l’époque de la désagrégation du capitalisme, de son effondrement intérieur. L’époque de la révolution communiste du prolétariat." Depuis lors, le capitalisme n’est plus capable de faire progresser l’humanité mais au contraire fait planer au-dessus de sa tête la menace lancinante de son extermination.
LO, en insufflant l’idée que les ouvriers trouvent des éléments de progrès dans la société capitaliste et plus spécifiquement dans la construction de l’Europe, participe à les enchaîner aux seuls intérêts qui se trouvent ici en jeu, à savoir ceux des différentes bourgeoisies nationales.
De même, en jurant que l’Europe est un enjeu pour la classe ouvrière, LO entend bien la rabattre vers les urnes référendaires.
Ainsi, quand LO dit : "Tout en défendant notre politique dans toutes les consultations électorales, nous continuons à affirmer que les changements essentiels pour les travailleurs ne sont jamais sortis des urnes" (allocution d’Arlette Laguiller le 14 mai), elle raconte aussi : "Alors, je dis et je répète à cette constitution nous voterons "non" et nous appelons à voter "non"" (allocution du 16 mai). En somme, le débat sur l’Europe concerne les ouvriers, voter ne changera pas leur condition mais surtout qu’ils votent ! Le secret de cet alambic trotskiste, nous le trouvons dans un autre forum de LO au titre interrogatif : "la classe ouvrière reste t-elle l’outil de la transformation sociale ?" Pour LO (comme pour l’ensemble de la classe dominante d’ailleurs) la réponse ne fait pas de doute, la classe ouvrière est bel et bien la classe révolutionnaire. Et c’est parce que LO a une conscience aiguë de ce rôle historique du prolétariat qu’elle cherche à tout prix à briser cette force en l’atomisant en autant de citoyens isolés et inoffensifs, emprisonnés dans les illusions réformistes et démocratiques de la distillerie électorale : "..il faut une contre offensive générale du monde du travail. Alors camarades, le 29 mai nous appelons à voter non" (allocution du 15 mai).
Alors, quand dans le même discours Laguiller ose dire "…qu’il ne faut pas nous laisser balader de référendum en élection, avec de faux espoirs qui ne peuvent que déboucher sur de nouvelles déceptions", nous ne pouvons que constater l’abîme d’hypocrisie dont est capable LO, elle qui depuis les présidentielles de 1974 est de toutes les élections pour faire la promotion des urnes.
Les interventions du CCI ont eu pour souci de dénoncer les mystifications électoralistes et réformistes colportées par LO contre la classe ouvrière ainsi que de mettre en avant la véritable origine de cette organisation aux antipodes de l’internationalisme et du camp prolétarien. Laguiller racontera évidemment le contraire: "je rappelle que le courant communiste dont nous nous revendiquons affirmait que l’unification de l’Europe était une nécessité à une époque où les hommes de gouvernement, les ancêtres politique de Chirac, désignaient encore l’Allemagne comme l’ennemi héréditaire de la France et que leurs semblables allemands en faisaient autant dans l’autre sens, préparant de part et d’autre ces deux guerres du siècle qui sont devenues des guerres mondiales !" (allocution du 14 mai).
C’est oublier facilement que les ancêtres politiques de Laguiller, le groupe Barta, désignaient pendant la Seconde guerre mondiale l’Allemagne comme "l’ennemi héréditaire" de l’URSS dans son tract Vive l’armée rouge ! du 30 juin 1941 et invitaient les ouvriers à donner leur vie pour la défense de la patrie stalinienne en rejoignant la Résistance : "Dans les groupes de résistance, dans le maquis, exigez votre armement" (La lutte de classe n°24 du 6/02/1944).
Le preux chevalier révolutionnaire que prétend être LO se révèle en fait un vrai Sancho Pança, serviteur du capital. La compréhension de cette réalité du trotskisme est pour le prolétariat un enjeu crucial pour l’avenir.
