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L’hiver dernier, l’organisation non gouvernementale Médecins du Monde (MDM) distribuait 300 tentes aux Sans Domicile Fixe (SDF) parisiens afin de rendre leurs conditions de vie plus "humaines" et rendre "la misère plus visible" afin de pousser les pouvoirs publics à "prendre des mesures en leur faveur". Depuis, Paris a vu apparaître ici et là des mini-campements dans les rues, le long des berges de la Seine et même sur les bords du périphérique, au beau milieu de la pollution automobile. Jusqu’à cet été, hormis quelques groupements de riverains hostiles à leur présence dans certains quartiers, on ne peut pas dire que l’effet escompté par MDM de voir une "mobilisation de l’opinion publique" et des "pouvoirs publics" ait été une réussite. Mais, période estivale oblige, le tourisme et les "opérations" du style "Paris-Plage" ont été le moteur d’une "prise de conscience" de ces "écolos" et "humanistes" réputés que sont le maire socialiste de Paris et le gouvernement de Villepin. Aussi, Delanoë lançait-il une campagne "humaine et ferme" pour déloger les sans-abri vivant sous des tentes et les déplacer sous prétexte de "risques sanitaires liés à la canicule" mais aussi sous l’effet des plaintes grandissantes de riverains. Côté gouvernement, la ministre déléguée à la cohésion sociale et à la parité, Catherine Vautrin, nommait une "médiatrice" chargée de "trouver une solution au problème posé par les tentes de SDF". Derrière l’hypocrisie de cette façade "démocratique", le rêve de tout ce beau monde serait à l’évidence de procéder à un "nettoyage au Kärcher" des SDF. D’ailleurs, l’incendie de quatre tentes Gare du Nord le 20 juillet et la disparition de douze tentes et de leurs occupants le 21 suite à une intervention de la police sous le métro Sèvres-Babylone, ont rendu bien service à toute la bourgeoisie.
Dès le 9 août, le ministère annonçait l’ouverture pour "avant la fin de l’hiver prochain" (!) de 1100 places d’hébergement et MDM criait victoire et déclarait que "l’objectif de l’association [était] réalisé", c’est-à-dire la mobilisation de "l’opinion". D’un côté comme de l’autre, c’est se payer de mots.
Sous prétexte de "rendre la misère plus visible", et malgré la réelle bonne volonté des bénévoles associatifs, MDM a en réalité installé un certain nombre de SDF dans une autre misère, mieux cachée derrière des toiles de tente, prétendument "plus digne" mais tout aussi ignoble, elle les a encore mieux enfermés dans cette catégorie honteuse de la population que seraient les sans-abri, les isolant d’autant plus du reste de la population tout en permettant une surveillance, médicale certes, mais surtout policière.
Côté gouvernement, les 1100 places d’hébergement sont une promesse qui ne sera pas tenue, on le sait, et, de même que les 300 tentes distribuées par MDM, constituent de surcroît une véritable fumisterie face à l’ampleur du phénomène.
Une estimation du gouvernement évalue le nombre de SDF à Paris entre 2000 et 5000 personnes, alors qu’ils seraient selon les associations de bénévoles près de 10 000.
Cependant, au-delà des polémiques qui animent le gouvernement, la gauche et les associations "humanitaires" ou "caritatives" et, au-delà de la volonté ou non de porter assistance aux sans-abri, il s’agit d’un problème insoluble dans le cadre du système capitaliste. Parce que c’est justement cette société qui en est à l’origine : c’est le capitalisme qui provoque la crise, le chômage, la misère. La bourgeoisie ne peut à la fois jeter au chômage et à la rue des millions de gens qu’elle ne peut plus entretenir sur le marché du travail et en même temps leur trouver une solution de rechange. Elle n’en a aucune sinon au mieux de leur permettre de survivre et de crever en silence pour perturber le moins possible son image de démocratie moderne et civilisée.
Seuls la révolution prolétarienne internationale et l’avènement du communisme pourront apporter un espoir et une solution à tous les miséreux de la planète comme à toute l’humanité.
Mulan (31 août)