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Suite à l’agression des participants à la réunion publique du 28 octobre au local de l’association Mille bâbords à Marseille (1) par une bande de fanatiques se réclamant du racialisme, le CCI tient à apporter toute sa solidarité.
Voici les faits relatés par les agressés eux-mêmes : “Vendredi 28 octobre se tenait sur Marseille, dans le local militant Mille bâbords, une réunion publique autour du texte “Jusqu’ici tout va bien ?” (2). La discussion n’avait pas encore commencé lorsqu’un groupe d’une trentaine de personne a fait irruption dans le lieu. Ce groupe entendait empêcher la discussion prévue (…). Après l’encerclement de l’assistance sous forme de happening, dans un simulacre de nasse, des cris et slogans divers ont fusé : “Notre race existe”, “Ce débat n’aura pas lieu”, “Pas l’histoire vous ne referez”, “Votre avis on s’en fout”, “Regardez vos privilèges”, (…) Aux insultes ont succédé les boules puantes, et des coups répétés, dont certains au visage avec arme, des chaises ont été jetées sur l’assistance, les tables ont été systématiquement jetées au sol, y compris sur une personne en béquille, du gaz lacrymogène a été répandu dans le local et des personnes ont été gazées au visage (yeux et bouche). Les tables de presse, la bibliothèque de Mille bâbords ont été saccagées, des revues et des livres jetés et piétinés. Et pour terminer, ils ont défoncés la vitrine du local. (…) Malgré cette attaque, une intéressante discussion a finalement pu se tenir, comme ce sera le cas partout et à chaque fois que cela s’avérera nécessaire. Face à ces actes extrêmement graves, dont le but avoué est d’empêcher toute discussion critique sur le racialisme, chacun, politiquement et pratiquement, est appelé à prendre ses responsabilités. N’hésitez pas à contacter Mille bâbords pour leur apporter tout votre soutien (3). Des organisateurs et des participants à la soirée” (in “Marseille : Descente racialiste à Mille bâbords. Tentative de mise à sac, coups, gazage et vitrine détruite”).
Les agresseurs ont durant l’attaque distribué un tract intitulé “Anti-racialistes et anti-racialisatrices, stay et protect your home” 4 dans lequel ils crachaient toute leur haine : “Anti-racialisateurs et anti-racialisatrices vous n’aurez jamais la parole, vous n’aurez jamais notre écoute parce que : le capitalisme se fonde sur le pillage, l’esclavage et le colonialisme. “L’abolition de l’esclavage” et les “décolonisations” n’ont pas démoli le racisme structurel et ses répercussions pour le moins d’actualité. Les privilèges des pays occidentaux impérialistes demeurent à un niveau international. Nous refusons votre vision européano-centrée et réactionnaire de la lutte des classes. Il vous suffirait de sortir de votre entre-soi confortable pour voir la réalité dans les rues de Marseille. Nous refusons votre course à l’opprimé et votre incapacité à reconnaître vos privilèges de petits gauchistes blancs de classe moyenne. Nous n’avons pas de temps à perdre avec les négationnistes. Nous saboterons toutes vos initiatives. Nous revendiquons notre autodétermination, notre émancipation, notre libération par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Nous n’avons pas besoin de votre validation quant aux termes que nous utilisons pour définir qui nous sommes, ce que nous sommes et ce pour quoi nous luttons. En somme on vous chie dessus bande de racistes réactionnaires négationnistes néo-colons... Finalement il va vous falloir assumer : vous n’êtes qu’un des bras armé (de vos claviers) de la république laïcarde qui nous fait gerber !” 5.
Durant les jours qui avaient précédé cette réunion, de nombreux appels à casser du “gouaire” 6 avaient été lancés sur les réseaux sociaux. Il s’agit donc d’un acte prémédité et concerté.
Ces agresseurs appartiennent à un courant particulier du racialisme principalement représenté par le Mouvement des indigènes de la République, dont Houria Bouteldja est l’une des personnalités la plus visible. Le titre de son dernier livre résume à lui seul l’axe central de ce courant de non-pensée : Les Blancs, les juifs et nous. Un ouvrage immonde qui tente de nier la lutte des classes pour la remplacer par une guerre des races (“Je vous le concède volontiers, vous n’avez pas choisi d’être Blancs. Vous n’êtes pas vraiment coupables. Juste responsables” affirme ainsi Madame Bouteldja.). Nous reprenons à notre compte cette idée défendue dans le texte publié sur le site de Mille babords “Jusqu’ici tout va bien ?” : “le racialisme ne peut mener qu’à la guerre de tous contre tous”. Ceci d’autant plus que “la guerre de tous contre tous” est déjà une réalité et que la violence ne fait que s’accroître. Dans ce sens, il est nécessaire de s’y préparer et important d’en débattre.