Azel / 25.05.05
(1) Voir aussi l'article dans Internationalisme n°319, Le refus de stand au CCI à la bourse du livre alternatif de Gand et d’Utrecht: "Si les organisateurs trouvent notre présence indésirable, c’est parce que des éléments en recherche d’élargissement et d’approfondissement de leurs visions politiques, s’intéressent aux analyses de la Gauche Communiste, aux questions que nous posons et aux réponses politiques que nous apportons touchant des sujets d’intérêts pour la classe ouvrière et l’avenir de l’humanité. Ce que les organisateurs veulent en réalité, c’est empêcher qu’une confrontation honnête et ouverte des positions politiques ait lieu. Malgré leurs discours (faussement) libertaires, ils préfèrent se fier à leurs voisins staliniens et d’extrême gauche (pro- ou anti-staliniens) plutôt que de voir la Gauche Communiste trouver un écho pour une claire perspective de classe internationaliste."
Nous continuons notre réponse[1] aux positions exprimées par le GARAS[2] sur la question du syndicalisme de base ou "radical", en montrant en quoi le syndicalisme, "radical" ou non, a perdu aujourd’hui tout lien avec la lutte de la classe ouvrière pour devenir une arme de la bourgeoisie.
D’après le GARAS, les syndicats jouent un rôle négatif parce que "les bureaucraties syndicales qui ne remettent pas en cause le capitalisme sont contre nous dans cette lutte, ou ne se donnent pas les moyens de tenir le rapport de forces." Pour le GARAS, avec la crise économique "le syndicalisme réformiste, de concertation sociale, de cogestion avec l’Etat et le patronat n’est plus aussi nécessaire qu’auparavant.[3]" Bref, ce type de syndicalisme est révolu, il faut maintenant un syndicalisme plus efficace.
Le GARAS se fourvoie complètement en réduisant la critique des syndicats à celle de leur direction bureaucratique. Sa position sur le syndicalisme reflète l’absence de méthode, l’approche a-historique typique de l’anarchisme. La nature de classe d’un type d’organisation doit être examinée d’après son rôle dans les moments où les classes s’affrontent ouvertement. Et là, comme l’établit l’expérience de la classe ouvrière mondiale, il est nécessaire de faire la distinction entre les périodes historiques de l’ascendance du système capitaliste et de sa décadence depuis 1914. Depuis, le syndicalisme sous toutes ses formes, n’est plus une arme pour la classe ouvrière. "Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’Etat. Ce processus est également caractéristique pour les syndicats neutres, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes. Ce fait indique que la tendance à s’intégrer à l’Etat n’est pas inhérente à telle ou telle doctrine, mais résulte des conditions sociales communes pour tous les syndicats.[4]"
Au 19e siècle, les syndicats ont été forgés de haute lutte par le prolétariat et formaient une organisation permanente de la classe destinée à permettre la résistance organisée face au capital. Les marxistes, à cette époque, ont toujours soutenu les syndicats, comme un pas important dans l’effort de la classe ouvrière pour développer sa solidarité, s’unir en vue de se constituer en classe qui défend ses intérêts face à la bourgeoisie. Les luttes du prolétariat s’orientent en vue d’obtenir des réformes durables pour l’amélioration de ses conditions de vie. Celles-ci sont conçues comme moyen de développer l’unité et la conscience de la classe en vue de la préparation à la lutte révolutionnaire pour la destruction de l’Etat bourgeois et de la société qui l’engendre. Les outils que se forge alors le prolétariat, notamment les syndicats, constituent un moyen d’action sur "le terrain de l’ordre social bourgeois" et correspondent à "une simple phase, un simple stade dans la lutte de classe prolétarienne globale dont le but final dépasse aussi bien, et dans la même mesure, la lutte parlementaire et syndicale.[5]" Alors que les anarcho-syndicalistes considèrent les syndicats comme la panacée pour la lutte des classes, et même comme l’organe de la révolution, les marxistes ont constamment souligné les limites du mouvement syndical : "tous ces efforts ne peuvent modifier la loi économique qui règle les salaires en fonction de l’offre et de la demande sur le marché du travail. Autrement dit : ces associations sont impuissantes contre toutes les grandes causes qui déterminent cette offre et cette demande.[6]" Pour la classe ouvrière, classe exploitée, l’obtention de réformes ne peut pas signifier son affranchissement. Le sens réel de la lutte du prolétariat réside non dans l’aménagement de son exploitation mais dans la lutte pour la destruction de l’exploitation. Les marxistes luttent contre les tendances réformistes dans les syndicats qui tendent à réduire la lutte à la seule lutte économique, négligeant leur rôle politique "d’écoles du communisme" et oubliant la perspective de l’abolition du salariat : "Les syndicats ont envisagé trop exclusivement les luttes immédiates contre le capital. Ils n’ont pas encore compris parfaitement leur force offensive contre le système d’esclavage du salariat contre le mode de production actuel. C’est pourquoi ils se sont tenus trop à l’écart des mouvements sociaux et politiques généraux.[7]"
Le réformisme, mis à profit par la bourgeoisie, forme pour elle un "moyen beaucoup plus efficace que les mesures brutales et stupides[8]" pour entraver le mouvement du prolétariat vers le socialisme : ainsi en France avant 1870 : "les syndicats étaient poursuivis et frappés de sanctions draconiennes. Cependant, peu après que la Commune eut inspiré à la bourgeoisie une peur panique du spectre rouge, un brusque changement s’opéra (…)" ; la bourgeoisie, pour récupérer les syndicats, "commence à encourager le mouvement syndical, à faire pour lui une active propagande[9]" tant il est vrai que la seule lutte que la bourgeoisie craint vraiment est celle contre le caractère de marchandise de la force de travail.
