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En avant-première mondiale, le CCI va ici vous révéler un scoop exclusif. Le soir du 6 mai, à 20 heures pétantes, le visage du vainqueur des élections présidentielles françaises qui s’affichera sur tous vos écrans de télé sera celui de… la bourgeoisie.
Quel que soit l’élu, de gauche ou de droite, le gouvernement mis en place va implacablement attaquer nos conditions de vie et de travail au nom de l’intérêt du capital national français. Toutes les promesses de cette campagne, toutes sans exceptions, vont s’envoler et le programme qui sera réellement appliqué portera pour nom Austérité. Réduction des effectifs des fonctionnaires, baisse des pensions de retraites, détérioration des droits des chômeurs et de l’accès aux soins, aggravation de la précarité et de la flexibilité sur le marché du travail, hausse des prix…
Entre la droite et la gauche, seuls les discours changent, les actes, eux, restent les mêmes. Hollande voudrait aujourd’hui nous faire croire que voter pour lui, ce serait mettre fin à la politique liberticide, raciste et brutale de “la clique à Sarko”. Les petites phrases des Guéant, Hortefeux et consorts sont en effet abjectes et insupportables. Et les envies de passer un grand coup de Kärcher dans la salle du Fouquet’s sont tout à fait compréhensibles. Mais il ne faut pas oublier qui sont réellement les socialistes :
Sous l’ère mitterrandienne, ont régné la désindustrialisation, les licenciements massifs et la hausse du chômage. Jamais l’Etat n’a autant privatisé pour supprimer des postes qu’avec Jospin Premier ministre !
Dans les années 1980, la gauche a généralisé le travail précaire en multipliant les petits boulots (par exemple les TUC), a propulsé dans la misère les RMIstes, fabriqué des SDF…
La gauche a “perfectionné” la politique anti-immigrés en mettant en place “les charters collectifs pour les expulsions de sans-papiers” au début des années 1990 lorsque Edith Cresson était Premier ministre de Mitterrand.
Les lois promulguées par Pierre Joxe, ministre socialiste de l’Intérieur dans les années 1980, ont permis de fliquer et quadriller les banlieues.
Il n’ont pas hésité à participer à la guerre du Golfe en 1990 (500 000 morts) ou à jouer un rôle sordide dans le génocide rwandais de 1994 (au moins 800 000 morts). Souvenons-nous de ce qu’avait déclaré à l’époque François Mitterrand à un journaliste qui l’interrogeait sur le rôle “obscur” de l’armée française alors en opération “humanitaire” sur ces terres rwandaises : “Dans ces pays-là, un génocide n’est pas trop important”.
Si Hollande est élu, le Parti socialiste ne barrera pas la route à la politique nauséabonde de Sarkozy, il lui emboîtera le pas. Que la droite ou la gauche soit au pouvoir demain, la vie sera plus dure qu’aujourd’hui. Il n’y a aucune illusion à avoir. Pour reprendre une formule crue mais explicite des Indignés d’Espagne : “Izquierda, derecha, ¡la misma mierda!” (“Gauche, droite, la même merde !”).
Et Mélenchon ? Lui qui clame partout “Prenez le pouvoir !” et “Place au Peuple !”, ne pourrait-il pas être la lueur d’espoir dans un coin de ce tableau si noir ? Fort des quelques millions de voix qui vont le soutenir, ne pourrait-il pas à l’avenir “peser dans la balance” en faveur des faibles, des petits et des exploités ? Encore une fois, regardons les actes. Mélenchon a, il est vrai, tout de l’homme anti-système… à condition de fermer les yeux sur son passé ! En tant que socialiste, il a en effet été successivement rien de moins que conseiller municipal de Massy (1983), conseiller général de l’Essonne (1985), sénateur du même département en 1986, 1995 et 2004, ministre de l’Enseignement professionnel de 2000 à 2002 sous Jospin et député européen en 2009 dans la circonscription du Sud-Ouest. Mais, nous dit-il, il a changé (lui aussi !), il a appris de ses erreurs passées (décidément !). Très bien. Qui est son principal soutien politique actuel ? Le PCF ! Le plus chauvin des partis français, celui dont le “F” jette une ombre démesurée sur les deux autres toutes petites lettres qui l’accompagnent… Faut-il rappeler l’épisode du foyer malien rasé à coups de bulldozers le 24 décembre 1980, à Vitry-sur-Seine, sous les ordres de la mairie “communiste” ? Ou l’ordre donné à la police par Fiterman, le ministre des Transports “communiste”, d’évacuer manu militari les cheminots grévistes de la gare Saint-Lazare en 1984, accusés “d’être manipulés par l’extrême droite” ? Comme ses amis staliniens, Mélenchon prétend défendre les exploités, en paroles, pour mieux protéger les intérêts de sa nation, en actes. Comme ses amis staliniens, Mélenchon discourt de “la nécessaire solidarité internationale des peuples” coiffé du bonnet phrygien et en scandant les slogans les plus cocardiers, du “Produisons et consommons français !” au “Soutenons l’industrie française !”. Monsieur Mélenchon peut bien jouer au pipeau l’air de l’Internationale, il suffit de tendre l’oreille pour entendre que les paroles qu’il nous chante sont sans aucun doute celles de la Marseillaise. Il pourrait presque former un chœur avec “les gars de la Marine” (Le Pen)… lui qui pourtant se présente comme le plus grand adversaire du Front national.
Rien de bon ne peut réellement sortir des urnes. Il ne peut pas y avoir de “bons candidats” pour les exploités lors d’une élection organisée par et pour la bourgeoisie. Jamais. La raison en est simple : le capitalisme est en train de sombrer, la crise économique l’entraîne peu à peu vers le fond. Ce système ne peut plus rien apporter à l’humanité, que toujours plus de misère et de guerre. La seule issue possible, c’est de mettre fin à l’exploitation et à la division du monde en nations concurrentes. Aucune élection (1), aucun référendum ne peut mener à un tel résultat. Au contraire, chaque fois que la bourgeoisie nous demande de voter aux élections présidentielles, elle ne nous impose rien d’autre que de choisir celui qui va se mettre à la tête de l’Etat pour faire perdurer ce système, de choisir celui qui défendra au mieux les intérêts capitalistes du pays. Ce n’est donc pas simplement que “gauche-droite, c’est pareil”, mais bien plus profondément que la démocratie ne cherche, à travers ses élections, qu’à maintenir en vie le système capitaliste et les privilèges d’une minorité au détriment de l’écrasante majorité. Comme l’ont affirmé certains Indignés d’Espagne “Lo llaman democracia y no lo es, es una dictadura y no se ve” (“Ils l’appellent démocratie mais ce n’est pas le cas, c’est une dictature mais ça ne se voit pas !”) (2).
WH et Pawel (27 mars)
1) Nous désignons ici évidemment les élections organisées par les Etats dits démocratiques et non celles pouvant avoir lieu au sein d’organes de luttes ouvrières comme, par exemple, les assemblées générales.
2) Lire notre tract international.