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Début mai, des affrontements sanglants ont lieu à l’est du Tchad opposant l’armée tchadienne aux forces rebelles (une coalition de 10 groupes) téléguidées par le Soudan, provoquant en 3 jours des centaines de morts et poussant à l’exode des milliers de réfugiés. Voilà une énième attaque (ou contre-attaque) s’inscrivant dans la longue chaîne des affrontements que se livrent le Tchad et le Soudan par rebelles interposés, alors que les protagonistes venaient à peine de signer un nouvel “accord de paix”, le 3 mai, à Doha (Qatar) sous l’égide de leurs grands parrains impérialistes. En effet, depuis 2005, on ne compte pas moins d’une vingtaine d’attaques et contre-attaques entre cliques sanguinaires causant des centaines de milliers de morts et des millions de populations déplacées (les victimes du Darfour comprises). Il faut réaffirmer qu’il n’y a aucune différence entre les régimes en place et les bandes rebelles, car ce sont tous des criminels assoiffés de sang et de pouvoir et n’ont tous que faire des populations qu’ils massacrent continuellement. Ainsi, avant de devenir “Chef d’Etat”, Monsieur Déby fut, lui aussi, un grand rebelle, comme le souligne d’ailleurs le Monde du 10 mai 2009 : “Idriss Déby, le président tchadien, est arrivé au pouvoir en décembre 1990 à la tête d’une rébellion qui, déjà, partait du Soudan et bénéficiait de l’appui de Khartoum, mais aussi de celui de la Libye et de la France. Au Soudan, un coup d’Etat venait de porter au pouvoir une junte dirigée par le général Al Bachir, dont les islamistes du Front national islamique tiraient les ficelles dans l’ombre. Des années durant, Idriss Déby a dû composer avec des agents soudanais dans son entourage, avant de s’en affranchir progressivement. (…) Certains rebelles du Darfour bénéficient de complicité au sein du pouvoir tchadien, en raison de solidarités ethniques, familiales ou claniques transfrontalières. Le Soudan, par mesure de rétorsion, a accueilli les rebelles professionnels tchadiens et les mécontents du système Déby pour leur donner les moyens de se lancer à l’assaut du pouvoir à N’Djamena et mettre fin, par le vide, à l’appui aux Darfouriens”.
Derrière ces affrontements guerriers entre les rebelles et les régimes de cette région, il y a la main des puissances impérialistes qui les soutiennent sur tous les plans (notamment financier et militaire), celles qui se disputent le contrôle des bandes armées dans le but d’accéder à une certaine influence ou de préserver des intérêts stratégiques et économiques dans cette vaste zone. Et cela s’est particulièrement illustré dans cette nouvelle tuerie.
Certes, avec le soutien décisif de ses alliés, notamment français, le grand criminel Déby a pu repousser fermement l’attaque des rebelles armés par le Soudan et son fournisseur chinois. Mais les “assaillants” ne vont pas tarder à reprendre leur offensive comme l’admet d’ailleurs l’armée française sur place. Cela veut dire clairement qu’il n’y aura pas de répit dans les massacres. Au contraire, ces deux régimes arriérés, mais dont la force réside dans le fait qu’ils sont producteurs de pétrole, vont continuer d’engloutir les ressources de leurs pays respectifs dans les dépenses d’armements dont la Chine et la France sont au premier rang des pays bénéficiaires. Tout cela pendant que les populations de cette zone sont parmi les plus misérables du monde, surtout les plus affectées par les atrocités dues aux conflits permanents dans cette partie du continent. Pourtant, à entendre les autorités françaises (Sarkozy et Kouchner) la France “cherche à trouver une solution politique et humanitaire” au conflit du Darfour et aux troubles de la région (Soudan, Tchad et Centrafrique).
Que de mensonges qui cachent mal la réalité, comme le démontre l’hebdomadaire Marianne du 16 mai 2009 : “Une fois de plus, Bernard Kouchner a volé au secours de Déby, mobilisant le Conseil de sécurité de l’ONU et en recevant en urgence le ministre des affaires étrangères tchadien. (…) La fin de la mission de l’Eufor en mars (une force européenne de stabilisation) dans l’est du Tchad a au moins permis que des bouches s’ouvrent. ‘Les civils manquent toujours autant de protection qu’il y a un an, lors du déploiement de l’Eufor’, se plaint l’organisation Oxfam. Il y a quelques semaines, l’ONU reconnaissait que tout allait de mal en pis, pointant une insécurité croissante et des crimes sexuels de plus en plus nombreux. Cet Eufor fut pourtant présenté par Bernard Kouchner comme un immense succès de la France. Sans mandat politique clair parce qu’Idriss Déby n’en voulait pas, le bilan est atterrant. ‘Grâce à l’Eufor, la France a donc activement contribué à renforcer Déby sans aider les Tchadiens à trouver une solution durable à la crise’ , estime l’organisation International Crisis Group”.
La responsabilité criminelle de premier plan de l’impérialisme français est clairement établie dans la perpétuation de la barbarie guerrière et la misère. C’est d’abord et avant tout la France et ses gouvernements successifs (de gauche comme de droite), l’ancienne puissance coloniale, qui a toujours fait et défait les régimes sanguinaires qui se sont succédés au Tchad depuis bientôt cinquante ans, en les armant ou en les désarmant le cas échéant. Et, comme on vient de l’évoquer, c’est l’impérialisme français qui protège le régime sanguinaire de N’Djamena et ce dernier se doit, à son tour, de veiller à la préservation des intérêts de Paris dans la région et au Tchad en particulier. D’ailleurs, c’est bien cela que la France voulait rappeler en organisant du 22 au 28 avril dernier (tout juste avant l’attaque des rebelles) des grandes manœuvres aériennes et terrestres dans le Moyen-Chari (au sud du Tchad) pour ses 1100 hommes de son dispositif sur place.
Amina (20 mai)