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avoir transformé la planète en un gigantesque abattoir, infligé deux guerres mondiales, la terreur nucléaire et d'innombrables conflits sur une humanité agonisante, le capitalisme décadent est entré dans sa phase de décomposition, une nouvelle phase historique marquée au premier plan par l'effondrement du bloc de l'Est en 1989. Durant cette phase historique, l'emploi direct de la violence militaire par les grandes puissances, surtout par les Etats-Unis, devient une donnée permanente. Durant cette phase, la discipline rigide des blocs impérialistes a cédé le pas à une indiscipline et un chaos rampants, à un chacun pour soi généralisé, à une multiplication incontrôlable des conflits militaires.
Au terme de ce siècle, l'alternative historique définie par le marxisme dès avant la 1re guerre mondiale –socialisme ou barbarie– est non seulement confirmée, mais elle doit être précisée et transformée en : socialisme ou destruction de l'humanité.
(...) Bien que pour l'instant une 3e guerre mondiale ne soit pas à l'ordre du jour, la crise historique du système l'a conduit dans une impasse telle que celui-ci n'a pas d'autre choix que d'aller vers la guerre. Pas seulement parce que la crise en s'accélérant a commencé à plonger des régions entières dans la misère et l'instabilité (comme l'Asie du sud-est qui jusqu'à un passé récent avait préservé un semblant de prospérité), mais surtout parce que les grandes puissances elles-mêmes sont de plus en plus obligées d'employer la violence pour défendre leurs intérêts.
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La nature des conflits : une question clé aujourd'hui
(...) Les révolutionnaires ne parviendront à convaincre le prolétariat de la totale validité des positions marxistes que s'ils sont capables de défendre une vision théorique et historique cohérente de l'évolution de l'impérialisme actuel. En particulier, une de nos armes les plus puissantes contre l'idéologie bourgeoise est la capacité du marxisme à expliquer les causes et les enjeux réels des guerres modernes.
En ce sens, une claire compréhension du phénomène de la décomposition du capitalisme et de toute la phase historique qui en porte la marque constitue un instrument de première importance dans la défense des positions et des analyses des révolutionnaires concernant l'impérialisme et la nature des guerres aujourd'hui.
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Décomposition et effondrement du bloc de l'Est
(...) L'événement clé qui détermine tout le caractère des conflits impérialistes au tournant du siècle est l'effondrement du bloc de l'Est.
(...) Le monde entier fut surpris par les événements de 1989. Le CCI n'a pas échappé à la règle mais on doit à la vérité de préciser qu'il a réussi très rapidement à comprendre toute la portée de ces événements (les thèses sur la crise dans les pays de l'Est, qui prévoyaient l'effondrement du bloc russe, ont été écrites en septembre 1989, c'est-à-dire deux mois avant la chute du mur de Berlin). La capacité de notre organisation à réagir de cette façon n'était pas le fruit du hasard. Elle résultait :
- du cadre d'analyse sur les caractéristiques des régimes staliniens, que le CCI s'était donné au début des années 1980, à la suite des événements de Pologne[1];
- de la compréhension du phénomène historique de la décomposition du capitalisme qu'il avait commencé à élaborer à partir de 1988[2].
C'était la première fois dans l'histoire qu'un bloc impérialiste disparaissait en dehors d'une guerre mondiale. Un tel phénomène a créé un désarroi profond, y compris dans les rangs des organisations communistes où l'on a cherché, par exemple, à en déterminer la rationalité économique. Pour le CCI, le caractère inédit d'un tel événement, qui n'avait aucune rationalité mais représentait une catastrophe pour l'ancien empire soviétique (et pour l'URSS elle-même qui n'allait pas tarder à exploser), constituait une éclatante confirmation de l'analyse sur la décomposition du capitalisme[3].
(...) Jusqu'en 1989, cette décomposition qui a mis à genoux la 2e super puissance mondiale, n'avait que très peu affecté les pays centraux du bloc de l'ouest. Même maintenant, dix ans plus tard, les manifestations de décomposition localisées dans ces pays sont presque dérisoires comparées à celles des pays périphériques. Cependant, en faisant exploser l'ordre impérialiste mondial existant, le phénomène de décomposition est devenu la période de décomposition, en plaçant les pays dominants au coeur même des contradictions du système, et tout particulièrement le premier d'entre eux, les Etats-Unis.
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L'impérialisme américain au coeur des contradictions de la décomposition
L'évolution de la politique impérialiste américaine depuis 1989 est devenue l'expression la plus dramatique du dilemme actuel de la bourgeoisie.
