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La période écoulée confirme la brutale accélération de la décomposition du mode de production capitaliste, à travers la multiplication des tragédies qui frappent le monde, particulièrement du fait de la guerre en Ukraine. Les destructions en cours, comme celle du barrage de Kakhovka, l’action du groupe Wagner en Russie, à mi-chemin entre rébellion et putsch avorté, alimentent une déstabilisation et un chaos accrus.
L’accentuation du chaos et des destructions
Désormais au bord de l’implosion, malgré le « retour au calme » à Rostov et à Moscou suite à des négociations ubuesques, le régime de Poutine se trouve fortement affaibli. D’autres seigneurs de guerre ne peuvent que venir, à terme, alimenter l’instabilité inquiétante de cette puissance nucléaire qu’est la Russie, semer le chaos au-delà des marges de l’Europe avec, à la clé, l’éclatement possible de la Fédération de Russie elle-même. Il s’agit là, après l’effondrement de l’URSS en 1991, d’une nouvelle phase dans le processus susceptible d’entraîner le prolétariat en Russie vers des affrontements meurtriers. Ce nouvel épisode désastreux met plus nettement en exergue les dangers croissants que fait peser sur le monde la dynamique mortifère du capitalisme en décomposition. Une dynamique destructrice qui ne cesse de s’amplifier.
La guerre en Ukraine nourrit d’autres événements dramatiques de dimension planétaire :
– Ce conflit accélère la paupérisation massive du prolétariat, y compris dans les pays les plus riches qui doivent financer la guerre et les armements. L’accès à la nourriture, au chauffage, à un logement décent deviennent de plus en plus difficiles pour une partie croissante de la classe ouvrière, particulièrement chez les plus précaires.
– La guerre est aussi un des facteurs aggravant considérablement la dégradation de l’environnement, directement par des destructions à grande échelle (barrage de Kakhovka, dépôts d’armements, usines, etc.), et indirectement par la réticence accrue des gouvernements impliqués dans cette guerre à adopter la moindre mesure contre le changement climatique mettant en péril leur économie exsangue, aiguillée par un besoin croissant d’armement.
Les destructions à grande échelle, les pertes en vies humaines sur les terrains de guerre, la terreur pour des populations livrées à elles-mêmes, que ce soit dans les zones de conflit ou de « paix », s’installent durablement. Fuyant les conflits armés et les régions devenues invivables, les réfugiés, dont le nombre atteint des records, sont transformés en spectres vivants qui viennent croupir dans de nombreux camps inhumains, en proie aux réseaux mafieux et à la brutalité des États.s. D’autres se heurtent aux murs de barbelés ou se noient par milliers dans les eaux du monde entier. Avec la bunkérisation accrue des frontières des États « démocratiques », les cadavres continuent de s’échouer ou de disparaître dans les abysses.
Alors que les pandémies menacent encore, que les États s’avèrent de moins en moins capables de faire face aux catastrophes qui ne cessent de se multiplier, les sécheresses inédites du printemps font désormais place à des incendies monstrueux, comme au Canada où Montréal s’est transformée en ville la plus polluée au monde. Dans d’autres parties du globe, des inondations catastrophiques ont frappé le Népal ou le Chili dernièrement. Les températures records exposent déjà les populations à des coups de chaleur meurtriers (comme en Asie ou en Amérique Latine). Avec les cyclones et les tempêtes qui s’accumulent au sud des États-Unis, la période estivale laisse présager les pires catastrophes.
Tous ces maux sont bien ceux d’une spirale liée au mode de production capitaliste en faillite, ceux d’une société putréfiée, où les producteurs sont acculés à la misère et de plus en plus exposés à la mort, mais où ils sont aussi en proie aux inquiétudes et surtout à une colère légitime.