Avec l’entrée du système capitaliste dans son époque de décadence (avérée avec l’éclatement de la première guerre mondiale en 1914), qui ne permet plus l’obtention de réformes durables par le prolétariat, se dérobent sous les pieds du syndicalisme les fondements qui permettaient à la classe ouvrière d’en faire une arme contre la bourgeoisie.
L’année 1905 constitue une étape importante. De nouvelles formes de luttes adaptées à l’objectif révolutionnaire, et indiquant l’entrée de la lutte des classes dans une nouvelle phase, apparaissent : la grève de masse qui implique dans la lutte les larges masses du prolétariat et les conseils ouvriers, forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat : "Les soviets des députés ouvriers sont des organes de la lutte directe des masses. Ils ont été créés comme des organes de lutte par la grève. (…) ils sont rapidement devenus des organes de lutte révolutionnaire générale contre le gouvernement. Ils se sont irrésistiblement transformés (…) en organes insurrectionnels.[10]" Au même moment, les syndicats jouent de plus en plus un rôle de frein par rapport à la lutte des classes : en Allemagne "lorsque les mineurs organisèrent des grèves massives en 1889 et 1905, les syndicats ne furent pas à l’origine de ce mouvement. En 1905, ils tentèrent même de forcer les grévistes à une retraite prématurée (…)[11]" Alors que la classe ouvrière cherche à tirer les leçons de cette expérience fondamentale, le congrès des syndicats allemands de Cologne (mai 1905) condamne la grève de masse politique comme moyen pour la lutte des classes et appelle les ouvriers à s’opposer énergiquement à toute tentative faite pour la mettre en pratique. Parallèlement, une véritable haine du communisme se développe au sein des syndicats, dont les dirigeants déclenchent des campagnes de calomnies indignes contre les militants qui rappellent les limites objectives tracées par l’ordre social bourgeois à la lutte syndicale et défendent les buts finaux du mouvement ouvrier. L’enfoncement du système capitaliste dans sa décadence, interdisant de plus en plus nettement l’obtention de réformes durables, entraîne le surgissement du conflit ouvert entre le syndicalisme confiné dans les limites du capitalisme et la classe ouvrière qui, elle, doit regarder au-delà du capitalisme. La bureaucratisation qui submerge de plus en plus les syndicats ne résulte pas d’un problème d’autorité en leur sein, mais de la perte progressive de leur caractère prolétarien par ces organes.
L’antagonisme irréductible avec les intérêts de la classe ouvrière est scellé au cours de la première guerre mondiale, où les syndicats s’intègrent au capitalisme d’état, comme pièce maîtresse du dispositif étatique destiné à pérenniser la soumission du prolétariat aux intérêts de la bourgeoisie. Face à la guerre, les syndicats trahissent l’internationalisme en soutenant la politique d’Union sacrée de défense nationale, participent à embrigader le prolétariat dans le massacre impérialiste en réprimant toute opposition de sa part à celui-ci. Ensuite, face à la vague révolutionnaire des années 1920, ils s’affirment comme le principal rempart de l’Etat capitaliste. "Les syndicats sont employés par les chefs et par la masse de ses membres comme arme contre la Révolution. C’est par leur aide, par leur soutien, par l’action de leurs chefs et en partie aussi par celle de leurs membres que la révolution est assassinée. Les communistes voient leurs propres frères fusillés avec l’aide des syndicats. Les grèves en faveur de la Révolution, sont brisées.[12]" Pour imposer son pouvoir et renverser l’Etat capitaliste, la classe ouvrière ne peut désormais développer sa lutte qu’en dehors et contre les syndicats : syndicalisme et révolution prolétarienne empruntent des voies qui s’excluent complètement.