Durant la guerre du Golfe de 1991, les Etats-Unis pouvaient apparaître, face au développement rapide du chacun pour soi, comme le seul contrepoids en étant encore capables, fouet à la main, de contraindre les autres pays à les suivre. En fait, à l'occasion de cette démonstration écrasante de supériorité militaire en Irak, l'unique super puissance fut capable de porter un coup décisif à la tendance à la formation d'un bloc autour de l'Allemagne, qui avait été ouverte avec l'unification de ce pays. Cependant, six mois seulement après la guerre du Golfe, l'explosion de la guerre en Yougoslavie, venait déjà confirmer que le “nouvel ordre mondial” annoncé par Bush, ne serait pas dominé par les Américains, mais par le “chacun pour soi” rampant. (...)
En février 1998, la puissance américaine, qui, durant la guerre du Golfe avait utilisé les Nations Unies et le Conseil de Sécurité afin que son leadership soit sanctionné par la “communauté internationale”, avait perdu le contrôle de cet instrument à un point tel, qu'elle pouvait être humiliée par l'Irak et ses alliés français et russe[4].
Bien sûr, les Etats-Unis furent capables de surmonter cet obstacle en jetant l'ONU dans les poubelles de l'histoire et en menant, fin 1998, en compagnie de la Grande-Bretagne, l'opération “Lone Ranger” (“Renard du Désert”), dans laquelle ils se sont passés ouvertement de l'avis de toutes les autres puissances concernées, petites ou grandes.
Washington n'a nul besoin de la permission de quiconque pour frapper quand et où il le veut. Mais en menant une telle politique, les états-Unis se placent simplement à la tête d'une tendance qu'ils veulent limiter, celle du chacun pour soi, comme ils avaient momentanément réussi à le faire durant la guerre du Golfe. Pire encore : le signal politique donné par Washington au cours de l'opération “Renard du Désert” s'est retourné contre la cause américaine. Pour la première fois depuis la fin de la guerre du Viêt-nam, la bourgeoisie américaine, dans un contraste marqué avec son partenaire britannique d'aujourd'hui, s'est montrée incapable de présenter un front uni vers l'extérieur alors qu'elle était en situation de guerre. Au contraire, le processus d'“empeachment” contre Clinton s'est intensifié durant les événements : les politiciens américains, plongés dans un véritable conflit interne de politique étrangère, au lieu de désavouer la propagande des ennemis de l'Amérique selon laquelle Clinton avait pris la décision d'intervenir militairement en Irak à cause de motivations personnelles (“Monicagate”), y ont apporté leur crédit. (…)
Le conflit de politique étrangère sous-jacent entre certaines fractions des partis Républicain et Démocrate s'est avéré très destructif, précisément parce que ce “débat” révèle une contradiction insoluble, que la résolution du 12e congrès du CCI formulait ainsi :
- d'une part, s'ils [les Etats-Unis] renoncent à la mise en oeuvre ou à l'étalage de leur supériorité militaire, cela ne peut qu'encourager les pays qui contestent leur autorité à aller encore plus loin dans cette contestation ;
- d'autre part, lorsqu'ils font usage de la force brute, même, et surtout, quand ce moyen aboutit momentanément à faire ravaler les velléités de leurs opposants, cela ne peut que pousser ces derniers à saisir la moindre occasion pour prendre leur revanche et tenter de se dégager de l'emprise américaine.”[5]
Paradoxalement, au temps où l'URSS tête de bloc impérialiste existait encore, les Etats-Unis étaient protégés des pires effets de la décomposition sur leur politique étrangère. (...) Aujourd'hui ils n'ont aucun adversaire assez puissant pour prétendre former son propre bloc impérialiste contre eux. De ce fait il n'y a pas d'ennemi commun, et donc pas de raison pour les autres puissances d'accepter la “protection” et la discipline de l'Amérique. (...)
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Le caractère offensif de la stratégie militaire illustre l'irrationalité de plus en plus grande des relations impérialistes
Face à la montée irrésistible du chacun pour soi, les Etats-Unis n'ont d'autre choix que de mener en permanence une politique militaire offensive. Ce n'est pas un ennemi plus faible que Washington [???], mais la puissance américaine elle-même, qui est de plus en plus obligée d'intervenir militairement de façon régulière pour défendre ses positions (ce qui, normalement, caractérise une puissance plus faible et dans une situation plus désespérée).
