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Nous publions ci-dessous un compte-rendu d'une réunion de discussion qui s'est tenue
à l'université de Bruxelles (VUB) le 19/12 pour discuter des perspectives de la
lutte des étudiants. Cette rencontre organisée par un cercle de discussion
d'étudiants à la VUB, qui organise depuis quelques mois régulièrement des
discussions sur différents thèmes, fait suite à des discussions avec d'autres
étudiants à la manifestation du 6/12 et à une série d'autres actions contre le
plan Vandenbroucke, un plan du ministre flamand de l'enseignement qui prévoit
une restructuration du financement des universités flamandes et qui
suscite beaucoup d'émoi .
Quelques jours avant la manifestation, un élément d'un autre cercle d'étudiants à Anvers
a lancé un appel autour de lui à participer à cette manifestation avec le
slogan : « Non à l'insécurité ! Tous ensemble contre la
pauvreté ! Pour un avenir plus sûr ! Ensemble, on est plus
fort !». Il soulignait le lien entre les mesures prises envers
les étudiants, ces futurs travailleurs, et celles envers les travailleurs,
mesures qui ne promettent qu'un futur de plus en plus incertain et précaire
pour les conditions de vie et de travail de tous. Plusieurs éléments des
cercles s'étaient aussi rendus, le 12 décembre, à une soirée « Debat
financieringsplan Hoger Onderwijs » (débat sur le plan financier
concernant l'enseignement supérieur) organisée par des organisations
estudiantines officielles d'Anvers où ils ont pris une part active dans la
discussion pour dévoiler la signification réelle du plan Vandenbroucke.
Le compte-rendu montre bien comment la discussion du 19 décembre, ouverte à tous,
arrive à tirer les enseignements de ces événements. Nous saluons très fortement
les initiatives prises par ces étudiants et nous les encourageons à les
poursuivre car elles font partie intégrante de la démarche à suivre pour
combattre le système capitaliste qui entraîne de plus en plus l'humanité dans
la misère.
Le 19 décembre 2007, une discussion était organisée en collaboration
avec [le journal étudiant de la VUB] « de Moeial » autour du thème
des ‘manifestations étudiantes'. Cette discussion trouve son origine dans la
manifestation du 6 décembre 2007 contre le plan Vandenbroucke. L'article tente
de donner un aperçu des positions qui s'y sont exprimées.
institutions d'enseignement supérieur ne seront plus financées sur la base du
nombre d'étudiants (financement ‘input') mais sur la base des résultats
(financement ‘output'). Il est difficile de prédire exactement les
conséquences, mais on peut s'attendre à une plus grande rivalité entre
départements. La pression sur le personnel et l'incertitude vont augmenter. On
peut lire l'analyse suivante sur le site de VVS, l'association des étudiants
flamands : « Le ministre veut bientôt financer les universités et
les hautes écoles sur la base des crédits et des diplômes obtenus. Cela met la
qualité de l'enseignement sous pression et rend les groupes sociaux qui ont
moins de chance de progresser, financièrement moins attractifs. Dès lors, les
manifestants exigent que tous les groupes cibles soient reconnus et qu'ils
reçoivent des moyens supplémentaires : en particulier les étudiants
allochtones, ceux avec des parents peu formés et les étudiants provenant de
l'enseignement technique et professionnel. Le fonds d'encouragement pour
l'égalité des chances ne représente avec ses 1% du budget une goutte dans un
océan. Le refus de financer les crédits délibérés va pousser les institutions à
appliquer la tolérance zéro et à refuser de délibérer des notes insuffisantes.
Vandenbroucke ne veut plus financer que quelques formations complémentaires.
