Submitted by Révolution Inte... on
Pour le centenaire de la Révolution russe, de nouvelles publications et émissions s’emparent de ce sujet sensible. Tout un flot de propagande se déverse donc à nouveau (1 pour dénaturer les heures héroïques de cet événement grandiose qui fut un des plus importants du xxe siècle, du moins un des plus riches d’enseignements pour le prolétariat mondial. Parmi le foisonnement de l’offre, l’émission TV de la chaîne Arte proposait un titre alléchant : “Lénine, une autre histoire de la Révolution russe” (2. Selon les journalistes du journal Le Monde, “cette évocation est une formidable relecture de l’année 1917 déprise des fables qui l’ont maquillée au fil du temps et au gré des idéologies”. La propagande bourgeoise a toujours véhiculée une “autre histoire de la Révolution” pour mieux enterrer sa véritable histoire, en faisant parler les images à travers des commentaires mensongers plaqués sur des documents d’archives et des films muets. Arte, la chaîne “culturelle” était aussi au rendez-vous de la campagne antibolchevique et anti-léniniste.
Avec de nombreux documents d’archives que nous avons peu l’habitude de voir, l’émission nous plonge dans une sorte de cours d’histoire a priori revisité. Le ton professoral des commentaires cherche d’entrée à instaurer l’autorité des “spécialistes”, maniant l’anaphore (“Ça ne s’est pas passé comme ça...”) et parfois l’ironie feutrée. Par exemple, au moment de prononcer le titre du journal des bolcheviks, la Pravda (la Vérité), on perçoit nettement cette antiphrase ou le téléspectateur est amené à entendre que la Pravda, dans l’esprit du “spécialiste”, n’est que mensonges.
Lénine calomnié et défiguré
L’émission, centrée sur la personnalité de Lénine procède régulièrement et très habilement par oppositions d’images, par antithèses “pédagogiques” dans l’intention de salir une nouvelle fois le combattant qu’était Lénine. Ainsi, d’un côté, on évoque l’exilé en Suisse, totalement “absent” de la scène, avec un plan fixe de la ville de Zurich paisible, le tout accompagné de commentaires et d’une petite musique légère où, en fin de compte, rien ne se passe. Lénine est présenté comme une sorte de planqué totalement à côté de l’histoire. Loin de toute réalité, l’exil est schématiquement réduit aux seuls privilèges des “intellectuels” (sous-entendu déconnectés des masses) et aux “gens aisés”. Cette insistance sociologique qui se base sur une part de réalité n’a d’autre objectif que de souligner le fait que les “masses” sont totalement étrangères aux révolutionnaires. La dimension politique et combative est à peine suggérée, le caractère militant, la dimension réelle du combat de Lénine est occultée, ses polémiques sont totalement passées sous silence. Par net contraste, les plans sur la situation en Russie exposent les événements du terrain, accompagnés d’un montage d’images plus dynamiques. Cette opposition volontairement construite de façon antithétique cherche de manière évidente à disqualifier d’entrée le combat de Lénine qui très rapidement apparaît sous les traits d’un imposteur. Et d’ailleurs, le retour sur sa famille et son enfance, l’évocation de ses anciens combats et, surtout, l’exécution de son frère après sa participation à un attentat contre le tsar, serviront de support à une explication unilatérale consistant à affirmer que Lénine avait comme motivation exclusive pour son engagement révolutionnaire une “soif de vengeance” contre l’aristocratie. N’a-t-il pas dit, comme le rappelle le commentateur de ce documentaire : “ils me le paieront” ?
Dans ce cadre, le marxisme n’est qu’un simple adjuvant devant permettre d’assurer son “pouvoir personnel”. La réalité est aux antipodes de telles calomnies. La démarche désintéressée et solidaire de Lénine, son sens du combat révolutionnaire pour la cause du socialisme ont été la matrice reconnue par tous ses camarades de lutte, par les ouvriers eux-mêmes et, au-delà des polémiques, par toutes les grandes figures du mouvement ouvrier de l’époque et confirmée par la réalité des faits. L’émission, pourtant très documentée, n’a évidemment aucun témoignage disponible dans ce sens. Pourtant, dans sa Révolution russe, Rosa Luxemburg n’hésite pas à affirmer : “Tout ce qu’un parti peut apporter, en un moment historique, en fait de courage, d’énergie, de compréhension révolutionnaire et de conséquence, les Lénine, Trotski et leurs camarades l’ont réalisé pleinement. L’honneur et la capacité d’action révolutionnaire, qui ont fait à tel point défaut à la social-démocratie, c’est chez eux qu’on les a trouvés. En ce sens, leur insurrection d’Octobre n’a pas sauvé seulement la Révolution russe, mais aussi l’honneur du socialisme international.”
