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“Oui, c’est là où la Commune a commencé, là où ont été assassinés les généraux Clément Thomas et Lecomte, que s’élèvera l’église du Sacré-Cœur ! Malgré nous, cette pensée ne pouvait nous quitter pendant la cérémonie dont on vient de lire les détails. Nous nous rappelions cette butte garnie de canons, sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l’Église semblait surtout animer”. Ces paroles prononcées par Hubert Rohault de Fleury (l’un des initiateurs de la construction de la basilique du Sacré-Cœur) le 16 juin 1875, après la cérémonie de pose de la première pierre, dévoilent toute la morgue et la haine que voue la bourgeoisie au prolétariat parisien qui osa se porter à “l’assaut du ciel” entre les mois de mars et mai 1871 avant d’être sauvagement réprimés par l’armée régulière des Versaillais. La terrible répression qui s’abattit sur les Communards lors de la Semaine sanglante de mai 1871, faisant plus de 20 000 morts, fut à la mesure de l’effroi qu’éprouva la classe dominante devant le premier assaut révolutionnaire du prolétariat.
Ce n’est pas le fruit du hasard si la basilique du Sacré-Cœur fut érigée là où la Commune avait débuté, à l’endroit même où le général Lecomte était venu reprendre les canons entreposés pour la défense de Paris. Celui-ci fut arrêté puis exécuté par la suite en même temps que le bourreau de Juin 1848, le général Clément Thomas. À l’origine, sa construction, appelée de leurs vœux par quelques bourgeois superstitieux, devait venir apaiser “la colère divine” responsable à leurs yeux de la débâcle de Sedan et de l'invasion de Rome mettant fin de facto aux Etats pontificaux. Mais après l’insurrection ouvrière de mars-mai 1871, la construction de cette église sur le point culminant de la capitale devait venir dit-on “expier les crimes de la Commune”. La bourgeoisie pleurait ainsi ces quelques “martyrs” alors qu’elle dansait sur les cadavres de dizaines de milliers d’ouvriers. Son érection devait en réalité servir à forger la légende noire des Communards ; ces “énergumènes avinés”, ces monstres assoiffés de crimes qui n’auraient eu comme seule volonté que de semer le chaos et la désolation.
Mais ces homélies ne sont bonnes que pour ceux qui veulent bien les entendre. L’histoire de la Commune, elle, est toute autre. Elle fut d’abord écrite par des Communards eux-mêmes : Lissagaray, Louise Michel, Gustave Lefrançais, Jules Andrieu. Ses précieuses leçons politiques, tirées très tôt par l’avant-garde révolutionnaire et notamment par Karl Marx, furent transmises dans le mouvement révolutionnaire jusqu’à aujourd’hui.
Alors que débute une année de jubilé pour fêter le centième anniversaire de la consécration du Sacré-Cœur, ce qui donnera l’occasion à la bourgeoisie de continuer à salir et escamoter la mémoire de la Commune et des Communards, nous publions deux articles déjà parus dans notre presse qui font la lumière sur la véritable histoire de la Commune de Paris de 1871 :
– La Commune de Paris, premier assaut révolutionnaire du prolétariat
– Le communisme n’est pas un bel idéal mais une nécessite matérielle [8e partie]