Le nationalisme kurde: un autre pion dans les conflits impérialistes (Partie I)

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Afin de comprendre la signification de l’escalade des événements qui ont suivi le referendum de septembre 2017 sur l’indépendance kurde en Irak et les réactions des gouvernements de la région et du monde entier, nous devons revenir sur les développements historiques qui ont eu lieu depuis plus d’un siècle. Cet article est publié en même temps que “La nouvelle Turquie” d’Erdogan : une illustration majeure de la sénilité du capitalisme (en anglais) ; nous vous recommandons de lire les deux articles à la suite.

Le point de départ du nationalisme kurde

Comme nous l’avons développé dans l’article cité ci-dessus et dans un article traitant du conflit impérialiste au Proche-Orient dans la Revue Internationale n° 117, à la fin du XIXème siècle, l’Empire ottoman est entré dans un long processus de déclin et de désintégration. Déjà, avant la Première Guerre mondiale, lors des guerres balkaniques, la Bulgarie, l’Albanie, la Thrace occidentale (et Salonique) sont sorties de l’Empire ottoman. La seconde phase de fragmentation advint après que l’Empire ottoman a pris le parti de l’Allemagne lors de la Première Guerre mondiale : les puissances européennes, la France, la Grande- Bretagne et la Russie, élaborèrent un plan pour diviser à leur profit les composantes restantes de l’Empire ottoman. En 1916, sur la base du traité secret Sykes-Picot, la France devait recevoir le Liban et la Syrie, la Grande-Bretagne devait contrôler l’Irak (sauf Mossoul), la Jordanie, la Palestine et l’Égypte, ainsi que la Péninsule arabique (aujourd’hui Arabie Saoudite). La Russie tsariste devait mettre la main sur la plupart des régions du nord du Kurdistan et le Tsar espérait aussi utiliser les Arméniens pour ses ambitions. Cependant, à la suite de la révolution en Russie de 1917, le pouvoir soviétique a renoncé à toute ambition impérialiste. En 1920, d’après le traité de paix de Sèvres (à Paris), ce qui restait du territoire turc devait être partagé entre les puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne. De vastes zones devaient être transférées à la Grèce, un État indépendant de la Turquie était prévu pour l’Arménie en Turquie orientale et les Kurdes devaient recevoir un statut autonome dans le sud-est. Seule une petite partie du centre de la Turquie devait rester turque. Le général Mustapha Kemal refusa le traité et commença à organiser la résistance militaire. Les Arméniens et les Grecs furent rapidement vaincus, le sultanat aboli et Kemal devint le chef du nouvel État “croupion” turc. Après le dépeçage de l’Empire ottoman et la mise en place de nouvelles entités “nationales” (Syrie, Jordanie, Irak) par les puissances coloniales, la population kurde, qui vivait dans un Kurdistan ottoman depuis plusieurs siècles, fut divisée sur le territoire de cinq États (Turquie, Irak, Syrie, Iran, Arménie/ Russie). Aujourd’hui, près d’un siècle plus tard, la population kurde vit encore dans un tiers du territoire turc, dans la partie nord de l’Irak (Mossoul, Kirkouk, Erbil, etc.), dans la partie occidentale de l’Iran, dans le nord-est de la Syrie et un petit nombre en Arménie.(1) La façon dont les résidus de l’ancien Empire ottoman ont été partitionnés par les deux vainqueurs de la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne, montre qu’il n’y avait aucun espace pour la création d’un État kurde viable. En même temps, les germes du nationalisme kurde sont apparus dans ce processus. En fait, la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran ont toujours eu peur et ont toujours combattu les aspirations des Kurdes à la formation d’un État kurde souverain. Ce spectre a hanté en particulier les États turc et irakien, car tout État séparé aurait entraîné une large amputation du territoire de ces pays (30% dans le cas de la Turquie). Au cours du siècle dernier, tous les gouvernements turcs ont averti qu’ils ne toléreraient jamais la formation d’un État kurde en dehors du territoire turc.

