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Le moins qu'on puisse dire, c'est que les attaques contre la classe ouvrière pleuvent dru ! Ce sont absolument tous les secteurs, le privé comme le public, toutes les générations, toutes les parties du prolétariat ainsi que tous les aspects de la condition ouvrière, l'emploi, le chômage, les conditions de travail, les salaires, et les retraites qui sont actuellement simultanément frappés : c'est tous azimuts que l'Etat en France se livre à une offensive générale pour dégrader drastiquement les conditions de vie et de travail de l'ensemble du prolétariat.
Des attaques particulièrement violentes contre la classe ouvrière
En premier lieu, les suppressions d'emplois et les plans de licenciements s'enchainent dans tous les secteurs : les hypermarchés Carrefour prévoient 3000 départs. Conforama s'apprête à supprimer 20% de ses effectifs (1900 employés). Chez Brico Dépôt et Castorama, syndicats et direction se sont accordés sur la fermeture de 11 magasins et la suppression de 800 postes. La RATP a annoncé la disparition de 1000 postes d'ici à 2024. PSA entend supprimer au total 2 200 emplois sur ses différents sites. Chez Sanofi, le prochain plan social fera passer les effectifs de l'entreprise de 6300 en 2008 à 3500 en 2020. La Société Générale compte supprimer 900 postes d’ici 2020, en plus des 2550 déjà annoncés en 2016 pour la même échéance. D’ici fin 2019, Nokia supprimera 597 postes. 1000 postes doivent disparaître chez General Electric. Le mastodonte du secteur du jeu vidéo, Activision Blizzard King, supprime 8 % de sa masse salariale mondiale ; dont 30 % de ses salariés en France. Bien sûr, les compressions de personnel dans la Fonction Publique (comme au Ministère des Finances) viennent encore compléter cette liste sans fin.
Qui dit licenciements, dit hausse du chômage. L'application de la réforme de l'UNEDIC à partir de novembre prochain affectera environ 1,2 million de personnes qui verront leur indemnité baisser à des niveaux variables avec les nouvelles règles de calcul et d'accès. Pour être couvert, il faudra désormais avoir travaillé 6 mois sur 24 mois (contre 4 sur 28 actuellement). Mais, en plus, les nouvelles modalités de calcul auront aussi comme conséquence la baisse de l'indemnité journalière tandis que d'autres dispositions auront pour effet de retarder ou d'annuler l'ouverture de droits ! Au nom de la lutte contre la précarité (!), cette réforme vise à "corriger les règles qui conduisent des dizaines d'individus à refuser une activité stable et qui coûtent cher à l'assurance-chômage car celle-ci leur verse un revenu de remplacement. La réforme a d'ailleurs comme autre ambition de réaliser des économies à hauteur de 3,4 milliards d'euros entre novembre 2019 et fin 2021." Ce quasi-affamement des chômeurs n'a pas d'autre objectif que de les contraindre à accepter n'importe quel poste de travail dans n'importe quelles conditions.
C'est aussi l'une des vocations de "Parcours Sup" : cette gigantesque machinerie bureaucratique, outre le rôle officiel de reproduire les divisions et les inégalités de la société de classe et de garantir aux rejetons de la classe dominante leur place privilégiée dans le système, vise aussi à canaliser de force la jeunesse prolétarienne sur les secteurs du marché du travail déficitaires en main d'œuvre, désertés en raison des conditions de travail et de rémunération déplorables qui y règnent.
Et bien sûr, pour ceux qui sont employés, l’exploitation devient de plus en plus féroce. Dans le privé, la réforme du Code du travail et des prud’hommes se traduit par une dégradation continue des conditions de travail. Les 5,5 millions d'agents de l'Etat, des collectivités territoriales et des hôpitaux sont ciblés par la mise en œuvre de la réforme de la Fonction publique qui vise le double objectif de réduire la masse salariale d'ici à 2022 et de s'attaquer au statut des fonctionnaires. Pour y parvenir, l'Etat vise la suppression de 70 000 postes dans la Fonction publique territoriale, la poursuite du blocage des salaires, le recours plus systématique aux contractuels (qui représentent déjà 20% des effectifs totaux de la Fonction publique, soit 1,3 million d’agents) pour rendre «l’administration plus réactive» : le gouvernement étend la précarisation avec la création d’un «contrat de projet» de 1 à 6 ans et de «missions spécifiques» à durée déterminée, n’ouvrant aucun droit à une titularisation ou à un CDI et presque tous les postes pourront désormais être occupés par des contractuels.