Le CCI avait déjà souligné cet aspect lors de son 9e congrès :
“... Par certains côtés, la situation présente des Etats-Unis s'apparente à celle de l'Allemagne avant les deux guerres mondiales. Ce dernier pays, en effet, a essayé de compenser ses désavantages économiques (...) en bouleversant le partage impérialiste par la force des armes. C'est pour cela que, lors des deux guerres, il a fait figure ‘d'agresseur’ puisque les puissances mieux loties n'étaient pas intéressées à une remise en cause des équilibres. (...) Tant qu'existait le bloc de l'Est (...) les Etats-Unis n'avaient pas besoin, à priori, de faire un usage important de leurs armes puisque l'essentiel de la protection accordée à leurs alliés était de nature défensive (bien qu'au début des années 1980, les Etats-Unis aient engagé une offensive générale contre le bloc russe). Avec la disparition de la menace russe, ‘l'obéissance’ des autres grands pays avancés n'est plus du tout garantie (c'est bien pour cela que le bloc occidental s'est désagrégé). Pour obtenir une telle obéissance, les Etats-Unis ont désormais besoin d'adopter une démarche systématiquement offensive sur le plan militaire (...) qui s'apparente donc à celle de l'Allemagne par le passé. La différence avec la situation du passé, et elle est de taille, c'est qu'aujourd'hui ce n'est pas une puissance visant à modifier le partage impérialiste qui prend les devants de l'offensive militaire, mais au contraire la première puissance mondiale, celle qui pour le moment dispose de la meilleure part du gâteau.”[6]
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Le chacun pour soi : une tendance dominante aujourd'hui
(...) En tirant un bilan des deux dernières années, l'analyse détaillée des événements concrets confirme le cadre posé par le rapport et la résolution du 12e congrès du CCI :
1) Le défi ouvert que représente l'arme nucléaire possédée par l'Inde et le Pakistan, est un exemple qui, de façon presque certaine, sera suivi par d'autres puissances, et qui accroît considérablement le risque de l'emploi de bombes atomiques.
2) L'agressivité militaire croissante de l'Allemagne, libérée de la discipline de fer des blocs impérialistes, est un exemple qui sera suivi par le Japon, autre grande puissance, elle aussi sous la coupe du bloc US après 1945.
3) L'accélération terrifiante du chaos et de l'instabilité en Russie, sont aujourd'hui l'expression la plus caricaturale de la décomposition et le centre le plus dangereux de toutes les tendances vers la dissolution de l'ordre bourgeois mondial.
4) La résistance persistante de Netanyahou à la Pax Americana au Moyen-Orient et le fait que l'Afrique devienne une terre de massacres, sont d'autres exemples confirmant que :
- les tendances dominantes dans les tensions impérialistes après 1989 sont le chaos et le chacun pour soi ;
- au centre de cette tendance dominante, il y a la contestation de l'hégémonie de la seule superpuissance, les Etats-Unis, et de ses actions militaires violentes de plus en plus nombreuses ;
- cette dynamique ne peut être comprise qu'en la replaçant dans le contexte de la décomposition ;
- cette tendance, ne gomme en aucune façon, la tendance vers la formation de nouveaux blocs qui aujourd'hui, en tant que tendance secondaire mais bien réelle, est un des principaux facteurs qui attisent les flammes de la guerre et du chaos.
- l'aggravation de la crise économique du capitalisme décadent est elle-même un facteur puissant d'exacerbation des tensions, sans qu'il faille cependant établir un lien mécanique entre les deux, ou prêter à ces conflits un caractère de rationalité économique ou historique. (...)
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La décomposition de la bourgeoisie aggrave les tensions et le chacun pour soi
Avec la perte de vue de tout projet concrètement réalisable, mis à part celui de “sauver les meubles” face à la crise économique, l'absence de perspective de la bourgeoise tend à mener à une perte de vue des intérêts de l'Etat ou du capital national dans son ensemble.
La vie politique de la bourgeoisie (des différentes fractions ou cliques) dans les pays les plus faibles, tend à se réduire à la lutte pour le pouvoir ou simplement pour pouvoir survivre. Cela devient un obstacle énorme à l'établissement d'alliances stables ou à une politique étrangère cohérente, laissant la place au chaos, à l'imprévisible et même à la folie dans les relations entre Etats.
L'impasse du système capitaliste mène à l'éclatement de certains Etats qui furent créés tardivement dans la décadence du capitalisme, sur des bases malsaines (comme l'URSS ou la Yougoslavie) ou avec des frontières artificielles comme en Afrique, menant à l'apparition de guerres visant à redessiner les frontières.
A cela, vient s'ajouter l'aggravation de tensions d'ordre racial, ethnique, religieux, tribal ou autre, un aspect très important de la situation mondiale actuelle.
Une des tâches les plus progressistes du capitalisme ascendant fut de remplacer les fragmentations religieuses ou ethniques de l'humanité par de grandes unités centralisées au niveau national (le melting pot américain, l'unité nationale des catholiques et protestants en Allemagne ou des populations de langue française et italienne en Suisse). Mais même en ascendance, la bourgeoisie fut incapable de surmonter ses divisions qui remontaient à la période d'avant le capitalisme. Alors que les génocides, les divisions et les lois ethniques étaient à l'ordre du jour dans les régions non capitalistes où le système se développait, de tels conflits ont survécu au coeur même du capitalisme (Cf. l'Ulster). Bien que la bourgeoisie prétende que l'holocauste contre les Juifs fut unique dans l'histoire moderne et qu'elle accuse de façon mensongère la Gauche communiste parce qu'elle “excuserait” ce crime, le capitalisme décadent en général, la décomposition en particulier, constituent la période des génocides et des “nettoyages ethniques”. Ce n'est qu'avec la décomposition que tous ces conflits récents ou anciens, qui apparemment n'ont rien à voir avec la “rationalité” de l'économie capitaliste, atteignent une explosion généralisée – ils sont le résultat de l'absence totale d'une perspective bourgeoise. L'irrationalité est une des caractéristiques marquantes de la décomposition. Aujourd'hui, nous n'avons pas seulement des intérêts stratégiques concrètement divergents, mais également le caractère absolument insoluble de ces conflits innombrables. (...) La fin du 20e siècle justifie le mouvement marxiste qui au début du siècle, contre le Bund en Russie, montra que la seule solution progressiste à la question juive en Europe était le révolution mondiale ou ceux qui plus tard montrèrent qu'il ne pouvait pas y avoir de formation progressiste d'Etats-nations dans les Balkans. (...)