Historiquement, les régions kurdes ont toujours été en retard par rapport aux autres régions. Des proportions importantes de ces populations vivent dans les montagnes, où le développement économique est beaucoup plus lent qu’ailleurs. La structure sociale est dominée par les chefs tribaux et les clans. En dehors du pétrole, qui a été découvert au début des années 1920, il n’y a pratiquement pas de matières premières et, depuis plus d’un siècle, il n’y a pas eu véritablement d’industrialisation. En conséquence, une grande partie de la population survit grâce à l’agriculture, en migrant plus loin ou en cherchant du travail en Europe ou ailleurs. Alors que les quatre pays ayant des minorités kurdes (Turquie, Irak, Syrie et Iran) ont tous un intérêt commun (empêcher la formation d’un État kurde séparé et indépendant) la situation des Kurdes et l’intensité des conflits entre les Kurdes et ces pays n’ont jamais été les mêmes. A l’intérieur de chaque zone à dominante kurde, les factions de la bourgeoisie kurde luttant pour les intérêts kurdes ont toujours été profondément divisées, soit en raison de leur domination sociale par divers clans ou tribus, soit en raison de leurs intérêts économiques et sociaux opposés. En particulier, les factions de propriétaires fonciers n’ont jamais manifesté la moindre sympathie pour les populations les plus pauvres et leurs doléances économiques et sociales. Durant toute cette période, les forces nationalistes kurdes ont eu recours systématiquement à la violence contre les autres groupes kurdes ou contre les Arméniens.(2) Les groupes nationalistes kurdes ont régulièrement essayé d’imposer l’identité kurde aux minorités vivant dans les zones à majorité kurde. Toute la région kurde est “cernée” par d’autres pays et n’a pas d’accès à la mer, ce qui rend les Kurdes entièrement dépendants de la “bonne volonté” et des négociations avec les autres pays. Ceux-ci peuvent à leur tour exercer un chantage et extorquer des taxes élevées pour autoriser le transit du pétrole kurde par pipeline ou en camion à travers le territoire turc. Au niveau économique, un État kurde indépendant ne sera jamais viable.

Les premières aspirations à l’indépendance kurde

Les aspirations à l’indépendance se sont exprimées pour la première fois au moment de l’apparition des fissures dans l’Empire ottoman, avec Ubeydullah, en 1880, qui exigeait l’autonomie politique ou l’indépendance pure et simple pour les Kurdes et la reconnaissance d’un État kurde. Les dirigeants ottomans ont rapidement et facilement écrasé cette révolte. Avant la proclamation de la république turque en 1923, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les puissances coloniales française et anglaise ont fait semblant d’offrir leur aide aux Kurdes dans leur lutte pour l’indépendance alors qu’en réalité, elles avaient divisé la région de telle sorte qu’il n’y ait pas de place pour un État kurde. En 1925, à peine deux ans après la formation de la république turque, a lieu le premier soulèvement kurde significatif, organisé par Sheik Saïd, à forte connotation religieuse. L’État turc, qui avait acquis de l’expérience dans l’expulsion et la déportation des populations grecques et arméniennes, lança une sévère répression et déporta massivement les Kurdes. Entre 1927 et 1930, il y eut à nouveau des soulèvements kurdes répétés dans la région du Mont Ararat. Le régime kémaliste dénonça ces soulèvements, principalement du fait de leur coloration religieuse, qui lui permettait de justifier sa “politique laïque”. En 1930, l’Iran et la Turquie signèrent un traité dans lequel l’Iran acceptait de fermer ses frontières, empêchant ainsi l’exode des réfugiés et des combattants kurdes armés. Après les soulèvements dans la province de Dersim entre 1936 et 1938, qui furent tous écrasés dans le sang avec de nombreux massacres, il y a eu une période d’accalmie pendant plus de vingt ans, au cours de laquelle il n’y a presque pas eu de tentative armée kurde pour obtenir plus de libertés de la part de la Turquie. Pourtant, en 1960, quand l’armée organisa un coup d’État en Turquie, une des justifications en était le danger représenté par les velléités d’indépendance kurde. Une fois de plus, l’usage de la langue, de l’habillement, du folklore et des noms kurdes fut interdit. La répression sans trêve mena à la réémergence du nationalisme dans les années 1960 et 1970. Dans les années 1970, un nouveau groupe se fit le porteur du nationalisme kurde : le Partiya Karkeren Kurdistan (PKK) ou Parti des Travailleurs du Kurdistan, fondé en 1978. Le PKK prétendait s’opposer aux autorités locales et aux propriétaires terriens dominés par des clans et leurs chefs. Le PKK finance ses activités par des dons, des souscriptions et, nonobstant son verbiage gauchiste, par le recours au chantage, à l’extorsion de fonds, le trafic de drogues et d’armes, et, plus récemment, par le trafic de réfugiés. A partir de 1984, le PKK a initié une guérilla insurrectionnelle jusqu’au cessez-le-feu de 1999.(3) En 1999, son dirigeant Ocalan a été arrêté et condamné à mort.(4) Suite à l’appel d’Ocalan, demandant au PKK d’arrêter la lutte armée en Turquie, le PKK a suspendu ses activités militaires jusqu’en 2004. Cela a conduit à des attaques militaires répétées de l’armée turque contre le PKK dans le nord de l’Irak, jusqu’en 2011. Comme nous le verrons, ce n’est qu’en 2012 que les zones kurdes connaîtront une courte période de calme relatif, à cause des mouvements militaires stratégiques d’Erdogan ! Si l’on regarde en arrière, on voit que les gouvernements turcs ont pratiqué une politique d’alternance entre des concessions limitées et, plus souvent, une très dure répression, avec des vagues de résistance militaire croissante de la part des forces armées kurdes, à savoir le PKK.