Construite de manière chronologique, l’émission évoque 1905, puis les grands événements qui jalonnent les journées de février 1917 pour souligner que les bolcheviks sont politiquement en dehors du coup et ne comprennent absolument rien à la situation. Partant d’une réalité ou les bolcheviks étaient effectivement minoritaires au départ, la plupart en prison, le parti pris est de souligner que Lénine est non seulement souvent “absent”, mais qu’il “navigue à vue” et se retrouve en permanence “ballotté par les événements”. La seule qualité de ce grand révolutionnaire se résumerait uniquement à l’art de la manipulation.
Face à cela, Trotski rétablit la réalité de la démarche de Lénine : “La principale force de Lénine consistait en ceci qu’il comprenait la logique interne du mouvement et réglait d’après elle sa politique. Il n’imposait pas son plan aux masses. Il aidait les masses à concevoir et à réaliser leurs propres plans” (3.
Un plaidoyer mensonger en faveur de la démocratie bourgeoise
Le procédé de l’antithèse, cher à l’émission d’Arte, se poursuit avec le portrait croisé de Lénine et de Kerenski. Là encore, le seul personnage “digne de l’histoire” est Kerenski, véritablement encensé sans pudeur. Kerenski est présenté comme l’incarnation du mouvement des masses aux aspirations prétendument démocratiques. On insiste sur l’accueil qu’il fait aux ouvriers “crasseux” et “sentant la sueur”, les soldats excédés qui l’acclament, sa soi-disant légitimité. Kerenski est présenté comme le grand démocrate qui fait le trait d’union entre le conseil ouvrier, le palais Tauride et la Douma. La réalité, c’est qu’il œuvre pour la réaction, comme le montre sa démarche vis-à-vis de l’ambassadeur américain : “Nous ferons en sorte que les soviets meurent de mort naturelle. Le centre de gravité de la vie politique se déplacera progressivement des soviets vers les nouveaux organes démocratiques de représentation autonome” (4. Tout est dit.
Le commentaire qui occulte tout cela peut ainsi se permettre de présenter le quartier industriel de Vyborg et les 400 000 prolétaires comme spontanément animés d’une même aspiration démocratique et non d’un combat historique révolutionnaire contre le système capitaliste. Les initiatives ouvrières sont bien évoquées, comme par exemple l’extraordinaire traversée de la Neva gelée, à la barbe des troupes réactionnaires, des flics et des autorités postées sur le pont Alexandre II. Mais elles apparaissent comme purement contingentes, sous couvert du simple chaos lié au gré des événements, sans considération aucune pour la dimension consciente et politique des masses ouvrières. De la même manière, le Conseil ouvrier de Petrograd est frauduleusement assimilé à une sorte de parlement populaire et non à ce qu’il représente réellement : un organe de lutte ou se mène le véritable combat politique du prolétariat. Sous prétexte d’une “pluralité” de courants politiques et d’influences bourgeoises et petites bourgeoises durant cette période, le commentateur s’autorise à réduire le soviet à une simple représentation démocratique 5.
Les journées de février sont présentées frauduleusement comme le point culminant de la révolution, alors qu’il n’existait en réalité qu’un double pouvoir : d’un côté celui des conseils, de l’autre celui du gouvernement provisoire, sans issue décisive. La suite des événements, jusqu’à octobre, apparaît comme une sorte de dépossession des conseils par les bolcheviks. En réalité, c’est l’inverse. Ils luttaient contre la réaction qui œuvrait derrière le masque pseudo-révolutionnaire de la gauche démocratique pour tenter d’abuser et de tromper les conseils : “Là où un ministre bourgeois n’aurait pu se présenter pour assurer la défense du gouvernement, devant les ouvriers révolutionnaires ou dans les soviets, on voyait paraître (ou plutôt la bourgeoisie y envoyait) un ministre “socialiste” (Skobélev, Tsérétéli, Tchernov ou d’autres encore) qui œuvrait en conscience au profit de la bourgeoise, suait sang et eau pour défendre le ministère, blanchissait les capitalistes, bernait le peuple en répétant des promesses, des promesses et des promesses, et en lui recommandant d’attendre, d’attendre, d’attendre et d’attendre” (6.