Quant au soi-disant renoncement à la suppression de 50 000 postes, prétendument ramenés à 15 000, dans la Fonction publique d'Etat en raison des décisions prises suite au Grand débat, c'est mensonges à tous les étages ! Par exemple, en ce qui concerne la refonte de l'éducation, l'objectif premier d'abaisser le coût de la formation de la future force de travail a soigneusement été masqué en polarisant sur des aspects très secondaires de la loi Blanquer, comme la diminution des heures d’enseignements en lycée général, technologique et professionnel, et l'augmentation du nombre d’élèves par classe entraînent mécaniquement une diminution du nombre d’enseignants nécessaire. La réforme de la formation des futurs enseignants permettra également d'affecter environ 25 000 postes à des étudiants en formation. La « promesse » de ne pas fermer d'écoles primaires sans l'accord du maire signifie que « pour les classes, c’est forcément différent. » (dixit Blanquer) La palme de la duplicité revient à Dussopt qui « reconnaît d'ailleurs que la réduction du nombre de postes de fonctionnaires pourrait être supérieur aux 15000 évoqués par M. Darmanin : "17 000, 18 000 ou 20 000, si c'est possible"», talonné par «l'entourage de M. Darmanin qui précise qu' il y a des domaines ou des ministères dans lesquels nous continuons de baisser les emplois : au Ministère de la Transition écologique, au Ministère de la Santé ou encore à Bercy, avec la même ambition".»[1]
L' « harmonisation » du temps de travail des fonctionnaires territoriaux et le réexamen de tous les accords locaux et des congés dérogatoires[2] réclamés par le gouvernement pour lutter contre "le phénomène de sous-travail, payé mais pas effectué"[sic], n'est qu'une mise en bouche :"Avec cette mesure, le gouvernement s'attaque à un véritable tabou… mais il ne peut s'agir que d'une première étape pour moderniser notre Fonction publique. La délicate question du temps de travail des enseignants (1350 heures annuelles) n'est pas abordée, ni celle des 1607 heures pour un temps plein qui apparaît être un temps de travail extrêmement bas. En Allemagne, les agents publics travaillent, pour un temps plein, 1807 heures par an, soit 200 heures de plus : appliquer ce temps de travail dans la Fonction publique d'État et territoriale représenterait, a minima, le travail de 400 000 agents à temps plein en France... Et une économie de près de 15 milliards d'euros." (Figaro.fr)
L'attaque en cours sur les retraites surpasse encore toutes les autres par son ampleur, touchant absolument toute la classe prolétarienne. La “fin des régimes spéciaux”[3] et la perspective d'un “système universel par points” (calculés sur l'ensemble de la carrière professionnelle et à la valeur peut-être indexée sur les performances de l'économie nationale) annoncent une réduction considérable du niveau des pensions[4], auquel s'ajoutera encore un malus frappant les travailleurs qui partiraient avant “l’âge-pivot”. Personne ne s'y trompe : les "poids morts" que sont devenus dans la logique capitaliste les prolétaires usés par des décennies d’exploitation inhumaine ne doivent plus coûter qu'une misère pour survivre !