Les Kurdes en Irak : 100 ans de déportations et de massacres

Sur le territoire irakien, les conditions étaient différentes. Forts de leur expérience en Inde et dans les autres colonies, les Britanniques ont concédé quelque autonomie à la région kurde dans le nord de l’Irak, et ont reconnu ses aspirations nationalistes avec l’arrière-pensée de devancer les efforts nationalistes kurdes sur le sol irakien. En plus de leur politique de “diviser pour mieux régner” et de leur soutien aux éléments réactionnaires kurdes, les Britanniques, face à une résistance à grande échelle, ont également développé une politique de terreur avec des bombardements aériens, Churchill approuvant l’utilisation de gaz toxiques. Entre-temps, la Constitution irakienne provisoire de 1921 accordait des droits égaux à deux minorités ethniques (les Arabes et les Kurdes) et les Britanniques ont appliqué la même politique de “diviser pour mieux régner” : les tribus kurdes du pays ont bénéficié d’une juridiction particulière et d’avantages fiscaux spéciaux ; on leur garantissait informellement des sièges au Parlement et elles étaient en dehors de la juridiction des tribunaux nationaux. Les propriétaires kurdes en retour devaient collecter les taxes pour les dirigeants britanniques.

En 1932, l’Irak accéda à l’indépendance. Tout au long des années 1950, Bagdad a réprimé les droits politiques kurdes, interdit les partis politiques nationalistes, détruit les villages kurdes, militarisé la région et imposé le repeuplement (en particulier dans les régions riches en pétrole). En 1961, les Kurdes irakiens ont commencé à se révolter contre Bagdad. Le parti Baas, arrivé au pouvoir en 1963, lança une sévère répression. Le gouvernement irakien et les dirigeants kurdes signèrent un accord de paix en 1970. Aucune des promesses (autonomie gouvernementale kurde, reconnaissance du caractère bi-national de l’Irak, représentation politique au gouvernement central, reconnaissance officielle de la langue kurde, liberté d’association et d’organisation) n’a été tenue. Au cours des années 1970, les Kurdes irakiens ont cherché à obtenir une plus grande autonomie et même une indépendance totale vis-à-vis du régime du Parti Baas ; mais en même temps, les deux principaux groupes kurdes, autour de Talabani et Barzani, s’affrontaient continuellement. Les deux groupes faisaient partie de la même classe dominante et n’ont jamais été séparés par une frontière de classe. Tous deux pourraient un jour se battre en étant soutenus l’un par le gouvernement de Téhéran et l’autre par celui de Bagdad, et inversement le lendemain. Déjà, dans les années 1960, l’Iran pesait de façon importante dans les mouvements autonomistes kurdes d’Irak. Téhéran et Bagdad avaient un conflit frontalier dans le Chatt-el-Arab et l’Iran fournissait des armes et de l’argent au groupe kurde irakien dirigé par Barzani. A la suite d’un rapprochement entre Bagdad et Moscou en 1972 et de la nationalisation de l’industrie pétrolière, les États-Unis tentèrent de se servir des Kurdes irakiens pour déstabiliser l’Irak. Lors de l’affrontement militaire de 1974-75, au nord de l’Irak, entre les troupes kurdes emmenées par Barzani et l’armée irakienne, l’aviation iranienne détruisit un avion irakien. A la suite d’un marché au sujet de la frontière entre l’Iran et l’Irak, l’Iran cessa son soutien aux Kurdes. De nouveau, une vague de répression et de déplacements forcés eut lieu. Les Peshmergas se retirèrent en Iran, des dizaines de villages kurdes furent détruits. Entre 1972 et 1982, les affrontements entre les organisations kurdes atteignirent leur sommet.