Le syndicalisme révolutionnaire et l’anarcho-syndicalisme n’ont pas connu un sort différent du syndicalisme en général dans la décadence du capitalisme : celui de se transformer en outil aux mains de l’appareil d’Etat.
Les principes même du syndicalisme révolutionnaire qui prétend "bâtir la nouvelle société dans la coquille de l’ancienne" le condamnent à ne développer son action que comme un réformisme radical, c’est-à-dire à l’intérieur et sous l’emprise des lois du système capitaliste. En défendant l’autogestion, il défend en réalité l’auto exploitation des prolétaires. "Le syndicalisme révolutionnaire revient en fait à prôner la reconduite par les ouvriers de la propriété privée, la propriété privée d’un capitaliste devenant alors la propriété privée d’un groupe d’ouvriers, chaque usine, chaque entreprise, gardant son autonomie par rapport aux autres. Selon cette vision, la transformation à mettre en œuvre est si peu radicale que les mêmes ouvriers continueront à travailler dans les mêmes industries et, nécessairement, dans les mêmes conditions.[13]" Voilà une idéologie mystificatrice idéale pour permettre au capital de maintenir son système sur ses pieds !
Le refus de la politique "corruptrice" par le syndicalisme révolutionnaire et sa conception selon laquelle la lutte du prolétariat pour son émancipation ne peut avoir lieu que sur le terrain économique désarment complètement le prolétariat face aux moments décisifs que forment la guerre et la révolution : "Toutes les questions qui se posent entre 1914 et 1936 sont des questions politiques : quelle est la nature de la guerre qui éclate en 1914, guerre impérialiste ou guerre pour la défense des droits démocratiques contre le militarisme allemand ? Quelle attitude adopter face à la démocratisation des États absolutistes en février 1917 (Russie) et en 1918 (Allemagne) ? Quelle attitude adopter envers l’Etat démocratique en Espagne en 1936, ennemi bourgeois ou allié antifasciste ? Dans tous les cas le syndicalisme révolutionnaire se révèle incapable de répondre, et finit par sombrer dans l’alliance de fait avec la bourgeoisie.[14]"
L’anarcho-syndicalisme, de par sa composante anarchiste fondamentale, concentre à l’extrême les tares et les faiblesses de ce courant. Il s’est développé surtout dans les pays où dominaient les petites entreprises et où subsistaient de nombreuses structures précapitalistes et agraires (Italie, Espagne, France…). Né à l’époque de la 1ère Internationale parmi les artisans horlogers du Jura, l’anarcho-syndicalisme reste fortement attaché à l’idéologie petite-bourgeoise du petit producteur individuel. Si la conception de la lutte ouvrière comme celle de l’action non d’une classe mais d’une minorité agissante, le triomphe du particularisme d’une fraction de la classe au détriment de l’intérêt général de toute la classe, tout comme l’enfermement dans un localisme borné que suppose le fédéralisme, en constituent les principaux stigmates ; c’est cependant l’apolitisme anarchiste d’un "syndicalisme qui se suffit à lui-même" qui le caractérise par-dessus tout.
En France, le développement de l’opportunisme dans le parti socialiste restreignant la lutte ouvrière à la seule lutte parlementaire et conduisant à l’entrée d’un ministre socialiste au gouvernement en 1899-1901 a eu pour effet le renforcement dans le prolétariat de l’emprise des préjugés anarchistes qui voyaient dans la lutte pour des réformes et même dans toute lutte politique la source des dérives réformistes. Face à l’effort de la Seconde Internationale pour surmonter la crise réformiste et construire, en 1905, un parti socialiste unifié la CGT réplique, au nom du rejet de toute "théorie et plans préconçus", par la charte d’Amiens où elle déclare, en 1906, sa totale indépendance vis-à-vis de ce parti.
