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Bruno Le Maire nous avertit cyniquement : « le gouvernement n’est pas une pompe à fric ». Il nous rappelle que c’est bel et bien la fin « du quoi qu’il en coûte ». En réalité, les prolétaires n’ont jamais goûté de prétendues « largesses » et ne s’attendent pas aujourd’hui plus qu’hier à des « cadeaux de l’État ». Cela, alors qu’il plonge dans la misère une partie croissante de la population et particulièrement les ouvriers. Le nouveau plan d’attaque contre les chômeurs s’inscrit à la suite des différents plans d’austérité successifs, accentuant le flicage et la misère, notamment depuis la réforme du chômage de 2019 remaniée en pis en 2021. Ces précédentes attaques avaient déjà fortement durci les conditions d’accès à l’ouverture des droits : avoir travaillé 6 mois sur 24 au lieu de 4 sur 28 auparavant. Les résultats ont été rapidement visibles au niveau des statistiques : baisse de 17 % du nombre total d’inscrits, et notamment - 24 % pour les moins de 25 ans, - 25 % à la fin d’un CCD et même - 35 % à la fin d’un contrat d’intérim. Mais pour le gouvernement Attal, comme pour tous les politiciens et patrons bourgeois, les chiffres se substituent aux souffrances et aux vies broyées dont ils se fichent comme d’une guigne. Le traitement de choc ne sera jamais suffisant à leurs yeux pour pressurer les travailleurs. Le gouvernement Attal nous a donc promis lors d’un entretien au 20 h de TF1 le 27 mars « qu’ une vraie réforme globale de l’assurance chômage serait élaborée d’ici l’été pour qu’elle puisse entrer en vigueur à l’automne ». Entendons qu’il s’agit d’attaques plus sévères encore afin de réduire une nouvelle fois comme peau de chagrin l’indemnisation des chômeurs.
Rappelons que, depuis 2018, les règles en matière de droits au chômage ont été changées pour passer à un système géré directement par le ministère du travail. Sans accord des « partenaires sociaux », le texte est exclusivement géré par le gouvernement afin de durcir plus rapidement et drastiquement la situation des chômeurs. C’est habile : les syndicats refusent de signer un projet immonde et passent la main au gouvernement. De fait, l’État nous refait la même duperie que pour la réforme des retraites avec un subtil partage du travail permettant, en partie, de dédouaner les syndicats qui peuvent ainsi mieux assumer leur fonction, occuper le terrain social comme opposants au projet alors qu’ils en sont les promoteurs cachés, encadrant et stérilisant par avance toute forme de contestation sociale sur le sujet. Une démarche et un dispositif qui sont révélateurs de l’ampleur de l’attaque brutale portée contre les chômeurs.
Face à la crise économique, à l’endettement massif et à l’inflation, la hausse du chômage ne pouvait qu’obliger le gouvernement à forcer les prolétaires sans emploi à accepter des conditions de travail totalement indignes. Il est clair que les énormes dépenses militaires engagées pour moderniser l’armement (413,3 milliards d’euros d’ici à 2030) le seront aux dépens de toute la société : que ce soit la santé, l’éducation, les travailleurs et surtout ceux que les bourgeois taxent de « bouches inutiles » : les retraités et naturellement les chômeurs.
Paradoxalement, il existe bien une pénurie de main d’œuvre dans bon nombre de secteurs, en particulier pour les travaux pénibles, dangereux et très mal rémunérés. L’objectif du gouvernement est de poursuivre la politique d’attaques engagées bien avant, depuis l’ère Sarkozy et Hollande, pour littéralement affamer les chômeurs afin de les contraindre à accepter avec servilité n’importe quel poste. Comme nous l’évoquions déjà il y a plus d’une quinzaine d’années, « le chômeur n’a pas de véritable choix : ou il accepte des travaux pénibles, peu rémunérés et il sombre davantage dans la précarité ; ou alors il refuse ces mêmes travaux proposés et il plonge sans aucune ressource dans l’exclusion totale. Cette pression terrifiante permet de mettre en concurrence sauvage les chômeurs afin de faire baisser partout les salaires bloqués depuis des années et rognés de toutes parts maintenant par le retour de l’inflation ».
Depuis le 1er janvier 2024, la sinistre machine étatique (Pôle emploi) contre les chômeurs est devenue une arme de guerre plus offensive, rebaptisée pour cela « France Travail » ! Tout un symbole. Désormais, la politique du chiffre déjà institutionnalisée depuis des décennies s’accompagne d’un durcissement des sanctions, avec la suppression pure et simple de l’allocation prévue dès le premier manquement à une obligation (excepté théoriquement pour le cas d’un rendez-vous manqué) au lieu de sa seule suspension.
Ajoutons à cette panoplie d’attaques la grande réforme complémentaire en direction des vieux travailleurs mise en chantier depuis des années qui doit permettre à ces derniers de travailler et d’être exploités jusqu’à la moelle avant la retraite : « le contrat de valorisation de l’expérience » ou « le nouveau pacte de la vie au travail », qui n’est autre qu’une funeste mise au pas au service d’une exploitation accrue.
Les attaques permanentes et violentes contre les chômeurs annoncent les autres attaques plus brutales contre toute la classe ouvrière. Les chômeurs sont des travailleurs comme les autres et appartiennent à la classe ouvrière à ce détail près qu’ils sont plus isolés que leurs compagnons de galère au travail. C’est donc toute la classe ouvrière qui doit se battre de manière solidaire en refusant les mesures favorisant l’indigence, l’asservissement et l’exploitation.
R, 17 avril 2024