Pendant la guerre Iran-Irak (1980-88), l’Iran essaya de monter les Kurdes irakiens contre Bagdad. Ce dernier riposta en 1988 : dans le conflit contre les combattants kurdes du Patriotic Union of Kurdistan (PUK) et les troupes iraniennes en mars 1988, Bagdad ordonna le massacre des Kurdes de la ville de Halabja, où des armes chimiques furent utilisées indistinctement. Entre 1986 et 1989, les troupes et milices irakiennes ont tué entre 50 000 et 180 000 Kurdes, dont beaucoup de civils. Environ 1,5 million de personnes ont été déplacées.

Après la première Guerre du Golfe en 1991 et la victoire rapide des troupes américaines contre Saddam Hussein, les troupes kurdes espéraient plus d’indépendance. C’est dans ce processus entièrement dominé par l’impérialisme que certains groupes politiques, notablement le Groupe Communiste Internationaliste (GCI) ont vu un soulèvement “révolutionnaire” et prolétarien. Comme dans le Rojava aujourd’hui, la classe ouvrière était totalement absente et cela montre plutôt la faiblesse du GCI qui soutient des mouvements nationalistes et des pions sur l’échiquier impérialiste.(5)

Au cours de cette période, l’OTAN a mis en place des zones d’exclusion aérienne au-dessus de régions kurdes, ce qui leur a apporté une certaine protection contre Bagdad et a contraint Saddam Hussein à leur concéder une autonomie relative. Le gouvernement régional kurde a été fondé en 1992. De nouveau, entre 1994 et 1998, les groupes kurdes du nord de l’Irak se sont affrontés à plusieurs reprises, tandis que Bagdad et Ankara intervenaient aussi militairement.

Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, la région fut déclarée autonome avec quelques libertés de gouvernement. Cette autonomie limitée (plus importante en Irak qu’en Turquie) aurait été impensable sans l’invasion américaine de 2003. Ces structures étatiques contrôlées par les Kurdes sont toujours actives aujourd’hui.

Cent ans d’histoire des populations kurdes montrent que les Kurdes en Irak ont subi le plus de massacres et de déplacements forcés, ont été les plus coincés dans les luttes entre factions bourgeoises rivales, qui ont pris part ou ont été utilisées par Bagdad ou Téhéran. La Turquie a également utilisé l’influence kurde irakienne en Turquie pour saper la position du PKK.