Pourquoi les participants lors de cette réunion à Mille babords ont-ils été la cible de ce déchaînement de haine et de violence ? Simplement pour ce qu’ils représentent, un effort pour comprendre le monde capitaliste et son évolution, pour se rassembler, débattre et s’organiser, pour participer au développement de la conscience et se réapproprier l’histoire du prolétariat 7, son identité, son combat pour l’émancipation de toute l’humanité. Dans la période actuelle difficile, de telles tentatives sont rares et précieuses.
Alors que l’atonie, la division, l’atomisation et le désespoir exercent un poids dans la société, ceux qui se sont rassemblés ce 28 octobre dans le local de Mille bâbords et qui ont maintenu le débat malgré les coups, eux qui n’ont pas cédé aux provocations, à la peur, aux intimidations et à la répression, révèlent par leur courage et leur ténacité la véritable nature profonde de la classe ouvrière, une classe associée, désintéressée et solidaire.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si une partie de ceux qui gravitent autour ou à l’intérieur de l’association Mille bâbords est issue du mouvement des étudiants contre le CPE de 2006, car ce mouvement avait justement réussi à organiser de véritables débats dans des assemblées générales ouvertes et à mettre au cœur de sa dynamique la question de la solidarité de la classe ouvrière tout entière, de tous les secteurs, de toutes les générations, de tous les quartiers, de toutes les origines, de toutes les couleurs ! A l’époque de ce mouvement contre le CPE, la bourgeoisie avait réagi par la violence policière organisée de l’État et en laissant de jeunes “casseurs” agresser les étudiants dans les manifestations.
Aujourd’hui, les racialistes aussi se chargent de ce sale boulot. Les éléments qui luttent pour le débat ouvert et qui font l’effort de se rassembler et réfléchir ensemble, ont été, ce 28 octobre, la proie d’une attaque haineuse qui préfigure bel et bien les dangers croissants et le caractère protéiforme de la répression bourgeoise. Car oui cette agression planifiée est un acte de répression. La violence et la haine abjectes de ce commando de racialistes, leur promotion de la “lutte des races” comme leur volonté de détruire tout lieu de débat réel révèlent leur no-future, l’idéologie du nihilisme des couches sociales qui ne portent aucun avenir pour l’humanité. Ils sont un pur produit de la décomposition de la société et in fine ils apportent leur petite contribution à la dynamique morbide du capitalisme. Certains de ces éléments n’hésiteront pas à assouvir leur pulsions criminelles par des meurtres si le contexte leur est favorable et si l’occasion se présente.
Aux victimes de ces actes de violences inadmissibles, nous tenons à témoigner notre soutien et toute notre solidarité. Le débat est d’une importance vitale pour le combat révolutionnaire et il est impératif de défendre tout lieu de débat prolétarien !
Le CCI, 4 décembre 2016
1) Sur son site, l’association Mille bâbords située à Marseille se présente ainsi : “Mille bâbords est une médiathèque alternative, un lieu dédié à la promotion et à la connaissance des différents mouvements de luttes sociales. C’est un lieu ouvert, où le public peut se rencontrer, se mettre au courant, découvrir et échanger, sur des pratiques, des interrogations, des points de vues, [...] et voire passer à l’action... Partant du constat d’un manque d’espaces pour que les mouvements sociaux puissent, dans leur diversité, échanger entre eux, et avec un large public, nous avons créé ce lieu, telle une vitrine animée des idées alternatives à une société trop barbare...”.
2) https ://tuttovabene.noblogs.org/ Ce texte dénonce le racialisme comme un poison idéologique nauséabond.
3) Contact : batlarace chez riseup.net.
4) Reste et protège ta maison.
6) Terme raciste anti-Blanc signifiant “porc”.
7) Un débat a récemment eu lieu sur Le Manifeste du Parti communiste de 1848 et un autre sur la Révolution russe est prévu dans les mois à venir.