Le NPA et la guerre en Ukraine: Résolument nationaliste!

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La 15ᵉ université d’été du NPA s’est tenue à la fin du mois d’août et a été, aux dires du site web de l’organisation trotskiste : « résolument internationaliste »… Quel culot ! Surtout quand on sait que depuis le début du conflit en Ukraine, le NPA n’a eu de cesse de soutenir l’armée ukrainienne et d’appeler le « peuple ukrainien » à se faire massacrer dans les tranchées pour la défense des intérêts de l’État et la bourgeoisie qui exploite les ouvriers ! C’est tout le contraire de l’internationalisme qui consiste en la solidarité des prolétaires par-delà les frontières et la lutte contre la bourgeoisie dans tous les pays.

Le NPA un défenseur zélé du nationalisme

Le soi-disant internationalisme du parti trotskiste reste bien une honteuse caricature de ce principe prolétarien fondamental pourtant essentiel au combat de la classe ouvrière contre le capitalisme. Lors de cette université d’été « c’est le soutien à la résistance, armée et non armée, du peuple Ukrainien, qui emporte l’adhésion la plus manifeste, d’autant plus, peut-être, que l’expression dans le débat d’une position “anti-guerre” la rend plus nécessaire et que la très grande majorité des camarades, à la tribune et dans la salle, ne veulent laisser subsister aucun doute sur leur engagement aux côtés du peuple ukrainien contre l’agression impérialiste russe ».

Depuis le début de la guerre, pour le NPA, être « résolument internationaliste » se traduit par le soutien indéfectible à un camp impérialiste contre un autre. Pour défendre l’internationalisme, il faudrait « apporter une solidarité sans faille à la résistance ukrainienne face à l’agression impérialiste russe : cela passe par soutenir le droit des ukrainien.nes à s’armer, y compris via les États-Unis et l’OTAN, militer pour l’accueil des deplacé.es et l’annulation de la dette ukrainienne ». La seule issue à la guerre ne peut être que « la victoire militaire du peuple Ukrainien, qui renforcerait la crise du régime politique russe et la contestation de la guerre, et ouvrirait les possibilités pour le peuple russe de renverser le régime ». Tout au plus, le NPA se défend de soutenir le camp ukrainien en appelant hypocritement à « contester les politiques néolibérales du gouvernement Zelensky ». (1) Le NPA soutient sans sourciller les massacres de masse, mais la politique « néolibérale de Zelensky », c’est « résolument » : non ! Quelle imposture !

Alors que l’internationalisme prolétarien constitue le fondement même du combat « anticapitaliste » de la classe ouvrière, le NPA, dans la pure tradition du trotskisme, l’inonde d’une fange nationaliste insupportable. Alors que les combats en Ukraine tournent quasiment au corps-à-corps dans les tranchées, nos prétendus internationalistes appellent à la « résistance », à l’armement par les États-Unis et l’OTAN d’une armée impérialiste pour en écraser une autre.

Et au nom de quoi ? D’une prétendue position « anti-guerre » ! Depuis quand appeler à fournir des fusils à une armée contre une autre armée, est-il la manifestation d’une position « anti-guerre » ?

Rien ne différencie les mots d’ordre du NPA de ceux des nombreux États qui soutiennent l’Ukraine dans le conflit et qui, eux, assument pleinement leur nationalisme. Le NPA démontre, s’il était encore nécessaire de le faire, qu’il est un fidèle et acharné défenseur des intérêts de la bourgeoisie, en endossant, comme n’importe quelle officine bourgeoise, les habits de sergent recruteur.

Contre la guerre : l’internationalisme prolétarien !

Contrairement au NPA, le mouvement ouvrier a très tôt décelé le mode de vie guerrier du capitalisme et la nécessité pour le prolétariat de s’opposer à toute division nationale. Dès 1848 le Manifeste du Parti communiste scandait : « Les prolétaires n’ont pas de patrie » !

Au moment de l’entrée en décadence du capitalisme, les communistes ont su comprendre que l’ère qui s’ouvrait serait celle « des guerres et des révolutions ». Rosa Luxemburg, en particulier, saura analyser l’omniprésence de l’impérialisme et du militarisme dans le mode de vie du capitalisme décadent. Elle comprendra que l’impérialisme n’est pas une manifestation parmi d’autres de la décadence du capitalisme : il est la forme centrale et permanente d’une période dans laquelle le capitalisme est arrivé à son plus haut degré de maturité et amorce son déclin historique, ne pouvant qu’enfoncer l’humanité dans toujours plus de chaos et de guerres.

Ainsi le monde est dominé par les antagonismes internationaux, économiques et politiques. Il n’y a pas l’impérialisme « agresseur », d’un côté, et les « agressés », de l’autre. Toutes les guerres sont des guerres impérialistes. Dans le capitalisme décadent, toute nation, petite ou grande, est nécessairement impérialiste et cherche à conquérir ou garder une place dans l’arène mondiale. Si les grandes nations attaquent les plus petites, ces dernières n’en sont pas moins engagées dans un conflit pour défendre les intérêts de leur bourgeoisie et leur capital national.

Aujourd’hui Poutine attaque l’Ukraine mais Zelensky, de son côté, ne fait que « défendre la patrie ukrainienne », c’est-à-dire l’indépendance du capital ukrainien. Il n’est pas moins impérialiste que son voisin. Les soutiens de nombreuses grandes puissances démontrent également le caractère indéniablement impérialiste de ce conflit comme de tous les conflits dans le capitalisme décadent.

Rosa Luxemburg s’est battue de toutes ses forces pour faire reconnaître au camp prolétarien la nouvelle dimension impérialiste mondiale qui devait trouver sa plus flagrante illustration dans les deux guerres mondiales qui ont ensanglantées le monde. Elle n’a cessé de défendre que seule la lutte de classe internationale, contre tout esprit chauvin, pouvait mettre fin à la guerre. Cet héritage dont l’histoire a montré l’exactitude dans un torrent de sang, est aujourd’hui piétiné par ceux qui le travestissent pour mieux tenter de le liquider. Nous dénions à ces défenseurs acharnés du camp bourgeois le droit d’utiliser le terme « internationalisme », eux qui le salissent chaque jour de leurs mots d’ordre nationalistes et qui l’éclaboussent du sang des ouvriers dont ils saluent le massacre dans une guerre qui n’est pas la leur mais celle de leurs exploiteurs.

En se levant contre les sacrifices que les bourgeoisies leur demandent pour payer leur guerre, les ouvriers renoueront progressivement avec l’internationalisme tel que Rosa Luxemburg et le mouvement ouvrier l’ont défendu. Ils finiront, en développant leurs luttes, par démasquer tous ceux qui les ont maintenus dans le mensonge pendant tant d’années, dévoyant leur indignation vers la défense des intérêts ennemis !

 

GD, 3 octobre 2023

 

1) « Toujours avec la résistance ukrainienne », L’Anticapitaliste n° 139 (octobre 2022). Si nous axons l’article sur la dénonciation du NPA « historique » de Besancenot et Poutou, le NPA-L’Anticapitaliste, sa récente scission, le NPA-Révolutionnaires, est sur une ligne identique, comme l’illustre leur prise de position sur le sujet : « Notre solidarité va aux Ukrainiens qui luttent pour ne pas crever sous la botte de Poutine et aux opposants russes à la guerre qui risquent leur vie » (« Les révolutionnaires et la guerre en Ukraine : quelle voie pour les travailleurs et les peuples ? », mars 2023).

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Le trotskisme contre la classe ouvrière