La constellation kurde en Iran

Bien qu’en 1920 la Grande-Bretagne ait “arraché” un mandat en Iran à la Société des Nations, l’Iran, contrairement à l’Irak ou à la Syrie, n’était pas un “nouveau venu” dans la région. Après les convulsions de la Première Guerre mondiale, un chef de tribu kurde, Ismail Agas (alias Simko), réussit à rallier autour de lui les nationalistes kurdes du triangle formé par la Turquie, l’Iran et l’Irak. Il reçut le soutien de Kemal en Turquie et, en 1920, il combattit sous le drapeau turc avec le soutien de Kemal contre les troupes de Téhéran.(6) Jusque dans les années 1930, Téhéran s’est débrouillé pour attacher la population kurde à l’État iranien à travers les structures tribales encore très présentes en Iran. Malgré les tentatives conjointes de l’Irak, de l’Iran et de la Turquie pour réprimer les velléités nationalistes kurdes dans la région, les nationalistes kurdes ont commencé à se mobiliser dans la petite ville de Mahabad. Comme dans les autres pays, les aspirations nationalistes étaient portées surtout par les chefs tribaux, qui n’avaient aucun intérêt aux “réformes sociales”. En 1942, la Russie essaya d’infiltrer le milieu kurde en Iran. En décembre 1945, la République de Tabriz du peuple azéri était proclamée avec le soutien de la Russie. Une “République kurde” a été proclamée en janvier 1946, qui a été écrasée par Téhéran en décembre 1946, après que la Russie eût abandonné son soutien en échange de concessions pour l’exploitation du pétrole. Contrairement à d’autres pays, les Kurdes d’Iran étaient libres de publier des informations culturelles et historiques dans leur propre langue. Cependant, dans les années 1960, le régime iranien commença à supprimer de nombreux droits civils. Comme nous l’avons montré plus haut, l’Iran est intervenu à plusieurs reprises en Irak pour encourager ou “freiner” les Kurdes irakiens au gré de ses propres intérêts. Après la proclamation de la République islamique le 1er avril 1979, les milices kurdes et chiites (Pasdaran) se sont affrontées. La prééminence accordée à la religion chiite dans la Constitution iranienne est considérée comme une pierre dans le jardin de la population kurde sunnite. Le gouvernement iranien fait face depuis 2004 à une guérilla larvée de la part du Parti pour une Vie Libre au Kurdistan (PJAK). Le PJAK est étroitement lié au PKK de Turquie. Face à l’existence de plusieurs groupes ethniques en Iran, Téhéran est déterminé à empêcher toute évolution des Kurdes vers un processus d’autonomie.

Ces mouvements nationalistes et ces manœuvres impérialistes sont bien souvent des loups parés de la peau de mouton des “intérêts” ouvriers ou révolutionnaires. Cette imagerie radicale adoptée par les éléments kurdes et iraniens repose en fait sur une convergence entre le stalinisme iranien et le nationalisme kurde, les deux répondant aux besoins de la bourgeoisie. Le groupe de guérilla Komala, lié au Parti Communiste d’Iran, s’est montré suffisamment “radical” pour tromper pendant un moment le groupe révolutionnaire Bureau International du Parti Révolutionnaire. Sur fond de près d’un siècle de tentatives ratées pour gagner plus d’autonomie ou pour créer un État kurde indépendant, le referendum tenu récemment en Irak a été organisé dans le contexte de rivalités impérialistes de plus en plus complexes et imbriquées de cette région.

Nous regarderons de plus près trois facteurs qui ont déclenché les revendications renouvelées d’indépendance dans la région, le développement en Irak, en Syrie et en Turquie même.

Enver, novembre 2017

 

1 Il y a entre 24 et 27 millions de Kurdes, environ : la moitié vivent en Turquie, un peu plus de 4 millions en Irak, 5 à 6 millions en Iran, autour de 1 million en Syrie ; on estime à environ 700 000 le nombre de Kurdes vivant en Europe de l’Ouest ; ils sont environ 400 000 dans l’ex-URSS.

3 Avec environ 700 000 soldats, la Turquie avait la deuxième armée de l’OTAN, après les États-Unis. Environ 300 000 soldats et membres des forces de police ont combattu dans les zones kurdes, contraignant 2500 villages à être évacués ou laissés en ruines ; environ 3 millions de Kurdes ont été déplacés. Les montagnes inhospitalières du Kurdistan sont devenues le refuge du plus grand nombre de réfugiés.

4 Sa condamnation à mort a été commuée en prison à vie en 2002.

6 Simko était un chef de tribu et n’avait aucune sympathie pour la culture et la population urbaines. Il a été assassiné en Iran en 1924.

 

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