Les événements de février 1917, tout comme ceux de 1905, sont naturellement évoqués en lien avec la lutte du prolétariat contre la guerre. Mais tout le contexte international de la lutte de classe durant l’année 1917 est soigneusement occulté, comme si “l’irruption des masses” en Russie n’était qu’un simple accident lié au particularisme d’un “pays arriéré”. Rien sur la réalité des mutineries et des mouvements de fraternisation des soldats sur tous les fronts, rien sur les grèves un peu partout et la fermentation à l’arrière, sur le fait que débute en réalité une véritable vague révolutionnaire internationale du prolétariat.
L’opposition radicale entre la bourgeoisie, le gouvernement provisoire désirant poursuivre la guerre à tout prix, et les révolutionnaires bolcheviks, Lénine en tête, refusant la boucherie impérialiste, est relayé au second plan et noyé sous le flot des commentaires falsificateurs. Les autres grands faits marquants de la Révolution restent soumis à la même intoxication idéologique : disqualifier les bolcheviks et surtout Lénine. La rigueur même de Lénine et son respect rigoureux des décisions prises au cours des congrès, (comme par exemple en 1903 face à ceux qui refusaient de se soumettre aux décisions votées et à la fronde des Menchéviks7 est calomniée, les commentaires présentant Lénine comme dogmatique et dictateur. Rien n’est plus mensonger ! Pire, Lénine aurait été, selon le commentateur, quelqu’un qui “aura passé toute sa vie à exclure et à diviser”. Ce commentaire arrive à l’occasion du testament de Lénine lorsque ce dernier, sur son lit de mort, demande à ses camarades du Parti bolchevik d’écarter Staline du Comité central du fait de sa cruauté. Comme par enchantement, le commentateur ne dit pas un mot du testament de Lénine, tout simplement parce qu’il contient la preuve qu’il n’y avait aucune “continuité” entre Lénine et Staline. Le mensonge par omission fait partie intégrante du procédé de toutes les campagnes d’intoxication idéologique contre Lénine et la révolution russe. Lénine a toujours été l’artisan patient d’un combat unitaire, défendant “l’esprit de parti” contre tous les opportunistes, contre les “cercles” qui tendaient à refuser l’unité des révolutionnaires en fragmentant d’autant les énergies, affaiblissant les efforts en faveur de la lutte prolétarienne internationale. Ce fut tout le sens de son combat et l’apport de ses Thèses d’Avril. Face à tous les sycophantes et à ceux qui cherchaient à collaborer et à s’accommoder de la classe dominante, des miasmes conservateurs de la démocratie bourgeoise, face à tous les opportunistes, Lénine, en effet, ne courbait pas l’échine et se montrait intransigeant. Il se refusait très justement à toute concession face à l’ennemi de classe, face aux exploiteurs et donc, n’acceptait pas le capitalisme. Bien entendu, le reflux de la vague révolutionnaire et l’encerclement par les troupes de l’Entente, le poids de visions erronées héritées du passé social-démocrate allaient conduire à une situation absolument tragique 8.
En réalité, ce qui dérange les réalisateurs de cette émission, c’est avant tout le fait que Lénine ne soit pas un patriote et qu’il refuse l’union sacrée en souhaitant même, suprême transgression, “la défaite de son propre pays” ! Refuser “l’union sacrée” provoque en effet des “divisions” au sein de la “nation” et une opposition de classe : cela, nous ne le nions pas. À toutes les étapes fondamentales du récit des événements, le commentaire maintient la même ligne officielle faisant passer la moindre erreur pour une trahison !