Enfin, personne n'étant épargné, l'Etat s'en prend également en catimini aux migrants et gratte les fonds de tiroirs au détriment des plus fragilisés. Le texte absolument scandaleux adopté en mai stipulant que "seuls les gamins pris en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) durant au moins dix huit mois entre 16 et 18 ans bénéficieront de l'accompagnement obligatoire" après leur majorité "exclut de fait, quasiment automatiquement - et sans le dire - les mineurs non accompagnés [autrement dit, des jeunes étrangers,] qui en général, n'atterrissent à l'ASE qu'après leurs 16 ans"[5] (tout comme d'ailleurs les jeunes victimes d'agression sexuelle). Ce sont donc pas loin de 25 000 MNA (mineurs non accompagnés) qui seront rejetés à la rue à leurs 18 ans, ce qui représente une économie de plus d'un milliard sur leur prise en charge par les départements ! L'Etat entend également rogner l'Aide Médicale d'Etat (AME) qui offre un panier réduit de soins médicaux et hospitaliers à 300 000 sans-papiers pour un budget annuel d'un milliard qui ne représente que... 0,5% des dépenses de santé ! [6] De même, le plan d'économies sur 4 ans (57 millions d'euros sur un budget total de 640 millions) couplé à l'abaissement à 44 € du prix de la journée par place interdisent désormais aux 880 centres d'hébergement et de réinsertion qui accueillent environ 44 000 sans-abri d'assumer leur mission fixée par le Code sanitaire et social.[7]
Pourquoi cette déferlante d'attaques maintenant ?
Faire face à l'enfoncement de l'économie dans la crise...
L'accélération actuelle pour faire passer toutes ces attaques s'explique d'abord par la poursuite de l'enfoncement du système capitaliste dans sa crise. En effet, "la couverture nuageuse commence à devenir très épaisse au-dessus de l’économie mondiale. L’OCDE (...) a donc été contrainte de rectifier à la serpe ses prévisions un peu trop optimistes de novembre dernier. Désormais, elle n’attend plus que 1% de hausse du PIB en 2019 dans la zone euro (contre 1,8 % prévu initialement), 0,7 % en Allemagne (contre 1,5 % annoncé en novembre) et 0,8 % au Royaume-Uni (contre 1,4 %)." (Capital.fr) L'horizon s'assombrit pour l'économie tricolore dont la croissance du PIB tombe à 1,3% en 2019 contre 1,7 % en 2018 et 2,4 % en 2017. La classe dominante et l'Etat cherchent à conjurer tout décrochage du capital national par rapport à ses concurrents et à anticiper le choc du ralentissement mondial. Ainsi, pour la Cour des Comptes, l'âme damnée du gouvernement, avec une dette publique à la hausse qui s'approche des 100 % du PIB « à rebours de l'évolution de la majorité de nos partenaires de la zone euro », «la France ne dispose ainsi toujours pas de marges de manœuvre suffisantes pour aborder un éventuel retournement conjoncturel avec la pleine disposition de ses instruments budgétaires. » Ce qui veut dire qu'il faudrait profiter de cette période de "vaches grasses" pour réduire le déficit structurel afin de retrouver des marges de manœuvre budgétaires pour faire face à la nouvelle crise économique quand elle arrivera. » (Le Point-Economie)
Pour la classe exploiteuse qui veut à tout prix rendre le capital national plus concurrentiel pour sauver ses profits, l'imminence d'une nouvelle plongée de l'économie capitaliste rend urgente les mesures anti-ouvrières : le renforcement effréné de l'exploitation, la baisse des salaires et l'aggravation de la paupérisation. Pour la classe dominante, c'est clair : "la France doit poursuivre les réformes structurelles (...). Une des clefs réside dans le 'travailler plus.[8] (...) Le coût du travail doit continuer à baisser." [9] Tout est dit!
Profiter des faiblesses actuelles du prolétariat pour l'attaquer drastiquement
La seconde raison de l'accélération de cette brutale offensive générale contre la classe exploitée, c'est que l'Etat et la classe dominante pensent pouvoir profiter des difficultés actuelles du prolétariat à s'affirmer comme classe pour imposer ses attaques sans craindre une riposte trop dangereuse. Cette confiance en soi accrue de la classe dominante s'illustre dans la stratégie actuellement adoptée pour faire passer la réforme des retraites : à la différence du passé, où, traditionnellement, sur cet aspect sensible des conditions de vie du prolétariat, elle a agi en s'attaquant à un secteur après l'autre, ceci, en raison de son extrême méfiance face aux possibles réactions combatives du prolétariat en France, là, le gouvernement s'attaque aux retraites de toute la classe ouvrière, de tous les secteurs à la fois et en même temps.