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L’absence d’une division stable et réaliste du monde après 1989 attise le chacun pour soi
En plus de la supériorité américaine sur ses rivaux, il existe un autre facteur stratégique, en lien direct avec la décomposition, expliquant la prédominance actuelle du chacun pour soi : l’effondrement du Bloc russe sans défaite militaire. Jusqu'à présent, historiquement, la redivision du monde à travers la guerre impérialiste avait été la précondition à la formation de nouveaux blocs, comme on l’a vu après 1945. (...) De cet effondrement sans guerre il résulte que :
- un tiers de la planète, celui de l'ex-bloc de l’Est, est devenu une zone sans maître, une pomme de discorde entre les puissantes restantes ;
- les principales positions stratégiques des puissances de l'ex-bloc de l’Ouest dans le reste du monde après 1989 ne représentaient en aucune façon le véritable rapport de forces impérialiste entre elles, mais plutôt l’ancienne division du travail contre le Bloc russe.
Cette situation, en laissant complètement ouvertes les zones d’influence des plus et moins grandes puissances, et généralement de façon non satisfaisante, est un énorme encouragement au chacun pour soi, à une ruée non organisée en vue de positions et de zones d’influence.
Le principal alignement impérialiste entre les puissances européennes “nanties” et les plus dépourvues, qui a dominé la politique mondiale entre 1900 et 1939, était le produit de décennies voire même de siècles de développement capitaliste. L’alignement de la guerre froide a été pour sa part le résultat de plus d’une décennie de confrontations guerrières les plus aiguës et profondes entre les grandes puissances, du tout début des années 1930 jusqu'à 1945.
À l’opposé, l’effondrement de l’ordre mondial de Yalta est intervenu du jour au lendemain sans résoudre aucune des grandes questions des rivalités impérialistes posées par le capitalisme -excepté celle du déclin irréversible de la Russie.
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La confrontation impérialiste en dehors du corset des blocs : une exception mais pas une complète nouveauté
Le seul “ordre mondial” impérialiste possible dans la décadence est celui des blocs impérialistes en vue de la guerre mondiale.
Dans le capitalisme décadent, il existe une tendance naturelle vers une bipolarisation impérialiste du monde, tendance qui ne peut être reléguée au second plan que lors de circonstances exceptionnelles, habituellement liées aux rapports de forces de classe entre la bourgeoisie et le prolétariat. Ce fut le cas après le 1re guerre mondiale jusqu'à la venue au pouvoir d'Hitler en Allemagne. Cette situation était le produit de la vague révolutionnaire mondiale qui a contraint la bourgeoisie d’abord à arrêter la guerre avant qu’elle n'aille jusqu'au bout de sa logique (c'est-à-dire la défaite totale de l’Allemagne qui aurait ouvert la voie à la formation de nouveaux blocs à l’intérieur du camp victorieux –probablement dirigés par la Grande-Bretagne et par les Etats-Unis), et qui l’a obligée ensuite, après la guerre, à collaborer pour sauver son système face à la menace prolétarienne. Ainsi, une fois le prolétariat battu et l’Allemagne remise de son épuisement, la 2e guerre mondiale a mis aux prises les mêmes principaux protagonistes que la première.
De façon évidente, aujourd’hui, les facteurs qui agissent contre la tendance à la bipolarité sont plus forts que dans les années 1920, où ils furent submergés par la formation de blocs en moins d’une décennie. Aujourd’hui, non seulement la suprématie évidente des États-unis, mais aussi la décomposition peuvent bien empêcher à jamais la formation de nouveaux blocs.
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La tendance vers les blocs et la montée en puissance de l’Allemagne.
La décomposition est un énorme facteur favorisant le chacun pour soi. Mais elle n’élimine pas la tendance à la formation des blocs. Nous ne pouvons pas non plus prétendre théoriquement que la décomposition en tant que telle rend la formation de blocs impossible par principe. (...)