Durant les journées de juillet, la terrible contre-offensive réactionnaire, la chasse aux bolcheviks ou les masses sont “exposées aux coups” (Trotski), sont l’occasion de souligner que Lénine est “absent”, ou “bafouille” autour de bolcheviks en “panique”. La réalité est que le Parti bolchevik a bien au contraire compris les pièges de la réaction et a pris position contre l’insurrection et la prise du pouvoir qui était prématurée en juillet (les soldats n’étant pas suffisamment solidaires des ouvriers et la situation de la province en retard politiquement sur Petrograd). Dans d’autres circonstances, comme dans une de ses interventions au soviet, Lénine est tellement incompris que son prétendu “délire politique” inquiète sa propre compagne Kroupskaïa “craignant pour sa santé mentale”. Ignoble ! Ainsi, le stress liés à la situation tendue, le surmenage, se transforment aux yeux de nos “experts” en une véritable pathologie mentale. La prétendue “compétition” de Lénine entre les soviets et les bolcheviks, sa volonté de faire main basse sur les conseils et “le pouvoir qui lui monte à la tête”... tout cela relève des mêmes interprétations mensongères. Si les bolcheviks parviennent à déjouer le putsch du général Kornilov au mois d’août, regroupés et retranchés autour du conseil ouvrier à Smolny, c’est finalement pour nous suggérer quasi explicitement que Lénine est in fine lui-même une sorte de “Kornilov” qui a fini par réussir son coup en octobre. Cela, après avoir quitté “sa cabane” à Helsinki et avoir mis en œuvre le sabotage de la démocratie. Le IIe Congrès des soviets devient un simple enjeux démocratique et Lénine un “obsédé de l’insurrection” cherchant de façon insatiable à assouvir à tous prix, encore une fois, son “appétit du pouvoir”. L’argument massue étant que Lénine n’a pas attendu le IIe Congrès des soviets avant d’appeler à la prise du pouvoir, et donc que la révolution aurait été confisquée aux masses prolétariennes. Ce qui est faux : ce n’est pas le dictateur Lénine, ni le Comité central du Parti bolchevik, mais le Comité militaire révolutionnaire (CMR) élu par le soviet de Petrograd qui a appelé à l’insurrection d’Octobre. Et nos “historiens” bourgeois le savent très bien !
Octobre : une insurrection en faveur de la Révolution mondiale et non un “putsch”
Toute la question de la prise du pouvoir d’Octobre, de la décision même de l’insurrection, sont présentés de façon classique par la propagande officielle comme un vulgaire “coup d’État” mené par le CMR totalement contrôlé en sous-main par une poignée de bolcheviks et l’ineffable dictateur Lénine. Ce qu’oublie de dire l’émission, c’est que le CMR est réellement sous le contrôle du soviet de Petrograd. Il s’agirait, aux dire même du commentateur, d’une simple “opération de police” opposée à l’image qu’en donne le film du célèbre cinéaste Eisenstein. Et là encore, l’émission pourtant très bien documentée, s’inspirant de témoignages et sources diverses, se garde bien d’évoquer le point de vue de Trotski qui clarifie les choses : “II n’y eut presque point de manifestations, de combats de rue, de barricades de tout ce que l’on entend d’ordinaire par “insurrection”. La révolution n’avait pas besoin de résoudre un problème déjà résolu. La saisie de l’appareil gouvernemental pouvait être effectuée d’après un plan, avec l’aide de détachements armés relativement peu nombreux, partant d’un centre unique (...) Le calme dans les rues, en octobre, l’absence de foules, l’inexistence de combats donnaient aux adversaires des motifs de parler de la conspiration d’une minorité insignifiante, de l’aventure d’une poignée de bolcheviks. (...) En réalité, les bolcheviks pouvaient ramener au dernier moment la lutte pour le pouvoir à un “complot”, non point parce qu’ils étaient une petite minorité, mais au contraire parce qu’ils avaient derrière eux, dans les quartiers ouvriers et les casernes, une écrasante majorité, fortement groupée, organisée, disciplinée” (9.
De même, le témoignage vivant du journaliste américain John Reed, qui a assisté aux “dix jours qui ébranlèrent le monde”, est totalement occulté : “C’est ainsi, dans le fracas de l’artillerie, dans l’obscurité, au milieu des haines, de la peur et de l’audace la plus téméraire, que naquit la nouvelle Russie (…). Pareils à un fleuve noir emplissant toute la rue, sans chants ni rires, nous passions sous l’Arche Rouge (…). De l’autre côté de l’Arche, nous priment le pas de course, nous baissant et nous faisant aussi petits que possible, puis, nous rassemblant derrière le piédestal de la colonne d’Alexandre (…). Après être restés quelques minutes massée derrière la colonne, la troupe, qui se composait de quelques centaines d’hommes, retrouva son calme et, sans nouveaux ordres, d’elle-même, repartit en avant. Grâce à la lumière qui tombait des fenêtres du Palais d’hiver, j’avais réussi à distinguer que les deux ou trois cents premiers étaient des gardes rouges, parmi lesquels étaient disséminés seulement quelques soldats (…). Un soldat et un garde rouge apparurent dans la porte, écartant la foule : ils étaient suivis d’autres gardes, baïonnette au canon, escortant une demi-douzaine de civils qui avançaient l’un derrière l’autre. C’était les membres du Gouvernement provisoire (…). Nous sortîmes dans la nuit glacée, toute frémissante et bruissante de troupes invisibles, sillonnées de patrouilles (…). Sous nos pieds, le trottoir était jonché de débris de stuc de la corniche du Palais qui avait reçu deux obus du croiseur Aurora. C’était les seuls dégâts causés par le bombardement. Il était trois heures du matin. Sur la Nevski, tous les becs de gaz étaient de nouveau allumés ; le canon de trois Apouces avait été enlevé et seuls les gardes rouges et les soldats accroupis autour des feux rappelaient encore la guerre (…). À Smolny, des bureaux du Comité militaire révolutionnaire semblaient jaillir des éclairs, comme d’une dynamo travaillant à trop grande puissance” (10.
