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Avec la vague de protestation populaire qui a inondé les rues d’Alger, d’Oran ou de Constantine, pour faire « dégager » Bouteflika et son clan, le vieux président a fini, semble-t-il par céder sous la pression de son « peuple » : «Il n'y aura pas de cinquième mandat et il n'en a jamais été question pour moi, mon état de santé et mon âge ne m'assignant comme ultime devoir envers le peuple algérien que la contribution à l'assise des fondations d'une nouvelle République en tant que cadre du nouveau système algérien que nous appelons de tous nos vœux» (message de Bouteflika à la nation, diffusé par les medias le 11/03/2019). Première étape d’une victoire du peuple pour un projet démocratique nous disent les médias ! Alors que la foule en liesse criait « victoire !», le président sortant a fini par annoncer qu’ « il n’y aura pas d’élection présidentielle le 18 avril prochain. Il s’agit ainsi de satisfaire une demande que vous avez été nombreux à m’adresser » La colère populaire a été galvanisée par cette déclaration. Pour la population algérienne, ce départ est clairement apparu comme un faux départ, une contorsion de Bouteflika et son clan pour prolonger son mandat sans passer par la case…électorale. Quelle farce ! Dans les manifestations, on pouvait entendre « Il faut que le peuple soit souverain, qu'il décide de son destin et de son avenir et de son Président» ; « Avec le départ de Bouteflika, nous pourrons avoir de nouveaux partis politiques qui peuvent émerger et nous donner une nouvelle Algérie».
Ces jeunes, précaires, chômeurs, lycéens, étudiants qui se sont portés à la tête de la contestation, entrainant derrière eux des familles entières, des catégories sociales de toute sorte, boutiquiers, petits commerçants, fonctionnaires, etc… sont mobilisés depuis le 22/02/2019 par centaines de milliers. Du jamais vu contre la candidature d’un cinquième mandat présidentiel de Bouteflika, dénonçant son système corrompu. Le discrédit de Bouteflika au sein de la population est tellement fort que personne ne croit à son discours de départ, Les manifestations massives continuent pour exiger la fin du système « boutef » et l’instauration d’une « vraie démocratie ».
La classe ouvrière en Algérie ne doit pas se raconter des histoires. Quelle que soit la clique au pouvoir, son sort sera toujours celui d’être une classe exploitée. Dans cette union nationale « populaire » pour chasser toute cette clique de dirigeants haïe, le prolétariat est complètement noyé dans le « peuple algérien», au milieu de secteurs de la bourgeoisie « progressiste», de la petite bourgeoisie, des intellectuels et autres « démocrates » nationalistes. Le terrain de la défense de la démocratie bourgeoise, le terrain nationaliste aspirant à une « Algérie nouvelle », n’est pas celui de la classe ouvrière. Défendre la démocratie bourgeoise et son cirque électoral, aspirer au renouveau de la nation algérienne, c’est abandonner le combat contre l’exploitation.
C’est toujours la classe dominante qui gagne les élections ! Quelle que soit la fraction dirigeante au pouvoir, tous les gouvernements, tous les chefs d’Etat dans tous les pays du monde n’ont qu’une seule fonction : gérer le capital national, défendre les intérêts et préserver les privilèges de la bourgeoisie sur le dos de la classe ouvrière. Certes le clan Bouteflika s’est montré particulièrement méprisant, arrogant, étalant ostensiblement sa richesse alors que la majeure partie de la population vit dans des conditions de misère effroyable. Mais il suffit de voir ce qui se passe dans les pays où règne une « démocratie pluraliste », où les gouvernements de droite comme de gauche se sont succédé : la classe ouvrière y subit la même exploitation ; la misère, le chômage, la dégradation de ses conditions de vie et de travail, les attaques sur les salaires n’ont fait que se développer d’année en année. Les prolétaires en Algérie ne doivent pas se laisser envoûter par les chants de sirènes des syndicats qui les appellent à rejoindre la contestation populaire en organisant une grève générale. Une grève non pas contre la misère, l’exploitation, la dégradation de toutes les conditions de vie, mais pour remplacer Bouteflika par un « bon » chef d’Etat soucieux des intérêts du « peuple » et pour la construction d’une « Algérie nouvelle » toutes classes confondues. Tous ces partis menteurs, ces « hommes providentiels », ces syndicats saboteurs de la lutte de classe, promettent aux exploités en Algérie un avenir radieux dans une « Algérie nouvelle », plus démocratique, alors que l’ensemble du monde capitaliste plonge de plus en plus dans une crise économique qui frappe de plein fouet la classe ouvrière mondiale. Le prolétariat en Algérie sait ce que veut dire se battre contre l’exploitation. Dans le passé, il a su mener des grèves dans différents secteurs, il a su faire face à la répression de la clique Bouteflika. Il ne doit pas se bercer d’illusions : demain, même si Bouteflika « dégage », ce sera cette même répression qui s’abattra sur la classe exploitée si elle ose vouloir défendre ses propres intérêts en se mobilisant sur son propre terrain de classe, une répression commanditée par un gouvernement « new look » et démocratiquement élu.
En Algérie, comme dans l’ensemble du monde capitaliste, le prolétariat doit rejeter la mystification électorale bourgeoise et le poison du nationalisme. Bouteflika, ce potentat sénile, n’est que la personnification d’un système capitaliste mondial sénile qui n’a rien à offrir aux exploités que toujours plus de misère et de répression. En Algérie, comme dans tous les pays, il n’y a qu’une seule alternative : la lutte autonome des prolétaires contre leurs exploiteurs !
Raymond.