Ces deux considérations bourgeoises, la poursuite des ambitions impérialistes et la limitation de la décomposition, ne sont pas toujours et nécessairement opposées. En particulier, les efforts de la bourgeoisie allemande pour établir les premières fondations d’un éventuel bloc impérialiste en Europe de l’Est et pour stabiliser plusieurs des pays de cette zone contre le chaos, sont plus souvent complémentaires que contradictoires.
Nous savons aussi que le chacun pour soi et la formation de blocs ne sont pas dans l’absolu contradictoires, que les blocs ne sont que la forme organisée du chacun pour soi dans le but de canaliser une explosion unique de toutes les rivalités impérialistes refoulées.
Nous savons que le but à long terme des Etats-Unis, rester la puissance mondiale la plus forte, est un projet éminemment réaliste. Pourtant, dans la poursuite de ce but, ils sont empêtrés dans des contradictions insolubles. Pour l’Allemagne, c’est exactement le contraire : tandis que son projet à long terme d’un bloc mené par elle pourrait peut-être ne jamais se réaliser, sa politique concrète dans cette direction se révèle extrêmement réaliste. Nous avons souvent remarqué que les Etats-Unis et l’Allemagne sont les seules puissances qui aujourd’hui peuvent avoir une politique étrangère cohérente. A la lumière des récents événements, cela semble être plus le cas pour l’Allemagne que pour les Etats-Unis. (...)
L’alliance avec la Pologne, les avancées dans la péninsule balkanique, la réorientation de ses forces armées vers des interventions militaires sur des théâtres extérieurs, sont des pas dans la direction d’un futur bloc allemand. De petits pas, il est vrai, mais suffisants pour inquiéter considérablement la superpuissance mondiale. (...)
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La crédibilité du marxisme
Toutes les organisations communistes ont expérimenté l’extrême difficulté depuis 1989 de convaincre la plupart des ouvriers de la validité de l’analyse marxiste des conflits impérialistes. Il y a deux raisons principales à cette difficulté. La première est la situation objective du chacun pour soi et le fait que les conflits d’intérêts des grandes puissances sont aujourd’hui, contrairement à la période de la Guerre Froide, encore largement cachés. L’autre raison cependant est que la bourgeoisie, avec son équation systématique identifiant le stalinisme avec le communisme, a été capable de présenter comme “marxiste” une vision complètement caricaturale de la guerre qui serait menée uniquement pour remplir les poches de quelques capitalistes cupides. Depuis 1989, la bourgeoisie a bénéficié énormément de cette falsification afin de semer la confusion la plus incroyable. Pendant la guerre du Golfe, la bourgeoisie elle-même a propagé la mystification pseudo-matérialiste d’une guerre “pour le prix du pétrole” afin de cacher le conflit sous-jacent entre les grandes puissances.
A l’opposé de cela, les organisations de la Gauche communiste (le BIPR et les groupes “bordiguistes”) ont exposé résolument les intérêts impérialistes des puissances impérialistes dans la tradition de Lénine et Rosa Luxemburg. Mais ils ont parfois mené ce combat avec des armes insuffisantes, en particulier avec une vision réductionniste, exagérant les motifs immédiats économiques de la guerre impérialiste moderne. Cela affaiblit l’autorité de l’argumentation marxiste. (...) Mais, en outre, cette approche “économiste” tombe dans la propagande de la bourgeoisie, comme le montre le cas de la CWO qui, sur base d'une telle approche, croit à une certaine réalité du “processus de paix” en Irlande.
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Le caractère global de la guerre impérialiste
Tout le milieu prolétarien partage la compréhension que la guerre impérialiste est le produit des contradictions du capitalisme, ayant en dernière analyse une cause économique. Mais chaque guerre qui a lieu dans une société de classe a aussi, et c'est un aspect important, une dimension stratégique, avec une dynamique interne propre. Hannibal marcha dans le nord de l’Italie avec ses éléphants, non pas pour ouvrir une route commerciale à travers les Alpes, mais comme moyen d'une stratégie militaire dans les guerres puniques “mondiales” entre Carthage et Rome pour la domination de la Méditerranée.
Avec l’avènement de la concurrence capitaliste, il est vrai que la cause économique de la guerre devient plus prononcée : c'est clair pour les guerres coloniales de conquête et les guerres nationales d’unification du siècle dernier. Mais la création du marché mondial et la division de la planète entre les nations capitalistes donnent aussi à la guerre, à l’époque de l’impérialisme, un caractère global et donc ainsi plus politique et stratégique, et cela à une échelle encore inconnue dans l’histoire. C’est déjà clairement le cas pour la 1re guerre mondiale. La cause fondamentale de cette guerre est strictement économique : les limites de l’expansion du marché mondial étaient atteintes relativement aux besoins du capital existant accumulé, signant l’entrée du système dans sa phase de décadence. Cependant, ce n’est pas “la crise cyclique de l’accumulation” économique en tant que telle (suivant l'idée du BIPR) qui a conduit à la guerre impérialiste en 1914, mais le fait que toutes les zones d’influence étaient déjà partagées, de sorte que les “derniers arrivés” ne pouvaient s’étendre qu’au détriment des puissances déjà établies. La crise économique en tant que telle était beaucoup moins brutale que celle par exemple des années 1870. En réalité, ce fut plus la guerre impérialiste qui annonça la future crise économique mondiale du capitalisme décadent en 1929, que le contraire.