Selon l’émission d’Arte, le soviet à Smolny n’est que pure forme dans la mesure ou le pouvoir est “confisqué” par le “parti unique” et le méchant Lénine. Une sorte de fracture se serait consolidée après la mise en place des commissaires du peuple.
Par un tour de passe-passe dont les médias aux ordres de la classe bourgeoise ont le secret, l’émission d’Arte se termine par des commentaires sur le chaos sanglant engendré par la Révolution d’octobre et qui aurait provoqué l’effondrement définitif du “communisme” en 1989. La matraquage idéologique est encore utilisé à outrance mais, aujourd’hui, avec un objectif particulièrement pernicieux : Oui, il y a bien eu une révolution prolétarienne en Russie mais ce que voulaient ces masses prolétariennes, c’était la démocratie, une démocratie parlementaire comme dans les pays occidentaux, avec sa mystification du “pouvoir du peuple” par le suffrage universel.
Mensonge ! Ce que voulaient les masses prolétariennes, c’était la fin de la guerre de 1914-18. Et seul Lénine et le Parti bolchevik avait ce “programme” révolutionnaire et permettait au prolétariat de prendre en main sa destinée. C’est grâce à Octobre que la Révolution russe et le “bolchevisme” ont mis fin à la boucherie mondiale. Cette vérité historique, nos commentateurs, professeurs d’“histoire” et autres chantres de la démocratie bourgeoise, se gardent bien de la mentionner. Comme le disait Goebbels, chef de la propagande nazie en Allemagne : “Un mensonge énorme porte avec lui une force qui éloigne le doute”. Et dans l’art de la propagande et de la falsification de l’histoire, les idéologues patentés de l’État démocratique n’ont pas grand chose à envier aux “lavages de cerveaux” des régimes nazi ou stalinien.
WH, 13 février 2017
1) Si la propagande est permanente et prend des formes différentes, elle a connu des pics fiévreux, comme au moment de la prise du pouvoir par les bolcheviks, parfois durant la guerre froide, mais aussi et surtout au moment et après l’effondrement de l’URSS durant les années 1990. Voir notre brochure : Octobre 1917 début de la révolution mondiale : les masses ouvrières prennent leur destin en main.
2) Émission du vendredi 3 mars, avec la participation de l’historien Marc Ferro, spécialiste de la Russie et de l’URSS. Ce véritable porte-parole de l’histoire officielle n’a cessé d’entretenir et de colporter doctement le plus grand mensonge de l’histoire assimilant le stalinisme au communisme.
3) Trotski, Histoire de la Révolution russe, Tome I, chapitre “Le réarmement du Parti”.
4) John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde.
5) Le fait d’insister sur La Marseillaise reprise par les manifestants, sans en préciser les raisons ni l’état d’esprit réel des masses, le fait de souligner l’obtention du droit de vote des femmes sous le gouvernement provisoire, tout laisse croire, en fin de compte a une simple révolution bourgeoise et purement démocratique.
6) Lénine : Les enseignements de la révolution, point VI.
7) Lire la brochure de Lénine, Un pas en avant deux pas en arrière.
8) Nous n’avons jamais nié les erreurs commises par le Parti bolchevik, ni sa dégénérescence et sa transformation en colonne vertébrale de l’odieuse dictature stalinienne. Le rôle du Parti bolchevik ainsi que la critique implacable de ses erreurs et sa dégénérescence ont été analysés dans différents articles de notre Revue internationale :
–“La dégénérescence de la Révolution russe” et “Les leçons de Kronstadt” (no 3) ;
• “La défense du caractère prolétarien de la Révolution d’Octobre” (nos 12 et 13).
La raison essentielle de la dégénérescence des partis et organisations politiques du prolétariat résidait dans le poids de l’idéologie bourgeoise dans leurs rangs, qui créait constamment des tendances à l’opportunisme et au centrisme (voir “Résolution sur le centrisme et l’opportunisme”, Revue internationale no 44).
9) Trotski, op. cit.
10) John Reed, op. cit.