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Plus de
6.000 morts. La terreur qui a envahi le monde depuis les attentats-kamikaze
du 11 septembre qui se sont attaqués pour la première fois depuis
la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis sur leur territoire et au coeur des
métropoles d'un pays développé ne s'est pas dissipée.
Et les frappes américaines qui se préparent en Afghanistan comme
ailleurs ne peuvent que rajouter de nouvelles monstruosités dans ce déchaînement
de barbarie guerrière. Déjà, l'opération d'abord
baptisée "Justice sans limites" puis "Liberté immuable"
recouvre le déploiement militaire le plus impressionnant depuis plus
d'un demi-siècle. A un crime abominable vont s'ajouter d'autres tueries
contre des populations civiles sans défense. On nous désigne comme
coupables une nébuleuse ou un réseau d'islamistes intégristes
fanatisés aux ordres du milliardaire Ben Laden, ex-agent de la CIA au
temps de la guerre contre le bloc soviétique, aujourd'hui reconverti
en "ennemi public n°1" des Etats-Unis. Derrière "l'ogre"
Ben Laden et ses sanguinaires hommes de main, comme derrière l'histrion
George Bush Junior, ses généraux, ses espions et leurs semblables
européens, derrière chaque Etat et leurs cliques de dirigeants
va-t-en guerre, il y a la classe dominante capitaliste.
Le véritable responsable de la barbarie guerrière, celle qui a
frappé aux Etats-Unis comme celle qui se prépare en Afghanistan
et ailleurs, c'est le capitalisme mondial, un système en décadence
déjà responsable de deux boucheries impérialistes et dont
la survie, gangrène mortelle pour l'humanité, ne fait qu'attiser
toujours plus cette barbarie (voir article page 5 ou ci-après).
Comme lors des bombardements de Londres, de Dresde et de Hambourg. Comme à
Hiroshima et à Nagasaki. Comme l'enfer qui s'est abattu sur la Corée,
le Vietnam ou le Cambodge. Le déluge de bombes sur l'Irak et le Koweït.
Sur la Serbie, le Monténégro et le Kosovo. Comme les massacres
en Algérie, au Rwanda, en Tchétchénie, au Moyen-Orient.
Comme dans tous les conflits impérialistes qui n'ont jamais cessé
depuis la fin de la seconde boucherie mondiale. Avec son lot de populations
prises en otage qui, par dizaines de milliers, cherchent à fuir, à
s'exiler et se retrouvent parquées dans des camps, crevant de faim et
soumises à des conditions d'existence elles aussi effroyables, les plus
inhumaines. On voudrait nous faire croire que les attentats du 11 septembre
sont une attaque "contre la civilisation" et que la riposte qui s'annonce
est "une défense de la civilisation contre la barbarie". Mensonges
!
La classe ouvrière est la principale victime de la barbarie capitaliste
L'un comme l'autre sont le produit même de la civilisation bourgeoise et de son degré de barbarie. C'est l'oeuvre d'un capitalisme aux abois, aux prises avec une crise économique sans issue, pourrissant sur pied, suintant la guerre sous toutes ses formes, la pollution mortelle, semant la mort et la décomposition et menaçant d'entraîner l'humanité vers son auto-destruction. C'est le capitalisme qui tue et répand la terreur à New-York, comme en Afghanistan, comme à Toulouse. Comme ailleurs. Une nouvelle étape de la guerre impérialiste est née depuis le 11 septembre. Une menace permanente de l'horreur, de la terreur capitaliste. Et comme dans tous les actes de guerre, la classe ouvrière est la principale victime de ces sanglants règlements de compte entre fractions de la bourgeoisie qui prétendent aujourd'hui encore défendre une "juste cause", qu'elle soit la croisade de la "défense de la démocratie, de la justice, de la liberté et de la civilisation" ou la "guerre sainte" pour la "défense de la vraie foi", sur le terrain nationaliste et impérialiste. Dans les attentats contre le World Trade Center, la plupart des victimes étaient des secrétaires, des employés de bureau, des balayeurs, des pompiers. Des prolétaires, des nôtres. Non seulement, le prolétariat est victime de la guerre dans sa chair mais aussi dans sa conscience. Alors que seule la classe ouvrière a la capacité de mettre fin au système responsable de la guerre, la bourgeoisie se sert de celle-ci, encore et toujours, pour appeler à l'union sacrée. L'union sacrée des victimes du capitalisme avec leurs exploiteurs, avec ceux qui en tirent leur domination de classe. La bourgeoisie profite de la situation pour imposer l'unité nationale contre "la terreur venue de l'extérieur". Bush exalte "la grandeur de la nation américaine" et exhorte "le peuple de ce pays" à défendre sa fierté. Le drapeau américain est partout arboré comme signe de défi. C'est la manifestation de la plus écoeurante hystérie chauvine que déploie la bourgeoisie pour sa mobilisation guerrière, pour tenter de mobiliser le prolétariat derrière elle. Comme dans toutes les guerres impérialistes.
