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“Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n’est pas les hauts fourneaux de Florange, c’est Mittal”. “Nous ne voulons plus de Mittal en France parce qu’ils n’ont pas respecté la France” (1. Le ministre du Redressement productif, excusez du peu, a dernièrement bombé le torse face à la famille indienne Mittal, propriétaire du site sidérurgique ArcelorMittal de Florange, où près de 500 salariés risquent d’être bientôt jetés à la rue. Arnaud Montebourg a même été jusqu’à “menacer” ces “patrons-voyous” de nationaliser l’usine.
Disons-le tout net : il s’agit là d’une véritable arnaque contre la classe ouvrière ! D’abord, en braquant les projecteurs sur le seul site de Florange, une ombre gigantesque est jetée sur les plans de licenciements incessants qui tombent partout ailleurs, comme le prouve la hausse continuelle et spectaculaire du chômage. Ensuite, les 500 salariés d’ArcelorMittal sont aujourd’hui baladés de promesses en promesses pour mieux être abandonnés à leur triste sort demain. Enfin, leur défaite sera d’autant plus cuisante qu’ils seront isolés face à la propagande gouvernementale qui en aura fait un cas spécifique, coupé de leurs frères de classe pourtant victimes, hier, aujourd’hui ou demain, des mêmes attaques.
“Ministre du Redressement productif” ! Ce titre fait penser aux noms donnés par George Orwell aux ministères dans son magnifique roman d’anticipation, 1984. Dans cet ouvrage, le “ministère de la Paix” s’occupe en fait de la guerre ; le “ministère de la Vérité” est celui de la propagande et du mensonge ; le “ministère de l’Amour” s’occupe de la torture et le “ministère de l’Abondance” organise la famine. Dans le monde réel, le “ministère du Redressement productif” orchestre les vagues de licenciements massifs afin que ce fléau engendre le moins de résistance ouvrière possible.
Et il ne s’agit pas là de mettre en cause Arnaud Montebourg ou qui que ce soit d’autre. Les ministres, de gauche ou de droite, d’extrême-gauche ou d’extrême-droite, dans tous les pays, font toujours ce que leur fonction exige : défendre l’Etat et la nation… capitalistes ! Là est le cœur du problème, là est le plus grand mensonge de toute la propagande actuelle. A travers tout ce bruit médiatico-politique sur la “menace” de nationalisation, la bourgeoisie aimerait nous faire croire que l’Etat peut protéger les salariés. Mensonges ! L’Etat est le pire des patrons ! Qui, sous le nom de “réformes”, mène sans cesse des attaques générales contre nos conditions de vie ? Qui réduit continuellement l’accès aux soins, augmente l’âge de départ à la retraite et diminue les pensions ? Qui a rendu impossible la vie aux chômeurs en les culpabilisant, en les radiant massivement des statistiques officielles et en restreignant drastiquement leurs droits ? Et qui s’apprête à cogner encore plus dur sur nos têtes ? L’Etat, toujours l’Etat et encore l’Etat !
Quant aux nationalisations pour le bien-être des ouvriers, parlons-en ! Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’importante vague de nationalisations avait pour objectif de remettre sur pied l’appareil productif détruit en augmentant les cadences de travail. Rappelons-nous les paroles de Maurice Thorez, secrétaire général du Parti “communiste” français, alors vice-président du gouvernement dirigé par Charles De Gaulle : “Si des mineurs doivent mourir à la tâche, leurs femmes les remplaceront”, “Retroussez vos manches pour la reconstruction nationale !” “La grève est l’arme des trusts”. Bienvenue dans le monde merveilleux des entreprises nationalisées !
“L’Etat moderne, quelle qu’en soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste : l’Etat des capitalistes, le capitaliste collectif idéal. Plus il fait passer de forces productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste collectif en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent des salariés, des prolétaires. Le rapport capitaliste n’est pas supprimé, il est au contraire poussé à son comble” (F. Engels en 1878). L’Etat, ce Moloch capitaliste, est viscéralement anti-prolétarien ; l’émancipation de l’humanité passe par sa destruction.
Pawel (3 décembre)
1) Les Échos du lundi 26 novembre.