Les droits d'inscription des autres formations post-master augmenteront jusqu'à
5400 euros ou même 25000 euros, sans aucune compensation sociale pour les
étudiants boursiers ou pour les chômeurs. De même, celui qui ne termine pas
dans les délais impartis sa formation, aura des problèmes. Il perd son droit
d'inscription et devra payer le double pour arriver à se réinscrire. Le nouveau
décret de financement constitue également une grande menace pour la qualité de
l'enseignement. Près de la moitié du financement de base sera fondé sur les
résultats de recherche. Les professeurs accorderont encore plus d'importance à
la publication d'articles au détriment de leurs tâches d'enseignement. Enfin,
le problème du sous-financement structurel de l'enseignement supérieur en
général et des hautes écoles en particulier, n'est pas résolu. Les formations
artistiques et en sciences humaines sont même menacées dans leur survie ». La division et la concurrence entre étudiants est accrue en leur accordant un ‘poids' différent dans le modèle de financement. Les étudiants dans les sciences ‘inhumaines' (les scientifiques ou les ingénieurs) sont également traités de manière différente. Les étudiants sont isolés, chacun dans son coin : d'après la filière, le background social (allochtone ou autochtone, le diplôme et les revenus des parents), les résultats (réussi ou non et avec quel grade), l'université, la langue, la région. Le gouvernement flamand veut que ses universités soient mieux classées dans les ‘rankings' internationaux et qu'elles puissent mieux engager la concurrence sur le plan international. En France, le gouvernement tente pour le moment de faire passer un plan similaire : la constitution de quelques universités d'élite avec un maximum de moyens et d'autre part des universités ‘poubelles'. Des moments de sélection seront alors organisés, de sorte que seuls les lycéens brillants pourront jouir d'un enseignement de qualité. Les sélections seront dures et les frais d'inscription élevés. Les similitudes entre les situations française et belge sont frappantes. En Flandre aussi, on ne veut plus que financer les universités et les étudiants performants. Aux Pays-Bas, ce type de scénario est déjà depuis longtemps en vigueur dans l'enseignement secondaire. Il y a un manque de professeurs à cause des salaires bas : depuis des années, certaines écoles n'ont plus de prof de maths . Les lycéens veulent des cours pertinents et cela demande plus de profs, non pas plus d'heures de cours. Il n'y a rien de ‘démocratique' à l'enseignement tel qu'il existe : les gens avec plus d'argent peuvent étudier dans de meilleurs lycées et poursuivre leurs études. Les étudiants avec un arrière-fond social moins privilégié ont moins de chances. Et la teneur ‘démocratique' de celui-ci est encore réduite : il ne suffit plus d'être motivé et de disposer de conditions sociales acceptables, il faut encore avoir de l'argent. Comme en France ou aux Pays-Bas, les droits d'inscriptions augmentent en Belgique (En France, ils représentent déjà mille euros et une même augmentation est attendue en Belgique). A la manif, peu de gens savaient ce que le plan Vandenbroucke contenait. Ce n'est pas étonnant: les médias donnent une image confuse du décret et on n'organisa pas de sessions de discussion ou d'information afin de faire prendre conscience du problème. Malgré cela, beaucoup de gens à la manif paraissaient inquiets.
Nous ne sommes pas seuls
La manif étudiante du 6 décembre n'est pas un événement isolé : tandis que les étudiants français manifestaient en 2006 pour dénoncer leur avenir incertain ( lutte contre le décret à propos du Contrat Première embauche, CPE), les étudiants grecs protestaient pendant des mois contre des mesures similaires. Les étudiants français ont réussi à repousser complètement le décret sur le CPE. Aujourd'hui, ils manifestent à nouveau contre un autre décret : celui qui vise à la constitution d'universités d'élite et d'universités ‘poubelles'. Aux Pays-Bas aussi, les lycéens manifestent contre la détérioration de la qualité de leur enseignement. Les restrictions budgétaires du gouvernement flamand ne touchent pas seulement les étudiants, les travailleurs dans les services publics et dans les entreprises voient aussi leur niveau de vie baisser rapidement. Du côté wallon, l'enseignement est encore plus mal en point qu'en Flandre. Il est donc clair que l'austérité du plan Vandenbroucke fait partie d'un problème global. Mais que contient en fait le plan Vandenbroucke ?Le décret
Le décret est un labyrinthe de portes de sortie étendu sur près de neuf cents pages. Il est impossible de faire un bilan précis des conséquences réelles du décret. Seuls les spécialistes du ministère de l'enseignement savent que, d'un point de vue quantitatif, il s'agit d'une rationalisation. Pour nous, c'est la bouteille à encre. Néanmoins, on peut tirer des conclusions générales : lesinstitutions d'enseignement supérieur ne seront plus financées sur la base du
nombre d'étudiants (financement ‘input') mais sur la base des résultats
(financement ‘output'). Il est difficile de prédire exactement les
conséquences, mais on peut s'attendre à une plus grande rivalité entre
départements. La pression sur le personnel et l'incertitude vont augmenter. On
peut lire l'analyse suivante sur le site de VVS, l'association des étudiants
flamands : « Le ministre veut bientôt financer les universités et
les hautes écoles sur la base des crédits et des diplômes obtenus. Cela met la
qualité de l'enseignement sous pression et rend les groupes sociaux qui ont
moins de chance de progresser, financièrement moins attractifs. Dès lors, les
manifestants exigent que tous les groupes cibles soient reconnus et qu'ils
reçoivent des moyens supplémentaires : en particulier les étudiants
allochtones, ceux avec des parents peu formés et les étudiants provenant de
l'enseignement technique et professionnel. Le fonds d'encouragement pour
l'égalité des chances ne représente avec ses 1% du budget une goutte dans un
océan. Le refus de financer les crédits délibérés va pousser les institutions à
appliquer la tolérance zéro et à refuser de délibérer des notes insuffisantes.