Le rejet de toute influence politique ne pouvait qu’affaiblir encore un peu plus le prolétariat. En lui interdisant de s’affirmer sur le plan politique, c’est-à-dire en le soumettant davantage à l’idéologie dominante, l’anarcho-syndicalisme condamnait le prolétariat à n’être que le jouet de la bourgeoisie. Finalement, face à la guerre, les principes moraux et les jugements de valeur de l’anarchisme (qui, entre deux maux, opte toujours pour le moindre, en l’occurrence le camp impérialiste le moins "autoritaire") et qui, en définitive, inspirent l’action de l’anarcho-syndicalisme, n’ont fait que rendre plus complet le naufrage de la CGT. En 1914 elle passe avec armes et bagages au soutien à la guerre impérialiste mondiale, contribue à embrigader le prolétariat sur le front et fournit à la République bourgeoise plusieurs de ses ministres pendant la guerre.
La nécessité dans laquelle va se trouver de plus en plus le prolétariat de développer sa lutte va l’amener à faire encore et encore l’expérience du sabotage de ces organes d’Etat que sont les syndicats. La réappropriation non seulement de ce qu’ils sont effectivement, mais aussi que le syndicalisme n’est plus une arme pour la classe ouvrière sera essentielle à terme pour le renforcement de la lutte des classes. Entamer aujourd’hui une telle réflexion engage l’avenir : pour ce faire il est impossible d’accorder sa confiance à des groupes tels que le GARAS qui prétendent apporter une alternative à la lutte des classes en ressortant une énième édition des mystifications pourvoyeuses d’illusions sur les syndicats pour lesquelles le prolétariat a déjà maintes fois payé le prix du sang.
Scott
[1] Voir Internationalisme n° 318.
[2] GARAS (Groupement d'Action et de Réflexion Anarcho-syndicaliste), c/o CNT-AIT, BP 31303, 37 013 Tours Cedex 1
[3] Lettre de liaison n°6, p.4 (publication du GARAS)
[4] L. Trotski, Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste, 1940 (Marxists.org).
[5] R. Luxembourg, Grèves de masses, parti & syndicats, Œuvres 1, Maspero, p.162
[6] F. Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre, chapitre "mouvements ouvriers"
[7] Résolution du 1er Congrès de l’Association Internationale des Travailleurs, Genève, 1868.
[8] K. Kautsky, Le Programme socialiste, 1892
[9] R. Luxembourg, Introduction à l’économie politique, chapitre 5
[10] Lénine, La dissolution de la Douma et les tâches du prolétariat, 1906
[11] W. Abendroth, Histoire du mouvement ouvrier en Europe, p.62
[12] H. Gorter, Lettre ouverte à Lénine, 1920
[13] Revue Internationale n°118, article "Ce qui distingue le mouvement syndicaliste révolutionnaire".
[14] Idem
Tout comme l’avait fait le père de l’actuel président des Etats-Unis au moment de la première guerre du golfe, promettant un "nouvel ordre mondial", les grands dirigeants de ce monde, réunis dernièrement à Moscou pour commémorer la capitulation de l’Allemagne, eux aussi, nous annoncent encore et toujours la "paix". Mais tous ces discours ne relèvent que de la propagande et du mensonge !
Les derniers événements violents au Togo, apportent un démenti supplémentaire aux prétendues politiques "de paix" des grandes puissances, en particulier celles qui entretiennent le mythe d’une "Europe pacifique", la France et l'Allemagne.
Il faut se rappeler que l'Allemagne et surtout la France se sont hypocritement présentées comme les chefs de file d'un "camp de la paix" pour s'opposer à la politique américaine lors de la guerre en Irak en 2003, alors qu'elles s'étaient elles-mêmes illustrées comme des fauteurs de guerre tout au long des années 1990. C'est afin de défendre ses propres intérêts aux dépens de la Serbie que l'Allemagne a favorisé l'éclatement de l'ex-Yougoslavie et provoqué le déclenchement de la guerre dans la poudrière des Balkans en poussant la Slovénie et surtout la Croatie à proclamer leur indépendance en 1991. La France devait pour sa part assumer un rôle tout aussi criminel dans la région en couvrant en toute complicité et sous couvert de l'ONU les massacres et les exactions des troupes serbes à l'encontre de la population bosniaque dans le réduit de Srebrenica en 1993. Sur le continent africain, l'impérialisme français a multiplié des menées criminelles tout au long des années 1990 pour chercher à maintenir son influence déclinante et menacée. Après le génocide du Rwanda en 1994, qui avait fait plus de 500 000 morts, où la responsabilité directe de la France a été engagée via l’opération "Turquoise", les massacres à grande échelle dans laquelle l'impérialisme français a été impliqué, se sont développés dans la région des Grands Lacs, en Côte d'Ivoire, au Soudan et un peu partout en Afrique, comme par exemple en 2003, lorsque 60 000 personnes étaient assassinées en Ituri, sous le regard bienveillant des forces françaises au sein de l’ONU.