De la même façon, la situation économique immédiate de l’Allemagne, la principale puissance poussant à un repartage du monde, était loin d’être critique en 1914 –entre autres parce qu’elle avait encore accès aux marchés de l’Empire britannique et d’autres puissances coloniales. Mais cette situation plaçait l’Allemagne, politiquement, à la merci de ses principaux rivaux. Le but principal de la guerre pour l’Allemagne était donc, non pas la conquête de tel ou tel marché, mais de briser la domination britannique des océans : d’une part au moyen d'une flotte de guerre allemande et d'un chapelet de colonies et de bases navales à travers le monde, et d’autre part, à travers une route terrestre vers le Moyen-Orient et l’Asie via notamment les Balkans. Déjà à cette époque, les troupes allemandes furent envoyées dans les Balkans à la poursuite de ces buts globaux stratégiques beaucoup plus qu’à cause du simple marché yougoslave. Déjà à cette époque, la lutte pour contrôler certaines matières premières clés ne furent qu’un moment dans la lutte généralisée pour la domination du monde.
Nombre d'opportunistes dans la 2e et 3e Internationale –et les partisans du “socialisme dans un seul pays”– utilisèrent un tel point de vue partiel, et en dernière analyse national, afin de nier “les ambitions économiques et donc impérialistes” de... leur propre pays. La Gauche marxiste, au contraire fut capable de défendre cette vision globale parce qu’elle comprit que l’industrie capitaliste moderne ne peut survivre sans marchés, matières premières, produits agricoles, moyens de transports et force de travail à sa disposition. (...) A l’époque impérialiste, où l’économie mondiale dans son ensemble forme un tout compliqué, les guerres locales ont non seulement des causes globales mais font toujours partie d’un système international de lutte pour la domination du monde. C’est pourquoi Rosa Luxemburg avait raison quand elle écrivait dans la Brochure de Junius que tous les Etats, grands ou petits, étaient devenus impérialistes. (...)
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Le caractère irrationnel de la guerre impérialiste
“La décadence de la société capitaliste trouve son expression éclatante dans le fait que, alors que les guerres avaient auparavant en vue le développement économique (période ascendante), aujourd’hui, l’activité économique se restreint essentiellement en vue de la guerre (période décadente). Cela ne signifie pas que la guerre soit devenue le but de la production capitaliste, le but restant toujours pour le capitalisme la production de la plus-value mais cela signifie que la guerre, prenant un caractère de permanence, est devenue le mode de vie du capitalisme décadent”. (“Rapport sur la Situation Internationale de la Gauche Communiste de France”, juillet 1945).
Cette analyse développée au sein de la Gauche communiste, représente un approfondissement supplémentaire de notre compréhension des conflits impérialistes : non seulement les buts économiques de la guerre impérialiste sont globaux et politiques, mais ils deviennent eux-mêmes dominés par des questions de stratégie et de “sécurité” militaires. Alors qu’au début de la décadence, la guerre était encore plus ou moins au service de l’économie, avec le passage du temps, la situation s’est renversée, l’économie est de façon croissante au service de la guerre. Un courant comme le BIPR, enraciné dans la tradition marxiste, est tout à fait conscient de cela : “... Nous devons clairement réitérer un élément de base de la pensée dialectique marxiste : quand les forces matérielles créent une dynamique vers la guerre, c’est cela qui devient la référence centrale pour les politiciens et les gouvernements. La guerre est menée pour vaincre : les amis et les ennemis sont choisis sur cette base.”
Et ailleurs dans le même article : “... il reste alors pour le leadership politique et l’armée d’établir la direction politique de chaque Etat selon un impératif unique : une estimation de comment accomplir une victoire militaire parce que cela dorénavant l’emporte sur la victoire économique.” (“Fin de la Guerre froide : nouvelle étape vers un nouvel alignement impérialiste”, Communist Review n° 10)
Ici nous sommes loin du pétrole du Golfe et des marchés yougoslaves. Mais malheureusement, cette compréhension n’est pas ancrée dans une théorie cohérente de l’irrationalité économique du militarisme aujourd’hui.
Par ailleurs, l'identification entre les tensions économiques et les antagonismes militaires conduit à une myopie en ce qui concerne la signification de l'Union européenne et de la monnaie unique, considérées par le BIPR comme le noyau d'un futur bloc continental. (...)