En dehors des Etats-Unis, la bourgeoisie profite de l'événement pour nous dire que "nous sommes tous des Américains". On cherche à nous persuader qu'exploiteurs et exploités confondus, nous serions face à la même menace, nous aurions le même ennemi, les mêmes intérêts dans la "défense de la liberté et de la démocratie", ces valeurs présentées comme éternelles que la bourgeoisie exhibe à chaque fois qu'il s'agit de convaincre les ouvriers de défendre des intérêts qui ne sont nullement les leurs. En Europe, les gouvernements profitent de la psychose de guerre pour renforcer les efforts déjà en marche pour constituer des "forces de réaction rapide" capables d'agir indépendamment des Etats-Unis. Tout cela va coûter très cher, et cette note aussi, la classe ouvrière va devoir la payer. Comme ils ont profité de la psychose des attentats pour renforcer la militarisation de la société, conditionner -à travers la réactivation du plan "Vigipirate" en France par exemple- les populations à une surveillance et des contrôles policiers permanents tout en renforçant la coopération des polices au-delà des frontières, ce qui demain pourra être utilisé à son tour contre les luttes ouvrières et les organisations révolutionnaires.
Et dans les pays du Tiers-Monde, où la pseudo-"mondialisation" sous visage américain (FMI, etc.) est rendue responsable de la misère engendrée par le capitalisme, on répand l'idée (reprise aussi en substance en France par l'organisation trotskiste "Lutte Ouvrière) que "les Américains" n'ont eu que ce qu'ils méritaient. C'est encore un moyen de saper au sein de la classe ouvrière la conscience de son unité et de son identité de classe au-delà des frontières, de l'entraîner hors de la défense de l'internationalisme prolétarien, principe intangible de la sauvegarde de ses intérêts de classe.
Aujourd'hui, et particulièrement dans le plus puissant des pays capitalistes, les ouvriers sont soumis à la terreur et à la propagande bourgeoise. La peur que leur a inspiré les attentats de New-York et Washington ne fait que renforcer leur sentiment d'impuissance qui est exploité pour leur faire entrer dans la tête qu'ils doivent s'en remettre à leur Etat, ses flics et ses militaires, pour assurer leur sécurité. La colère qu'ils ressentent depuis ces attentats est détournée contre "l'ennemi extérieur", les terroristes et les "Etats-voyous" qui les couvrent. La solidarité qu'ils ont voulu manifester envers leurs frères de classe victimes des massacres est dévoyée en "solidarité nationale" entre exploités et exploiteurs.
Face à ces appels à resserrer les rangs derrière leurs exploiteurs, les prolétaires d'Europe et d'Amérique doivent refuser de se vautrer dans l'hystérie nationaliste et belliciste de la "civilisation" capitaliste. C'est d'abord en refusant de faire cause commune avec la classe bourgeoise et ses gouvernants, leurs véritables ennemis, en refusant de se ranger derrière les drapeaux de l'union sacrée, que les prolétaires du monde entier pourront trouver la force d'affirmer la véritable solidarité envers leurs frères de classe aux Etats-Unis comme dans les autres pays où ils sont victimes du déchaînement de la barbarie guerrière.