Le souffle de la lutte de classe
Cette colère est d’autant plus profonde que la crise économique, amplifiée par l’inflation, est un puissant stimulant pour le développement de la lutte de classe. Comme en témoignent les attaques qui se poursuivent contre la classe ouvrière dans tous les pays, la crise économique prépare le terrain à de nouvelles ripostes du prolétariat. Le développement des luttes massives en Grande-Bretagne a initié un phénomène de « rupture », un changement profond d’état d’esprit et une nouvelle poussée de combativité au sein de la classe ouvrière mondiale. Cette dynamique s’est confirmée par les luttes un peu partout dans le monde et, surtout, par les grandes manifestations contre la réforme des retraites en France. Retrouver sa propre identité de classe dans la lutte, renouer avec ses méthodes de combat, tout cela n’est qu’un premier pas, certes fragile, mais fondamental pour le futur.
Alors que des grèves se poursuivent encore au Royaume-Uni, la fin des manifestations en France ne signifie nullement un abattement quelconque ni un sentiment de défaite. Au contraire, la colère toujours présente alimente aujourd’hui une réflexion dans des minorités ouvrières sur la façon de poursuivre ce combat.
S’il convient aujourd’hui de tirer les premières leçons, c’est pour préparer les nouvelles luttes à venir et faire face à tous les obstacles et difficultés qui s’y opposent, en particulier les risques de s’engager sur le terrain d’une violence stérile, comme celle de l’affrontement avec les forces de l’ordre dans laquelle s’est engagée une partie de la jeunesse précarisée lors des émeutes spectaculaires en France, et qui s’opposent radicalement aux méthodes de lutte du prolétariat. Un autre danger, c’est celui de faire disparaître le combat de la classe ouvrière sur le terrain de la bourgeoisie, celui de la « défense de la démocratie » contre le « fascisme » et les « dérives autoritaires » ou de l’obtention de « droits » illusoires pour telle ou telle minorité ou catégorie opprimées.
Face aux défis mondiaux gigantesques et face à la menace de plus en plus palpable de destruction de l’humanité, ce premier pas nécessaire de la classe ouvrière n’est cependant pas suffisant. Le prolétariat devra développer sa conscience bien au-delà de ce qu’il a pu produire lors des grandes grèves de Mai 68 en France et partout ailleurs dans le monde, bien au-delà de la grève de masse qu’il a été capable d’engager en Pologne en 1980.
Le rôle des organisations révolutionnaires
Dans ce cadre, les organisations révolutionnaires jouent un rôle essentiel. Elles détiennent les armes politiques pour permettre de féconder la mémoire ouvrière, pour défendre la perspective révolutionnaire et un point de vue internationaliste dans les combats ouvriers face à la propagande nationaliste et à la politique réactionnaire de la bourgeoisie. En s’appuyant solidement sur les acquis de la Gauche communiste, les organisations ouvrières ont la responsabilité de faire vivre et de transmettre l’acquis théorique fondamental de la lutte prolétarienne : le marxisme.
Face aux confusions et aux doutes, face aux campagnes idéologiques de la bourgeoisie qui entravent le processus de prise de conscience de la classe ouvrière, ce combat hérité des traditions du mouvement ouvrier doit permettre de dégager des perspectives concrètes et de défendre de façon intransigeante les principes et méthodes de lutte de la classe ouvrière. À commencer par l’internationalisme prolétarien face à la guerre en Ukraine et à toute la propagande militariste.
Face aux campagnes idéologiques insidieuses sur le thème de la « défense de la démocratie », face à l’exploitation idéologique de l’indignation que suscitent les méthodes des Poutine et autre Prigojine (d’ailleurs similaires à celles des Zelensky et consorts), face à l’exploitation idéologique des récentes émeutes et des comportements ignobles de la police, la vigilance et le combat pour la conscience ouvrière doivent se frayer un chemin difficile. Mais il n’y a pas d’autre issue. Les futures luttes du prolétariat devront donc peu à peu se politiser pour assumer, de manière claire, unitaire et consciente, la perspective de la révolution mondiale : une révolution destinée à renverser le capitalisme et à établir une société sans classes ni guerres : le communisme.
WH, 8 juillet 2023