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“L'Euroland” n’est pas un bloc impérialiste
Jusqu’aux années 1990, la bourgeoisie n’a pas trouvé d’autre moyen de coordonner ses politiques économiques entre les Etats-nations – dans une tentative de maintenir la cohésion du marché mondial face à la crise économique permanente – que le cadre des blocs impérialistes. Dans ce contexte, la nature du bloc de l’Ouest pendant la Guerre froide, composé de toutes les puissances économiques leaders, était particulièrement favorable à la gestion internationale de la crise ouverte du capitalisme, permettant pendant longtemps d’empêcher la dislocation du commerce mondial qui eut lieu pendant les années 1930. Les circonstances de l’ordre impérialiste mondial après 1945, qui ont duré près d’un demi siècle, pouvaient ainsi donner l’impression que la coordination de la politique économique et l’endiguement des rivalités commerciales entre Etats grâce à l'existence de certaines règles et limites, constitue la fonction spécifique des blocs impérialistes.
Après 1989, cependant, quand les blocs impérialistes disparurent, la bourgeoisie des grands pays fut capable de trouver de nouveaux moyens de coopération économique internationale pour gérer la crise tandis qu’au niveau impérialiste la lutte de tous contre tous est rapidement passée au premier plan.
La situation a été parfaitement illustrée par l’attitude des Etats-Unis qui, au niveau impérialiste résistent massivement à tout mouvement vers une alliance militaire des Etats européens, mais qui, au niveau économique (après quelques hésitations initiales) soutiennent et même tirent avantage de l’Union européenne et du projet de l'Euro.
Pendant la Guerre froide, “le processus d’intégration européenne” était d’abord et avant tout un moyen de renforcer la cohésion du bloc US en Europe occidentale contre le Pacte de Varsovie. Si l’Union européenne a survécu au démantèlement du bloc occidental, c’est surtout parce qu'elle a assumé un nouveau rôle en tant que pôle de stabilité économique ancré au coeur de l’économie mondiale.
En ce sens, la bourgeoisie a appris des années passées à opérer une certaine séparation entre les questions de coopération économique (la gestion de la crise) et celles des alliances impérialistes. Et la réalité aujourd’hui montre que si la lutte chacun pour soi domine au niveau impérialiste ce n'est pas le cas au niveau économique. Mais si la bourgeoisie est capable de faire une telle distinction, c'est uniquement parce les deux phénomènes sont distincts, même si pas complètement séparés : en réalité “l'Euroland” illustre parfaitement que les intérêts stratégiques impérialistes et le commerce mondial des Etats-nations ne sont pas identiques. L’économie des Pays-Bas par exemple, est fortement dépendante du marché mondial en général et de l’économie allemande en particulier. C’est la raison pour laquelle ce pays a été l’un des plus chauds partisans au sein de l’Europe de la politique allemande envers une monnaie commune. Au niveau impérialiste au contraire, la bourgeoisie néerlandaise, précisément à cause de sa proximité géographique de l’Allemagne, s’oppose aux intérêts de son puissant voisin chaque fois qu’elle le peut, et elle constitue un des alliés les plus loyaux des Etats-Unis sur le continent. Si “l’Euro” était d’abord et avant tout une pierre angulaire d’un futur bloc allemand, La Haye serait la première à s’y opposer. Mais en réalité, la Hollande, la France et d’autres pays qui craignent la résurgence impérialiste de l’Allemagne, soutiennent la monnaie unique précisément parce qu’elle ne menace pas leur sécurité nationale, c'est-à-dire leur souveraineté militaire.
A l’opposé d’une coordination économique, basée sur un contrat entre Etats bourgeois souverains (sous la pression de contraintes économiques données et des rapports de forces, évidemment) un bloc impérialiste est un corset de fer imposé sur un groupe d’Etats par la suprématie militaire d’un pays leader et tenus ensemble par une volonté commune de détruire l’alliance militaire opposée. Les blocs de la Guerre froide n’ont pas surgi à travers des accords négociés : ils ont été le résultat de la 2e guerre mondiale. Le bloc de l’Ouest est né parce que l’Europe occidentale et le Japon étaient occupés par les Etats-Unis alors que l’Europe de l’Est avait été envahie par l’URSS.
Le bloc de l’Est ne s’est pas effondré à cause d’une modification de ses intérêts économiques et de ses alliances commerciales, mais parce que le leader, qui tenait le bloc ensemble par la force et le sang, n’a plus été en mesure d’assumer cette tâche. Et le bloc de l’Ouest – qui était plus fort et qui ne s’est pas effondré – est mort simplement parce que l’ennemi commun avait disparu. Comme l’a écrit un jour Winston Churchill, les alliances militaires ne sont pas le produit de l’amour mais de la peur : la peur de l’ennemi commun.