Alors que la colère ouvrière est partout, énorme, le gouvernement sent cependant pouvoir disposer d'un rapport de force en sa faveur dont il compte bien tirer parti. Pourquoi en est-il ainsi ?
Loin d'avoir été affaiblis par le mouvement interclassiste des Gilets jaunes, le gouvernement et l'Etat, par l'exploitation politique qu'ils en ont faite contre la conscience du prolétariat, sont parvenus ces derniers mois à accentuer encore la désorientation et la perte de confiance du prolétariat en ses propres forces. Ce n'est pourtant qu'une petite minorité de prolétaires qui s'est engagée dans cette révolte citoyenne interclassiste à la remorque des méthodes de luttes et des objectifs qui ne sont pas ceux de leur classe, mais bien ceux de la petite bourgeoisie sans avenir historique qui ne peut que véhiculer l’illusion de réformer le capitalisme en revendiquant un capitalisme "à visage humain", plus démocratique, plus juste, plus soucieux des pauvres et de la préservation de la planète. Mais même si la grande majorité et les secteurs les plus importants du prolétariat s'en sont tenus à l'écart, ils ne sont pas pour autant restés imperméables et insensibles à son influence délétère et aux campagnes idéologiques qui l'ont accompagné.
La bourgeoisie a pu compter sur ses officines gauchistes, telles le NPA, pour faire passer cette révolte citoyenne désespérée et sans perspective, pour une "nouvelle forme" de la lutte des classes tandis que leur appel à "la convergence des luttes" entre les Gilets jaunes et les mobilisations syndicales ne visaient qu'à noyer un peu plus la lutte de la classe ouvrière dans la révolte du "peuple". Enfin, le déblocage de 10 milliards d’euros a permis à la bourgeoisie française d'instiller, de façon insidieuse, l’idée que seuls les mouvements citoyens, interclassistes, et les méthodes de lutte propres à la petite bourgeoisie peuvent faire reculer le gouvernement.
Tout a été mis en œuvre par la classe dominante pour tenter de renforcer l'influence du poison de l’idéologie démocratique au sein du prolétariat, le diluer dans "le peuple des citoyens" afin d'estomper l'existence des antagonismes de classe dans la société capitaliste. Niant l'existence des classes sociales, ne reconnaissant ni bourgeois ni prolétaires, mais seulement des "citoyens" prétendument égaux, à la place et à la fonction déterminées et garanties par l'Etat au sein du peuple dans le cadre de la Nation, l'idéologie démocratique est une arme majeure dans les mains du capital aux effets puissants contre la conscience de classe :
- en alimentant l’illusoire aspiration à être “mieux écoutés” par l'Etat via une “démocratie plus directe”, elle paralyse fortement la transformation de la colère en action collective et l'émergence des luttes autonomes du prolétariat. L'hétérogénéité et la faiblesse de la combativité déjà en deçà du niveau des attaques subies s'en trouvent encore accrues ;
- elle porte un coup supplémentaire à l'identité de classe du prolétariat en enfermant les prolétaires dans les limites imposées par le système capitaliste où l'on ne les conçoit pas comme prolétaires unis par les mêmes conditions et les mêmes intérêts, mais comme des entités représentant les intérêts particuliers de telle ou telle corporation ou de telle ou telle entreprise : les cheminots, les infirmières, les Continental, les Whirlpool etc. ; elle consolide ainsi les divisions entre prolétaires.
C'est la raison du virage du gouvernement qui a remisé son discours ‘autocratique et technocratique' d'avant et pour nous ingurgiter ad nauseam ses mystifications de l'"Etat protecteur " et de la "démocratie participative, de l'écoute et du dialogue" !
Dans ce contexte, les organes d'Etat spécialistes du sabotage des luttes que sont les syndicats n'ont eu ces derniers mois aucun mal pour jouer leur rôle d'éparpiller la classe ouvrière en multipliant et enchaînant les journées d'action sans lendemain et les manifestations bien encadrées où chaque secteur et chaque corporation sont soigneusement séparés les uns des autres. On a ainsi pu voir fréquemment des cortèges ou rassemblements se succéder tour à tour la même semaine, ou carrément le même jour dans la même ville mais à des lieux et des horaires différents !