Vandenbroucke ne veut plus financer que quelques formations complémentaires.
Les droits d'inscription des autres formations post-master augmenteront jusqu'à
5400 euros ou même 25000 euros, sans aucune compensation sociale pour les
étudiants boursiers ou pour les chômeurs. De même, celui qui ne termine pas
dans les délais impartis sa formation, aura des problèmes. Il perd son droit
d'inscription et devra payer le double pour arriver à se réinscrire. Le nouveau
décret de financement constitue également une grande menace pour la qualité de
l'enseignement. Près de la moitié du financement de base sera fondé sur les
résultats de recherche. Les professeurs accorderont encore plus d'importance à
la publication d'articles au détriment de leurs tâches d'enseignement. Enfin,
le problème du sous-financement structurel de l'enseignement supérieur en
général et des hautes écoles en particulier, n'est pas résolu. Les formations
artistiques et en sciences humaines sont même menacées dans leur survie ». La division et la concurrence entre étudiants est accrue en leur accordant un ‘poids' différent dans le modèle de financement. Les étudiants dans les sciences ‘inhumaines' (les scientifiques ou les ingénieurs) sont également traités de manière différente. Les étudiants sont isolés, chacun dans son coin : d'après la filière, le background social (allochtone ou autochtone, le diplôme et les revenus des parents), les résultats (réussi ou non et avec quel grade), l'université, la langue, la région. Le gouvernement flamand veut que ses universités soient mieux classées dans les ‘rankings' internationaux et qu'elles puissent mieux engager la concurrence sur le plan international. En France, le gouvernement tente pour le moment de faire passer un plan similaire : la constitution de quelques universités d'élite avec un maximum de moyens et d'autre part des universités ‘poubelles'. Des moments de sélection seront alors organisés, de sorte que seuls les lycéens brillants pourront jouir d'un enseignement de qualité. Les sélections seront dures et les frais d'inscription élevés. Les similitudes entre les situations française et belge sont frappantes. En Flandre aussi, on ne veut plus que financer les universités et les étudiants performants. Aux Pays-Bas, ce type de scénario est déjà depuis longtemps en vigueur dans l'enseignement secondaire. Il y a un manque de professeurs à cause des salaires bas : depuis des années, certaines écoles n'ont plus de prof de maths . Les lycéens veulent des cours pertinents et cela demande plus de profs, non pas plus d'heures de cours. Il n'y a rien de ‘démocratique' à l'enseignement tel qu'il existe : les gens avec plus d'argent peuvent étudier dans de meilleurs lycées et poursuivre leurs études. Les étudiants avec un arrière-fond social moins privilégié ont moins de chances. Et la teneur ‘démocratique' de celui-ci est encore réduite : il ne suffit plus d'être motivé et de disposer de conditions sociales acceptables, il faut encore avoir de l'argent. Comme en France ou aux Pays-Bas, les droits d'inscriptions augmentent en Belgique (En France, ils représentent déjà mille euros et une même augmentation est attendue en Belgique). A la manif, peu de gens savaient ce que le plan Vandenbroucke contenait. Ce n'est pas étonnant: les médias donnent une image confuse du décret et on n'organisa pas de sessions de discussion ou d'information afin de faire prendre conscience du problème. Malgré cela, beaucoup de gens à la manif paraissaient inquiets.