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L’Europe au coeur non d’un nouveau bloc mais du chacun pour soi
L’Europe et l’Amérique du Nord sont les deux centres principaux du capitalisme mondial. Les Etats-Unis, en tant que puissance dominante de l’Amérique du Nord, étaient destinés par leur dimension continentale, par leur situation à une distance de sécurité des ennemis potentiels en Europe et en Asie et par leur force économique, à devenir la puissance leader dans le monde.
Au contraire, la position économique et stratégique de l’Europe l’a condamnée à devenir et à rester le principal foyer de tensions impérialistes dans le capitalisme décadent. Champ de bataille principal dans les deux guerres mondiales et continent divisé par le “rideau de fer” pendant la Guerre froide, l’Europe n’a jamais constitué une unité et sous le capitalisme elle ne la constituera pas.
A cause de son rôle historique comme berceau du capitalisme et de sa situation géographique comme demi-péninsule de l’Asie s’étendant jusqu’au nord de l’Afrique, l’Europe au 20e siècle est devenue la clé de la lutte impérialiste pour la domination mondiale. En même temps, entre autres à cause de sa situation géographique, l’Europe est particulièrement difficile à dominer sur le plan militaire. La Grande-Bretagne, même au temps où elle “régnait sur les mers”, a dû se débrouiller pour surveiller l’Europe à travers un système compliqué de “rapports de forces”. Quant à l’Allemagne sous Hitler, même en 1941, sa domination du continent était plus apparente que réelle, dans la mesure où la Grande-Bretagne, la Russie et l’Afrique du Nord étaient entre des mains ennemies. Même les Etats-Unis, au plus fort de la Guerre froide, n’ont jamais réussi à dominer plus de la moitié du continent. Ironiquement, depuis leur “victoire” sur l’URSS, la position des Etats-Unis en Europe s’est considérablement affaiblie, avec la disparition de “l’Empire du Mal”. Bien que la superpuissance mondiale maintienne une présence militaire considérable sur le vieux continent, l’Europe n’est pas une zone sous-développée qui peut être contrôlée par une poignée de baraquements de GIs : des pays industriels du G7 sont européens.
En fait, tandis que les Etats-Unis peuvent, pratiquement à leur gré, manoeuvrer militairement dans le Golfe persique, le temps et l’effort imposés à Washington pour imposer sa politique dans l'ex-Yougoslavie, révèlent la difficulté actuelle pour la seule superpuissance restante de maintenir une présence décisive à 5000 kilomètres de son territoire.
Non seulement les conflits dans les Balkans ou le Caucase sont directement reliés à la lutte pour le contrôle de l’Europe, mais également ceux en Afrique et au Moyen-Orient. Le nord de l’Afrique constitue le rivage sud du bassin méditerranéen, sa côte nord-est (particulièrement “la Corne”) domine l’approche au canal de Suez, le sud de l’Afrique, les routes maritimes du sud entre l’Europe et l’Asie. Si Hitler, malgré l’étirement de ses ressources militaires en Europe, envoya Rommel en Afrique, c’est surtout parce qu’il savait qu’autrement l’Europe ne pouvait être contrôlée.
Ce qui est vrai pour l’Afrique l’est d’autant plus pour le Moyen-Orient, le point névralgique où l’Europe, l’Asie et l’Afrique se rencontrent. La domination du Moyen-Orient est l’un des principaux moyens par lequel les Etats-Unis peuvent rester une puissance décisive “européenne” et globale (d’où l’importance vitale de la “Pax Americana” entre Israël et les Palestiniens pour Washington).
L’Europe est aussi la raison principale pour laquelle Washington, depuis plus de 8 ans, a fait de l’Irak son point d’achoppement des crises internationales : en tant que moyen de diviser les puissances européennes. Tandis que la France et la Russie sont les alliés de l’Irak, la Grande-Bretagne est l’ennemi “naturel” du régime actuel à Bagdad, alors que l’Allemagne est plus proche des rivaux régionaux de l’Irak comme la Turquie et l’Iran.
Mais si l’Europe est le centre des tensions impérialistes aujourd’hui, c’est surtout parce que les principales puissances européennes ont des intérêts militaires divergents. On ne doit pas oublier que les deux guerres mondiales ont commencé d’abord comme des guerres entre les puissances européennes –tout comme les guerres des Balkans dans les années 1990. (...)
[1] Voir “Europe de l'Est, les armes de la bourgeoisie contre le prolétariat”, Revue Internationale n°34, 3e trimestre 1983.
[2] Voir “La décomposition du capitalisme”, Revue Internationale n°57, 2e trimestre 1989.
[3] Voir “La décomposition, phase ultime de la décadence du capitalisme”, Revue Internationale n° 62, 3e trimestre 1990.
[4] Voir “Irak, un revers des Etats-Unis qui renforce les tensions guerrières”, Revue Internationale n° 93, 2e trimestre 1998.
[5] Revue Internationale n°90, page 7.
[6] “Rapport sur la situation internationale”, Revue Internationale n°67, 4e trimestre 1991.