Et lorsque les prolétaires contraints à des conditions de travail intenables se décident à se battre, ils le font isolément, enfermés dans leur secteur, (comme dans les urgences des hôpitaux sans aucune tentative des urgentistes pour tenter d'entraîner ne serait-ce que les autres personnels hospitaliers dans la lutte). Une faiblesse qui les condamne à l'impuissance face à la bourgeoisie et son État (qui savent en tirer parti pour imposer les attaques !) et qui permet aux syndicats - ou à des collectifs para-syndicaux - d'orchestrer des grèves longues et isolées destinées à épuiser et démoraliser les grévistes.[10]
Récemment apparus lors de la dernière période, différents "collectifs" comme "Inter-Urgences", "Pas de Bébés à la consigne" ou le CLAP75... jouent un rôle de premier plan dans certains mouvements. Présentés comme de "nouvelles structures de lutte", ces collectifs ne sont en réalité bien souvent que le faux-nez des syndicats (en particulier de la CGT) qui les contrôlent et les téléguident en se dissimulant, en raison de leur discrédit ou de la forte défiance à leur égard dans certains secteurs, derrière ces structures. Ainsi "le collectif "Pas de Bébés à la consigne" regroupe associations professionnelles et syndicats de la petite enfance, du secteur social et de l’Éducation nationale, associations de parents d’élèves et familiales"[11]. Le CLAP75 qui joue un important rôle actuellement dans la grève des livreurs de Deliveroo affirme essayer de "pratiquer un syndicalisme très proche des gens" et bénéficie de l'appui de la CGT qui "finance des dépenses de voyages sur le terrain et prête des locaux."[12] Même s'il se défend d'être un syndicat, le collectif "Inter-urgences" (désormais structuré en association) se caractérise par un corporatisme extrême et n'en utilise pas moins les mêmes méthodes que les syndicats ; soutenu par FO, la CGT et SUD, il agit dans leur sillage ! Ce n'est donc pas pour rien que les collectifs remplissent exactement le même rôle que les centrales syndicales et exercent la même fonction d’encadrement et de canalisation de la colère des éléments les plus combatifs dans la lutte en les poussant à s’enfermer dans le corporatisme et ainsi à s’isoler des autres secteurs et du reste de la classe ouvrière!
Pour la rentrée, le prolétariat en France se heurte d'ores et déjà au mur du partage du travail entre forces de l'Etat bourgeois, gouvernement et syndicats (ou autres "collectifs" !), pour continuer à asséner les attaques et, surtout, faire avaler la pilule des retraites. Le gouvernement décrète "la Nation en état de concertation et de grand débat permanent" pour continuer à polluer les consciences à l'aide des appels de sirènes interclassistes des Gilets jaunes, au nom de la défense du "monde rural", des "petits", de "ceux de la France profonde" ou du "terroir", contre les "gros", ceux "de Paris" et ceux "d’en-haut". Une "grande concertation qui aille au-delà des seuls corps intermédiaires"[13] sur la réforme des retraites doit monter en puissance pour 2020.
De leur côté, les syndicats qui se présentent comme les grands ennemis du gouvernement, les persécutés de Macron, qui les contourne et les exclut des différentes commissions paritaires se posent en défenseurs radicaux des travailleurs. Occupant tout le terrain social, ils bombardent une série de journées d'action en ordre dispersé : hôpitaux le 11/09, RATP le 13/09, Trésor public le 16/09, EDF le 19/09 et contre la réforme des retraites, ce sera le 21/09 pour FO et le 24/09 pour la CGT, division syndicale oblige ! Chacun est à son poste dans le quadrillage du terrain social pour la poursuite du morcellement des luttes et réduire les prolétaires à l'impuissance !