Aujourd’hui, plus que jamais, dans le cadre d’un monde sinistré, c’est le continent africain, totalement ravagé par la guerre, qui fait les plus grands frais des rapines et des mœurs de tous les gangsters impérialistes où chacun veut maintenir son influence au prix de chocs militaires de plus en plus violents.
C’est au tour du Togo d’être en proie à une forte désta-bilisation, plongeant la population dans la terreur.
La mort du général président Gnassingbé Eyadema, début février dernier, a été l’événement déclencheur d’affron-tements latents entre cliques bourgeoises togolaises près desquelles se sont exprimées directement les convoitises des puissances impérialistes rivales. Parmi elles, la bourgeoisie française a cherché à masquer ses objectifs politiques. Soutenue par des puissances locales (notamment le Ghana, le Burkina et la Libye), elle s’est aventurée à parrainer le fils du président "ami de la France" défunt pour tenter de renforcer sa présence localement. Ainsi, c’est appuyé par l’armée et par Paris que le jeune putschiste a pu ainsi se maintenir après son coup d’état, grâce au simulacre d’élections « démocratiques », pour tenter de contrer l’opposition et répondre formellement aux exigences de l’UA (Union Africaine) et du CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). La victoire de Faure Gnassingbé, reconnue officiellement par une cour constitutionnelle inféodée, correspond bien à un coup de force dans lequel l’armée a joué un rôle central : c’est elle qui a tenu les bureaux de vote et embarqué les urnes à la clôture des bureaux ! Et ce sont ces pratiques, assorties préalablement de pressions sanglantes sur les opposants, que la France a couvert en totalité de son autorité pour imposer son soutien « amical » au nouveau président fraîchement élu et très contesté dans le pays. Une configuration politique qui place néanmoins la bourgeoisie française dans une situation délicate pour résister à ses rivaux.
L’opposition, quant à elle, dont la coalition animée par Akitani Bob avait refusé les résultats des élections gagnées par son adversaire, fait l’objet d’une fermentation politique où les grenouillages ne masquent plus les appuis de l’impérialisme allemand. Si ce dernier a toujours affiché un soutien quasi-officiel à l’opposition Togolaise depuis une quinzaine d’années, c’est de façon maintenant beaucoup plus ouverte en effet qu’il tente désormais d’avancer ses pions. Aujourd’hui, la confrontation est montée d’un cran entre les deux puissances impérialistes que sont la France et l’Allemagne. En fait, le Togo est une des anciennes colonies de l’Allemagne. C’est à partir de 1884 que Gustav Nachtigal, qui avait été nommé consul à Tunis quelques années avant, établit un protectorat allemand sur le Togo, dont les limites seront fixées en 1899. A la suite, les tensions entre les puissances coloniales vont augmenter et s’exacerber. Après la Première Guerre mondiale, c’est le traité de Versailles qui va déclarer que l’Allemagne était « indigne » de posséder des colonies, ce qui va permettre aux vainqueurs français et anglais de s’en emparer. Pour masquer la nouvelle conquête, sous l’autorité de la SDN (1), la France recevra mandat de la plus grande partie du Togo et de celle du Cameroun. Sous mandat de l’ONU en 1946, le Togo deviendra formellement indépendant en 1960, restant dans le "pré carré" de la France, puissance du bloc impérialiste occidental chargée durant la guerre froide du rôle de gendarme en Afrique contre les menées du bloc militaire soviétique. Durant cette période même, comme elle le montre à nouveau de façon plus marquée aujourd’hui, l’Allemagne n’a jamais renoncé à ses prétentions sur le Togo. C’est ce qu’illustre, parmi de nombreux autres exemples, les faits rapportés ici : « Sylvanus Olympio, le premier président du Togo, réputé pro-allemand, invite démonstrativement le Duc Adolph Friedrich zu Mecklenburg, le dernier gouverneur allemand du pays, aux célébrations de l’indépendance en avril 1960. Lorsque trois années plus tard, Olympio projeta de remplacer la monnaie togolaise -le franc CFA- par une nouvelle monnaie orientée sur le deutschemark, il fut assassiné. Dans cette action est impliqué le futur président togolais, Gnassingbé Eyadéma, un ex-officier de la Légion étrangère française. Le camp vassal francophone emportait ainsi provisoirement la décision dans cette lutte d’influence » (2). Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement allemand, qui n’a eut de cesse de solliciter et d’intervenir auprès de l’opposition, le fasse plus librement aujourd’hui, sans les contraintes des blocs militaires : « En avril 2000, le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Ludger Volmer [estampillé "vert"] reçoit le dirigeant de l’opposition togolais Yawovi Agboyibo qui avait été auparavant libéré de prison sous la pression de l’Allemagne » (2) Actuellement, les faveurs de Berlin vont aussi vers « le dirigeant le plus marquant de l’opposition (…) Gilchrist Olympio, un fils du président Sylvanus Olympio assassiné en 1963. » ! (2)
La prise de position de Berlin et sa politique raniment ainsi les luttes pour l’hégémonie au Togo et dans les pays de l’ouest africain. En retour, ce n’est pas un hasard si l’ambassade d’Allemagne est la cible d’attaques et que l’ancien ministre de l’intérieur, François Esso Boko, qui avait dénoncé le processus électoral, se soit réfugié dans ses locaux. De même, ce n’est pas un hasard non plus si un centre culturel allemand, l’institut Goethe, a été détruit et incendié par des militaires cagoulés et que l’Allemagne ait été obligée de rapatrier ses ressortissants.
Dans ce bras de fer, bien évidemment, les deux ex-puissances coloniales que sont la France et l’Allemagne ne sont pas les seuls protagonistes à grenouiller. Au premier chef, les Etats-Unis, qui ont du faire face au refus de l’assemblée nationale togolaise de toute aide à propos d’une formation pour la tenue des bureaux de votes, se sont empressés de faire pression appelant à « un gouvernement d’union nationale au Togo » ; afin de tenter d’imposer leur autorité impérialiste, tant sur les « vainqueurs » que sur les « vaincus » de ces élections. Plus discrètement et compte tenu du caractère composite de l’opposition, il est certain que l’impérialisme britannique est aussi à l’œuvre dans un Togo perçu comme « une enclave francophone au cœur de l’Afrique occidentale anglophone » (3).
Les premières violences des luttes de cliques, la répression et les poussées impérialistes ont déjà à l’actif le massacre officiel de plus d’une centaine de personnes. A cela, il faut ajouter les milliers de Togolais qui fuient de façon éperdue vers les frontières et le Bénin voisin. L'échec récent de la conférence d'Abuja, "arbitrée" par d'autres Etats africains est venu confirmer l'impasse et le caractère explosif de la situation.
Le regain des tensions impérialistes entre la France et l'Allemagne au Togo par fractions locales interposées, apporte un cinglant démenti à la propagande vantant le couple franco-allemand comme un facteur de paix et de stabilité pour l'Europe et pour le monde.
La réalité se charge de démontrer non seulement qu'il n'y a pas de paix possible dans le capitalisme mais que la défense des intérêts impérialistes de chaque Etat est un puissant accélérateur de chaos et d'instabilité qui entraîne les populations vers de nouveaux massacres dans des zones de plus en plus étendues du monde.
WH / 25.05.05
(1) Société des Nations, ancêtre de l’ONU, qualifiée à juste titre de "repaire de brigands" par Lénine.
(2) Extraits de l’article "Hegemonialkämpfe in Afrika" du 3 mars- sur germanforeignpolicy.com.
(3) A. Chauprade, Géopolitique, coll. Ellipses p. 125.
Links
[1] https://fr.internationalism.org/en/tag/conscience-et-organisation/gauche-italienne
[2] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/tci-bipr
[3] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/35/europe
[4] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/mystification-parlementaire
[5] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/decomposition
[6] https://fr.internationalism.org/en/tag/5/38/allemagne
[7] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/trotskysme
[8] https://fr.internationalism.org/en/tag/courants-politiques/syndicalisme-revolutionnaire
[9] https://fr.internationalism.org/en/tag/heritage-gauche-communiste/question-syndicale
[10] https://fr.internationalism.org/en/tag/geographique/afrique
[11] https://fr.internationalism.org/en/tag/questions-theoriques/imperialisme