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“Quand on voit dans les comptes rendus opérationnels le nombre de lacrymos ou de flash-ball utilisés, on est à des niveaux exceptionnels, alors qu’on a vécu des manifestations beaucoup plus dangereuses pour nous où on avait interdiction d’utiliser les lanceurs de balles de défense. (…) Aucune consigne de mesure n’est donnée aux CRS, contrairement à d’autres manifestations où on nous met la pression. Là, il y a une volonté que les collègues se lâchent. Quand on doit se lever à 2 heures du matin pour rejoindre sa compagnie à 3 heures et être sur les Champs-Élysées de 7 heures du matin à 22 heures, c’est sûr qu’on est épuisé et qu’on n’a plus le même discernement ni le même self-control”. Quant à la prime au rendement (promise par Macron), “tous les collègues auxquels j’en ai parlé se sont sentis insultés. On l’a ressenti comme si c’était un susucre qu’on nous donnait pour qu’on ferme notre gueule et qu’on aille faire le sale boulot. Certains taperaient sur père et mère si on leur en donnait l’ordre. Mais il y a une vraie crise existentielle pour d’autres. On se demande si notre devoir ne serait pas d’être avec le peuple. On subit la même violence sociale en termes de salaire, et on est doublement victimes de l’autoritarisme de l’État parce qu’en plus c’est notre patron et qu’on est muselés”, souligne le fonctionnaire, qui a observé plusieurs arrêts maladie dans sa compagnie ces derniers jours. “Il ne manque pas grand-chose pour que les flics refusent de retourner en manif la prochaine fois”, estime-t-il.Concernant le changement de stratégie de maintien de l’ordre (annoncé par Christophe Castaner, après le tabassage d’un CRS le 1er décembre devant l’Arc de Triomphe à Paris, ce CRS affirme : il s’agit d’une “décision politique habituelle. C’est ce qui a été fait lors des dernières manifestations contre la loi travail ou le 1er Mai : on nous donne l’ordre de laisser casser pour que le mouvement devienne impopulaire, et la fois d’après on y va fort parce que l’opinion publique attend une réaction de répression policière”. (témoignage recueilli par L’Humanité).
Notre commentaire
Il ne faut pas se bercer d’illusions. Nous sommes encore très loin d’une situation révolutionnaire où les forces de répression se rallient massivement à la cause du prolétariat. Les CRS n’ont pas le droit de faire grève mais ils ont le droit de manifester. Il ne reste plus à ceux qui sont en “crise existentielle”, qu’à rejoindre “le peuple” en endossant un gilet jaune (en prenant le risque de se prendre une balle de flashball de leurs collègues prêts à “taper père et mère si on leur en donnait l’ordre”). Ils peuvent aussi démissionner, comme le préconise cette chanson dérisionnaire composée par un petit groupe de jeunes de la mouvance “libertaire” : https://www.youtube.com/watch?v=rpPOooh07Us