Oui, le prolétariat doit lutter ! Mais sur son terrain de classe, en tant que classe aux intérêts distincts de toutes les autres classes de la société et avec les moyens qui lui sont propres ! Cette perspective de la nécessité de la lutte doit aller de pair avec la réflexion sur « Comment lutter ? », « Quels moyens mettre en œuvre pour faire reculer les attaques ? » contre l'amnésie et l'oubli de l'expérience de ses luttes passées que la bourgeoisie entretient de toutes ses forces. Si aujourd'hui, celle-ci s'acharne autant à vouloir affaiblir le prolétariat, c'est qu'elle sait que, malgré trois décennies de recul de la lutte de classe, il n'est pas défait et qu'elle craint le resurgissement des luttes ouvrières avec l’accélération des attaques économiques qu'elle lui inflige. La bourgeoisie n'oublie pas que derrière chaque véritable lutte de son ennemi de classe est tapie l'hydre de la Révolution prolétarienne. L’aggravation inexorable de la misère, de la précarité, du chômage, les atteintes à la dignité des exploités rassemble peu à peu les conditions qui ne peuvent que pousser les nouvelles générations de prolétaires à retrouver le chemin des combats menés par les générations ouvrières précédentes pour la défense de leurs conditions d’existence !
Scott (16 août)
[1] Le Monde du 6/08
[2] « Jours du maire », congés pour mariage d'un agent ou d'un proche, pour déménagement...
[3] Sauf les "régimes spéciaux "des uniformes", ceux des militaires, de la police, des pompiers professionnels." (Aujourd'hui, 17/07)
[4] Pris en flagrant délit d’arnaque pour montrer que personne ne sera 'perdant' : "les conseillers de Delevoye ont fini par l'avouer du bout des lèvres : leurs pseudo-simulations ont été effectuées sur une base de 44,3 ans de cotisations pour les retraités nés à partir de 1990, soit une discrète rallonge de 15 mois travaillés. Ni vu, ni connu... Pour avoir une retraite équivalente à celle d'aujourd'hui, les heureux "bénéficiaires" de la réforme devront donc avoir commencé à travailler dés l'âge de 18,6 ans. Quant aux diplômés qui n'entreront dans la vie active qu'à 25 ans, il leur faudra bosser jusque 69 ans avant de prendre leur retraite. On est loin de l'âge légal de 62 ans, et même de l'âge-pivot de 64 ans." (Le Canard Enchainé du 31/07)
[5] Le Canard Enchainé du 31/07.
[6] Il s'agirait de "rendre le dispositif acceptable pour éviter que le RN (Rassemblement National de Marine Le Pen) ne s'empare du sujet", estime une personne auditionnée" par la mission IGAS/IGF, tout en sachant et en ayant autrefois claironné qu'"à chaque fois que l'on tente de raboter quelques euros sur l'AME, (...) les bénéficiaires accèdent plus lentement aux soins, arrivent bien plus malades dans les hôpitaux, ce qui in fine, coûte beaucoup plus cher, sans compter le risque d'exposition infectieuse de la population française." (déclaration de la ministre Agnès Buzyn qui n'en est pas à une contradiction près ! (Le Monde du 02/08)
[7] Selon S. Chayata, délégué national à la lutte contre les exclusions de la Croix-Rouge : "on commence à voir poindre une sélection des entrants au détriment des plus vulnérables, comme les jeunes de 18 à 25 ans ou les sortants de prison, au bénéfice de ceux qui disposent de ressources permettant de contribuer à leur prise en charge." (Le Monde du 02/08). Sans commentaire !
[8] Le taux d’emploi, c'est-à-dire "la proportion de la population [en âge de travailler] qui occupe un emploi ne s’est pas réduite, mais (...) a grimpé l’an dernier de 65,7 à 66,1%, une performance historique, bizarrement assez peu relevée dans les médias : cela fait trente-neuf ans que cet indicateur clé – le véritable juge de paix du marché du travail– n’avait pas atteint un tel niveau ! Et c’est justement chez les jeunes de 15à 24 ans et chez les seniors, les deux catégories les plus éloignées de l’emploi, qu’il a le plus progressé." (Capital.fr) L'Etat cherche frénétiquement à le rapprocher des 68,7% de l’OCDE et des 71,7% du G7 !
[9] Déclaration du président de l'Association des Entreprises Françaises représentant les grands groupes nationaux.
[10] Voir l'article "Grève dans les urgences: le piège de l’isolement !"
[12] Le Monde du 09/08
[13] R. Ferrand, Président LREM de l'Assemblée Nationale, Journal du Dimanche du 28/07