Le développement de la lutte de classe est la seule réponse à la guerre
Cette solidarité de classe, ce n'est pas la solidarité "humanitaire" organisée sous les auspices des hommes de bonne volonté de la bourgeoisie. C'est celle qui consiste à mener le combat contre le capitalisme, seul responsable des massacres et de la barbarie. Ce système qui sème la mort, c'est aussi celui qui est responsable de l'aggravation de l'exploitation, de la misère, du chômage. C'est justement pour cela que les prolétaires du monde entier ne peuvent développer leurs solidarité avec leurs frères de classe, victimes de la barbarie guerrière qu'en menant le combat sur leur propre terrain de classe exploitée face à l'aggravation d'une crise économique sans issue qui est à l'origine de la misère et du déchaînement des conflits guerriers.
Ce n'est qu'en engageant et en développant le combat contre leurs exploiteurs et contre les attaques que le capitalisme en crise ne cessera de leur porter que les ouvriers seront capables de surmonter leur sentiment d'impuissance, qu'ils pourront identifier clairement leur véritable ennemi, le capitalisme, qu'ils pourront retrouver et faire vivre la seule solidarité qui soit une force pour eux, la solidarité prolétarienne, sur le terrain de classe de la lutte contre l'exploitation et la misère capitalistes. C'est à cette condition seulement que les ouvriers du monde entier, et particulièrement ceux des pays capitalistes les plus développés et les plus puissants, pourront avancer sur le chemin qui conduit au renversement de ce système barbare avant que celui-ci ne détruise l'espèce humaine.
Le prolétariat est la seule force sociale qui, en s'opposant directement
au capitalisme par ses combats de classe, puisse en même temps s'opposer
au déchaînement de la guerre impérialiste :
- parce qu'il a des intérêts de classe diamétralement opposés à ceux de la bourgeoisie et qu'il n'a rien d'autre à perdre que ses chaînes ;
- parce que son unité, sa force, sa solidarité et sa conscience de classe, il les a toujours tirées de son cri de ralliement du Manifeste communiste de Marx : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" qui s'oppose directement à l'union nationale vers lequel la bourgeoisie tente de l'entraîner. La fermeté dans cette défense de l'internationalisme prolétarien, va de pair avec la défense intransigeante de ses intérêts de classe face aux attaques de sa bourgeoisie nationale ;
- parce que le développement de son combat de classe est le seul qui puisse offrir une perspective à l'ensemble de la société. C'est bien ce qu'a montré la lutte révolutionnaire du prolétariat en Russie et en Allemagne en 1917/18, une lutte qui, en menaçant l'ordre capitaliste, a obligé la bourgeoisie des Etats belligérants à mettre fin à la première guerre mondiale ;
- parce qu'en tant que classe exploitée, n'ayant aucun privilège
à défendre au sein de l'ancienne société, il a la
capacité historique de renverser la dernière société
de classes, le capitalisme, et de construire une société en dehors
du règne de la concurrence et du profit, détruisant ainsi les
racines de la guerre et la misère, une société qui s'identifie
avec les réels besoins de l'humanité.
Dans la situation présente, comme à la veille de la première guerre mondiale, l'alternative historique à laquelle se trouve confrontée la société en ce début du 21e siècle est exactement la même que celle posée par les révolutionnaires du siècle dernier, de Rosa Luxembourg à la 3e Internationale : victoire du socialisme, de la révolution prolétarienne mondiale ou enfoncement définitif du capitalisme dans la barbarie.
Face à la gravité de la situation actuelle marquée par
l'enfoncement de l'humanité dans un chaos de plus en plus sanglant, plus
que jamais, les révolutionnaires doivent unir leurs forces pour faire
entendre la voix internationaliste. Plus que jamais, ils doivent, par leur intervention,
rappeler le prolétariat à ses responsabilités en lui permettant
de faire le lien entre la crise économique et la guerre, entre l'aggravation
de ses conditions d'exploitation et le déchaînement de la barbarie
guerrière.